• 12.bis
    Garni diplomatique.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Le Consulat Général se trouvait sur le port de La Ponche dans un vieil hôtel particulier d'armateur que Walter Chéchignac avait rénové avec adresse et un bon goût suranné, on se serait un peu cru dans l'un de ses films français de qualité bourgeoise des années cinquante. Las Islas Bravados y Perditas pouvaient être fières à bon droit de leur représentation en France.
    Il y avait une antique dactylographe posté derrière une machine à écrire Royal hors d'âge. Tout en tapant à deux doigts faiblards, et en remontant ses lunettes qui pendaient sur sa poitrine creuse, pour vérifier sans cesse sa prose, elle faisait aussi la police parmi les quelques ressortissants bravadiens échoués sur les canapés de cuir. Quand j'entrais elle tentait de chasser la fumée qui avait envahi la pièce en ouvrant en grand les hautes fenêtres :
    -Stoppa la fumita ! Je ne le répéterais pas deux fois, cela devient invivable ! Ah Dona Chupita a bien raison : quelle race infernale!
    Les autres se marraient.   
    -Et vous là !
    Elle s'adressait à moi comme une vieille institutrice d'antan aurait fait avec un cancre connu de ses services.
    -Vous n'êtes pas un représentant j'espère ? Son Excellence reçoit les contrebandiers en tournée, les trafiquants assermentés et les représentants en articles d'importation seulement le Jeudi .
    -Non madame je...
    -Mademoiselle !
    -Pardonnez-moi Mademoiselle je, je suis un... un ami de son Excellence, il m'a dit de venir le voir.
    -Vous avez rendez-vous donc il va vous recevoir, c'est bien... c'est bien assoyez-vous... je vous appellerai... votre nom?
    -La Gaspèrine.
    -Quelle classe ?
    -Euh... 6° B4... je redouble.
    -Tachez de travailler cette année. Je  ne vous conseille pas de voisiner avec toute cette pouillerie ou vous allez attraper de la vermine...
    Elle sortit une bombe désodorisante Brizznet de l'un de ses tiroirs et nous vaporisa en abondance de « senteurs du soir des îles caraïbes » qui tiraient plutôt sur le parfum de vécés collectifs, après quoi elle actionna un interphone qui devait sans doute marcher encore au charbon .
    -Mon petit Valter ton camarade est là... très bien je le fais entrer... oui, oui, je leur ai préparé leur petit goûter à ces vauriens... et toi tu ne veux rien prendre... je t'ai acheté des pains-z-au chocolat... bien comme tu veux... vous pouvez entrer. 
    Dans le même temps où elle me désignait la porte, je la vis sortir d'un placard des brioches au sucre, des barres de chocolat Milka et des bonbecs et commençait la distribution aux fumeurs hilares.
    -... trois par personne... ah ne commencez pas à chercher à me filouter ! Décidément des voleurs de poule voilà tout ce que vous êtes tous...
    <o:p> </o:p>Le bureau de son Excellence impressionnait par sa taille et sa hauteur de vue, des fenêtres on pouvait découvrir tout le port de la Ponche en plein labeur et plus loin l'océan passablement désœuvré. Aménagé dans le style quatrième république prospérante de meubles lourds et ministériels, l'on s'y sentait bien et surtout étonnamment à l'abri.
    Aux murs étaient accrochés des fresques stalino-roboratives représentant les principales réalisations en génie civile de ces dernières années « en Las Islas Bravados y Perditas », les barrages de Las Hermanas Nicas et d'El Gondolfo Coronito renommés pour leurs fissures géantes, un révolutionnaire pouvant y tenir debout sans retirer ses cornes, l'autoroute traversante A Uno y Basta, interdite au public, le Pont suspendu sur la Pelada y Gratos qui présentait de visibles signes d'affaissement et l'Usine de retraitement d'huiles lourdes de las Coyones actuellement en plein retraitement pour malfaçons congénitales. 
    -Bonjour La Gaspérine, l'air de Paris vous réussit, vous avez pris des couleurs !
    Il n'avait pas tout à fait tort je devais le reconnaître. J'étais allé à Paris pour obtenir des éclaircissements et des encouragements, je les avais obtenus et au delà et j'en revenais pleinement satisfait et rasséréné.
    A ce moment Mademoiselle entra comme une petite souris, elle trotta vitement à travers la grande pièce, déposa sur le bureau deux pains-z- au chocolat et repartit sans un mot.
    -Elle a de la suite dans les idées votre secrétaire. Elle vous aime bien, je crois, elle vous admire.
    -Mademoiselle de Plombelec ? Oui sans doute, c'était mon institutrice, elle m'aime bien mais pour l'admiration voyez plutôt Dona Chupita, c'est son héroïne.
    -Votre gouvernante est de là-bas m'a-t-on dit ?
    -Elle descend en droite ligne (de pêche) de l'amiral Chupito y Gomez héros de l'indépendance de Las Bravados y Perditas, qui à la suite d'une fausse manœuvre coula dans le port de Las Perditas son chalutier de combat empêchant pour partie le débarquement des troupes amenées par la flotte monégasque à fins de réprimer, dans le sang bien évidemment, l'héroïque insurrection du F.L.B, Front de Libération Bravadien. Selon les décomptes de l'institut Révolutionnaire de la statistique la répression colonialiste fit 79685 morts.Un pain-z-au chocolat mon cher ?
    -Oui, oui merci. Qu'est-ce que la flotte monégasque vient faire là-dedans sccroutch ? Interrogeais-je un peu surpris mon pygmalion, le cher Valter doncque.
    -Mais ami La Gaspérine, las Islas Bravados y Perditas était la seule colonie monégasque répertoriée. Lors du vaste mouvement de décolonisation et de libération des peuples c'est donc son aïeul qui fut couronné père de la patrie et en fit une démocratie populaire, réussissant dans la même semaine à diviser le niveau de vie par quatre-vingt-quatre, à doter dans les mêmes proportions sa fille unique et à faire lance-pierrer (ils n'avaient plus les moyens de fusiller) 79685 réactionnaires, que voulez-vous il était d'une nature comptable.
    -Non pas possible ?
    -La vérité diffère quelque peu de l'histoire officielle, la  flotte monégasque ne se composait que d'un navire océanographique commandé par le commandant Coustard, il s'était échoué en matant de trop prés des baleines bleues en pleine partouze estivale,  la  répression du pouvoir colonial fit seulement trois blessés légers, des gardes monégasques qui s'étaient reçus des pots de géranium dans la figure, là-bas, dans les cas d'émeute on ne dépierre pas les rues, on ne  lance pas des pavetons, on dégarnit les balcons et on balance des pots de géranium.
    -Chaque pays a ses traditions et elles sont toutes respectables.
    -Sur injonction du Prince Rainier régnant, le vice-prince délégué, l'adjudant Pierrot Bavallo signa l'acte d'émancipation et depuis le bonheur règne là-bas en même temps que la nostalgie monte. Au marché noir le Paris-Match coûte une petite fortune.
    A l'époque tout fut nationalisé, la société des bains de mer aussi bien que les matelas de plage; les night-clubbers, les putes, les plagistes et les milliardaires furent dorénavant nommés en conseil des ministres, l'avortement fut autorisé jusqu'à la quatre-vingt-septiéme année suivant la conception et l'euthanasie dés l'avant-veille. La réglementation fit des progrès fulgurants, aujourd'hui encore vous en pâliriez de jalousie mon cher, la respiration est rationnée, l'asthme ou plutôt les asthmatiques vaincus... Le progrès règne partout quoique la population stagne en bouffant des racines de coromel...
    -De... de Coromel ?
    -C'est une plante indigène, avec une crème brûlée, c'est divin! Malheureusement il n'y a plus de crème, et le feu même est contingenté.
    -Mais comment fait-on ?
    -On bouffe froid.
    -Et c'est ce pays que vous représentez ?
    -Ma foi il me semble, mon cher, que vous souhaitez en représenter un autre qui n'est pas moins fautif et ne montre pas autant de franchise, alors tant qu'à jouer à un jeu de con... 
    -Mais quand même la population ne fait rien contre un tel régime et ce tyran d'Adamsen Pinocevic de sinistre renommée ?
    -Pinocevic n'est point un tyran c'est un démocrate transgressif.
    -Pardon ?
    -Ils sont allés plus loin que vous et vos collègues, n'en soyez pas jaloux mais c'est un fait, vous êtes d'accord que la transgression est l'un des moteurs du progrès social et que sans vos grands ancêtres transgresseurs de 89 nous serions encore en monarchie autant dire dans les ténèbres et jamais quiconque n'aurait eu l'idée de se déplacer dans un véhicule automobile, s'élever dans les airs ou même inventer la pomme de terre?
    -Sans doute... oui sans doute...
    -Et bien Pinocevic transgresseur de la démocratie n'est simplement qu'une manière de créateur d'avant-garde, un démocrate cubiste si vous voulez, et si parce qu'il pratique la démocratie non-figurative vous l'appelez un tyran, je dis: attention au conformisme petit-bourgeois mon cher.
    J'étais ébranlé, quand même dans n'importe quelle soviet de maternelle française, le seul nom de Pinocevic révulsait les âmes simples de nos institutrices même les moins militantes et faisait lever du pot la jeune garde, ne disait-on pas qu'il avait même osé profaner des stades de foutebôle en y parquant des opposants dans les débuts de son régime militaire .
    -Mais... mais... mais...
    -Vous partez pour l'alpage ?
    -Mais c'est un régime  despotique ?
    -Ce n'est pas n'importe quel régime despotique c'est « le » fameux régime dissocié despotique : une alternance de médiocrité fanatisée et de monstruosité familière, mi-ogre, mi-bon papa, les gens aiment bien ça : qu'on leur tienne la main même si dans le même temps on leur serre les couilles au bleu : « Quand la merde monte dans l'étable la chaleur aussi », c'est l'un des dictons préférés de notre Maréchal Président Trou du cul à vie.
    -Vous voulez dire qu'il existe une réelle solidarité entre...
    -Je veux dire que chacun est le flic de chacun et vice-versa et puis leurs pratiques sociales sont d'une grande... « modernitad », d'ailleurs j'ai abonné le nouveau premier ministre Arrivistos Filandrosos, un technocrate d'origine indubitablement grecque, un peu dans vos tailles d'ailleurs, à votre estimé bulletin du Cercons, il en fait son miel croyez-moi, tenez, il y a peu, à la télévision, sur la Una j'ai assisté à ce qu'ils appellent une exécution sociale thérapeutique, le grand succès d'audience du samedi soir, le condamné, pardon le sociopathe récurrent, n'est plus exécuté au petit matin mais à la fin du journal télévisé, un travailleur social, le plus souvent un psychologue-barman souriant et avenant, vient lui proposer de lui parler de sa petite enfance, et à la fin de l'entretien il lui offre de prendre un Daïquiri Lithique ou de regarder le feuilleton social de la Una...
    -Et alors ?
    -Ils choisissent toujours le Daïquiri fatal...
    -L'alcoolisme sévit donc tellement sur vos îles ?
    -Il sévit moins que les programmes tévévisuels, eux rigoureusement imbuvables.
    -Mais enfin je ne sais pas il y a bien une opposition ?
    -Tout à fait elle est retranchée dans l'extrême centre-est du pays : la Sierra Bogart, de temps en temps quand les récoltes de leur fumette locale la Chuma, baissent ou que les prix du marché chutent ils tendent quelques embuscades aux milices gouvernementales ou mènent quelques actions d'éclats au accents viriles de leur chant de combat, le fameux : « Mi rompa los bonbones ! » Mais très vite il y a des négociations, discussions, création de sous-commission, rapport d'étape, parce-qu'ils ont  braisé tout vivants quelques technocrates ils s'estiment encore des hommes et on leur vote en retour des subventions et des droits à prîme et ils se réunissent tous en cercle pour entonner le « Vamos a ganar » c'est l'hymne national un Te Deum d'Artistico y Gomez sur lequel on a calé des paroles esotérico-foutebolisantes.  
    -Et Dona Chupita Bonita y Gomez ?
    -Elle est l'âme de la révolution anti-révolutionnaire... calculez pas ça chiffre tout de suite là-bas.
    -Et vous ne craignez pas que l'on sache qu'elle est réfugiée chez vous ?
    -Mais tout le monde est au courant, notre Maréchal Président pot de chambre à vie lui fait verser une pension de Chef de Bureau Honoraire de l'Agence Révolutionnaire pour l'Emploi, il fait suivre son courrier ici et il paye même sa carte naranja tres zonas quand elle retourne au pays pour y mener des actions clandestines, et quand elle lui téléphone d'ici il accepte tous ses PCV. Il adore quand elle l'insulte.
    -Elle paraît d'une nature paisible pourtant ?
    -Vous plaisantez. Tenez pas plus tard que la semaine dernière quand il a fait passer sa loi sur la consommation autorisée de viande de nonne pendant les périodes de congés payés afin de permettre de mieux reconstituer les forces du prolétariat utile, eh bien que croyez-vous qu'elle fit : elle a confectionné une bombe très étonnante avec des boulons de 12, du permanganate azoté et plein de bonnes choses trouvées dans mon garage, une vieille recette de passionaria, qu'elle a faite bouillir trente-six heures à feu doux et adressée en recommandé au palais présidentiel, il y a eu quatre-vingt seize morts au service du courrier, le Président a tenu à la féliciter par téléphone et à lui annoncer lui-même le strike vainqueur. Elle l'a traité de burrito, d'encoulado, de couardito, de morvito et même... d'empéchado, la pire des insultes pour eux, mais et c'est bien là la preuve de son humilité foncière elle a reconnu que cela n'avait pas été si difficile étant donné qu'ils étaient en sureffectifs flagrants dans les services postaux de la présidence comme partout là-bas dans l'administraçion révolutionnaire. N'est-ce pas que cette modestie est admirable ? 
    -Mais... mais ... ils sont donc tous fous là-bas... et d'abord  qu'est-ce que c'est  que cet Adamsen Pinocevic ?
    -Le taulier... ah c'est une nature le fils Pinocevic, le papa avait fait fortune dans le sanitaire de couleur pour la classe moyenne métis, un très brave homme d'ailleurs, le fiston est devenu marxiste à Portofino, sa Porsche a eu une panne, il est tombé sur un agent de la marque indélicat, et c'est comme ça qu'il a perdu la foi dans les valeurs de l'occident soit pour l'essentiel le service après-vente, il est rentré chez lui, il a pris le pouvoir et il a nationalisé toutes les concessions autos mais depuis quelques années il s'est converti au libéralisme, la grâce lui est tombé dessus au milieu d'une réunion Tuppervouaire...
    -Qu'est-ce que vous racontez là ?
    -Oui le premier ministre uruguayen organisait des réunions Tuppervouaire dans les années 90 lors des sommets internationaux. Un moyen de se faire un peu de gratte.
    Aussi sec il est devenu représentant Tuppervouaire exclusif pour las Bravados y Perditas et depuis tout le monde là-bas organise des réunions et s'y repasse des boîtes alimentaires alors que personne n'a plus rien à y mettre dedans.
    Signe qu'il a recouvré la foi il m'a même autorisé à ouvrir une concession Ferrari à La Bravade.
    -Ferrari ? Il est rancunier. Et cela marche ?
    -Je n'ai qu'un client mais un gros, vous devinez lequel.
    -Quel imbécile !
    -Oh non ce n'est pas un imbécile, plutôt un mélange de politicard démagogue et rural genre troisième république, de psychopathe bavard et emmerdatoire, de branleur marxisto-freudien et de chanteur de charme entraînant. Je vous le présenterai, c'est toujours une rencontre... nourrissante et il se peut montrer un fort joyeux compagnon quand il le veut bien.
    -Et vous vous flattez de son amitié ?
    -Concedo...Il faut vous dire que j'étais dans la Porsche sus-mentionnée quand elle est tombée en panne, il m'avait pris en stop alors que j'avais la police italienne au train, on a tenu trois jours retranchés dans la concession Porsche, au matin du quatrième jour on a forcé le destin et réussi une sortie en Vespa 400 Abarth.  Forcément cela crée des liens.
    Mais je n'écoutais plus ce qu'il me disait, je cherchais une explication, la plus rationnelle possible.
    -La Vespa ? Oui... oui sans doute c'est très amusant, moi mâme j'en ai une à Paris... mais quand même j'essaie de comprendre... ou alors c'est la drogue cette Fuma Chuma qui rend fou et tient tout l'édifice ?
    -L'édifice mon vieux il y a beau temps qu'il est par terre et que chacun vient y ramasser des pierres ou un bout de tôle pour aménager son terrier... quant à la Fuma Chuma elle a surtout des qualités aphrodisiaques.
    -Elle se fume comme le cannabis ?
    -Non, elle, elle se fume par tous les trous aussi bien en suppositoires que par les oreilles ou dans les trous de nez, il suffit voyez-vous d'en rouler une feuille très serrée de se la caler dans l'un des orifices sus-mentionnés, d'y mettre le feu et la fumigation vous envahit. Pour quoi il est conseillé aux plus assidus qui en arrivent à se calfeutrer tous les trous, pour s'éviter les courants d'air dans le cerveau, de ne jamais s'asseoir non plus que de s'endormir pendant « una fumita ».
    <o:p> </o:p>Le téléphone sonna, et oui il sonnait encore ici, quel bonheur  que de retrouver dans un livre de telles clarines provinciales annonçant que papa sera en retard pour le dîner et que belle-maman l'attende pas ou que le monsieur du garage dit que la traction avant est réparée.
    Walter Chéchignac décrocha et commença une conversation en espagnol à laquelle je ne comprenais rien, ayant fait Deutsch fur Unter Menschen en première ligne... je veux dire en seconde langue.
    J'allais jusqu'à la fenêtre afin de contempler les vastitudes océaniques et me goberger de pensées dans les tons. Il y avait une fort belle longue-vue de marine en cuivre astiquée, postée à demeure devant la fenêtre.
    Le soir venait, démesuré, flatteur, et les pêcheurs de moules rentraient bredouilles de la chasse aux crevettes, au fond de moi je ne pouvais m'empêcher de penser :
    « Quand même quel pays aux traditions attachantes et qui en même temps ne craignait ni ne réfutait la « modernitad », je veux dire la modernitude ! Après tout ce devait être fortement énergétique la viande de nonne, pourquoi ne pas en servir dans les cantines scolaires ? Il faudra que je demande au Cercons la réunion d'une commission d'experts sur le sujet.»
    Après cette bonne résolution et quelques autres réflexions assorties, je mis l'œil à la lunette d'approche et observait la vie des quais.
    A l'autre bout du port sur le quai des Brunes une fumée noirâtre montait comme d'un caboteur forceur de blocus... oui sur le Quai des Brunes ma permanence brûlait... (à suivre...)
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  • Momo dealer chauffagiste par G.M.Néoletto 2/2

         « Pouacre » j'ai enfin trouvé c'est Monsieur El Kawa qui avait fait des études de littérature française à l'Université d'Alexandrie qui m'a expliqué que ça voulait dire « vilain » ou moche pas reluisant, dans tous les cas c'est très péjoratif enfin... c'est... 1.64 la bouteille de Fanta ! »

    C'était... c'était cher ! Mais bon à partir de ce jour plus rien n'a marché comme avant, et les emmerdes se sont accumulées, d'abord il y a eu le drame que tout le monde se souvient, je résume Shubiduwa et Kéboniako deux pôtes à moi, des concurrents mais des pôtes quand même, deux revendeurs de Katoub enfin qui étaient en train de dealer tranquilos de la coke prés de la piscine à la sortie des scolaires et v'là pas que des flics débarquent comme ça sans prévenir, personne les avait invités pourtant, Shub et Keb y se taillent vite fait pour aller planquer la recette et la marchandise, là où ils la mettaient d'habitude dans le local du compacteur à poubelles y sont bien peinards et attendent que les keufs se barrent quand ce con de Menendez le gardien portugais, se rappelle d'un coup le trou dans la couche d'ozone et son devoir citoyen, enfin les couenneries qu'on sert aux petits blancs pour leur anesthésier les gonades et qu'y se tiennent tranquilles, et ce con de portos il actionne le compacteur, un machin de quatre tonnes que la mairie avait installé rapport au développement durable et tout ça.

    On imagine la suite. Compactés qu'ils ont été les copains,  tout ce qu'on a retrouvé c'est deux cubes bien ficelés avec leurs casquettes sur le dessus. On aurait dit ces trucs, mais si les prix: les césars qu'on remet aux acteurs.  Et tout ça à cause de ces salauds de schmitts alors là ça a été l'explosion. Vrai les Mokrani ils étaient indignés, ils avaient pas envie non plus de voir débarquer des cars de flics à chaque fois qu'il y avait un anniversaire dans la Cité.

    Alors on a tout niqué : le stade, la salle omnisports, la Glandothéque, la Branlothéque, la Smurfothéque, la Pornothéque, la Murothéque, la Tournantothéque, le dojo olympique, la piscine à vagues, la patinoire d'altitude, l'échangeur de skate 12 pistes,  le parcours de golf 32 trous et retour, le terrain de cricket en ray grass du Sussex, la grande roue et son parc d'attractions, même ... vrai on dormait plus, et le jour ces cons de pompiers qui faisaient un boucan du diable pour venir éteindre qu'on pouvait même plus se reposer l'après-midi, alors on leur a itou cramé la casernothéque.

    Enfin quand même le maire et le préfet ils sont venus voir l'imam Meklouf le louf pour qu'il balance une fatwa et que le calme revienne et il a posé ses conditions : plus jamais de flics et le jour de la mort de nos pôtes commémoration officielle avec les représentants officiels... en slip et surtout plus un portugais (c'est tous des racisses) et plus un greffier dans la cité, ça lui était pas passé y faut croire sa haine des chats.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Et un mois après ils inauguraient avec le préfet la stèle sur le compacteur à poubelles mais aussi sec la stèle elle a été pulvérisée pasqu'il fallait bien compacter malgré que c'était jour de commémoration. Alors le député-merde a dit  qu'on pourrait peut-être la mettre ailleurs pour éviter d'en acheter une trop souvent et tout le monde lui a gueulé après pasque c'était là qu'on la voyait  et qu'on avait bien compris qu'il voudrait bien qu'on la voye pas pasque sans doute que ça lui rappelait la colonisation et l'esclavation et tous les trucs que ces salauds de français ont fait comme d'attaquer la Pologne en 39.

    Le maire il a dit qu'il nous comprenait et qu'il était solidaire, et d'arrêter de taper et qu'il en payait une autre et que c'était sa tournée de stèles. Et il en a commandé une douzaine, il tremblait de partout mais surtout des genoux. Et on lui a exigé pasqu'il y avait la tévé qui tournait (des journalistes de France 3 Basse Meuse en stage à Quimper) des équipements pasque c'est vrai il y avait (plus) rien et que c'était un scandale de nous traiter comme ça pire que des bêtes. Et Katoub qui s'était élu représentant démocratique de la Cité et délégué des jeunes–t-en colère (malgré ses 48 balais) il a demandé qu'on agrandisse immédiatement les caves (il avait un arrivage prévu de quinze tonnes direct de Medellin et il savait pas où le garer).

    Ça l'a surprenu le préfet il a dit :

    -Ah tiens don' et pourquoi don' ?

    -Pour...pour pratiquer notre foi ! Il a répondu vachement digne Katoub.

    -Mais mon garçon il y a une mosquée de 16000 m² en construction dans le quartier, avec tous les équipements prévus : bibliothèque coranique, salon de thé coranique, stand de tir coranique, simulateur de vol coranique...

    -Mais ça n'a rien à voir !

    -Bien... bien ... comme il vous plaira... monsieur le maire vous notez : vous m'agrandirez les caves...

    -Mais ça va nous coûter une fortune monsieur le préfet et puis j'ai déjà mon projet de tramway à gazogène rapport au plan inter local de développement durab'qui...!

    -J'ai des ordres de Paris. Je vous ferai avoir une subvention de Bruxelles au titre du respect des minorités et de la lutte contre la tremblante ... de l'élu...

    La tremblante de l'élu... personnellement moi j'aurais abattu tout le troupeau !

    <o:p> </o:p>

    Enfin depuis chaque année il y a une cérémonie avec toutes les personnalités locales, y vient même des parisiens et des chantrices et des acteuses la coke de quimper c'est une spécialité et y nous vident le stock, tout le monde vient voir l'inauguration puis la pulvérisation  de la nouvelle stèle su' le compacteur c'est devenu une tradition.

    Là-dessus Katoub me dit :

    -Dis donc Momo t'es bien chauffagiste ? T'en connais un bout  sur les chauffe eau alors ?

    -Ben ouais Katoub pourquoi ?

    Et y me dit qu'il y a la la vieille Mémé Mokrani qui veut pas retourner à Casa dans la villa qu'il lui a achetée  pasque là-bas ils passent pas les Feux de l'amour, elle a plus de chauffe eau et il veut lui en payer un neuf :

    -Alors tu lui  prends le meilleur et tu lui installes !

    Difficile de refuser un truc à ce mec là, c'est un dominant comme disent les flics, un mordeur depuis la maternelle. Alors je suis allé à Castorama et j'ui ai pris à la mémé un Chaffoteaux & Maury X7B8500 full options, le vendeur m'a dit que c'était la Rolls des chauffe-eau et que d'ailleurs le roi du Maroc il avait le même.

    <o:p> </o:p>

    Ah on peut pas dire je lui ai soigné les soudures à la vieille, vrai j'en ai chié, une semaine j'ai passé dessus, j'ai fait de mon mieux mais y faut croire que l'autre connard m'avait vraiment foutu la poisse ou que chauffagiste c'est plus costaud que dealer pasque le lendemain de l'installation quand elle a voulu le mettre en marche  la vieille, ça lui a pété à la gueule et rasé tout l'étage. Depuis j'ai  Gaz de France et les Mokhrani au cul !

    Moi je le dis artisan c'est vraiment difficile en ce moment.
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  • 12.
    Du progrès sexuel et tout ce genre de choses.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>La vie s'organisait chez Dartemont Sœurs, selon les pires prévisions de Walter Chéchignac et à mon grand amusement, ces dames avaient décidé de mettre en place une manière de tour de rôle à fins de s'initier aux finesses du métier sous la bienveillante et paternelle autorité du Chef ‘von le Gueuzec, la fin de semaine les voyait s'activer concurremment au milieu de leur descendance et ce n'était pas toujours le moins réjouissant tant elles montraient des caractères opposés et secrètement complices.
    Dartemont-Belcourt avait pour elle sa vitalité entraînante, des goûts anarchistes et une ingénuité aristocratique et lumineuse que Walter Chéchignac, lui avait tout de suite comptée pour de la grâce.
    Elle ne se séparait jamais de ses garçons qu'elle appelait « mes Louis », parce qu'ils étaient tout son or et portait chacun un prénom commençant par Louis : Louis-Hubert, Louis-François, Louis-Edmond, Louis-Germain et Louis-Jacques, comme les quatre mousquetaires ils étaient cinq et turbulaient comme douze, quand on les croisait on avait toujours l'impression qu'ils venaient de brancher un voisin ou de prendre quelque cousin conspirateur en croupe tant ils fomentaient de bruits et d'agitation.
    Elle aimait ça de faire des mômes avec son gilet de laine qui montrait donc de l'astuce et de l'application ailleurs que dans ses expériences de chimie amusante.
    A noter que Walter Chéchignac bégayait comme un puceau en sa présence, il n'était pas difficile de deviner qu'elle lui faisait grosse impression, pour ma part je m'imaginais mal me consumer d'amour et de désir pour une mère de famille multi- récidiviste et trentenaire, je l'avais plaisanté une fois là-dessus, il me répondit avec douleur:
    -Vous pratiquez les filles c'est entendu, mon petit vieux, mais êtes-vous bien sûr d'aimer la femme.
    -Bien je crois oui. Dans tout les cas je ne suis pas attiré par les garçons si c'est ce que vous voulez dire.
    -Fille ou garçon, cette engeance tutoyante, sincère comme le mouton et asexuée m'indiffère de plus en plus. Je vous parle de la femme de haut-bord pas de vos vide-couilles de port... ou de bureau. Je vous parle de la vraie femme, la seule, celle qui sacre et exauce un destin, pourquoi j'ai le plus grand  respect pour les putes à julots et les épouses et mères.
    -Cela n'a pas toujours été le cas.
    -Pour se persuader de la force du feu il faut s'y être brûlé la main.
    -Et... et le progrès sexuel... et l'égalité des sexes vous vous en fichez bien.
    -Je vous l'ai dit c'est là une toute autre discipline où l'on ne traite pas d'égal à égal mais de puissance à puissance.
    -Et son destin à elle ?
    -Mais mon cher, la femme n'a d'autre destin que de nous dispenser d'avoir à exister. Bonne lunaison La Gaspèrine.
    Et il s'éloigna au pas de son père.
    On comprendra que par la suite, et en partie par superstition, j'évitais le sujet.
    <o:p> </o:p>Dartemont-Chambeulac, quant à elle, usait avec son époux de l'ustensile commode d'un conformisme bourgeois, prétentiard, contemporain et portable, sans doute avait-elle aussi moins d'instinct que sa sœur, même si elle paraissait plus salope sinon mieux exercée. Elle avait deux filles jumelles d'une quinzaine d'années qui étaient déjà deux estimées petites garces.
    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Par curiosité j'avais volontiers accompagné le Chef ‘von le Gueuzec quelques fois dans ses enquêtes mais ce jour-là, un samedi donc, ils nous avait conduit dans sa camionnette de fonction jusqu'au marché de La Ponche. Là, j'avais commencé de distribuer des tracts aidé en ce par Marie Berthalot qui tenait ma permanence inaugurée de peu du Quai des Brunes, une ancienne poissonnerie qui avait conservé toute son haleine et que j'évitais donc le plus que je pouvais.
    Avec nous il y avait aussi son mari La Rincée, le gros pue de la gueule de l'autre fois qui était sensé nous apporter un soutien défensif mais se borna très vite à aller poser ses fesses à la terrasse du Bar Tabac du Marché et à se foutre de moi en buvant force anis.  
    Il faut avouer que je n'étais pas trop convaincant en militant de base et alors que la Berthalot plaçait ses dépliants sans demander leur consentement aux passants, elle en fourrait dans les cabas, les sacs, les poussettes et jusque dans la bouche d'un retraité des services publics qui voulait apporter la contradiction :
    -On en discutera plus tard quand tu l'auras bien chié pépère ! 
    Je n'osais, quant à moi, trop balancer mon programme, je crois bien que j'avais honte.
    -Bon, bien j'ai une petite affaire à régler, je viendrais vous reprendre à la fin du marché. Vint nous avertir le Chef ‘von le Gueuzec.
    Il avait à se rendre à l'hôpital de La Ponche pour y rencontrer l'un de ses amis, le grand médecin légiste parisien Maurice Maurin-Pointard en charge d'autopsier le corps de la femme retrouvée dans le piano de Mademoiselle Br... La famille de Van Der Meuh se méfiait de la justice français aussi avait-elle confié la charge d'une enquête circonstanciée à Dartemont Sœurs.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>   Le chef ‘von le Gueuzec arriva à l'hôpital juste pour le dessert et quelle ne fut pas sa surprise en voyant dans  la salle d'anatomie les deux filles de Dartemont-Chambeulac qui contemplait le spectacle en mangeant à deux une glace à une boule (Hulme de Chambeulac comme tout bon bourgeois parisien présentait tous les signes d'une avarice chronique  infectées de solides principes éducatifs) et en passant les instruments à l'officiant.
    -Salut Maurice qu'est-ce qu'elles font là les gamines ?
    -C'est ton patron qui est passé tout à l'heure...
    -Mon patron ?
    -Ouais une grande couenne... l'air couenne... qui dit des couenneries...
    -Ah je vois oui.
    -Il m'a dit qu'il avait préféré se déplacer en personne plutôt que d'envoyer un subordonné.
    Il a tenu trois minutes après il a gerbé son petit déjeuner et il est allé prendre un café aux lavatories.
    -Et les gamines ?
    -Il me les a confiées...
    -Quand même tu trouves ça décent ?
    -Laisse elles apprennent la vie, elles sont en âge.
    -Non je veux dire de les obliger à se partager une glace. Je vais aller leur en chercher deux autres... Et le type avec le blazer et la casquette là-bas dans le coin ? Qu'est-ce qu'il a il est puni ?
    -Lui c'est le mari... belle femme... une américaine... plus toute jeune... mais avec du pognon...
    -Tu vois ça à l'état des boyaux ?
    -Pauv'con, je vois ça au yacht bleu dans l'avant-port, c'est à eux, enfin c'était à elle... léger diabète, trois... non quatre liftings, lippo-succions, curetages...  On compte p'us, rapport sexuel dans les six heures avant l'immersion... l'eau de mer c'est détersif mais j'ai encore bon oeil... 
    -Sexuel ! Se marraient les gamines.
    Hulme de Chambeulac passa la tête dans la porte, il était mieux assuré :
    -Ah ça va mieux, bonjour Fonne Le Gueuzec (Il prononçait à l'allemande).
    Il souffla sur son café, regarda la table de dissection où le Maurice mettait au jour un foie corrodé par le whisky et dévidait les intestins, on aurait dit qu'il préparait le cochon après l'avoir égorgé, Hulme de Chambeulac repartit en courant vers les lavatories.
    -Béance anale...
    -Anal... sluuurp ! Reprenaient les gamines sans lâcher le cornet.
    -... le pot n'était pas tout neuf, la grosse révision des 60 berges avait  été effectué récemment, marques d'électrode,  pas mal de jeu dans la direction, tendance à la dépression endogène, goût pour les opiacés, et grosse consommation de cocaïne...
    -C'est toujours le problème avec les ricaines la conso... et la tenue de route fit remarquer avant de s'éclipser, le Chef ‘von le Gueuzec, qui s'y connaissait en américaines. 
    <o:p> </o:p>Il revint avec des glaces pour tout le monde, c'était une nature généreuse, il y en avait même pour le veuf, déguisé en armateur à boutons dorés et Rolex en or massif, qui déserta enfin son coin.
    Tableau étonnant que de voir tout ces vivants léchant, touristes et badauds, leur cornet de fraise au dessus du cadavre déroulée, ouvert, préparé, paré, mariné et sans doute assassiné de cette pauvre femme.
    Le mari ramassa quelques centimètres de boyaux qui était tombé à terre, en s'apitoyant... presque:
    -Ah c'est sûr là elle marque pas trop bien...
    Il balançait les bouts de barbaque n'importe où en faisant floc ! floc ! et en s'essuyant les mains à son blazer:
    -... mais vous l'auriez connue il y a cinq ans elle avait encore de l'allure et du chien.
    -Vous... vous n'êtes pas citoyen américain ? S'étonna le... slurp... Chef ‘von le Gueuzec.
    -Béh non... Je suis de Marseille, de la Belle de Mai... là qu'on s'est connu sur La Canebière, elle relâchait, elle cherchait des matelots, son plat préférée, une luronne et même avec l'âge ça lui était pas passée... slurp... fallait voir à assurer avec Méméne... je l'appelais comme ça... sur la fin elle voulait que je l'appelle mum', son vrai nom c'était Susan Scrotom, il lui fallait de la bite sans quoi elle vous débarquait aussi sec... slurp... ‘ai tenu cinq ans mais sur la fin j'y allais sans respirer et sans trop regarder.
    -De la bite ... slurp... pouffèrent les gamines le nez dans la fraise!
    -Vous n'étiez donc pas... slurp... mariés ?
    -Ah j'aurais bien voulu, au moins pour la retraite, mais pas folle la guêpe... il faut dire que des maris elle en avait eu cinq
    -Et c'est comme ça qu'elle avait fait fortune, dans le veuvage à succursales multiples ?
    -Sûr elle épousait rien à moins de 50 millions de dollars.  D'ailleurs le dernier, le père Scrotom avait fait fortune avec The Real French Strawberry Mustard, la moutarde à la fraise j'invente pas, il est encore su' le bateau, en cale dans le congélo où il stockait ses échantillons de moutarde, il est mort à Port-Saïd, il y a quinze jours, il voulait être enterré en Normandie où il avait débarqué dans les années... cinquante... par là je crois, alors on remontait doucement, mais si vous croyez que de savoir son défunt en dessous, ça l'empêchait de baiser...  ah la... slurp...'alope !
    -La salope hi hi...
    -Bon ben monsieur le commissaire je peux y aller maintenant ?
    -Je ne suis pas commissaire mais je pense que les collègues... slurp... enfin la gendarmerie va vouloir vous interroger. Ils sont pas encore passés Maurice ?
    -Je les attends pour onze heures, je me suis dit que comme ça t'aurais le temps de faire le tour et de prendre des notes... slurp... Tiens je te passe mon rapport.
    -Merci Maurice, on se voit à ton hôtel ce soir ?
    -Avec plaisir. J'en ai des nouvelles à te raconter.
    -Je te présenterai une dame très bien... une veuve... slurp... une comme tu les aimes. Bon vous venez mesdemoiselles.
    En quittant la pièce, les demoiselles Dartemont se débrouillèrent pour soupeser les couilles du gigolo sans doute pour parfaire leurs leçons d'anatomie et en regrettant à voix haute que la viande sur pied fut si chère en cette saison.
    Il leur glissa son tarif collectivité et une main au train, une pour chacune, c'était lui aussi une nature généreuse. (à suivre ...)
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  • Permanence au Funérarium de Bagneux.

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  • 11.
    Mon programme.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Quelques jours se passèrent que j'employais utilement à dessaouler mes deux experts parisiens, ils se tenaient maintenant devant moi en pyjamas rayés, baillant et mal rasés, ils avaient oubliés tout souci de décence depuis qu'il fréquentait le petit personnel du 10/18 et maquillaient leurs notes de frais là-bas en ingurgitant quantité de liquide vaisselle millésimé.
    Nous tînmes donc une réunion dans l'un des jardins suspendus de la maison de Chéchignac, creusé dans le rocher, d'où si vous descendiez un escalier de même provenance comptant 187 marches, vous vous retrouviez sur une plage charmante complantée de genêts, de cytises, de massifs d'hortensias et de pneus de brouettes.
    -Messieurs.Vous allez peut-être enfin vous décider à vous montrer utiles et à faire ce pour quoi vous êtes grassement rétribués. Nous allons commencer par les axes de ma campagne... quels peuvent-ils être ?
    -Criez pas,  ‘mal à la tête...  Marmonna La Branlaye pendant que Martial Medpeu, ouvrait la bouche pour se délivrer d'une énorme bulle de savon.
    -Je vous rappelle, messieurs, que j'ai en ma possession certaines pièces comptables ainsi que divers documents photographiques qui risquent fort de compromettre votre avenir parisien...
    Et dans le même temps j'exhibais des photos non retouchés de leurs amours stipendiées et compulsives.
    Ils retrouvèrent aussitôt une certaine concentration.
    -Les grands axes donc...en ce moment y a qu'un truc qui marche c'est la méthode Maîtresse Helga...
    -C'est à dire ? Développez cher ami.
    -Y faut les emmerder un max, terroriser l'électeur, avant on leur promettait l'eau à la pile et le progrès pour eux et pour leurs mômes maintenant faut leur montrer qu'on les tolère tout juste, comme l'escargot. L'électeur ‘doit plus pouvoir sortir de sa coquille sinon un coup sur les antennes !
    -Y faut qu'y z'en bavent, se sentent bien merdeux... la planche à clous !
    -Ouais ouais c'est ça qu'y chialent et qu'y vous demandent pardon après vous avoir élu... la régressive intégrale !
    -C'est quoi la régressive intégrale ?
    -Rien leur passer, les culpabiliser, leur pourrir la vie, ils en raffolent... tiens on pourrait commencer par te leur foutre un tramway comme dans le temps, à la fin de l'avant-dernier siècle, sacré progrès, c'est moche, ça marche pas, ça bute du cycliste et du retraité, ça défonce les vitrines, ça coûte une fortune à installer et à faire fonctionner, rien que pour les travaux y z'ont au moins pour trois ans à se faire chier jour et nuit et je vous parle pas des embouteillages...
    -Et des interdictions et des limitations partout. Ah ouais c'est bon ça les embouteillages, on va revoir toute la voirie, tout resserrer et leur installer des giratoires inversés et des culs de sac...
    -Et des piloris sur les placettes pour ceux qu'y ramassent pas la merde de leur clébard c'est bon ça... leur faire honte...
    -Vous êtes sûrs que ça va plaire ?
    -Mais ouais y z'adorent ça qu'on leur mette la pression, ils l'ont au boulot avec le chômage, ils l'ont à la maison quand y regardent la tévé en chaussettes et qu'y se rendent compte qu'y z'ont encore un devoir de mémoire à se taper, ils l'ont avec leurs pouffiasses d'active déguisée en sergent de semaine qui te leur fout un motif... de divorce pour un oui ou un non et les engraisse aux surgelés et à l'aliment pour bétail pré-digéré... y faut qu'ils en chient aussi avec l'élu du coin, les conditionner, ‘pas qu'y relèvent la tête et après y voteront là où on leur dira de faire ou alors ils s'abstiendront mais ça on s'en fout bien, ça nous concerne pas!
    -Mais Letroncheur va appliquer la même méthode et je me ne...
    -Letroncheur c'est dépassé, c'est un romantique...
    -Ah béh tiens... ah ça alors je n'avais pas remarqué !
    -Mais ouais, il travaille à l'ancienne, il flatte l'électeur, il les fait rêver, matins radieux, investissements productifs, conquêtes sociales avec juste ce qu'il faut de sang sur le paveton, et les couilles du patron dans le bénitier pour la dimension religieuse. C'est un élégiaque.
    -Le collègue a raison il en est resté au temps des patinoires olympiques, des vacances pour les mômes tubards à la montagne et des conservatoires de musique...
    -Une déchetterie ! S'illumina Médepeu.
    -C'est ça une déchetterie géante, une aux normes européennes de 2062, le truc visionnaire qu'y fonctionnera jamais, complètement carrelée, en marbre rose, qu'y comprenne bien ce salaud-là que non seulement il nous emmerde mais qu'en plus il cochonne tout comme un goret... vrai entre le tramway et la déchetterie on endette la ville pour cinquante ans et alors là il aura vraiment pas intérêt à la ramener sinon...
    -La liste d'otages ! Parfaitement la liste d'otages et les affichettes jaunes placardées dans toute la ville. Avec l'entente franco-allemande et l'Europe nouvelle qu'y causent à la tévé, on peut même se trouver  un chleu... ‘ utain mieux que ça : un écolo schleu !
    -Avec le casque à pointe... d'asperge ! Et te le nommer gouverneur de la place, il vous les tiendra, ayez confiance y savent y faire, non mais qu'est-ce y se croivent ces salauds-là ! Electeurs ! Electeurs de mes couilles ouais ! Ch'ten foutrais ! Au poteau l'électeur !
    <o:p> </o:p>On en conviendra, sur le point de l'éthique il n'y avait rien à redire et je fis mien ce programme tout imbibé... de modernitude citoyenne. ( à suivre...)
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  • Momo dealer-chauffagiste par G.M.Néoletto 1/2

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    A l'époque je dealais à la Cité Léonide Brédz-Néfles à Quimper c'est le fief des Mokrani, ils viennent de Casa.  Avec l'aîné Katoubi on était très  pôte. Il m'avait même prêté une fois sa Merko 960 SL, il disait qu'il y avait que le roi du Maroc qui avait la même. A l'intérieur c'était tout en cuir de canari, c'est encore plus chère que l'autruche, rien que pour une bagnole il faut 42589 canaris mais c'est trop la classe, c'est lisse comme une capote lubrifiée, un peu emmerdant dans les virages où on fait zuiiip ! zuiiip ! Mais mauve et jaune  avec les flammes vert pomme comme ça ouais elle jetait un max. C'est lui aussi qui m'a repassé la foi, un jour il m'a dit :

    -Momo tu peux pas continuer à zoner comme ça tu dois faire quelque chose de ta vie, le Retentissant t'a pas mis sur terre pour rien foutre !

    -Tu crois Katoub ?

    -Comme je te dis, ce soir tu vas aller à la mosquée et tu verras le saint homme...

    Le saint homme c'était son frangin Meklouf qu'avant son départ pour la Bosnie on appelait Meklouf le louf parce qu'il butait tous les chats qu'il trouvait à cause que le prophète les aimait pas parait-il. Mais depuis son retour il s'était vachement calmé ... avec les chats, même si ça le reprenait parfois. Maintenant son truc c'était la guerre sainte, c'était l'imam de la mosquée Al Savashié de notre cité, il était entré chez les Frères (les frères musulmans) et il balançait tous les deux jours une fatwa contre Monsieur El Kawa qui tenait la supérette parce qu'il vendait encore du porc, fumait des gauloises et traitait les barbus de petits enculés prétentiards, il faut dire qu'il les aimait pas les FM because il était égyptien et que là-bas il disait qu'ils avaient bien foutu la merde.

    Entre deux fatwas ça l'empêchait pas de s'occuper aussi du service après-vente pour les portables, les scooters, les flingues et tous les trucs que Arzim un autre Mokrani vendait dans la cité.

    Les armes le saint homme il s'y connaissait vachement, il pouvait démonter une kalachnikov rien qu'avec la langue et les dents rapport à son entraînement en Bosnie mais moi je préférais aller chez Darty et pas leur acheter trop de trucs parce que pour la garantie ils étaient pas très larges les Mokrani Bros et ils sortaient tout de suite les ya dés qu'on essayait de passer derrière le comptoir ou de réclamer.

    Tout ça pour dire que causer avec Meklouf le louf ça me disait trop rien :

    -Tu crois vraiment que c'est nécessaire Katoub.

    -On peut pas vivre sans religion c'est haram et toi t'as pas de religion ?

    -Ben je sais pas je m'en suis pas trop occupé, ma mère a pas voulu me faire baptiser par le curé pasqu'elle a dit que comme ça je choisirai mieux quand je serai grand !

    -Sûr qu'elle aura confondu avec le catalogue de La Redoute. Bon on attendant je vais te trouver une occupation

    Katoubi il faisait du discount de shit, c'était l'Edouard Leclerc du shit il fournissait même les caddys à l'entrée des caves il avait fait des études d'économétrie pratique à la Lonedonne Biziness Scoule et d'afghani balistique à la Peshmerga University of Kabul.

    Avec les stocks qu'ils avaient les Mokrani ils risquaient pas de manquer. Un jour où ils avaient eu un gros arrivage du Maroc c'était leurs oncles qui cultivaient  le shit au pays, ils ont réquisitionnés toutes les caves de la Cité pour entreposer leur came, il a fallu que tout le monde débarrasse  sa cave et remonte ses affaires, ça a duré tout l'après-midi, personne a protesté et même le flic du bâtiment 6 H il a fait comme les autres. Pour dire s'ils sont respectés les Mokrani.

    <o:p> </o:p>

    Et c'est comme ça que j'ai commencé à  aller à la mosquée le soir  et à dealer l'après-midi, Katoub m'avait trouvé une place dans un bistrôt prés du collège  Philippe Delerm.

    Moi j'ai un CAP de plombier chauffagiste, enfin je l'ai raté, dont deux fois de peu, mais comme artisan–dealer je suis « autodidak » comme ils disent à la chambre des métiers, faut dire que le bizness ça m'a tout de suite plu je me suis fait une clientèle chez les p'tits bourges, ces petits pédés qui écoutent du Carla Bruni ( ch'ais pas comment ils font moi j'entends rien quand elle chante) achètent des jeans neufs déjà tachés et troués et militent écolo en dégonflant des pneus.

    C'est sûr y a des trucs que je ferais pas comme trafiquer des cigarettes, ça c'est vraiment dégueulasse mais la drogue c'est pas pareil, c'est le progrès, c'est moderne, y a qu'à voir y n' ont prennent tous à la Tévé, une fois j'ai même servi une startévé de passage à Quimper, Jean-Luc Hardiçon il venait faire une animation pour l'inauguration d'un Shopi et il était à court, il m'en a tellement pris que le coffre de son quat-quat était plein'il a fallu que j'aille au réassort en urgence, heureusement ce coup ci je l'avais pas coupé, je me suis dit qu'il allait peut-être me faire de la pub à Paris, je voulais le mettre sur la camionnette comme les épicemards ils font chez les britiches avec la reine d'Angleterre dés qu'ils lui ont refilé une livre de pommes mais Katoub y m'a dit qu'il valait mieux pas.

    Les affaires ça marchaient bien, je me suis acheté une camionnette et avec Josy ma fiancée on s'est loué un petit pavillon.

    J'avais ma clientèle, je payais les taxes, quand même qu'est-ce qu'y nous prennent, j'avais même pris deux compagnons que la chambre des métiers m'avait envoyés pour les former au métier de dealer demi-gros/ détail.

    Oh la vie était pas non plus facile, on a eu des problèmes avec Josy, la vie d'un artisan c'est pas facile de nos jours avec les règlements qui changent tout le temps un exemple avant on faisait dans le cannabis c'était notre spécialité alors vous imaginez les problèmes  quand on a eu quand il a fallu passer à la coke à cause de la dépé (dépénalisation) du cannabis, on était pas trop bien formé on en vendait bien un peu, aux parisiens de passage surtout comme j'espliquais mais sinon ici on en avait pas la vente les bretons y préférent se mettre dans le nez l'air du large, en plus y fallait s'équiper pour être aux normes européennes, là encore le syndicat et les fournisseurs nous ont aidés, y nous ont envoyés de la doc technique mais c'était en colombien pasque les Mokrani ils s'étaient associés avec des colombiens, la coke y faisaient pas ça au bled.

    Enfin grâce à la préfecture on a eu droit à des subventions de réorientation-formations, aussi on a bossé de not' côté faut pas croire et c'est comme ça que j'ai eu le label Qualicoke et Snifelec, bon le shit ça se vend toujours comme produit d'appel prés des maternelles mais on fait plus rien dessus.

    Sinon mon plus gros client  celui qui m'en prenait le plus c'était un copain d'enfance Jean-Claude Merguéze, enfin un copain, je l'avais connu à l'école, on a avait été tout mômes ensemble mais lui ses parents y z avaient de la thune, je l'avais toujours détesté pour ça et aussi pasqu'il était premier partout, les autres lui cassaient souvent la gueule à la récré et moi non mais par paresse alors il m'avait pris pour son copain. Maintenant il avait viré bouddhique, il écrivait des poésies, faisait des bouquins  inutiles et jouait le concerto pour piano de Mozart à longueurs de journée, il avait jamais travaillé de sa vie ce mec-là, pourtant les profs disaient qu'il était promis à un bel avenir ! Un parasite quoi. Moi je suis peut-être qu'un petit artisan dealer mais je suis un travailleur, le taf ça me fait pas peur.

    Je me foutais bien de sa gueule, qu'est-ce qu'il a pu se mettre dans le nez grâce à moi, je lui coupais sa came avec tout ce que je trouvais, du débouche-chiottes à la poudre à récurer, n'importe quoi qui me tombait sous la main et chaque fois qu'on se voyait il me souhaitait un avenir des plus « propitiatoires » et des conneries comme ça, moi je pensais qu'il se foutait de moi et je lui rongeais un peu plus la tronche, et le plus marrant c'est qu'il venait me supplier encore de lui en refiler.

    Il a perdu ses vieux, à la fin il était pas beau à voir, c'est marrant pasqu'à la tévé ça leur réussit plutôt la drogue, bon de temps en temps y en a bien un  de présentateur vedette qui se met en torche, viole une hôtesse de l'air ou détourne un car de CRS, mais je veux dire ils présentent bien quand même et ben lui c'était tout le contraire il perdait ses dents, il maigrissait même des oreilles, pourtant il était pas bien vieux, mon âge quoi : 28 ans maximum. Un matin on l'a retrouvé cané, tout seul dans son grand pavillon de banlieue, parait qu'il était cardiaque en plus, et ça de tout môme, le lendemain j'ai reçu une lettre de lui, enfin une lettre juste un mot c'était écrit : « Je te souhaite un avenir des plus pouacres ! »

    Au début je m'en ai foutu de sa bafouille, j'avais mon boulot et puis quand même ça me travaillait, j'ai cherché ce que ça voulait dire : « pouacre ». J'ai cherché mais dans mon Larousse, pourtant en couleurs, y z'en parlaient pas, je suis allé à la bibliothèque municipale j'ai demandé à la bibliothécaire le rayon des dictionnaires mais elle m'a dit que ça existait plus, que maintenant il y avait Internet pour ça mais qu'elle venait de recevoir le dernier livre de Philippe Delerm. Je l'ai traité d'enculée de mal baisée et je m'ai barré. (... à suivre...)

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  • 10.
    Le retour de Mademoiselle Br...
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>-Mais enfin on ne bute pas tout un orchestre de chambre comme ça ! Ils  étaient si mauvais que cela mon petit Valter ?
    -Oh certes ils avaient un peu baissé mais pas au point de... et puis à tout le moins lorsque l'on on s'attaque à la musique de chambre et quelques fois l'on peut avoir des motifs nobles pour  se laisser aller à de telles extrémités, c'est que l'on croit à la responsabilité collective et l'amateur éradiquera alors la formation fautive au complet, il me semble non ?
    -A-t-on seulement affaire à un connaisseur véritable mon petit Valter ? Qui sait de nos jours... nous sommes dans le règne du n'importe quoi... un tueur en série impatient de faire du chiffre ? Mais tu veux dire qu'il en manque.
    -La Coucourbitowa et le ténor le grand Décato Vafanculi !
    -Ces deux-là Fred Meuleens notre correspondant en Belgique les a  logés, ce soir-là leurs collègues les ont accompagnés seulement jusqu'à la gare de La Conche, ils sont présentement en tournée à Maubeuge.
    -Ah bien, ça m'aurait fait de la peine... pour le cher Décato... ah si dîtes-moi Chef il y avait aussi l'accompagnatrice de la pianiste...
    -Il y avait donc une pianiste ?
    -Souvent dans les orchestres de chambre.
    -Comment s'appelle-t-elle ?
    -La pianiste ? Mademoiselle Br...
    -Drôle de nom ?
    -Elle s'appelle Brrrzzczinskaïak... et encore j'ai du en oublier, alors tout le monde l'appelle Mademoiselle Br..., c'est l'agent de Maragaretha Coucourbitowa qui me l'avait conseillée, la seule condition était de lui fournir une accompagnatrice et d'amener jusqu'au lieu du concert son piano, elle se déplace toujours et partout précédée paraît-il de son Graffenberg châssis long, un splendide piano à queue laqué bleu sombre...
    -Tu n'aurais pas l'immatriculation ?... fais effort mon petit Valter c'est important.
    -Voyons, il avait une immatriculation suisse... non luxembourgeoise je pense... enfin je crois me souvenir... 
    Nous étions attablés devant un fastueux plat de fruits de mer, sur le port de La Ponche, au Café le Baltec, moi-mâme, le Chef ‘von le Gueuzec, Walter Chéchignac, Conchito le neveu de Donâ Chupita, garçon charmant qui je l'ai dit servait à Walter de chauffeur-garde du corps, attaché culturel et vice-consul d'active.
    Curieusement le spectacle des exmaraisons successives de chacun des membre du Quintette Van Der Meuh, altiste, violoniste, hautboïste, flûtiste, d'entre l'eau sale du bassin n° 8, ne nous avaient point coupé l'appétit jusque là.
    Peut-être parce que quoique morts et sans doute même  profondément assassinés, ils avaient conservés une certaine élégance statuaire dans leur tenue de soirée agrémentées d'algues et capotes usagées. 
    Soudain, le brigadier de gendarmerie fit signe d'amener au grutier qui aidait les hommes-grenouilles à sonder le port. Et ce fut le gros Van Der Meuh mon voisin de table de l'autre jour qui apparut, il avait au moins doublé de volume et  beaucoup perdu de ses couleurs naturelles, le belge, de le voir ainsi accroché tout en haut du câble comme un apprenti-nageur, bras et jambes ouvertes, la chemise en torche, nous fit grande impression et Walter Chéchignac repoussa avec dignité la mayonnaise.
    -Dieu du ciel quelle vilaine mort on lui a fait !
    Il y avait maintenant de la colère chez mon hardi compagnon.
    Un long temps de silence et de recueillement passa.
     
    -Pourquoi je t'ai tout de suite prévenu mon petit Valter, comme instigateur de leur venue à La Conche, on risque de vouloir te mêler à tout ça.
    -Ah ça alors !
    Je m'étais levé de surprise, le grutier venait de déposer sur le quai à la suite de tous les autres et à côté de Van der Meuh le magnifique piano bleu nuit.
    Un dépanneur-mécano de la Préfecture, en bleu lui aussi, mais tâché de graisse noire vint procéder aux constatations d'usage, il  donna quelques coups de chaussures dans les roues du piano après quoi il ouvrit le capot, à l'intérieur une morte reposait.
    -C'est... c'est elle ? Me demanda Walter.
    Je chaussais à nouveau les petites jumelles du Chef ‘von le Gueuzec, je me souvenais très bien de cette Mademoiselle Br... qui m'avait fait si grande impression aussi fus-je catégorique :
    -Non !
    -Alors c'est l'accompagnatrice ?
    -Non même pas... celle-là je la connais pas. 
    -Et l'immatriculation ? Insista le Chef ‘von le Gueuzec.
    Je tournais ma casquette pour m'appliquer à la visée périscopique. L'avant du piano portait prés des deux autocollants rouges réglementaires (une initiative heureuse du Cercons pour limiter les accidents dans les intégrales de Bach au moment des grands départs en vacances) de limitation de vitesse: 50 coups de doigts à la minute (cdgts/min) dans les staccati et 80 dans les forzaïtali, une plaque d'immatriculation.
    -Elle est luxembourgeoise. Confirmai-je.
    Walter me prit les lunettes des mains et après une longue mise au point il annonça avec quelque triomphe :
    -Mais le bidule a été repeint, à la va vite il y a des traînées noires sur la carrosserie.
    Le Chef ‘von le Gueuzec retrouva derechef de l'appétit et se réapprovisionna en palourdes avant que de nous annoncer son plan de campagne :
    -Elle n'aura pu se résoudre à immoler son piano. Votre Mademoiselle Br... ne doit pas être pour rien dans cette sale histoire. Après il suffira de retrouver le Graffenberg châssis long bleu nuit et de la cueillir.
    Le raisonnement était imparable, aussi Walter ne chercha-t-il pas à le parer et nous resservit-il tous généreusement en muscadet.
    Je crois pourtant que nous étions déjà bien assez saouls comme ça.  (à suivre...)
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  • Sondage IFLOP/ setorcher-bouger.gouv.enc

    Enquête effectuée à la sortie du Balto, rue Franpin à Bagnolet sur 67589 personnes agées de 18 à 87 ans.

    A la question sur qui allez-vous voter ?

    1179% ont répondu sur Béééééééééééééééééé...rou !

    225% ont répondu sur... l'aut'...  mais si comment déjà le nain à ressorts: Sarkopette !

    314% ont répondu sur la mère Régence, lui mettrait bien un p'tit quéque chose ! 

    127% ont répondu comme d'hab su' la lunette des chiottes !

    enfin 67% ont voté prématurément sur les pompes du sondeur.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Et n'oublie pas camarade le seul mot d'ordre citoyen :

    Chie dur ! Chie mou ! Mais Chirac dans le trou !                                                     
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  • 9.
    Re-Les sœurs Dartemont.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>C'était visible qu'il la regrettait sa casemate de tir, son confessionnal à double oeilleton le Walter Chéchignac. Il regardait les nièces et sœurs Dartemont à la sournoise.
    Tout de suite l'église s'était remplie, c'est qu'il n'y avait pas que les sœurs Dartemont et leurs mômes, il y avait aussi deux maris supplétifs, à notre grand et viril désespoir. Deux maris marqués sur l'état des stocks, et qui ne demandaient sans doute pas tellement à être mis en ligne, le genre cadre supérieur bien formé, bien noté, intelligent, père de famille, officier de réserve mais qui raterait perpétuellement la dernière marche à cause de sa réserve et de sa famille, sans exotisme aucun donc, sans culpabilité prouvée non plus.
    Je pris sur moi, de les conduire à l'autel, soit devant les bières.
    -Et deux bières à suivre, deux ! Commenta Jean-Pierre en agitant son torchon.
    Je leur présentai la première ligne, les notables, dont le Chef ‘von le Gueuzec et monsieur le Consul  Général Walter Chéchignac, qui bredouilla, je n'invente rien, il était encore subjugué par l'apparition et ne vit pas même que l'un des petits garçons venait de lui visser sur son pantalon à hauteur de braguette un cornet de glace désaffecté qui lui faisait un nez de clown en partie basse.
    Et puis il y avait ce parfum dont m'avait parlé Walter, c'était vrai les sœurs Dartemont anciennes et modernes, vivantes et défuntes exhalaient un parfum d'inédit et de sensualité puissants.
    <o:p> </o:p>Nous passâmes au salon... pardon au cimetière, la chapelle des Dartemont avait encore belle allure avec ses deux fausses cheminées et ses fenêtres en dentelles, transatlantique haut sur l'océan même si la gîte, arthrite des vieux paquebots, commençait de se faire sentir.
    Le plus surprenant était sur les inscriptions l'absence complète de prénoms masculins.
    -Etonnant le nombre de génération de sœurs Dartemont qui se sont succédées, elles vont toujours par paire, vous les avez comptées ? Demandai-je à Chéchignac qui s'en fichait bien.
    -Euh... pardon... les sœurs eh bien oui elles sont deux...
    Il fallut leur faire une place puisque maintenant, grâce aux talents botanisateurs de la gendarmerie, elles étaient à nouveau au complet. Le fossoyeur était à peu prés saoul, avec son aide qui partageait toutes ses convictions et rajoutait à l'occasion sa tournée personnelle, il essayait de mettre de l'ordre là-dedans, comme un quincaillier un jour d'inventaire, il cherchait dans les réserves, ressortait les invendus et renversa enfin l'un des plus vieux cercueils qui tel une bûche sèche se fendit en deux par le milieu, laissant voir une morte de 146 printemps en dentelles désuète quoique encore parfaitement conformée de chair et dégageant ce même parfum affolant.
    <o:p> </o:p>*
     
    Nous nous retrouvâmes tous au 12, coin Maurin, dans l'immeuble de l'agence Dartemont Soeurs où Maître Jeanneton devait procéder à l'ouverture du testament, n'y étant point convié, à la différence du Chef ‘von le Gueuzec et de Walter Chéchignac, je patientais en visitant les bureaux de Dartemont Sœurs.
    Cela respirait l'humidité, la province bien conduite et le grand siècle... de l'industrie. Rien n'avait sans doute beaucoup changé depuis l'ouverture, 150 ans auparavant, ah si, on avait installé l'automatique à cadran et l'éclairage électrique par lampes à incandescence.
    Surtout, et c'était pour moi une grande tentation, ici l'on pouvait se perdre, trouver l'anonymat, ne plus être familier de quiconque hors de soi, et vivre, et l'âge vous recouvrait comme la neige borde et pardonne le voyageur égaré.
    Les mômes avaient déjà pris possession de l'immeuble, ils montaient et descendaient les étages criards et vengeurs.
    Les maris étaient tricards comme moi et n'avaient pas été invités au tirage.
    Je me rapprochais du cruciverbiste. Il faisait des mots croisés en gilet de laine, et soignait à l'occasion, avec une abnégation admirable et sans discrimination aucune les avaries de genoux, les plaies d'âme et les écorchures diverses de toute la progéniture Dartemont mêlée.
    -Jean-Marie La Gaspèrine.
    -Marcel Belcourt.
    Il était charmant, ingénieur chimiste de vocation, il travaillait chez Proctel & Gambler, division armement ménager, à la mise au point de lessives neutroniques et de défoliants de surfaces de nouvelles générations.
    J'en appris très vite assez sur le sujet pour faire le vœu solennel de ne plus laver mon slip qu'à la main et au savon de Marseille.
    -Dîtes-moi Marcel vous croyez que vous pourriez trouver la cuisine, j'ai besoin d'un bon café.
    C'était l'autre gardien titulaire des sœurs Dartemont qui venait de couper court à notre conversation.
    -Jean-Marie La Gaspérine.
    -Hulme de Chambeulac très heureux.
    -Je vais vous conduire à la cuisine, si vous voulez.
    Je n'avais bien entendu pas la moindre idée d'où elle se trouvait mais cela ne l'empêcha pas de me suivre fidèlement de la cave au grenier, avec retour en rappel par la terrasse.
    -... je voulais vous montrer l'océan.
    -Difficile de passer à côté ici, non.
    C'est vrai il était agaçant mais j'imaginais qu'à Paris je l'aurais jugé très fréquentable et peut-être même utile.
    -... La Gaspérine... vous êtes parent avec l'écrivaine ?
    -C'est ma mère.
    -Mais alors vous êtes le fils du Président Régis Cardemeule ?
    Il connaissait les classiques du répertoire... d'adresses parisiennes.
    -Eh oui. 
    -Ah bon et qu'est-ce que vous fichez don' ici ? Vacances ?
    -Etudes plutôt ne le répétez pas mais je prépare ma campagne électorale, je me présente à la municipalité.
    -Ma foi pourquoi pas, l'électeur doit bien venir dans le coin.
    -Comme partout il y faut des soins et de l'arrosage.
    Il rit sur deux temps, tourna le dos à l'océan et trouva en trois pas la cuisine introuvable.
    <o:p> </o:p>Sa conversation était tous comptes faits bien moins enrichissante que celle du parfait petit chimiste, c'était un parisien comme j'en avais tant connus, avocat d'affaire, prétentiard, salonnard, un pue la laque mondain, une parfaite utilité, qui raccrochait son wagon dés qu'on le sifflait et faisait le petit train, l'omnibus sur les voies secondaires des affaires et de la politique.
    Après tout je faisais partie comme lui et au même étage de la domesticité de la République, mais moi j'avais de réelles espérances alors que lui n'avait plus que de doux espoirs. 
    <o:p> </o:p>Enfin Walter Chéchignac  sortit du bureau et il m'entraîna par le bras vers les doublevécés, tout allait par paire ici, je l'ai dit.
    Il nous y enferma, tira la chasse d'eau et s'ouvrit à moi :
    -Elles sont givrées, les frangines, elles veulent reprendre l'agence de leurs grandes tantes...
    -Et vous n'êtes pas satisfait ? Je croyais que vous en teniez plutôt pour la tradition et tout ce genre de choses ?
    -Mais enfin mon petit vieux, elles n'y connaissent rien, elles sont... charmantes certes, mais vous voyez deux mères de famille dirigeant une... une agence de détectives privés !
    -Je vous étonnerai, mais je n'ai pas trop de mal à l'imaginer. Une affaire provinciale, les histoires de cocu et de comptable félon, cela s'apprend vite non ?
    -Il est bien question de cela, il n'y a pas que cela, Dartemont Sœurs c'est... enfin c'est une très vieille maison familiale avec un réseau de correspondants de confiance souvent reconduits de père en fils, je vous ai dit que j'avais des intérêts dans l'affaire, ces demoiselles étaient les héritières d'une certaine tradition française de discrétion et d'accommodement bref elles savaient se rendre utiles et sortir quand c'était nécessaire de ce tout-venant de façade, vous me comprenez La Gaspérine ?
    A dire vrai non, je ne le devinais pas mâme, je risquais un :
    -Vous voulez dire que c'était des putes ?
    -Il n'a rien compris ! Encore qu'à l'occasion... mais ce n'est pas là la question: je veux dire que l'on pouvait leur confier sans crainte certaines affaires plus importantes ou délicates que la chasse au VRP suborneur de bourgeoises.
    -Ah oui, mais... mais le Chef ‘von le Gueuzec qu'en dit-il ?
    -Elles lui ont proposé de rester et même de lui voter une augmentation.
    -Et alors ?
    -Il a refusé l'augmentation mais accepté de rester quelque temps pour... « pour les mettre au courant »... ‘manquerait plus que ça !
    Là j'avais compris et je jetais triomphant toute ma mise sur la table :
    -Au courant de vos affaires malouines cher Valter ? 
    Walter Chéchignac se redressa, tapota mon épaule à la manière d'un cavalier faisant ses Adieux à son cheval tombé, me balança un regard hirsute et décloué comme un juron de sorcière, recula de trois pas, écarta le pan de son veston ... et j'eus soudain très peur.
    -Mais... mais... mais... tout ça ne me concerne pas bien sûr !
    Il renonça, aussi vite, je ne sais à quoi et souhaite ne jamais l'apprendre, il me sourit et revint à lui et vers moi :
    -Vous en êtes bien sûr, à la sortie de l'école, vous avez bien été en poste en Afrique à la Banque d'Investissement Concussionnaire de l'Est Africain...  B.I.C.E.A  pour les intimes ?
    -Oui, oui sans doute... mais je vous avouerai que durant ces trois années je n'ai trop rien compris à ce que je faisais là-bas et ce qu'était mon emploi... et s'il avait mâme une quelconque utilité...
    -Et bien un jour, si vous avez le temps je vous expliquerai combien vous avez été utile.
    Je venais de comprendre que le consul d'opérette était un véritable diplomate et sans doute même autre chose de plus...   discret et contaminant. (à suivre...)
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  • 8.
    Chez Jean-Pierre...& Fils.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>La pluie fut très bien, le curé beaucoup moins. Il voulait qu'on l'appelle Jean-Pierre, aussi le Walter Chéchignac, qui bien que représentant d'une démocratie (fort peu démocratique) populaire (et tout autant impopulaire) me semblait dans l'ensemble d'un tempérament passablement réactionnaire, lui donnait du « Monsieur l'abbé » à n'en plus finir.
    L'enterrement se passait au naturel comme en province. La seule note triste était l ‘absence de la famille des sœurs Dartemont hors le grand mâle boisé.
    -Je comprends pas, j'ai prévenu les petites elles devraient être là !
    Il s'inquiétait le chef ‘von Le Gueuzec, libre penseur, il ne professait qu'un culte, celui des convenances. 
    Jean-Pierre avait emménagé vers les années soixante-dix et meublé sa petite église gothique dans un goût astucieux pas cher, c'est à dire qu'il avait arraché tout ce qu'il pouvait arracher, monté en étagères les sarcophages mérovingiens, installé des néons partout et une cuisine intégrée prés de l'autel, avec un lave-vaisselle pour faire la vaisselle eucharistique et un four à micro-onde où réchauffer les Hosties, il avait découvert qu'elles étaient bien plus digestes comme ça et moins caloriques :
    -Vous devriez essayer avec de la tomate c'est encore meilleur mon père et ça enlève le petit arrière-goût. Lui fit remarquer  Walter Chéchignac qui lui en voulait un peu de saccager avec ses croquenots d'imbécile et sa bonne conscience en lin cordé des Vosges une part, la plus rêveuse mais non la moins active, de sa jeunesse.
    -Ah vous aussi vous l'avez remarqué... l'arrière-goût, ça me fait ça depuis quelque temps déjà et c'est pas notre fournisseur, il livre tout le diocèse et il y a que chez moi qu'il y a cet arrière-goût de brûlé, j'en suis à me demander si je vais pas les remplacer pour la messe du matin par des chipsters Belin... goût béconne... allégés s'entend... surtout que ça attire des curieux et des connaisseurs le petit goût de brûlé et toutes les vieilles superstitions ressurgissent, on connaît le pays ils vous cloueraient sur la porte du presbytère comme un rien ces ânes-là !
    -Et le confessionnal mon père ?
    -Le confessionnal, je l'ai mis dans la cour, il sert de clapiers aux lapins. Pour ce que ça sert ces trucs-là de nos jours!
    Il fallut toute la mâle énergie du Veuf Double pour empêcher Walter de se payer Jean-Pierre.
    Pour le reste, par souci œcuménique il sous-louait sa crypte à des bonzes de Ploumanac'h  qui tapaient avec un balai quand il faisait trop de bruit pendant l'élévation et son jardin de curé aux adorateurs de la fraise cosmogonique de Plougastel.
    Sur l'autel il avait posé une toile cirée à grandes fleurs, c'était quand même plus commode pour desservir et mettre un coup d'éponge à la suite.
    Dona Chupita en voyant cela, se signa une quinzaine de fois à toute vapeur, et donna un grand coup de coude à Walter Chéchignac qui, fort à propos, fit:
    -Oumph !
    -Ché mierda ! ‘è troppos stoupidos !
    Comme elle était du genre à payer comptant, Dona Chupita en guise de mortification quitta l'église sur les genoux et retourna comme ça à la maison, c'était toujours un taxi d'économisé.
    La messe se poursuivait sans elle, et chaque fois que Jean-Pierre disait Jésus a dit, il fallait se tourner vers son voisin et se taper dans les mains, tout allait de ce pas médiocre et processionnaire quand elles entrèrent.
    -FoutreDieu ! S'oublia le Chef ‘von le Gueuzec en les reconnaissant.
    Walter Chéchignac tomba dans une manière d'extase collégienne, l'âme comme investie d'une lumière surnaturelle, enfin c'était peut-être les néons qui faisaient ça, dans tout les cas l'assistance mâle partageait son émotion, il n'y avait que Jean-Pierre qui ne se rendait compte de rien et continuait de nous mouler une tourte sur la cause sacrée de la lutte contre le tabac et l'insécurité routière réunis, le Bossuet du journal de vingt heures auraient pourtant pu s'illustrer en chaire:
    -Ces demoiselles Dartemont sont mortes ! Et par Jésus crucifié et par le Dieu vivant ces demoiselles Dartemont nous sont ressuscitées !
    Car les sœurs Dartemont étaient là ! Et elles étaient venues rajeunies et en nombre, il y avait bien une demi-douzaine de mômes autour d'elles, des mômes enchocolatés et ligueurs, solidement et de longtemps établis dans le bonheur.   ( à  suivre...) 
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