• Hommage national au dernier soixante huitard : Jean-Loup Laturlupe.

    « Jean-Loup Laturlupe .Engagé volontaire en sociologie au XXII° Censier dés le début du conflit, il est tout de suite envoyé sur le front à Nanterre il n'a pas dix huit ans, il affronte les CRS et lors de son premier engagement , perd trois dents et a deux solex tués sous lui, dont celui de sa sœur, qui ne le lui pardonnera jamais, appelé à La Sorbonne en renfort,  très vite il organise la défense retranché dans une vespasienne, il tient quatre jours et trois nuits, les vivres manquent, il mange son dernier choco BM et il boit son urine puis celle d'un camarade diabétique, plus sucrée et donc plus agréable au goût. Au quatrième jour la position est évacuée vers une épicerie Amiot encore ouverte, Jean-Loup Laturlupe malgré une panne de mobylette (celle d'un copain) rejoint le pavillon familiale à Suresnes pour une courte permission au cours de laquelle il se prend deux baffes de sa mère et un coup de pied au cul de son père : « Non mais quel petit con ton fils Germaine ! », il rompt définitivement avec sa famille et la bourgeoisie répressive. Il rejoint l'Odéon sur le vélo de sa Tata Rirette, participe à sa défense, (de l'Odéon pas de Tata Rirette !), il a une très courte liaison avec  Madeleine Renaud dans les toilettes du Théâtre National d'où il est expulsé par Jean-Louis Barrault : « Eh bien Madeleine, on fait dans le boulevard maintenant! »

    Il tente de rallier les ouvriers de l'usine d'accumulateurs Chapoto & Fils de Pantin  à la cause de la révolution mais il est très vite pris à partie et repeint au minium dans les parties les plus libérées de son individu il ne doit son salut qu'à l'arrivée des vigiles de l'usine au moment de la deuxième couche.

    Entre-temps il a rejoint l'Organisation Prolétarienne des Travailleurs Révolutionnaires (OPTR) de tendance apéro-trostsko-digestivo-maoïste fondée par son cousin Jean-Claude Bénard étudiant en Lettres modernes qui occupe l'imprimerie de la Corpo Lettres, très vite une scission intervient et pour continuer la lutte il part avec les cotisations pendant que son cousin Jean-Claude déménage la presse Heidelberg et se lance dans l'impression de photos de cul pigallesques pour touriste en goguette.

    Lorsque la répression policière s'abat sur les acteurs de Mai, Jean-Loup Laturlupe entre dans la clandestinité en même temps que dans un sixième sur cour. Dénoncée par sa concierge :  « Je l'ai repéré tout de suite à cause qu'il avait des cheveux sâles et longs monsieur le Commissaire. Il y a pas de prîmes ? Pendant la guerre on avait une prime de rendement des allemands quand on dénonçait suffisamment, ça complétait bien! » 

    Gardée à vue, torturé par mégarde : « Faites escuse le café qu'est trop chaud ! », il est relâché sur intervention de sa maman et de sa tata Rirette.     

    Réformé à titre psychiatrique par l'institution militaire: « On sait bien que tu fais semblant d'être dingue mon gars mais tu fais si bien semblant que ça m'étonnerait que tu sois pas un peu touché, et comme on a déjà notre dotation de connards on préfère pas s'encombrer... et puis il y a ta Tata Rirette qui nous a emmerdé toute la semaine pour qu'on t'envoie pas en Allemagne alors quand on peut faire plaisir et que ça nous débarrasse! »    

    Il part pour Katmandou sans Tata Rirette... mais s'arrête à Romorantin où il fonde un ashram, fermé quelque temps après à la demande des voisins pour raisons sanitaire:  « Y couchaient avec des petite gamines de treize ans et même y venaient tourner autour de nos p'tits gars, y te ramassaient jamais leurs poubelles ces cochons-là, y sortaient de là des rats gros comme des chats monsieur le commissaire ! »

    Pompiste situationniste intérimaire sur la route de Deauville il se fait dédicacer des pare-brise  de célébrités, il enrhumera ainsi Claude Lévi-Strauss, Edgar Morin et Roland Barthes réunissant un  ensemble d'œuvres qu'il exposera par la suite à New York avant d'être vendu aux enchères avec un grand succès en 1999.

    Avec son cousin Jean-Claude qui a brillamment réussi dans le proxénétisme hôtelier, ils se lancent dans le combat du féminisme et de la libération sexuelle, ils mettent sur le trottoir... des Studios de Boulogne, une jeune actrice inconnue et qui le redeviendra très vite avant de se suicider : Marlène Jobard, avec laquelle il tourne un long métrage : « La chauffeuse »,  dénonçant l'hypocrisie sexuelle bourgeoise, le film du fait d'actes sexuels non simulés est interdit de diffusion par la censure mais il sera vendu à une dizaine de pays d'Amérique du sud aux mœurs notoirement plus évoluées et il est encore aujourd'hui au programme des cinémathéques de quelques bobinards pour mineurs chiliens; dans le même temps il milite pour le prélèvement libératoire sur les actions et l'avortement tout aussi libératoire. Entrepreneur infatigable il participe à la création de BLC (Bénard, Laturlupe & compagnie) International, groupe très actif dans la production de cassettes pornographiques VHS, la presse de cul institutionnelle et le minitel rose (3615 Ma Foune 7,45 F /min). En 1981 il est nommé Inspecteur Général des Tabacs et Allumettes (comme ça pour voir !) et appelé au cabinet du ministre du temps libre, où il montre la plus grande activité, il poursuit dans divers cabinets ministériels, conseiller technique au cabinet du ministre de l'industrie il y promeut la nationalisation prolétarienne des moyens de production puis le libéralisme d'état subventionné à finalité privative, à la Défonce Nationale il revend à son seul profit au Sri Lanka une partie de la flotte de Méditerranée, organise une loterie payante pour les promotions internes et institue un droit de cuissage sur les stagiaires. Militant antiraciste, co-fondateur de l'ONG Concussionnaires Sans Frontières (CSF), la conscience toujours en éveil, tout au long de sa longue carrière Jean-Loup Laturlupe  aurait mérité d'être médaillé plusieurs fois par les assises de la Seine mais il préférera toujours la discrétion et collectionnera les non lieux.

    Jean-Louis Laturlupe était Grand orificier de la Légion d'Horreur, compagnon de la Libération (sexuelle), Médaillé de la Résistance (au Flan National et à la streptomycine), Croix de Paix avec palmes (de canard). Vice-Président de l'Union  Départementale des Anciens Cons Bâtés de Mai 68 du Loir et Cher. 

    Toute ta vie Jean-Loup Laturlupe tu te seras battu pour une seule cause: ton rond de serviette, un seul idéal: ta quéquette. A toi le dernier des com... battants de Mai 68 hommage te soit rendu  par la nation... convalescente! »

     

     

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  • Pour ceux que la littérature pétassophone actuelle débecte, un vrai roman d'homme à l'ancienne: Walter Chéchignac par H.T.Fumiganza est en vente dés à présent au prix de 11 euros port compris aux éditions  L'Urbaine Des Arts / Noveling Press

    Walter Chéchignac par H..Fumiganza est aussi disponible en ebook sous plusieurs formats différents ici:Lurbaine ebooks/Walter Chéchignac 

    N°6192 A 

    ISBN 2-916006-19-2

    EAN 9782916006192

    commandes@lurbaine.net

    info@lurbaine.net

    30.
    Re-Dimanche en famille.
     Un Dimanche encore, le dernier, un dimanche beloté et paresseux, propédeutique au gigot-flageolets, déplorations sur l'époque et confiance renouvelée dans l'enfance providentielle et purificatrice.
    Ils entraient dans l'hiver océanique à petits pas. Les vagues mordaient la jetée comme une jeune meute harcelant un chien de ferme.
    Un Dimanche prorogé où une bourgeoisie loyale espérait après quelque restauration convenable, ou à défaut une fin du monde dans ses prix.
    Sans doute la première fois où La Gaspérine ressentait ce trouble d'être le spectateur de son existence, il avait longtemps cru avec quelque prétention être de son temps et le seul capitaine  de sa vie, il s'y était appliqué par la force du principe et du préjugé et il se découvrait un figurant de leur époque, un hallebardier de début de tableau, en acteur de complément. 
    Leur compagnon, leur confident, leur contemporain, l'ami de la famille, déjà jauni, posant en canotier, rapportant quelques nouvelles du Paris décadent, faisant admirer aux enfants sa 40 chevaux Levassor et refusant une autre prune, il avait à conduire: La Conche vers le progrès humain, son destin au mouillage et la belle Merry en leur lit conjugal.
    Rien ne le réjouissait plus maintenant que ce gros lit bi-place et ventru, haut sur pattes et profond, enrubanné de lavande, de toute la naïveté de son épouse exercée. Dans leur équipage il n'était que le mécano, parfaisant les réglages de leur double-corps, Merry virtuose conduisait, les emmenait très loin les ramenait toujours.
    -Je reprendrais bien un peu de prune, elle est délicieuse.
    Maintenant son épouse se laissait aller, légitime et titrée, titrant de plus en plus d'ailleurs, la prune et l'air salin, forçant sur l'innocence, riant comme une jeune fille avec ces dames qui lui trouvaient maintenant des manières, une complicité d'amie d'enfance.
    Les sœurs Dartemont régnaient et c'était un doux règne nombreux.
    Régence bienfaisante, encensée, bénissante.
    Elles avaient le temps, dix générations derrière, dix devant, long comme un train de munitions, Dartemont sœurs, indispensables au front et dans les sports d'agrément : la messe chantée, la communion sensible et la tendre plaisance de nos corps perpétuels.
    Bénissantes.
     La paix du soir plombait les âmes, rameutait le sentiment et sur la terrasse leurs bonshommes de la section d'artillerie fumaient, les imposants cigares bravadiens Montristécho double clemenceau distribués par le cher Walter, en admirant le tableau.
    L‘océan s'était retiré, avec le tact d'un vieux serviteur de  famille, et les cirés multicolores des chasseurs de crustacés perfectionnaient le motif : La Conche sur Ponche au seuil des grandes marées.
    Ce fut La Gaspérine qui, abandonnant son cigare, au bord de l'écœurement, rompit le silence. Une question l'empêchait de dormir depuis quelque temps : 
    -Et le comptab...  le ballon ! Quand même le ballon on l'a passé à profits et pertes mais enfin il a bien existé ce compta... ce... ce ballon... au moins jusqu'à ce qu'on l'assassine !
    -Tssuut ! Tsssuuut ! Lui intime le chef ‘von le Gueuzec. Sans plus relever la faute de goût.
    -Teeurh ! Teuurh ! Je ne vois pas de quel... ballon vous voulez parler ? Confirme Hulme de Chambeulac un peu gêné et tousseur.
    Walter Chéchignac qui n'écoute pas fait celui qui n'entend pas.
    La Gaspérine sans plus se soucier de l'inconvenance de ses propos insista :
    -Oui, il a bien un assassin ce... ce ballon, mais plus personne ne semble s'en soucier. Tous les autres coupables sont connus sinon punis mais de celui-là tout le monde s'en fiche !
     -Vous voulez parler de l'assassin du comptable cher monsieur La Gaspérine.
    La voix sacrilège vient de l'intérieur, c'est celle de Belcourt, frileux et fumeur de pipe.
    Infusant dans son gilet de laine, la pipe au bec assis dans son fauteuil, le cruciverbiste se dévoile pour ce qu'il est véritablement : un verbicruciste rongeur dégustant ses raisins à l'eau de vie, son plaisir dominicale, en inventant des définitions de mots croisés  et le fin mot des histoires.
    La Gaspérine imaginait que tous lui cachaient quelque secret volumineux sinon encombrant et que l'innocent Belcourt allait trahir sans le savoir la conspiration du silence.
    Mais la vérité est plus simple et pratique, il y a seulement que tout le monde l'a oublié le décapité et a passé par pertes et profits ce reste comptable.
    D'ailleurs l'annonce par Belcourt de la communication du nom du coupable ramène dans le salon les sœurs Dartemont et les fumeurs que la fraîcheur du soir et le déclin de leurs puros bravadiens renvoient au foyer de l'immeuble Dartemont-sœurs.
    -Oui vous disiez monsieur Belcourt à propos de...
    -L'assassin du comptable ? Mais c'est votre camarade Guillaumerde Dondla?
    La Gaspérine aurait voulu sinon rire à tout le moins s'exclamer mais comme devant un danger pressant il se retrouva aphone et incapable mâme... même de sortir quelque étonnement un peu sonore.
    Belcourt avait relevé la tête de ses mots croisés et regardait par dessus ses lunettes demi-lune et avec ironie le spectacle de l'effroi mutique et catatonique de La Gaspérine.
    -Mais oui votre nègre monsieur La Gaspérine, petit fonctionnaire obscur des lettres et de l'administration réunies qui outre sa gnose administrative publie sous un pseudonyme sinon vendeur  au moins acheteur : H.T. Fumiganza de bien mauvais romans à vocation policière et sociale, ne cherchez pas plus loin, c'est bien lui qui a fait disparaître le comptable, pour cela que l'on n'a retrouvé aucun indice.
    -Mais... mais pourquoi ? Articula enfin La Gaspérine que la curiosité venait de délivrer de son mutisme et qui étrangement, on l'aura remarqué, était le seul à s'exprimer au passé.
    -Mais parce qu'il le faisait chanter, il avait découvert la curieuse manie de l'auteur qui à la suite d'une correspondance plus ou moins longue choisit de venir résider quelque temps chez l'un de ses lecteurs parmi les plus fidèles, et un beau matin de le faire disparaître, le plus souvent il le décapite avec un couteau à beurre et l'on ne retrouve que la tête... et un peu de beurre.
    Le pauvre comptable venait de réchapper de ses agissements coupables et il avait pris la fuite, pour quoi notre cher Hulme se fourvoyait en pensant qu'il s'agissait d'une fuite passionnelle, il n'a détourné l'argent de son entreprise que pour échapper au plus vite à  cet être détestable et dangereux.
    -Mais comment pouvez-vous...
    -Rappelez-vous à l'hôtel qu'avez vous trouvé dans ses affaires ?
    -Je ne sais plus... ah si trois romans policiers...
    -Et vous les avez conservés ?
    -Euh oui, je ne sais pas pourquoi, sans doute parce que je n'ai jamais pu me résoudre à jeter un livre, même mauvais, je crois que je les ai donnés au chef ‘von le Gueuzec.
    -Je confirme, d'ailleurs ils sont à côté dans mon bureau, je m'étais promis de les lire à l'occasion d'une filature mais vous savez il ne m'ont pas l'air bien fameux !
    -Allez les chercher, je vous prie.
    Le Chef ‘von le Gueuzec, profitant de la bonne glisse des parquets encaustiqués de la veille s'élance à pleins patins sur les pistes et revient tout aussi vite munis des ouvrages en question :
    -... de... Fumiganza : « Poker pénible à Bagnolet »... encore de H.T Fumiganza : l'inspecteur Gertrude et la majorette sans tête et ... toujours du même : la supérette maudite...
    -Lisez ces ouvrages vous serez édifiés par toutes les ressemblances et coïncidences  avec notre affaire. Et surtout comme les modes opératoires se ressemblent. Non croyez-moi nous avons à faire là à un criminel d'envergure.
    -Un tueur en série ?
    -Pire encore... un tueur en parallèle ! 
    La révélation glace l'assistance d'effroi, la porte-fenêtre étant restée ouverte.
    -Mais il faut faire quelque chose... prévenir la police... Articula enfin La Gaspérine, homme responsable et légaliste.
    -La police toujours la police... il fait un métier difficile, il a droit à quelques distractions ç't homme-là ! Plaide avec bonté notre cher Walter.
    -Bien sûr vous ne risquez rien, vous ne lisez pas ! Remarqua cette petite teigne de La Gaspérine à l'adresse de notre cher et bon Walter.
    -De romans Dieu m'en préserve ! Prostitution profane comme dirait l'autre.
    -Vous pensez Walter... enfin monsieur... Chéchignac qu'il est préférable de n'en rien dire.
    -Il me semble oui Marie-Maude... enfin madame... Belcourt.
    Même le Chef ‘von le Gueuzec paraît disposé à une certaine apathie sinon à l'indulgence :
    -Personne n'aurait une aspirine ?
    Quand tout soudain Madame Dartemont-Chambeulac se lève :
    -Non Hulme... non revenez...
     Hulme de Chambeulac ? Je n'y pensais plus à çui-ci... où qu'il est  encore passé ç't corniaud-là ?
    -Il va à la gendarmerie, il dit que la justice doit passer.
     La justice, elle repassera... Mademoiselle Br... on fait les valoches et on se tire...
    -Bien maître. (... Fin. )

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  • Mon infernal féminin . 1/2 par J.P.Chassavagne.
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    Je travaille chez Ploquet fils & belle-mère depuis 14 ans. J'ai 44 ans, je suis marié, j'ai 2,14 enfants, jusque là j'étais plutôt dans la moyenne. Aujourd'hui je suis ingénieur production, chef de projet.

    Chez Ploquet fils & belle-mère (c'est le belle-mère de Ploquet fils qui a insisté pour figurer sur la raison sociale et présider le conseil de surveillance en contrepartie d'une participation conséquente au capital social) Nous fabriquons des ponts élévateurs depuis 1861, les Ponts élévateurs Ploquet étaient parmi les plus renommés en Europe, jusqu'à ce que la belle-mère en question donc, qui au temps de sa jeunesse bourgeoise avait été militante féministe et l'était demeurée: bourgeoise et féministe, décide de moderniser nos méthodes de production et de commercialisation.

    Le fils Ploquet qui est belge par sa maman et directeur général par son papa a été chargé de mettre en œuvre la réforme, il faut dire qu'à part « réformer » on voit pas bien ce qu'il pourrait faire le fiston, il a fait des études de fumette à Rotterdam, de fondue à Courch et de marketing et partouzing international à Patpong, dire s'il est cosmopolite !

    Il s'est tout de suite mis au travail  et il a décidé de rajeunir et de féminiser nos « process » (c'est du belge international et c'est intraduisible !)

    On imagine que pour fabriquer un pont élévateur de 30 tonnes il faut plus qu'une lime à ongles. Mais lui le côté soudure autogène ça le passionnait pas, ce qu'il voulait c'était rendre nos ponts élévateurs : « trendy ! » Tout de suite on s'est rué sur nos dictionnaires belgo-français, ça voulait dire : tendance, à la mode, dans le coup quoi. Il avait peut-être dans la tête de faire de nos ponts élévateurs un accessoire de mode.

    Surtout et c'était ça l'idée: il fallait un regard, une approche plus consensuelle et donc féminine.

    -Aussi Ploquet & Fils a signé une convention avec l'Union Européenne dans le cadre d'un programme de rééducation volontaire des cadres de l'industrie, je vous rassure cela se pratique déjà couramment en  Suède, pour les sensibiliser aux préjugés et aux stéréotypes sexistes encore tellement prégnants dans le secteur primaire...

    Il a regardé un instant les velus qui l'entouraient avant de reprendre :

    -... l'industrie lourde afin de mieux les combattre.

    Il fallait des volontaires, le soir j'en ai causé à ma Poupinette qui était en train de décongeler deux œufs au plat pour le souper, elle m'a dit de me dépêcher de mettre la table, d'aller me laver les mains, de me mettre en rang par un sans faire de bruits et que pourquoi pas après tout c'était une bonne idée parce que  cela m'obligerait peut-être à me débarrasser enfin des mes derniers réflexes machistes.    

    -Tu as raison ma Poupinette.

    Aussi sec le lendemain j'étais volontaire.

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       Elles ont débarqué un dimanche les dames en charge de nous rééduquer, il y avait un peu de tout: des psycho-machins et des socio-choses l'idée de base c'était de rendre le produit moins agressif, de le lisser, de le féminiser et de nous redresser les mentalités en proportion. Nous on bossait dur pour rattraper les retards dans une commande malaisienne. On s'est regardé avec Jean Loup   le chef de chaîne sablage, un nouveau très sympa et décontracté: il était pas trop convaincu non plus.

    La nouvelle directrice de production s'est entretenue avec la nouvelle directrice produits, puis elles se sont entretenues avec la belle-mère à Ploquet fils qui s'est entretenue avec toutes les autres, à la fin ça piaillait tellement qu'on arrivait même plus à entendre la presse de 50 tonnes, après quoi elles ont mise en place une structure structurante d'encadrement entièrement féminine pour nous apprendre à obéir naturellement à des femmes et l'on s'est tous retrouvé nous les ingénieurs sur la chaîne.

    J'étais à côté d'Ernest-Etienne N'Bomba, un ingénieur d'origine togolaise qui avait vingt années d'expérience sur tous les chantiers de la planète et vous calculait une flèche d'un seul coup d'œil.

       Notre cheffe était une petite jeune avec des anneaux et des piercings, des tatouages et des scarifications autant qu'une jeune mariée papou qui aurait raté un virage au volant de son pick-op Toyota. Elle n'avait pas de seins et pas de fesses et surveillait sa ligne, droite, pour être sûre de ne pas dépasser d'un poil par devant ou par derrière, elle chantonnait des  trucs en anglais mal orthographié à longueurs de journée en écoutant son I-Pod, n'écoutait pas ce qu'on disait, se foutait de nos remarques mais tortillait du dargeot ou arborait des décolletés désespérément muets pour allumer les mâles.

    Dans les réunions elle ne savait articuler que des slogans et des platitudes pré emballées et normalisées comme dans un feuilleton social de la 3.

    Personnellement je la trouvais pas bandante du tout et même comment dire, et c'était la première fois, elle me faisait un drôle d'effet, elle me débectait.

    Les gonzesses, je les ai toujours regardées et toujours je leur trouvais quelque chose d'émouvant, elle c'était comme un rat mort, un rat mort que l'on aurait vraiment pas eu envie de pleurer, une sorte de mammifère hostile, un singe grotesque qui avait perdu toutes les grâces féminines jusqu'à l'ingénuité et le parfum natif sans parvenir pour autant à sentir des pieds et  se gratter les couilles avec le  naturel parfait d'un gendarme corrézien.

    Elle remplissait les formulaires comme personne, surtout elle mettait beaucoup d'application. Les filles, je crois que ça les rassure d'occuper des postes comme ça avec plein de papiers à remplir et des cases à cocher.

    Ernest-Etienne N'Bomba en rigolant m'a fait remarquer :

    -C'est marrant parce que chez vous en Europe les gonzesses occupent maintenant des emplois de petit blanc, ce sont elles qui vous refusent un crédit, elles qui vous coupent les allocs, elles encore qui vous mettent des prunes, vous jugent et vous mettent en taule. Au temps des colonies tu sais le grand colonat nous foutait la paix, d'ailleurs ils étaient plus souvent en métropole qu'au pays, ce qui était insupportable c'était les petits blancs, pas indispensables ni même nécessaires ou vraiment utiles mais toujours répressifs, réglementaires et pesants, maintenant vos p'tits blancs à vous c'est vos gonzesses !

    Le soir quand je rentrais au quartier à la maison, je sais pas pourquoi dés que je voyais ma Poupinette,  j'allais vomir dans les chiottes. ( à suivre...)
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  • Minute émouvante : Monsieur Carla Bruni remettant un pneu Pirelli P Zéro d'honneur à Nelson Mandela en hômmage à sa jeunesse militante et vulcanisée.
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  • Dimanche en famille chez L'Enfumé. par G.M.Néoletto.
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    C'était un dimanche, Pervenche ma compagne n'avait pas envie de faire la cuisine: décongeler un gigot, des flageolets, une tarte aux pommes, un Pommard et deux espressos était au dessus de ses forces alors je lui ai proposé d'aller déjeuner au bistrôt en bas de chez nous : chez l'Enfumé.

    C'est un établissement modeste tenu par deux frères corses Ange et Toussaint Dupontcelli, il fait aussi bar-tabac-PMU, jusqu'à présent nous évitions plutôt de nous y rendre, il méritait bien son nom et il était constamment enfumé mais aujourd'hui grâce au progrès des esprits c'est différent et une famille comme la nôtre peut maintenant se rendre dans de tels établissements sans crainte de l'être : « enfumée ».

    C'est d'autant plus important cette histoire de tabagisme passif (157896 morts les années non venteuses selon les derniers chiffres publiés par L'INFEE : Institut National de Falsification d'Etudes Economiques) que depuis six mois nous accueillons chez nous les sœurs Stopanoviç, Ebriéta et Ethilica, les mères porteuse de nos  futurs enfants ( un garçon, une fille !) ce sont des filles charmantes, des prukhménes très saines, qui contre le versement de 15000 teuros (elles nous ont consenti un prix de gros) et quelques défraiements ont bien voulu nous rendre ce service, Pervenche avec son travail au journal ne pouvant pas supporter nerveusement et physiquement en ce moment une grossesse, certes après il faudra les élever, mais si Pervenche ne s'en sent pas tout de suite la force, nous aurons toujours la possibilité de les congeler, il faudra que je pense à ranger le congélateur d'ailleurs.

    Nous descendons donc tous les quatre et nous nous attablons dans la salle du fond. L'endroit est assez peu fréquenté, quelques turfistes attardés au comptoir, la cigarette non allumée au bec, qu'ils noient dans l'apéritif à chaque gorgée. C'est un spectacle assez désolant.

    L'un des frères vient prendre notre commande sans trop d'amabilité:

    -Aujourd'hui c'est gigot-flageolets-tarte aux pommes avec un demi pommard ?

    -Euh très bien... et vous ajouterez deux expressos !

    -Je prendrre un aussi ! Insiste l'une des sœurs Stopanoviç. Je ne saurais dire laquelle, elles se ressemblent tellement.

    -Non, non pas de café après le septième mois de grossesse. Rectifie Pervenche en mettant sur la table le contrat de bail de mère porteuse.

    L'autre sœur Stopanoviç se lève, un peu en colère

    -Pisser je pouvoir oui ?

    Elle part aux toilettes pendant que je contemple la salle, elle s'est soudain remplie pour le déjeuner: des hommes en costard sport, élégance tweedée à l'italienne avec Rolex et grosses gourmettes en or et des femmes en vison et perles.

    Une presse étonnante pour un bistrôt de quartier.

    Ange Dupontcelli s'empresse à la table à côté de la nôtre, il  baise la main d'un homme d'une cinquantaine d'années en s'inclinant comme devant un évêque.

    -Don Vito Mayonnésé c'est un grand honneur qu'est-ce que je vous sers ? Je vous mets un chevreau à la broche...

    -Ne te dérange pas Ange, donne-nous le plat du jour, j'attends des amis.

     Le plat du jour il nous arrive justement :

    -Pour que ce soit plus commode, j'ai tout mis dans la même assiette. Nous explique le frère de l'Ange en alignant devant nous des assiettes débordantes où une tarte aux pommes encore gelée cousine avec un gigot flageolet qui perd les eaux.

    -J'ai plus faim avoir !

    Pervenche se permet un nouveau rappel au règlement :

    -... art 24b de la convention : vous devez vous nourrir correctement !

    -Oui mais ça pas korrek nourriture !

    -Mais cela m'a l'air délicieux au contraire! Dis-je pour calmer les esprits en commandant un autre demi pommard, Pervenche très remontée vient de siffler le premier.

    A côté de nous Don Vito Mayonnésé a renoncé prudemment au plat du jour et tourne son café avec sa cuiller en regardant la porte fixement.

    -Jé pas sentir bien moi ! S'exclame soudain la seconde Stopanoviç en repartant vers les lavatories.

    -Jé aider elle pour  sé sentir mieux ! Nous crie l'autre sœur Stopanoviç en rejoignant sa sœur.

    -Elles commencent à m'emmerder les prukhménes ! Lâche Pervenche en se resservant en Pommard,.

    Quand même notre dimanche en famille est mal parti pensai-je tout en commandant cette fois une caisse de Pommard, c'est vrai quoi. je l'ai même pas encore goûté.

    -Je vais aller voir ce qu'elles font ces deux folles ! Décrète Pervenche en titubant vers les toilettes son contrat de location de ventre à la main.

    C'est alors que la porte de L'Enfumé s'ouvre en grand et trois types entrent fusil d'assaut à la hanche :

    -PamPamPaooooum !

    Cela se met à tirer de tous les côtés, enfin plutôt du côté de chez moi, mais ce n'est pas moi que l'on vise mais Don Vito Mayonnésé qui se planque derrière sa blonde envisonnée en balançant de temps en temps un coup de Colt 45 à destination de ses agresseurs de plus en plus agressifs.

    Les frères Dupontcelli ont sorti les fusils de chasse et les vitrines explosent.

    -Merde je m'ai tâché ! M'exclamé-je à mon tour en voyant une grosse tâche de Pommard sur ma chemisette... mais c'est pas du Pommard c'est du sang.

    Je m'évanouis à peu prés, cela ne sent pas bon, je crois bien que je m'ai fait dessus, j'aperçois Pervenche qui revient dans la salle de l'Enfumé, elle est très colère et à peu prés saoule, elle m'aperçoit et se met à gueuler :

    -Ces deux petites salopes ont accouchés dans les chiottes et elles se sont taillées avec nos mômes !

    -Vous parlez d'un dimanche en famille ! Murmurai-je avant de m'évanouir tout à fait.

    <o:p> </o:p>

    Je me réveille dans la soirée couché, bandé, perfusé dans un lit d'hôpital, un type rigolard attend que je me réveille :

    -HouHou... vous pouvez causer ? Coucou c'est la police !

    -Jé avoir rien fait... jé être innocent tout à fait... Merdouillai-je.

    Voilà que je me mets à causer Prukhméne, sans doute le choc

    -Mais on sait bien mon gars mais expliquez-moi ce qui vous a pris d'aller bouffer en grande banlieue un dimanche dans un bar à proxos et interdits de séjour où même la dame pipi émarge au fichier du grand banditisme! Enfin vous un père de famille ?

    -Même pas...

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  • 29.
    Election
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Merry insista pour que nous ayons un mariage religieux en sus de notre union civile qui me semblait bien suffisante:
    -Et pourquoi pas un vin d'honneur tant qu'on y est ! Tes singeries municipales je m'en fiche bien mais je ne monterai pas sur un bateau qui n'a pas été béni par monsieur le curé.
    Il demeurait chez elle je ne sais quel fond de superstition chalutière.
    <o:p> </o:p>Ce fut donc, et sur la proposition de Bédoncle, cet étrange et imposant bonhomme aux cheveux en brosse, son oncle des Espiasses que tous appelaient Patrate qui nous unit à Sainte Trahoudulde.
    Fort peu concerné par la cérémonie désuète et pour tout dire hors de propos, qui tentait d'imiter nos si belles traditions républicaines mais il y manquait quelque chose, je ne sais pas, une présence, peut-être celle du pompier de service, pour être tout à fait vérifiable, j'en profitais pour prendre les dimensions de l'édifice et imaginer le parti qu'en pourrait tirer un créateur contemporain tel Jean-Marcel Vilchiotte, vrai nous pouvions avoir là l'une des plus modernes vélothéques d'Europe accompli dans une geste architecturale d'importance...
    -... oh hé garçon...je te cause : tu veux ou tu veux pas prendre pour épouse la belle Merry ? M'houspilla l'oncle des Espiasses en me réveillant de ma rêverie d'une robuste bourrade qui m'envoya rebondir contre un pilier.
    -Euh... oui monsieur.Répondis-je en me massant l'épaule.
    Je ne savais pas que dans l'église catholique qui est en France, depuis quelque temps déjà, m'a t-on dit, les barmen avaient vocation à bénir les unions.
    <o:p> </o:p>Au matin bien entendu nous étions passés devant monsieur le maire ou plutôt car ne pouvant pas me marier moi-mâme, cela serait allé contre une certaine tradition républicaine, après avoir présidé à l'union fort émouvante du fils Chotard avec son berger belge Rinquinquin avec lequelle il vivait maritalement depuis quinze ans, je cédais mon écharpe à gland à mon premier adjoint qui s'en acquit fort bien sous les aboiements de la belle famille du fils Chotard venue tout exprès de Bruxelles. 
    Heureux présage, que notre nuit de noces passé comme en pèlerinage à l'Hôtel de la Chaudasse ne démentit pas, hors cette manie qu'avait Merry de me compter tous les suppléments, il est vrai que j'en étais friand, et de vider le mini-bar.
     
    *
    <o:p> </o:p>La pluie avait repris sur La Conche, comme souvent, mais cette pluie-là tombait telle une bénédiction pour la destinée qu'il me restait à courir, je commençais d'aimer le terrain lourd.
    Chéchignac lui s'occupait les mains, il avait fomenté grève sur grève au La Conche's Taartagle Resort and Entertainment, la derniére revendication portant sur le trop grand nombre de numéros à la roulette et les conditions de travail déplorables des croupiers qui en découlaient, monsieur le consul général organisait en sous-main le désordre local et... international.
    Il avait même mis sur pieds un comité d'intellectuels qu'il avait logé tous frais payés pendant un mois aux grand Hôtel des Belges de La Ponche avant d'en envoyer un régiment monté à La Bravade.
    Conscrits de la raison impure qui depuis les plages Bravadiennes climatisées (au Prukhménistan, les champs de betteraves étaient chauffés même en été malgré tout la destination était moins courue) et en toute indépendance d'esprit pondaient pétitions et appels au génocide propret, dénonçant le racisme viscéral, héréditaire, de ces salauds de Prukhmen et dont la conclusion humanisse et toute empreinte de l'esprit des lumières était : « ...on n'y peut rien y  sont pas comme nous ! ‘y comprennent que la trique ces animaux-là ! ‘faut les bomber sévères ! »
    Il lança même un grand mouvement nationale avec l'aide d'Edgar Letrouble, épicemard compulsif et désintéressé, qui sommait les ci-devants tévo-consommateurs de venir apporter des rouleaux de papier toilette et des préservatifs de préférence non usagés ainsi que des boîtes de sardines (avec le double des clefs dans la boîte à gants) pour les réfugiés bravadiens qui manquaient de tout (et d'abord de libertés) et les tévéspetateurs avaient réagi magnifiquement en apportant dans les centres Letrouble des rouleaux de papier toilettes et des préservatifs de préférence usagés ainsi que des boîtes de sardines dont ils avaient paumés les clefs.  
    <o:p> </o:p>   Car le conflit Bravado-Prukhmen faisait la une des journaux parlés. La haine et le ressentiment montaient dans les deux camps, à Prukhmout-city l'antique capitale Prukhmen dont le métro avait été inauguré dix neuf siècles avant tous les autres l'on brûlait des cigares bravadiens et à La Bravade de la betterave à nœuds prukhmen.
    L'intercession de Monaco en faveur de son ancienne colonie, qui lui proposa un leasing sur une flotte de pédalos de combat furtifs, n'arrangea pas les choses.
    La Russie se rangea du côté de son voisin et vassal en proposant au gouvernement prukhmen douze ogives thermonucléaires pour le prix de onze port compris et payable en trois fois sans frais avec la carte boum-boum.
    En réaction les Etats-Unis apportèrent leur soutien à leurs voisins bravadiens et levèrent  discrètement l'embargo qu'ils leur imposaient depuis trente-cinq ans.
    In fine les Nationzunies intervinrent et pour mettre tout le monde d'accord décidèrent de bombarder avec une parfaite équanimité les deux parties mais ils se trompèrent largement et bombardèrent, dans l'ordre :
    La Barbade, le Turkménistan ornemental, le Baloutchistan occiputal, lesgrandsmagasinsduprintan et Prunel Tristan habitant du Val de Marne, secrétaire perpétuel de l'Union Bouliste locale.
    Protestations de tout le monde et remerciements de la veuve Prunel qui envoya une grosse boîte de chocolats au secrétaire général de l'organisation lequel convoqua, derechef,  une conférence internationale dans un pays froid et neutre et surtout pas membre des Nationszunis.
    <o:p> </o:p>   Le colonel Doubinskoï qui était retenu en otage à La Bravade fut enfin libéré et put prendre le bateau du retour, à son arrivée à La Conche, bon joueur, il félicita chaudement ce cher walter toujours farceur qui lui remit un cadeau pour se faire pardonner sans doute.
    -Troudli ! Troudla ! Troudlo ! Papa a pas coulo ! ‘tain le couteau suisse il est chouetto !
    <o:p> </o:p>   Pour ma part, témoin privilégié de cette affrontement artificiel qui avait menacé la paix du monde, je ne pus retenir plus longtemps mon indignation et livré le fonds de ma pensée à Walter Chéchignac.
    -C'était bien là tout ce que vous vouliez pour ce foutu casino et arranger vos petites affaires personnelles  vous étiez prêt espèce de salopard à créer un conflit thermo-nucléaire !
    -Je n'ai eu mon cher depuis le début de toute cette malheureuse histoire qu'un but: restaurer les intérêts du pays que j'ai l'honneur et la charge de représenter, il me fallait lever l'embargo, c'était la mission que m'avait secrètement et personnellement confié Adamsen Pinocevic notre Maréchal-président urinoir à vie, nous l'avons fait, pour le reste mes intérêts personnels comptent peu ... mais ils comptent.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>   Il avait réussi au delà de ses espérances, le département d'état américain ayant ouvert une enquête sur les actionnaires de Taartagle Corp., les autorités boursières américaines, la même chose mais en double exemplaire, pas mieux avait dit le département du Trésor . 
    Tant et si bien que les méchants réactionnaires belges avaient jugé préférable de débarquer mon père le visionnaire, avec toutes les indemnités et les excuses d'usage en le remerciant d'avoir en moins de dix mois réussi à mettre sur la jante une compagnie trois fois séculaires. Les sœurs Van Der Konf repassèrent avec soulagement leur habits de chauffe.
    <o:p> </o:p>   Avec ses indemnités plantureuses et défiscalisées le Président Régis Cardemeule, papa pour le non-intime que j'étais, se lança dans l'industrie de la variété, il avait toujours rêvé de faire starlette et même à ses débuts au conseil d'état il avait monté avec quelques collègues maîtres des requêtes un groupe de rock : « Zi indoumptabeuleuss ».
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>   Walter Chéchignac put donc mettre la main sur le casino de La Conche, que j'inaugurais une deuxième fois mais cette fois au premier rang et en tenant les ciseaux sacrificateurs en ma qualité de maire de La Conche.
    Chéchignac avait bien fait les choses, il y eut Yvette Horner, Mireille Mathieu, les petits chanteurs à la croix de bois, et un bal musette monstre avec des accordéonisses, plein de types bourrés et des filles en jupes, en seins et en fesses et un feu d'artifice qui mit le feu à la caserne des pompiers, en bouquet final on a rossé les gendarmes quand ils ont débarqué et on a tous fini noirs comme des loirs et sacrément d'humeur au 10/18.
    <o:p> </o:p>-Ce pourrait être un bel établissement ! ‘ça ce qui manque une taule de classe dans ce bled  tu trouves pas Walter ? Constata la jeune mariée, ma douce Merry avec des intonations que je ne lui connaissais pas et en reprenant une quatrième fine à l'eau sans eau.
    Cela tombait bien Tintin voulait céder le fond et ses dames songeaient à prendre leur retraite proportionnelle.
    L'affaire fut vite conclue, malgré mes réticences, je m'imaginais mal en taulier d'établissement échangiste, tranchons le mot : de boîtes à partouzes, dans la ville mâme dont j'étais l'édile.
    -On mettra l'affaire au nom de la marquise.
    -La marquise ? Quelle marquise ?
    -La Marquise de La Gaspérine.
    -Qu'est-ce que vous racontez là ?
    -Oh c'est vrai j'tai pas dit mon bouchonnet... le cadeau de mariage de Walter... il m'a offert un titre de marquise tout ce qu'il y a d'officiel, avec le diplôme et comment la marque de fabrique, l'écusson tu vois...
    -Les armoiries !
    -C'est ça. Oh mais il ne t'a pas oublié, toi il il t'a fait camérier secret du Pape.
    -Le Pape ? Mais quel Pape ?
    Qu'est-ce que c'était encore ces histoires, je n'avais pas épousé une marquise mais une put... enfin une femme moderne et convenablement libérée, je ne lui avais rien demandé à cet imbécile de Chéchignac.
    -Je suppose qu'il faut que je vous remercie ? Et peut-être mâme vous dois-je quelque chose ?
    -Bah je mets ça sur votre ardoise avec le reste, vous me réglerez tout en même temps.
    En prononçant ces mots il avait l'un de ces sourires clinquants et affûtés qu'il n'exhibait qu'en de certaines et cruelles occasions et qui m'impressionna, malgré tout je balbutiais :
    -Mon... mon ardoise ?
    -Sur votre compte si vous préférez, le compte de notre amitié,  je vous aime bien moi mon petit vieux. Allez je vais me coucher, demain j'ai deuil.
    Il s'alluma l'un de ses énormes cigares bravadiens torsadés, noirauds et puants le suint et l'étable, respira le petit matin sur le seuil, rangea ses lunettes noires dans la pochette de son veston, et d'un geste de fonctionnaire du répertoire de boulevard s'arracha sa moustache, qui n'était donc qu'un postiche et s'en fut à son pas, solitaire et sonneur.
    <o:p> </o:p>   J'interrogeais ma jeune épousée qui dessinait du bout des doigts dans le sucre ses armes de marquise rêveuse et encore naïve.
    -Vous... vous avez vu sa moustache... pffuuuit ! Mais enfin j'y croyais depuis le début moi à sa moustache ! En voilà des manières ! Et son deuil qu'est-ce que c'est que ça son deuil ?
    -A ce moment de l'année Walter quitte toujours La Conche, c'est en Octobre que son père est mort, alors il se décrète quarante-cinq jours de deuil et s'en va dans La Creuse, il a une boulangerie-buvette-bureau de tabac qu'il a mise en gérance la-bas dans un coin paumé, il y fait les tournées et il aide au fournil, il fait d'ailleurs un très bon pain, tu sais. Je crois que c'est par là qu'il a débuté...
    -Par les tournées ?
    -Non par le bon pain.  
    Après tout cet homme-là était peut-être bien mon ami, le seul que j'aurais jamais, quel dommage que je n'y comprenne rien, à lui autant qu'à notre amitié. (à suivre...)
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  • 28.
    Nomination.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Mais pour l'heure l'important n'était point la situation internationale mais bien les combinaisons locales, je n'aurais su dire comment mais Chéchignac me communiqua les résultats juste avant l'ouverture des bureaux de vote :
    -Vous passez dés les premier tour, cela m'a coûté assez cher mais je me suis dit que cela vous ferait plaisir.
    Bien entendu je n'en croyais rien, cru à une saillie et passais une très mauvaise journée dans l'attente et l'angoisse des résultats certifiés, je retrouvais l'anxiété et la constipation fidèle compagne des grands jours des concours.
    Force me fut de reconnaître que les chiffres définitifs ne différaient pas des siens et que la municipalité m'était adjugée à 62,56 % plus les frais soit à peu prés la côte Boitel.
    Pendant l'interviouve que je donnais au Conchois Libéré je me libérais avec tant de bruits sonores que le journaliste dut regretter de ne point travailler à la radio.
    -Excusez-moi... l'émotion.
    -La preuve que vous êtes en train de devenir un vrai conchois. Et puis j'ai l'habitude les soirs d'élection Letroncheur reçoit les journalistes assis sur la lunette. Vraiment une très belle élection.
    -J'espère que votre article sera bon ?
    -Oh mais c'est juste pour les archives, il ne paraîtra pas, ordre de Paris.
    Ce fut l'avis unanime, le silence.
    Je regrettais seulement que monsieur mon père n'eut point jugé bon de prolonger son séjour conchoponchain d'un jour afin de voir triompher son fils unique.
    Très sportivement le candidat de Paris reconnut là sa défaite et s'inclina devant le choix des... des conchieurs et conchieuses (il n'avait pas pris le temps de se mettre au courant des usages toponymiques et appellations d'origine contrôlé) avant que de sauter dans le premier train blindé en partance pour Paris en compagnie du sous-préfet qui préférait faire son rapport de vive voix à ses supérieurs.
    J'aurais aimé voir leurs têtes d'ailleurs en ce moment aux sus-dits supérieurs.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Je passais la semaine qui suivit mon élection comme sur un nuage, en une manière de voyages de noces électoral et sentimental quoique sédentaire dans la compagnie de mes nouveaux administrés, je les aimais déjà et leur trouvais des qualités que je ne leur soupçonnais pas mâme la veille au soir, et surtout j'étais auprès de la belle Merry qui nous avait rejointe, à la demande de Walter, j'avais deviné qu'il entretenait avec elle des rapports plus amicaux  et tendres que passionnels et que notre liaison non seulement ne lui portait point ombrage mais qu'il l'avait même encouragée dés le début, s'il ne l'avait pas provoquée.
    D'apprendre cela, aurait pu m'éloigner de cette femme souvent incompréhensible mais dés notre première nuit je compris que mes sentiments à son endroit étaient intacts, ma concupiscence à son envers toujours aiguisée et l'amble de notre désir tacitement reconduite.
    <o:p> </o:p>Au début d'Octobre je demandais donc à Walter à quel guichet m'adresser pour demander sa main, avait-elle de la famille ?
    -En France non personne de joignable dans l'immédiat, même avec les remises de peine, mais plus loin oui c'est possible... en Amérique latine il me semble... Alors vous voulez l'épouser pour de bon ?
    -Pour de bon ? Bien entendu qu'est-ce que vous imaginez ? Vous y voyez quelque inconvénient ?
    -Au contraire c'est ce qu'il peut vous arriver de mieux une fille comme ça, elle a les pieds sur terre la belle Merry et vous enlèvera peut-être des abstrusions de votre logique absurde de directeur comptable de stalag.
    -Je ne vois pas à quoi vous faites allusion dis-je en recomptant  les fenêtres par où risquait de se clore notre conversation car depuis quelque temps Walter cultivait la manie, au demeurant assez malsaine, de vouloir et quelques fois mâme de tenter de me passer par la fenêtre, sans se soucier de l'étage où nous nous trouvions.
    Il est vrai que nous nous opposions sur quantité de sujets et mâme sur une certaine vision de l'humain, mais malgré quoi  cela me semblait de sa part l'aveu d'une réelle faiblesse dialectique que de n'envisager pour terme de nos contradictions et controverses que ma preste défenestration.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Pour le reste j'effectuais une rentrée fort satisfaisante et même je me découvrais lors des séances du conseil municipal une autorité que je ne me soupçonnais pas
    Mes seuls soucis venant de ma majorité et d'abord de mon premier adjoint. Il faut dire que le poste était occupé par ce Jean-Tonio Pericolosi, proxénète aussi corse que notoire que Chéchignac m'avait collé quand il s'était agi de former ma liste, bien entendu j'avais été aise de le trouver alors mais  lors des séances du conseil municipaux et prés des survivants de la municipalité Lucien boitel que j'avais peu à peu incorporés à mon équipe, il faisait tâche, d'abord il était honnête le  Pericolosi, j'entends bien : à sa façon, mais enfin de fait il ne touchait sur rien et cela gênait tout le monde, et puis il était fort économe et alors que n'importe quel élu y compris de l'opposition vous votait sans regimber et avec tous les suppléments, les investissements importants nécessaires à l'érection du parc d'éoliennes souterraines (P.E.O.S) ou du métro aérien conurbain (M.A.C), lui refaisait laborieusement les additions quand il ne s'opposait pas tout à fait :
    -C'est de la folie pure !
    Car j'avais décidé qu'il y aurait un métro aérien à La Conche, après tout à La Ponche ils avaient bien un tramway, et puis ce n'est pas aussi cher qu'on le pense un métro aérien, il était d'ailleurs prévu de le rembourser en moins de six siècles grâce à une surtaxe payée sur la  redevance additionnelle à la  majoration annuelle de la contribution exceptionnelle des impôts locaux, sans compter que cela dynamiserait le tissu urbain et c'était bien là tout ce que je voulais, en quelque façon ma mission en ce pays obscurantiste encore trop bridé par des traditions d'un autre âge, le dynamiser, le confronter à la modernitude soit pour le principal à l'irruption du vélocipède dans nos pratiques réitératives urbaines.
    Quand je m'en étais entretenu avec ce cher Walter j'avais lu dans ses yeux une certaine incompréhension et puis très vite autre chose comme de la colère, aussi n'avais-je point insisté, les explications viendraient après, pour le moment j'avançais, et  proposais, à l'initiative de l'évêque (de rite catholique il me semble) de La Conche, un sexagénaire très ouvert, un certain Jean-Pierre Edébrouettes qui voulait qu'on l'appelle Jean-Claude et que personne n'appelait plus, de transformer la cathédrale de la ci-devante Trahoudulde en un fort utile et même nécessaire garage à vélos qui s'insérerait idéalement dans le visionnaire Plan Unifié de Développement Urbain Concerté (PUDUC) que je préparais dans une solitude laborieuse et après m'être longuement et démocratiquement concerté avec diverses associations de grands mutilés de l'âme (GMA) et moi-mâme .
    Car, je puis en témoigner, la démarche de ... de Machin, l'évêque supposément catholique était authentiquement moderne :
    -C'est des superstitions d'un autre âge comme leurs saloperies de calvaire je comprends pas que l'état fasse rien contre ça quand on pense au nombre d'accidents que ça cause encore chaque année, et encore il y a peu notre regretté frère Lucien Boitel, surtout que pour se situer correctement maintenant, j'entends moral... éthiquement, on a le G.P.S. et le J.T c'est bien simple on peut plus se perdre ou alors il faut vraiment y mett'du sien, croyez pas.
    De fait Jean-Truc outre une solide et originale personnalité humaniste à base de tolérance sectaire et d'imbécillité allégée en matière grasses parlait souvent utilement, sa proposition de raser tous ces édicules inutiles était de bon sens et j'en aurais volontiers fait la promotion auprès de la Répression Routière ou de tout autre organisme gouvernemental via le Cercons si j'en avais encore eu la possibilité, hélas je n'avais plus aucune influence parisienne, j'avais la nostalgie de cette époque où je n'étais point un proscrit et goûtait le bonheur simple d'être dans la moyenne du théorème de Manganec, base de notre république sociale selon lui: la somme des possibles par la moyenne plafonnée des ressentis. 
    -Bon ouais je vous disais pour le « hangar » Je vais demander à l'état de le désaffecter 'en ai plus le besoin alors si vous en avez l'usage ?... Ouais pour ce que ça sert, c'est tellement grand, on le remplit trois fois l'an, et puis vrai je me sens pas chez moi là-dedans, c'est inchauffable, le soir quand c'est tout à fait vide et que je baisse le rideau, je suis pas rassuré, j'ai toujours peur de faire une mauvaise rencontre derrière un pilier !
    Oui je disais don' que lorsque je m'étais ouvert de ce projet à Walter Chéchignac, sa réaction fut des plus... réactives: il avait tenté de m'étrangler proprement et c'était grâce à toute l'énergie du capitaine Kelbonbec et de son équipage qui s'était fort utilement interposé que je n'avais pas suffoqué, depuis passée une aphonie de quelques jours, une certaine froideur s'était installée entre nous.
    E puis cette manie qu'il avait de me défenestrer pour un oui ou un non m'inclinait à éviter sa compagnie.
    Il est notable qu'à la suite ma trottinette électrique de fonction connut quelques avaries et sabotages divers mais bien entendu je n'accuse personne.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>   Un autre incident eut lieu en séance au moment du vote des subventions pour les associations culturelles. J'étais bien décidé à mettre en œuvre une politique culturelle d'importance à La Conche et d'encourager toutes les formes de création contemporaine et de métissage intellectuel malgré une sensible disette financière que certains, mal intentionnés ou peu informés, qualifiaient un peu vite de banqueroute, aussi proposais-je de revendre le cimetière municipale au complet à une usine d'engrais bio et avec l'argent recueilli de  doubler les subventions allouées aux différentes associations.
    Ce me semblait une mesure hardie mais nécessaire et privilégiant l'avenir plutôt qu'une nostalgie et des pratiques d'un passéisme pour tout dire assez incompréhensible.
     
    Malgré cet effort louable, j'eus la surprise de voir débarquer en plein conseil municipal le collectif des animateurs socio-culturels emmené par Prxo Tartoukich le directeur-fondateur du Théâtre du 13 Septembre (c'était son anniversaire) et sa compagne Josiane Poupinot qui dirigeait l'ensemble Josiane Poupinot de transe contemporaine.
    Deux figures emblématiques de la vie culturelle à La Ponche et j'ajoute tout à fait sympathiques.
    Tartoukich était l'un de ces garçons attachants comme il y en a tant dans ce milieu, en catogan et jean rebelles malgré ses bientôt soixante ans et son statut de fonctionnaire culturel, directeur de centre traumatique national il n'avait point abdiqué son idéal de jeunesse: diriger un théâtre authentiquement subventionné en bas de chez lui. Je l'admirais pour cela aussi.
    Quant à la chère Josiane, sexagénaire péremptée, elle n'avait point encore tout à fait raccroché les chaussons et chacune de ses créations dont les dernières en date : « Varices II » et « Phlébite IV » lui valaient des critiques élogieuses et des hospitalisations prolongées.   
    Afin d'appuyer leurs revendications légitimes ils avaient organisé une sorte de happeningue, manifestation pleine d'imagination et de couleurs, vrai l'on aurait dit une... un...
    -Un spectacle de fin d'année d'une école maternelle de république démocratique de province. Constata cet imbécile de Kelbonbec, qui ne comprenait décidément rien à la transe contemporaine.
    A la fin de la prise d'otages... je veux dire de l'impromptu scénographié et alors que la chère Josiane Poupineau très en forme se proposait de « me passer par le trou des chiottes » si je ne faisais point droit à leurs exigences, je pris la parole et avec quelque énergie je me ralliais à leur point de vue, annonçais un doublement du doublement des subventions et proposais d'organiser ensemble une « grande manifestation contre » sur le Boulevard des Belges.
    Mais la chère Josiane me gardait quelques rancune et après avoir annoncé qu'avec la nouvelle subvention elle allait faire un spectak contre la montée du fassisme à La Conche en une relecture de l'opéra de quat'sous qui passerait pour l'occasion à quat'euros, elle rappela son compagnon qui sirotait un baby devant la table où était dressée la collation d'après conseil.
    -Allez aménes toi grand con t'as assez picolé comme ça.
    Le calme était revenu et en même temps, je l'espérais, une renouvelée connivence avec les milieux intellectuels de La Conche.
    -Mais c'est vous le fassiste en question, il me semble ? Irrupta dans la sérénité retrouvée mon premier adjoint indigné que l'on put s'en prendre ainsi en séance à un élu en chef.
    -Moi ? Ah bon, vous croyez... oooh !
    Je rougissais, sincèrement, mais je me reprenais aussi vite.
    -Il y a un malentendu entre nous et je le regrette car j'ai de l'estime pour ces gens et tout ce qu'ils représentent de valeurs humanistes, tolérantes et progressistes, mais malgré tout le combat contre l'estrémisme et l'intolérance est un combat tellement nécessaire que je propose au conseil de re-re-doubler la subvention que je-nous...
    Je-nous n'alla pas plus loin car, Walter n'assistant pas à la séance, le Capitaine Kelbonbec, mon adjoint aux sports, tenta alors de me passer par la fenêtre close, c'était à croire qu'il y avait quelque permanence ou tour de rôle d'organisée entre eux, mais Mademoiselle de Plombelec qui servait de secrétaire de mairie, rappela tout le monde à l'ordre.
    -Assoyez-vous tous et plus un bruit ou vous restez en retenue pendant la récréation !
    Pour quoi je l'avais maintenue à son poste, elle avait une autorité étonnante sur les populations défenestratogénes du coin.
    Quand même je risquais de devenir l'élu le plus défenestré de France si les choses continuaient ainsi. (à suivre...)
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  •    Au milieu de toute cette agitation, je remarquai dans la foule inaugurale, un quadragénaire joufflu, enneigé sur le sommet mais encore roux par endroit, quand il prit mon papa par l'épaule et lui dit sur un ton tutoyeur que mon papa d'habitude n'appréciait pas trop d'ordinaire venant d'un subalterne.
    -Bon Régis tu nous vires tes pédés maintenant et on va faire la comptée au sec !
    Il causait rudement bien français l'américain !
    -Normal c'est un parisien pur sucre : Jackie Rouquette dit la Mouillette ! Me renseigna la Excellencia.
    -Vous... vous le connaissez ?
    -Peut-être, il me semble, il y a longtemps, un camarade de jeunesse, nous avons fait les quatre cents coups ensemble...
    -Et quelques agences bancaires... Précisa le chef ‘von le Gueuzec  attendri et railleur
    -Allons chef si vous commencez à donner dans toutes les mythologies et épopées de comptoir... oh la Mouillette !
    Le rayé se retourna et sortit de dessous son costume rayé un objet métallique qui pouvait aussi bien être un pistolet automatique Beretta 95 S calibre 9mm para qu'un étui à cigares 15 coups :
    -Quoi ? Qu'est-ce que... Oh putain... putain la Gaufrette ! La Gaufrette ! Ah ça si je m'attendais ! Mais qu'est-ce tu fous là toi !
    -Ben tu vois comme toi j'inaugure !
    C'était l'évidence La Mouillette et La Gaufrette cela avait dû être un numéro connue à l'époque de leur jeunesse.
    A voir le bonheur qu'ils avaient à se retrouver dans leur âge  presque mûr.
    Le rayé rangea l'objet métallique dans son étui ad-hoc.
    -On m'a dit que tu avais quitté pour l'Argentine après... ton histoire cannoise...
    -Ouais... ouais j'ai vu du pays...
    Ils parlaient à demi-mots mais la fréquentation de Chéchignac m'avait enseigné sinon le Merlotin ou le Gallosylvien au moins à entendre le « Demimot » presque aussi bien qu'une langue natale, et je compris vite qu'il était question d'une héritière de casino séduite et abandonnée quinze années auparavant par le sus nommé Jacky dit la Mouillette en baie de Cannes avec des semelles en béton compensé aux pieds, sans doute la mode de l'époque.
    -... ‘pas comment elle a pu remonter... j'aurais dû forcer sur la granulométrie... murmura-t-il avec comme un regret de compagnon du devoir dans la voix.
    -Bah y faut plus y penser, le métier qui rentrait. Et alors toujours dans les casinos ?
    -L'entertainement y z'appellent ça, ah y savent utiliser les compétences, ‘pas à me plaindre.
    -Et au juste tu bosses pour qui, la calabro-new-yorkaise ?
    -Penses-tu l'albano-prukhmen, on a fait une jouinte-ventchure le produit qui monte, on arrête pas de prendre des parts de marché à ces enculés de ritals et à ces pédés de cubains, si je te sortais les chiffres du mois dernier, rien qu'avec les produits dérivés... enfin... et toi t'es toujours dans...
    -Non, non je n'y suis plus... s'empressa son excellence... mais alors plus du tout, import-export c'est ma seule devise maintenant.
    -Intéressant on pourrait monter un turb' ensemble si t'as un peu de surface je te présenterais à mes boss, c'est des jeunes, des types ouverts, entreprenants et qui en veulent, tu savais toi que les prukhmen avaient inventé le moulin à légumes deux milles ans avant le reste du monde ?
    -Ah ben non ça !
    -Vrai je te dis, des mecs étonnants, y a que question mentalité c'est des fois limite mauvais goût, ah y pleurent pas la roquette mais enfin ça évite de s'encroûter s'pas... bon dis on se voit tout à l'heure.
    -Ce soir si tu veux quand tu auras couché les petits.      
    -Charges pas ils sont polyglottes ces cons-là !
    -‘paraît-y même qu'y'z'auraient inventé la méthode assimil cinq mille ans avant que ça paraisse en kiosque, allez à ce soir ... La Mouillette.
    -Adieu ma Gaufrette, ‘ce soir.
    Le rayé regagna les premiers rangs avec les autres rayés.
    -Décidément mon cher Walter vos relations sont d'un pittoresque ! Remarquai-je avec quelque causticité.
    -Bah pour ce qui me concerne c'est du passé mais pour monsieur votre père elles sont hélas bien présentes et même un peu trop à mon goût.
    Il avait raison, je n'y avais point réfléchi, comment Diable Père pouvait-il frayer avec de tels gens.
    -Vous jugez qu'il se compromet trop avant avec eux ?
    -Je pense qu'il est préférable de ne pas être la mule de ces gens-là. Vous savez ma petite querelle parisienne c'est avec les collègues de bureau de Jacky la Mouillette que nous l'avons vidée, et leur goût immodérée pour les artifices et leurs manières vulgaires m'ont coûté quelques costumes et ... enfin elles m'ont coûté assez cher pour vouloir les épargner à votre papa si cela est encore possible.
    -Vous pensez que La Ponche sur Conche est pour eux une sorte de tête de pont ?
    -Je ne vous en avais pas parlé pour ne pas vous inquiéter mais j'avais été étonné de découvrir que votre papa, du moins la société holding qu'il préside et les capitaux qu'il gère sont pour une part importante le soutien de ces gens dans leurs entreprises parisiennes... et maintenant concho-ponchaines.
    Je tombais de haut . Comment imaginer que le Président Régis Cardemeule put être au départ de tous les ennuis à quoi ce cher Walter et moi-mâmes avions été confrontés depuis trois mois, tous ces assassinats et menées sordides.
    Sans doute avaient-ils voulu éliminer en la personne de ce cher Walter leur seul concurrent sérieux sur la place et pareillement n'avais-je dû ma nomination calamiteuse de candidat qu'à leur désir de tenir le père par le fils. Le monde civilisé et moquetté glissait sous mes pieds, la terre accélérait sensiblement sa rotation.
    Je regardais mon père, encore très grand, très droit, très maigre,  il était en smoking mauve de soie sauvage de leader de groupe de rock anglais années soixante-dix, entourée de jeunes filles ouvrières dans la pop‘ dont quelques unes fraîchement diplômées de diverses académies de la Tévé réalité et pas tellement plus réelles dans la vie. Devant les caméras de tévé du monde entier il venait de se sacrer d'une gâpette à l'envers et s'essayait à l'imitation des artistes maison.
    Il était ridicule.
    Au vrai il réalisait là tous ses rêves de jeunesse. Il avait eu vingt ans dans les années soixante, fait le voyage initiatique aux Indes mais pendant ses congés, il préparait l'Ecole ça ne l'avait pas empêché au retour de se marier dans son milieu, mieux dans son quartier. Durant sa scolarité à l'Ecole il avait milité pour et défilé contre, mais pendant les heures de travaux dirigés, après il avait travaillé dur dans les cabinets... ministériels certes, les cabinets, mais enfin cela restait des cabinets, ‘pas ce qu'il y a de plus agréable n'est-ce pas quand on connaît la mentalité et les manières de parvenu de ces cochons-là !
    Il avait présidé des trucs et dirigé des machins qui la plupart du temps étaient sans utilité et ne servaient à rien qu'à permettre à des types comme lui de présider sans avoir eu à entreprendre et de diriger sans nécessité de réussite. Bref il avait du temps à rattraper, il vivait là une seconde jeunesse, plus canaille et délurée que la précédente, tellement plus abondante aussi. Car il y avait le sexe pris en compagnie nombreuse et shampouinée, autre chose que les étudiantes en psycho crasseuses de son jeune temps et l'argent dépensé sans remords aucun  puisque ce n'était pas le sien mais celui de vieilles femmes réactionnaires, quelque part, pas très loin, et même juste à côté il faisait œuvre révolutionnaire.
    -Vous... vous croyez qu'il est au courant ?
    -Je ne sais pas. Le mieux serait de le lui demander et vous êtes le mieux placé pour cela il me semble.
    -Vous avez raison je vais essayer de m'entretenir avec lui.
    A ce moment de notre conversation les trois sœurs Van Der Konf passèrent devant nous, à la file indienne comme une colonne de trappeurs belges quittant en grande hâte le pays iroquois,  en bon ordre et avec encore leur scalp, mais  quelque peu traumatisées par ce à quoi elles venaient d'assister.
    -Peut-être faudrait-il songer à protéger les trois vieilles dames.
    -Elles sont elles aussi en danger ?
    -« Périmètre de sécurité » pour parler gendarme,  mon petit vieux autour de monsieur votre père, je vais demander à notre ami Bédoncle de veiller sur elles.
    Je pris place dans le rang des notabilités locales et Papa nous passa en revue, même le commandant des pompiers, avec un mot pour chacun, toujours le même et en anglais encore, il ne parlait plus qu'anglais et il souriait avec un drôle d'accent aussi et des dents qui étaient pas à lui :
    -... geulade tou mite iou !
    Vrai il m'était passé devant sans même me reconnaître, moi son seul fils unique.
    Je me tournais vers Chéchignac qui sembla gêné, lui dont le père faisait l'enfer buissonnier pour revoir son fils bien aimé:
    -Mais vous avez vu ça c'est mon papa à moi et il m'a même pas reconnu.
    -Il est occupé, vous pensez bien une inauguration comme celle-là !
    Occupé à tripoter de la nymphette pop star, à répéter des niaiseries dans un mauvais anglais d'occupation et à contempler son œuvre visionnaire exaltant le divertissement industriel, les vertus maffieuses et le n'importe quoi pourvu qu'il fut exactement contemporain du n'importe comment.
    Mais le rayé en chef me prit par le bras, avec quelque énergie, il  me sortit du rang et me présenta gentiment ... à mon père.
    -... the next mayor of La Conche !
    -Gueulade tou mite iou!
    -But... but it's your son!
    -Maï sonne? Are iou chaoére direste Timeo?
    -Oh fucking you frogie that's your fucking son !
    The fucking family était presque au complet.
    -Oh yéa ? Bute...Yéa innedide iou are raïght maï dire, zat is aouére sonne! Et mais  qu'est-ce que vous fichez là toi... maï boï ?
    -Footing électoral ! Lui expliqua Chéchignac.
    -Mais enfin l'on nous avait dit que tu ne vous présentais plus !
    Peut-être à la suite de trop de conseils d'administration transnationaux avait-il perdu l'usage de sa langue natale en même temps que celui de ses affections tutoyantes dans tous les cas ses vousoiements et nousoiements de majesté me compliquaient un peu plus l'abord d'un homme qui me demeurait un parfait inconnu.
    Nous étions côté à côte tels deux vaisseaux cousinant sur la vague, nous éloignant, nous rapprochant selon l'humeur de la houle, nous parlant depuis nos bords en même temps que nous ordonnions de charger à mitraille pour faire le plus de bruits ou de dégâts possibles, le moment venu, s'impressionner l'un l'autre et fuir le peu de souvenir que nous avions en commun.
    Chéchignac restait perplexe devant cette relation compliquée.
    -Je peux vous parler père, seul à seul.
    -Et pourquoi non, allons don' nous asseoir... tenez devant cet océan-là. 
    Il y avait un banc et l'océan qu'il regarda comme en prend la mesure d'un subordonné rétif.
    En quelques phrases je le mis au courant... de ce qu'il savait déjà :
    -Décidément vous autres... français...vous êtes resté très provincial, vous ne vous ouvrez pas à l'avenir, leurs pratiques transactionnelles sont au contraire très modernes et parfaitement éthiques, sans compter qu'ils ont du goût pour l'exercice et le culte de la performance, vous raisonnez avec une étroitesse d'esprit de gendre provincial, tout cela est révolu, il faut penser global...
    Penser global mais dans les clous, manger global mais allégé, baiser global mais avec une capote su'le bout, je n'aurais su dire pourquoi mais son discours de fonctionnaire défroqué, d'ex-français passé international à l'ancienneté me désolait, peut-être parce qu'il disait assez bien le monstre, sans attachement, tradition, ni honneur qu'était Régis Louis le quatorzième... de meule.
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    <o:p> </o:p>Je ne racontais pas tout de notre conversation à Chéchignac mais il comprit très vite que l'on n'en sortirait pas du moins par ce bout-là :
    -Pour les virer d'ici il n'y a qu'un moyen. Il faut mettre la pression sur le gouvernement Prukhmen.
    -Quoi vous voulez donc que la Fran... enfin la future ex-France déclare la guerre au Prukh...
    -Qué la France mais non je parle du gouvernement bravadien que je représente ici... et ailleurs.
    -Mais il n'y a pas de frontières communes. Il y a 4800 kilomètres de distance entre les deux pays. Ils ne donnent même pas sur le même océan. Il n'y a pas de frictions, pas de conflit possible.
    -Que vous dîtes. Le Colonel Doubinskoï n'est-il point ressortissant prukhmen, un espion donc, du moins c'est ce que j'ai indiqué dans les télégrammes chiffrés que j'ai envoyé à l'occasion de son embarquement, ils vont donc le retenir en otage... dés qu'ils auront déchiffré les sus-dits télégrammes, cela prendra un peu de temps... Mademoiselle de Plombelec est une chiffreuse hors-pair mais très... personnelle et très à cheval sur l'orthographe et la syntaxe codées.
    -Et cela ne vous gêne pas d'envoyer en prison un ami.
    -Qué ami ? Le cher Doubi n'est pas un ami  mais une ex-relation de travail qui m'a arraché lui-même avec son couteau suisse tous les ongles de mon pied droit au Tchad en 79 où il était conseiller culturel à l'ambassade soviétique et ce lors d'un interrogatoire d'ailleurs fort divertissant, je me souviens qu'en lever de rideau il y avait un numéro très amusant du chef des services de renseignements libyen, sur la personne de son sous-chef du personnel qui était parti avec la caisse vous n'imaginez pas tout ce que l'on peut faire avec un simple cure-dent.
    Non et je ne cherchais pas même à l'imaginer.
    Cet homme était d'un machiavélisme sans doute prohibé par toutes les conventions internationales. (à suivre...)
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  • Vacances actives !
    1/1 par H.T.Fumiganza
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      L'autre jour nous regardions les offres de destination vacances sur EasyCattle.com avec Pervenche rien ne nous tentait vraiment, on avait déjà tout fait : le Bengladéche en ski nautique, le Yémen en parapente furtif aussi bien que l'Afghanistan en  char T.92 hybride. Le plus important dans les vacances pour nous, et pour tout le monde aujourd'hui, je crois, c'est les activités, c'est vrai quoi sinon on s'ennuie tout de suite en vacances, comment s'occuper ?

    J'ai abandonné un instant l'écran pour descendre les poubelles et l'enfant, on lui a pas encore donné de nom, on l'a fait il y a trois ans quand on parlait des bébés médicaments, le concept nous a tout de suite plu, on s'était dit avec Pervenche que ce serait peut-être pas bête d'en faire un pour les piéces détachées et un pour la route, on a commencé par la remonte et puis finalement on en est resté là, on le gardera peut-être même si on prend un chien plutôt qu'un enfant.

      Josy qui tient l'agence de voyages Emergency Tour sur la place Lolo Ferrari (18°) où nous habitons était en train de fermer, je lui ai demandé des nouvelles de Jacky son époux, un merveilleux tour opérator avec lequel j'ai fait dans le temps pendant un congé-maladie les sept plus grands sommets de l'Hymalaya en patins à roulettes (nous étions jeunes, le plus physique c'est la descente !) et qui est actuellement détenu  comme otage remplaçant  par les FARC (et attrapes) en Colombie septentrionale où il était allé reconnaître de possibles parcours de trek :

    -Jacky ? Oui j'ai eu de ses nouvelles par Internet, il devrait passer otage titulaire au Printemps, si tout va bien.

    -Ah chouette.

    -Il dit que c'est dur d'avoir de l'avancement, ils sont tellement nombreux là-bas, et puis tu sais comment ça marche ? Comme partout il y a les pistonnés, les pipeules qui passent avant tout le monde. Tu prends un café, j'allais fermer, on a le temps.

    Nous avons un peu discuté, je lui ai dit notre embarras, nous avions regroupé nos RTT pour pouvoir partir trois semaines avec Pervenche, en laissant le môme en consîgne (mais non pas à la Gare de Lyon ! Dans un parking à bébémédicament, un établissement très bien, très propre, très moderne où on leur fait les niveaux tous les jours.). Je suis sous-directeur-Adjoint du Centre d'Information, d'Orientation et de Documentation sur l'Autosexualité et les Altersexualités  (Cinfodaa.) de la Ville de Paris  (Numéro vert 0 800 000 001 ) où Pervenche est archiviste, c'est pas un travail facile avec toutes ces pages collées, aussi avions-nous bien besoin de vacances, mais pas des vacances genre Flôts bleus, non des vacances, modernes actives .

    -Et pourquoi pas le Prukhménistan !

    -On connaît, on l'a fait il y a cinq ans quand on s'est pacsés.

    Nous étions allés à Prukhmout-City avec Pervenche peu de temps après notre rencontre elle revenait d' un stage de Inch Climbing au Tibet et moi d'un parcours de réoxygénation spirituelle et mentale dans une lamasserie autant dire qu'on avait les chaussures encore fumantes et tout de suite sexuellement on s'est trouvé, cela va faire cinq ans le mois prochain, à l'époque la destination était peu connue, nous en gardions un souvenir délicieux, c'était le printemps et les champs de betteraves étaient en fleur.

    -Il parait que ça a bien changé depuis, j'ai un séjour SocialWaves de trois semaines...

    -SocialWaves c'est what ?

    -C'est un nouveau concept de vacances actives et equitabeule trade que l'Office de Tourisme Prukhméne a développé. ils sont très réactifs, très compétitifs tu sais, il y a plein d'activités dirigées et vous traversez tout le pays en raquettes de tennis ! Le côté athlétique je sais que ça compte pour toi.

    -Ouais, pourquoi pas.

    -Et puis c'est un pays merveilleux, la population est tellement accueillante... et en ce moment c'est pour rien, en hôtel international **** avec vue sur la mer, il me reste deux places et pas en low costs sur la compagnie nationale: Prukhmen Airways.

    A la vérité ce n'était pas un charter mais nous voyageâmes en Worker Class, c'est-à-dire qu'à l'arrivée, nous avons perdu une bonne heure à vider et ranger les plateaux-repas, passer l'aspirateur et repasser les rideaux.

    Quant à l'hôtel à nom de matelas : The Imperial Confort  il donnait certes sur les plages mais il était niché entre les hauts-fourneaux et l'usine d'incinération d'ordures ménagères.

    De fait Prukhmout-City avait pris un développement étonnant, ce n'était plus la petite capitale provinciale entourée d'immenses champs de betteraves et ses marchés à tout le moins bigarrés et parcourue d'innombrables Tire-Tire (l'ancêtre du pousse-pousse mais pratiqué à l'inverse de la croyance la plus répandue dans le reste de l'Asie et dans lequel le conducteur moteur vous fait face et vous prévient des dangers qu'il ne peut éviter et qu'il vous faut alors prendre à votre compte, une manière de brouette kamikazée si l'on veut!) que nous avions connue, mais une métropole incalculable, ressemée en buildings babéliens, ponts suspendus, bretelles et ceintures autoroutières. Ils venaient d'ailleurs d'inaugurer leur neuvième périphérique souterrain. Incroyable le trafic et donc la pollution, à côté Paris ressemblait à une sous-préfecture de garnison.

    C'était un mouvement incroyable, les prukhménes ont toujours été d'énergiques travailleurs mais là ils se surpassaient, tout le monde courrait en regardant la montre du voisin et en lui marchant sur les pompes.

    Quand nous sommes sortis de l'hôtel après avoir défait nos bagages, passé une tenue d'expédition urbaine et mis nos raquettes de tennis aux pieds, nous avons interrogé  notre guide-interprète:

    -Tire-Tire ?

    -No more trop métier de con ! Nous a-t-il expliqué sans que nous comprenions tout ce qu'il expliquait, il avait fait français seizième langue au lycée et tout en se foutant de notre gueule à cause des raquettes.  

     Plus de Tire-Tire, c'était dommage car cela participait pour une bonne part du pittoresque des lieux.

    -Louer un vélo est-ce possible ? Avons-nous demandé bien décidés à lâcher nos raquettes au profit d'un moyen de transport moderne et éthique.

    -Ding-ding. Biçaïkeule in Prukhmout-City, you die in few minutes.

    Bon nous décidâmes d'aller sur la plage, cette plage où nous nous étions aimés avec Pervenche à de multiples et satisfaisantes reprises.

    Les plages brillaient au soleil... pourtant faiblard de ce début d'après-midi :

    -Ferro-nickels bioutifoule !

    Ces imbéciles avaient répandu sur les plages de sable porphyroïde les scories de ferro-nickel venant de l'usine sidérurgiques voisine.

    On s'était mis pieds nus avec Pervenche et forcément on s'est blessé les pieds et on a remis nos raquettes soudain une musique a retenti, diffusée tout le long de la plage, et tous ceux qui s'y trouvaient se sont raidis instantanément :

    -Casquettes ! Enlevez casquettes pendant hymne saligoo ! Nous a intimé notre guide.

    C'est devenu assez vite lassant cette histoire d'hymne et de saligoo. Il retentissait toutes les heures et même les touristes étaient tenus de se mettre au garde à vous pendant l'exécution.

    Sans nous en rendre compte à la suite de notre guide, nous nous sommes retrouvés dans une banlieue de Prukhmout-City devant l'entrée d'une usine immense qui fabriquait de tout en très grandes séries: International Prukhmen Company of Engineering and Industrials for Equitabeule Trade Corporation ça s'appelait. Notre guide a absolument tenu à nous faire visiter, c'était immense, ils fabriquaient de tout: des réveils aussi bien que des presses purées électroniques, des extincteurs ou des fours à pain, des brouettes et des pompes à main et même des ouvriers pour leurs propres chaînes: il entrait des paysans et elle vous sortait des travailleurs parfaitement calibrés.

    Le guide nous a désigné deux places en milieu de chaîne, il voulait absolument qu'on essaye, il y avait plus de trois milles ouvriers dans l'immense halle, nous nous y sommes mis avec Pervenche, un contremaître est venu a regardé notre travail et nous a dit en le jetant dans une corbeille en plastique:

    -Not good ! Frenchies bad ! Belgians good !

     Et en même temps il nous désignait un couple très appliqué sur la ligne de production devant nous.

    -Brigitte et Jean-Luc Van Der Berk ! Se sont-il aussitôt présentés sans quitter leur travail. Nous sommes de Liége, vous aussi vous vous êtes fait avoir avec le séjour actif SocialWaves de ces salauds de l'Office de Tourisme Prukhméne. Quand je pense qu'on pourrait être bien tranquilles en pull marin sur une plage ventée de chez nous à ne rien faire que de combattre le vent et de faire des mots fléchés en écoutant le transistor!

    Nous avions le droit de revenir le soir à l'hôtel à pied sans supplément mais c'était loin (19 Kms !) et les taxis sont chers là-bas, et puis on était fatigués, les cadences étaient très élevées, ils montaient un scooter en 3‘27‘' il faut suivre, surtout quand on a pas l'habitude de travailler, alors avec les Flohic' de Perros-Guirec, les Martin-Besnard de Livry-Gargan et les Van Der Berk de Liége le soir nous restions couchés au dortoir 116W et nous prenions nos repas dans la grande salle commune 23 B. Et puis comme ça on se faisait des souvenirs en même temps que l'on avait un vrai contact avec la population... bâillante et somnolente. Avant de monter on allait s'en fumer une, j'avais recommencé, je sais c'est mal mais ça détend aussi quand on est crevé comme ça, devant le grand dégueuloir du collecteur central des égouts de Prukhmout-City, on en profitait pour écrire des cartes postales avec plein de couchers de soleil aux amis restés à Paris:

    -Gros bisous de Prukhmout-City !

    L'écriture était un peu tremblée, à cause des cadences de la journée. On nous avait changé de chaînes on était au rechapage des brouettes. C'était intéressant.

    On a traversé tout le Prukhménistan comme ça en raquettes de tennis au gré de nos différentes affectations, d'activités dirigées en activités obligées on a fini dans une taule sordide, un bob pour mineurs au plus profond du pays profond. Pervenche se faisait jusqu'à 50 passes par nuit, moi pas plus d'une vingtaine, je suis très étroit (enfin beaucoup moins maintenant.).

    On comptait les jours jusqu'à notre départ et le moment où on pourrait retrouver le boulot à Paris  pour enfin se reposer... et peut-être même s'asseoir.

    <o:p> </o:p>

    Au retour, après avoir retiré l'enfant  de la consigne (en l'accrochant sur le vélib, je me suis rendu compte d'ailleurs qu'il m'avaient donné le N° 5468 alors que j'avais le ticket N° 5467, mais je n'avais aucune envie de refaire la queue pour réclamer, et puis à un chiffre prés, ça ne valait vraiment pas le coup d'y retourner!) je suis allé voir Josy pour lui faire un scandale, vrai j'étais indigné, au moins très colère, enfin assez remonté :

    -Ouais je sais c'est limite arnaque comme plan mais tu voulais des activités t'en as eu !

    -Ah ça c'est sûr.

    -C'était éthique ? T'as exploité personne ?

    -Ce sont eux qui nous ont exploités. Tu te rends compte qu'on a payé pour travailler à la chaîne... et je te raconte pas tout...

    -Forcément t'avais jamais travaillé de tes mains...

    -Oh s'il n'y avait eu que ça...

    -Ouais... ça t'a fait une expérience humaine. Et puis qu'est-ce que tu veux, la com' est bonne, je suis bien obligé d'en placer un max pour payer la rançon de ce connard de Jacky !

    version imprimable:http://revue.lurbaine.net

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  • Avec les policiers de la Brigade Anti-chouquettes.
    Réveillon chez les régressifs
    Chroniques de la France de pendant.

    par François F. soumis.

     

    Avec Roselyne, on avait décidé de frapper un grand coup pour le réveillon du nouvel an. Roselyne c'est ma copine, elle est ministreuse de quoi déjà ? Mais si comment ça s'appelle ? L'avortement, l'euthanasie ? La santé voilà ! C'est de ça qu'elle s'occupe: de notre bonne santé, physique, morale et intellectuelle. Avec Roselyne on est pays, je la connais de tout môme, c'est elle qui m'a dépucelée dans la salle paroissiale de Pathétique sur Navrant où je suis né, ça s'est passé  après une causerie débat organisée par la JEC sur la « libération de la femme et ses conséquences sur la traite laitière», elle s'y est reprise même à trois fois  avec moi tellement j'étais pressée.

    A l'époque, à la campagne c'était pas facile de trouver des partenaires euh... qualifiées, alors quand il passait une conférencière, on en profitait, un peu comme avec les boulangers ambulants si vous voulez : c'est pas toujours fameux, c'est plutôt cher, ça rend malade quelques fois mais ça dépanne, la Roselyne question dépucelage elle dépannait sur trois cantons au moins.

    Elle a toujours été une dominante elle aussi, comme mon maître pipeulisé, pour ça que je l'admire, rien que sa manière de s'habiller en pute provinciale à l'ancienne : cuir noir et jupette rose vous fait de l'effet, ajoutez-y sa voix rauque et épicière de sous maquerelle elle en impose, convenons-en.

    Roselyne, quand elle débarque chez l'électeur il faut voir comment elle te vous le secoue, c'est pas des campagnes électorales qu'elle  organise mais des rafles.

    Bon où en étais-je don' ? Oui je vous disais cette année nous avions décidé à fins de leur rendre hommage d'accompagner dans leurs périples en ce soir du Nouvel An les policiers de la toute nouvelle Brigade anti-chouquettes en charge de l'application sur le terrain de la nouvelle "loi gaufrette" visant à la répression du gaufrettisme passif et des déviances sociales agglomérantes.  (Une anecdote en passant... Il faut savoir qu'au départ après consultations de spécialistes reconnus mondialement...du doigt mouillé dans le vent et à l'issue d'une réunion interministérielle nous nous étions entendus  sur un chiffre   (départ d'usine/franco de port) de 800 morts annuels du fait du gaufrettisme passif, bien heureusement l'un des membres du cabinet du premier ministre de l'époque eut l'idée ingénieuse d'indexer le bilan annuel communiquée à la presse sur les prix du pétrole ce qui nous donne aujourd'hui plus de 5000 morts annuels et c'est pas fini avec le baril à bientôt 150 $ vous imaginez!)

    De toutes les façons il est bien admis aujourd'hui que la gaufrette tue, par atteinte des voies zaériennes et bronchiques et pollution sonore, mais la chouquette aussi !
    Car, quoique plus silencieuse et donc mieux tolérée par le corps social (corps social qui tolère aussi d'ailleurs beaucoup mieux dans le métro la bande de jeunes banlieusards en débordement que le sexagénaire fumeur solitaire, allez savoir pourquoi ?), la chouquette par de subtiles menées sub-enzymatiques et autres exaltations glucidiques, sans oublier la pollution énorme crée par les grains de sucre inhalables abandonnés en fond de sac, sac le plus souvent utilisé, une fois gonflé avec la bouche et écrasé d'un coup sec, pour faire peur au copain, sans s'apercevoir que l'on peut  causer ainsi de multiples défaillances cardiaques dans le voisinage (347,12 décés l'année dernière dus à de tels agissements !), la chouquette dis-je n'est pas moins dangereuse sur le plan de la santé publique, c'est pourquoi dans le même temps nous avons lancé une grande campagne d'affichage et d'information sur le thème : « votre voisin a du cholestérol dénoncez-le !
    (www.monvoisinaducholesteroljeledenoncependantlespubsalatv.gouv.enc)

       Roselyne m'avait donné rendez-vous à la mairie du 2° arrondissement où elle devait m'attendre à la tête de sa demi-brigade de képis mous (c'est d'un bien meilleur rapport  que le képi dur, qui s'enfonce au premier coup de tuyau en plomb, le képi mou lui il est réutilisable, il n'y a qu'à changer le fonctionnaire en dessous !).

    Tous, je peux en témoigner, tous ces fonctionnaires sont animés par le même idéal sublime... de garde-champêtre fanatisé : verbaliser le contrevenant à la modernitude.  

    Malheureusement en face le contrevenant manque tragiquement. L'assujetti, il ne demande qu'une chose : obtempérer ! Circuler, ne rien avoir à voir, à entendre ni à critiquer, bref il se planque devant le grotesque .

    J'arrive en retard, j'espère que Roselyne va être colère et me punir sévèrement mais je suis déçu, elle est entrée dans un magasin de jouets tenus par un couple de jeunes gens de ses amis : Jean Fernand et Jean Marcel, le magasin de jouets qui s'appelle : « Pumpini » (23, rue Charly Gaul (2°)) est bien entendu interdit aux enfants et ils sont une bonne quinzaine d'adultes baveurs à faire: prout ! prout ! tuuut ! tuuut ! bang ! bang ! en jouant avec des petites voitures de pompiers et des poupons pisseurs.

    -Ah te v'la toi tu sais que tu es en retard ! Tu as un mot de tes parents ?

    Heureusement j'y ai pensé, j'en ai apporté un de Pineulope.

    -Bon on verra plus tard, allez en avant !

    Je la regarde, je la contemple, je l'admire: on dirait Jeanne d'Arc s'en allant inaugurer un sex-shop.

     

       Pour commencer nous  débarquons dans un salon de thé, les policiers de la Brigade Anti-Chouquettes que nous accompagnons ont un peu... les chouquettes quand même, mais comme l'a dit mon maître enrhumé : « Il ne doit pas exister de zone de bon droit dans botre république ! », bien sûr c'est dangereux, s'attaquer à un salon de thé, comme ça en plein jour: surtout vers les cinq heures, parmi les petites vieilles il peut y en avoir une plus affamée que les autres, ou en état de manque. Aussi tout de suite et sans faiblir ils utilisent les grands moyens, on fait ranger la clientèle contre le mur et doigt devant fouille au corps intégrale, on ouvre et renverse les sacs à main des fois qu'il y en aurait une qui y planquerait un paquet de gaufrettes. Bon il y a rien... une petite vieille essaie bien de ramasser un truc sur une table pour le planquer et se l'enfouir, aussi vite, on la plaque au sol, on se met à une dizaine dessus, au bout de deux minutes elle bouge plus rien la septuagénaire, même pas les oreilles :

    -Un macaron ! Gueule triomphante la cheffe Josiane Chopinot en relevant ses grosses fesses du visage de la petite vieille cyanosée.

    -Allez on l'emmène au poste. Décrète le commissaire, une jeune con éthique, souriant, sympathique qui ferait sans grand effort un parfait directeur de stalag  souriant, sympathique, éthique, tout barbelés de préjugés lâches et de slogans commodes.

    -Vous savez pas que c'est interdit aussi les macarons ! On vous enverra la convoc' devant le tribunal.

       Car le macaron est assimilé, à juste titre, dans la loi, à la gaufrette, il est certes moins offensif, la pollution sonore est moindre que pour la gaufrette mais des études ont montré qu'une consommation régulière de 97.3 macarons/jour pendant  84 ans réduit l'espérance de vie de 4 ‘'27 par trimestre ouvrable, déductions faites des congés compensatoires.

    Et que l'on ne me parle pas du macaron mou, lancé et vanté par quelques artisans et industriels peu scrupuleux, c'est loin d'être la panacée espérée.

     

       La petite équipe repart, sur un passage clouté des vélibeurs sur le sentier de la guerre sont en train de tourner autour et de crever les pneus et de casser les vitres d'un retraité barricadé dans sa voiture immobilisée, il vient de refuser une priorité à gauche à des  réformateurs du code de la route, très vite grâce à la cheffe Chopinot le dialogue s'établit avec les emplumés à vélo et l'on emmène le retraité à moitié scalpé au commissariat pour le mettre en garde à vue.

     

       Soudain la cheffe Chopinot s'immobilise, sort son 9 mm para H. und K. et entre en trombe dans une laverie automatique, les mômes se couchent à terre comme dans les séries tévé et les mères « sans papiers » montent à l'étage pour se jeter par la fenêtre comme dans les articles de journaux.

    Nous suivons la Cheffe Chopinot toute à son inspiration et l'on découvre dans l'un des tambours un mangeur de chouquettes planqué, on arrête le tambour, on essore le contrevenant  dans le séche-linge attenant et hop en route !

     

    -Tiens on s'arrête là, je les connais c'est des amis ! S'écrit Roselyne rosissante :

    C'est un café délicieux que je vous conseille: L'Intromis rue Roger Pingeon. Les serveurs sont des jeunes gens charmants en slips kangourous. Le concept est original: boissons froides ou chaudes à la demande et slips kangourous. On peut acheter une quantité incroyable de slips kangourous tous différents tout en buvant un thé à la menthe. Il y a aussi un coin « antiques » où l'on peut chiner des vieux slips d'occasion. C'est rafraîchissant ! 

    Seule fausse note : mon officier de sécurité qui demande un demi pression !

    Nous repartons, quittant à regrets ce havre du bon goût.

     

    Après quelques minutes de marche souriante, le commissaire reçoit un appel, c'est un signalement (en allemand : Ein Dénonciation !!!) dans une maison de retraite :

    -Un mangeur de gaufrettes, fumeur de pipe, déprédateur d'arbres à la Résidence des Aubépines ! Articule-t-il avec quelque angoisse. Chacun des fonctionnaires de vérifier que son arme, son gilet pare-balles et son tampax sont bien accrochés.

    -Il faut y aller ! Murmure magnifique la Cheffe Chopinot, avec Roselyne nous sommes émus, vrai ils en deviennent émouvants !

    Bien sûr des renforts sont aussitôt demandés et très vite la maison de retraite est cernée par deux escadrons de gendarmerie.

    Le contrevenant qui a été signalé est un dangereux récidiviste, un fumeur de pipe bien connu des services de police, ancien officier d'Indochine et d'Algérie aussi héroïque qu'une miss France découronnée.

    C'est un couple de retraités des Pets et Têts qui l'a dénoncé.

    -Il arrête pas de nous bouffer des gaufrettes sous le nez, c'est bien simple l'été, à cause de ç't engeance, on arrive plus-z-à écouter la tévé et puis il fume aussi tout le temps, sa fenêtre ouverte, d'ailleurs sentez, c'est à cause de lui que le parc pue ! Alors on s'est dit : il faut faire quelque chose contre le réchauffement qui monte à la tévé... ah aussi on vous a fait une liste de tous ceux qui ont du cholestérol dans le quartier. C'est pas seulement pour la prime c'est aussi pour aider.  

    Ach les praves gens !

       Les policiers de a brigade anti-chouquettes  tentent bien d'engager des négociations avec le multi délinquant, mais il ne veut rien entendre, et continue de multi-délinquer de plus belle, la pipe au bec, le paquet de gaufrettes dans une main, son couteau suisse dans l'autre il s'obstine sur l'écorce de ce pauvre arbre.

    Le spectacle est insoutenable, scandé par le craquement des gaufrettes.

    Finalement après une demi-heure de tractations stériles autant que dangereuses, il est armé, ne l'oublions pas ( ben tiens et le couteau suisse !), le commissaire se résout à faire intervenir les tireurs d'élite syndiqués qui dégomment la concierge et son chat avant de casser la pipe au fumeur de pipe .

    Sur l'arbre odieusement mutilé il a gravé : 

    « Vive la France ... d'avant ! »

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  • 27.
    Inauguration.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Le complexe Transcontemporain Andréï Gromiko était sans complexe, haut de prés de trente mètres bâti dans un style stalinoïde amphibie mélange de totémisme kulturel et d'idolâtrie  productiviste.
    Les associés de papa portaient des costumes à rayures, des lunettes aux verres fumés et blindés et des chapeaux en kevlar sur-taupés pour se protéger du soleil hautain de cet fin d'été sans doute, ils fumaient d'énormes cigares en lutinant les artistes et les trois demoiselles Van Der Konf suivaient le train des officiels en serrant fort leur lourd sac à mains noirauds et en se demandant combien toute cette... cette chose avait pu leur coûter et ce qu'en aurait pensé leur papa.
    Outre le musée d'art Contemporain le 1287 ° du département il y avait un lieu muséal fort intéressant sur le Bletznec, sa vie son œuvre.
    On allait lui attribuer un statut protégé international de non proie qui lui permettrait à l'instar des rennes septentrionaux d'émarger aux assedics, les indigènes avaient eu beau protesté comme quoi le Bletznec c'était rien que ‘h'une belle saloperie qu'il avait fallu en bouffer pendant des siècles quand il n'y avait que ça, que maintenant et même au jour d'aujourd'hui avec les zypermarchés ils préféraient s'empiffrer d'agglomérats de résidus de poissons, panés à la sciure, mais que quand même c'était une tradition et une coutume que la pêche au Bletznec et « ...que rien que pour que, ç'la méritait le respect quoi merde ! »
       Mais les protestations indigènes n'y avaient rien fait et l'officier de l'indigénat dépêché par les instances bruxelloises, un jeune allemand, charmant d'ailleurs, enfin au moins très « korreck », avait pris toutes les mesures nécessaires, un satellite espion et deux hélicoptères surveillaient en permanence les lieux de pêche et un régiment de bavarois campait en ville.
    On pourrait s'étonner de cette sollicitude soudaine à l'endroit d'une telle poiscaille pestilentielle et quasi inutile mais des chercheurs suédois de l'université Gretagarbique de Malmoe l'avaient étudié pendant cinq ans avec force moyens humains, scientifiques et financiers,  détaillant ses mœurs, ses habitudes et ses humeurs.
    Et ils en étaient arrivés à la conclusion que cet être infumable, immangeable, élastique, sans caractère ni moralité, cannibale, mangeant ses petits, violentant ses nièces et se mordant la queue en permanence, haineux, sectaire, grégaire, déshonnête intellectuellement, désolant de préjugés et de conformisme social, vivant en meute, feignasse et scolaire, s'attaquant toujours en nombre au plus faible, aux isolés ou aux seuls caractères, oui ces scientifiques exercés  en étaient arrivés à la conclusion, à force de kilomètres d'observations millimétriques, que le Bletznec était un authentique poisson rouge... non point  l'un de ces êtres purement décoratifs que l'on promène de bocaux en plateaux de tévévision, mais un poisson de gauche, et oui un être éthiquement pur au même titre que la hyène putridophone des Balkans et le tigre boulimique du Bengale et qu'en conséquence il méritait respect, protection, hommages et commémoraisons.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>   Il y avait aussi et ce me fut une consolation un espace de création contemporaine avec en cours un accrochage posture/imposture d'un plasticien franco-prukhmen où des caniches morts avaient été accrochés au mur comme autant de Christ en croix. C'était courageux.
    Et questionnant aussi.
    Oui tous ces caniches morts, il y en avait cinquante-quatre même s'ils puaient un peu, d'ailleurs le plus réflexif était ces vers qui grouillaient dessus, le vivant naissant du mort dans un comploiement incessant. Le créateur (en second) Kurt Zmlamay nous expliqua que devant se battre, tous les après-midis avec le pompier de service et la femme de ménage qui mettaient un coup d'insecticide le matin sur « ces saloperies », il en eut vite assez et pour les empêcher de censurer son œuvre auto productible car c'était bien de censure dont il fallait parler : censure prolétarienne mais censure quand même, et prolonger l'œuvre, il les avait exposés tous deux dans une cage qu'il avait intitulé « Répression ! » et fermés à cadenas et toute la bonne bourgeoisie conchoise tournait autour de la cage avec ravissement en se demandant lequel allait bouffer l'autre, la femme de peu ou l'homme de rien.
    <o:p> </o:p>   Quand ils en eurent terminés de leur ronde d'avant-garde ils se dirigèrent vers le buffet.
    Surprise ! Il était allégé on y servait du champagne light et du caviar d'algues c'était une adroite initiative de l'incomparable Le Radégoual, qui en avait la charge, malgré tout très vite il y eu un commencement d'émeute, une mutinerie de mondains, les plus terribles.
    C'est qu'en province arriérée l'on bouffe encore ! Et notre cher Le Radégoual fut à deux doigts d'être dévoré tout cru et sans garniture, pour plus d'authenticité sans doute, quand le chef de meute l'ober-hauptman füerherin régionale aux droits de la femme se rendit compte après lui avoir mordu dans la fesse droite que question vérité du produit il n'était pas plus comestible que ses « élaborations grotesques d'affameur prétentiard » dixit Chéchignac.
    Les amis de papa qui commençaient à la sauter appelèrent leurs chauffeurs-garde du corps, des types énormes, enjoués comme des incinérateurs industriels à fœtus.
    Ils remirent une bétonnière en marche, laissée là par les ouvriers et le cimentèrent sur place Le Radégoual, avec l'ordre de préparer « good food ‘nd hurry up asshole! » sans quoi ils te le balançaient dans la mer et même un peu plus loin jusque dans l'océan. (à suivre...)
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