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    11 Août

     

    Nous faisons notre entrée dans le Port d'Upschlout sous les sirênes des autres bateaux. Le Catherine Dolto Ingmör Bergmon repeint en rose fait forte impression. Le voyage de retour s'est bien passé, certes il nous a fallu nous serrer un peu plus, j'ai prêté la baignoire de Pedzzolino au cher Lopeck connaissant son inclination particulière pour les sanitaires. Il faut lui reconnaître qu'il nous a été fort utile lors des quelques pannes que nous avons eu à déplorer, j'ai eu de longues et fort enrichissantes conversations avec lui pendant qu'il travaillait avec ses outils sous le tube lance-torpille, ou sous la chaudière atomique, une Chaffoteau & Maury de toute beauté.

    Pour l'arrivée toute la troupe s'est alignée en grande tenue sur le pont, ainsi le veut la tradition, même l'Amiral Balhsen en bout de ligne, tous au garde à vous, même notre cher Lopeck qui m'apprend-il a fait son temps dans les garde-frontières sur traîneau, corps d'élite de l'armée polonaise. Alors que nous approchons à bonne allure du quai je me tourne vers l'amiral:

    -Dîtes-moi cher ami le pilote me semble aborder notre avenir nautique avec un peu trop d'optimisme depuis son poste de pilotage, nous sommes peut-être un poil trop vite dans les manoeuvres de port?

    -Le pilote? Mais il est ici avec nous sur le pont.

    -Non? Ne me dîtes pas que...

    Il n'a pas même le temps de me dire: "que"... que nous entrons avec une certaine éloquence dans le quai principal.

    Celà fait du bruit, impressionne le terrien mais enfin c'est surtout de la tôle froissée, nous avons l’habitude avec ce c... brave amiral bientôt en retraite, j’y veillerai, malgré tout il est de meilleures entrées en matière, si j'ose dire, d'autant que dans la manoeuvre j'ai heurté le coude de l'Amiral saluant sinon salutaire et que je saigne quelque peu du nez.

    Aprés le coup de sifflet traditionnel, ma Poupetkë monte à bord, elle s'étonne un peu, il est de fait que nous sômmes partis en contre-torpilleur et que nous revenons en sous-marin nucléaire lanceur d'engins (en tout genre):

    -Mais où sont donc passés les superstructures?

    -Les... quelles superstructures, je vous assure ne pas avoir rencontré de superstructures depuis quelque temps déjà ma chère amie...

    -Enfin mon ami sur tout contre-torpilleur superstructures il y a.

    -Un contre-torpilleur? Quel contre-torpilleur? Vous avez entendu parler de contre-torpilleur Amiral?

    -Euh non, pas récemment en tout cas Monseigneur.

    -"Sous mariniers nous partîmes, sous mariniers nous rentrâmes..." Dis-je pastichant le fameux poême marin de Bodeloëre, notre grand poête nordmois.

    -Enfin je n'ai pas rêvé!

    -Même pas de votre petit mari ma poupetkë. Lui murmuré-je à l'oreille en une adroite diversion et regardez qui je vous raméne là, notre Klopilde et son... son plombak, son  plombier polak., ils vont passer quelques jours de vacances à Bonpéze. Ce n'est pas une bonne nouvelle.

    -Bonnne nouvelle pour bonne nouvelle, Mamantkë a terminé sa 49° cure de désintoxication et elle vient elle aussi avec nous.

    -Oh merdetkë! Ne puis-je m'empêcher de borborygmer.

    La Reine-Mère Berthatkë est en bout de quai, voile debout, plus redoutable que jamais, elle ne fait pas loin de ses deux métres, montre la féminité d'un cuirassier de la garde et témoigne à mon endroit d'une agressivité de tous les instants, je la vois qui se met en mouvement, je recule tant et tant que je m'emméle les pieds dans des cordes qui jonchent le quai, ces marins sont d'un négligent, et me retrouve hissé par une mécanique imbécile et puissante le long du mât dans le même mouvement que le drapeau et au moment où retentit l'hymne national le "Pumpkf unk Vlumpkf"et tout en montant je salue le drapeau la tête en bas en une ascension que comme à mon habitude je rends la plus digne possible... même si on l'imaginera ce n'est pas chose aisée.

    (... à suivre)

     

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    Aprés quoi je fais une petite sieste réparatrice, passe un costûme d'été en lin épépiné, Pezzolino m'a apporté quelques vêtements dans l'après midi  et je descends, les invités de Klopilde sont déjà arrivés, la douce enfant a bien fait les choses, elle a accroché partout des guirlandes lumineuses, dressé deux mats d'éclairage de quinze métres de haut, fait nettoyer le jardin et planter une pelouse toute neuve, repeindre la façade et remplir la piscine, dresser un buffet de six métres de long et mis en place une desserte par hélicoptères depuis l'aéroport international, je dois lui reconnaître, pour cela elle tient de sa mère, de solides talents d'organisation mais qui s'épanouiront aussi bien dans des activités civiles autres que le proxénétisme hôtelier, ce me semble.

    Malgré tout cela reste assez provincial, hormis la présence du vice-président des Etats-Unis, d'une dizaine de parlementaires et du gouverneur de l'Etat.

    -Ce sont des bons clients. Me sussure ma coupable enfant.

    Il n'y a pas que des femmes de professeurs endimanchées, il y a aussi beaucoup de perles, de diamants et de décolletés, je soupçonne ma lucrative Klopilde d'avoir fait payer fort cher ses invitations à venir voir le prince Raoultkë de Nordnmark que "l'on dit charmant et tellement français", tous ces braves américains seraient bien infoutus de situer le Nordnmark sur une carte du monde et pas plus l'Europe mais enfin ils ont déjà cette qualité d'être curieux... de moi.

    Klopilde en profite pour mettre en place une tombola, une loterie, un sweepstake, deux pistes de strip-tease et quelques tables de poker, je ne sais d'où elle tient ce goût pour la libre entreprise mais c'est vraiment très étonnant.

    Elle me prend par le bras:

    -Tu es très beau Papatkë... viens je vais te présenter le professeur Alacan... il est par là...

     Il n'est pas loin en effet il campe devant le buffet au rayon spiritueux, il est même largement entamé et aux prises avec l'un de ses collégues, phénoménologue belge, structuraliste comme lui, mais d'une autre obédience, très imbibé lui aussi et auquel il conteste des présupposés hégéliens, très vite la dialectique aidant ils en viennent aux mains et se déconstruisent mutuellement allégrement, c'est terrible de voir cela et l'on se dit que la philosophie spéculative devrait être interdite quand elle ravale ainsi l'homme au rang de la bête.

    Malgré tout la soirée se passe sans plus d'incidents hormis une apparition de Lopeck Glissanski qui claque un peu fort les volets en gueulant de sa voix très sonore depuis le premier étage:

    -Il y en a vouloirrr dorrrmirrr ici! Quoi merrrrde!

    (à suivre...)

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    31 Juillet... suite...

     

    Elle porte une petite jupe à carreaux et toujours ses couettes, Dieu du ciel comme elle est restée gamine!

    Une demie douzaine de ses amis, des garçons robustes en parfaite santé, viennent la saluer avant de partir:

    -Bon Klo-Klop on doit y aller on a entrainement, et encore merci pour cette nuit. Tu étais partout, devant, derrière... Ah c'était.... c'était inoubliable!

    -Oubliez ça, bon au revoir les garçons  et de toutes les façons c'est pas tous les jours que vous gagnez contre les Rangers.   

    Une fois les garçons partis, Klopilde nous explique que c'était l'équipe de football de l'université et qu'ils ont remporté une importante victoire qui a été fêtée jusque tard dans la nuit... et même jusque tôt dans le matin.

    -Et les voisins? M'interrogeai-je.

    -Les voisins ils étaient là! Ils doivent même être encore sur la moquette du salon!

    -Et vous mon cher Lopeck, malgré la fête ce matin quand je suis arrivé, fort tôt d'ailleurs, vous étiez déjà sur le pont .

    -Moi le nuit je dormirrrr! Nous répond-il toujours depuis son dessous de baignoire.

    -Bon et bien moi je vais mettre un peu d'ordre, aprés quoi on pourrait aller avec mon Papatkë chéri visiter un peu la ville.

    Je l'aide dans ses tâches ménagères, ranger les coussins, pousser dehors les porto-ricains qui sont dessous ou vider les cendriers pleins:

    -Ils fument de drôles de cigarettes tes amis, regarde elles sont coniques, on dirait... ne seraient-ce point là ce que l'on appelle des pétards!

    -Que veux-tu papa chéri, ils sont jeunes.

    -Tu n'en fumes pas j'espère?

    -Lopeck me tuerait, il a bien trop peur pour son fils!

    -Car un fils ce sera?

    -Oui, oui un garçon c'est certain.

    -Mais qu'est-ce qu tu fais?

    Klopilde est en train de ramasser des bouts de plastique qui jonchent la moquette et de les lancer aux chiens qui restent sur le seuil comme au garde à vous et mâchent longtemps chaque morceau avant que de l'avaler avec un gros gloup!

    -Regarde comme ça les amuse!

    Je me penche un peu sur la moquette, je ramasse l'un de ces objets intrigants, on dirait des ballons de baudruche dégonflés et dégou... li... nants... de...

    -Des capotes! Mais ce sont des capotes usagées!

    -"Il faut bien que jeunesse se passe!" comme vous dîtes en France. Allez viens mon Papatkë joli on va se promener en ville et d'abord déjeuner, j'ai une de ces faims !

    Ma douce Klopilde appelle un taxi, c'est un cubain, il s'adresse à mon enfant en cubain dans le texte... non plutôt dans le taxi. Il ne sait pas que j'entends fort bien l'espagnol, pendant des années nous y avons passé d'excellentes vacances sur l'Île de Majorque avant que je ne rachéte notre vieille terre de Bonpéze que monsieur mon père avait vendu à de vagues cousins: les Mairdleux de la Momerie.

    -Il a une sâle gueule ton micheton, si tu veux on va te le faire crâcher un max, je lui fais faire le tour de la ville pendant que tu l'endors avec une gâterie, j'appelle les amis et on te l'arrange dans un terrain vague, j'en connais des très bien.

    -Mais enfin Josépito tu n'y penses pas, c'est mon papa chérie.

    -Ah ouais! Ah c'est pas vrai! T'as un père toi ma poule et depuis longtemps? Il a pas dû te faire beaucoup d'usage. Bon en route c'est moi qui régale, je te dois bien ça avec tous les coups que tu m'as servis!

    J'interroge mon enfant en nordmois, langue peu usitée en ces contrées:

    -Tu as d'étonnantes fréquentations ma fille?

    -Oh je ne risque rien, ce sont des amis de Lopeck.

    -J'aimerais connaître aussi quelques uns de tes professeurs...

    Il en est de fameux à la Florida's Surf and Smurf University (FSSUF).

    -Si tu veux.... tiens j'inviterais ce soir le Professeur Jacques Alacan c'est un français très connu l'un des derniers philosophes structuralistes, il est passionnant quand il a trop bu il se met à destructurer, on ne peut plus l’arrêter.

     

    Nous déjeunons de salades, l'établissement en sert 9865  différentes au bord de l'eau dans une marina, le paysage est splendide, hormis les batîments tape à l'oeil, la pelouse artificielle, les palmiers racoleurs et la mer qui semble repeinte de la veille, le seul ennui c'est que Klopilde y connait une quantité de monde, de nobles quinquagénaires habillés en yachtman et toutes les trois minutes, elle sort son carnet  pour noter des rendez-vous, mais ce sont surtout des femmes, le plus souvent fort jolies quoiqu'exagérément blondes et apprêtées qui l'abordent:

    -Klo-Klop je vois que tu es en clientéle ....

    -Mais non voyons c'est mon papounet chérie, qu'est-ce qu'il y a  ma Cynthia?

    -C'est pour mon client du 16, il voudrait qu'on fasse ça pendant une pêche au requin. Tu sais que je supporte pas le bateau, tu pourrais pas lui coller Sonja?

    -On va arranger ça, je vais demander à Lopeck, je t'appelle, ciao. 

    -Enfin ma fille pourrais-tu m'expliquer ce que sont-ce au juste ces activités qui t'accaparent tant?

    -Oh je fais juste un peu de... d'animation commerciale, je prends les rendez-vous de Lopeck, j'organise des fêtes, je procure des hôtesses, quelques fois je donne un peu la main comme avec les fôtbaleurs de cette nuit, les filles n'en pouvaient plus, c'est Lopeck qui m'a appris le métier.

    -Il est très travailleur?

    -Ah ça très.

    Brave garçon  ce Lopeck, je confesse que je goûte assez ces longues conversations sous l'évier que j'ai avec mon beau fils en lui passant la clef de 12 c'est un garçon attachant et qui s'est fait seul à la force du poignet, et il en faut de la force dans le poignet pour exercer ce métier de contraintes et d'effort. Quand soudain, amenée par je ne sais quelle tellurisme paternel en provenance directe des mes entrailles, passe devant mes yeux la fîche de renseignements que m'avait présentée cet imbécile de Thör Dupondsen et les deux condamnations pour proxénétisme du polak.

    -Tu... tu ne te livres pas au... au proxénétisme au moins?

    -Oh Papounet tu as de ces mots. Il faut être moderne, aujourd'hui c'est un bizeness comme un autre.

    Je m'effondre dans ma salade cumin/betterave/pamplemousse, avant que de me ressaisir et de me redresser derechef en empoignant mon couteau... à salade:

    -Mais je vais le crever moi ç't empaffé de polak!

    -Ah je vous en  prie père pas de scandale, je suis connue ici.

    La terre me manque, assailli comme je le suis par une mêlée de sentîments contradictoires: tue-je? Egorge-je? Ou Pardonne-je?

    Je me rééffondre sur mon fauteuil au moment où le garçon apporte le dessert, une salade aux fraises chou rave et huitres chaudes sucrées.

    -Enfin Klopilde mon enfant  tu n'es pas raisonnable, as-tu oublié que tu es dans la liste de succession au trône de Nordnmark?

    -Troisiéme! Il y a ce nazillon de Koonradt et ce demeuré d'Uurtikern avant moi, autant dire que sauf épidémie, tremblement de terre ou autres circonstances favorables...

    -Ne parle pas comme ça de tes frères nous sommes une famille unie.

    -Et puis de toutes les façons ça ne m'intéresse pas, j'ai vu pour maman c'est trop de soucis.

    -Il est de fait que pour une femme, régner n'est jamais facile, c'est plutôt une affaire d'hommes.

    -Qu'est-ce que tu racontes maman se débrouille très bien. Non moi je veux mon indépendance... parlementaire, être autonome, ne pas dépendre toute ma vie d'une bande de députaillons, médiocres et grégaires, imagine que ces imbéciles par démagogie me coupent ma liste civile, qu'est-ce qu'il me restera pour vivre et élever mon enfant, je préfére prendre les devants.

    -Prendre les devants... et aussi les arrières !

    -Ne soyez pas trivial père !

    Je reconnais qu’elle n'a pas tout à fait tort, le parlementarisme est une plaie  mais je ne peux pourtant lui donner entiérement raison.

    -Bon écoute vous fermez votre petite entreprise et vous  revenez au Nordnmark, ton mari a un bon métier, je parle de la plomberie, pas de l'autre... et toi tu pourrais t'inscrire à l'Université de  Boeren ou d'Upschlout et je ne dis rien à Maman c'est promis...

    -Faire du surf à Upschlout sur la baltique? Entre les icebergs peut-être?

    -Mais bon Dieu il n'y a pas que le surf dans la vie! Je ne sais pas moi tu pourras faire de longues balades en traineau au printemps dans le Proomsberg ou de la luge l'été dans le Thöf. Et en attendant, puisque l'année universitaire est terminée, sais-tu ce que nous allons faire? Nous allons tous ensemble passer un bon mois de vacances à Bonpéze, je demanderais une permission à son chef de corps pour Koonradt et tu peux même emmener ton... ton polak, mais il faudra bien l'attacher qu'il nous bouffe pas les poules... ah  te souviens-tu quand tu étais petite ce qu'on s'amusait là-bas à cueillir les cerises, ou à faire la moisson avec les paysans... songe aux champs de blé dur mûr...

    -Le blédurmur? Qu'est-ce que c'est que ça? Mais merde j'ai grandi depuis et les péquenots ça m’a toujours fait chier.

    -Ah ne parle pas comme ça ma fille ! Pas de nos gens!

    C'est peut-être les fraises, ou les huitres ou les propos de Klopilde ou le mélange de tout ça mais j'ai comme un poids sur l'estomac.

    -Bon si tu me faisais visiter un peu cette ville, j'en suis curieux.

     Miami est une ville sans doute d'antique peuplement mais de construction récente et de civilisation quasi inexistante, toute sillonnée de retraités, de culturistes, d'étudiants et de caniches en shorts, lunettes de soleil et casquettes, étonnant ce culte rendu à l'accessoire sous un ciel vide meublé d'un soleil célibataire, l'on se croirait dans un meublé mais en plein air, une contrée éternellement vacante comme entre deux locations, un pays bande mou bien loin de nos plages méditerranéennes tellement érectiles.  

     Quand nous retournons chez Klopilde, au petit trôt, les bras chargés de victuailles en vue de la petite réception qu'elle veut donner ce soir, Lopeck Glissanski est dans le garage, sous sa bagnole en train de s'amuser avec le delco, c'est comme ça qu'il se détend: en bricolant sa voiture, c'est définitivement un c... euh... un garçon intéressant, je lui balance préventivement sa clef de 12 et m'en vais prendre une douche.

    (à suivre...)

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    31 juillet

     

    La Floride nous voilà! Non ce ne doit pas être ça.

    L'avantage avec un sous-marin atomique c'est que l'on n'a nul besoin en route de s'arrêter pour ravitailler, l'inconvénient c'est que l'on ne peut collecter et collectionner ces petites figurines ou ces gadgets amusants que distribuent chaque fois que vous y faîtes le plein, les pétroliers ravitailleurs véritables stations service à la mer.

    Malgré tout la propulsion atomique vous donne une liberté étonnante et fort agréable. Imaginez cela sur un pédalo et le concept même de loisirs en est changé. Je jette sur le papier ces quelques idées originales, il me semble, en prévision d'un prochain livre que je prépare où j'entends bien livrer ma vision du monde actuel et à venir. Le réchauffement climatique, la fonte de la culôtte glaciaire après un régîme dissocié même la place du caleçon dans nos sociétés contemporaines, j'essaierais d'aborder tout sans idées préconçues et avec ma propre sensibilité d'écrivain.

     

    Dés que nous abordons au matin, je fonds sur un taxi, lui donne l'adresse de ma douce mais coupable Klopilde, depuis ses épousailles surprenantes elle loue une grande maison en ville, à proximité de l'Université. 

    Quand j'arrive chez elle la maison est pleine de jeunes gens avachis sur les canapés défoncés, défoncés je pense que les jeunes gens sus nommés le sont aussi un peu, cela sent une drôle d'odeur, une manière de parfums de tabacs turcs qui flotte dans l'air, j'ouvre en grand les fenêtres, il fait un soleil magnifique, après quoi j'appelle :

    -Klo-Klop ! C'est Papatkë!

    Mais elle ne répond point, je visite la maison, toutes les chambres sont pareillement occupées par des jeunes gens, plus ou moins jeunes d'ailleurs, mais tous ronflants et débraillés, certains sont même fort nus!

    -Klopilde où es-tu?

    -Ici! Me répond une voix mâle qui n'est nullement celle de mon enfant, elle provient de la cuisine, j'y cours, un homme en cottes bleus est à demi enfoui sous l'évier de la cuisine:

    -Je Lopeck Glissenski. Vous cherche Klopilde ma femme, elle être bibliotek Universitek? La clef de 12 je please!

    -Ah bien: Fort bien! Vous êtes donc son époux! Fort bien je suis son papa Prin....

    Je me retiens de décliner mes tîtres et dignités, qui risqueraient de quelque peu amidonner nos relations que je veux ouvertes et dénué de tout préjugé, ce n'est pas parce que ce foutu prolo slave s'est payé une petite pute dans les toilettes d'un aéroport international et que cette petite pute était ma fille qu'il me faut lui en tenir éternellement rigueur!

    -Raoul de Bonpéze.

    Il me tend la main, je la lui sers, cela dure, il ne veut pas la lâcher enfin il dit toujours sans sortir de sous son évier:

    -'pouvez pas passer moi la clef de 12 ! Je please.

    -Mais... mais bien sûr, la clef de 12 donc...

    Je fouille dans sa sacoche en cuir de plombier et je la lui rapporte triomphant:

    -Voilà la clef de 12!

    -Pas la débouchée, la plate! Je please.

    Je me conforme à ses souhaits, je les satisfais même, il grogne quelque chose en polonais non sous titré mais qui ressemble fort à un remerciement mal articulé.

    -Ce sont des camarades de Klopilde?

    -Ah ça êtrrre petits cons! Marrrteau je please!

    Je lui dis toute l'estîme que j'ai pour les métiers manuels.

    -Gagner crrroûte bientôt môme faut bien!

    Je lâche son marteau sur mes pieds:

    -Aïe! Vous voulez dire que Klopilde est enceinte?

    -Tac! Pas elle dirrrre papa?... Moi dirrre Marrrrteau!

    Il commence à m'agacer avec ses outils, je ne suis pas infirmière mais bientôt... grand-pérrre! Je lui passe quand même son foutu marteau.

    -Vouloirrrr café?

    -Je... je veux bien.

    -Toi fairrrre deux tasses, cafetiérrrres là-bas!

     Il m'énerve ze polish plumber avec ses roulements de "r"!

    Enfin, je fais du café pour deux, je lui tends la tasse, il est toujours en immersion sous son évier, il aurait du faire sous-marinier plutôt que plombier ce garçon.

    -Je vais un peu m'aérer et me détendre les jambes.

    Je le laisse à ses problèmes de tuyauteries pour aller marcher dans le jardin et méditer un peu. Le jardin est charmant quoique salissant, il est jonché d'énormes crottes de chien Je suspends très vite me exercices et laisse là mes méditations car deux énormes molosses viennent à ma rencontre en aboyant et en me montrant les dents.

     Je retourne à la cuisine, mais mon ... beau-fils a disparu, j'appelle:

    -Lopeck! Cher ami où êtes-vous?

    -Je être là!

    Je le retrouve dans la salle de bains, sous la baignoire.

    - Pas énerrrevez les chiens! Clef de 12 je please.

    Je suis à deux doigts de la lui balancer à la figure mais un: de figure je ne vois point et deux: c'est alors que j'entends la douce voix de ma tendre Klopilde:

    -Bonjour les gentils chiens... oui vous êtes mignons mes amours... oh mais dîtes donc vous êtes encore là vous! Coquins! Allez mes bons amis rhabillez-vous et remettez un peu d'ordre voulez-vous... Lopeck mon ravichou  adoré  tu es là?

    -Je être sous baignoirrrre! Répond l'homme des sanitaires.

    Klopilde vient à nous:

    -Oh papatkë! Mon papatkë jolitkë! Que je suis contente de te voir!

    Elle se jette dans mes bras, quelle bonne enfant! Malgré tout je la gourmande un peu:

    -Tu comprendras que j'attends des explications!

    -Eh bien moi j'attends un bébé.

    -Je sais notre ami me l'a appris.

    -Ah vous avez fait connaissance, je suis contente tout plein, je suis sûre que vous allez sûrement vous entendre merveilleusement!

    (à suivre...)

     

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  •  

    29 Juillet

     

    Après avoir folâtré quelque peu sur les océans, mais après tout sont-ce ou non-ce les vacances, nous arrivons à Los Angeles pour les manoeuvres navales Nordmo-Américocacolesques.

    Les autorités navales américaines sont un peu déçues ils attendaient un contre-torpilleur et ils voient arriver un sous-marin lanceur d'engins.

    Quelle idée aussi d'organiser des manoeuvres aussi loin de chez nous, d'ailleurs pour dire la vérité notre participation est somme toute assez symbolique, les américains mettant en ligne 62 bâtiments de surface dont 14 porte avions à propulsion nucléaire et nous outre le Françoise Dolto rebaptisé Ingrid Bergmon à la hâte et à la suite d'un erreur du peintre qui s'est trompé dans les prénoms, Ingrid Bergmon étant comme chacun le sait une combattante féministe nordmoise morte héroïquement au combat les ciseaux à la main dans les toilettes du stade Olympique d'Upschloüt dans les années 70 le soir d'une finale de la Coupe de Nordmark, nous ne pouvons aligner qu'une vedette des Douanes transportée à dos d'hommes depuis la Baltique.

    Ne nous leurrons pas, nous ne faisons que de la figuration, la plus intelligente possible. Le théme des manoeuvres est simple:

    "On disait que ces salauds de russkofs essayent d'envahir la grande banlieue de Los Angeles et d'asservir le monde libre, traitez-moi cela en douze heures sans vous servir de l'aviation  mais vous pouvez utiliser des missiles intercontinentaux à têtes multiples et vous aider d'un rapporteur!"

    Comme on le voit, on ne se renouvelle pas beaucoup dans la Marine américaine.

    Pour notre part nous demeurons en queue de peloton à actionner les sirênes pour saluer les populations attroupées sur les quais et au retour l'on ne dispute même pas le sprint final.

     

    Au soir lors du dîner officiel clôturant les manoeuvres, j'ai mis l'uniforme vert pâle en soie sauvage que m'a taillé le talentueux tailleur des Isles Futrak, avec une belle chemise à jabots et des chaussures italiennes, je fais sensation auprès de la gente féminine, elles me veulent toutes et tout de suite, ces américaines sont le plus souvent privées de vrais mâles, surtout ici à Los Angeles. L'amiral O'Sweatie commandant la 71° Flotte est lui même le premier amiral irlandais transgenre de la Marine américaine, il arrive en longue robe décolletée. Entendons-nous je n'ai rien contre les homosexuels et autres tarlouzes ou folles de placard mais pourvu qu'elles gardent leurs distances, ne fassent pas de prosélytisme et n'essaient pas de sauter le mur (ou autre) du pénitencier.

    Ceci mis à part c'est une personne charmante elle/il me dit que le Président de la République Française a été cueilli en sortant des Nations Unies et qu'il est actuellement en garde à vue dans un Commissariat de la 47° rue à New York pour "Génocide aggravé d'estivants du corps de troupe de l'armée des Etats-Unis d'Amérique".

    -Ah tiens don' et pourquoi don'?

    -Vous n'êtes pas au courant Monseigneur ?

    -Vous savez Amiral sur un sous-marin les journaux arrivent mal.

    -Il aurait fait balancer un frigo atomique (Atomic Fridge) sur notre établissement des Iles Pepsico.

    -Un frigo atomique diantre! Vous entendez ça John Branke? Qu'est-ce qu'on ne va pas inventer maintenant! Et comment est-on sûr que les français soient au départ de la chose?

    -On a retrouvé la garantie dans le compartîment à oeufs, il a été acheté au magasin Darty de Lorient.

    -Bigre ça ne s'arrange pas pour lui on dirait.

    -C'est grave! Insiste O'Sweatie, il risque de perdre sa retraite de fonctionnaire de la CIA.

    Pour remettre un peu d'entrain je fais valser l'Amiral O'Sweatie, il/elle chausse du 49 et il est préférable de garer ses vernis quand elle/il change de bord.

     

    Toutes ces formalités accomplies nous ne prenons pas même le temps de visiter la ville malgré les sollicitations d'un carnet d'adresses prestement rempli, nous mettons le cap sur la Floride où je vais retrouver ma douce, tendre, candide .... mais oh combien coupable Klopilde.

    Je donne à Bombsec l'autorisation de raccrocher ses lampions et de remettre ses tables sur le pont, les hommes sont détendus, ils font des grillades et boivent de la bière... fraîche, ce cher et délicieux John Branke nous ayant fait livrer un nouveau frigo, les vacances commencent bien.

     

    (à suivre...)

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  • 26 Juillet

     

    Les marins ont retrouvé une certaine bonne humeur, peut-être trop, à midi alors que j'étais monté sur la passerelle boire un dry Martini en terrasse avec le cher Bombsec, ils ont bloqué l'écoutille et le sous-marin s'est mis à s'enfoncer, je n'avais pourtant pas oublié de faire vider ma baignoire par le fidèle et rhumatismant Pezzolino.

    Passés dix bons mètres de plongée, et après que nous eûmes abondamment frappé sur la paroi avec la bouteille de Martini pour manifester notre présence, ils se sont décidés à remonter.

    J'ai mis en garde l'Amiral contre de tels manquements, préjudiciables à la conservation du navire et de ma personne.

    Il s'est excusé mais je lui ai signifié que peu m'en chaillait de ses excuses.   

    Dés mon retour, je vais me pencher avec attention sur la poursuite de sa carrière, je trouve de plus en plus qu' il a toutes les qualités pour faire un bon gardien de phare, et puis jamais personne, que je sache, n'est parvenu à couler un phare!

    Nous passons au large des Pepsicos Islands et le capitaine Bombsec en profite pour me faire une démonstration des qualités et des ressources de son batîment qu'il adore.

    Le "Françoise Dolto" est un sous-marin lanceur d'engin, il peut à peu prés tout lancer depuis la gaufre de consommation locale jusqu'au missile balistique destiné à un public plus intercontinentale. 

    -Nous pourrions faire un exercice d'entraînement qu'en pensez-vous Monseigneur? Et puis cela entretiendrait le matériel autant que le moral de l'équipage.

    Ah il l'aime son batîment, le brave Bombsec, ce breton me plaît.

    -Et pourquoi non cela permettrait peut-être à notre commandant de reprendre un peu en mains son équipage!

    L'Amiral obéit à contre-coeur:

    -Vous savez Monseigneur, ça cocotte, forcément avec le manque de place, le délégué syndical voudrait qu'on leur applique la convention collective des sous-mariniers plus avantageuse que celle des marins de pont...

    -Ah rompons-là voulez-vous Amiral et commandez plutôt l'exercice en terrasse avec nous!

    -Je préfére me tenir prés de mes hommes. Me répond-il séchement ce qui n'est jamais sans mérite pour un marin exposé aux embruns. 

    Très vite les alarmes retentissent, je suis attablé sur la passerelle à déguster mon troisiéme dry Martini près de ce cher Bombsec qui chronométre en mains surveille l'exercice.

    -S'ils lancent en moins de 10 ' ce sera très honorable même si nous-mêmes ne mettions guère plus de 7' mais nous étions joliement entraînés à la fin.

    Je le sens ému, il empoigne mes jumelles pour cacher ses yeux mouillés.

    Nous nous trouvons au large des Pepsicos Islands, où nous comptons aborder pour faire le plein de bière.

    C'est un archipel indépendant sur le papier mais que l'on dit sous forte influence américaine depuis qu'ils y ont installé trois camps de 87 000 hommes et un commandement intégré modéle depuis quoi ils bombardent qui ils veulent à travers le monde.

    A notre neuviéme Martini il n'y a toujours rien eu de lancé, quand enfin irrupte avec une force prodigieuse des entrailles de notre nef un... un frigo qui s'éléve très haut dans le ciel et ne retombe point:

    -Ah les salauds mon frigo! S'exclame Bombsec sincérement peiné.

    L'Amiral Balhsen passe la tête par l'écoutille ouverte:

    -Alors combien?

    -77' et 49'' annonce ricaneur Bombsec. Je crois que vous pouvez gagner 49'' sans trop de difficultés, mais je vous signale que les réserves de bière étaient dans le frigo.

    L'Amiral redescend en engueulant ses hommes pour la bière fraîche mise en orbite basse. Il semble de fort mauvaise humeur, il veut sa revanche.

    Je pense que c'est quelque part entre le 23° et le 37° Martini, mes souvenirs sont assez vagues sur ce point, que nous avons vu surgir de notre Léviathan moderne l'énorme et magnifique engin, une fusée, rien de moins, qui monte en majesté vers les cieux, toute blanche et d'une parfaite et entretenue immaculence.

     

    Cette fois l'Amiral a bien fait les choses, reconnaissons-le ... et presque dans les temps.

    Il repasse par l'écoutille sa tête hilare:

    -Alors elle est pas belle celle-là!

    -Très réussi! Et vous l'avez réglée sur quelle destination?

    -Réglé? Ah mais on a rien réglé? Pourquoi il y a quelque chose à régler?

    A ce moment nous voyons le terrible engin redescendre à vive allure vers les plages touristiques et pleines de monde en ces heures de bureau des Pepsico Islands.

    -Dîtes-moi cher ami vous n'avez pas mis de charge au moins?

    -On a pris ce qu'il y avait sur l'étagèr...

    Bombsec se met à genoux, c'est souvent chez les bretons quand le vent souffle:

    -Bon Dieu quinze ans que j'attendais ça! S'exclame-t-il en nous désignant le beau champignon fuligineux qui vient de couronner les Pepsico Islands.

    Je me lève, un peu en colère devant tant de légèreté:

    -Eh bien Messieurs je crois qu'il est inutile de faire escâle ici, de toutes les façons la bière sera chaude.

    Le Père Fulmance, arrivé parmi nous parce qu'il ne trouve plus de bières en bas, prend la chose avec son élévation spirituelle habituelle:

    -D'un simple point de vue humain il y en a certainement pour assez cher.

    -Vous savez ça reste du tactique léger mon père, du bon vieux 3 mégatonnes des familles. Bah ça gratte un peu mais un bon raz de marée là-dessus et il n'y paraîtra plus rien. Conclut sobrement Bombsec

    L'Amiral commande la plongée et nous prenons cap à l'ouest sans demander notre reste.

    (à suivre...)

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  • 25 Juillet

     

    Tout est prêt à bord pour notre second départ, il n'y a que le bord qui change

    -C'est que... je n'ai jamais conduit ça moi! S'inquiéte l'amiral devant ce redoutable engin mis à la pleine disposition de son incompétence.

    -Vous pouvez difficilement faire plus mal qu'en surface mon cher. Allons un peu de courage que Diable! Mettez-nous à l'eau!

     

    C'est terrible la vie dans un sous-marin celà sent abominablement des pieds, très vite, pourtant je me fais à cette vie simple et quasi monacale à bord du "Françoise Dolto", je réquisitionne pour mon usage personnel: une petite suite très simple: chambre, dressing, salle de bains, petit salon. Pezzolino dort dans la baignoire, à la guerre comme à la guerre et je me fais un plaisir chaque matin de le réveiller moi-même en me faisant couler un bain.

    Phénomène étrange lorsque je prends mon bain le matin le bâtiment penche sensiblement sur l'avant et s'enfonce et lorsque Pezzolino vide la baignoire éh bien nous remontons, curieux non?

    Les marins qui sont par vocation et formation des marins de surface ont quelque mal à se faire à cette vie immergée et assez exiguë, par rapport à un contre torpilleur, un sous-marin c'est petit, tout petit. Et je croise quelques fois des regards hostiles, surtout le matin quand ils font la queue devant les toilettes uniques et tout aussi hostiles, on l'imaginera sans peine.

    Bien heureusement nous n'avons point embarqué nos tsilongais, ils sont partis pour leur stage de formation lointain dans un camp du Hezbollah. Le Président Jon-Bob n'ayant pas voulu leur payer leurs billets d'avion, de fait et fort astucieusement, ce n'était pas compris dans l'accord, ils ont pris un charter australien qu'ils ont détourné sur l'afrique du nord, aux dernières nouvelles le gouvernement tsilongais en exil et en fuite  auraient détourné un autocar de pélerins algériens vers la Lybie, il faut reconnaître que ces gens-là sont infatigables.  

    Le capitaine de frégâte Bombsec est lui aussi assez fatigant, il veut que l'on ne touche à rien de son petit intérieur, il se proméne partout avec son plumeau, rajuste les napperons brodés sur les écrans des radars de veille, cela ne facilite pas la concentration non plus que les manoeuvres.

    Le plus pénible c'est ce réflexe de gargottier qu'il a acquis durant sa sédentarisation forcée, dés qu'il avise un batîment de surface, il sort les tables, les chaises et les parasols et  tente d'en rameuter l'équipage à coups de promotion sur la pizza Margarita et la bière fraîche.

    La solution nous vient bien vite de ce cher Petcho Larigaïe qui parvient à l'engager dans une folle partie de cartes, à la fin de laquelle, l'obstiné breton se retrouve avoir à faire face à une dette considérable de 4 589 632 haricots secs payable comme toute dette de jeu sous vingt-quatre heures, il hésite longtemps entre son honneur de navigateur et son autre de joueur et finit par signer un papier avalisant la cession de son batîment à la Marine Royale Nordmoise.

    Pour le consoler je lui dis que dés que je le pourrai je ferai retirer le batîment du service actif et le lui rétrocéderait et en attendant pour le consoler je le nomme mon conseiller spécial à la cour pour les affaires maritîmes, il en est enchanté, il ne s'imaginait pas une fin de carrière aussi heureuse. (à suivre...)

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  • 24 Juillet

    Tout est prêt à bord pour le départ, je ne suis pas fâché de m'éloigner de cet endroit dont je garderai quelques souvenirs cuisants, c'est la cas de le dire, et d'autres fort agréables, d'ailleurs le plus agréable a tenu à se déplacer jusqu'ici pour nous dire au revoir, malheureusement c'est un souvenir accompagné de son mari, dommage je lui aurais bien fait des Adieux plus circonstanciés à la délurée rouquine.

    L'amiral Biskit Bahlsen en grand unifôrme, nous le sommes tous, se fait admirer plus que de raison dans le commandement de la manoeuvre, il prend des poses devant les populations mêlées qui ont envahi les quais.

    -Tribord arrière 60! Stop! 3° degrés babord avant... j'ai dit 3°... enfin quoi mes enfants... là stoooopppp! Machines en avant toutes route à 74!

    Il faut dire aussi que dans la nuit un porte-avions nucléaire américain le USS Flatulance est venu nous serrer et que celà braque mal un contre-torpilleur. Enfin nous voilà délivrés et nous filons vers le chenal à bonne allure quand un jeune inconscient juché sur l'un de ces maudits scooters de mer nous barre la route, l'Amiral patine un peu il faut en convenir, il commande un : "Lâcher tout quoi merde!" qui ne me semble ressortir d'aucun manuel de navigation et que sanctionne un terrible bruit de tôle.

    Je rassure les âmes sensibles, le scooter n'a rien, en revanche nous, nous coulons.

    Nous coulons trés proprement, très sereinement, mais nous coulons.

    -Vous avez un hobby, Amiral?

    -Je pêche un peu quand j'ai le temps... Monseigneur.

    -Eh bien à l'avenir vous aurez de grands loisirs mon cher, j'y veillerai.

    Je m'emporte, mais nous avons déjà l'eau à la taille.

    Heureusement les garde-côtes Futraks viennent nous secourir très vite, il faut dire qu'ils n'ont pas beaucoup de chemin à faire. Nous n'avons pas à déplorer de victîmes dans nos rangs même pas l'amiral que j'aurais pris pourtant plaisir à déplorer.

    Le plus pénible c'est encore notre retour mouillé, décevant et précipité convenons-en sur le quai toujours plein de monde.

    Le Président Jon-Bob nous envoye une cellule de soutien psychologique, met une caserne à notre disposition et me propose d'affrêter un charter low-cost sans suppléments hormis pour le kéroséne, les pilotes et les hôtesses (27 heures de vol quand même! Quelle idée aussi de coloniser aussi loin! Il faut dire que nous nous y sommes pris tard et quand nous avons voulu coloniser tout était déjà retenu, la colonisation civilisatrice c'est comme les locations de vacances il vaut mieux s'y prendre longtemps à l'avance!), je me vois mal revenir en charter à Upshloüt aprés l'avoir quitté en contre-torpilleur, je m'en ouvre à mes fidéles compagnons: John Brank, Petcho Larigaïe et le père Fulmance des Emplettes.

    Nous sômmes tous assez abattus, jusqu'à ce que Erik le mauve entre hilare dans le bureau:

    -Je crois qu'ils ont retrouvé le moral! Dit-il en nous désignant la cour de la caserne où les psychologues et les infirmières dansent repeints en rouge et fort spirituellement remplumés avec de la colle à moquette et du duvet d'oreiller sous les plaisanteries de nos équipages, il y a peu abattus et maintenant tout à fait conquérants.

    Quel meneur d'hommes!

    -Je vous en prie baron, la cellule de soutien psychologique nous a été prêtée seulement par les autorités, elle ne nous appartient pas il nous faudra la rendre en bon état de préférence.

    -Bah les gars s'amusent, c'est pas méchant!

    Quelques cris nous renseignent sur la tournure que prend le chahut:

    -Evitons quand même le viol collectif, voulez-vous mon cher Baron.

    -A vos ordres Tétesse, mais ça va pas être facile de les occuper pendant tout ce temps!

    -Eh bien faîtes leur donc repeindre la caserne plutôt que les psychologues.

    -A vos ordres Tétesse!

    Il claque des talons et s'en va... pour revenir quelques secondes après:

    -Quelle couleur?

    -Mais je m'en fous bien Baron mauve!... euh mauve faîtes ça en mauve, celà calme parait-il encore que...

    A cet instant le téléphone retentit comme dans les meilleurs séries télévisées c'est Jon-Bob qui  prend de mes nouvelles, je le remercie pour ses attentions et lui demande s'il ne pourrait mettre à notre disposition quelque 'esquif:

    -C'est qu'on est pas trop une puissance maritîme malgré nos prédispositions insulaires, écoutes vieux (oh cette manie qu'il a de tutoyer tout le monde!) je vais t'envoyer mon secrétaire d'état  aux ... problêmes sociétales...

    -Taux! Les problêmes, j'imagine qu'ils sont plusieurs !

    -Ah ouais tiens don' la merde j'y avais pas pensé il va falloir que je fasse un remaniement alors! Enfin tu vas voir il va te trouver une solution allez on se phone hein ciao.

    Ce garçon est ce que la démocratie a fomenté de plus répugnant depuis l'invention des toilettes publiques.

    Toujours est-il que le secrétaire d'état aux problêmes sociétales sus mentionné nous rejoint assez tôt et qu'il paraît bien décidé à trouver une solution à nos ennuis:

    -C'est que des bateaux on en a pas de trop et si on vous repasse trois pédalos ça fera pas votre affaire, notre flotte c'est surtout des thoniers, des pipoliers et des connardiers... des yachts et des paquebots de croisière quoi ! Si vous voulez Monseigneur on pourrait aller faire un petit tour sur le port voir si on ne peut pas vous trouver quelque chose.

     

    De fait je me rends compte de visu qu'il y a beaucoup de yachts et de paquebots, certains yachts étant même plus grands que les paquebots, mais des navires de guerre en état et surtout dans nos prix il y en a peu! Sir John Branke a organisé une quête qui a recueilli 6589 Brelotqs ce qui fait à peu prés 500 $ Futraks.

    -Il y aurait bien un aviso libanais, ils sont arrivés le mois dernier ils se sont égarés après des manoeuvres en Méditerranée on peut toujours essayer.

    Mais les libanais demandent un prix exorbitant de leur barcasse qui est tout au plus une grosse vedette trafiquée.   

    -Mais je suis con moi! Il y a Jean-Françouais qui pourrait vous dépanner! Jean-Françouais c'est son surnom, son vrai nom c'est Jean-François Bombsec. C'est un gars qui tient une baraque à frites sur le port, un français, un sous-marinier il est arrivé l'hiver dernier à bord du "Françoise Dolto"  un sous-marin nucléaire lanceur d'engins français, avec les événements en ex-France ils avaient même plus le rond pour payer l'anneau sur le port et puis ils se sont engueulés il y aurait même eu des cas de cannibalisme, ils se sont rapatriés en s'engageant comme soutiers sur un cargo chinois sauf le capitaine de frégate Bombsec qui était commandant en second et qui a ouvert une guinguette sur son batîment ça fait venir les touristes et ça lui paye sa place sur le port mais je crois qu'il voudrait bien rentrer maintenant, vous pourriez lui proposer de vous le vendre ou de vous le louer... excusez-moi on m'appelle...

    Son costûme se met à s'illuminer,vibrer, siffler, philarmoniser, c'est son téléphone portable, je comprends qu'il parle avec son reluisant Président  et raccroche rayonnant:

    -Jon-Bob, à la suite de votre remarque, vient de me remanier il m'a promu Ministre des Affaires Sociaux .

     

    Nous allons discuter avec mon compatriote le capitaine de frégate Jean-François Bombsec, c'est un marin comme je les aime, breton de  vieille et haute école, très attaché à son batîment et aux usages de "la Royale", il est en plein coup de feu, il a l'air de bien marcher son petit commerce, il a arrangé le sous marin accroché des petits drapeaux et des lampes versicolores, c'est charmant, nous prenons langue mais il se montre intraitable, il veut bien nous louer son sous-marin mais rien à faire pour nous le vendre.

    -Arrivé à la maison, au Plessis Bouchard je le mettrais sur câle comme ça je l'aurais sous les yeux, le matin en me levant!

    Belle figure de breton!

    Nous nous mettons d'accord enfin autour d'une bolée de cidre de banane sur un prix de location (haute saison quand même!) assorti d'une certaine somme forfaitaire pour l'achat du kéroséne.

    Premiers incidents quand l'Amiral veut décrocher la guirlande de lampions multicolores, repeindre en rose le batîment et rebaptiser le navire. (à suivre...)

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  • 21 au 23 Juillet

     

    Depuis deux jours je boude mais ils s'en fichent bien et de mes lunettes noires autant.

    Je refuse toute nourriture ou Daïquiri frappé.

    Je fais la gréve de la faim et de la soif... j'ai soif il fait quand même 36 ° à l'ombre et ils m'ont mis au soleil.

    Pendant ce temps N'Gutu N'Gutu et le gouvernement tsilongais picolent à longueur de journée, il faut dire que le siége du Front de Libération Gaborien est un bar de plage déguisé en paillote.

    -Allez Pépère tire pas la tronche, les pourparlers ont commencé.

    Ils se déroulent au porte voix, l'Ilôt Gabor est juste à côté de Port Glandulk à moins de vingt brasses, et ces entretiens gueulés enlévent toute dignité aux débats.

    Des touristes en pédalo s'apprôchent de l'ilôt pour participer à ce qu'ils croient être quelques nouvelles festivités.

    De l'autre côté le Ministre d'état aux Pipoles négocie ma libération aux meilleurs conditions:

    -... 300 000 $ Futraks pour ça, non mais vous rigolez! Son dernier bouquin s'est vendu à 3000 exemplaires!

    -3087 rectifiai-je.

    Il n'y a que des marxistes pour s'enticher ainsi indéfiniment d'argent et de réussite matérielle.

    -C'est quand même le mari de la Reine quoi merde!

    -Justement ça si vous pouvez l'en débarasser. Allez on vous paye un entraînement de trois mois dans un camp du Hezbollah en demi-pension...

    La proposition semble plaire à mes géôliers tsilongais très curieux des dernières nouveautés en matière de tactiques révolutionnaires et de prise d'ôtages, on croirait des ménagères invitées au salon des arts ménagers.

    -D'accord mais en pension compléte!

    -C'est bon alors vous le relâchez !

    -Et notre indépendance! Protestent les indépendantistes Gaboriens.

    -C'est vrai ça et pour les collégues révolutionnaires du Front de Libération Gaborien (F.L.G) vous pouvez rien faire?

    Les officiels se concertent, ils se mettent tous à téléphoner en même temps sans doute à la même personne: Jon-Bob Kombinartkë leur fuligineux président :

    -D'accord le président vous accorde l'indépendance mais vous nous laissez trois heures pour démonter et rapatrier tout ce qui est  propriété de l'état Futrak.

    -On en a pas besoin de vos saloperies impérialistes! Nous allons vous prouver que de ce jour qui marque notre libération nous sômmes pleinement autonômes, indépendants et responsables.

    Et ils se mettent à entonner l'hymne gaborien qui commence par "en avant" et finit par "tous derrière" et que tous les valeureux combattants ne connaissent pas encore par coeur.

    Là-dessus débarque d'un bateau, qui vient d'accoster, une centaine de types en salopette portant sur le dos un logo: "Futraks International resort & entertainement Corporation", c'est étonnant à voir, avec beaucoup de professionnalisme ils commencent par  replier les palmiers qui se révélent être télescopiques, après quoi ils enroulent  la plage de sable qui est en fait une moquette épaisse fort bien imitée, emportent les touristes et les vendeurs de plage électroniques et fort bien imités, démontent les paillotes en plastique thermoformé, remballent le tout dans des caisses capitonnées, enfin le chef d'équipe, aprés un dernier contrôle visuel  panoramique, très naturellement se baisse, il tire sur un bouchon fixé au sol et un sifflement pneumatique  se fait entendre et tout autour de nous l'Ilôt Gabor se met à rétrécir... rétrécir... rétrécir... jusqu'à retrouver la surface d'un studio de location pour seize personnes dans une station de sports d'hiver en haute saison.

    Le ministre d'Etat aux Pipoles gueule dans son mégaphone:

    -Et n'oubliez pas de le délivrer et de nous le ramener!

    Une fois délié, je m'apprôche de N'Gutu N'Gutu qui avouons-le en ces instants a plutôt l'air... de ce qu'il est. Ce garçon ne porte définitivement pas bonheur aux causes qu'il dessert.

    -Un pour N'Gutu! Shhtaapfff!

    Je viens de lui décocher un superbe crochet du droit à la face:

    Que je compléte d'un gauche tout aussi vaillant:

    -Et l'autre pour N'Gutu! Schhttooopff! 

     

    Ah mais quand même ce type ne s'imaginait quand même pas pouvoir prendre rang de tourmenteur officiel du Prince Raoultkë de Nordnmark ! Je choisis mes fournisseurs moi!

     

    Avec tout ça j'ai pris un coup de soleil effrayant, je suis rouge de la tête aux pieds. J'embarque sur le bateau du ministre, les indépendantistes ex-gaboriens se regardent avant de gueuler:

    -Attendez-nous on travaille à la mairie, il faut qu'on reprenne le boulot.

    C'est étonnant ce goût qu'ont les irrédentistes, révolutionnaires et autres indépendantistes échévelés  pour la fonction publique et les emplois de bureau.

    Le gouvernement tsilongais après avoir relevé leur chef et baissé la queue quitte à son tour l'ex-ilôt maudit.

    (à suivre...) 

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  • 17 au 21  Juillet

     

    Les journées se suivent et se ressemblent, je procéde à quelques inaugurations de plages privées, de parkings souterrains, de sanisettes et de magasins Shopi les isles Futrak en sont couvertes mais ici le caviar est au rayon: nourriture pour animaux domestiques.

    J'ai très vite l'impression que le Président Jon-Bob, il veut que tout le monde l'appelle ainsi, et d'abord ses électeurs, profite de ma disponibilité et du prestige de ma fonction et de celui non moins considérable de ma personne pour inaugurer un maximum d'édicules en un minimum de temps.

    J'y mets très vite le holà lorsque le palais présidentiel me propose d'aller inaugurer un night club le Crazy Mambo dans lequel le président Jon-Bob  a des participations et qui m'a tout l'air d'être en fait une boîte à partouze internationale, je ne suis pas bégueule mais quand même.

    Je me fais donc porter pâle et je vais me ressourcer dans ma cabine jusqu'à ce que l'on frappe à ma porte, c'est ce cher Erik le Mauve:

    -je... je ne vous dérange pas Tétessse?

    -Je m'étais assoupi, entrez mon cher baron.

    Il semble gêné le viking,  très vite je le mets à l'aise et il s'ouvre à moi:

    -Voilà Majesté, j'avais pensé qu'en tant que parlementaire nordmois, représentant du Thöf, je pourrais peut-être vous représenter et faire retentir le nom nordmois lors de l'inauguration de cet... cet établissement.

    -Pourquoi pas allez donc faire retentir mon cher baron! Avec vous au moins je sais qu'il retentira haut et fort!

    Il faut savoir lâcher de temps en temps la bride à ses braves lorsque l'on prépare comme moi de futures grandes batailles, mais de celà j'en parlerai plus loin.

    Quelques minutes après l'on toque à nouveau à ma porte, c'est le Père Fulmance des Emplettes:

    -Ah mon père je voulais justement m'entretenir avec vous, et même j'aurais désiré que vous m'entendassiez en confession...

    -En confession? Euh plus tard mon fils, demain matin juste avant la messe plutôt... je dois m'absenter pour aller bénir un établissement dont l'on fait l'ouverture ce soir...

    -Le Crazy Mambo?

    -Quelque chose comme ça, oui il me semble.

    -Béh ma foi mon père vous allez vous retrouver là en territoire profâne et même...

    -Et oui même un peu plus que celà, mais vous savez que j'ai  l'âme missionnaire mon fils, je pense que ma présence aura quelque utilité là-bas d'autant que tout notre équipage y est convié!

    -L'amiral y va aussi?

    -Tout le premier mon fils, tout le premier, il s'en fait une fête et celà m'inquiéte.

    -Alors je ne peux que vous encourager mon père à vous y rendre pour y surveiller notre monde.  

    Le Père Fulmance me quitte, il a mis sa plus belle barbe et une soutâne immaculée en satin, vrai il a quelque chose dans ces moments-là de nos plus grandes figures de saint. 

     

    A minuit je monte sur le pont aprés une sieste réparatrice et je constate un peu étonné que je suis à peu prés seul à bord du Ingmör Bergmön.

    Quand même j'aperçois l'homme de quart qui se précipite vers moi en courant, il me tend ses jumelles.

    -Ah monseigneur je vous remercie, un peu plus et j'étais en retard pour l'inauguration.

    Et le bougre saute sur la passerelle et s'éloigne en courant.

    Des sanctions! Je demanderais des sanctions, décidément notre marine a perdu toutes ses traditions, me voilà réduit à la fonction de veilleur de nuit sur un contre-torpilleur.

    Ah la vie est farce quelques fois.

     

    Je l'ai dit quand je n'inaugure pas je m'ennuis très vite.

    Aprés avoir fait trois fois le tour du navire, je suis à deux doigts de courir à mon tour à l'inauguration, lorsque que quelque chose m'arrête, sans doute le sens de mes devoirs.

    Et puis je viens d'apercevoir sur le quai, une forme... et même des formes qui ne me sont pas inconnues.

    -Ouh! Ouh! Il y a quelqu'un? Je peux monter?

    Mais c'est.... mais oui la charmante épouse de mon tailleur, elle porte à bout de bras les trois uniformes de parade que j'ai commandés à  son époux:

    -Ah Monseigneur je suis bien contente de vous trouver! Je me suis permis de venir vous livrer moi-même vos costûmes, mon mari les a terminés ce tantôt et...

    -Rien ne pressait madame.

    -Si, si justement ça pressait! Bon, il faut un dernier essayage... et puis mon mari n'est pas là ce soir, il est invité à l'inauguration ...

    -Du Crazy mambo?

    -Non, non du foyer pour jeunes filles écornées qu'ont monté les Diaconesses de Port Glandulk... si vous voulez que l'on fasse les essayages tout de suite Monseigneur.

    L'essayer c'est l'adopter! La diabolique rouquine n'a rien perdu de ses qualités de fond.

     

    Nous sômmes dans le plein abandon de nos sens lorsque une demie-douzaine d'hirsutes font irruption dans ma cabine l'arme au poing.

    -Debout Pèpère on va promener!     

    Je me léve,  nu et  érigé de toute parts, si je puis dire, je me montre ferme... enfin sec, très sec:

    -Ah non celà suffit maintenant! Et d'abord qui êtes-vous?

    -Le Front de Libération  de l'Ilôt Gabor?

    -C'est où ça?

    -Béh c'est ici, enfin à côté.

    J'essaie de me souvenir de la géographie des lieux, de fait l'Archipel des Futraks compte un nombre incalculable d'iles et d'ilôts s'ils réclament tous leur indépendance on en a pas encore fini.

    Malgré ma résistance ils parviennent à m'empoigner, me ligoter et m'emmener avec eux, ils me jettent dans une barque et nous voguons vers le funeste ilôt.

    Après quelques coups de rames nous y débarquons.

    Avouons-le ma surprise n'est point complète d'y découvrir sirotant des cocktails ici bien moins qu'exotiques: N'Gutu N'Gutu et le gouvernement tsilongais en exil ... ou plus exactement en chaise longue. (à suivre...)     

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  • 16 Juillet

     

    Par petites sections nous passons la nuit à parcourir la ville, à la recherche de traces de nos tsilongais en goguette révolutionnaire, hélas traces il y a, nous en trouvons en abondance, qui là un temple mis à sac, ce dont se réjouit un peu haut le Père Fulmance, qui un peu plus loin un autre lieu de cul...te, le Mucho Mucho, lupanar international, universellement célébré, pareillement mis à sac, ils ne respectent rien ces sauvages! C'est un établissement de haut luxe, ils ont reçu Silvio Berluscono le premier ministre italien la semaine dernière et tout son gouvernement en séminaire de travail, et bien ces soudards prolétariens ont  rançonné et violenté tout le personnel (des filles remarquables et d'une tenue parfaite!) y compris la dame pipi.

    Le cher John Brank est atterré, nous le sommes tous... aprés nous être renseignés sur les tarifs:

    -Ils ont dû consommer trop de boissons fermentées! Plaide-t-il.

    -Si c'est là la seule misérable excuse que vous leur  trouvez, mon cher ambassadeur, le mieux serait peut-être de vous taire.

    -Je... je ne comprends pas ils se faisaient une fête de cette visite officielle! Je vous prie de recevoir en mon nom leurs excuses officielles, ils seront morigénés Monseigneur je...

    -Mieux que ça "Altesse", et ils seront pendus, je vous en fait le serment vieille et chère excellence!

    -Je vous en supplie ne soyez pas trop définitif Altesse, ils ont souffert, l'exil, le remords de leurs exactions passées, ils s'amenderont.

    L'une des filles, une suédoise qui parle un peu de tsilongais international nous donne un indice précieux:

    -Ils disaient qu'ils allaient s'emparer de la hips radio-télévision. Que c'était la régle de base de toute révolution hips prolétarienne!

    Elle nous donne l'adresse de TF1 (Tele Futrak Uns) et nous nous y rendons derechef, et même plus vite encore.

    Bien nous en a pris, quand nous arrivons ils sont en train d'abuser (quel santé!) de la présentatrice météo.

    Ils ont trouvé des armes, je ne sais où et menace tout le petit personnel de la télé, ils ont même forcé le journaliste vedette du journal de huit heures à présenter son journal vêtu de sa seule conscience professionnelle et avec un balai de paille dans le fondement. Je ne dis pas, la qualité de l'information n'y perd sans doute pas beaucoup mais enfin sont-ce là des conduites civilisées! Où se croient-ils donc?

    D'ailleurs les téléspectateurs commencent à téléphoner à la chaîne pour se plaindre du fait que le journaliste ne porte pas de cravate.

    Le ministre de l'information téléphone à son tour parce que le texte dit n'a rien à voir avec celui qu'il a écrit:

    -... et pour le bulletin météo je n'ai jamais écrit qu'il y aurait des entrés nuageuses dans la matinée mais au contraire que toute la journée serait au beau fixe... sur le palais présidentiel.

    Je tente de le rassurer alors que nous n'avons pas encore la situation tout à fait en main, nous attendons des renforts, les insurgés se sont réfugiés sur le plateau de tournage du feuilleton familial de téléréalité d'aprés diner: Stalag Academy. Les caméras continuent de tourner et de ce que j'en vois à l'antenne ils sont en train d'enfiler sur des manches de parasol Jessica, Brian, Barbara, Jonathan, Lizza et Johanna et Kevin... et aussi Michaël qui se planquait derrière la chaise longue  et quand ils en ont terminé ils proménent leurs brochettes de pipoles sur leurs épaules comme autant de gibier rapporté de la chasse avant d'étaler les braises du barbecue sur le sol...

    Pris d'un soudain vertige de civilisé grand teint, je me tourne vers Sir John Brank Strikeman qui a lui même passablement blêmi:

    -Ne me dîtes pas que vos protégés sont cannibales?

    -De fait et sans remonter trés loin dans leur histoire... orale, il y a certains épisodes de cannibalisme... mais sur des pères blancs... et peut-être quelques officiers des affaires indigênes... et  plus récemment des ethnologues... encore que oui peut-être dans des tribus reculées... et trop éloignées des supermarchés? Mais enfin je vous assure Altesse que c'est la première fois qu'ils mangent du pipole!

    Leur affaire dure quelque temps car ainsi que me l'a révélé Sir John Brank "ils mangent leur... leur viande  bien cuite nature avec juste une pointe de raifort!"

    Aprés une heure un technicien sort du plateau de tournage en gueulant cette phrase terrible qui retentit à nos oreilles comme la preuve qu'"ils" sont à point:

    -Personne n'a du raifort? Allez chercher du raifort! Et de la moutarde... c'est vrai que c'est fadasse le pipole!

    Je l'accoste:

    -Tenez bon, les renforts arrivent!

    -Qué renforts? J'ai pas dit des "renforts" coco mais du "raifort" coco!

    -Je veux dire que nous allons vous délivrer et faire cesser cette ignominie!

    -Quelle ignominie? On a jamais fait autant d'audience ma poule! Arrêtez surtout rien hein on a le Merdiamétrie au plafond 104 % de parts de marché sur les 7/77 ans.

    Le Ministre de l'information arrive:

    -Ah Monseigneur l'on m'a dit que ces garçons faisaient partie de votre  suite quelle lumineuse idée vous avez eu de les emmener,  ils crévent littéralement l'écran.

    -S'ils n'avaient crevé que l'écran!

    -Les pipoles! Mais ça ne compte pas ça, on les fabrique à la chaîne maintenant! A la chaîne c'est le cas de le dire. Non, vrai notre président a acheté une usine aux italiens de Putafresca s.p.a. qui nous en sort une cinquantaine par mois. D'ailleurs nous avons été obligés de nous tourner vers l'exportation, on produisait trop. Ah oui, le plus important, notre président Jon-Bob Kombinartkë vient de téléphoner qu'il passerait prendre le café et qu'il apporterait le dessert.

    J'aurais aussi voulu discuter des contrats, vous pouvez me dire qui est leur manageur?

    Je lui désigne Sir John Brank qui rayonne devant l'embellie financière qui s'annonce pour lui, il n'aura pas fait le voyage pour rien entre le contrat des porte éoliennes et celui de ses Tsilongais vedettes le voilà  joliment regarnie en devises.

    Jon-Bob Kombinartkë débarque avec son fraisier à l'ananas, oui un ananassier si l'on veut, il est  toujours prêt à se faire voir et je me retrouve dans l'obligation de participer avec lui au barbecue géant improvisé et télévisé avec nos ministres tsilongais repus et saoûls et plus révoltants sinon révolutionnaires que jamais.

     

    Au petit matin nous retournons au bateau, le coeur lourd... le pipole c'est souvent trop gras et le Bergasol n'arrange rien.

    (à suivre...)
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