• Performance

    C'était un mardi et je pensais déjà au ouiquinde à venir. Je m'appelle Jean-Pierre Rolin-Gueustone et je suis chercheur titulaire à l'Observatoire de Cognition Sociale en Pédalologie et Vélocipédologie Urbaine de la Mairie de Paris. Mes travaux personnels, mais j'en parlerai peu, tournent autour d'une renouvelée pratique citoyenne du pédalo, dans une perspective transgenre bien entendu. Afin de limiter ce qu'il peut y avoirde petit bourgeois et de déviant socialement dans un usage égotiste et personnel du vélocipéde et pour encourager au développement du transport en commun dans sa définition minimale soit le co-pédalage à Paris, nous avons fait acheter sur le budget de l'Institut: des tandems, et nous avons formé des binômes comme au temps de nos études urniversitaires.

    Lors du tirage au sort le hasard ne m'a guère favorisé et j'ai hérité d'un collégue obése flatulozoïde et boulimique: Jean Gaétan Pinnequeux-Floïdeux dont la quête scientifique se résume à une comparaison des divers big-cheese en vente sur la place de Paris, il faut dire qu'il a une hérédité chargée: son père est conseiller de Paris, de droite bien entendu.

    Quand je pense que nous avons adopté cette solution du co-pédalage pour polluer le moins possible et qu'il me faut promener ce personnage qui, partout où il est, pollue, la vue, le paysage, l'athmosphère, il faudrait songer à mettre un nouveau bac pour le tri sélectif: un bac à obése dont on veut se débarasser, après tout il y a bien un bac à foetus, une proposition qui a été votée par la majorité municipale avec le succés que l'on sait (bleu pâle pour les foetus mâle, rose clair pour les filles) et malgré l'opposition du père Pinnequeux-Floïdeux bien entendu dont l'éthique écologique est simplement inexistante.

    Bref je suis obligé de balader partout ce type paresseux qui ne pédale jamais et ne sait pas même écrire son nom au complet.

    Ce mardi je... nous quittâmes donc l'Observatoire vers les trois heures de l'après-midi après une rude journée de travail consacrée à la recherche... des clefs de la cafétéria que Patrick Zedoursse de l'unité de recherche "Grand Bi et monocycle" avait égarées. J'avais rendez-vous avec Pivvoine Charençon une amie qui est attachée de presse au Musée d'Art Contemporain du Plessis-Bouchard, une fille attachante et très ouverte, enfin elle ne s'était pas encore pleinement ouverte à moi mais je ne désespérais pas, elle préparait une thése sur le général Horatz von Shmutz du haut état major allemand qui avait fini dame pipi à la gare de l'Est en 1927, la très belle histoire de quelqu'un qui avait assumé sa différence jusqu'au bout et avait fini par s'asseoir sur son casque à pointe.

    Pour ma part j'avais quelques soucis personnels, afin de lutter contre la montée de l'extrémitude, je m'étais en effet inscrit au Parti Socialiste pendant la pause déjeuner entre onze heures et treize heures mais la touche de l'ordinateur s'était bloquée (le manque de moyens dans l'administration parisienne est scandaleux!) et le mail de confirmation m'indiquait que je m'étais bien inscrit quatorze fois au PS, j'avais donné mon numéro de carte bleue et je calculais tout en pédalant:

    -14 fois 20... 280 teuros!

    J'arrivais au Plessis-Bouchard après deux heures d'effort intense, c'est plein de faux plats ce coin, et l'autre obése derrière moi ne faisait aucun effort  et quand j'avais tenté de m'en débarasser en le raccompagnant chez lui ou en le jetant au premier Mc Do, il n'avait rien voulu entendre:

    -Non, non je viens-t-avec toi , ce doit être être plein chouette le Plessis-Bouchard.

    Il avait son langage à lui il aurait du faire de la littérature comparée. 

    Et puis j'étais fatigué, je suis dégonfliste, de nature dit la chére Pivoine, enfin bref je fais partie d'une brigade de dégonflistes qui opére à la nuit dans les rues de Paris et nous avions justement procédé à une opération la nuit dernière, au moment où je dégonflais l'ultime pneu d'un énorme 4X4 américain immatriculé dans le Texas, le propriétaire tout aussi énorme et américain avait surgi, j'avais bien tenté de regagner mon tandem mais ce salaud d'obése avait retrouvé pour l'occasion toutes ses jambes et il était parti sans m'attendre, pédalant comme il ne l'avait sans doute jamais fait de sa vie et il m'avait fallu regonfler, seul et à la bouche les trois pneus, heureusement le texan avait une roue de secours toute neuve.

    On peut m'appeler un activiste mais enfin quoi il faut bien faire bouger les choses, par exemple je ne comprends pas comment l'on peut prendre sa bagnole pour aller travailler, cela me semble appartenir à ces pratiques compulsives qu'il faut proscrire si l'on veut laisser une terre décente à nos enfants... à nos neveux... oui enfin aux enfants du gardien de l'Observatoire, un sri lankais charmant quoique un peu trop travailleur d'après ses collégues.

    Pour ça aussi que je me suis inscrit au PS... quand même 280 teuros! Il faudra que je leur téléphone pour me faire rembourser, au moins une dizaine d'adhésions.

    Cela me rappelle une aventure récente, j'étais à la montagne, dans les alpages, j'arrive en haut d'une côte, le désert bienvenu, quand j'aperçois un gros boeuf qui fumait son cigare, seul au milieu de la nature, je ne sais pas si l'on voit combien une telle pratique est simplement de nature profanatoire, sans compter les risques d'incendie, certes nous étions dans les Vosges au mois de Novembre mais enfin pour le principe je me suis approché et je lui en ai fait la remarque en ajoutant que que nous n'avions qu'une terre et qu'il nous fallait y vivre ensemble, il m'a répondu que je n'avais qu'à ouvrir la fenêtre, on voit le niveau, alors là je me suis énervé, je ne l'ai peut être pas dit mais je pratique un art martial helvético-thaïlandais le Taïïï-Ku dans une salle du deuxiéme  arrondissement et je suis premier lotus, je l'ai agrippé par le col et je lui ai fait un septiéme de hanche, il est tombé sur le cul, étonné il a regardé son cigare tout écrasé et il a gueulé:

    -Mon Trinidad! Cet espéce de connard de foutriquet à pédales m'a bousillé mon Trinidad à 150 balles!

    Il est revenu sur moi tout soufflant et je lui ai fait une huitiéme de coude... et il m'a foutu son poing dans la gueule. J'ai perdu deux dents. Il faudra que je retravaille mon huitiéme de coude. 

    Quand nous arrivâmes Pivoine était débordée, elle préparait les cartons d'invitation pour l'installation qui allait être inaugurée le lendemain. Elle avait trouvé un truc original  pour attirer l'attention de la critique, elle leur envoyait des lettres piégées qui explosaient quand on les ouvrait, ils en raffolaient, bien entendu elle dosait la charge mais enfin le critique de Télérama avait quand même perdu un oeil, depuis les autres faisaient ouvrir leur courrier par leur concierge.

    -Ah tiens t'es là toi! Me dit-elle... je n'ai pas beaucoup de temps à te consacrer on est en pleine bourre, on a la performance de Napoléone Chapoutaud demain... tiens je ne t'ai pas montré ma petite Sabrina le nouveau sex-toy que j'ai trouvé à Monoprix...

    Elle me fit une petite bise juste tutoyante avant de sortir de son sac un énorme godemiché rose et tremblotant:

    -... 't'en penses Sabi? Cinq vitesses plus la marche arrière...

    Sabrina son assistante, une petite beurette était toute rougissante, mais Pivoine s'amusait de son embarras et mit en marche l'engin. C'est à ce moment que l'autre obése entra, il avait encore ses pinces à vélo.

    -Bonjour m'sieurs-dames.

    Il tendait à la ronde sa main toute flasque.

    -Un ami à toi?

    -Une... une relation de travail.

    -T'avoueras qu'il est pas très décoratif... ton ami, je savais pas que tu fréquentais des obéses, tu devrais te méfier, ils sont sournois et voleurs... tiens je vais te montrer l'installation, c'est une première mondiale!

    Elle me gâtait.

    Dans la première salle on avait pendu des barbelées et des merguezs au plafond et si Pivoine avec agilité la traversa sans dommage, je laissais pour ma part dans la traversée une partie de mon sac à dos et de mon maillot cycliste en soie naturelle.

    -C'est un parcours tu comprends: de l'arrière au front, Napoléone Chapoutaud a fait ça en hommage aux femmes violées d'Irak et pour dénoncer la persécution machiste et toutes les appressions... il y a quelques mines antipersonnels à droite fais attention où tu mets les pieds ou tu me mettrais en l'air mon installation, un travail de deux ans!

    Je redoublais de prudence et d'attention, tout en omettant de prévenir l'autre obése qui nous suivait comme un toutou et de temps en temps boulottait une merguez.

    J'essayais de le raisonner en lui expliquant qu'il blasphémait sans même s'en rendre compte.

    -Ben quoi c'est des saucisses et j'ai faim.

    Enfin je dois reconnaître que cette chronique de l'ordre périssable selon une historicité déportée par rapport à un lieu construit/déconstruit était très bien rendue.

    Dans la seconde salle on avait mis en broche des mouettes repeintes en rouge Coca-Cola ailes déployées, une bonne cinquantaine au moins.

    -La contextualisation du moi dans un refus de l'altérité...

    -Pas du tout un questionnement sur l'oeuvrabilité du mal en une simultanéité isotopique!

    Merde j'aurais du y penser, je me retournais mais l'obése n'était pas tenté par les volatiles.

    -Pas assez cuites! Ce fut là sa sentence.

    Au moment d'entrer dans la troisiéme salle, Pivoine nous tendit des casques lourds, et une fiche à remplir:

    -C'est une décharge, l'artiste veut un réel confrontement à la réalité pour le visiteur/acteur.

    -Ah oui je... je comprends, je remplis ma fiche puis celle de l'autre obése qui s'approcha pour demander:

    -La caféte où qu'est qu'elle est la caféte?

    -On ira tout à l'heure. Signe là.

    Les formalités artistico-administratives réglées nous pénétrâmes dans la salle.

    -Attention c'est du lourd! Murmura la chère Pivoine en me poussant.

    De fait on nous tirait dessus à balles réelles.

    -C'est de la 12.7 murmura connaisseur et rampant l'autre obése.

    J'atteignais la première rangée de barbelées quand je l'entendis hurler:

    -'utain chuis-t-été touché les copains!

    Mais Pivoine me fit signe que nous devions suivre le parcours muséal jusqu'au bout et ne pas revenir en arrière.

    -Les agents techniques viendront le ramasser avant de finir leur service.

    Il y avait maintenant des explosions et des cris de femme tout autour de nous, je pris une cisaille, gracieusement mise à la disposition des visiteurs, et découpais les barbelés un peu ému malgré tout, je réussis enfin à passer tous les obstacles et je gagnais l'entrée de la dernière salle quand une grenade explosa à côté de moi.

    Je ne sais comment mais je me retrouvais dans une salle d'opération très bien imitée avec un chirurgien et deux infirmiers: une re-création de la réalité la moins récréative, je sentais bien combien la carcéralité de cet univers formaliste dénonçait  dans une sensible affirmation l'enfermement contemporain et comment le désordre voulu et agi des successivitées m'avait conduit ici, vrai je ne regrettais pas mon mardi. Mais c'était quoi déjà le théme de l'expo? Ah oui la persécution machiste... l'un des infirmiers me mit un masque sur la bouche et je m'endormis en pensant à Napoléone Chapoutaud, une créateuse importante, c'était indéniable, je fis mieux que d'y penser, je la vis pencher au dessus de moi un scalpel à la main...

    Quand je me réveillais, assez longtemps après je crois, j'étais allongé sur un brancard dans le hall du Musée et plein de gens que je ne connaissais pas, me regardaient, me contemplaient, me félicitaient, je notais néanmoins que j'avais une certaine gêne en partie basse et que l'on m'avait abondamment bandé.

    Seul couac dans ce concert d'éloges que je ne méritais sans doute pas, un borgne ricanant me contempla longuement avant de dire:

    -Ah le con!

    Et il s'en alla.  

    -Ce n'est rien mon Poupounet, c'est le critique de Télérama, il est un peu aigri depuis... mais moi je suis très fière de toi et Napoléone Chapoutaud te remercie tu as été très bien.

    Mes actions étaient au plus haut chez la chère Pivoine, elle m'appelait son "Poupounet".

    Napoléone Chapoutaud entra, elle tenait un bocal dans ses mains gantées de latex, elle le leva très haut, et l'assistance applaudit, dans le bocal il y avait deux testicules, c'était les miens.

    Depuis ce jour mes rapports avec Pivoine sont très... satisfaisants, enfin surtout pour elle, je crois que nous allons nous pacser, un jour quand même j'ai hasardé un début de reproche:

    -Tu aurais quand même pu me prévénir avant ma poupounette !

    -Mais mon Poupounet tu me répétais tout le temps qu'elles te gênaient quand tu faisais du vélo!

    -Oui... oui sans doute mais enfin quand même...

    -Papa depuis sa prostate est très bien à la maison, il dérange plus maman la nuit. et puis tu as la chorale maintenant!

    J'étais en effet dans une chorale où je tenais à la satisfaction de tous un registre de haute contre très apprécié. Ma voix avait mué d'une manière étonnante.

    J'avais quand même téléphoné un peu partout et même au ministère de la Culture pour essayer de récupérer le bocal et tenter une opération, mais le décés accidentel de Napoléone Chapoutaud lors d'un happening à Maubeuge, le type qui devait lui tirer dessus n'avait pu venir et s'était malencontreusement fait remplacer par un sien ami champion de ball trap, les avait incités à classer le bocal.

    Pivoine avait réalisé un superbe catalogue, d'ailleurs je le regarde souvent non sans quelque nostalgie, je le confesse.

    Je suis revenu plusieurs fois voir l'expo, vraiment une très belle dénonciation du pouvoir et en même temps du totalitarisme latent et castrateur de tout créateur contemporain.

    Une fois devant le bocal une femme disait à son compagnon qu'elle ressentait comme si elle les touchait la mollesse de mes couilles mais je ne me souviens pas qu'elles fussent si molles que ça.

    Je fais de plus en plus de politique, au PS mon adhésion multiple m'a fait remarquer, et puis j'ai parait-il toutes les qualités du candidat socialiste idéal: je ne suis plus du tout machiste, je fais du vélo, je ne fume pas, je milite contre où on me dit de militer contre et je suis très propre, d'ailleurs on m'a désigné comme candidat dans le 5 °, l'arrondissement de maman, le seul vrai probléme c'est que j'engraisse comme un chapon et que j'ai du mal à suivre mon régîme sans graisse, sans sucre, sans emballage avec juste des édulcorants de synthése et de la créme de tartre allégée, 'manquerait plus que je devienne obése, quelle horreur! Autant me mettre à cloper!  

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  • Tous ensemble (et avec tous les autres) supportons l'équipe de N'France de fotebôle en vue de la prochaine coupe d'Afrique des nations!!! Allez les coqs indomptables!!!
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  • Il est moins le quart ( de la demie) Herr schweitzer!

    Piéce édifiante en trois tableaux de Gilbert Lestron

    Premier tableau

    La scéne se passe dans un intérieur bourgeois du 5° arrondissement de Paris. Le décors est staffeux, haut de plafond, parquets cirés, cheminées à trumeaux hautains mais le tout est rehaussé de touches de modernitude: sculptures hirsutes, tableaux errants, siéges aigus, l'ensemble fait très enfant sage qui aurait balancé sa boîte de couleurs à la tête de la nurse. Ce que nos arrières petits enfants nommeront le style Burp! ou Post-contemporain.

    Un homme travaille seul à sa table, éclairée par une lampe à l'Eugéne. 

    Près de lui, derrière lui, dans l'ombre, un garde républicain patiente tous chromes faits, il est l'incarnation même des valeurs de la république.

    La bonne entre, on l'a habillée elle aussi dans les tons sobres et gris, petit personnel du tiers monde pour bourgeois occidental qui culpabilise. Elle parle un anglais très supérieur à celui de son maître qui baragouine "globish"

    -Mister Livingstoon from the USA First, a magazine of Atlanta is waiting for you sir.

    -Bien faîtes le entrer Jesuilta.

    L'homme continue de travailler, il écrit beaucoup, classe des papiers, il a des dossiers énormes autour de lui. Entre sur la scéne un homme de la Propreté de paris, un grand blond poussant une brouette dans laquelle gît un américain, c'est un américain "full options", il est en bermuda et chemises à fleurs déchirées, il porte une casquette patriotique étoilée et marquée: "USA First... in your ass!". Il n'est plus du tout en état de fonctionnement.

    -Où est-ce que je mets ça? Demande l'employé de la Propreté de Paris.

    Mais l'autre ne répond pas, trop absorbé par ses dossiers, alors il vide le contenu de sa brouette sur le tapis.

    Après un moment le bon monsieur Schweitzer léve enfin les yeux de ses papiers, remet ses lunettes et découvre son invité comateux sur la moquette.

    --Vouéle! Vouéle! Vouéle! Mistère Livingstoon I précheume? Gueulade tou mite iou and...

    And il lui lance une tirade en anglais incompréhensible à laquelle l'autre ne comprend visiblement rien.

    L'employé de la Propreté qui finit d'épousseter sa brouette, comme un chauffeur de maître sa Rolls, léve le doigt:

    -Si vous voulez je peux traduire?

    -Vous parlez l'américain?

    -J'ai un DEA d'anglais.

    -Eh bien soit il a tellement bu qu'il  ne comprend rien quand je l'entretiens dans sa propre langue, vous aurez peut-être plus de succés que moi! Dîtes lui: vous avez bien fait d'emprunter les transports en commun, mais je ne savais pas que la Mairie de Paris entendait développer le co-brouettage?

    -Ah béh non vous y êtes pas du tout. Je l'ai ramassé, il venait de se faire castagner par une quinzaine de noirs place d'Italie.

    -Ah tiens don' vous m'étonnez sans doute aura-t-il tenu quelques propos inconvenants à leur endroit. Je vais faire un signalement à la justice de ce monsieur Livingstoon, il  se croit encore en Alabama...

    -Non, non ils l'ont attaqué en le traitant de sâle blanc raciste, ils étaient sâlement remontés, ils avaient trop fumé je crois. Sans les boulistes de la place d'Italie, il y laissait la peau, c'était joué. Ils leur ont balancé leurs boules en les injuriant, les autres ont eu peur et ils ont lâché le type.

    -En les injuriant dîtes-vous? Des injures à caractère raciste?... oui sans doute. Vous pouvez me dire à quoi ils ressemblaient ces boulistes?

    -Ben à des boulistes... casquette, polo, l'air bonnasse...

    -Mais encore?

    -Je sais pas moi, des mecs tranquilles qui aiment bien se retrouver ensemble, ils s'appellent par leurs surnoms, ils connaissent même pas leus noms de famille... il y a Mika, L'alouette, Bamba...

    -Je veux dire: iles étaient blancs vos boulistes?

    -Y avait un peu de tout des boulistes parisiens quoi!

    -et les noirs comment étaient-ils?

    -Ben y-z-étaient noirs?

    -Si je comprends bien pour vous ils se ressemblent tous c'est bien celà? Allez nom, prénom, âge et matricule social?

    Il fait un signe au garde républicain qui avance d'un pas et alors l'on se rend compte qu'il y en a toute une file, et celui qui  était derrière prend la place sur le devant, ils lui servent de factotum, de courriers du tsar.

    -Mon... ben ... M'Bouala Désiré Patrice Alphonse, né à Brazzaville le...

    -Mais... mais vous êtes africain?

    -Béh ouais.

    -Mais... mais vous êtes pas noir?

    -Chuis albinos, dans la famille une génération sur deux qui est albinos... né à Brazza le 26 septembre 1962 de...

    -Oui bon ça ira... pour cette fois... de toutes les façons dans quelle colonnes voulez-vous que je vous mette? A la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations on a pas prévu ça: africain, albinos, raciste... bon je vais faire un signalement de votre gang de boulistes de la place d'Italie...

    Il tend le formulaire administratif, qu'il a rempli avec soin, au garde républicain, qui le prend et quitte la scéne.

    A ce moment le journaliste américain se réveille difficilement, il râle:

    -Hauve dou iou dou mistère Livingstoon?

    L'employé de la Propreté de paris se rapprôche, se baisse,  pour entendre ce que dit l'américain:

    -Il dit: oooh je vous prie mister Schweitzer parle le français, j'aime tant le langue français, excuse-me pour le vêtement quand je vais à Paris je fais le touriste "c'est mooon plaijieure"!

    -Oui sans doute... il y a à voir... mais enfin celà commence à dater quelque peu... ah si seulement l'on avait mis en pratique les plans visionnaires de Le Corbusier!

    L'autre traduit puis écoute la réponse:

    -Il dit: the swiss? The man who... celui qui voulait raser le moitié de le Paris? Godam he was crazy!

    Il y a de la déception sur les traîts déjà fatigués (longtemps qu'il a pas fait de thalasso, au moins six mois.) du bon monsieur Schweitzer. Il écrit un billet, fait un signe au garde républicain suivant qui avance et prend le papier:

    -Emmenez-ça au commissariat du 5° pour interrogatoire. suspicion de menées discriminantes!

    -L'interroger ça va être difficile il est plus tellement en état! Fait remarquer l'employé de la Propreté de Paris en se rapprochant de l'américain qui murmure agonisant:

    -Il dit: frenchmen are cingled, they are foolish, vive le France ! " c'était mooon plaijieure!"

    -Bien ce que je pensais: propos nationaliste, déviationnisme franchouillard, c'est un fassiste... donnez-moi le papier je vais rajouter ça au motif.

    Il écrit, puis redonne le papier au garde républicain qui remet l'américain dans la brouette et l'emporte hors la scéne en le poussant au pas de course, suivi par l'employé de la Propreté de Paris qui surveille son matériel, le balai à l'épaule.

    Demeure seul en scéne le bon monsieur Schweitzer, harassé, fatigué, qui se remet à écrire sous la lampe...

    Il est bien plus de minuit...

    Le rideau tombe et personne le ramasse.   

     

    Deuxiéme tableau.

    La scéne se passe dans quelque 43° sous-sol d'un bunker du Palais de l'Elysée. Une douzaine d'offciels, mâles et femelles sont perchés sur des chaises de cantîne autour d'une table de même obédience, l'ensemble fait très caserne, ce que l'on voit surtout ce sont les chaussettes mi-bas en fil d'Ecosse dans le genre Dossiers de l'Ecran de la haute époque, pour ceux qui sont en âge de connaître. Ils mangent.

    -Alors Louis rouge ou blanc? Pouilly ou Pomerol?

    -Mais Jacques pourquoi voulez-vous toujours choisir? Je vous l'ai déjà dit c'est le mélange qui est beau.

    Il prend des mains du serveur la bouteille de Bordeaux, cueille dans le seau celle de Pouilly et les verse ensemble dans son verre et il boit.

    Le murmure unanîme:"C'est admirable!"

    -Comme vous avez raison Louis le métissage voilà l'avenir, à ce propos j'ai lu votre rapport sur la montée de l'eccxx-trémisme dans le sport, c'est tout à fait déplorable ...et d'ailleurs je le déplore.

    -Pour ma part je ne fais pas que le déplorer cher Jacques, je le combats... pour quoi j'ai proposé aux instances supérieures du fotebale lors de la phase finale du prochain championnat d'europe des nations de ne présenter qu'une seule équipe européenne plutôt que des représentations nationales dépassées et hors de propos. Celà sera un support pédagogique remarquable pour l'idée européenne... sans compter que cela facilitera ô combien le déroulement de la compétition.

    Le murmure unanîme: "Il est admirable!"

    -L'on m'a dit aussi que vous travaillez trop Louis, ce n'est pas raisonnable.

    -c'est que c'est là une tâche immense que vous m'avez confiée là cher Jacques... et que j'ai acceptée sans en connaître toute la difficulté, la bête immonde monte, monte, monte... hier encore il m'a fallu congédier mon chauffeur François...

    -Ah tiens don'

    -Eh oui, nous étions à la Cité du Val Fourré pour l'inauguration du Mémorial des Africains Cimentés du Batîment...

    -Oeuvre magnifique et bien digne de dévotion... euh je veux dire que nous ne devons jamais oublier!

    -A l'issue de la cérémonie, nous regagnons nos voitures avec monsieur le préfet, le cortêge avait disparu, volatilisé, ne restait plus que quelques enjoliveurs! Un cortêge d'une vingtaine de véhicules quand même!

    -Quelle énergie!

    -Bon, monsieur le préfet prend les choses avec bonne humeur et moi de mâme, et nous repartons à pied sous les lazzis de la foule un peu frondeuse mais bonne fille, certes au passage ils déculottent bien monsieur le sous-préfet qui dirigeait une opération commando héliportée anti-chauffards avec deux compagnies de parachutistes, le malheureux avait du se poser à court de kéroséne, mais c'est un garçon pondéré et qui ne se formalise par pour un manche de pioche dans le fondement, certes il y a bien quelques cris: "...on va te fourrer sâle blègre!"

    -Blègre?

    -Oui c'est un néologisme qu'ils ont formé avec bl de blanc et la fin de ... enfin du mot... du gros mot que vous savez... rien de bien méchant, de l'imagination et en même temps la preuve que la souffrance reste vive chez eux même après une bonne paire de siècles, vous voyez Jacques. Et puis les chauffeurs, personnes simples ont voulu répondre par des provocations et ils se sont laissés aller à des propos... oh des propos...  

    Ses lunettes s'embuent, il les retire pour les essuyer avant d'ajouter en proie à la plus vive émotion:

    -...inadmissibles! Dés qu'ils sortent de l'hôpital je les envoye en camp de rééducation.

    Murmure unanîme: il y a plus de gigot?

    -Le plus étonnant impossible de savoir ce qu'ils ont fait des motards, les cellules de soutien psychologiques envoyées en urgence sur les lieux nous ont expliqué qu'il y avait chez ces gens, dans ces populations, une telle mémoire blessée que pour eux les motards symbolisent l'homme blanc à cheval et dominateur, l'esclavagiste dans toute son horreur et depuis ils se sont enfermés dans un déni de motards.

    -C'est... c'est troublant et en même temps tellement émouvant.

    Murmure unanîme: on est admirable!

    Entre un garde républicain, tout cabossé, tout péteux, boueux qui fait un bruit de casseroles, de fait on lui a accroché toute une batterie de cuisine au train comme à un clébard.

    -Alors mon brave et là-haut ça se passe comment?

    -Pas terrible mon président. Ils viennent de raser la place Vendôme, une descente surprise de la maternelle Benoit Frachon, la grande section, la fameuse section de fer, sinon Suzanne 24 c'est le ministère de l'agriculture a encore émis ils tiennent bon ainsi que Valérie 13...

    -Valérie 13?

    -C'est le ministère des anciens combattants, mais Josette 19,c'est la jeunesse et les sports, a détruit sa radio, je crois que la position est tombée, ils ont été submergés...

    Murmure unanîme: "on est mal barré!"

    -Et comment... la Kultur?

    -Ah ouais Jean-Marcel 14, eux ils ont filé les clefs avant le début des... des événements, mais les mômes ont rien saccagé, ils ont trouvé que c'était trop môche!

    -Eh bien mon cher Louis vous savez mon souci constant et l'importance... première... et même primordiaux...

    -Diale!

    -Oui et même diale que j'accorde à votre mission, malgré les menus... incidents de ces derniers jours, je veux vous donner tous les moyens pour l'accomplissement de votre tâche sacrée aussi ai-je demandé à Bruxelles de vous envoyer quelques renforts afin de vous soutenior dans votre action , si ces... ces franchouillards croient que nous sômmes prés de renoncer  ils se trompent lourdement, nous les mettrons au pas, et même au pas cadence, on m'a promis deux régiments de saxons commandés par un jeune colonel trés prometteur von... von Moltkë... un nom comme ça, il connait bien la région sa famille a des attaches dans la Marne il me semble, vous vous entendrez bien avec lui et surtout cher Louis, n'est-ce pas ne craignez pas les mesures les plus énergiques! Et vous mon ami rafraîchissez-vous.

    -Pas de refus mon président, il fait soif sous le casque.

    Le garde républicain saisit le verre du bon monsieur Schweitzer, il boit et recrache tout de suite:

    -C'est dégueulasse ce truc, ça ressemble à rien!   

     

    Tableau final. 

    La scéne se passe dans les salons de l'Hôtel Lutétia, il y a plein de soldats allem... européens qui vont et viennent, le bon monsieur Schweitzer est en compagnie de l'un d'eux le sus-nommé Oberst Hardmuth von Moltkë.

    -Je pense que vous serez bien ici le Lutetia est un hôtel très convenable même s'il n'a pas une très bonne image chez l'indigéne, je ne sais pas pourquoi?

    -Ah bon chez nous il a une très bonne côte. Dans Der Wermacht Reiseführer Besatzung il a trois macarons: maison de tradition, excellent accueil, parle allemand, il est dit.

    -Ah tant que je vous tiens cher ami, je voulais vous demander votre avis sur les affiches que nous allons placarder sur les murs de Paris à la suite des déclarations proprement insoutenables de l'un des chefs de la rébéllion?

    -Les déclarations? Quelles déclarations?

    -Vous ne les connaissez pas? J'ai honte à vous les apprendre, je cite: "...Quand même... on pourrait... il serait peut-être souhaitable de parler un peu... du Canal du midi dans les programmes scolaires!"

    -Mein gott!

    -Eh oui toujours ce nationalisme détestable! Aussi...

    Il déploie une affiche immense, Herr von Moltkë regarde la chose en connaisseur mais dubitatif:

    -En jaune les affiches herr Schweitzer ça rend mieux. Mais pourquoi en anglais la liste des otages?

    -Béh mais parce que c'est la langue de l'europitude et de la modernité.

    -Mais vos parisiens vont n'y rien comprendre.

    -Tiens don' croyez-vous, je n'y avais pas pensé, il est vrai que ces parisiens sont demeurés tellement provinciaux! Voyez-vous j'avais pensé mettre en dessous la traduction en allemand afin de célébrer au mieux l'europe nouvelle, la renouvelée collaboration franco-allemande et tout ce genre de choses.

    -c'est une pensée qui vous honore et une attention dont je vous remercie Herr Schweitzer au nom de la grande Allemagne... euhum je veux dire de l'europe nouvelle.

    -A propos vous avez l'heure Herr von Moltkë?

    -Il est moins le quart (de la demie) Herr Schweitzer!

    Le rideau se casse complétement la gueule, mais on s'en fout le théâtre est en feu.   

     

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  • Prochainement sur vos écrans

    Une superproduction en Chromotoscope et Bromurovision

    racontant l'histoire édifiante de l'un de nos saints laïcs, d'un énarque phobique, bourgeois désintéressé, qui délaisse ses conseils d'administration (enfin pas tous) pour s'en aller combattre les différences pour le respect des différences (ouais c'est compliqué mais on vous expliquera.)

    Du sexe!

    "... non je ne suis pas homosexuel mais vous pouvez laisser votre main là celà me fait chaud... au coeur!"

    Du suspens!

    "... oui j'aurais aimé  être romancier ou peintre abstrait... j'aurais peint des couilles je crois... mais en noir... un peu à la manière de Soulages.

    -Il peint des couilles Soulages? Je croyais que c'était des stores!

    -Allons Jacques ne faîtes pas l'enfant!

    -A propos de stores... vous avez vu cher Louis, l'exposition des arts premiers et même primordiales...

    -Diaux!

    -Diaux d'Océanie, il y a des étuis péniens de toute beauté! Traiter ces gens de sauvage alors qu'ils ont inventé le slip Eminence deux mille ans avant l'occident.

    -Je suis formel Jacques ce sont les arabes qui ont inventé le slip.

    -Ah tiens don' je croyais que c'était les chinois.

    -Non, non Bernadette, maintenant ce sont les arabes. Il y a des documents les chinois n'ont fait que copier... quelques siécles auparavant voilà tout!

    De l'aventure!

    "Raymond à la Cité du Val Fourré je vous prie!"

    Prochainement

    Il est moins le quart Herr Schweitzer!

    Des dialogues inoubliables!

    -Chéri tu n'as pas oublié ta bonne conscience bourgeoise molletonnée?

    -Mais non tu sais bien que je la porte toujours sur moi avec mon esprit de tolérance en maille indécrochetable.

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  • Reportage du 27 Juillet 2007 au journal régional de 19 heures 13


    -... bon on répète tout, il faut que ça fasse spontané! Je commence: il s'appelle Steppan Lupescu, il vient de Roumanie, il est loup fonctionnaire au Parc Naturel de La Brêle sur Meuse, il nous a confié le drame qu'il vit, lui et sa famille depuis cinq ans déjà:


    -Jé Steppan Lupescu...


    -Oui ça on l'a déjà dit, regardez bien la caméra.


    -Jé arrivé Francia cinq années dépouis...


    -C'est la France qui est venue vous chercher chez vous?


    -Jé oui... eux dire emploi fonctionnaire loup protégé vieindez... vieindez... pouis Rumania trop beaucoup loups... Ceaucescu faire nous beaucoup torts... loups à côté communistes rigolade douce dire roumains...


    -Oui bon ça vous êtes pas obligés de le dire... tu couperas Jean-Quentin.


    -Bien Pervenche.


    -Bon là je reprends pour expliquer... Steppan Lupescu occupe un emploi de loup fonctionnaire, malheureusement et malgré son ancienneté et ses demandes répétées... là gros plan sur les papiers... les papiers sortez les papiers...


    -Papiers jé oui...


    -... il n'est toujours pas titularisé et vit dans la précarité avec sa famille... là tu zoumes sur les louveteaux... s'y sont pas mignons... Steppan Lupescu est très bien noté par son employeur, là on passera l'interviouve du type du Conseil Général de Basse-Meuse qui dit que c'est un excellent élément et après vous témoignez...


    -Jé témoignu?


    -Vous racontez votre boulot, votre journée quoi... hier par exemple?


    -Jé commencé tartines beurrées, après jé descendré pour tournée, abribus La Donchaize, jé bouffé pétite fille va à l'école, attendré bus, monté bus, descendré bus foyer personnes âgées vieille dame jé bouffé, midi rentré maison, pas faim, regardé tévé téhéfun, mal au coeur, bicarbinate, deux heures va montagne avec fiston promenur...


    -Bon ça! Tu zoumes sur le gamin J-Q hein.


    -Attaqué troupeau moutons...


    -Merde! Ah non ça on ne peut pas mettre ça! Mais enfin on vous a pas dit: pas les moutons! Les loups tuent pas de moutons, c'est connu!


    -Bon bouffé moutons.


    -Mais ça existe pas les moutons, c'est sacré, c'est des bêtes comme vous!


    -Jé pas mouton! Jé loup! Montrure fiston travail.


    -Oui, oui je comprends... mais non... et vous en avez tué beaucoup?


    -Pas le temps gros chiens dangereux! Jé fonctionnaire pas militaire soldatu! Foutrure le camp dans forêt.


    -Bon on fera un reportage sur les chiens de montagne et le danger que ça représente en montagne pour les promeneurs...


    -Promenur... vélocipédu jé bouffé pendant retur maison avec fiston.


    -Eh bien dîtes donc vous avez des journées bien chargée!


    -Jé travaillur bon dur!


    -Là j'enchaîne: à la précarité est venu s'ajouter pour Steppan Lupescu la crainte, en effet devant les protestations de quelques associations d'extrême droite, le conseil général a proposé sans concertation une réduction d'effectifs.


    -Plomburent mon cul voudrurent plutôt!


    -Oui c'est ce que j'ai dit, Steppan Lupescu a donc engagé un combat citoyen pour faire reconnaître ses droits et il a commencé une grève de la faim...


    -Jé pas grève! Jé bouffé!


    -Ecoutez il faut savoir ce que vous voulez, si vous voulez que vos revendications aboutissent il faut au minimum une grève de la faim... pensez à vos gamins quoi!


    -Autres loups collégues se foutrurent mon gueule!


    -Bon allez vous commencez ce soir et juste de la tisane... et sans sucre hein...


    -Jé pas aimé sucre, jé aimé moutons.


    -Eh bien juste de la tisane sans moutons, ne vous inquiétez pas on va créer un collectif et...


    -Jé pas loup collectif... jé loup solitaire... si jé loup collectif pas quittu rumania merdru...


    -Je vous dis qu'on va s'occuper de tout... regardez nous autres on a commencé le journal à 19 heures 30 on s'est débrouillé pour gratter au moins une minute par mois... aujourd'hui on diffuse à 19 heures 13 et dans moins de cinq ans on sera une émission de début d'aprés-midi alors?


    -Jé faisu confiance vous.


     


     


    Reportage du 25 Août 2007 au journal régional de 19 heures 11. 


    Vous vous souvenez de steppan Lupescu, ce loup fonctionnaire du Parc Naturel de La Brêle sur Meuse, qui attend depuis cinq ans sa titularisation, il est en grève de la faim depuis le 27 Juillet dernier, un collectif a été crée à l'initiative de Josiane Godineau qui est enseignante de français littéral à La Brêle sur Meuse au Collège Simone Sartre.


    -Au Collége Jean-Paul de Beauvoir.


    -Oui c'est ça... c'est donc une initiative citoyenne des élèves des votre classe de sixiéme B4 qui est à l'origine de la création  de ce collectif.


    -Tout à fait. Nous nous sommes mobilisés activement contre la décision brutale, intolérante et sans concertation du conseil général.


    -Quelles ont été vos formes d'action? J'ai sous les yeux une pétition pleine de croix?


    -Oui ce sont mes éléves, ils ont tous signés.


    -Et puis quoi d'autre Josiane Godineau?


    -Nous avons organisé des marches déprédatives citoyennes, brûlé des pompes à essence et la bibliothèque du collège ainsi que la cathédrale et le tribunal d'instance... ah et aussi le Palais Episcopal remarquable monument du XIII° siécle...


    -On visite?


    -Plus maintenant... 'reste rien.


    -C'est beaucoup d'énergie dépensée mais le résultat est là: Steppan Lupescu a été titularisé c'est le président du conseil général qui l'a annoncé depuis son lit d'hôpital. Comme vous pouvez le voir Steppan Lupescu est actuellement sur la colline en face de nous où il a installé une tente... mais j'aperçois deux gardes du Parc naturel de La Brêle... bonjour messieurs vous faîtes une tournée de surveillance?


    -Qué tournée? On chasse le loup ça se voit pas?


    -Le loup mais quel loup?


    -Ben çui d'en face... pauv' bête il est maigre comme une retraite d'ennemi du peuple...


    -Ah mais non, mais vous vous trompez messieurs...


    -M'étonnerait on est fonctionnaire assermenté. Réductions d'effectifs... vous gênez là...


    -Mais non, non il y a contre-ordre, les réductions d'effectifs ont été ajournées et...


    -Votre contre-ordre vous l'avez là sur vous? En trois exemplaires? Signé par l'autorité compétente? Avec les tampons et le formulaire de simplification administrative réglementaire G-3589 bis modifié 224-P?


    -Non pas là mais...


    -Alors circulez... c'est bon Momo le trépied est en place et la lunette de visée au poil, c'est ton tour moi j'ai tiré hier le cueilleur de champignons qui avait pas son ausweiss à jour.


    -Ah t'es chouette Raymond ça sera mon premier fonctionnaire!


    -'faut faire un voeu!


    -Nooooon vous pouvez pas faire ça, c'est pas... c'est pas citoyen: un fonctionnaire tuer un autre fonctionnaire c'est... c'est...


    -Pan! Pan!... 'tain je l'ai eu!


    -Salauds! Ordures! Fassistes!


    -'tention mas petite dame surveillez vot' langage on est fonctionnaire assermenté! 'vais vous dresser procès verbal par écrit! Vos papiers et vite!


    -Je suis journaliste à France 3 Basse-Meuse...


    -On s'en fout bien on regarde que le foute sur le câble... dis don' Momo on a pas reçu une circulaire qu'y causait comme ça d'une réduction d'effectifs programmée chez les journalistes stagiaires de France 3 Basse-Meuse?


    -'effet... me semble bien...


    -Et le petit jeune homme avec sa caméra il a ses papiers?


    -Jean-Quentin... mais oui il est reporter d'images titulaire.


    -Ah bien j'ai mon gars qui fait pareil sur la deuxiéme chaîne... à Paris... enfin là on l'a avec nous en ce moment.


    -T'as ton gars à la maison Raymond?


    -Il est en congé maladie vu qu'il s'est retourné les pouces  en reportage dans le Lubéron... mais dîtes-moi ma petite dame et vous? 'ous-z-êtes titulaire au moins?


    -Moi... pas tout à fait encore... je ... je sors du Centre de Formation des jour... nalistes... mais qu'est-ce que vous faîtes?


    -Tu vois Momo pour la journaliste stagiaire je préconise le petit plomb à bécasse. Et toi mon gars tu pourrais filmer comme ça on pourrait se le repasser aprés le match... ça fait toujours des souvenirs... 


     

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  • Jacques M'Chirac est sorti de prison par El Hadj Colombani

    Il n'a pas beaucoup changé, très grand, trop grand, toujours encombrant et planant comme une buse funeste, le grand âge l'a seulement un peu tassé et lui a encollé les ailes, il ressemble à un oiseau pris dans le mazout (Que ses bienfaits soient perpétués sur la tête des croyants!).

    Bien sûr sa djellaba rose est fânée et porte quelques accrocs sur les flancs, ses sandales aussi sont fatiguées.

    Il me reconnait et il vient à moi, il faut dire que je suis le seul journaliste présent devant la prison:

    -Tiens 'ou-z-êtes là vous! J'aurais pas cru que vous vous déplaceriez... on va boire une biè... un thé à la menthe.

    Nous avisons une épicerie-restaurant française encore ouvert au coin de la rue des Frères Ramadan martyrs de la révolution. (Que leur souvenir soit trois fois saint!)

    Il s'assoit, attrape un narguilé et s'en met un grand coup dans les bronches:

    -Vous avez recommencé à fumer? Lui demandai-je un peu apitoyé.

    -En prison vous savez tout le monde fume, le beau-père quui m'envoyait du chebli depuis le Maroc. Mais ça reste off hein? Déconnez pas Colombani y me feraient sauter ma conditionnelle. Le cadi Roubach l'a dit: plus d'alcool, plus de clopes sans quoi...

    Le thé à la menthe arrive fumant et odorant, l'auvergnat (Que sa race maudite soit consumée!) le sert sans trop d'adresse et quand il reconnait mon compagnon une certaine confusion ou colère gouverne ses gestes et il lui mouille en grand sa djellaba crasseuse avec le breuvage fumant.

    -Putain le con y m'a brûlé les couilles ce con!

    Les autres clients se retournent sur ce blanc malodorant et bruyant qui s'ébroue comme un chien verminé de l'Atlas. (Que son sommet soit toujours couronné par le très grand!) 

    -Faîtes escuse m'sieurs dames c'est ce con d'auvergnat aussi! Retourne forniquer avec tes vaches puantes saloperie de français!

    Comme toujours, comme avant, il en fait trop.

    Je lui fais remarquer que la sourate 476bis et suivantes (Que leur encre ne soit jamais foulée par le mocassin de l'infidéle!) recommandent le sentiment de tolérance quand on a le pied bien installé sur la gueule de l'incroyant à terre.

    -Ah z'avez raison Colombani, 'faut que je revois tout, ouais en quelque sorte une manière de réforme morale, 'parait-il que vous avez fait trois fois le pélerinage là-bas?

    Il veut parler des saints lieux saints (Que leur immaculence ne soit jamais souillée par le sodomite!), je lui réponds aussi pour l'édifier car c'est là mon devoir de croyant:

    -Oui trois fois dont une fois dans un car de police.

    -Ah tiens un voeu?

    -Non une rafle au journal.

    -Y parait que c'est chouette, y faudra que j'y aille un jour... quand même les séoudiens se sont pas foulés la rate, ils auraient pu m'envoyer un petit colis de temps en temps... quand je pense à tout ce que j'ai fait pour eux. Ah ils m'ont bien niqués ces cons-là et je parle pas des Frères Musulmans avec leurs dépliants en couleurs, tout serait chouette et y aurait des loukoums pour tout le monde qu'y disaient. J'aurais du me méfier, déjà les cocos m'avaient bien eu mais eux le catalogue il était pas en couleurs et même ça tachait les mains si vous vous souvenez...

    Décidément il n'a pas changé, il blasphème sans même s'en rendre compte et se montre toujours incapable d'asseoir une pensée cohérente.

    -Je mangerais bien un 'tit quéque chose pas vous El Hadj?

    -J'ai mangé au journal avant de venir, il y avait un méchoui, c'est Pottier du service étranger qui l'avait préparé pour la visite du ministre d'état aux Habous et aux Affaires Islamiques, il s'est fait bastonner parce qu'il avait oublié les piments.

    -Normal. Important les piments dans le méchoui. Dit-il avant de commander un steak frites. 

    -Vous prenez des risques les plats exotiques on ne sait pas ce qu'ils mettent dedans. Fais-je remarquer avec ce regard insinuant que j'ai appris chez les pères Jésuites. (Que le Retentissant les tienne en sa sainte garde... mais qu'est-ce que je raconte moi! Qu'ils soient maudits et foulés aux pieds... heu... sévérement!) 

    -Ouais vous avez raison el Hadj. approuve-t-il en appelant le serveur:

    -Elles sont comment les frites?

    -Bien elles sont bien...

    -Je veux dire fils d'inverti tes frites sont-elles hallales?

    -Béh oui... enfin je crois c'est le patron qui les a égorgées dans la cour tout à l'heure.

    L'âme rassérénée il attaque le steak frites.

    Pendant ce temps le muezzin retentit de ce chant très beau et très ancien où il est dit: que c'est haut, qu'il a le vertige et qu'il va bientôt tomber si quelqu'un n'appelle pas les pompiers. Oui en fait ce doit plutôt être le laveur de carreaux qui retentit.

    -Et qu'est-ce que vous comptez faire maintenant ? Si ce n'est pas indiscret?

    -Me marier.

    Je reste interdit:

    -Et... enfin votre femme... Bernadette est-elle au courant?

    -Bah elles s'arrangeront bien ensemble, et puis une petite jeunette ça mettra de la vie à la maison.

    Il mange avec toujours cette voracité de tout à l'égout nouvellement installé, à propos d'égouts cela refoule dans le coin depuis que les canalisations sont éventrées et quand il a fini je lui propose de nous véhiculer très vite hors de cet endroit maudit qu'est le quartier chrétien. (Comment? Ah oui j'oubliais... Combien il serait judicieux que leurs filles infécondes fussent prostituées à des ânes... vérolés de préférence!) Mais il n'en a pas encore fini avec sa boustifaille écoeurante de franchouillard mal repenti:

    -Il y a de l'attente pour l'omelette Qatari?

    -Vingt minutes.

    -Et les crêpes Aïcha? 

    -La même chose.

    -Alors je prends les deux.

    -Je suis désolé je n'ai plus le temps, je dois aller chercher mon petit-fils à l'école coranique.

    -Tu as tort el Hadj , il va y avoir du spectacle, et de l'édifiant encore!

    A ce moment, ou mettons juste un peu après, les portes de la prison s'ouvrent et en sortent trois hommes barbus dont l'un au moins m'est familier, c'est le Cheikh Cruchot, le directeur de la prison, je l'ai interviouvé il y a peu pour l'émission religieuse "Le jour du Saigneur", j'y anime une séquence exégéto-pratique, le thème de la semaine en était: comment égorger son voisin de palier apostat sans s'en mettre partout, oui un saint homme doublé d'un technicien remarquable.

    Il pousse devant lui un être chétif et palot dont le visage et l'allure trépide ne me sont point tout à fait inconnus? J'ôte, mentalement la perruque rousse , le maquillage outrancier, le sac à main et la petite robe d'été occidentale qu'il porte sans élan et un visage m'apparait:

    -Se pourrait-il...

    C'est donc là ce qu'est devenu celui qui fut la terreur du petit blanc, l'Attila du 'tomobilisse parisien, le Gengis Khan des péripatéticputes: N'Hezbollah Sarkozy!

    -'z'étiez pas au courant el Hadj? Il est encore plus oublié que moi, y a tellement eu de changements depuis... Ils l'ont pris à tapiner sur les boulevards extérieurs, les autres putes qui l'ont donné, 'sont rancunières, moi aussi, 'lui qui m'avait dénoncé, maintenant 'faut avouer que depuis qu'il s'était fait opérer en ex-Belgique c'était plus le même homme... ouais 'faut reconnaître.

    Tout de suite la foule des amateurs et connaisseurs entoure le supplicié et sans attendre la lapidation commence, il faut dire que c'est l'heure du repas de nuit et qu'une lapidation est le meilleur et le plus sanctifié des exercices apéritifs selon le Cheikh Cruchot.

    Mon compagnon semble plus s'intéresser à ses desserts fumants qu'à la cérémonie, à la fin pourtant il se léve, je lui prends le pas, quelques pavetons volent encore dans les airs et puis la foule quitte la place, un peu déçue, c'est toujours trop rapide une lapidation.

    Nous atteignons le monument faiblement érectile à la bourgeoisie cocufiante et cocufiée de l'ex-France qu'est cet édicule médiocre.

    -Ouais ça fait pas un gros tas au final hein? Constate Jacques M'Chirac .

    Il reléve sa djellaba tachée et pisse sur le tas de pierres:

    -Salam aley com connard! Cinq ans de taule pour une petite bière 'faut pas déconner non plus!    

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