• Quand la com' décomme...
    Ou le Schtroumpf à pédales
    Par François F.soumis.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Je n'en peux plus depuis que mon maître révéré a engagé ces deux foutus conseillers spéciaux pour s'occuper de sa com' : Charley-Douar Bédouani et Pertuisanne Chapotteau c'est vraiment devenu n'importe quoi ! C'est ce crétin de Séguéla qui les lui a recommandés, soi disant que ce serait les meilleurs dans leur genre, ce sont eux qui ont lancé Diam's la rappeuse et en plus ils en sont fiers :

    -Le repositionnement permanent c'est ça le secret, au départ Diam's c'était un boudin de Noël en promotion, on l'a sortie des produits frais et mise dans les shampoings antipelliculaires un shampoing acheté = un cd live après quoi on l'a basculé dans les loisirs culturels rayon révolté à messages pour petits blancs incultes qui veulent ressembler à des grands noirs incultes. On a bombé sévère les médias, acheté du temps d'antenne, sous loué quelques consciences de gauche, acquis une légitimité avec du street marketingue : une compil=une barrette. Et voilà comment on fait d'un boudin en promo une chanteuse à text...os.

    Ces trucs-là ça le passionne mon maître adulé, il dit qu'il faut suivre le marché, donc l'électeur, je prédis que si il le suit de trop près il va finir aux articles de ménage et même pas en tête de gondole.

    En définitive je crois que c'est plus le fils de Sopalin que de Machiavel.

    -Il faut accessoiriser la fonction ! Renchérit Charley-Douar Bedouani qui n'est lui aussi jamais à court. Président tout court c'est rien, comme un smoking sans Rolex, chainette Mauboussin, bracelet Chaumet  et clefs de Porsche.

    Leur dernière invention, fiancer mon maître considérable à une chanteuse transalpines (je l'ai mis au pluriel parce que la donzelle est coureuse) aphone, une italienne inaudible déjà c'est plutôt rare et pas tellement glorieux, et voilà pas que ces deux abrutis débarquent ce matin en pleine réunion de cabinet, le schtroumpf suprême était sur son trône en train de réclamer du papier... plus de papier encore sur lui à nous autres pôv minisses :

    -On parle pas assez de moi ! Ils vont finir par oublier qui est le maître ! Il nous répétait quand les autres sont arrivés :

    -Bon tu divorces de la ritale !

    -Divorcer mais on n'est pas encore marié.

    -Raison de plus tu la vires !

    -Ah ouais ? Ah mais c'est que ça m'arrange pas ça elle était pleine aux as, à Disneyland c'est elle qui a payé les cocas et les glaces et les gaufres, je m'étais dit qu'avec elle j'assurerais pour la retraite, elle pouvait me pistonner pour rentrer chez Kleber aux relations publics.

    -On s'en fout, on va te repositionner...

    -Quoi encore ?

    -Ouais de toute façon c'était pas crédible on a fait une enquête les sondés pensent tous que tu la sautes pas pour de bon !

    -Ben j'ai bien essayé une fois, je m'ai bien cassé la gueule, la prochaine fois, sûr, je m'encorde.

    -Non je te dis là ça fait rigoler, d'ailleurs tu te souviens j'étais pas d'accord, on a fait ça dans l'urgence pour rattraper le coup Radafi et rendre service, il y avait qu'elle sur le marché... ou  Evelyne Leclerc... t'imagines...

    -En ce moment tu as un gros trou d'air dans les CSP-- le problème c'est qu'il y en a de plus en plus en France des « moins-moins ». Donc il faut te rapprocher du populo, or le populo il s'intéresse à quoi au Tour de France or tu fais du vélo, donc tu vas sortir avec un coureur cycliste.

    -Sortir avec un coureur cycliste ça va pas non ? Toute la France va se foutre de moi !

    -Mais ça existe plus ça. C'était la France d'avant: toujours la critique et la clope au bec, l'esprit railleur, fendant et casseur d'assiette ça n'existe plus. Dans la France d'après et même maintenant dans la France de pendant ils vont  fumer sur le trottoir et ils pensent où on leur dit de penser. Ils acceptent tout. Ils ont plus de repères, ça va les achever, sans compter que ça va emmerder Delanoë.

    -Et puis t'es décomplexé ou pas ! Couverture de Paris match et dix pages intérieures avec Virenque : « Ils se sont rencontrés dans un club échangiste et...

    -Dans un club échangiste y faut pas pousser ?

    -Quoi t'es jamais allé dans une boîte à partouzes?

    -Une fois... j'ai perdu ma capote dans un tas de blondes et puis j'ai croisé DSK, on était en chaussettes, il m'a regardé bizarrement et  j'ai préféré m'en aller, avec lui on sait jamais. Non tant qu'à faire je préférerais  un haut lieu de spiritualité...  

    -Vézelay ! J'ai proposé.

    -C'est quoi ça ?

    -Euh... la mer de sable !

    -Pas con ça c'est franchouillard gentiment ringard... ça plaira au « moins-moins ». Bon on t'organise une séance photo avec le cycliste à la Mer de Sable.

    La séance photo s'est mal passée, il faut dire que le Virenque il était vachement intimidé, il appelait mon maître adoré : « mon président ».  comme un bitard parle à son adjudant. Au bout d'un moment le schtroumpf suprême il en a eu marre :

    -C'est pas vrai il met la langue ce con ! Et puis la grande roue grince, j'ai pas envie de me foutre en l'air pour vos conneries.

    Finalement le reportage photo sur l'idylle cyclo-touristique est bien paru mais ça se passait sur les bords de la Marne avec Jeannie Longo, il avait mis un marcel et jouait à la belote en buvant du Pernod, faisait du vélo, lançait les boules, et dansait la java au son de l'accordéoniste (factice) qu'on lui avait trouvé. 

    A la fin de la séance il a fallu le rapatrier d'urgence au Val de Grâce Kelly (on vient de le rebaptiser sur ordre de mon maître exalté)  il était vert, il avait envie de vomir et une sacré migraine :

    -C'est le Pernod quand on a pas l'habitude... j'ai voulu le rassurer

    -Y a pas que ça c'est tous ces franchouillards, tu sais bien que je les supporte pas !

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Walter Chéchignac 26/2  

    Je regardais au matin, très tôt, El Consolador s'éloignait dans le levant emmenant  vers des îles inédites le trio électoral, prés de nous la famille du colonel agitait des mouchoirs, une sensible coutume prukhmen pour éloigner les mouches à pleurs qui ne ratent aucun départ et ses enfants entonnèrent un doux chant de leur pays qui disait assez bien, quoiqu'en Prukmen, toute la nostalgie que ressentaient  ces exilés :
    « ...Papa n'est plus là pour nous botter le train ! Youpaïdi ! Païda ! Païdo !  Il va prendre la bateau et peut-être qu'il va coulo... »
    Bref c'était très émouvant et c'est à ce moment que ce cher Walter me confia que s'il n'était pour rien dans l'enlèvement de Letroncheur qui avait été organisé en représailles par les savoyards éconduits, il avait, renseigné par le cher Doubi, organisé son évasion.
    -... une bonne chose de faite, ils vont s'aérer et nous revenir avec de bonnes couleurs.
    -La vie là-bas est si facile que vous la leur avait décrite ?
    Il avait été lyrique et inspiré pour parler de las Islas Bravadas y Perditos.
    -Comme partout, dans une arène si vous êtes le fauve la vie est plus facile sinon... avec les renseignements que j'ai fournis sur leur compte aux autorités bravadiennes sitôt descendus du bateau ils partent direct pour le camp de rééducation !
    L'indignation me sum... sub... sumbergea :
    -Vous... vous avez fait ça ! Mais quel genre d'homme êtes-vous don' !
    -Petite farce entre amis, ils vont passer quelques mois à casser des cailloux et puis je câblerai que je me suis trompé de dossier, allez je réparerai c'est promis. Ils commençaient à m'emmerder ces cons-là ! Letroncheur surtout !
    -Ce n'était certes pas une raison pour... enfin pour Letroncheur d'accord mais le deux autres ne vous avaient rien fait !
    -Rien fait ? vous voulez rire. Et le devoir de mémoire pour mes chiottes vous l'oubliez . Vous en faîtes à vos aises mais c'est Médpeu et La Branlaye qui ont fait sauter mes chiottes !
    -Qu'est-ce que vous racontez là ?
    -Le Chef ‘von le Gueuzec a enquêté et eux-mêmes me l'ont avoué un soir de beuverie, et c'est vous qui étiez visé, tout était prêt, Tintin des R.G, vous savez le patron du 10/18 leur avait passé la bombe, ils l'avaient posée, pas au bon endroit heureusement et voilà pas que cet imbécile de Martial Medpeu est pris d'un besoin pressant, il va se soulager et tire la chasse par réflexe et poum ! La chiasse d'un publicitaire parisien qui vous a sauvé. Bon toujours à propos de chiottes dîtes-moi mon petit vieux on aurait intérêt à se presser sans quoi nous allons rater l'inauguration des vôtres. Il faut vous faire voir, j'ai convoqué les photographes, n'oubliez pas que c'est Dimanche le premier tour !
    Pour ma part, je n'avais aucune envie de me rendre à l'inauguration tant attendue du nouveau casino de La Ponche sur Conche mais Chéchignac avait raison, la route était dégagée.
    -Et puis vous verrez il y a une petite surprise qui vous y attend.
    Les surprises, je détestais cela depuis l'enfance, les surprises c'était surtout pour moi des changements d'affectation, d'une pension l'autre, j'ai été un enfant muté, déjà une vraie carrière de môme fonctionnaire au service de la paresse sentimentale et de l'égoïsme revendiqué de mes bourgeois de parents révolutionnaires.  (à suivre...)

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Mouammar l'a tuer.

    Ou le Schtroumpf à moustaches<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Par  François F. soumis.

    <o:p> </o:p>

    J'arrive à l'Elysée ce matin pour recevoir les ordres de mon maître estimé, comme à chaque fois j'espère que je vais en chier un max, trois jours sans mon maître révéré, c'est terrible. Je rentre d'Amérique latine où il m'avait envoyé pour discuter de la libération d'Ingrid, l'ancienne copine à Villepin, et où j'ai rencontré un duo de comiques très populaire là-bas : Chavez et Morales, quand ils sont ensemble dans un dîner officiel au bout de dix minutes ils se mettent à tirer des coups de flingue dans tous les coins,

    -Normal ce sont d'anciens militaires putschistes: putschez pas derrière il y en aura pour tout le monde ! Rigolait l'ambassadeur de France pendant qu'on se terrait, planqués dans les jardins de l'ambassade en attendant la fin de la fusillade.

    -Tiens tu portes des moustaches maintenant ! M'exclamai-je en découvrant mon maître préféré affublé d'une sorte de postiche gaulois: une paire de bacchantes retentissantes.

    -T'es là toi ! C'est rapport au Mouammar pour qu'on me reconnaisse pas sur les photos officielles ! Y porte bien des lunettes noires lui quand il me rencontre! Il a peut-être honte lui aussi va savoir! T'aurais rien à vendre chez toi ?

    -Pourquoi t'organises un vide grenier à l'Elysée ?

    -C'est pour les fourguer à l'aut' grand con, avec ce qu'il me coûte en location de tente, charbons de bois pour le méchoui de chameau, spaghettis, capotes et cocaïne à volonté autant qu'il me rapporte un peu, je lui ai encore fait signer un contrat... un contrat de confiance chez Darty pour une gazinière 6 feux four double paroi et ce matin j'ui ai revendu  le scooter du gamin, ça l'a bien fait marrer, il arrêtait pas de faire le tour de la cour d'honneur de l'Elysée à donf jusqu'à ce qu'il s'emplafonne le perron... dis donc t'en fais rien de la pendule là, c'est du lourd et du doré ça devrait lui plaire ! A propos ça s'est bien passé ton voyage, tu m'as rapporté quelque chose ?

    -Je t'ai rapporté un doigt de pied d'Ingrid, c'est tout ce que j'ai pu avoir, et encore je ne suis pas sûr de sa parfaite authenticité, le Chavez il se marrait drôlement quand il me l'a donné.

    -C'est vrai qu'il a l'air bien grassouillet pour un doigt de pied d'otage. Enfin c'est toujours ça de pris, après tout j'ai dit que je la ferai libérer, j'ai pas dit que je la ferais libérer en une seule fois, tiens je vais le faire porter dans un paquet cadeau à Villepin... niark ! Niark !

    Bon aut' chose à partir de maintenant t'as plus droit aux gardes républicains !

    Je demeure coi et bien vite je m'effondre... dans une bergère Louis XV, c'est quand même plus confortable que du Stark.

    -Mais... mais comment ça ! Mais un premier ministre sans garde républicain, je vais plus oser sortir moi ! De quoi vais-je avoir l'air !

    -J'ai dit. Si t'es bien sage et obéissant, je t'en refilerais quelques uns, on verra. En attendant t'as qu'à mettre des gendarmes !

    -Ils ont même plus de képis, cette c... d'Alliot-Marie les a relookés tendance, ils ressemblent à des gardiens de parking maintenant !

    -Bon aut'chose t'accompagnes le Mouammar au Jardin d'Acclimatation cette après-midi moi j'en peux plus!

    -Au jardin d'accli...

    -Il nous fait un caprice. C'est toujours mieux qu'une soirée à l'Opéra  Bastille non ! Tiens je te prends aussi la lampe bouillotte.

    <o:p> </o:p>

    J'arrive seul, au jardin d'acclimatation, je n'imaginais pas qu'on puisse s'attacher autant à des gardes républicains, putain ils me manquent ! J'espère au moins qu'il va en prendre soin et bien me les nourrir, pourvu qu'il oublie pas leur apéros à 9 heures, 11 heures, 13 heures. 17 heures ect  sans quoi ils ont le poil tout de suite terne.

    En attendant le libyen  je me paye une barbe à papa et quelques tours de manéges, j'en suis à mon dix-neuvième quand le Mouammar débarque. Putain la classe, pas à dire c'est un dominant celui-là ! Le plus étonnant c'est le bataillon de filles en treillis et kalachnikovs qui l'entoure dés qu'il descend de sa Mercedes aussi immaculée que surblindée. Je m'approche un peu trop, juste pour lui serrer la louche, ben quoi ça se fait entre chefs non ?... et je me prends un coup de crosse sur la théière.

    Quand je me réveille, l'interprète qui a l'accent de Barbés traduit ce que dit le grand leader tripolitain qui est penché au dessus de moi et semble très affligé par l'incident.  

    -Il faut escuser la petite vous étiez tout seul dans votre pardessus elle vous a pris pour un emmerdeu... importun... un quidam quoi! 

    Très vite je me remets et nous devenons très copains avec Mouammar, il me paye quelques tours de manége supplémentaires, même si j'en raffole pas à ce moment-là, à cause des maux de têtes, on tire aussi quelques pipes, à la kalachnikov ça rend bien, c'est un sacré tireur, ce que me confirme ces demoiselles, bref je m'ouvre à lui de mes malheurs récents et ma foi il y prend sa part.

    -On va t'arranger le coup t'inquiètes pas mon p'tit pôte me susurre le traducteur barbéso-lybien. 

    <o:p> </o:p>

    Le lendemain le schtroumpf à moustaches tire une drôle de gueule quand il entre dans la cour de Matignon et que mon bataillon de donzelles en armes et bérets lui rend les honneurs. Na !

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Hu-main ! 1/2 par A.Sottos

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>-Allo Monsieur Bergeronnet ?
    -Vouiii c'est moi-mêêêêê...me.
    -Monsieur Bergeronet. Je vous appelle de la part de la société  Sofincon , vous avez trois mensualités de retard sur votre réserve de crédit Sénescence  SéniorPlus Sofincon.
    -Voouiii mais c'est que j'ai perdu mon épouse le mois dernier et...
    -Cela n'excuse pas le retard, vous ne respectez pas vos engagements Monsieur Bergeronet.
    -Vouuiii mais c'est que j'ai aussi perdu ma belle sœur et...
    -Cela n'a rien à voir Monsieur Bergeronnet!
    -Vouiii mais c'est que j'ai eu ma séance de chimio le 24 et...
    -Et alors vous ne pouvez pas faire un chéque et le mettre à la poste Monsieur Bergeronnet ?
    -Vouiii mais c'est que je ne peux plus marcher depuis mon attaque et...
    -Vous êtes de mauvaise foi Monsieur Bergeronnet, je me vois dans l'obligation de prononcer la déchéance du terme de votre contrat, vous allez recevoir une sommation d'huissier sous huit jours et sous un mois un huissier au complet à fins de procéder aux opérations de saisie vous habitez toujours rue des Sorbiers Monsieur Bergeronnet ?
    -Vouiii...
    -Très bien  Sofincon vous souhaite une bonne journée monsieur Bergeronnet !
    -Vouiii merc...i mais madame je vous esplique...

    Quand ils commencent à se débattre au bout de la ligne. Je raccroche sec, ma spécialité le clutch-tuuuuuuuuuuuuut!

     Depuis que je travaille chez Sofincon à la relation clientéle c'est ce que je préfére  le contentieux, c'est là qu'on a vraiment l'impression d'avoir du pouvoir, je tape: « Dossier liquidé » et c'est terminé. De toutes les manières comme dit Josette notre cheffe de plateau :

    « Dans le crédit consommation, il y a toujours deux phases: la phase con et la phase sommation !  avec les taux d'intérêts juste en dessous du taux de l'usure, les refinancements de financement pré financés, les agios de retard, les indemnités légales et d'apéro et les frais légaux en sus, il leur faudrait 64 ans en moyenne pour les rembourser leur revolvingue, autant dire qu'au contentieux ils y passent tous un jour ou l'autre, alors dés que la bête s'épuise ou boîte, il faut plus la lâcher ! Comme le lion avec l'antilope ! Vous êtes des lionnes les filles ! »

    -Je savais pas que c'était aussi mal payé les lions ! Elle m'a dit Raymonde. C'est une vieille qui n'a pas une bonne mentalité.

    Quand j'ai fini de taper sur mon ordinateur : « Bergeronnet/Liquidation », je me tourne vers Audrey qui en a terminé avec son client :

    -... tu as vu hier à la télé l'émission sur le SDF mort de froid dans un cageot, ce que c'était émouvant, avec Jean-Claude on n'arrêtait pas de pleurer. On a fait une promesse de don de 100 teuros. Moi je voulais promettre plus mais Jean-Claude a pas voulu il voulait juste promettre d'envoyer des cageots.

    Il était huit heures on commençait à ranger nos affaires quand Josette la Cheffe nous a dit de rester à nos places et de regarder nos écrans parce qu'il allait y avoir une intervention de notre P.D.G, c'est un énarque en stand-by, camarade de promotion de Juppé, personne l'a jamais vu dans les locaux du centre d'appel, quand il vient il passe son temps sur le toit de son bureau où il a fait installer un golf 18 trous. C'est Jean-Louis Broutard, le directeur général, un technico-commercial sorti du rang, qui dirige la boîte... et lui rapporte les balles. Le proprio c'est Pinarnault le milliardaire, mais lui on l'a déjà vu... à la tévé, il inaugurait un musée d'art contemporain à Ibiza.

    Sur les écrans il était tout souriant not' Pédégé et il nous a annoncé en reposant son club qu'on venait d'être vendu, bâtiments, clientèle, personnel et cargaison au fond de pension américain Honey-Sweetheart mais que rien ne changerait dans nos conditions de travail et qu'il n'y aurait aucun licenciement, simplement le centre d'appel serait transféré en Mongolie extérieure et. nos salaires seraient dorénavant versés en Bourmouks non convertibles ou en ELDC (Equivalent Lait De Chamelle !).

    Parmi les collègues celles qui comme moi avaient fait construire n'étaient pas tellement partantes mais d'un autre côté il fallait bien payer nos crédits Sofincon Batidur/Ramdur.

    Et puis la Mongolie Extérieure, ça tombait bien on l'avait faite l'année dernière avec Jean-Claude mais enfin on était quand même resté pas mal à l'hôtel, très à l'extérieur donc, c'est pas la même chose quand on la connaît de l'intérieur la Mongolie Extérieure.

    Même si nous n'avons personnellement pas à nous plaindre, nous sommes très bien installés, dans une yourte tout confort avec le chauffage central (à la bouse de chameau), le micro-ondes qui marche au kéroséne (quand on a plus de bouses, on met les pieds dedans pour se chauffer le minimum!), les vouatères et la douche (à l'extérieur, c'est pas trop commode quand il fait -30, mais c'est une question d'habitude) il y a même l'eau courante, c'est dire, mais seulement quand il pleut, c'est tellement propre que j'ai jamais vu  un rat, il paraît qu'ils ont été délocalisés par les américains quand ils sont arrivés ici pour exploiter le pétrole, le gaz... et le mongol.

    Jean-Claude a trouvé un travail  de conducteur à la RATOB (Régie Autonôme des Transports Oulan Batoriens), le Métro d'Oulan Bator, mais c'est difficile question relationnel, parce qu'ils descendent jamais de leur cheval là-bas même pour prendre le métro.

    Les enfants vont au Lycée du quartier, ils font du cheval et du tir à l'arc toute la journée même pendant les cours de Littérature ou de Chimie, il y a de grosses pertes chez les enseignants. D'ailleurs ils ont pris tir à l'arc en première langue. 

    Moi, je regrette rien, le travail me plait de plus en plus, il faut dire que comme on est maintenant une société américaine, on a décroché des contrats pour le Pentagone et l'armée américaine, par exemple en ce moment on s'occupe de toute la relation clientèle de l'opération : « Freedom in your ass !» que les américains ont monté pour libérer le Belgikistan et instaurer la démocratie et tout ça. J'ai débuté au pre-bombing et maintenant je m'occupe du post-bombing oui l'après vente en quelque sorte mais je suis contente il y a aussi pas mal de contentieux... 

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • 26.
    Abdication
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Nous tenons réunion dans le bureau de Chéchignac au consulat. L'ordre du jour est fourni car le premier tour de l'élection  a lieu dimanche . Pourtant le front électoral est calme.
    Le nouveau candidat envoyé par Paris et investi volontaire par le Parti,  informé de la sinistre réputation de cette circonscription maudite, ne bouge pas de la sous-préfecture où il s'est retranché en compagnie du nouveau sous-préfet qui est lui aussi d'un naturel craintif,  Letroncheur se planque, on dit qu'il a un nouveau contrat au train, La Branlaye et Médpeu n'en parlons pas d'ailleurs nous devons préparer aujourd'hui mâme leur exfiltration vers Las Islas Bravadas à bord du cargo mixte bravadien El Consolador qui doit faire escale ce matin à La Ponche, opération qui devrait être conduite sous la direction du colonel Doubi.
    Je le contemple, il est très calme le prukhmen, épanoui, il a fait ce matin la rentrée de ses mômes, et réouvert sa pizzeria grâce au renfort de quelques collègues rameutés par Bédoncle, muni de son nouveau passeport bravadien le cher Doubi est bien décidé à se faire conchois, il vient d'ailleurs de mettre à sa carte de spécialités aux côtés du fer à dessouder à la façon grand-mère et des brodequins du chef une pizza au Blétznecs qui ne semble pas moins redoutable.
    <o:p> </o:p>Bref je suis le seul à battre campagne... sous la protection des amis barmen de  Chéchignac, certes, mais enfin on me voit et mieux encore le R.C. La Conche ayant commencé une campagne flamboyante en coupe de France le soutien voyant et audible que je lui ai toujours apporté me vaut un surcroît de popularité, les mauvaises langues disent que ce cher Walter achète les matches les uns après les autres quand il ne fait pas rentrer sur le terrain quelques joueurs surnuméraires, le Lokomotiv Nœuds les mines a d'ailleurs déposé un recours à l'issue du dernier tour, ils auraient comptés treize joueurs conchois sur la pelouse, au plus fort de notre domination, bien entendu c'est une affabulation de mauvais perdant qui ne fait pas  honneur à leur esprit sportif puisque nous étions quatorze, ce cher Walter étant superstitieux
    Mais enfin les choses m'a-t-il dit vont s'arranger au mieux, il est à tu et à toi avec les plus hautes instances du fouteballe académique, d'ailleurs  ma campagne commence à lui coûter fort chère mais il est d'une nature généreuse et puis, mais cela je l'ai compris de longtemps lui aussi a quelques vieux comptes à régler avec Letroncheur, je ne sais encore lesquels et d'ailleurs, j'en fais volontiers l'aveu, je ne comprends trop rien à tout ce que l'on veut me cacher et non plus à ce qu'il se passe sous mes yeux-mâmes.
    J'étais venu à La Conche sur Ponche pour y planter ma tente en province ennuyeuse et bien à l'arrière du front parisien, et je me suis retrouvé en plein tumulte, où d'antiques tribus et de subodorées puissances se livrent à des batailles souterraines, aussi absurdes que sanglantes et jamais définitives.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>J'en suis là de mes réflexions quand Mademoiselle de Plombelec entre dans le bureau de son Excellence :
    -Mon petit il y a encore un de tes clochards qui veut te voir ! Il insiste.
    -Vous voulez dire un ressortissant bravadien ?
    -Je ne sais pas d'où il est ressorti celui-là, il est dans un état :
    -Eh bien mais faîtes le entrer... vous m'excuserez messieurs, les devoirs de ma charge.
    Ces messieurs comprennent et excusent, Médpeu et La Branlaye  en baskets odorantes, maillot de corps du R.C La Conche et short vacanciers lisent en buvant leur cinquième Ricard de la matinée et en se grattant les poils de la poitrine des brochures versicolores printed by the pipole of democratic republic of Bravados and Perditas Islands sur du papier chiotte recyclé, en se demandant où ils établiront leur camp barbare en arrivant là-bas, ils ont repérés un gran Hôtel de la Contençion où ils pourraient prendre une demie-pension et la liste de tous les bordels d'état, géré par el ministério de la Copulaçion Nacional, ils partent en confiance, ils ont une lettre d'introduction de Chéchignac auprès du Maréchal Clignotant à vie qui fait valoir leur indéniables qualités professionnelles.
       Pour ma part ce contretemps me gêne, je sens que je peux réussir un gros coup, je ne dis pas conquérir la mairie d'entrée mais enfin sinon prendre pied, bloquer la porte avec la chaussure, personne ne voulant monter avec moi, croire que j'ai quelque maladie honteuse, la composition de ma liste s'en ressent, elle est certes un peu hétéroclite, composée comme elle l'est de clochards, d'ivrognes, de l'équipage de la Détestation au grand complet et des amis de Chéchignac dont au moins l'un est un proxénète notoire. Malgré tout, j'ai confiance.
    A ce moment de mes renouvelées réflexions Walter Chéchignac qui était allé accueillir son compatriote revient dans la pièce, il n'est pas seul, prés de lui le ressortissant bravadien annoncé par Mademoiselle de Plombelec baisse la tête, il est vrai que le pauvre garçon est dans un état assez repoussant, sanglant, brûlé, tuméfié, les vêtements déchirés, et à l'évidence brisé sinon émietté.
    Oui, hirsute, hagard et haletant, Letroncheur pleure.
    Car c'est bien Letroncheur qui est là devant nous, ou plutôt un Letroncheur épave; lui qui triomphait il n'y a pas quinze jours sur le dos de deux honorables fonctionnaires parisiens, lui qui cravachait monsieur le substitut du procureur de la république en gueulant : « Hue  poupoule ! », lui qui me... lui qui m'a...
    Walter le fait asseoir et Mademoiselle de Plombelec apporte les pains-z-au chocolat et les bonbecs rituels en signe de bienvenue compatriotique malheureusement le pauvre hère n'a presque plus de dents en activité et ses lèvres sanguinolent à l'unisson de ses blessures  sur les tapis constructivistes de son excellence.
    -‘alu'p ! Ah la ‘alup ! ‘hup ! Ah la ‘alup !
    -On dirait du lapon ! Hasardai-je en réponse à l'interrogation muette de ce cher Valter !
    A ma sortie de l'Ecole j'ai été en poste deux mois en pays lapon à Upsala capitale de la Laponie Extérieur, j'en garde d'ailleurs un fort mauvais souvenir, ayant été rapatrié sanitaire par le Quai à la suite d'un malentendu, j'avais compris Japon et après avoir débarqué en chemisette en plein hiver sur le tarmac de l'aéroport d'Uppsala, et découvert avec effroi qu'en outre je n'étais point attendu, j'avais raté mon avion et pris le vol suivant, j'avais injurié une paire de rennes qui  traînaient à la cafétéria de l'aéroport où je noyais ma déception en dégustant des harengs bismarcks or là-bas cela ne se fait pas, les rennes sont sacrés, ils ont même un numéro de sécurité sociale et bénéficient des congés payés et d'une convention collective.
    <o:p> </o:p>   Avec cette extrême humanité qui le caractérise autant qu'elle m'agace, le cher Valter parvient à confesser Letroncheur utilement.
    De tout ce fatras mal articulé, de toute cette boue de mots et de sanglots il ressort :
    Premièrement : que le ci-devant Letroncheur Marcel François Emile a été subrepticement enlevé à la sortie de l'une de ces grotesques réunions électorales par un personnel rompu à toutes sortes d'exercices.
    Deuxièmement qu'il a été lui-même rompu par le sus-mentionné personnel rompu et détenu trois jours durant, sans que le boire ni le manger ne lui fussent apportés et en se faisant, puisque entravé, caca et pipi dessus abondamment, de fait il pue tout aussi abondamment.
    Troisièmement qu'il s'en est évadé par la seule force de son tempérament excessif que sa détention n'avait point tout à fait anéanti.
    Quatrièmement qu'il en tremble encore de cela et aussi des suites qu'il imagine que cette affaire pourrait avoir sur ce qu'il lui reste d'intégrité physique :
    -Quelle affaire précisément ? L'interroge son Excellence avec quelque insistance.
    -‘asino ‘eu l'ai concédé deux fois !
     Il s'agit donc de cela, d'une nouvelle histoire de con... cessionnaires, il a cédé le monopole des jeux de La Conche à la fois à une compagnie belgo-mongolo-ibizo-américanoïde The Taartagle Resort and Entertainement de mon papa et à une société albano-savoyarde à capitaux trinidado-tobaguien.
    Je ne cache pas ma jubilation, d'autant que si je comprends bien pour que Letroncheur ait même songé à trouver refuge chez son ennemi le plus intime et constant, el consoul rénéral Chéchignac, c'est sous premièrement : qu'il ne savait où allait et que sa sécurité n'était assuré nulle part ailleurs qu'ici et sous deuxièmement : que son affaire de con... cession des jeux se présente bien mal et risque fort de lui interdire toute figuration lors de nos joutes électorales à venir et ...
    -Frère La Gaspérine vous n'auriez pas des aspirines, beaucoup, tout ce que vous pouvez trouver. Me supplie-t-il en dévorant son quinzième pain-z-au chocolat .
    ...et sous troisièmement je l'emmerde le frère Letroncheur, non mais qu'est-ce qu'y se croive encore çui'là!
    Non c'est vrai quoi ! Rien que de le regarder, d'imaginer... de me souvenir... enfin il me donne envie de vomir.
    <o:p> </o:p>Malgré tout je lui obéis, moins par compassion que par observance hiérarchique, il est quand même sous-premier de la voûte alors que je ne suis moi-mâme que Douloureux de seconde classe .
    Chéchignac le réconforte copieusement, c'est vrai que quand il ne sourit pas il est plutôt réconfortant et amical ce garçon.
    -Demain vous prendrez le bateau et vous voyagerez en compagnie de nos amis La Branlaye et Médpeu qui eux aussi ont un grand besoin de vacances.
    -Oui, je suis au courant... mais vous êtes sûr qu'il y a pas de risque...
    -Vous serez en sécurité le Colonel Doubinskoï et quelques uns de mes amis veilleront sur vous.
    Un colonel, cela le rassure, il retrouve des couleurs autres que le rouge et le mauve qui ornent son visage supplicié et recommence d' articuler des paroles et sinon des idées, au moins quelque pensées compréhensibles.  
    -... vous restez là-bas le temps que j'arrange votre affaire... et vous reviendrez après quelques mois de vacances au soleil de La Bravade, les populations mettront cette éloignement sur le compte d'un surmenage bien compréhensible.
    -Vous... vous êtes un vrai frère Chéchignac !
    -Dieu m'en garde !
    -Ouais façon de parler, parce que les autres ils m'ont bien fraternellement laissé tombé... ouais mais... mais la mairie ?
    -Elle revient de droit à notre ami La Gaspérine, d'ailleurs pour faire les choses au mieux, il est nécessaire que vous signez ce papier... c'est votre désistement en sa faveur...
    Ah le coup a été rudement bien amené, je suis aux anges, sacré Walter, il a joliment manœuvré, me voilà élu et sans avoir même eu recours à l'électeur, c'est quand même moins vulgaire et sensiblement plus démocratique.
    Letroncheur prend le gros stylo Diplomat que lui tend son Excellence mais il hésite encore :
    -Le mousse... ouais... pourquoi pas ?... après tout... Enfin c'est quand même un sale petit con non ?
    -Le principal n'est pas là. Ne croyez–vous pas qu'il soit le plus méritant et le plus capable en votre absence de... de vous représenter... j'entends moralement ? Et puis vous le jugez bien mal, notre ami a d'authentiques qualités humaines...
    -Ah bon lesquelles ?
    -Eh bien... ma foi... il... il est... il a... enfin  il ne manque pas de... de sincéri... tude.
    Cela a été difficile,  mais c'est quand même mieux que rien n'est-ce pas.
    -La hyène aussi est sincère, tempéra Letroncheur, ricaneur édenté, enfin puisque c'est la condition que vous posez.
    -La seule vous l'aurez remarqué.
    -C'est comme vous voulez Chéchignac, mais il vous chiera dessus dés qu'il aura la place, je vous aurai prévenu.
    Et Letroncheur premier des Conchois signa là son acte d'abdication municipale. (à suivre...)
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Chômdur ! 2/2  par A.Sottos
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

      Le stage avait lieu dans un bel immeuble haussmannien du 6° arrondissement, Stuc ! Staff ! Spots !  Non vraiment c'était très bien, l'on comprenait que cela s'adressait à des exécutifs certes en phase de recyclage (avant désamiantage) ou de reconversion (avant destruction)

    Du chômeur donc mais du chômeur haut de gamme. Les animateurs du stage aussi étaient charmants: une quadra en tailleur crypto-Chanel et un jeune con en costard à rayures.

    On a commencé par se présenter tous, l'un après l'autre, il y avait là une grande diversité de carrières: Jean Loup  avait été directeur d'une grosse maison de disques parisienne jusqu'il y a quelques mois et puis l'accident industriel était survenu: un problème de date de péremption sur un arrivage de chanteuses de la New Top Star Academy, il avait mis sur le marché des chanteuses hors délais avec tous les problèmes sanitaires que l'on peut imaginer, des gamines avaient été sérieusement incommodées, des plaintes avaient été déposées et il avait été obligé de partir. Jacky dit le Suisse, lui, travaillait dans l'immobilier locatif il gérait d'après ce que j'ai compris un portefeuille de studios qu'il mettait à dispositions de travailleuses indépendantes malheureusement la holding albanaise propriétaire de l'affaire avait du subitement redéployer ses activités en Sicile. Robert était un cadre expatrié rapatrié à la suite d'une guerre civile dans laquelle la multinationale de travaux publics et d'infrastructures routières qui l'employait évincée par des concurrents proche de la nouvelle junte n'avait plus de participation, depuis qu'il était revenu il essayait de réunir la rançon nécessaire à la libération de son assistante multilingue.

      Nous étions comme ça une quinzaine autour de la table, je me retrouvais pour ma part entre Mireille qui travaillait dans la communication mais elle avait des problêmes de surdité et Jean-Raymond grand spécialiste de la galette bretonne et dont l'entreprise Quimpéroise la galette Chauvirec venait d'être délocalisée au Tadjikistan où le beurre de lait de chamelle était d'un cours beaucoup plus favorable qu'à Quimper, oui quelque chose nous rapprocha tout de suite, une manière d'idéal agro alimentaire commun et le refus des compromis.

    Pendant les premiers jours les activités se succédèrent: rédaction et bidonnage de CV par un professionnel qualifié qui sortait de prison pour présentation de faux bilans et que Jacky avait connu en ... Suisse évidemment.

     Entretien de remotivation personnel avec un officier de CRS en retraite mais karatéka toujours en activité d'où nous ressortîmes plié, cassé et saignant du nez.

    -‘tain chlié'est k'lon heu  mec ! Fut l'avis général.

    Saut à l'élastique (de slip) depuis le balcon du quatrième, favorisant la concentration (et l'énurésie fulgurante !) Tour du quartier en s'accrochant aux gouttières (deux blessés graves parmi les troupes parachutistes/chutées ).

    La petite quadragénaire avait troqué son tailleur contre un battle dress, elle était la plus motivée. Nous beaucoup moins, on avait tous passé l'âge. Il faut bien reconnaître que nos formateurs prenaient nos affaires étonnamment à cœur et même quelques fois à pleines mains :

    -Montrer que vous avez des couilles bon Dieu !

     Les séances vidéo de préparation d'entretiens d'embauche avaient failli tourner au gang bang :

    -On va vous sortir de là ! On est là pour ça ! Répétait le jeune con à rayures pas très rassuré quand même par la métamorphose guerrière de sa collègue :

    -Il vous faut acquérir de la confiance en soi, vous devez à nouveau croire en vous et en même temps vous solidariser au groupe! Maintenant on va tous au Shopi.

     Arrivés devant le Shopi elle nous a distribué des passe-montagnes et des fusils de chasse :

    -Ah ça me rappelle ma jeunesse ! A dit Jacky qui visiblement n'avait pas toujours été Suisse.

    On l'aura compris il s'agissait d'un exercice pratique ressortissant des Travaux dirigés et consistant en un braquage de supérette.

    Il va de soi que notre formatrice s'était entendue avec le gérant du Shopi, et tout aussi naturellement le gérant ce jour-là était malade, son remplaçant a prévenu la police, et nous nous sommes tous retrouvés au poste pour braquage de Shopi sauf le Suisse qui avait pris des otages avec quoi il regagna tranquillement son pavillon de banlieue.

    <o:p> </o:p>   Les personnalités qualifiées se succédaient, racontant chacune leur expérience professionnelle, leur réussite souvent étonnante, je me souviens en particulier d'un lituanien qui avait remonté à lui tout seul un chantier naval sur la Baltique et sortait maintenant, avec l'aide de son épouse et de son beau-frère certes, deux paquebots par moi, c'était impressionnant, mais il faut bien avouer que ces gens-là ne sont pas comme nous.

    Quand même sur la fin,  peut-être faute de personnalités suffisamment qualifiées on nous a envoyé un spécialiste des granulats marins, je l'ai dit chacun avait sa méthode pour nous re-motiver, lui avait commandé une benne de sable, il avait des prix du fait de ses activités canulardo-granulatesques et l'on s'est installé dans la cour de l'immeuble, tous occupés à faire des pâtés de sable :

    -Vous allez voir vous allez beaucoup apprendre sur vous-même grâce à ça.

    On s'est donné des coups de pelle et j'ai effondré le château de sable de Zonzon (c'était l'ancien directeur général d'une grosse affaire de plomberie)  pendant qu'il était n'aux vécés mais à part ça rien de très concluant.

     Le lendemain, un vendredi nous avons retrouvé nos formateurs sâlement démotivés, leur boîte venait d'être mise en règlement judiciaire :

    -Je suis désolé nous devons arrêter le stage. Malgré tout nous n'allons pas vous laisser tomber  nous avons des propositions de retour à l'emploi de l'Association de formation et rééducation des cadres de Vesoul, ils offrent des places de techniciens (ciennes) d'accueil et de vente en grande surface dans la banlieue de Vesoul, cela intéresse quelqu'un ?

    Caissière à Vesoul ? Non, tout le monde s'en foutait, on préparait autre chose, avec toute la bande, deux semaines que l'on creusait un tunnel, il faut croire que l'on s'était trouvé, Jacky le Suisse qui avait repéré le coup: une boîte de fabrication de bijoux et de pièces d'orfèvrerie juste en face des locaux du centre de formation:

    -Ils manipulent du jonc et de la pierraille, ils bossent pour le sultan du Brunei, il y a du lourd !

    On peut pas dire le Suisse il savait utiliser les compétences, il avait mis Jean Loup à l'animation en surface, Mimi la sourdingue à faire le guet, Zonzon au chalumeau, Bob au traçage des plans, Jean-Paul et Karim ex DRH dans le bâtiment au creusement, , quant à moi avec Jean Ray je m'occupais de la gestion du matériel et du fourgue et  Momo et Clément François qui avaient tenu une boîte de sécurité et de surveillance dans le temps se chargeaient du système d'alarme.

    On a fait le coup pendant le week end quand il n'y avait personne dans le quartier et un maximum dans les coffres.

    Quelque temps après j'ai croisé notre couple de formateurs, ils s'étaient installés une chouette tente au bord du périphérique, j'aurais voulu m'arrêter pour les remercier mais j‘ai pas eu le temps  ça redémarrait déjà !

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Conscient que dans ce pays de lopett... d'hommes ayant pris enfin conscience de la part de féminitude de leur être intime, l'heureuse discipline qu'est la soumission, qui a connu ses plus belles heures dans les années 40 et quelques où elle avait pris rang de sport national, connaît à nouveau de  beaux jours, certain qu'elle est appelée au plus large retentissement sur le vouébe (ouais ouais je sais de quoi je cause bande de minus!), nous vous proposons aujourd'hui le témoignage de l'un de ces petits dégonfl... de ces êtres qui ont choisi volontairement parce qu'ils avaient une petite bit... qu'ils en avaient le désir sincère de se soumettre à autrui et d'exécuter toutes ses volontés parfois jusqu'à la lâcheté ou ce qui peut nous  apparaître comme une certaine forme d'abjection mais qui n'est souvent  que la preuve d'un amour qui les dépasse ( de deux têtes au moins avec la casquette !).
    Voici donc le témoignage de François F. qui vit de manière précaire à l'Hôtel M... à Paris.

    Le Soumis à son pépère
    Ou le Schtroumpf à cravache
    <o:p> </o:p>

    Depuis que sa schtroumpfette est partie il est de plus en plus dur avec moi mais je m‘en fiche, j'accepterais tout de lui, pour ça que je fais premier ministre pour en chier un max, sûr que si ma Pénélope à moi se barrait ça me foutrait un grand coup, donc je peux le comprendre, donc j'accepte, donc j'en chie, CQFD.

    -Tiens à onze heures tu recevras les métallos !

    -Mais... mais je croyais que c'était toi qui les recevait ?

    -Je les reçois, je leurs offre l'apéro, je les tasse un peu, je les fleuris un peu, mémoire de Jaurès, souvenirs de Carmaux et autres couillonades, la tournée est pour moi  et après tu t'en occupes !

    -Mais ils vont encore être bourrés : tu sais bien qu'ils sont méchants quand ils sont saouls, la dernière fois ils m'ont enfermé dans le placard à balais et c'est un garde républicain qui m'a délivré deux heures plus tard... oh j'en peux plus... j'en peux plus... tu es vraiment trop... trop..

    -Trop quoi !

    -Mé... méchant !

    -Ta gueule ! Après tu t'occuperas de la Merkel, ‘peux plus la supporter celle-là, à chaque fois elle me fout dans la gueule les chiffres de l'industrie allemande, ses excédents budgétaires dont elle sait plus quoi faire et comment que Berlin est chouette en automne depuis qu'ils l'ont rebâti en deux fois plus grand et quatre fois plus moderne et que je devrais y faire un petit tour et que j'aurais qu'à apporter mon petit vélo de français à pédales et que ça me ferait les mollets.

    C'est bien simple elle se fout de moi ! Qu'est-ce que j'y peux si je fais président d'un peuple de minables qui pense qu'à ses RTT quand la moitié de la planète se met en overdrive et bascule à plein dans le troisième millénaire. Ah si mon vieux avait eu la bonne idée de faire escroc aux states plutôt que dans ce coin de merde, je serais né ricain, j'aurais fait président des étatsuniens, ç'aurait été aut' chose quand même que technico-commercial de Bouygues ou Lagardère comme maintenant ! Et peut-être... oui peut-être elle serait restée avec moi.

    Il m'émeut quand il est comme ça, tout apitoyé sur sa destinée humaine, tellement humaine...

    -Et puis putain je t'ai déjà dit de pas foutre ton vélo dans ses bégonias! Elle les aimait tant !

    -Mais c'est pas mon vélo c'est celui de Juppé !

    -Quoi il est là ! Il est là et on me prévenait pas ! Ah Alain entre...Enfin te voilà ! Tu sais que tu me manques toi ! C'est bien simple j'ai plus que des cons autour de moi ...

    Il dit ça pour me faire râler, mais je m'en fous j'endure, j'endure...

    -Et toi vas me promener les chiens !

    -Mais... mais t'as pas de chiens !

    -Eh ben va en acheter une douzaine... tiens des noirs comme il avait l'autre grand con !

    -Des labradors ?

    -Labrador c'est  canadien ça ! Non... non plutôt des danois, c'est féroce ça ! Je te les leur lâcherais au cul à tous ces cons pendant les journées du Patrimoine ! On rigolera bien !

    C'est sûr cet homme souffre !

    Quand je reviens avec ma meute de danois, c'est incroyable ce que c'est mordeur ces engins-là, et puis ça braque mal, surtout dans les embouteillages, je suis quand même content je me suis bien fait cracher dessus par les tomobilistes pris dans les manifs:

    -Regarde-moi ce pourri que c'est nous qu'on le paye et qu'il joue à la baballe avec ses clebs pendant que c'est nous qu'on s'emmerde !

    En fait de jouer à la baballe j'essayais de leur faire lâcher mon Black Berry mais ils me l'ont bien ruiné et ils m'ont arraché un bout de la main avec.

    J'arrive sanguinolent, bandé et en retard à la réunion avec les métallos... mais il n'y a personne.

    -Le président les a gardés à bouffer, il a dit que vous aviez qu'à vous occuper des lycéens.

    Ah le salaud, me voilà privé de métallos, sûr j'en aurais bien chié, il a encore voulu me punir !

    Contre mauvaise fortune... comme on disait chez les scouts et puis cela va me faire du bien de voir de la jeunesse, qui ne l'oublions pas, est pour une grande part l'avenir de notre pays.

    Je fais donc  préparer un bon goûter pour les lycéens, avec des pain-z-auchoco et des brioches et du chocolatolait et des gateaux-z-au beurre (noir !).

    C'est alors que François (Chéréque) de la CFDT & Fils vient me voir, lui aussi a l'air d'avoir souffert, il a la joue droite boursouflée et l'œil droit fermé :

    -C'est ce salaud de Bernard Thibault il m'a coincé pendant la récré, entre la manif et la conférence de presse et qu'est-ce qu'il m'a mis le salaud en me traitant de collabo!

    J'essaye de le réconforter, je lui offre un petit painzochoco et même un painzoraisins, il s'en va triste et battu, je l'envie un peu.

    Bon moi, j'attends les mômes, je finis d'arranger la table, c'est charmant il y a même des fleurs.

    <o:p> </o:p>

    Ils arrivent enfin, avec une heure et quart de retard, Dieu comme ils sont grands ! Il y en a même qui ont de la barbe... et qui sont venus avec leurs gamins.

    -Nous exigeons l'ouverture immédiate de négociations... commence un moins grand qui a l'air de vouloir s'essayer à jouer les vedettes sans doute pour entamer une carrière de starlette au PS, tout en dégueulassant mon tapis des Gobelins avec ses baskets crottés.

    -Entrez... entrez mes enfants, assoyez-vous... mademoiselle je vous en prie prenez place !

    -Mademoiselle oh l'aut' bouffon y m'a pas regardé !

    -Vo-yions ! Vo-yions de quoi voulez-vous que nous parlions ? Des cours de Gymnastique peut-être ?

    -Gynastique c'est quoi ça ?

    -Moi ma gynastique c'est la tringlette ! Y comprend rien c'est la suprême détresse le vieux ! Y faut le jeter chez les aut' vieux !

    Ces garnements commencent à bousculer le buffet, tirer la nappe, violenter le personnel de service bref c'est très vite le plus grand désordre et il me faut montrer un peu d'autorité :

    -Allons ! Allons je vous en prie mes enfants...

    Mais va te faire fiche rien n'y fait, quelques uns essayent même de décrocher le lustre de cristal :

    -Ouais ça vaut de la thune ça !

    D'autres veulent sodomiser mon officier de sécurité ... et puis soudain la porte s'ouvre c'est Pénélope :

    -Eh bien ! Eh bien ! C'est pas un peu fini toute cette bordel on vous entend depouis de l'autre côté de le rue !

    Elle te leur distribue force claques, en décroche quelques uns perchés,  fait enfin mettre toute la troupe en rang par deux :

    -Et pas une bruit jusque le porte !

    Ah c'est bon ! Oh oui encore ! Quelle autorité !

    Ils sont dans le parc en train de défiler en chantant : « Maréchal nous voilà ! » quand le président arrive :

    -J'ai croisé ta dame ah c'est quand même quelqu'un on peut pas dire ! Toi en revanche t'as vraiment pas de couilles t'es qu'une petite bitte !

    -Couilles, bitte, qu'est-ce que c'est ça ?

    -T'as rien dans le slip quoi !

    -Bien sûr que non c'est Pénélope qui a tout ça, de toutes façons tu penses bien que si j'avais eu un slip garni j'aurais pas fait la carrière que j'ai faite !

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Con friendly!  2/2  par L.Lagueulebée

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    C'est ma Poupette, Jeanine mon obersturmbanhfuhrer préféré, ma femme à moi quoi, depuis qu'elle travaille aux impôts elle est de plus en plus rigide... alors que de mon côté je le suis de moins en moins, bref c'est elle qui avait trouvé la location, une de ses collègues de bureau qui lui avaient recommandé le coin. C'était dans le Jura, oui je sais, mais ça peut-être très beau le Jura, très sauvage aussi, c'est le côté nature inviolée qui l'avait tentée, les mômes aussi étaient contents, la nature inviolée ça les passionnait même si ils préféraient l'étudier à la ville: devant la  tévé.   

    La voiture marchait bien, il y avait qu'un truc d'un peu ennuyeux c'était cette manie qu'elle avait de causer tout le temps, le plus souvent en anglais, et puis soudain dans les pentes du Jura, elle a décidé d'elle-même d'économiser les freins, elle m'a même fait tout un cours sur le sujet qui s'affichait sur l'écran multimédia en couleurs, les mômes regardaient ça en prenant des notes pendant que j'appuyais comme un dingue sur la pédale, mais plus rien.

    Finalement elle a détecté une valeur de sudation élevée associé à un taux d'humidité important de mon fauteuil électrifié, elle en a déduit que je les avais à zéro, et de fait je venais de vivre un pénible relâchement de sphincters,  et bonne fille elle a rebranché les freins.

    -BRAKES  O.K !

    Soulagé j'ai appuyé un grand coup sur la pédale en zamack recyclé et elle s'est cassée en deux.

    -SUCKER ! A lâché cette p... de bagnole de m...

     On a fini par s'arrêter dans un arbre après avoir heurté un vieux panneau routier Michelin en béton blanc, qui nous avait heureusement freiné, il y avait des dégâts matériels mais heureusement pas de blessés.

    Il s'est pointé une camionnette de gendarmerie moins de dix minutes après, je n'avais pourtant prévenu personne, la bagnole qui s'en était chargée, cette salope n'arrêtait pas de clignoter en gueulant :

    -VITESSE EXCESSIVE CONSTATEE ! VITESSE EXCESSIVE CONSTATEE !   

    J'ai vite ouvert le capot et j'ai arraché tout ce que je pouvais, j'avais des faisceaux électriques plein les mains et elle l'a enfin fermée.

    Les pandores n'ont même pas demandé de nos nouvelles, ils nous ont filé une dizaine de P.V. pour "déprédations sur espace naturel protégé", et payé une tournée générale de tests ADN :

    -On vient d'en toucher des nouveaux très chouettes ! Avec un seul poil du cul on vous donne le tiercé dans l'ordre!

     Une fois tout le monde fiché, y compris le chien ils nous ont enjoint de circuler ce qui était bien loin de nos possibilités.

    -C'est... c'est les freins qui ont lâché...

    -... information fausse... données erronées...

    A murmuré encore cette charogne de voiture avant que je lui mette un coup de manivelle en plein dans l'alternateur.

    - Sûr ce n'est pas comme ça que vous allez la réparer !

    -Oui mais qu'est-ce que ça fait comme bien ! Vous ne pouvez pas nous envoyer un dépanneur ?

    -Pour un dépanneur il y a un supplément ! Et ils nous ont remis une demi-douzaine de prunes de plus pour "stationnement non signalé sur terre plein en dehors d'un terre plein signalé!" 

    <o:p> </o:p>

    Le chef d'atelier de la concession Penault-Reugeot du chef lieu a regardé la voiture depuis son fauteuil, il avait une belle vue:

    -Ouais il faut changer tout l'avant, forcément c'est déformable alors ça se déforme... même en roulant, alors vous imaginez quand ça tape... il est à vous le chien, je vous le change aussi ?

    Il fallait compter quinze jours, les pièces détachées venaient du Tatarstan Méridionale :

    -Mais pour le chien j'ai que du jaune métallisé et forcément il y a un supplément...  

    <o:p> </o:p>

    Pour les derniers kilomètres jusqu'au gîte rural que nous avions loué nous avons pris un taxi taiseux qui nous a bien reposé de ses collègues parisiens.

    <o:p></o:p>

    -Vous v'là rendu ! A-t-il enfin proclamé en nous balançant nos valises sur le bord de la départementale.

    Pour être rural c'était rural, les gamins étaient un peu déçus c'était pas comme à la tévé chez Nicolas Mulot, ça manquait de couleurs et de clowns  et puis il y avait les odeurs, ça a la tévé il y a pas, même si on devine que ça sent pas vraiment bon à l'intérieur.

    <o:p> </o:p>Après une bonne heure de montée nous avons croisé un type à couette sur un vélo. C'était le plus surprenant ce côté borgne de la couette, il en avait une à droite et rien à gauche, on aurait dit une petite fille qui avait mal tourné.

    -Vous z-êtes les parisiens ? On vous attendait plus tôt. Marchez bien derrière moi prenez la trace sans quoi vous allez tout abîmer, on est un milieu protégé.

    Protégé de quoi ? Sans doute pas de l'imbécillité tant ce garçon irradiait une sottise de sergent de ville mise tout entière au service de la survie des espèces (de c... comme lui !) et du sous-développement durable.

    Nous sommes arrivés, chez lui, épuisés, après dix bons kilomètres de cailloux pointus :

    -De toutes les façons vous seriez venus en bagnole que ça aurait été tout pareil je vous aurais fait garer en bas. Pas question de croire que vous allez pouvoir tout saloper avec vos bagnoles. Bon c'est la maison du coin !

    Il nous désignait une bâtisse modique, tôlée, mal colmatée entourée de deux rangées de barbelés.

    -Faîtes pas attention aux miradors ma petite dame, on les allume qu'à la nuit, faut comprendre on en a tellement choppé des parisiens qui allait pisser à la lune dans les mûriers sauvages où nichent le Serre-Fésces mordoré et la Biroupette ailée qu'on a installé ça et que maintenant on fait gaffe. Il y a pas quinze jours on a attrapé un belge qui se branlait dans les ronciers, il a pris six mois ferme.

    Atterré, je regardais l'endroit le paysage retranché, barricadé rendu encore un plus grotesque par une quarantaine d'éoliennes géantes plantées en haut du col, sinistres épouvantails industriels !

    Ce n'est pas pour dire du mal des gradés, mais il fallait vraiment être ma conne de femme pour louer un stalag pour les vacances.

    <o:p> </o:p> Je ne dis pas que le séjour se passait mal, le plus fatigant c'était les séances de rééducation de Ginou l'instituteur altermondialiste et poète local, il faisait chanter, très tôt le matin aux gamins des cantiques de marche soviétiques traduits par ses soins en jurassique ancien ou en jurassien antique. Cela remplaçait avantageusement le club Mickey certes, mais quand même au bout d'une semaine cela finissait par être éprouvant.

    Comme on n'avait pas le droit de s'écarter de plus de cinquante mètres de la maison, on profitait des visites guidées obligatoires organisées dans les alpages de basse estive pour les touristes déclarées en préfecture par Jacky, gardien de vaches reconverti en Technicien Gestionnaire d'Espace Naturel Protégé TGENP et ami d'enfance de  Lulu la couette:

    -Mais où sont les vaches ?

    -Pas de vaches ici, c'est interdit, à cause des flatulences, les vaches ça pollue... surtout à la campagne! Pas de gaufrettes non plus ma petite dame ! Il faut quinze siècles pour qu'une gaufrette soit complètement assimilée par le milieu naturel.

    <o:p> Enfant j'en avais connu des paysans, chacun avait son quant à soi et le goût du travail qu'il s'imposait sans se chercher une consigne, ou un supérieur à quoi obéir, au vrai ces paysans-là étaient de vrais adultes et ils sont rares. Mais les Lulu la couette et tous ses collégues n'étaient pas des paysans non plus que des adultes mais de lugubres et pauvres corniauds qui se cherchaient un maître ou une croyance et se guidaient sur les phares de la bagnole qui les écraserait.</o:p> Jusque alors, chacun en était témoin, j'avais fait des efforts, j'avais collaboré plus qu'abondamment et fait taire les préjugés que je pouvais avoir envers les cons mais à cet instant j'ai eu une soudaine envie de  passer directement d'ennemi du peuple à sérialle quilleur et de te les  étrangler tous avec la couette survivante de l'inénarrable mais non point inénarré Lulu.<o:p> </o:p>

      Et c'est là que j'ai fait une connerie, le truc dingue que je regretterais sans doute toute ma vie, j'étais, je m'en accuse dans de bien fâcheuses dispositions d'esprit et par bravade, et aussi parce que je n'avais pas vu les dizaines de caméras de surveillance disséminées dans les alpages, comme ça devant tout le monde, en pleine nature préservée et donc rien moins que consentante, j'ai  allumé une clope ! 

    Après quoi toujours inconscient j'ai respiré un bon coup, ouvert les bras et j'ai cueilli une fleurette d'un joli bleu trompeur qui se révéla être après autopsie un Furonculosis Sarkozinus espèce rare, parce qu'infréquentable, jamais tranquille et infiniment mieux protégée que la moyenne des renonculacées alpines.

    <o:p> </o:p>    Dans le fourgon qui me ramenait à la Prison Centrale de Charleville-Mézières  je repensais à mon procès, tout le monde avait témoigné contre moi, mes mômes: ils avaient fait un rapport circonstancié et en trois exemplaires, incroyable ce qu'on est observateur à cet âge-là! Ma femme, mes voisins, mes chiens (l'ancien et le moderne), même ma bagnole en avaient rajouté, les gendarmes avaient réussi à récupérer la boîte noire et pointé 16789 infractions et délits divers, alors j'en avais pris pour vingt ans.

    -Vous vous en sortez bien ! M'avait dit mon avocat à qui je dédicaçais aussi sec un coup de boule à tirage d'auteur.

    A travers le grillage je regardais la campagne trompeuse ( salope !) pendant que le garde mobile, immobile sous le casque, tout à son ouvrage, tricotait et puis soudain il y a eu un choc, un grand bruit de tôle et des coups de feu tout autour du fourgon.

    Quelqu'un a forcé la porte, m'a tiré au dehors et balancé une grenade  fumigène à l'intérieur.

     J'étais libre! Et c'est comme ça que j'ai rejoint le maquis.

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • 25.
    Dartemont-sœurs
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>
    Chéchignac ayant droit eu égard à sa participation dans Dartemont-Sœurs à deux administrateurs au conseil d'administration, il m'avait coopté afin que je me tinsse un peu au courant des affaires conchoises, et de fait quel meilleur observatoire que cette maison séculaire et demie pour comprendre la mentalité conchoise et connaître tout des histoires compliquées, grotesques, scandaleuses ou grivoises du pays concho-ponchain. Avec Walter nous passons des après-midi entières aux archives, qui se trouvent dans les grandes caves de l'immeuble Dartemont-soeurs.
    Tout y est consigné depuis la première vérole de l'ancêtre de mademoiselle Martineau libraire portuaire jusques aux nombreux avatars extra-conjugaux et donc naturels de feu Lucien Boitel, le regretté député-maire.
    Le plus étonnant ce sont les compte-rendus et rapports de mission effectués au début du siècle dernier par les enquêteurs moustachus de la maison,
    Et d'ailleurs le Chef ‘von le Gueuzec quand il vient nous visiter de retour de ses filatures se laisse lui aussi gagner par une certaine nostalgie :
    -... ah quand on pense que dans ce temps il y avait plus de cinquante enquêteurs à demeure... souvent d'anciens gendarmes, passés virtuoses du constat d'adultère et des affaires de mœurs où ils savaient montrer tout le doigté et le métier nécessaire, ce n'était pas à eux qu'il fallait faire le coup du garde-champêtre ou du trousse-veuve... ouais une bonne cinquantaine plus les correspondants... aujourd'hui je suis le seul permanent et nos correspondants se font vieux... ils font comme moi ils se préparent à la retraite... tiens j‘en parlais encore tout à l'heure avec Jean-François Précaillon...
    -Comment va-t-il le cher Jean-Françouais ?
    -Il va... il va comme moi vers la sortie, lui aussi a du regret...
    -Allons chef, pas de défaitisme, vous savez bien qu'il suffirait de pas grand chose pour relancer l'affaire... si ces dames consentaient à passer la main à la rentrée, je serais prêt à investir dedans et...
    -C'est là que tu te goures mon petit Valter, Dartemont-sœurs sans les sœurs cela n'existe simplement plus c'est pour le coup que tous nos correspondants raccrocheraient pour de bon !
    -On en prendrait d'autres, on pourrait doubler les postes, même à l'étranger.
    -Oh je connais tes idées, on pourrait même changer de métier, mais ce serait plus ça, la confiance ça compte et puis tu sais elles ont le don, c'est de famille, même la Chambeulac, l'affaire du trafic de Bletznecs congelés à la conserverie Seigneur il faut voir comment elle t'a démêlé l'affaire. C'était le beau-fils qui maquillait les connaissements et avait monté une filière d'export parallèle, le vieux Seigneur a préféré laissé filer le coup pour s'éviter le scandale
    -Pourtant le trafic de bletznecs, cela devrait être sévèrement réprimé ! Intervins-je déjà connaisseur et prévenu quant à la dangerosité du produit.
    -S'pas c'est ce que je lui ai dit au vieux, il y en avait quand même pour quatorze briquettes...
    -Cent-quarante mille francs ? Cela fait combien en t'euros ?
    -Aucune idée de toutes façons je vous parle en énefs, un mi-yard et quat' cents mi-yons !
    -Un milliard et... bien dîtes donc cela doit en représenter des milliers de tonnes de poissons...
    -Vous plaisantez au japon il le cigle au prix du béluga le bletznec ! Non vrai  mon petit Valter et regarde... même les gamines, elles n'ont pas hérité que du réchaud et de l'appétit de leurs grandes tantes, elles te l'ont coincé leur satyre pudique et il est vite passé aux aveux. Non crois-moi elles ont le flair et du goût pour ça.
    -Et pour le reste ? Vous avez pensé au reste chef ?
    -Elles s'y mettront, petit à petit je la mets au courant la petite Belcourt et elle répond bien crois-moi.
    Du reste, je n'en saurais pas plus et je ne cherche pas à en connaître le détail mais il n'est pas difficile de comprendre que c'est ce reste des activités de Dartemont-sœurs... et compagnie qui intéresse au plus haut point Walter Chéchignac. (... à suivre...)
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Exclusif : le Prix Glancourt décerné à H.T.Fumiganza pour Walter Chéchignac (L'Urbaine des Arts Editeur) au premier  tour de scrutin.


     

    Nous vous livrons ici le compte rendu des débats des jurés Glancourt tel que recueilli par notre envoyé très spécial Pipo Lagroulade.
     C'est au restaurant buvette le Balto rue Franpin à Bagnolet que le jury du Prix Glancourt s'est réuni sous la présidence de Didier Ducoin (il est de Bagnolet centre) et de Madame Edmonde la charmante épouse du propriétaire du Balto qui avait décidé que cette année elle en serait :
    -Vrai quoi merde alors merde quoi ! Marre de vous faire la tambouille, de vous laisser écluser gratis, et de servir en salle moi aussi j'en lis des bouquins ! Qu'est-ce y croivent ces petits merdeux qu'y a qu'eux qui n'ont de la kulture !
    Jean-Pierre Chassavagne notre estimé directeur qui comme chaque année dînait sous la table avec quelques éditeurs amis, afin de s'assurer de la bonne tenue des débats et pouvoir le cas échéant rendre de menus services aux uns et aux autres, Jean-Pierre donc est sorti de sous la nappe pour dire à L.Benayak son homme à lui :
    -Virez-moi cette morue si les journaleux arrivent on va avoir l'air fin ! 
    -Difficile chef mon chef ! A rétorqué le très hiérarchique Lofti, elle risque de nous présenter la note des dix dernières années.
    -Ouais remarque t'as raison, bon mais tu me la marques à la culotte ! A murmuré le cher Jean-Pierre en regagnant son dessous de nappe.
    -Affirmatif chef mon chef ! A murmuré de concert Lofti en déglutissant avec quelque difficulté.
    Il faut dire que marquer Madame Edmonde à la culotte, ça n'incite pas à l'optimisme.
    -Bon je fais l'appel a dit Didier Ducoin ( non vrai il est né juste en face) qui adore jouer au profaillon, il a longtemps travaillé pour la tévé d'état, il a même commencé sa carrière d'homme de lettres à l'ORTF (en seconde division: sous-directorat des dramatiques chiantes und educatives)
    Des absents il n'y en avait que deux: l'une belge notoire refoulée comme chaque année à la frontière hollandaise et l'autre que l'on avait oublié de prévenir, il était fortement soupçonné d'honnêteté.
    Michel Pourniais de chez Gallimion & fils a pris la parole, parce qu'il portait un bonnet, habitait une campagne lointaine et mal desservie et avait annoté les soixante-dix volumes des œuvres complètes de Voltaire dans l'édition de Kehl, il se prenait pour un lointain successeur du bourgeois de Ferney.  
    -Je ne sais pas ce que vous en pensez mes bons amis mais  j'ai bien aimé : « Me la mets-je ? » de Ronald Pointebille c'est quasiment ontologique? 
    Michel Pourniais a soudain disparu sous la table, comme happé par un tourbillon, une manière de triangle des Bermudes bagnolétain.
    On a envoyé une cordée de secours et on l'a retrouvé enfermé à double tour dans le buffet à verres des cuisines, son éditeur qui l'avait planqué là parce que le Ronald Pointebille était parti de chez Gallimion pour aller chez Flaminard et qu'il était même pas question d'évoquer son nom quand on était un auteur Gallimion.
    -Pointebille ? Ce n'est pas le neveu de Tomato-Delfraise de l'Académie ? (l'académie Rastaquouaise la seule concurrence que les jurés Glancourt se reconnaissent en matière de littérature non raturée et de confusion mentale).
    -Raison de plus marre de ces petits pistonnés, on va finir par avoir des auteurs à deux têtes à force de se reproduire entre nous et puis le tonton  est mort en plus !
    -Quoi Tomato-Delfraise est cané. Merde et moi comme une cloche qui lui ai envoyé mon bouquin avec une tartine pleine page, et il y a pas deux jours encore... et avec une grosse boîte de chocolats en plus pour sa dame,  demain  je vais voir la veuve et il faudra qu'elle les rende les chocolats !
    -Vous trouvez pas que ça pue vous ici? S'est étonné Bernard Piveteau ex-speakerin giscardien en se resservant en blanc pour saluer dignement  le pâté de tête inaugural.
    -Si je peux me permettre j'ai personnellement beaucoup-t-apprécié : La Revanche de l'amour de Barbara Boardland ! s'est permis Madame Edmonde qui décidément se permettait beaucoup. Vrai je l'ai relu trois fois et à chaque coup j'ai pleuré. A-t-elle précisé en exhibant un bouquin à trois balles d'une collection sentimentale en dotation sur les lignes RER A,B,C...Z.
    François Nourrisseur (Grains,Issues et Fourrages à La Chaux-de-Fonds), l'ex-président de l'Académie Glancourt déposé par une junte de garçons de café deux années auparavant (il ennuyait les serveuses !), avait levé la main :
    -Oui François c'est au fond de la cour...
    Son incontinence faisait le fond de son œuvre et l'avait rendu célèbre.
    Mais non il ne voulait pas sortir :
    -Ah pardon vous voulez dire quelque chose ?
    Mais il est demeuré silencieux et a lentement baissé la main.
    La petite Françoise qu'on se souvenait même pas le nom et que tout le monde appelait « Françoise et quelque... » a levé le doigt, elle levait toujours le doigt pour demander la parole, elle faisait très enfant sage et c'est pour cela que le président Ducoin (il a perdu son pucelage square Salvatore Alliéné) l'appréciait beaucoup:
    -Moi je n'ai pas changé, je vote pour Josiane Godineau.
    -Son histoire de foetus congelés, bof ça manque de Technicolor !
    -C'est justement cela. C'est la grande question de la féminitude contemporaine. Toutes les femmes d'aujourd'hui ont été confrontées à cela: congeler ou ne pas congeler !
    -Personnellement je ne mange que des produits frais. S'est éveillé Fernand Demprun, siestard impénitent comme souvent les guérilleros. C'était l'ancien combattant de la bande, Ex opposant titulaire à Franco, à l'ordinaire écrivain c'est un boulot de planqué et ben lui il avait trouvé le temps d'être héroïque... mais pas d'avoir du talent.
    -Et puis il y a quand même eu quatorze romans sur le sujet à la rentrée alors ? C'est à croire qu'ils rentrent tous en loge en même temps pour plancher sur le même sujet ces scolaires. C'est pas le Prix de Rome ici, nous avons une exigence de liberté, d'invention, nous devons braver les conventions, je n'ai pas besoin de vous rappeler qui étaient les frères Glancourt...
    -Une paire de petits enculés bourgeois !  a marmonné Daniel Lépicier, qui parlait pas et marmonnait peu.
    Tout gosse il avait rêvé d'en être de la boutique d'en face, de l'Académie, la vraie, il aurait voulu prendre la suite d'un archevêque, orphelin se croire la descendance d'un maréchal de Louis XV, eux au moins en face ils avaient une épée, ici rien, il regarda le porte-parapluie dans l'entrée, est-ce qu'on peut se défendre avec un pébroque ?
    Qu'est-ce qu'il n'aurait pas donné pour changer de coup, il avait bien essayé d'y entrer à la Grande,  il s'était gamellé une fois, il aurait du insister.
     Oh il y avait bien les collègues, ici c'était tous de braves gars, amusés, arrivés, honorés, jeunes cons prétentiards passés rondeurs à l'ancienneté. C'était seulement le côté bon bourgeois qui le dérangeait.
       A ce moment un poivrot en provenance directe de la buvette s'est trompé de porte, il est entré, dépaysé il a regardé autour puis au plafond :
    -Qu'est-ce y fout çui-là là-haut ?
    Il désignait d'un regard hébété le type de chez Grassouillet qui était planqué sur la poutre maîtresse, il avait un fil à la main, il faisait pêcheur à la ligne, se cherchait une contenance, le fil descendait bas, il était accroché à la manche de François Nourrisseur (Gros/Demi-gros/livraison à la demande) et il l'actionnait quand il voulait.
    Bernard Piveteau a abandonné son plat de côtes pour faire les constatations d'usage :
    -C'est ça qui puait ! Il... il est mort !
    La manœuvre quoique exécutée en hauteur était d'une bassesse inédite, faire voter un juré Glancourt trépassé et même largement pérempté à en juger par l'odeur
    C'est alors que Jean-Pierre Chassavagne l'estimé directeur de L'Urbaine a surgi de son dessous de table. Il tenait par la tête son collègue des Editions  Flaminard :
    -J'ai surpris ce saligaud-là en train de regarder sous les jupes des dames...
    Des dames il n'y en avait qu'une : Françoise et quelques... et personne n'aurait eu l'idée d'aller la dévisager en partie basse.
    Il a tiré sur la corde et le type de Grassouillet s'est écrasé dans un rince doigt où il a manqué de se noyer.
    L'envoyé spécial des Editions Gallimion ronflait sous la table, pas difficile de deviner que le Jean-Pierre l'avait maintenant à sa main et saôulé plus que nécessaire.
    Chassavagne a regardé le champ de bataille :
    -Eh bien c'est du joli ! Bon je vais préparer mon communiqué de presse.
    Le Président Ducoin (mais il reviendrait pas) l'a pris par l'épaule :
    -Cher Jean-Pierre vous m'aviez parlé d'un auteur qu'il vous tenait à cœur de...
    -Fumiganza, ouais, ouais c'est pas mal du tout, ça se lit comme on boit un petit Saumur au comptoir vrai ça passe tout seul ce truc là ! Surtout le matin quand on a le goût à rien ça vous rince l'humeur. Allez, cher Maître je vais être bon gars, j'écrase le coup, je vous débarrasse du cadavre et vous vous arrangez du reste.  
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Chômmou ! 1/2  par A.Sottos

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Depuis 27 mois que j'étais au chômage, j'en avais connu et fréquenté des stages de retour à l'emploi, le malheur était que plus j'en faisais plus je m'en éloignais de ce fameux éternel retour, j'avais 47 ans et toutes mes fausses dents, plus beaucoup d'illusions et très peu d'idées neuves.

    Enfin celui-ci serait peut-être le bon : « Turgescence senior plus » ça s'appelait, pourquoi pas Viagra/emploi ?

    Jusqu'à ma quarante-cinquième année j'avais fait une carrière brillante dans l'industrie de la gaufrette, parti d'assez bas et même de pas très haut, cariste prodige, j'avais réussi à force de  cours du soir et de labeur nocturne a intégrer Sup'de Gaufr' après quoi à ma sortie de l'école j'étais entré chez Pipart où j'avais atteint les plus hauts sommets et la direction générale des gaufrettes Pipart , vieille maison familiale fondée en 1737 au Plessis-les-Meules et qui avait compté jusqu'à 23565 ouvriers au début du siècle vingtième, âge d'or de la gaufrette. Malgré tout le vieux Pipart avait réussi en engageant tous ses biens dans ses usines à préserver pendant des années l'essentiel, le produit était bon, la gaufrette Pipart c'était quelque chose, la Rolls des gaufrettes, on était fournisseur de la cour princière de Monaco, le prince Rainier bouffait que ça : des gaufrettes Pipart, on lui en livrait deux tonnes tous les mois, on avait même parrainé son mariage dans les années cinquante, regardez les vieilles bandes d'actualité vous verrez Gaufrettes Pipart peint sur tous les murs juste en dessous de la réclame pour la Boldo Florine qui était le sponsor principal.

    <o:p> </o:p>

      Non vraiment  rien à voir avec les gaufrettes chinoises à base de sciure de bois et d'intestins de prisonniers politiques congelés. Nous n'employons nous que des produits frais.

    Sans doute aurions-nous du mettre plus de fric dans la recherche et le développement mais le père Pipart était un traditionaliste et je me souviens encore de sa réaction quand je lui avais proposé un projet de nouveau produit: la gaufrette en tube !

    -Et pourquoi pas en intraveineuse !

     Nous les employés on y croyait encore et jusqu'à tard, on se voyait un avenir, quelque part    entre les bas à varices et les tisanes lyophilisées, les usines tournaient c'était le principal et puis... et puis la mondialisation, dans la gaufrette comme ailleurs avait mise à bas nos dernières défenses. Les nouvelles normes européennes, les campagnes anti-gaufrettes du gouvernement relayés par les différents collectifs de consommateurs concernés, forcément concernés, avaient fini par avoir notre peau.

    Comment ne pas se souvenir avec émotion de nos trois derniers mois d'activité, les machines outils et les chaînes avaient été vendues pour pas grand-chose à une multinationale Mongolo-ouzbéquo-andorrane mais l'administrateur judiciaire Maître Trifouillard nous avait enjoint de poursuivre l'activité jusqu'à la cession complète et surtout d'entretenir le matériel en parfait état, sans quoi... il perdait sa commission.

    Certes j'aurais pu tirer mon épingle du jeu, les repreneurs m'avaient proposé un pont d'or : char à bœufs et yourte de fonction dans la grande banlieue d'Oulan Bator et un salaire mensuel net de 15 millions de Kroutchmos (à peu prés 13.65 teuros au dernier cours du jour !) mais j'avais décliné l'offre, j'aurais eu l'impression de me vendre... pour pas cher, reconnaissons-le.

    <o:p> </o:p>

    Le premier mois, on avait tenu le coup, continué vaille que vaille, chacun cherchait à faire bonne figure. On se surveillait et on se soutenait les uns les autres. J'arrivais au bureau à neuf heures comme d'habitude, ma secrétaire mademoiselle Pimprenaud, une petite blonde toujours impeccable et bien coiffée, m'apportait le courrier à signer, puis j'allais voir notre directeur technique dans son bureau du hall de production pour savoir s'il n'y avait pas de problèmes à la production, je serrais la main de quelques anciens après quoi je recevais nos fournisseurs ou j'allais visiter les clients. Dés le deuxième mois ça a commencé à se gâter, d'abord il y avait de moins en moins de courrier à signer, alors j'arrivais un peu plus tard, jamais après onze heures s'entend, mademoiselle Pimprenaud elle aussi se pointait en retard et souvent assez décoiffée, un jour en faisant mes courses en centre-ville je l'avais aperçue qui tapinait à la sortie de la salle paroissiale, sans doute sa manière à elle de se reconvertir dans le social.

    Je me hasardais plus trop dans le hall de production, les ouvriers sniffaient de la colle à gaufrettes, les plus anciens se cantonnaient au jus de gaufrettes fermenté, et Dieu sait si c'est traître, bref ça gueulait là-dedans et la chaîne faisait un drôle de bruit en perdant ses boulons,

    L'un de nos gros clients s'étaient plaint d'avoir trouvé un pont élévateur dans sa dernière livraison de gaufrettes

    -Eh ben ‘quoi qu'y gueule ce con, ça lui fera un nouveau parfum ! M'avait répondu l'un des contremaîtres passablement écorné.

    -On avait va-nille, pi-tsaache, choco...lat, béh maintenant il y aura pontélévateur ! Tiens prend-z-un coup mon gars !

    Autant dire que je ne fréquentais plus guère la clientèle souvent armée non plus que nos fournisseurs maintenant... désarmés, plusieurs restaient sur le carreau à cause de nous.

    <o:p> </o:p>

    Le dernier mois j'ai déserté comme tout le monde sauf une dizaine d'ouvriers parmi les plus remontés qui s'étaient formés en tribu rebelle, refusaient de rejoindre la réserve de l'ANPE,  s'étaient choisi un chef: Jérôme Hinaut, avaient décidé de prendre Maître Trifouillard en otage et campaient sur place jour et nuit, ils entretenaient de grands feux dans des barils d'huile de vidange, de loin cela ressemblait à un campement barbare aux portes de la ville. C'était inquiétant d'ailleurs tout le monde s'inquiétait, surtout ce saligaud de Trifouillard qui craignait pour ses pourboires, il a tenté le coup de force en faisant déménager les machines par des gros bras et il s'est fait faire aux pattes.

    Les ouvriers voulaient le pendre par les testicules et la famille du liquidateur venue sur place et bientôt sa belle famille et ses voisins qui l'avaient rejointe les encourageaient à passer à l'acte, c'est dire s'il était populaire l'homme de loi !

    Finalement le préfet a fait intervenir le RAID pendant que Matignon envoyait le GIGN, ils se sont entre-flingués et notre président a pu comme ça en médailler posthumément aux actualités deux fois plus que d'habitude.

    Mais on s'en fichait bien, il pouvait bien aller se faire médailler anthume ce con-là parce qu'au total pour moi comme pour tous les autres c'était le chômage ...

    (à suivre...)
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It