• <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>7.
    Letroncheur devant l'histoire... et à droite du local à poubelles.
    <o:p> </o:p>J'étais entre La Branlaye et le Martial Medpeu, une idée du crétin dernier cité que de nous déguiser en barbus et de nous envoyer au premier métinge de campagne de l'ennemi pour étude et édification:
    -Il paraît que c'est quelque chose ce type dans une réunion publique ! Béaient-ils déjà tout prêt à mouiller leurs culottes devant l'idole des Basses Côtes du Nord, une vraie groupie.
    -Sans compter, ajouta pédagogue Médpeu à mon intention, que cela vous permetttra de faire connaissance avec l'électeur.
    Qu'il prononce seulement encore un fois ce mot et je lui vomissais dessus le demi de bière et l'andouillette poilue que j'avais dû me farcir au buffet de la gare après la réunion du bureau de la section locale du parti, les loyalistes, ceux du moins qui n'avaient pas fait sécession et qui était menés par La Bertalot.
    Il entra enfin, la sono était à fond et jouait « La gagnure. » le dernier tube du grand Jaunie, des projecteurs tournaient autour de lui, il était grand, pesant, mais là il sautillait d'aise et puis il bougeait les bras, histoire de pas se faire un claquage à son V gaullien inaugural.
    Il se laissait touché, peloté, emmené par la foule, il faisait un bout de chemin avec elle avant que de se faire propulser par elle sur la scène à la manière d'un maillot jaune facile qui enroule dans une étape de plaine.
    Il était sur scène, maintenant, se refit homme de bien le caressant, rassurant pour saluer la rangée d'adjoints, de notabilités, qui tous craignaient un peu qu'on leur lâche les chiens, pas trop rassurés quand même devant cette meute de cons à fourches bref d'électeurs en puissance.  
    Letroncheur se retourna, et leva les bras enfin, petite grimace soudaine qui me réjouit l'âme, il n'était pas assez chaud, il s'était fait mal, mais non il re-re-sourit et commença d'en raconter, sur moi bien sûr :
    -... ce petit monsieur parisien qui veut mettre ses escarpins de cour dans nos bons vieux sabots concho-ponchains...
    -Trop littéraire ! Jugea La Branlaye.
    Bien heureusement, on l'aura compris la littérature ne dura pas longtemps, très vite il mit le feu à sa chemise en allumant une cigarette, il n'avait aucune hygiène de vie et ne craignait pas même de blasphémer contre la sainte écologie apostolique et berlinoise et toutes les choses du Culte, et les gens gueulaient et soufflaient tous ensemble  pour l'éteindre comme ils auraient faits devant un gâteau d'anniversaire, il s'aspergea d'eau et chacun de s'essuyer le front, il se laissa tomber dans la foule et la foule unanime, élastique et complice le renvoya sur le ring,
    -Le-Tron-Cheur-Le-Tron-Cheur-Le-Tron-Cheur-Le-Tron...
    -Putain je les aime ! Je veux les baiser ! Gueulait-il en balançant son veston.
    Alors il replongeait dans la foule et cette fois la foule consentait,  il sortait sa bite et il rentrait là-dedans, je l'ai vue de mes yeux, baiser une foule, d'estoc et de taille, avançant là-dedans, ange exterminateur, fornicateur et pacificateur, il ouvrait une voie dans la foule vierge, la voie Letroncheur, c'était de la folie, à côté de ça un concert des Rollingues Stones ressemblait à un thé de chaisières ou une séance de loto chez des retraitées de La Baule, on était dans le Sabbat, la grande transe, le culte vaudou d'arrondissement, des femmes sacrifiaient des coqs, d'autres se foutaient à poils, les prolétaires descendaient les bretelles pour tringler de la tricoteuse, c'était beau c'était républicain, la démocratie des grands ancêtres enfin proclamée: la partouze universelle sous les yeux de l'être suprême c'est à dire du pompier de service.
    Enfin il revint sur scène, à peu prés rhabillé, survivant de sa propre connerie, le pantalon baillant, la chemise plombée, laissant voir son cul et un bon bout de son âme :
    Alors il leva les bras en l'air comme prévu et gueula :
    -Concho-ponchains... je vous l'ai bien mis !
    Et en face la déflagration, le départ de flak et une ruée d'applaudissements qui emporta la tribune comme un tsunami japonisant.
    <o:p> </o:p>   Quand nous en ressortîmes, vivants mais encore égarés par les derniers coups de sono qu'ils avaient balancés sur nos arrières et en particulier une Marseillaise que l'on aurait facilement  pu requalifier en voies de fait, la Branlaye me dit avec quelque reproche en empochant sa barbe : 
    -Ah certes... ah je vous avais prévenu que ce n'était pas gagné d'avance, ah ce n'est pas une circonscription facile, il est très bien implanté, n'est-ce pas, et puis il travaille le terrain, vous avez vu comme il laboure...
    -La bourre ? Oui, oui j'ai vu merci...
    -C'est un professionnel que voulez-vous.
    -On peut appeler cela comme ça...
    -Enfin vous vouliez voir la mer... vous l'avez vue...
    -Et maintenant quoi ? Je peux remballer les tréteaux ?
    -Je ne dis pas ça, il a des failles, c'est connu... il conceptualise pas terrible et il raffole des petites filles pré-pubères... je peux me renseigner, après tout vous avez l'investiture du parti...
    Martial Medpeu intervint à son tour en recrachant un bout de sa barbe qu'il avait avalé par mégarde:
    -Dans tout les cas il faudra soigner votre déclaration de candidature... vous l'avez préparée ?
    Je la sortais de ma poche, elle m'avait donnée du mal, une semaine que je travaillais dessus.
    -Je vous la lis ?
    -Marchez mon cher, marchez...
    Nous étions tous trois arrêtés devant un banc du square « Albert Gueuvignon 1912-1987 Double-Recordman de l'heure d'éthylisme sportif. Adjoint à la jeunesse de 1947 à 1987. », on ressemblait plus à une conspiration de clochards guignant le litron qu'à autre chose de trop recommandable. Je montais sur le banc histoire de gagner en hauteur et qui sait en inspiration :
    -Agglomérées, Agglomérés...
    Cette fois Medpeu l'avait avalée pour de bon, sa barbe.
    -Je vous demonde pardan ? Erupta La Branlaye.
    -Vous m'avez dit de ratisser le plus possible, alors j'ai pensé qu'il fallait pousser au moins jusqu'à l'agglomération... permettez, je reprends :
    Agglomérées, agglomérés...  ( à suivre...)
    <o:p> </o:p>
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  • Nous avons fait un rapide sondage auprés de quelques auteurs de Urbane Tattack et le résultat est éloquent, ils vont tous voter Béééhh...rou!
    H.T.Fumiganza:
    je voterai Béééhh...rou parce que Mééééhh...haignerie ne se présente pas.
    L.Benayak:
    Voter Bééééh...rou c'est bien parce qu'on s'en met partout! Non vrai ça dégouline et on en a tout de suite plein les doigts... et en plus ça colle!

    G.M. Néoletto:
    Je voterai Béééhh...rou parce que c'est un grand résistant, peu de gens savent qu'aprés le premier tour de la présidentielle en 2002 sous le nom de Commandant Jaunard il avait monté un maquis 

    dans le 5° arrondissement avec Pierre Arditi (Colonel Morbleu) et Elise Lucet (Aspirante Pompette) sans une panne de Traction ils auraient pris d'assaut le siége du Flan National à Saint Cloud.

    J-P.Chassavagne: Je vote Béééh...rou d'abord parce que ça me rappelle ma jeunesse: c'est "le bon choix" et puis c'est un homme neuf et un rebelle né: agrégé rebelle, députaillon rebelle, ministrouille rebelle... président rebelle... merde il y a déjà eu Chirac!

    A.Sottos: Votez Béééh...rou parce qu'il représente des idées originales et qui ont fait leurs preuves:  le centrisme mollasse et bourgeois en phase gazeuse qui a toujours été le marchepied des totalitarismes ( France/duc d'Orléans en 1789, Russie/Kérenski en 1917, Allemagne/Centrum en 1933, Chili/Frei en 1971) Si vous rêvez d'une bonne guerre civile dans quatre ans y a pas mieux!
     

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  • 6.
    Le Grand Vate.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>J'allais enfin me coucher, deux jours que je n'avais pas dormi.
    Pourtant, je n'avais pas sommeil et puis il y avait les bruits de bacchanales qui venaient de l'autre bout du couloir, l'orgie trop hospitalière qui se perpétuait autour et au dessus du veuf double.
    Et aussi les maniements nocturnes du neveu de Dona Perdita, le fier Conchito, qui était insomniaque et donc permanent  et montait une garde de chaque instant auprès de son maître Walter Chéchignac.
    Drôle de garde du corps, toujours vêtu de costumes sombres et trop étroits dans quoi il resserre à grand peine sa musculature de culturiste néandertalien, une oreillette à l'oreille branchée sur « Eeertéeeeel ! », tout hérissé d'antennes, de matériel d'écoute et de protection rapprochée, tel est le terrible Conchito dont l'imbécillité n'est pas que du matin.
    Il est aussi le maître des chiens de la propriété, enfin à dire le vrai, son autorité devant le fauve est rien moins que formelle et quand il les emmène promener sur la plage dans sa fourgonnette, il en ressort souvent  rancunier... et ensanglanté :
    -Salopérias de bestias ! Ençoulados... mierda mes clefs !
    Et quand il y retourne, car il est téméraire, le neveu, c'est un étonnant spectacle que celui de la fourgonnette secouée pendant de longues minutes et de ses jurons proférés au milieu des abois.
    Il en ressort toujours ensanglanté... et encore plus rancunier.
     
    Je finis par réussir à m'endormir et ce fut le silence qui me réveilla vers 4 heures du matin.
    Enfin le silence, dans cette maison défiée par l'océan, il n'était jamais complet. 
    Reposé, la faim commençait de me gagner le ventre et je décidais de tenter une offensive nocturne vers les cuisines que je savais largement munitionnées mais que j'espérais peu défendues.
    <o:p> </o:p>Arrivé au bout du couloir j'ouvris la porte de la chambre du Chef ‘von le Gueuzec, le spectacle était ignoble comme attendu, au centre, prés du lit renversé, reposait dans une odeur de chaussette une espèce de mille feuilles humain, ou le chargé de communication parisien alternait avec la pute provinciale, quand au chef ‘von le Gueuzec il ronflait, le nez dans la chatte de l'une de ces dames et quand il ne s'étouffait pas à demi, ou recrachait des poils, il réussissait à en sortir de très étonnants sons.
    Quel scandale ! Le sexe, en tant que pratique sociale éminente mérite quand même un peu plus de sérieux et un minimum d'application il me semble !
    Nous avions réfléchi au Cercons à une proposition de loi concernant la création d'un Conseil Supérieur du Sexe d'Etat (CSSEXE), composés d'usagers (hors d'usage), de travailleurs et travailleuses du sexe (en disponibilité) et de magistrats (pédophiles), afin de mettre en place une réglementation sur les pratiques sexuelles épanouissantes obligatoires en agglomération (PSEOA), quand on sait ce que  représente en coût d'usage pour la collectivité (stress, inhibition des fonctions sociales, moindre rendement au travail, frais de teinturerie) une fellation bâclée l'on comprend qu'il est temps d'encadrer tout cela, d'ailleurs au Cercons nous passions notre temps à encadrer ce qui l'était déjà et à conditionner le reste, soit pour l'essentiel le contrevenant, passé, présent et futur.   
    <o:p> </o:p>Quand j'entrais dans la cuisine, il y avait quelqu'un, je crus reconnaître le gros bonhomme qui commandait le chalutier de Walter Chéchignac, le capitaine Kelbonbec, c'était sa folie, ce chalutier, il était fier d'être le seul Concho-Ponchain qui prit encore la mer. Il n'allait certes jamais très loin, mais comme il disait : ce n'était pas pour autant que le retour n'en était pas difficile.
    Oui, c'était bien lui, d'ailleurs il portait une casquette sur une figure bourrue de marin.
    -Bonjour capitaine.
    -Mon gars.
    Il ne mangeait, ni ne buvait, regardait ses doigts, ses mains ridées et tachées comme font les vieillards pour bien se convaincre de leur âge, et autour la pièce, et moi aussi, mais non je ne l'intéressais pas plus que cela et il revenait à ses doigts épais.
    Il se leva, enfin, il m'intimidait, c'était une présence ç't'homme-là, large, trapu, la voix charnue, profonde et lointaine, avec des intonations parigotes, aussi je n'étais pas mécontent de le voir faire mouvement et il alla ouvrir une grande armoire peinte en grise qui était encastrée dans le mur derrière lui.
    L'intérieur était garni de bas en haut et de droite à gauche, de paquets de gris et de gauloises sans filtre modèle troupier. Sans doute les stocks de guerre de Walter Chéchignac.
    -Bon, ben vous lui direz que je suis passé.
    -« direz... » Mais à qui don' ?
    -Béh à mon fils bien sûr, mon petit Voualtère. Allez bonne lunaison mon gars.
    Le « capitaine » se remplit les poches avec les paquets de gris et de gauloises et quitta la pièce le plus simplement du monde en passant à travers le mur.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>   J'avançais dans l'immense chambre de Walter Chéchignac, éclairée seulement par les porte-fenêtres ouvertes sur la nuit  mousseuse et valsante qui se jouait au dehors, j'aurais voulu parler, articuler au moins mais je n'y arrivais pas, trop impressionné ou plutôt comme soudainement dépressurisé par le trou d'air qu'avait été pour moi la vision de cet homme, son père le druide, le revenant, le maçon traversant, j'allais vers Walter Chéchignac comme un môme en colonie de vacances, qui s'est pissé dessus au milieu de la nuit, va réveiller son instit :
    -Walter... cher Walter...
    J'avais enfin réussi à parler mais ce n'était pas lui que j'avais éveillé mais la Fée Morgane qui dormait prés de lui, si, si, rousse, blanche, irréelle, elle se dressa tel un spectre et je me jetais dessus en criant :
    -Oh ma fée ! Ma Fée! Sauvez-moi bonne dame!
    Et là je reçus le plus beau coup de genou dans les couilles de toute ma carrière, déjà longue, de récipiendaire de coups bas féminins.
    Elle avait une technique irréprochable ma bonne fée.
    -This man is crazy! Go ahead I Am going to blush yours ass sucker !
    -Eh béh quoi on t'a mordu ma belle? Mais qu'est-ce qu'il arrive ici ?
    Walter avait allumé la lampe de chevet et me regardait me tordre de douleur sur ses tapis pendant que sa compagne de lit toujours à poils mais bien réelle, je pouvais en témoigner, lui résumer notre récente entrevue.
    -C'est votre bonne fée qui vous a transformé en serpent La Gaspérine ?
    -Arrêtez de vous marrer et aidez-moi merde.
    -Gisela, compresses please, varm vater, do you understand my sweatie ?
    -Oh yeah.
    Dés cet instant elle se montra parfaite et maternelle, cette touriste américaine que Walter avait rencontrée sac au dos dans l'un des inénarrables cocktails portuaires qu'il hantait de sa présence diplomatique et où il représentait aussi bien ses affaires, ses trafics  que ceux de son pays d'adoption.
    -Un malentendu mon pauvre vieux, mais si ça pressait autant, j'aurais pu vous arranger le coup c'est une chic fille...
    -Mais non c'est pas ça, je peux encore lever une fille tout seul, c'est après l'autre... j'ai un peu bu... après qu'il soit parti...
    -Mais qui ça, expliquez-vous mon vieux ?
    -Mais votre père merde quoi !
    -Ah papa est passé, vous auriez pu me prévenir et comment va-t-il ?
    -Il va... comme un mort... ou plutôt un vivant... ou plutôt... il va et vient à travers les murs !
    -Ah ça c'est son côté farce...
    -Enfin merde, il est mort ou il est vivant ?
    -En principe il est mort, mais lui-même il n'est pas trop fixé, alors il apparaît et disparaît, un mort il faut que ça montre de la conviction, lui il muse, visite, il commente, il vient chercher du gris, c'est ce qu'il lui manque le plus, sa gauloise matinale en regardant la mer... pour ça que j'en garde des quantités pour lui...
    -Mais vous pensez vous qu'il est mort ?
    -J'aime pas penser à des trucs tristes et puis ça porte malheur, je pense que tant qu'il voudra bien venir, je serai content, après, on verra, j'essaierai de me faire une raison, une raison rationnelle et obtuse avec des principes de base et des présupposés, une loi intime dans le genre de vos poulets du Cercons, si vous voyez : ...tout stationnement dans les parties privatives de la conscience au delà de 22 heures ect... Je suis abonné, j'ai toute la collection, votre bulletin est une merveille... 
    <o:p> </o:p>Mais il se foutait carrément de mon travail !
    De fait j'avais été pendant trois ans, le fondateur puis le principal rédacteur du Bulletin du Cercons, c'était même moi qui en avait trouvé le titre : « modernétude ». Avec un petit  trait comptable là où il fallait et plein de sous entendus référencés. D'ailleurs c'était un ex-jésuite, ex-trotskiste, ex-lacanien, une espèce de parfait honnête homme du XX° siècle qui était mon secrétaire de rédaction. (... à suivre...)
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  • Nous apprenons la création du C.R.A.B. le Conseil Représentatif des Associations Blanches... et aussi du C.R.A.M. Conseil Représentatif des Associations Métisses... et comment ? ... oui du C.R.A.Q. Conseil Représentatif des Associations Quarteronnes... et encore... marre nous on soutient le C.R.A.P.D. Conseil Représentatif des Associations Pastis Duval (1/3 Pastis et 2/3 eau plate) et le C.R.A.V.S. Conseil Représentatif des Associations Vodka Strawberry (1/8 strawberry juice, 2/8 eau gazeuse, 1/8 vodka Poliakoff, 1/8 chili, 1/8 vanilla juice... 1/8 de... de quoi déjà? ... mais si comment déjà... v'là que j'ai plus ma tête... c'est les mélanges ça! Aprés tout y z'ont peut être raison Pieter W.Botha et je ne sais plus quel trou du cul de l'U.D.F: 'faudrait voir à se méfier des mélanges les p'tits gars ...

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  • Le droit à se vider les c... opposable... 

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Je me souviens du jour où on a voté la loi sur le droit à la sexualité opposable, je me suis tout de suite dit avec Momo que c'était pour nous un truc comme ça.

    Grâce à notre groupe de rap SNTBP (Super nique ton beau-père !) on connaissait une journaliste du Nouvel Obs qui voulait visiter notre territoire de la Cité des Paturettes au Plessis Gargan enfin c'est pas tout à fait notre territoire c'est plutôt celui des Bédouani, mais quand même c'est nous qu'on l'a escorté, en se disant que commak on pourrait peut-être se la brosser au dessert la petite stagiaire, surtout qu'elle avait l'air d'être vachement ouverte aux problèmes des jeunes et tout ça. Mais au final il a fallu qu'on la refile au grand Mouss qui avait flashé sur elle, on l'a échangé contre son panier repas d'Auchiottes, il est vigile là-bas. Pas terrib' le panier repas surtout que Mouss y mange pas de porc, pas de poulet, y boit pas de vin ou d'alcool et la vache qui rit hallal c'est pas super.

    Sans doute qu'il l'avait pas particulièrement réussi le grand Mouss pasque quand je l'ai appelée sur mon portab' (Il est canon c'est le nouveau XXC22 de Samsoul que j'ai eu par Berdouche le demi-frère à Josita, au début j'avais pas tout compris comme y marchait parce qu'il y avait un truc rouge qui pendouillait et j'ai cru que c'était l'oreillette, et je me le calais dans le conduit et j'entendais rien pasqu'en fait c'était l'un des doigts de l'ancienne proprio, quand il arrache Berdouch il arrache à donf et il emporte tout !)

    Bon la fille du Nouvel Obs, elle m'a raccroché au nez, la pute ! Y faut dire que le grand Mouss avait essayé de la mettre sur le trottoir enfin plutôt sur le parking de l'hyper Auchiottes à éponger les blaireaux, c'était un samedi après-midi et puis il lui avait proposé de finir la nuit dans une camionnette avec des potes à lui (une cinquantaine) dans le bois de la Joliette. Mais quand même elle avait pas gardé un trop bon souvenir de son samedi.

    <o:p> </o:p>

    Alors bon il fallait trouver autre chose et là j'ai eu l'idée d'appeler un peu tous les numéros du répertoire de mon nouveau portable et coup de pot je suis tombée sur une fille qui bossait dans les relations publiques.

    J'uis est espliqué qu'on était vachement pour la nouvelle loi sur le droit à la sexualité opposable et qu'on voulait être les premiers à l'utiliser et que même si y fallait aller au tribunal on irait pour faire reconnaître nos droits, pasque je sentais déjà venir la discrimination, sûr que tous les Jean-Claude allaient pouvoir se vider les couilles aux frais de  l'état mais que pour nous ça serait... quéquette !

    Y en a une qu'était pas trop contente de la nouvelle loi c'était Mariline, Mariline Poupaud, la fille du gardien de la cité des Paturettes c'est une terrib' c'est une pute mais gratuite, c'est pas tant qu'elle aime ça, c'est plutôt comme elle dit que ça lui passe le temps et qu'elle fait des rencontres mais nous avec Momo on y mettait plus trop les doigts dans la Mariline rapport à une maladie qu'un copain qui baisait que chez elle avait attrapé.

    <o:p> </o:p>

    Alors on a attaqué la mairie du Plessis Gardon, non pas comme le mois dernier avec des cocktaïlles molotofs mais avec un avocat que la fille des relations publiques nous avait fourni, elle était super bien organisée, il faut dire que sa boîte de relations publiques était une filiale d'un grand groupe américain et qu'ils avaient organisé plein d'événements ces temps derniers y compris les récentes émeutes de Neuilly pour Paris-Match et le divorce de Paris Hilton et de son téléphone portable. En ce moment elle s'occupait de la mise en place de guerres civiles dans le Caucase pour le compte de Pepsico international et des Nouvelles Galeries.

    <o:p> </o:p>

    Notre avocat c'était un ancien ministre de Mitterrand, qui a fait chialer la salle et même Noël Mamère, le pompier de service dans son casque (mais c'est pas difficile) en racontant la misère sexuelle des banlieues, il imaginait (il habitait dans l'île saint Louis), il en rajoutait, il en faisait des tonnes et détaillait nos branlettes, vrai il nous mettait minable, y avait nos potes qui se foutaient de nous et le bavard on la coinçait dans les chiottes du Palais après les débats et on lui a fumé deux dents.

    <o:p> </o:p>

    Bon la présidente du tribunal, elle, elle a très bien compris not' cas, il faut dire qu'on la connaissait bien avec Momo, on était des abonnés et puis il y avait les photographes et les journalistes et ça l'impressionnait, elle voulait pas rater l'occase d'entrer dans l'histoire elle a dit que de fait on y avait bien droit et qu'elle condamnait la Mairie à mille balles d'amende et « ...l'obligation de nous fournir tous moyens de nous livrer aux activités génésiques avec l'assistance de tiers telles que prescrites par la loi... » et elle « enjoignait » la mairie de se mettre en conformité avec la nouvelle loi. C'était une victoire pour nous..

    Bien emmerdé qu'il était le maire du Plessis Gnangnan,  surtout pasque pour le coup il passait pour ce qu'il voulait surtout pas être un racisse qui croyait pas à la modernitude, il s'en chialait dessus et il a protesté qu'il allait s'éxécuter sans délais et il a sorti sa paire de gants Mapa, sa bonne volonté a ému la présidente mais elle avait pas envie qu'il tache le parquet vu qu'on était au tribunal et elle lui a demandé de remballer ça  de toutes les façons nous ça nous disait trop rien de nous faire vider les couilles par un énarque.

    Quand même on a fait la une des journaux vu qu'on était les premiers il y a même Valérie Pécresse la nouvelle secréteuse d'état aux Intromissions Plurielles qui a voulu poser avec nous, on a bien voulu avec Momo et on lui a soulevé son portab' et mis deux doigts (un chacun !) .

    Vrai on était deviendu des vedettes, des pipeules, on est passé à la tévé et même sur T.F.Huns chez Claire Chazal (Momo a bien essayé de lui toucher les seins pour voir si c'était des vrais mais y avait des vigiles partout) ça a duré pendant quinze jours et puis ça s'est tassé,  à la tévé y parlait maintenant plus que de la nouvelle loi cacapopo contre la constipation de l'adulte qui venait d'être promulguée et des contrôles à domicile avec toucher rectal et des amendes qui tombaient pour non respect de la loi et y nous montrait des reportages avec des cadres sur leur pot de chambre qui s'exécutaient sous l'œil attentif des gendarmes et quand ils avaient fini ils disaient que c'était bien comme loi pasque comme ça ils oubliaient plus de chier.

    <o:p> </o:p>

    Nous on a relancé la Mairie et y nous ont renvoyé de bureau en bureau jusque chez Jean-Marcel je sais plus quoi l'adjoint à la kultur du Plessis Navrant. On lui a espliqué not' cas et qu'on était dans not' droit et il a dit qu'on avait bien raison de revendiquer pour niquer, il a ouvert un placard et y nous a dit qu'en attendant que le service municipal de sexualité opposable soit en place il pouvait nous faire ça avec des huiles parfumées, il a commencé à allumer des bougies et à tripoter Momo et Momo il lui a mit un pain.

    <o:p> </o:p>

    Finalement le maire a fait installer dans le square R.P Alain Geismar des caravanes avec des agents techniques de la mairie à l'intérieur il a appelé ça des B.M.C. Bornes Municipales de Convivialitude après il a fait venir des filles diplômées... d'Albanie.

    On se disait avec Momo que c'était quand même chouette le progrès.

    On a reçu nos cartes officiels de mal-baisés et on y est allé, le guichetier nous a dit qu'il fallait prendre un ticket et qu'on serait appelé quand ce serait not' tour, on avait les numéros 745 et 746, autant dire qu'on était pas encore couchés... sur les filles diplômées.

    <o:p> </o:p>

    Au bout de quatre heures d'attente on a été appelés salle 8 B, on y est allé et là qui c'est qu'on a retrouvé ? Mariline, Mariline Poupaud, la pute gratuite de la Cité des Paturettes mais maintenant elle portait un uniforme d'agent technique, et elle était plus gratuite vu qu'elle était elle aussi diplômée maintenant, et puis il fallait remplir des papiers, faire tamponner nos cartes et surtout pas passer derrière le guichet à force on bandait plus du tout avec Momo et même ça nous a salement énervé, on est sorti, même pas vidé et on est allé brûler la... Tagothéque-Rapothéque  Jean d'Ormesson à 300 patates que le premier ministre venait d'inaugurer.

     
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  • 5.
    Le veuf double.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Si je comprenais un jour quelque chose à ces gens-là !
    J'étais habitué au règne parisien, celui d'un ogre devenu podagre et végétarien, mais où, parce que l'on mettait de l'hygiène en tout et jusque dans les sentiments et les sourires d'enfant, les monstres tels que j'étais pouvaient se croire les gendres abusifs de ce vieux cannibale. Là-haut on me tolérait j'étais de la famille, innombrable et grotesque, comme cent-mille autres, ici je pouvais devenir quelqu'un : l'étranger ou  l'homme de trop. 
    Mais revenons-en au chef ‘von le Gueuzec, les fesses dans la farine et le regard sur la ligne bleu des caisses, il vient de nous faire l'annonce d'une bien triste nouvelle : la disparition subite et concomitante de « ses femmes ».
    -Vos femmes m'émeus-je ?
    -Le chef ‘von le Gueuzec a épousé puis divorcé successivement des deux sœurs Dartemont...
    -Ah oui... ah ça deux belles emmerdeuses mais quand même... cela fait un choc.
    -Je vous expliquerai... me rassura Walter Chéchignac en le rejoignant sur la butte aux farines.
    -... après Petros-Duirec je suis passé au bureau, la secrétaire mademoiselle Mauve n'était pas là, non plus que ces dames... le téléphone sonne... c'était la gendarmerie de La Ponche qui demandait un parent de Geneviève et Marie-Aude Dartemont pour... pour venir reconnaître les corps !
    Le Chef ‘von le Gueuzec s'était effondré dans les bras de Chéchignac mais il tentait comme devant la vague, le marin, de se redresser et de faire face :
    -... ils... ils étaient au passage à niveau devant le garage Renault, tu vois... ces dames voulaient changer leur vieille Renault 4 mais bon ça ne pressait pas n'est-ce pas, une lubie de Marie-Aude, le vendeur leur a proposé de faire un essai de sa dernière nouveauté... et je suis bien sûr que c'était encore Geneviève qui conduisait... il faut y aller... mon petit Valter... il faut y aller... ‘doit pas faire attendre les collègues... z'ont du travail...
    Il n'était pas difficile de deviner qu'il commençait à débloquer l'ex-garde républicain.
    -Je vais m'y rendre avec monsieur La Gaspérine...
    Ben tiens don'comme si je n'avais que ça à faire ! Et ma campagne électorale alors, et mon étude de terrain, tout le monde s'en foutait bien !
    -... ne vous inquiétez de rien chef, nous allons vous raccompagner et Dona Chupita s'occupera de vous...
    -La vieille là... bof... elle me fait un peu peur... t'as pas autre chose ?
    -Voulez-vous que je téléphone au 10/18 et que je leur demande de faire venir deux infirmières...
    -Des vraies, des diplômées avec leurs blouses blanches, qu'elles oublient pas leur blouse blanche... et puis leur thermomètre je crois que je fais un peu de fièvre.
    On le raccompagna jusque chez Walter, on le coucha dans la meilleure chambre, en le laissant aux bons soins de Dona Chupita qui lui en fourra un de thermomètre dans l'oigne en guise de bienvenue et de sanctification, un gros de jardin, même pas lubrifié.
    Walter Chéchignac téléphona au 10/18, pendant que Martial Médpeu et La Branlaye en pyjama, pas rasés ni lavés, venaient aux nouvelles.
    -Salut La Gaspèrine... bon on s'y met à l'étude de terrain ?
    Ils commençaient à m'emmerder ces deux-là, pour ce qu'ils m'étaient utiles !
    J'allais les engueuler quand les six infirmières (c'était pour un ami dans la peine, aussi Chéchignac avait-il vu large et prévu une équipe de nuit et une de jour) de chez Tintin débarquèrent, La Branlaye et Cyril Médpeu les suivirent chez le veuf double ou plus exactement ils leur prirent le train :
    -... bon pour l'étude de terrain on a bien le temps ‘pas La Gaspérine ?
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Pendant le voyage, que nous fîmes dans une américaine interminable, sombre et blindée, Walter Chéchignac me donna quelque explication sur la situation conjugale de son ami  et me fit le tragique épitomé de son existence.
    Yvon le Gueuzec était entré fort jeune dans la Garde Républicaine, corps d'élite, que le monde entier nous envie, il y fit une carrière des plus honorables, jusqu'au jour où étant de faction avec quelques uns de ses collègues dans la cour d'honneur de l'Elysée il fut appelé à rendre les honneurs à ses altesses le roi et la reine de Suède.
    D'une grande tempérance jusque là dans le service, il s'étaient commis quelques trois quart d'heure auparavant dans un débit de boisson en compagnie de trois joyeux compagnons, barbeaux notoires, natifs de l'île de beauté, les ayant prévenu que les devoirs de sa charge l'allaient forcer de les quitter bientôt pour rendre l'hommage méritée de la France à ces altesses en transit, l'un d'entre eux s'exclama:
    « Le Bernadotte c'est qu'un traître, il a trahi l'empereur tu vas pas rendre les honneurs à cette canaille ! Tiens le ‘von reprends un Casa  ! Patron remettez-nous ça ! »
    <o:p> </o:p>Aussi bien quand ces majestés septentrionales se présentèrent au Palais présidentiel, au « Présentez armes ! » retentissant dans la cour pavée le Chef ‘von le Gueuzec, dit le ‘von, la tête encore chaude des mise en garde insulaires, sortit son imposant goupillon tumescent et gueula : Vive l'empereur !
    Attitude et propos qui quoi qu'ils fissent retentir l'honneur et la virilité du nom français eurent les plus néfastes effets sur son avancement, ainsi que sur les relations bilatérales franco-suédoises et même par la suite suédo-françaises, on l'imagine sans peine.
    Chassé de la garde il s'exila en province où pour subvenir à ses modestes besoins il mit en pratique sa formation de gendarme et embaucha un matin d'octobre comme Enquêteur Privé Hautement Qualifié (E.P.H.Q niveau 3) dans l'agence des sœurs Dartemont.
    Cette existence toute romantique, qui n'excluait pas le versement d'un treizième mois ainsi que les paniers-repas prévus selon les termes de la convention collective, se continua telle qu'elle avait commencé aux accents de la tragédie de boulevard et de la caleçonnade de répertoire, il séduisit l'aîné des sœurs Dartemont, l'homme avait du charme, de la prestance, une belle moustache et de la conversation, il en avait même une bonne longueur. Il l'épousa. Geneviève Dartemont était fascinante comme souvent les emmerdeuses. Après cinq ans il en divorça, par esprit de suite sans doute il se remaria avec Marie-Aude, juste un poil moins fascinante, comme dans la légion il en reprit pour cinq ans, re-divorça après quoi il entama l'océan par sa plus grande largeur se fit second-mousse sur un terre-neuvas, « soutier-adjoint sur un schooner chilien » qui tenait plus de l'exercice de prononciation que du bâtiment de commerce et puis il leur revint, sa vocation de chien de sang, cela ne l'empêchait pas « de les tringler à l'occasion mais en toute indépendance d'esprit. »           
    <o:p> </o:p>L'américaine filait sensiblement aussi vite que l'allemande, il faut dire qu'elle n'avait pas de remorque elle, le plus difficile était de l'arrêter, dame on n'arrête pas quatre tonnes et demi d'un claquement de doigts et Walter Chéchignac ne put éviter le fourgon de gendarmerie qui stationnait devant le passage à niveau.
    Manque de chance,  c'était les mêmes gendarmes que ce matin, ils avaient seulement beaucoup vieillis entre-temps.
    Walter Chéchignac avait opté pour le grand deuil de parade et ma foi avec son chapeau taupé, ses lunettes d'armateur grec, sa moustache cirée, sa canne et ses décorations de Noël il ressemblait assez à son Excellencia el Consoul Rrrénéral de las Islas Bravados y Perditas.
    Et malgré l'affliction dans quoi les plongeait la perte de leur fourgon préféré les gendarmes cette fois ne se permirent aucune remarque déplacée à notre endroit, on a beau dire mais l'uniforme civil ça impressionne encore le militaire.
    -Bonjour brigadier vous connaissez les circonstances de l'accident ?
    -Ces dames sont venues pour expliquer que leur véhicule Renault 4 immatriculée...
    -A l'essentiel, brigadier, à l'essentiel...
    -Bref leur R4 calait tout le temps alors le vendeur a voulu leur faire une démonstration de sa dernière nouveauté et... et il a calé sur la voie...
    -Où sont les corps ?
    -On les a remisés dans le hall de livraison de la concession Renault.
    Il y avait déjà une cellule de soutien psychologique auprès des voyageurs de la micheline, qui n'étaient pas blessés, qui n'avaient rien vu mais qui auraient bien voulu se faire rembourser leur ticson rapport au vécu traumatique et tout ça...
    <o:p> </o:p>Nous allâmes nous recueillir devant les dépouilles.
    -... manquent le buste de l'une et les jambes de l'autre lui expliqua à voix basse le brigadier alors vu qu'elles étaient jumelles on s'est pensé que comme ça ce serait plus présentable si on les rassemblait.
    -Excellente initiative brigadier. Et ça qu'est-ce que c'est ?
    -C'est le vendeur de la concession.
    Je soulevais le drap aux couleurs de la marque qu'il avait servi jusqu'au bout:
    Il y avait encore sur ses traits l'effroi de celui qui vient de manquer une vente.
    Emu Walter Chéchignac lui remit sur le champ l'étoile de vermeil de Fils de la Chasse Prolétarienne, le fameux Hijo de Puta avec supplément couchette  tandis qu'il élevait devant le front des troupes, soit en tonnes d'équivalents pétrole (TEP): une micheline pleine de cons et tous ses accessoires: conducteurs, lanternes et gendarmes compris, les sœurs Dartemont à la dignité de Mère de la Révolution Posthume, le non moins retentissant : Madre de todos los otros cornardos.
    Dans la voiture qui nous ramenait chez lui, Walter Chéchignac me confia :
    -Quelle épreuve ! Vous ne pouvez pas comprendre vous n'êtes pas d'ici...
    -Merci de me le faire remarquer.
    -Ne vous fâchez pas vous verrez vous allez devenir un véritable Concho-ponchain...
    -Quel avenir flatteur vous me promettez !
    -Arrêtez de grincer La Gaspèrine vous m'agacez. Enfin merde si je vous dis que les sœurs Dartemont c'était quelque chose ici ! Vous avez vu à prés de soixante-dix ans elles n'étaient pas trop mal conservées ? Encore deux belles juments.
    -Hélas je ne les ai vues qu'à l'état de puzzle... incomplet...  difficile de se faire une idée, mon cher.
    -Eh bien moi je vous le dis, j'avais encore rencontré Geneviève Dartemont le mois dernier... et bon Dieu ce que ça sentait bon, et ce que ça remuait encore bien, ah ce qu'on a pu se branlotter dans notre jeune temps dans le confessionnal en les épiant pendant l'office, ce qu'elles réussissaient bien le regard baissé et le sourire pécheresse ces garces-là, de part et d'autre de leur dix-cors royal le grand ‘von Le Gueuzec qui même pendant la messe ne pouvait s'empêcher de leur malaxer les hémisphères, à la fin il fallait retenir ses places trois bonnes semaines à l'avance. Un jour on était tellement nombreux là-dedans qu'on a mis le confessionnal sur le toit. Vrai ! Ah bordel de merde ! Oui  de se souvenir de ça... et d'imaginer ce qu'on a vu ... il a bien fait de ne pas venir le veuf double.
    -Mais dîtes-moi mon cher Walter ce ne serait pas lui qui...
    -Lui qui quoi ? Lui qui conduisait la micheline... vous oubliez que le Chef ‘von le Gueuzec  n'hérite pas, il est deux fois divorcé, j'ai des parts dans l'affaire, je vais essayer de la reprendre en sous-main et de la lui confier sans quoi il est fichu de finir clochard. Et puis rien que leurs dossiers et archives, vous imaginez depuis 150 ans la nomenclature de toutes les pécoles et vérolés d'ici et des départements avoisinants. Avec ça vous avez une place de sénateur à vie retenue d'avance.
    -Vous êtes gentil cher ami mais je préfère la mériter.
    -Vous savez en politique, l'avancement au mérite, il me semble que si ça avait jamais existé on en aurait retrouvé des traces, des vestiges... à tout le moins un peu de vaisselle cassée, non vous croyez pas... cher ami ?  ( à suivre...)
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  • 4.
    La pêche à la fenêtre
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Nous rentrâmes par la vieille ville de La Conche, le vieux quartier si pittoresque de La Marinière en surplomb de l'océan.
    Je m'émerveillais devant toute cette architecture bancale et mal calculée, de colombages et de vieilles pierres :
    -La vieille ville a été fort bien restaurée. Fis-je remarquer à Walter Chéchignac qui fumait un énorme cigare bravadien, pensif et songeur, non sans doute plus pensif que songeur.
    -C'est votre futur prédécesseur qui s'est chargé de la réfection,  le Lucien Boitel, son côté opérette qui a pris le dessus. 
    -Cela aurait été dommage de perdre un tel ensemble, c'est magnifiquement bâti, c'est un torchis de paille avec juste ce qu'il faut de glaise   n'est-ce pas ? Dis-je en caressant un pan de mur.
    Walter Chéchignac me répondit avec quelque humeur :
    -Non c'est un torchis  de paille ! ... avec juste ce qu'il faut de merde!  Vous savez nos anciens faisaient avec ce qu'ils avaient sous la main, le pays Poncho-Conchain a toujours été un coin d'élevage et de gros chieurs, depuis la nuit des temps statistiques et même un peu avant, le conchois ou le ponchain chie 1/3 de plus que la moyenne nationale, on ne sait pas l'expliquer, la nourriture peut-être ou la proximité du troupeau ? Une manière d'émulation. Alors on a construit à merde d'homme et de bêtes.
    Quand il s'est agit de tout remettre en état Lucien Boitel s'est retrouvé dans son élément et suivant les recommandations de  l'architecte en chef des  Monuments Historiques il n'a voulu employer que des techniques traditionnelles, il a fallu former des jeunes mais heureusement il restait quelques vieux artisans conchois ici on les appelle avec quelque respect vous pouvez m'en croire: les chidru'c, enfin pour ce qui est de la matière première il a quand même fallu en faire venir de l'étranger, la production locale n'y suffisant pas...
    -Ah oui... ah bien... ah tiens... décidément cette nuit est toute entière placée sous le signe de ...
    -Bah il vaut mieux commencer là-dedans une carrière que de la terminer... ‘tention vos pieds !
    -Quoi... encore !
    -Mais non vous voyez pas les fils par terre.
    De fait dans le matin bégayant je distinguais une multitude de fils qui partant des fenêtres, traversaient les rues et s'en allaient pendouiller le long des falaises.
    -C'est la pêche à la fenêtre, autre spécialité du pays, antique tradition, un jour vers le 13 ° siècle par là, ils ont décidé de ne plus partir en mer, trop risqué, marre de ne plus pouvoir se consacrer à leurs veuves, ils avaient découverts qu'il y avait un courant chaud qui drainait le poiscaille vers les falaises, et ils se sont dits qu'après tout il suffisait de sortir les gaules, de dérouler du fil et d'être patient en s'occupant de leurs dames.
    -Et cela continue, après des siècles.
    -Vous n'entendez pas les clochettes quand ça mord ? Tenez écoutez...
    Je percevais une multitude d'essoufflements fornicateurs et de tintements s'évadant des pièces et j'aperçus des orteils tressautants, attachés aux fils de pêche et dépassant des bords des fenêtres ouvertes sur la nuit froide.
    -Il y a quand même de moins en moins de vocations, le poisson il faut le tirer quand il est ferré, il y a à enrouler, aussi il faut dormir la fenêtre ouvert même en hiver. Et puis les dames hein c'est plus ça... alors il y en a quelques uns qui parlent de reprendre la mer...  Enfin en attendant cela plaît aux touristes.  
    -Vous avez l'air de bien connaître le pays Concho-ponchain.
    -Des Chéchignac il y en a toujours eu ici, des qui lisaient dans les runes, des qui empilaient la bouse...
    -Pour cela que vous êtes partis dans les îles ?
    -Tout juste, comme chantait le poète : « ... sacrer d'autres cornards, véroler d'autres veuves... » mais le malheur à l'étranger c'est que l'on finit toujours par comprendre les paroles des chansons, j'ai un ami installateur de télés au Muséum d'histoire naturelle : Lévis-Cooper, enfin il est ethnologue mais il installe des télés chez les ultimes peuplades primitives de Papouasie, pour étude, il me raconte qu'il ne faut pas plus d'un mois pour qu'ils fichent leurs traditions millénaires au panier, mettent en l'air le grand sorcier et s'entre-engueulent pour savoir s'ils regardent les variétés sacrificielles de la une ou la messe footbalistique de la 4.   
    -Malgré tout en acceptant de représenter les intérêts des Islas Bravadas y Perditos...
    -Bravados y Perditas... d'abord ce n'est pas eux que je représente, ce sont eux qui représentent ma jeunesse, et puis j'ai une dette envers le peuple bravadien et leur estimé président.
    -Adamsen Pinocevic ! Mais c'est un horrible dictateur il me semble, un régime qui fait fi des droits de l'homme et de la démocratie.
    -Et quand bien même se les mettraient-ils carrément au train que cela ne les propulserait pas beaucoup plus loin mon cher.
    -Vous ne croyez donc en rien ?
    -Le vœu de monsieur mon père était de faire de moi le quatrième empereur des Gaules. J'y suis résolument engagé, vous pouvez m'en croire  mais en attendant... rassurez-vous la veille du sacre, je me ferai sans doute républicain.
    <o:p> </o:p>  Nous étions arrivés devant la maison du druide, Chéchignac ouvrit les portes du garage, il était dans les proportions du reste de l'habitation et rempli de véhicules à moteur antiques et modernes. Il extirpa de la cohue en la poussant une voiture très basse et très longue et la mit en marche avec une grande tige pneumatique qu'il lui fourra dans le fion, cela faisait un boucan du diable:
    -Venez il faut que j'aille aux commissions, Dona Chupita n'a plus de grattons Spontex...
    -C'est que j'avais pensé prendre une douche et me reposer un peu...
    -Vous en aurez bien le temps quand vous serez sénateur et puis vous allez faire connaissance comme ça avec vos futurs électeurs.
    -Je risque en tout cas de ne pas passer inaperçu là-dedans.
    -C'est la version civile de la Porsche 917 .
    -C'est commode pour faire les courses le samedi.
    -Vous avez raison je vais accrocher la remorque.
    -Cher Walter enlevez-moi d'un doute, vous plaisantez.
    Il ne plaisantait pas.
    <o:p> </o:p>Nous primes la route du bord de mer :
    -Elle marche bien ce matin, il y a juste assez d'humidité, elle aime ça.
    Pour ma part je surveillais la remorque bâché dans le rétroviseur mais tout vibrait et tremblait tant que j'avais du mal à en suivre toutes les évolutions, je regardais le tachymètre et fus rassuré il indiquait seulement 120...
    -C'est l'exemplaire n° 11, je l'ai fait venir spécialement des Etats-Unis.
    ... 120... miles per hour! Je fis une rapide conversion et tentais de boucler fébrilement ce qui me semblait être une ceinture de sécurité et se révéla n'être à mon grand désespoir que les manches d'une combinaison de mécano négligent.
    -Attention les gen...daaaaaaaaaaarmes!
    Nous passâmes si vite que nous les oubliâmes tout de suite mais point eux et deux preux se lancèrent derechef à notre poursuite.
    -Ils ne vont quand même pas nous tirer dessus  ces corniauds-là!
    -Mais ils auraient le droit et seraient fondés à le faire, je ne sais pas si vous vous rendez compte mais c'est... c'est infiniment grave dans un périmètre d'espace naturel plafonné (P.E.N.P) et un lendemain de dépassement de seuil dépollutoire préventif (D.S.D.P) la vitesse est limitée à 27,57 kilomètres heures... et nous... nous voguons à des 275 kilomètres à l'heure.
    J'avais envie de pleurer, dans quoi m'étais-je embarqué ? Ma carrière était fichue ! Letroncheur et la presse locale allaient s'en donner à cœur joie !
    <o:p> </o:p>   Ils nous rattrapèrent seulement sur le parking de l'hypermarché Edouard Letrouble, pendant que Walter Chéchignac peaufinait son créneau je me cherchais une issue de secours ? Mais quoix ? Peut-être me mettre à la disposition des autorités et le dénoncer d'entrée comme ennemi du peuple, il n'avait pas la tête d'un qui fait son devoir citoyen et met la tête dans le sac  trois fois la semaine pour trier ses poubelles; ou bien alors tout de suite me déshonorer en leur proposant quelques pratiques autrefois tenues pour déshonnêtes mais maintenant et je le dis avec force, heureusement admises et même hautement recommandées.
    -Gendarmerie nationale, sortez de là tous les deux !
    Ils étaient très décidés, convaincus du caractère sacramentel de leur mission sur terre, les nouveaux templiers: l'extermination du pèlerin contrevenant pourtant quand le premier arrivé mit le casque à la fenêtre il eut un geste étonnant et comme par réflexe se mit le bras devant le visage en disant :
    -Vous...  c'est vous... encore... Brigadier c'est lui... c'est le...
    Le brigadier qui n'était déjà pas content de faire second, le fut encore moins en découvrant le ci-devant :
    -Faîtes escuse mon... mon excellence mais c'était rapport à la remorque bâchée que les collègues qui z'étaient planqués au tournant de la Viradelle se sont mangés dans la tronche ce tantôt...
    -Vous direz brigadier à vos petits camarades que c'est très vilain de se cacher, cela dénote une nature sournoise et trompeuse. Bonne après-midi messieurs. Vous venez La Gaspèrine.
    J'avais réussi à ramper jusques aux caddies et sans trop rien perdre de dignité, je me redressais.
    Tandis que les deux pandores bafoués retentissaient encore derrière nous  de mille imprécations :
    -... tire pas Jean-Luc ou qu'on va avoir la guerre !
    Walter Chéchignac me prit par l'épaule, une manie :
    -Que voulez-vous dans les moments d'égarements la France a toujours chié du képi et du règlement! Aussi et c'est la troisième raison de mon attachement à Las Islas Bravados y Perditas mon cher La Gaspèrine, mon appartenance au corps diplomatique me permet de me garder loin de toute cette fliquerie surnuméraire de moralistes-serre-files, psycho-vopos, hygiénistes compulsifs et autres eschatologistes  du dimanche !
    -La vie en société exige des lois.
    -Et la vie en cage: des règlements, je sais. Pour résumer: d'être devenu à moitié étranger me permet, comme disent nos ennemis  anglais: de me montrer  tout à fait « gallic » et de rosser le gendarme et  me noircir en conscience quand bon me semble. Venez restons pas là !
    De fait derrière nous le plus imbécile dans le grade le moins élevé des deux gendarmes, mal maîtrisé par son chef, avait commencé de tirer en l'air et de sommer les ‘sommateurs pousseurs de caddies.
    -Je vais demander à notre maréchal président candidat à vie d'élever une protestation auprès du Quai d'Orsay. S'ils veulent la guerre ils l'auront et c'est pas sûr qu'ils la gagnent ces cons-là !
    -Le Maréchal-Président a sûrement un excellent ministre de la Défense Nationale? Ricanais-je patriotiquement.   
    -Qué défense? Vous savez là-bas c'est tout pour l'attaque... Mais trêve de géopolitique nous sommes en mission, aux grattons Spontex, mon cher, aux grattons !
    <o:p> </o:p>Etait-ce sous l'influence des événements de la nuit et de la matinée, moi qui détestait les foules, je me retrouvais poussant un chariot d'hypermarché, mais éveillé et alerte, attentif tel un chasseur un jour d'ouverture, Walter Chéchignac remplissait mon chariot avec tout et n'importe quoi, lui aussi avait les sens aiguisés, il était incontestablement beaucoup plus animal que moi. Il me raconta qu'il avait beaucoup voyagé au temps de sa jeunesse, avec toujours une dilection particulière pour les banlieues et les quartiers périphériques :
    -Je pourrais faire un guide mondial des banlieues anonymes et des terrains vagues ...
     Et ajoutait-il, la première chose qu'il faisait partout où il arrivait c'était de visiter la supérette du quartier et de s'en  allait draguer la ménagère.
    -... oui longtemps j'ai vécu d'adultères indigènes et de gaufrettes belges. Dit-il en essuyant une larme tout en nous rechargeant largement en spécialités liégeoises... Mais assez parlé de moi. Mon cher La Gaspérine, alors heureux, vos électeurs ? Ils vous plaisent ?
    -Euh... teuh... beuh...
    La vérité était que je les détestais déjà, rien que d'imaginer les vins d'honneurs, les inaugurations de crèches, le match de foot du dimanche après-midi, les dépôts de gerbes et le bal des pompiers j'avais envie de pleurer, de toutes les façons je ne me sentais bien qu'à Paris et méprisais la province soumise et reconduite, et tout son pittoresque, et tout son mijoté, j'étais né pour la modernitude pas pour exercer mon droit de cuissage sur la 53° Miss La Conche sur Ponche.
    J'eus un soudain haut le cœur devant mon avenir peu ragoûtant et je vomis dans les petits beurres nantais.
    -Oui, je vois, on peut même parler de vocation. Tenez essuyez-vous.
    J'obéissais, je me mouchais aussi et quand je relevais les yeux ce fut pour découvrir le chef ‘von le Gueuzec qui trônait assis sur les paquets de farine.
    -Qu'est-ce qu'il a il est malade ? Demanda-t-il à « son petit Valter ».
    -Déception amoureuse. Alors chef votre filature s'est-elle bien passée?
    -Bien, très bien j'ai vendu tout mes ballons et les photos sont impeccables... mais... ah mon petit Valter...
    Le chef ‘von le Gueuzec tenta de se lever, y réussit enfin, fit trois pas et s'abattit dans les bras de Walter Chéchignac :
    -Ah mon petit Valter si vous saviez ce qui m'arrive... mes femmes... mes femmes sont mortes ! (à suivre...)
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  • 3.
    Le 10/18
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>C'était en bord de nationale, un bâtiment de style psychédélique tardif, années soixante-dix, le 10/18, qui tenait de la boîte à partouze de chef-lieu et du patronage d'arrondissement. Au bar, presque seul, plus que seul, un très grand type d'une soixantaine d'années en sombre et en veston démodé à petits revers, l'on aurait dit un croque-mort, un membre décédé de l'Institut, ou un sauveur de patrie en costume de ville, n'importe quoi d'encombrant, de  passé, de révolu, macromégale pesant, plein d'os surnuméraires, très belle figure du paléolithique, il n'était point difficile de deviner que cet animal-là braquait mal en ville et chauffait dans les embouteillages de conscience.
    -Il vous rappelle quelqu'un s'pas ? Si je vous dis qu'il est natif de Bayeux. Cherchez pas c'est le fils naturel d'un général très connu dans les années soixante. Comment est-ce déjà... mais si un type qui a fait une gentille carrière dans la chansonnette patriotarde, le genre cosmique troupier, un qui levait les bras comme personne... le genre calamité agricole... ah zut j'ai tous ses disques à la maison... quand je vous dirai le nom...
    -Noooon ! Non ne le dîtes pas !
    Je transpirai soudain devant l'énormité de la révélation, comme nombre de mes compatriotes, j'avais fait le pèlerinage à Pigeonney les deux Gogues et visité la grotte miraculeuse:
    Je murmurais :
    -Vous voulez dire... le général de...
    -C'est cela mâme ! D'ailleurs ici pour tout le monde c'est Gaullichon et pour les intimes seulement, dont je m'honore d'être, c'est le Chef ‘von le Gueuzec.
    Le fils de grand homme se faisait manipuler à main lasse par une camarade qui n'était guère de plus de deux promotions avant lui.
    Cela sentait la sueur et le linge de corps, la chaussette et le Mir vaisselle.
    -Ce n'est pas un établissement que je vous recommande mais c'est ici que le chef ‘von le Gueuzec a ses habitudes. Votre moustache, elle se décolle...
    Sur mon insistance il m'avait prêté une moustache d'estivant pour passer incognito:
    -Essayez de faire bonne impression à Tintin.
    -Qui est Tintin ?
    -Le chef du bureau local des R.G ?
    -Il est ici ?
    -C'est le barman en string bedonnant qui est tout occupé à sa vaisselle de verres. C'est quoi ça ? Ajouta-t-il en désignant mon revers.
    -Les arts et lettres. Je suis encore jeune mais j'attends le...
    -J'essaierai de vous avoir un grand cordon de Los Conchidores de las Islas Bravados y Perditas, c'est rouge et très décoratif avec un petit haut tout simple ça impressionne dans les cocktails dînatoires.
    -On m'a dit que le mérite agricole était bienvenue dans les circonscriptions rurales...
    -Sans doute mais pour ça il faut intriguer et ce n'est pas notre genre n'est-ce pas... Mes respects chef .
    -Tiens Valter quel bon vent...
    Il parlait avec une autorité affectée et clapeuse de membre (sans doute encombrant) de l'institut et une voix tellurique, souterraine, vibrante et résonnante.
    -La douce brise du matin...
    -Il est si  tard.
    -Pas loin de six heures.
    -Ouh là là, je dois voir notre correspondant à La Ponche et j'ai une filature du côté de Petrose-Duirec... tiens merci mon enfant te fatigue pas va ça viendra plus maintenant.
    Il glissa un bifton dans le sous-tif de la dame méritante et artiste qui soulagée, s'en alla soigner en coulisses sa tendinite et répétait sa liste des courses pour le marché.
    -Il se fait tôt ! Gueula de sa voix de baryton martin le chef ‘von le Gueuzec.
    -Je vous raccompagne Chef ? Proposa Chéchignac.
    -Tu es gentil Valter mais j'ai la camionnette dehors. Adieu Tintin.
    -A ce soir Chef.
    <o:p> </o:p>Sa camionnette de fonction l'attendait, splendide véhicule d'un modèle utilitaire et périmé, laqué de noir, qui annonçait en gros sur les flancs en belles anglaises dorées :
    <o:p> </o:p>Dartemont Soeurs
    Enquêtes privées et commerciales. Filatures.
    Maison de confiance . Fondée en 1856.
    12, coin Maurin,12
    La Marinière - La Conche sur Ponche.
    <o:p> </o:p>-C'est avec ça que vous faîtes vos filatures ? Demandais-je stupéfait par cette démonstration un peu trop évidente de candeur provinciale.
    -Béh dame elle est toute équipée. J'ai même la stéréo et la glacière.
    -Mais vous ne craignez pas de vous faire repérer. Ajoutais-je avec cet air de supériorité ricanante, vérole de conscrit que j'avais contractée dans certains établissements supérieurs autant que  parisiens, que mes électeurs me reprocheront toujours et dont je conserverai des séquelles toute ma vie, la clinique est définitive là dessus.
    -Ba-ba-ba ! Les gens ne font plus attention à rien, ils sont bien trop occupés à leurs petites affaires, toutes les saloperies et les lâchetés, les égoïsmes mijotés qu'ils ont en cours.
    Pour ma part je suis franc, j'annonce la couleur, je ne me cache pas plus que nécessaire.
    -Quand cela s'avère « nécessaire » le chef ‘von le Gueuzec sait être un véritable Frégolo.
    -Sur ce coup, tu vois mon petit Valter j'avais pensé à un petit ensemble de plage, mais pour me mettre en plagiste c'est encore un peu tôt en saison et puis je sors de grippe alors je vais vendre des ballons, multicolores, ça me payera toujours l'essence.
    Il avait ouvert la porte arrière et commença de gonfler des ballons. Chéchignac lui prit la roue, ne sachant quelle attitude adoptée, je fis comme eux et nous nous retrouvâmes, tous les trois en bord de départementale à gonfler des ballons multicolores de couleur rouge, il n'avait que ça en magasin.
    Le consul Chéchignac en profita quand même pour lui expliquer ma petite affaire.
    -Je vois, j'espère que tu n'as pas eu trop de dégâts chez toi mon petit Valter.
    Il commençait à m'agacer avec son petit Valter, ma situation était quand même plus préoccupante que la sienne, écœuré, j'arrêtais de gonfler, je manquais  décidément de souffle.
    Ils l'avaient remarqué.
    -Et forcément ce jeune homme s'inquiète pour son avenir. Ma foi avec Letroncheur en face il y a de quoi. Ce garçon n'a aucun principe moral seulement des principes électoraux.
    Malgré tout je l'imagine mal se lancer dans des dépenses somptuaires et puis je ne vois pas comment il pourrait justifier dans ses comptes de campagne le défraiement de deux tueurs boliviens à plein temps, surtout avec tout ce qu'ils ont pu s'envoyer comme mauvais champagne cette nuit au 10/18. Toute la réserve de mousseux de Tintin y est passée et à la suite celle de liquide vaisselle. Il te les a traités grand seigneur à cette heure ils doivent encore faire des bulles.
    -Vous les avez vus ?
    -Je les ai croisés au buffet de la gare, ils m'intriguaient ces pékins-là et je les ai suivis jusqu'ici... un peu par désœuvrement je l'avoue.
    -Et beaucoup par vocation. Et Tintin il est au courant ?
    -Mais mon petit Valter tu sais bien qu'il  n'est jamais au courant de rien pourquoi il travaille aux Renseignements Généraux pour pas avoir l'air trop con en ville et être un minimum rencardé sur la marche de son affaire. Si j'avais su qu'ils étaient venus chez toi pour faire du schproum, je te les aurais réglés quand ils ont rembarqué au train de 5 heures 17 pour Paris. Pour le reste j'ai noté leurs identités, j'ai demandé à une des filles de Tintin de me passer leurs passeports le temps nécessaire, je vais me renseigner et je te tiendrai au courant.
    Le Chef ‘von le Gueuzec serra la main de Walter Chéchignac, finit d'attacher ses ballons et repartit dans sa camionnette aux armes de Dartemont Sœurs. Il n'avait pas même songé à me saluer. (à suivre...)
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  • 2.
    La Maison du druide
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>J'avais insisté pour faire un brin de toilette chez eux avant de me présenter à mon comité d'accueil officiel.
    Ils y avaient consenti à regrets.
    Il fallut faire un détour le couple La Rincée habitait en dehors de la ville en plein marais salant.
    -Mon mari a abandonné le métier, trop fatigant et puis ça lui donnait soif ! Pour quoi il travaille en mairie.
    -Et il n'a plus soif ?
    -Si mais il a une prime. Y a plus que moi qui y travaille encore un peu aux bassins.
    Sous la lune et avec la blancheur du sel, ce paysage géométrique prenait des airs de confins.
    J'y mis les pieds, avançais mais le gros La Rincée me rattrapa  par le col après quelques mètres d'exploration.
    -N'allez pas par là vous allez vous casser la gueule !
    -Votre épouvantail... là-bas il est tombé
    Je désignais une forme quasi humaine recouverte de sel et en émergeant à demi, un bras levée haut au ciel.
    -C'est curieux je ne savais pas qu'il y avait le besoin d'épouvantail dans un marais salant ?
    -Béh... béh mais comment don' ! Mais... mais si comme de juste ! ‘Faut bien ça pour éloigner le volatile. Me confirma la Marie Bertalot accourue fort à propos à mon secours... La Rincée va t'occuper de... de l'épouvantail, qu'on risque de rentrer tard ce tantôt.
    -L'épouvantail ? Quel épouvantail !
    -Mais si là-bas ! Là-bas ! Bouges-toi don' !
    Il obéit l'énorme à son énergique moitié avec une lâcheté de fauve trop bien nourrie.
    -Bon ben maintenant que vous êtes nettoyé monsieur La Gaspérine  y faudrait p'us tarder on nous attend à la maison du druide !
    La maison du druide ? Curieuse destination.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>-... et pourquoi l'appelle-t-on la maison du druide ?
    -Rapport à son père Le Grand Vate qui en était un.
    -De druide ?
    -Tout juste, une vedette, il travaillait dans le music-hall et puis il a épousé sur le tard une américaine, très jeune et très riche et il a fait construire ici face à l'océan rapport que c'était bon pour sa concentration cosmogonique. 
    -Et ce Walter Chéchignac est l'enfant de leur union.
    -Le père Chéchignac avait soixante-dix ans passés quand il l'a eu, faut dire aussi qu'il est mort centenaire quand à l'autre l'étrangère elle vit toujours à Nice.
    -Et le fils a hérité des dons de son père ?
    -Lui il est dans la diplomatie, il est consul de ch'ais pas quoi et d'ailleurs... pensez si ça lui laisse du temps ... et puis il fait des affaires... ah pour ça il est bien serviable mais c'est un malouin !
    -Un malouin ?
    -Comprendre : dans le temps il aurait vécu des nègres, maintenant va savoir ce qu'il trafique.
    Un malouin fils de mage  cela promettait.
    Je toussotai :
    -N'est-ce pas un peu compromettant que de m'aboucher avec...
    -Qui c'est qui vous a demandé de coucher avec... et puis c'est le seul au pays qui aye pas peur de Letroncheur et qui veuille bien de vous, alors c'est ça ou l'asile de nuit ! Précisa avec quelque hargne La Rincée.
    Dans quel pays étais-je don'tombé ? 
    Je me souvenais avec un peu de ressentiment de ce que m'avaient raconté Amédée de La Branlaye et Martial Medpeux le préposé aux sondages et aux études d'opinion :
    -Ce coin-là  y a plus qu'à démouler. Taux de chômage au dessus de la moyenne nationale : ça leur met la pression, terre de tradition pour l'alcoolisme et les processions :  obscurantisme et vision double. Dire s'ils croient aux apparitions et aux chiffres officiels de l'inflation ces cons-là ! Et avec ça ils ne jurent que par la pêche et l'élevage autant dire que si on leur coupe les droits à prîme et autres subventions  hasta la vista !
    J'avais rendez-vous avec eux chez ce Chéchignac j'allais leur parler du pays.
    <o:p> </o:p>Nous débarquâmes chez lui à la nuit. C'était une énorme bâtisse musculeuse, ramassée et tapie sur son promontoire de récifs, guettant la mer comme pour lui mordre l'échine ou lui sauter au cou, cela ressemblait plus à une retraite de... de malouin, précisément qu'à une loge de druide.  
    Le mauvais temps donnait dans le coin une représentation très véridique et l'on sentait dans ses fibres et sous ses pieds se déroulait l'acte vengeur.
    Une gouvernante sombre, duègne en grand deuil, dentelles dans les tons et bottes jaunes de pêcheur de crevettes vint nous ouvrir :
    -Bonjour Dona Chupita  je suis avec le monsieur pour monsieur Walter. Annonça la velue.
    Elle prit ses aises dans le grand hall années cinquante, déposant cirés et chapeaux sur les bergères de velours rouge .
    -Ils sont en bas au théâtre ils écopent. Nous annonça l'ouvreuse en m'éclairant le visage de sa torche.
    Le théâtre voilà bien que ce cette demeure rappelait, un théâtre, ou plutôt l'un de ces music-halls de quartier des années cinquante, opulents, nourris de staff et velours rouge.
    Le plus étonnant était que l'on s'y sentait fort bien tout de suite, oui chez soi ou plutôt comme en enfance.
    Il y avait le long des couloirs des affiches du Grand Vate Chéchignac: voyant, druide, extra-lucide et lanceur de couteaux : un programme à lui seul.
    Le théâtre était en dessous et taillé dans la roche, sans doute pourquoi il prenait l'eau, nous arrivâmes par la scène, quelques types en smoking mais  bottés de caoutchouc écopaient dans l'orchestre.
    -Bonjour Marie c'est gentil de venir nous voir, tu m'a amené ton homme ça tombe bien les chiottes ont explosés !
    La voix venait du trou du souffleur, et malgré la rampe allumée qui nous éblouissait je crus ressentir un regard.
    -Vous inquiétez pas Monsieur Walter on va voir ç'qu'on peut faire ! 
    La Rincée se mit au travail il se jeta même dedans les pieds joints pendant que Walter Chéchignac abandonnait l'immersion périscopique  et nous rejoignait sur la scène.
    Il fit la bise à la Marie Bertalot et me serra la main sans façon :
    -Bienvenue au pays monsieur La Gaspèrine, j'espère que vous vous plairez ici. Drôle d'inauguration mais enfin paraît-il que cela porte bonheur. Me dit-il en regardant mes escarpins de parachutiste mondain baignant dans une boue verdâtre et malodorante. 
    -C'est de la... ?
    -C'en est ? Et de la millésimée ! D'un coup tout est remonté en surface. Secousse tellurique ? Remuement océanique ? Je ne saurais dire. Dans tout les cas un véritable feu d'artifice. Il y a longtemps que j'aurais dû faire curer la fosse.Venez vos amis vous attendent on a presque fini de les dégager, les pauvres, j'avais préparé un petit récital de musique de chambre et en vous attendant je leur faisais visiter le théâtre en prévision de l'une   de vos prochaines réunions, ils ont voulu s'isoler un peu, ne vous inquiétez pas mais l'un des deux semble très choqué, c'est celui qui a actionné la chaîne.
    -... pouvais pas prévoir... chialait Martial Médpeux que j'eus quelque mal à reconnaître sous sa gangue qui le faisait ressembler à un Godzilla nourrisson et repentant.
    L'altiste s'occupait de lui enlever la croûte du bout de son archet tandis que la pianiste en robe du soir souquait ferme, que le chef d'orchestre dirigeait avec énergie l'andante terrassier et que le ténor officiant réclamait du papier sur l'air de « Gente, gente, all armi, all armi ! ». 
    Walter Chéchignac, que je ne vous ai point encore décrit, imaginez un bel homme d'une trente-huitaine d'années qui aurait l'air de se ficher perpétuellement du monde en se lissant la moustache, Walter Chéchignac donc, me prit par l'épaule, j'étais plus grand que lui, et il m'entraîna vers les loges.
    -Dîtes-moi cher monsieur La Gaspèrine quelqu'un de vos relations ou collègues vous en voudrait-il ?
    -Mais... mais non, je ne sais pas... ici personne ne me connaît.
    -Et à Paris ?
    Je me rebiffais :
    -Non. Bien entendu.
    -Bien entendu, bien entendu, nous savons que votre réputation est sans tâche.
    On aurait cru qu'il parlait à une chambrière qu'il venait d'engager dont il avait obtenu les meilleurs renseignements de son curé mais ... mais qu'il regrettait maintenant d'avoir choisie.
    Etait-ce donc lui qui m'avait choisi ? Ce... fils de mage de music-hall, ce...
    -A dire le vrai, mon cher La Gaspèrine il semblerait qu'il ne s'agit point là d'un accident.
    Ma colère céda devant ma stupéfaction :
    -Vous voulez dire... un attentat.
    -Précisément deux livres de Semtek d'appellation contrôlé carrées sous la dunette, heureusement la charge aura basculé dans toute cette masse accumulée depuis des années sauf à quoi la grande famille des cosmonautes compterait deux nouveaux membres.
    -Vous... vous croyez que Letroncheur s'amuserait à ça ?
    -Letroncheur... c'est un démagogue c'est à dire l'exact contraire d'un manuel mais enfin... pour ne pas laisser la question en suspens je vous proposerai d'aller rendre visite à l'un des amis de mon père qui s'est fait une spécialité de résoudre ce genre d'interrogations.
    -Vous voulez dire un... druide c'est ça ?
    -Par Dieu non, non un détective privé, vous verrez c'est une personne de qualité, un ancien garde républicain, vous dire si nous sommes en confiance. Enfin que tout cela ne nous empêche pas de bien manger et bien boire.
    Je n'avais pas beaucoup d'appétit je n'en ai jamais tellement eu, surtout devant de tels buffets pour retour de chasse de notables apoplectiques fin de siècle. Trois étages de charcutaille, de poulaille et de viandailles, augmentées de desserts  turgescents.
    -Comment peut-on encore manger à l'aube du XXI° siècle du cervelas vinaigrette ? Cela dépasse mon entendement.Dis-je à mon voisin de table le chef d'orchestre pondéreux qui n'était autre que le Maestro belge Adrian Van Der Meuh .
    -‘inaigrette? Pourquoi vous le préféreriez atomique ? Ah ! Ah !
    -Eh bien voyez, j'imaginais pas que dé travailler la mierda ça puisse aussi bien ouvrir l'appétit ! Remarqua le ténor, le grand Décato Vafanculi.
    J'insistais :
    -Mais vous maître pour l'exercice de votre art, vous ne pensez pas qu'une certaine discipline de vie est nécessaire.
    -Vous savez, moi, je braque mal dans les adagis, alors j'ai évité de m'en faire une spécialité et pour ce qui est de la discipline et de garder sa ligne je laisse ça aux bonnes sœurs et aux gigolis de palace à tout ceux qui se touchent et se gênent. 
    Walter Chéchignac me regardait, avec désolation et sans trop d'appétit.
    Martial Médpeu, toujours effondré, faisait des raies avec sa fourchette dans sa purée de marrons en répétant :
    -... ‘est pas moi... pouvais pas prévoir... tiré sur la chaîne...
    -Ah ça aussi ‘faudra vous y faire, ici c'est pas comme à Paris, on sait encore avoir faim ! Me fit humainement remarqué la velue en reprenant de la geline en croûte.        
    Tout ce petit monde serviable, corvéable et artiste faisait un sacré boucan, si bien que l'on n'entendait plus la vieille gueularde dehors, la mer non pas recommencée, mais maintenant radotante et bientôt baveuse et bavouillante.
    <o:p> </o:p>Il était quatre heures du matin quand « le récital d'Adieux  et d'hommage à notre hôte » commandé par Van Der Meuh commença sur la grande terrasse surplombant l'océan.
    La musique éveillait nos âmes, le calme emplissait nos sens, la salle était immense et la lumière d'un tact infini. Instant inéfragable.
    <o:p> </o:p>Nous nous quittâmes sur le pas de la porte, moi sur le même rang que notre hôte :
    -Un jour Port-Saïd, le lendemain Tourcoing... la vie d'artiste... Prophétisait tel un indicateur des chemins de fer Vafanculi en consultant son programme.
    -Ten v'là que ça me reprend ! Gueula Van Der Meuh. La faim et la tringlette.
    -Je me suis permis de vous faire préparer des paniers pour la route. Le rassura Chéchignac. Pour le reste cher maître je ne m'inquiète guère...
    -Vous avez raison sitôt arrivé à l'hôtel j'enfile mon assistante...
    -Vous oubliez Adrian qu'ils vous l'ont changé... c'est un jeune homme qui vous assiste maintenant, charmant au demeurant ! Lui fit remarquer la pianiste, Mademoiselle Br... polonaise au nom imprononçable.
    -Merde c'est pourtant vrai, m'ont foutu un jeune con à la place... bah à la guerre comme à la guerre, et puis c'est formateur ! Cela lui sera fort utile pour sa carrière.
    -Divino Walter murmura la grande cantatrice Margaretha Coucourbitowa en rentrant  profondément sa langue dans la bouche de Chéchignac qui n'en demandait pas tant.
    Sans être médisant il n'était pas difficile de deviner qu'ils ne se connaissaient pas seulement de la veille. Bref cela commençait à sentir furieusement le sexe, rien ne sent d'ailleurs plus le sexe que la musique d'orchestre, l'effort accompli en commun sans doute qui crée une familiarité d'athlète. Moi-même je bandouillais douillettement, pour ma part c'était cette Mademoiselle Br... pianiste déconcertante dont la simple contemplation de son dos nue, agissant, ondulant, expirant, souplement, m'avait troublé les sangs toute la soirée.
    Leur minibus fut enfin chargée, le piano à queue, les pattes en l'air sur la galerie et les artistes sagement sanglés à leur siége comme des mômes en colonie de vacances, c'était Van der Meuh qui conduisait, c'était toujours Van der Meuh qui conduisait et c'était comme ça depuis l'enfance nous assura-t-il avec quelque assurance.
    Il vérifia la tension des sandows, plongea la main dans le panier de victuailles puis dans la culotte de la pianiste, fit une drôle de moue en la retirant, se prit une claque et enfin pressé par l'horaire il démarra.
    <o:p> </o:p>Après avoir bien agité nos mouchoirs pour saluer leur départ, je me préparais à m'aller coucher à l'imitation de La Branlaye baillant, et de l'inconsolable Medpeu quand Walter Chéchignac me reprit par l'épaule, cela devenait décidément une habitude.
    -Bien puisque nous voilà en train, mon cher La Gaspèrine nous allons pouvoir rendre cette visite utile dont je vous entretenais tout à l'heure.
    -Vous voulez maintenant ?

    -Bah il n'est que cinq heures... nous avons bien le temps... (à suivre...)

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  • 1.
    vé.vé.vé.taartagle.com !
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Je fus parachuté sur La Conche sur Ponche au tout début du mois de Juin, de nuit bien entendu, l'on craignait une défense opiniâtre des ultimes défenseurs de la Section locale.
    J'atterris sur l'antenne du bistrot « Au Père Brouillard », glissais tout le long de la toiture, passais au travers de la véranda et pris place fort bruyamment sur une banquette de moleskine en bout de salle qui amortit éloquemment ma chute.
    Malgré le bruit, malgré l'explosion des vitres, et ma tenue hétéroclite, partie costume de ville, partie toile de parachute, harnais et cordages, les trois ivrognes de faction et le patron sentinelle admirable, sans doute grisé par le devoir inlassablement accompli au long des tournées, ne remarquèrent rien et civilement le Père Brouillard, qui méritait bien son nom, vint me servir:
    -C'est ben vous qui avez demandé un Saumur ?
    -Euh... oui tout à fait... articulai-je en retirant les bouts de verre de ma chevelure chauve, soit de mon cuir plus tellement chevelu.
    -Tiens le temps se couvre, commence à faire froid pour la saison. Météorisa le vieux père à point en contemplant sans l'apercevoir sa véranda crevé. Vous avez du jus de tomate sur vot' cravate.
    Il regagna son comptoir tandis que je tentais de remettre en marche mon poste émetteur.
    -Allô Charlie Bravo Tango champignons pommes  de terre appelle la base... sui' t'arrivé... heu' répète... sui't'arrivé...
    -... shrruuunnk... shruuuunnnk... où z'êtes vous Charlie patate...
    -‘tendez que je fasse le point... je vais vous donner ma position je répète... je vais...
    -Shruunk... Mais on s'en fout de ta position donne nous plutôt ton numéro de portable eh grosse truffe! shrruuunk... shruuunk...  
    De fait tout l'appareillage de cosmique troupier dont m'avait pourvu Amédée de la Branlaye, le chargé des circonscriptions au parti m'apparut soudain, hors de saison et superflu, je livrais à mon correspondant le numéro attendu et sortit mon téléphone portable, tout mon être aiguisé, aux aguets en ce pays hostile, quasi ennemi.
    Il ne se passa pas trois minutes avant que l'appareil ne sonnât et que ne surgissâssent devant moi trois cirés jaunes hilares.
    -Ah béh le v'là ce con dit le plus massif !
    Tandis qu'une militante velue se précipitait vers moi une mallette à croix-rouge de premiers secours à la main.
    -Ah j'ai bien fait de prendre la trousse à pharmacie... on était au rendez-vous, on a entendu l'avion mais quoi vous n'avez pas vu nos feux dans la clairière ?
    -Non le pilote n'était pas très aimable, il a dit qu'il ne voulait pas perdre son temps et je crois bien... mais je me souviens mal à cause de la chute... enfin oui il me semble qu'il m'a poussé dehors...
    -Il vous a jeté comme ça n'importe où ? Ah c'est bien des parisiens ça ! ‘tendez  ‘va' vous soigner... me rassura la velue.
    -Pu... pu... purquoi je suis blessé ?
    -Tiens don' regardez vous plutôt dans la glace là-bas, vous êtes pas beau à voir !
    Je me regardais, j'étais non seulement blessé mais ridicule, mon costume et ma cravate en haillons enroulé, emmailloté dans la toile du parachute comme en des langes de nouveau-né, mon attaché case pendant ouvert et répandu, le tout baignant dans ma sauce d'écorché.
    -Qu'est-ce y z'ont besoin de nous envoyer des parisiens ces cons-là ? C'était le massif armoricain qui avait tonné. Il semblait s'être spécialisé dans les réflexions de bon sens proférées sans hygiène de bouche à l'endroit des parisiens.
    Mais le bon sens provincial ne m'impressionnait pas plus que les odeurs corporelles.
    -Ecoutez-le pas il est un peu déçu parce que lui il en avait pour Letroncheur comme pas mal de chez nous. Il travaille à la mairie et dans le temps il lui faisait le chauffeur. Me susurra la tendre poilue qui me soignait et m'enveloppait de coton et de bandes velpeau.
    -Chère Madame...
    -Appelez-moi Marie... Marie Bertalot...
    -Chère Marie s'il me fallait écouter tous les imbéciles du pays je n'en finirais pas!
    -Je dis pas pour çui-ci vu que c'est mon mari, La Rincée qu'on l'appelle dans le pays, mais pour les autres il faudra, c'est un métier vous savez, pour ça Lulu y savait y faire.
    -Lulu, quel Lulu ?
    -Le Lucien Boitel... votre prédécesseur... quel dommage... son accident...
    Le sus-dit Boitel Lucien, représentant des (basses) côtes du nord s'était benoîtement estronché contre un calvaire en revenant d'une sauterie électorale. Belle mort laïque et républicaine face à la réaction cléricale la plus érective.
    Dans le parti auquel j'appartenais l'Union pour le Rassemblement, il était membre comme moi du courant majoritaire: le Cercons (Cercle Européen Républicain Consternant et Social), le bureau directeur ayant décidé de remplacer poste pour poste, après moult détours et retours l'investiture du Parti m'était revenue au grand désappointement du régional de l'étape et député le déjà nommé Jean-Pierre Letroncheur qui depuis ne décolérait pas et fomentait au su et au vu de tout le monde un coup de force contre ma candidature.
    -Venez maintenant on va vous évacuer vers un endroit sûr, il faut pas qu'on sache que vous êtes déjà en ville.  
    -Et pourquoi don' je vous prie ?
    -Rapport à ce que les types de la Section ont dit s'ils vous trouvaient z'en ville: y n'ont promis de vous enfermer dan' h'un casier à zomards et de s'en aller vous mouiller au large ! Précisa en rigolant le gros va de la gueule dit La Rincée.
    Se rincer il savait faire c'était se laver qu'il ne savait pas.
    -Z'alors partons mon cher!
    N'ayant aucune envie de prendre la mer par un temps pareil je me ralliais à la proposition d'un repli tactique sur des bases que j'espérais préparées de longtemps à l'avance... (à suivre) 
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  • (Gros)Lard Premier 2/2 par G.M.Néoletto 

    Le sorcier se penche sur mon camarade, lui tâte le ventre, lui ouvre la gueule et dit :
    -Distrentetroisjetepleasemonpote !
    -La-bré-té-lla ! Murmure faiblement Jésuilto.
    Le sorcier s'agenouille prés de lui et approche son oreille du visage, rutilant et comme énervé et presque en colère, de l'indien qui lui murmure encore quelques mots avant de défunter très sobrement.
    Vraiment quelle dignité chez ces indiens !
    -Pauvre garçon? Constaté-je
    -Putain mais vous êtes français ? S'exclame le sorcier dans un parisien très pur.
    -Euh oui... en effet... Jean-Jacques Beursec je suis chercheur associé au CNRS
    -CNRS-SS ! Non rien c'est une saillie. Choupard Marcel du Muséum... enfin maintenant je dois être rayé des rôles... longtemps que j'ai pas eu de nouvelles des collègues...
    Je demeure, stupéfait, sans quoi je crois bien que je crierais de joie mais ma rigueur scientifique me commande de recouvrer mon sang froid, je regarde ma montre il est 19 heures zéro quatre heure GMT nous sommes le premier Avril 2008...
    Choupard, lui, ajoute en contemplant mon porteur hors d'usage.
    -Ses derniers mots ont été pour vous, il a dit :  « Ce con-là a raté la bretelle de sortie le troisième jour ! C'est vrai que c'est couillon ça vous aurait évité cinquante-trois jours de marche et votre collé que aurait pas claboté...
    -Ce n'était pas un collègue mais seulement un porteur.
    -... vous voyez l'échangeur en béton sur l'autre versant c'est moi qui l'ait fait bâtir, c'est mon côté vieux scout il faut que je m'occupe les mains et que j'aide le monde avec ça on est direct.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Je me re-stupéfie sur place (il faudra que je surveille cela, il ne faudrait pas que cela devienne une habitude pouvant entraver mes observations du milieu et tout ce genre de choses.)
    -Vous voulez dire que vous avez désenclavé l'une des dernières tribus indiennes originelles !
    -Eh ouais on s'est donné bien du mal. Et des fois on se demande si ça a servi à quéque chose... regardez ces types de « l'équipamenté » ! Ça fait des années que je leur dis de te me foutre un panneau ! Ah on est bien con de se donner du mal pour tous ces cons-là !
    Du mal il s'en était donné, il tenait absolument à me faire visiter le village et « ses installations ».
     

    A la stupéfaction succéda la plus complète désolation, Marcel Choupard avait fait des derniers représentants de la grandiose civilisation Chochoptiméque des beloteurs en marcel, cirrhotiques, boulistes et franchouillards, vrai on se serait cru dans un reportage en Gévacolor sur la France des années cinquante avec l'épicerie-buvette, la station-service Azur, le bar-tabac, le charbonnier en noir et le crémier en blanc, la boucherie chevaline qui débitait du lama à la strogonoff et la boulangerie, et les concierges à spécialités... et les ménagères au milieu de leur marmaille et les odeurs de soupe aux choux et...  
    -Mais c'est délirant il manque qu'un PMU et ce sera complet! Me stupéfiai-je une troisième fois dans la journée (oui je sais cela devenait inquiétant et pas tellement éthique.)
    -Mais on l'a le PMU, on parie sur les courses de lama, c'est la grosse poilade y vont jamais droit ces bestiaux là, y a pas plus con qu'un lama. Attendez que je vous raconte. Le sorcier quand je suis arrivé un vrai sâle con çui-là, il pensait qu'à une chose c'était sacrifier le monde, vrai incroyab', son truc c'était les belles-mères, il disait qu'elles avaient le mauvais œil, bien simple il en restait que deux et elles se planquaient dans des grottes vous imaginez l'effet sur la natalité béh dame elles réfléchissaient avant de marier leur fille et de virer ennemi du peuple ou bétail à sacrifice. Il a ouvert un bar-tabac-PMU à la sortie du village, c'est son fils Jacky qui le tient. Gentil le Jacky, bien brave, un peu lunaire... comme son père mais brave.
    -Mais... mais ils portent tous des prénoms... européens ?
    -Au début je m'y retrouvais pas dans les Thésualpalmal et les Chlomosapchopec... alors j'ai fait venir un brave curé parisien le père Laviole et il te les a baptisés à tour de bras, c'est pas que j'y crois , à titre personnel je suis libre penseur mais c'est quand même plus commode pour s'y retrouver, tu trouves pas ? On se tutoie entre collègues. Sinon tu peux m'appeler l'ancien ou le père Choupard c'est comme ça qu'on m'appelle ici, allez viens on va se prendre l'apéro... tiens chez Jacky tu feras connaissance. 
     


    Mes observations se ressentent, je le crains, de cette déambulation guidée à travers les commerces de la ville, le Jacky en question nous sert une vieille prune qu'il tient de monsieur son père, pour lequel il semble garder un réel attachement, et qui est faite de cancrelats écrasés et... d'autre chose, partout le Père Choupard est fêté et les consommations ne sont jamais pour lui. Quelle déchéance ! Quand je l'interroge sur la civilisation Chochotptiméque dont il demeure malgré tout le meilleur observateur et historien il me répond par des calembours ou des aperçus de chauffeur de taxi rassis :
    -Quoi le mou tu m'emmerdes avec ces histoires de mou ?
    -Je disais que de fait et d'après vos ouvrages dans la civilisation Chochotptiméque tout tourne autour du mou, le Guchu ! Guchu ! Le questionnement du mou est primordial, fondateur et quelque peu castrateur.
    -Oui quelque peu ! Tu l'as dit mon pote Guchu ! Guchu ! Et puis le mou tous les jours ça va bien, on est pas des greffiers non plus ! Un steack-frites de lama ça ouais d'accord !
    -Mais enfin qu'est-ce qui a bien pu pousser un scientifique tel que vous à leur faire sacrifier leurs si magnifiques traditions ?
    -Magnifiques, non mais vous rigolez, des sauvages voilà ce qu'ils étaient ! Ils en foutaient pas une rame, passaient leur temps à se mesurer la bite et à se livrer à des jeux de cons : leur Foutbolec manière de foutebale néolithique c'était avec une tête de belle doche qu'ils le pratiquaient... des vicelards et des bons à foutre. Avec ça un flicage permanent et bien entendu ils se choisissaient le plus dégueulasse comme chef. Et le sorcier chauve de huit heures qui tous les soirs faisait son allocution présentait les nouvelles du jour, en trafiquant les choses pour faire monter la pression sur tel ou tel pauvre type ou le village voisin.
    La civilisation Chochotptimeque une belle saloperie oui ! Un pays de cannibales, ils bouffaient leurs nouveau nés, butaient les vieux.  Leurs dames  passaient la matinée à raconter des saloperies devant la machine à café... ouais je veux dire la machine à battre le mou elles se tenaient comme des putes prétentiardes et n'élevaient pas leurs mômes, les hommes ne foutaient rien, z'étaient tous devenus moitié tarlouzes, moitié gendarmes, se réunissaient tous les samedis soir pour mater le spectacle des sacrifices humains, mangeaient de la merde et passaient leurs soirées le nez dans les ordures à trier leurs poubelles... leurs fistons... enfin ceux qu'ils avaient pas butés à la naissance, fumaient des plantes hallucinogènes et bouffaient des champignons qui l'étaient pas moins en se trémoussant comme des sauvages tout le véquende alors qu'ils avaient des hectares d'un magnifique tabac meilleur que du Havane qui poussaient tout seul mais que les sorciers avaient déclarés tabous ! 
    Non rien de respectable là-dedans !
    Moi pour les faire changer je leur ai préparé la rouste du siècle j'ai fait monter la pression avec une tribu des bords du lac : les indiens Braouzec c'est des marins de la montagne, c'est dire s'ils ont du poil aux dents, mes bonshommes ils ont voulu jouer les caïds et ils se sont fait torcher dans la largeur, il a fallu se calter recto et j'ai établi le village ici, mais les règles c'était moi qui les donnait, le culte du mou finito...
    -Et alors ?
    -Alors ils se sont mis à chier dur !

     


    Je compris alors qu'il me fallait pour sauver la civilisation Chochotptiméque la débarrasser de la funeste influence de cet apôtre de la franchouillardise la plus repoussante.
    -Mais vous n'avez pas envie de revoir votre épouse ?
    -Ah tiens elle vit toujours cette conne ?
    -Elle a milité toute sa vie, c'est une femme remarquable, une combattante, une...
    -Une emmerdeuse ! Quelle chieuse ! Pour ça que je suis pas revenu en 58 ? A l‘époque elle était stalinienne plein temps ! Qu'est-ce qu'elle a pu m'emmerder avec sa conscience de classe celle-là !

    -Et revoir votre village natal ? Vous avez encore de la famille...
    --Ah je dis pas revoir Saint Gonfflant c'est tout à côté de Ploermel ! De là que je viens. J'y ai encore ma sœur, le beau-frère... Mais d'un autre côté il paraît que ça a bien changé le pays, le père Gondelec qui vient le dimanche pour la messe, lui qui a succédé au père Laviole... ouais je te disais y me rapporte des Paris-Macheux, ça me fait plus tant envie la France ! Cela ressemble plus trop à rien hein ?
    -Le progrès des esprits et la modernitude.
    -Si je comprends bien ici y faut pas toucher aux traditions mais là-bas y faudrait les piétiner et chier dessus ! Pas logique ton truc mon p'tit pôte... Jacky remets-nous ça c'est le CNRS qui paye !
     
     


    A force d'intrigues administratives et par des moyens aussi détournés que compliqués (Jacky le fils du sorcier me prêta son téléphone portable) je parvins à éloigner Choupard du village et à le faire rentrer en France.
    Si tous les habitants vécurent son départ comme un déchirement je compris très vite que je possédais en Jacky un allié fidèle et tout dévoué à mes desseins qu'il partageait d'enthousiasme : remettre la civilisation Chochotptiméque sur les rails millénaires qu'elles n'aurait jamais dû quitter, lui faire retrouver ses usages, sa fierté, ses traditions.
    Jacky me montra les dépôts clandestins de son père où le vieillard nostalgique avait remisé appareils à battre le mou, pése-couilles ornés, tronquezobs sculptés et couteaux à égorgement, des objets magnifiques et qui témoignaient encore de la... oui de la vitalité de la civilisation Chochotptiméque.
    Après quoi il reprit son véritable nom : Pédzoltec ce qui en Chochotptimec veut dire : le fils de celui qui nous casse les bonbecs.
     


    Puis peu à peu après nous être débarrassés des zélateurs les plus bruyants du père Choupard par quelques sacrifices humains bien spectaculaires en praïme taïme  de soirée nous imposâmes le retour aux traditions les plus remarquables de la civilisation Chocotptiméque et en particulier le tri des poubelles, rite initiatique s'il en est et qui marque le passage de l'homme adulte au con manipulable.
     



    Après quoi et afin de faire taire les dernières réticences nous décidâmes avec Jack... pardon Pedzoltec d'attaquer une tribu voisine, les Guilvinecs du haut plateau. Malheureusement ils étaient en train de regarder le foot à la tévé quand nous arrivâmes à poils tout repeints en guerre et la lance à la main et rendus furieux par notre intervention, peut-être un peu précipitée, je le concède, à tout le moins intempestive,  ils se mirent en colère et nous repoussèrent avec leurs fusils de chasse Blazer full chokes.
    -La prochaine fois on regardera le programme tévé avant ! Concéda Pédzoltec qui parlait  et saignait du nez maintenant comme un vrai chef.
     

    A la suite il y eut des plaintes et il nous fallut fuir la policia en s'enfonçant dans la jungle, les vivres manquèrent, nous bouffâmes les nouveaux-nés et nous allions entamer nos provisions de belles-mères, mais alertées sans doute elle aussi par la tradition orale elles s'enfuirent dans des grottes dans la montagne.
    Nous nous réunîmes avec Pedzoltec et deux  guerriers :
    -Ce qu'il faudrait maintenant pour redonner le goût de se battre aux guerriers Chochotptimecs ce serait...
    Mais j'avais deviné sa pensée et je l'approuvais :
    -... un bon plat de mou !
    Et il m'assomma trés proprement avec sa hache en pierre.
    <o:p> </o:p>
    Quand je me réveillais les femmes avaient sortis les appareils à battre le mou et je barbotais dans une marinade très épicée et odorante, une certaine exaltation me gagnait et me réchauffait le coeur, à moins que ce ne fut le bouillon que l'on avait allumé sous ma marmite en terre foulée, je parvins néanmoins à murmurer encore à Pédzoltec venu recueillir mes dernières paroles car telle était la tradition :
    -Surtout... surtout pas de bouquet garni dans le plat de mou... c'est une invention de missionnaire !
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    Fin des observations.
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