• Walter Chéchignac 28 par H.T.Fumiganza

    28.
    Nomination.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Mais pour l'heure l'important n'était point la situation internationale mais bien les combinaisons locales, je n'aurais su dire comment mais Chéchignac me communiqua les résultats juste avant l'ouverture des bureaux de vote :
    -Vous passez dés les premier tour, cela m'a coûté assez cher mais je me suis dit que cela vous ferait plaisir.
    Bien entendu je n'en croyais rien, cru à une saillie et passais une très mauvaise journée dans l'attente et l'angoisse des résultats certifiés, je retrouvais l'anxiété et la constipation fidèle compagne des grands jours des concours.
    Force me fut de reconnaître que les chiffres définitifs ne différaient pas des siens et que la municipalité m'était adjugée à 62,56 % plus les frais soit à peu prés la côte Boitel.
    Pendant l'interviouve que je donnais au Conchois Libéré je me libérais avec tant de bruits sonores que le journaliste dut regretter de ne point travailler à la radio.
    -Excusez-moi... l'émotion.
    -La preuve que vous êtes en train de devenir un vrai conchois. Et puis j'ai l'habitude les soirs d'élection Letroncheur reçoit les journalistes assis sur la lunette. Vraiment une très belle élection.
    -J'espère que votre article sera bon ?
    -Oh mais c'est juste pour les archives, il ne paraîtra pas, ordre de Paris.
    Ce fut l'avis unanime, le silence.
    Je regrettais seulement que monsieur mon père n'eut point jugé bon de prolonger son séjour conchoponchain d'un jour afin de voir triompher son fils unique.
    Très sportivement le candidat de Paris reconnut là sa défaite et s'inclina devant le choix des... des conchieurs et conchieuses (il n'avait pas pris le temps de se mettre au courant des usages toponymiques et appellations d'origine contrôlé) avant que de sauter dans le premier train blindé en partance pour Paris en compagnie du sous-préfet qui préférait faire son rapport de vive voix à ses supérieurs.
    J'aurais aimé voir leurs têtes d'ailleurs en ce moment aux sus-dits supérieurs.
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    <o:p> </o:p>Je passais la semaine qui suivit mon élection comme sur un nuage, en une manière de voyages de noces électoral et sentimental quoique sédentaire dans la compagnie de mes nouveaux administrés, je les aimais déjà et leur trouvais des qualités que je ne leur soupçonnais pas mâme la veille au soir, et surtout j'étais auprès de la belle Merry qui nous avait rejointe, à la demande de Walter, j'avais deviné qu'il entretenait avec elle des rapports plus amicaux  et tendres que passionnels et que notre liaison non seulement ne lui portait point ombrage mais qu'il l'avait même encouragée dés le début, s'il ne l'avait pas provoquée.
    D'apprendre cela, aurait pu m'éloigner de cette femme souvent incompréhensible mais dés notre première nuit je compris que mes sentiments à son endroit étaient intacts, ma concupiscence à son envers toujours aiguisée et l'amble de notre désir tacitement reconduite.
    <o:p> </o:p>Au début d'Octobre je demandais donc à Walter à quel guichet m'adresser pour demander sa main, avait-elle de la famille ?
    -En France non personne de joignable dans l'immédiat, même avec les remises de peine, mais plus loin oui c'est possible... en Amérique latine il me semble... Alors vous voulez l'épouser pour de bon ?
    -Pour de bon ? Bien entendu qu'est-ce que vous imaginez ? Vous y voyez quelque inconvénient ?
    -Au contraire c'est ce qu'il peut vous arriver de mieux une fille comme ça, elle a les pieds sur terre la belle Merry et vous enlèvera peut-être des abstrusions de votre logique absurde de directeur comptable de stalag.
    -Je ne vois pas à quoi vous faites allusion dis-je en recomptant  les fenêtres par où risquait de se clore notre conversation car depuis quelque temps Walter cultivait la manie, au demeurant assez malsaine, de vouloir et quelques fois mâme de tenter de me passer par la fenêtre, sans se soucier de l'étage où nous nous trouvions.
    Il est vrai que nous nous opposions sur quantité de sujets et mâme sur une certaine vision de l'humain, mais malgré quoi  cela me semblait de sa part l'aveu d'une réelle faiblesse dialectique que de n'envisager pour terme de nos contradictions et controverses que ma preste défenestration.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Pour le reste j'effectuais une rentrée fort satisfaisante et même je me découvrais lors des séances du conseil municipal une autorité que je ne me soupçonnais pas
    Mes seuls soucis venant de ma majorité et d'abord de mon premier adjoint. Il faut dire que le poste était occupé par ce Jean-Tonio Pericolosi, proxénète aussi corse que notoire que Chéchignac m'avait collé quand il s'était agi de former ma liste, bien entendu j'avais été aise de le trouver alors mais  lors des séances du conseil municipaux et prés des survivants de la municipalité Lucien boitel que j'avais peu à peu incorporés à mon équipe, il faisait tâche, d'abord il était honnête le  Pericolosi, j'entends bien : à sa façon, mais enfin de fait il ne touchait sur rien et cela gênait tout le monde, et puis il était fort économe et alors que n'importe quel élu y compris de l'opposition vous votait sans regimber et avec tous les suppléments, les investissements importants nécessaires à l'érection du parc d'éoliennes souterraines (P.E.O.S) ou du métro aérien conurbain (M.A.C), lui refaisait laborieusement les additions quand il ne s'opposait pas tout à fait :
    -C'est de la folie pure !
    Car j'avais décidé qu'il y aurait un métro aérien à La Conche, après tout à La Ponche ils avaient bien un tramway, et puis ce n'est pas aussi cher qu'on le pense un métro aérien, il était d'ailleurs prévu de le rembourser en moins de six siècles grâce à une surtaxe payée sur la  redevance additionnelle à la  majoration annuelle de la contribution exceptionnelle des impôts locaux, sans compter que cela dynamiserait le tissu urbain et c'était bien là tout ce que je voulais, en quelque façon ma mission en ce pays obscurantiste encore trop bridé par des traditions d'un autre âge, le dynamiser, le confronter à la modernitude soit pour le principal à l'irruption du vélocipède dans nos pratiques réitératives urbaines.
    Quand je m'en étais entretenu avec ce cher Walter j'avais lu dans ses yeux une certaine incompréhension et puis très vite autre chose comme de la colère, aussi n'avais-je point insisté, les explications viendraient après, pour le moment j'avançais, et  proposais, à l'initiative de l'évêque (de rite catholique il me semble) de La Conche, un sexagénaire très ouvert, un certain Jean-Pierre Edébrouettes qui voulait qu'on l'appelle Jean-Claude et que personne n'appelait plus, de transformer la cathédrale de la ci-devante Trahoudulde en un fort utile et même nécessaire garage à vélos qui s'insérerait idéalement dans le visionnaire Plan Unifié de Développement Urbain Concerté (PUDUC) que je préparais dans une solitude laborieuse et après m'être longuement et démocratiquement concerté avec diverses associations de grands mutilés de l'âme (GMA) et moi-mâme .
    Car, je puis en témoigner, la démarche de ... de Machin, l'évêque supposément catholique était authentiquement moderne :
    -C'est des superstitions d'un autre âge comme leurs saloperies de calvaire je comprends pas que l'état fasse rien contre ça quand on pense au nombre d'accidents que ça cause encore chaque année, et encore il y a peu notre regretté frère Lucien Boitel, surtout que pour se situer correctement maintenant, j'entends moral... éthiquement, on a le G.P.S. et le J.T c'est bien simple on peut plus se perdre ou alors il faut vraiment y mett'du sien, croyez pas.
    De fait Jean-Truc outre une solide et originale personnalité humaniste à base de tolérance sectaire et d'imbécillité allégée en matière grasses parlait souvent utilement, sa proposition de raser tous ces édicules inutiles était de bon sens et j'en aurais volontiers fait la promotion auprès de la Répression Routière ou de tout autre organisme gouvernemental via le Cercons si j'en avais encore eu la possibilité, hélas je n'avais plus aucune influence parisienne, j'avais la nostalgie de cette époque où je n'étais point un proscrit et goûtait le bonheur simple d'être dans la moyenne du théorème de Manganec, base de notre république sociale selon lui: la somme des possibles par la moyenne plafonnée des ressentis. 
    -Bon ouais je vous disais pour le « hangar » Je vais demander à l'état de le désaffecter 'en ai plus le besoin alors si vous en avez l'usage ?... Ouais pour ce que ça sert, c'est tellement grand, on le remplit trois fois l'an, et puis vrai je me sens pas chez moi là-dedans, c'est inchauffable, le soir quand c'est tout à fait vide et que je baisse le rideau, je suis pas rassuré, j'ai toujours peur de faire une mauvaise rencontre derrière un pilier !
    Oui je disais don' que lorsque je m'étais ouvert de ce projet à Walter Chéchignac, sa réaction fut des plus... réactives: il avait tenté de m'étrangler proprement et c'était grâce à toute l'énergie du capitaine Kelbonbec et de son équipage qui s'était fort utilement interposé que je n'avais pas suffoqué, depuis passée une aphonie de quelques jours, une certaine froideur s'était installée entre nous.
    E puis cette manie qu'il avait de me défenestrer pour un oui ou un non m'inclinait à éviter sa compagnie.
    Il est notable qu'à la suite ma trottinette électrique de fonction connut quelques avaries et sabotages divers mais bien entendu je n'accuse personne.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>   Un autre incident eut lieu en séance au moment du vote des subventions pour les associations culturelles. J'étais bien décidé à mettre en œuvre une politique culturelle d'importance à La Conche et d'encourager toutes les formes de création contemporaine et de métissage intellectuel malgré une sensible disette financière que certains, mal intentionnés ou peu informés, qualifiaient un peu vite de banqueroute, aussi proposais-je de revendre le cimetière municipale au complet à une usine d'engrais bio et avec l'argent recueilli de  doubler les subventions allouées aux différentes associations.
    Ce me semblait une mesure hardie mais nécessaire et privilégiant l'avenir plutôt qu'une nostalgie et des pratiques d'un passéisme pour tout dire assez incompréhensible.
     
    Malgré cet effort louable, j'eus la surprise de voir débarquer en plein conseil municipal le collectif des animateurs socio-culturels emmené par Prxo Tartoukich le directeur-fondateur du Théâtre du 13 Septembre (c'était son anniversaire) et sa compagne Josiane Poupinot qui dirigeait l'ensemble Josiane Poupinot de transe contemporaine.
    Deux figures emblématiques de la vie culturelle à La Ponche et j'ajoute tout à fait sympathiques.
    Tartoukich était l'un de ces garçons attachants comme il y en a tant dans ce milieu, en catogan et jean rebelles malgré ses bientôt soixante ans et son statut de fonctionnaire culturel, directeur de centre traumatique national il n'avait point abdiqué son idéal de jeunesse: diriger un théâtre authentiquement subventionné en bas de chez lui. Je l'admirais pour cela aussi.
    Quant à la chère Josiane, sexagénaire péremptée, elle n'avait point encore tout à fait raccroché les chaussons et chacune de ses créations dont les dernières en date : « Varices II » et « Phlébite IV » lui valaient des critiques élogieuses et des hospitalisations prolongées.   
    Afin d'appuyer leurs revendications légitimes ils avaient organisé une sorte de happeningue, manifestation pleine d'imagination et de couleurs, vrai l'on aurait dit une... un...
    -Un spectacle de fin d'année d'une école maternelle de république démocratique de province. Constata cet imbécile de Kelbonbec, qui ne comprenait décidément rien à la transe contemporaine.
    A la fin de la prise d'otages... je veux dire de l'impromptu scénographié et alors que la chère Josiane Poupineau très en forme se proposait de « me passer par le trou des chiottes » si je ne faisais point droit à leurs exigences, je pris la parole et avec quelque énergie je me ralliais à leur point de vue, annonçais un doublement du doublement des subventions et proposais d'organiser ensemble une « grande manifestation contre » sur le Boulevard des Belges.
    Mais la chère Josiane me gardait quelques rancune et après avoir annoncé qu'avec la nouvelle subvention elle allait faire un spectak contre la montée du fassisme à La Conche en une relecture de l'opéra de quat'sous qui passerait pour l'occasion à quat'euros, elle rappela son compagnon qui sirotait un baby devant la table où était dressée la collation d'après conseil.
    -Allez aménes toi grand con t'as assez picolé comme ça.
    Le calme était revenu et en même temps, je l'espérais, une renouvelée connivence avec les milieux intellectuels de La Conche.
    -Mais c'est vous le fassiste en question, il me semble ? Irrupta dans la sérénité retrouvée mon premier adjoint indigné que l'on put s'en prendre ainsi en séance à un élu en chef.
    -Moi ? Ah bon, vous croyez... oooh !
    Je rougissais, sincèrement, mais je me reprenais aussi vite.
    -Il y a un malentendu entre nous et je le regrette car j'ai de l'estime pour ces gens et tout ce qu'ils représentent de valeurs humanistes, tolérantes et progressistes, mais malgré tout le combat contre l'estrémisme et l'intolérance est un combat tellement nécessaire que je propose au conseil de re-re-doubler la subvention que je-nous...
    Je-nous n'alla pas plus loin car, Walter n'assistant pas à la séance, le Capitaine Kelbonbec, mon adjoint aux sports, tenta alors de me passer par la fenêtre close, c'était à croire qu'il y avait quelque permanence ou tour de rôle d'organisée entre eux, mais Mademoiselle de Plombelec qui servait de secrétaire de mairie, rappela tout le monde à l'ordre.
    -Assoyez-vous tous et plus un bruit ou vous restez en retenue pendant la récréation !
    Pour quoi je l'avais maintenue à son poste, elle avait une autorité étonnante sur les populations défenestratogénes du coin.
    Quand même je risquais de devenir l'élu le plus défenestré de France si les choses continuaient ainsi. (à suivre...)
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