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    15 Juillet

     

    Pour la réception officielle au Palais Républicain (C'est comme un palais royal mais sans les traditions multi-séculaires, la simple différence entre l'homme et le singe quoi!) j'inaugure l'uniforme que j'ai commandé. Pour être sûr de ne pas faire double emploi avec l'amiral et ne pas simplement me retrouver avec le même uniforme que lui, quelque chose que je déteste par dessus tout lors d'une soirée, j'ai commandé un uniforme de cérémonie d'Adjudant Général du Génie Rural en velours cotelé, il m'a été livrée sur le navire, c'est une merveille, c'est un excellent tailleur, son épouse taille elle aussi très bien d'ailleurs. Certes le velours est un peu chaud sous ce climat mais j'y ai tout de suite mes aises.

    Les services futraks ont invité une quantité de pipoles internationaux, ou plus exactement, et je l'apprends très vite par ce cher John Brank qui ne boude plus ni ne se cache, ils leur ont fait payer fort cher: 10000 Dollars Futraks le droit de me saluer et de dîner en ma bienveillante quoique souveraine compagnie.

    -Ils ont fait des prix! Pour le Prince de Galles ils ont du payer 25000 $ l'hiver dernier quand il est venu! Me sussure-t-il avec quelque acrimonie.

    -Je vous trouve bien amer depuis quelque temps. Même si le destin vous est momentanément contraire prenez sur vous mon cher. Bi Britiche quoi merde!

    -Vous êtes là vous? S'exclame le chef de l'état futrak Jan-Bob Kombinartkë, en me tapant sur l'épaule.

    S'il y a bien quelque chose qui m'horripile c'est que l'on se montre familier avec moi lorsque l'on n'est point de mes familiers.

    Il porte un smoking blanc luminescent de vieux crooner has-bino-las-végasien.

    -Dieu de Dieu vous étes éblouissant monsieur le Président! Le complimentai-je.

    -Et attendez vous avez pas tout vu, ça clignote...

    De fait sa veste se met à clignoter.

    -Et là c'est plein phare!

      Il irradie autant qu'une soucoupe volante perdue en grande banlieue.

    -Et vous ne craignez pas que tout cet appareillage électrique ne vous transforme en cible commode.

    Il s'éteint d'un coup, plus rien.

    -Merde les plombs qui ont encore sauté!Et c'est le problême ici l'énergie, j'avais commandé trois centrales à gaz aux lybiens, mais quand il s'est agit de les monter ils se sont trompés dans les plans, il leur a fallu deux ans pour construire la première et c'est là que l'on s'est aperçu que le gaz de ville venait pas jusque ici!

    -Ah il faut se méfier des lybiens, personnellement je n'achéterai jamais un porte-avions à ces gens-là! Intervient assez mal à propos le de moins en moins cher John Brank décidément peu inspiré.

    -Qui vous parle de porte-avions ! Qu'est-ce que vous voulez que je foute d'un porte avions mon vieux!

    -Notre ami nous entretient des ses problêmes energétiques! Dis-je pour recadrer le débat.

    -Et comment vous faîtes vous au pays? Ajoute l'édile futrak en s'illuminant à nouveau, on a remis les plombs, mais il tient compte de ma remarque sécuritaire et se met en veilleuse, programme: star en économie d'énergie.

    -Oh nous avons en grande partie résolu le problême grâce à des... des porte éoliennes?

    -Des... et à quoi ça ressemble votre  truc.

    -Si vous voulez cela ressemble étonnament à des ... des porte avions mais sur le pont sont érigées des dizaines d'éoliennes! Précisai-je en articulant une oeillade à destination de ce cher John Branke qui comprend l'intention.

    -Rudement intéressant votre truc! Et ça produit?

    -Considérable!

    -Et en cas de cyclone tropical comment vous faîtes?

    Je ne lui dis pas que les cyclones tropicaux sont denrées rares sur les côtes de la Baltique mais j'improvise sans férir quoi que ce soit:

    -Nous les remorquons sur les côtes à l'abri mais de toutes les façons les éoliennes sont rétractables et peuvent être rangées dans l'entrepont.

    -Lumineux! S'exclame-t-il en faisant des étincelles et en lâchant de la fumée.

    Finalement son chef du protocole vient le débrancher alors qu'il commençait à s'enflammer pour notre idée mais aussi plus physiquement et littéralement par toute sa personne et nous nous retrouvons dans son bureau pour négocier l'affaire avec son ministre du budget et du développement accéléré et durable en charge aussi des dessous de table.

    Nous en ressortons une heure plus tard contrats en poche pour une livraison d'une douzaine de porte-éoliennes, Sir John Branke  rayonne (c'est contagieux?) il veut m'embrasser, j'arrête là ses débordements lorsqu'un anglais ancien éléve d'Oxford déborde sentimentalement on ne sait pas jusqu'où cela peut aller:

    -Allons mon cher, n'oubliez pas que nous sommes en représentation officiel. Cela ne s'est pas trop mal passé on dirait, vous trouverez bien une douzaine de porte avions en réfôrme et des éoliennes ferraillées à retaper, un coup de peinture et hop! Ah oui  et n'oubliez pas ma petite commission n'est-ce pas?

     -Ah là vraiment vous m'avez étonné Tétesse, ce fut... ce fut grandiose!

    A ce moment une très forte explosion retentit et le ciel s'embrase comme dans les meilleurs romans sentimentaux.

    Je me tourne vers le Président:

    -C'est une fort délicate attention, un feu d'artifice mais il ne fallait pas!

    Celui-là va lui coûter les yeux de la tête, il a vraiment très bien fait les choses.

    -Qué feux d'artifices! C'est l'arsenal qui vient de péter!

     

    Rentré au navire nous apprenons que nos ministres du gouvernement révolutionnaire tsilongais en disponibilité sont parvenus à force de pleurs et de chialades sur leur prétendu passé de descendants d'esclaves victîmes une fois de plus de vils manoeuvres colonialistes à convaincre leurs gardiens de les libérer et ils se sont égaillés, le leader N'Gutu N'Gutu en tête dans les rues de Port Glandulk la capital futrak:

    -Il n m'étonnerait pas qu'ils fussent mêlés de quelque façon à la pyrotechnie de tantôt! S'inquiéte sir John Brank Strikeman.

    -Eh bien mon cher vous avez intérêt à les retrouver et fissa, si l'autre imbécile apprend que ses artificiers ont fait la traversée à notre bord et que c'est nous qui leur avons refilé cette vérole marxiste et révolutionnaire vous pouvez dire Adieu à vos contrats. Quant à vous amiral je vous ordonne de donner la main, si vous n'aviez pas transformé vos marins en tricoteuses sucrées tout cela et d'autres tristes événements plus révoltants encore ne seraient point advenus!

    Ah mais! 

    (à suivre...) 

     

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  •  

    14 Juillet

     

    C'est alors que nous arrivions en vue des Iles Futrak que la révolte tsilongaise éclata au grand jour ... en pleine nuit.

    Le ministre délégué au Budget demanda le remboursement immédiat des avances consenties à Sir John Branke pour le fourrage de ses chevaux de polo, celui-ci  pour détourner leur colère et faire diversion leur rappela que nous étions le 14 Juillet  dâte émouvante et parlante pour n'importe quel révolutionnaire de carrière et plus encore si les sus-dits révolutionnaires malgré leur position éminente et leur conscience prolétarienne impeccable étaient pour ainsi dire  humiliés, exploités par les impérialistes et les tenants de l'obscurantisme le plus courônné (allusion très fine et adroite quoique assez déloyale que le cher John-Branke fit à à ma personne régnante pour opérer plus complétement sa diversion toute tactique mais qui risquait de me coûter cher!)

    Accessoirement ils les avaient fait boire puisant à larges mains dans ses stocks de Whisky écossais Mac Roowin-Blank 20 ans d'âge qu'il avait sauvé de son conjungo naufragé.

    Si bien qu'il ne fallut pas longtemps pour que les ministres tsilongais se missent à faire un boucan du diable et de réveiller tout le monde.

    Je croisais l'Amiral en pyjama dans le couloir et très vite nous croisâmes, en pyjama, les révoltés très remontés et... à poils comme revenus à l'état de nature en "sans culottes" donc. Outre les revendications toute pécuniaires et qui somme toute ne nous concernaient pas, ils exigeaient d'être déchargés des corvées et d'être logés et traités selon leur qualité ministérielle.

    L'amiral se rendit... à leurs doléances, il se rendit même tout simplement leur abandonnant les clefs du navire:

    -Les papiers sont dans la boîte à gants sous le radar de surface.

    Moi-même je n'en menais pas large, ce qui est le comble sur un navire de haut bord! Quand au Père Fulmance des Emplettes il se préparait déjà avec quelque gourmandise au sacrifice suprême, à son martyre prochain promulgué par des mains et des esprits impies voués tout entier au matérialisme le plus bas.

    Heureusement l'on venait de repêcher le fourbe Pezzolino et il nous arriva tout dégoulinant et grelottant dans le couloir au moment où ces messieurs se proposaient de pendre l'unique représentant royal que j'étais en ce jour commémoratif de la prise de la Bastille et de la fin toute provisoire des tyrans supposés.

    Ils se promenaient partout en me poussant tout ficelé devant eux et en chantant leur hymne odieux et séditieux, la fameuse "Marche à l'aise!".

    Quelle idée j'avais eu aussi de laisser embarquer toute cette canaille bolchevique!

    -On pourrait se le guillotiner à la bonne franquette avec un  hachoir de cuisine convenablement aiguisée? Proposa le Secrétaire d'état aux  Sports  (Collectifs bien sûr!).

    -Tu as déjà décapité toi camarade quelqu'un avec un hachoir de cuisine? S'étonna N'Gutu N'Gutu qui ne manquait certes pas d'esprit pratique.

    -Oui camarade suprême, dans le temps une secrétaire de cellule qui voulait absolument voir les comptes de la cellule dont j'étais le secrétaire adjoint. Je n'avais que ça sous la main, j'étais jeune, ah ce n'est pas le plus commode, je me souviens, je m'étais bien coupé d'ailleurs mais en s'appliquant...

    -On va pas en faire une julienne non plus! Et puis celà manquerait de dignité prolétarienne.

    -Oui mais Camarade Suprême il souffrirait!

    -Certes et ce n'est pas à négliger  

    Je disais donc bien heureusement le "à nouveau cher Pezzolino" tout en continuant de grelotter d'abondance comprit d'un seul coup d'oeil la situation et se précipita chez Petcho Larigaïe et le cher Eriktkë le Mauve avant que les mutins mutins n'eussent eu l'idée de les enfermer dans leur cabine et l'on imaginera ma joie lorsque la répression toute militaire et même soldatesque s'abattit sur les commémorateurs, répression conduite par mes compagnons qui avaient levé en un minimum de temps une milice populaire parmi l'équipage.

    Eriktkë le Mauve proposa derechef de pendre un ministre sur deux. 

    -Pour l'exemple et parce que cela décorerait joliment le navire en entrant dans Port Glandulk la capitale des Isles Futrak.

    Je décidais de ne point pavoiser et de faire taire tout esprit de revanche (même à l'endroit de ce "cher" John Branke, où se cachait-il celui-là ?) :

    -Mettez-les à vieillir en  câle mon cher, ils s'y bonifieront. décrêtai-je à nouveau régnant  car... détaché ... spirituellement aussi.

    N'Gutu N'Gutu éleva une protestation qui lui valut un vigoureux coup de pompe du cher Eriktkë. 

    Il s'en souviendrait de son voyage officiel clandestin le camarade suprême.

    Et c'est dans une entente renouvelée entre nous tous, seuls et authentiques Nordmois, du matelot cireur de ponts à l'Amiral cireur de pompes, il cherchait à se faire pardonner ses égarements successifs à l'endroit de l'altesse royale que je demeurais malgré lui, que nous fîmes au matin notre entrée dans Port Glandhulk... (à suivre...) 

     

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  • 13 Juillet

     

    J'ai quelque peu délaissé la tenue de mon journal durant cette traversée, il faut dire que j'étais trop occupé par mes problêmes hépatico-gastriques, je pense maintenant que tout cela est dû à une défaillance de mon oreille interne droite, la gauche va bien, mais la droite est sans doute le siége et le départ de ces incommodements et nausées divers, mauvais réglages, il faudra que je consulte lors d'une prochaine escale, sinon pendant cette semaine de navigation peu d'incidents notables hormis une tempête, une mutinerie et un naufrage... putatif à signaler.

     

    Moi-même dois-je l'avouer je n'étais pas trop conscient des événements, enfermé comme je l'étais dans ma salle de bains où je me rafraichissais des heures durant au dessus de la cuvette.

    -Ne dirait-on point l'Amiral? Me dit le ministre tsilongais de la réforme agraire en passant l'éponge dans ma baignoire. (une réforme agraire sur trois pieds carrés de terre subsistant ne devrait pas lui valoir beaucoup de nuits d'insomnie).

    Je mets le nez au hublot et j'aperçois de fait l'amiral, son état-major, ses marins et même l'orchestre du bord qui nous font de grands signes depuis les chaloupes où ils ont pris place:

    -C'est étonnant pourquoi ont-ils quitté le bord? S'interroge-t-il?

    -Sans doute vont-ils faire du shopping? Il y a quelque terre détaxée en vue? Lui réponds-je.

    A ce moment Pezzolino passe dans le couloir avec trois gilets de sauvetage autour du corps:

    -Mais où allez-vous comme ça mon garçon?

    -Je vais... je vais nager un peu.

    Je m'apprôche de lui, l'attrape au col:

    -Mais dîtes-moi ce sont mes gilets de sauvetage en cheviotte que vous portez là bougre de saligaud!

    -Je... je les porte au pressing Monseigneur.

     Pour l'achever, moralement parlant  je le regarde dans les yeux, mais profondément et en vrillant, je peux être une vraie tarière quand je le veux:

    -Dîtes-moi la vérité, animal: nous coulons?    

    -Euh... on en parle... excusez-moi Monseigneur le pressing va fermer! Et il réussit le serpent à m'échapper et à s'enfuir vers le pont supérieur.

    Sir John Branke qui faisait une sieste vient aux nouvelles:

    -Que de bruits et de mouvement! Altesse j'espére que vous vous portez mieux.

     -Moi sans doute c'est le navire qui est au plus mal semble-t-il.

    -Ah bon... oui celà remue en effet mais j'ai connue bien pire. Une scéne de ménage de Calina cela chavire aussi.

    -Mais où est notre ami Eriktkë?

    -Ne m'en parlez pas Altesse, lui et ses compagnons ont  joué  aux cartes toute la nuit, je ne suis pas ennemi des distractions mais quand même.

    Nous partons en délégation vers sa cabine, il gît sur sa couchette physiquement et moralement ruiné tandis que Petcho Larigaïe exulte, il a devant lui un énorme tas de haricots secs:

    -Il a perdu 78546 haricots et moi j'en ai empoché 124895!

    Il est véritablement trés fier de lui et exulte littéralement:

    -Et que comptez-vous faire de cette somme considérable... de haricots mon ami?

    -J'hésite soit je les mets de côté... pour la retraite... soit un cassoulet pour fêter notre naufrage!

    -Allons allons pas de défaitisme mon garçon! 

    -Un naufrage j'en suis! Gueule le Baron mauve en se levant de sa couche le sabre érigé. Aux postes de combat mes braves!

    Il me rentre à peu prés dedans:

    -Tétesse commandez nous obéissons! Où dois-je mourir pour vous?

    Commander face à la vague, rien que l'idée me rend malade et je m'en vais me soulager dans les lavatories.

    D'ailleurs cela tangue beaucoup moins, la tempête se calme. Aprés une heure l'Amiral Chips Thor Bahlsen (et son grand orchestre) réintégre son bord et reprend la barre des mains de ce cher Sir John Brank qui est un très fin barreur, n'a-t-il pas dans le temps gagné les grandes régates de Sprung on the Bitch et il a magnifiquement barré le gros animal pendant son absence coupable, il m'avait proposé de le conduire, mais dans mon état cela n'eut pas été raisonnable, et puis je ne prends vraiment de plaisir qu'à la conduite des ferries!

    -Eh bien mon cher Amiral, alors quoi une absence? L'humiliai-je de la voix et du regard, encore un peu plus profond que celui que j'adressais ce tantôt au pauvre Pezzolino.

    -C'était un simple exercice de sécurité à la mer Monseigneur, je n'ai pas voulu ennuyer Monseigneur avec les manoeuvres habituelles de bord... Monseigneur.

    -Dis Tétesse et si on les passait à la planche tous ces lâches déserteurs! Me propose Eric le Mauve de sa voix de basse non pas chantante mais gueulante.

    -L'incident est clos mon cher Baron.

    -Bougres de pacifistes! Eructe-t-il (il éructe magnifiquement!) en levant haut son sabre, il mesure plus de six pieds.

    Il n'en reste pas moins qu'il est quand même incommodant et pour tout dire peu rassurant de naviguer sur un navire dont le commandant peut quitter son bord et vous abandonner d'une minute sur l'autre à n'importe quelle fortune de mer sans même vous en avertir.

    -Un homme à la mer! Crie l'homme de quart à la hune.

    Je ramasse une paire de jumelles, je distingue très bien un homme fort malmené par les vagues encore contondantes... mais c'est cet imbécile de Pezzolino qui s'est jeté à l'eau à contretemps:

    -Ce n'est rien, mon valet de chambre, enfin si vous avez quelque loisirs repêchez-le il a sur lui la clef de ma malle à cravâtes! Cela me contrarierait de la perdre. (à suivre...)

     

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  •  

    7 Juillet

     

    Deux jours de calme ou à peu prés, comme tous les jours après le repas je vais agréablement le vomir sur la passerelle, l'Atlantique cela bouge quand même, mes aptitudes amphibies semblent m'avoir complétement abandonné, je ne comprends pas.

    Quelqu'un se met à crier en dessous alors que je reléve la tête, soulagé d'un gros poids:

    -Ma Vafanculo stronzo! Figlio di puta!

    Je reconnais la voix de cet imbécile de Pezzolino, il était en train de manger son énième pizza sur un transat et il semble peu apprécier le nappage que je viens de lui livrer sans supplément.

     

    Je regarde les matelots s'affairer, les uns lavent le pont, les autres font des travaux de couture, parfont leur bronzage où se consacrent à leurs tricôts, drôles de guerriers, il est vrai que le pacifisme niais dans quoi ils baignent depuis l'enfance ne les prédisposent certes pas aux grandeurs et servitudes militaires, au beau métier de soldat.

    D'autant que le ministre de La Défense (mais rien de plus!) a fait repeindre en rose tous les batîments de la flotte y compris les sous-marins maintenant déguisés en suppositoires flashy.

    J'en suis là de mes réflexions peu aménes quant à l'évolution du monde quand tombent sur les ponts une demi-douzaine d'hommes-grenouilles!

     

    Ah non là je n'ai rien fait pourtant! Qu'est-ce qu'il se passe encore?

    Les marins lévent les mains en l'air, un réflexe pourtant à proscrire dans le corps de troupe car il devient vite une habitude néfaste et nuisible au moral des hommes.  

    L'Amiral arrive pareillement érigé avec son état-major au complet quand le chef de nos assaillants aéroportés qui brandit un sabre  retrousse sa capuche d'homme grenouille et apparaît alors le visage rubicond de Eriktkë le Mauve, à ses côtés tout aussi hilare le cher Petcho Larigaïe.

    Je fais signe à tous de baisser les bras, c'est vrai c'en devient déprimant et j'emmène mes batraciens dans l'arrière-pont.

    -Voilà Monseigneur vous m'aviez demandé d'organiser une rencontre avec le Baron Kingööfzethöf, c'est fait.

    -Fort bien et je vous en remercie mon cher ami mais ne vous avais-je point mentionné la discrétion comme condition dirimante.

    -Dirimante? C'est grave? Va falloir que j'en re-référe...

    -Brisons-là mon cher ami et laissez-moi en tête à tête avec le baron, je vous prie.

    Eriktkë le Mauve est encore tout triomphant de son exploit aéroporté dont je le félicite sobrement:

    -Monseigneur est connaisseur, je le sais.

    -J'ai fait mon temps à Saumur...

    -EXXcellent!

    Je ne lui dis pas que j'y avais été versé  dans les troupes à pied et plus précisément dans le service auxiliaire à la suite d'une cabale aprés que j'eusse nourri la monture d'un chef d'escadron avec une luzerne fermentée qui fit gonfler la pauvre bête jusqu'à son éclatement finale, vrai il y en avait partout . C'était un animal de prix avec quoi il devait concourir aux jeux olympiques dans les épreuves montées de saut d'obstacles, le pauvre garçon, démonté, n'eut plus que la ressource de s'inscrire dans les épreuves à pied où il ne brilla point.

    -... puis dans les troupes de marine à Castres.

    -EXXcellent! EXXcellent !

    Bien que marsouin je ne vis jamais la mer! Consigné aux quartiers par un commandant de compagnie parachutiste qui se scandalisa lors de notre première sortie du fait que je sautasse en pyjama, c'était pourtant un exercice de nuit.   

    Aprés quoi je demandais à monsieur mon père d'intervenir dans le cours de ma carrière militaire à fins d'obtenir une affectation plus en rapport avec mes compétences et c'est ainsi que je me retrouvais au tître de la coopération à Gstaad  où je participais à l'implantation de nouvelles remontées mécaniques, expérience très enrichissante, humainement parlant.

    -Malheureusement ce que je vois ici n'est guère encourageant!

    Je lui désignais du geste non la vastitude de l'océan mais notre contre-torpilleur rose bonbon.

    -Certes! Certes! Quelle honte!

    -Jusque où tomberons-nous? Vous êtes parlementaire vous mâme?

    -Je ne m'en vante pas Monseigneur!

    -Malgré tout vous êtes une voix, cher baron, et l'on vous entend, et l'on vous écoute!

    -Certes; certes mais l'on m'inculpe plus souvent que l'on ne m'écoute Monseigneur.

    -C'est signe que l'on vous craint et que votre parole porte!

    -Dans les prêtoires...

    Je l'espérais plus saignant le viking.

    -Quand même lorsque je découvre les projets de loi que vos collégues se proposent de mettre aux voix... dernièrement encore ces assurances que l'on voudrait prendre sur ma personne sous le prétexte de ne point avoir à dépenser dans un futur improbable l'argent des contribuables...

    -Mais ils s'en foutent bien Monseigneur, ils ne veulent que vous... vous diminuer!

    -C'est le mot que je cherchais! Ne serait-il possible pour une fois de leur rendre la pareille et tout en conservant l'esprit de salubrité publique de cette proposition de l'orienter vers d'autres instances, autrement plus encombrantes et dépensières que ma très modeste personne...

    L'on remarquera avec quelles précautions et subtilités et tournures et nuances et apaisements de langage, l'écrivain que je suis s'était engagé sur ce terrain miné mais je ne peux dire autrement que la réponse de Kingööfzethöf  exprima tout abruptement ma pensée et mes intentions:

    -Vous voulez couper les couilles au chef du gouvernement mais c'est mon rêve de toujours Monseigneur!

    L'idée l'avait ranimé et il commençait de s'exalter avant que de buter sur le premier obstacle:

    -Mais comment ce faire Monseigneur?

    -Une proposition de loi de stérilisation des parlementaires?   

    -Je ne peux proposer une loi dépopulatoire, même pour des saloperies de parlementaires de merde, mon public ne l'accepterait pas. Dans le Thöf l'hiver hors la baise il n'y a rien pour s'occuper depuis qu'ils ont interdit la chasse aux Rennes et classer les agents des impôts en espéces protégées!

    -Et bien agissons comme eux, camouflons notre intention finale     dans une loi de lutte contre le machisme et promouvant l'égalité contraceptive.

    -EXXcellent!

    Il se propose de déposer son texte dés la rentrée parlementaire en attendant je l'invite à nous accompagner dans notre périple.

    -C'est beaucoup d'honneur Altesse pour un petit baron batailleur comme moi.

    -Appelez-moi donc Tétesse comme tous mes amis mon cher Eriktkë.

    -Ah Tétesse voici mon sabre il est comme moi tendu dans l'espérance de vos ordres.

    -Repos Baron!

    Nous en restons là de nos effusions toutes viriles et je m'en vais finir de vomir mon dessert, le Baron Mauve a une haleine lourdement chargée. Malgré tout quelle excellente recrue que voilà! (à suivre...)

     

     

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  • 5 Juillet

    Je ne cacherais pas que les premiers jours passés à bord me furent pénibles. Incroyable ce que cela peut tanguer un contre-torpilleur, il est vrai que celui-ci n'est pas de la première jeunesse, tiens c'est à noter cela, j'en toucherais deux mots à Sir John Branke: le possible remplacement du sus-dit navire par un plus nouveau, au moins mieux récent.
    Est-ce le soudain dépaysement, les ennuis familiaux, bref j'ai été malade à n'en plus pouvoir, je me flatte pourtant d'avoir toujours eu l'âme et le pied marins, allez savoir.
    Et cet imbécile de Pezzolino qui s'engouffre de renouvelées pizzas à longueurs de journée et presque sous mon nez.
    J'aimerais d'ailleurs bien savoir comment il se les fait livrer à bord.
    Nous quittons bien heureusement la Baltique par une porte dérobée et enfourchons gaillardement l'Atlantique, après c'est longtemps tout droit:
    -Mais il ne faut pas rater la sortie! Me dit cet imbécile d'Amiral alors que je me renseignais auprès de lui sur la route que nous aurons à suivre.
    Le cher Sir John Branke passe une grande partie de son temps avec la délégation tsilongaise, le leader perpétuel N'Gutu N'Gutu 
    se plaignant d'être chaque jour de corvée de pluches pendant son voyage officiel.
    Et quoi il a bien fallu leur trouver une occupation, rien de plus dangereux qu'un leader révolutionnaire à qui l'on n'occupe pas les mains, alors j'ai donné des ordres pour qu'on le mette lui et ses ministres à la cuisine et aux tâches ménagères du bord .
    Je retrouve quelque accalmie hépatico-stomacale sur l'Atlantique jusqu'à ce que ce cher Sir John Branke vienne me trouver fort alarmé:
    -N'Gutu N'Gutu s'étonne que les couleurs Tsilongaises ne soient pas hissées en haut de mat prés du drapeau Nordmois?
    -Et quoi encore?
    -C'est qu'il est votre hôte et toujours chef d'état selon les usages internationaux qui n'ont rien prévu en cas de submersibilité du sus-dit état, d'autant qu'il demeure toujours un ilôt émergé de trois pieds carrés.
    -Et bien qu'il aille donc y vivre sur ses trois pieds carrés, si nous passons devant je l'y ferais déposer avec toute sa troupe! Enfin cette farce va-t-elle bientôt finir mon cher ambassadeur? 
    -C'est qu'il menace d'appeler en phonie la Caisse d'Epargne d'Uügsborgh... s'il découvre que le compte est vidé...
    Je le sens ému et pour émouvoir un britannique de carrière il faut un peu plus qu'un krach boursier ou un sacrifice de belle-mère.
    -Et bien soit nous ferons hisser votre torchon nous dirons que c'est là mon nouveau pavillon personnel.
    -Ah merci Tétesse... véritablement merci, vous m'êtes merveilleusement amical, c'est d'un brave!
    Je demeure accoudé au bastingage, réconforté par ce bel élan et dévisageant l'Atlantique, c'est vaste il n'y a pas à dire.
    Je suis en pleine évocation intérieure, invocation poético-philosophique lorsque, levant le nez sur les mouettes, surgit devant mes yeux le drapeau tsilongais que l'équipage est en train de hisser. Je fais appeler Strikeman qui surveille l'opération prés de la délégation Tsilongaise au bord du ravissement.

    -Ah vous voilà! Dîtes-moi cher Brank ne dirait-on pas... enfin une paire de...
    -Mais c'en sont Altesse, adroitement stylisées: une paire de testiculous de bélier avec un membre turgide au milieu: symbôle de force et de virilité du peuple tsilongais agrémenté d'une faucille et d'un pezburn, c'est un outil agricole, je ne saurais en traduire l'utilité, pour marquer son attachement prolétarien à la cause des peuples, au centralisme démocratique, à l'agriculture administrée et à tout ce genre de choses, l'ensemble sur un très joli fond rouge sanglant et...
    -Et c'est ce... cette saloperie bolchévico-rurale que vous m'avez faite accrochée... cet ignominie qui voisine avec nos trois couleurs... bleues... ah non là mon cher... non là vraiment...
    -Ne vous tourmentez pas outre mesure cher Tétesse. Dés que nous entrerons dans un port nous les masquerons aisément, j'ai l'habitude vous imaginez bien dans la diplomatie, il faut savoir mettre ses couleurs dans la poche, in ze pocket of ze queen's trousers comme disait mon oncle dans le jardin de ma tante, ce ne sont là qu'enfantillages de peuplades primitives, regardez plutôt comme ils sont contents, ah je ne vous remercierai jamais assez Altesse de...
    Je n'entends plus rien de ce qu'il me dit, un vacarme infernal occupant l'air, je regarde sur le pont en dessous, ces p... de nég... les tsilongais s'agitent avec frénésie en tapant sur des bidons d'huile et en vociférant.
    Ce pauvre Brank ravi me gueule à l'oreille:
    -C'est leur hymne national et révolutionnaire: "la Marche à l'aise" et je me permets de vous faire remarquer chére Tétesse qu'ils la chantent toute entiérement en français pour en marquer uniment le caractère fougueusement révolutionnaire. 
    Peuple attachant que ces tsilongais... ne puis-je m'empêcher de penser ému en me raidisssant au passage de leur hymne francophonée. (à suivre...)

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  • 1° Juillet

     

    Ah les voyages forment la jeunesse, les voyages officiels forment la maturité officielle, surtout pendant les mois d'été cela a son charme, ne le boudons pas, nous partons (moi seul mais en majesté) la Reine, je crois, un peu jalouse de ma nouvelle popularité a choisi de m'éloigner quelque temps de son peuple, sans doute sur le conseil de ce saligaud d'Urinald fun Froeben.

    Elle m'a donc demandé de la représenter lors des cérémonies commémorant la découverte des Iles Futrak, qui sont de nos anciennes colonies du Pacifique, par Hertrude Hertrudutkë l'un de nos plus fieffés navigateurs qui en y arrivant aprés dix-huit mois de navigation pensait avoir enfin découvert là les Baléares où il voulait faire bâtir en prévision de sa retraite de navigateur. Il est à noter (entre parenthéses) que les indiens Futraks les avaient découvertes bien avant tout le monde leurs fameuses îles puisqu'ils vivaient dessus depuis des temps au moins immémoriaux, mais là ça ne comptait pas en droit international.

    Hertrude Hertrudutkë pacifia la côte installa trés vite une supérette et un camp de nudistes, un temple et rembarqua aussi vite effrayé par les indiens cannibales très en colère qui venait de goûter au salamis Nordmois et gueulaient qu'on cherchait à les empoisonner.

    Une deuxiéme expédition mieux armée pacifia les esprits.

    L'on évangélisa les indiens qui devinrent austères et pacifiques, abandonnèrent leurs étuis péniens pour des slips zingués et leurs rituels païens contre des bibles et une assistance obligatoire au prêche.

    Bref l'on commença à s'emmerder ferme dans les îles Futrak maintenant boutonnées sévére et celà dura ainsi  jusqu'à l'indépendance.

    L'indépendance proclâmée un Premier Mai, fut d'office chômée comme à peu prés tous les autres jours de l'année à partir de cette dâte et fut le prétexte à force tripailles, étripailles et fiançailles sauvages.

    Aprés bien des errements, au gré des obédiences et des doctrines de ses successifs dictateurs, elles se réveillèrent un jour marxistes, le lendemain maoïstes, puis khadaffistes (une rareté philatélique!) et encore socialistes, la piste était en vue, enfin la bourgeoisie combinardo-révolutionnaire vieillie et l'appareil du Parti unique assagi, bref tout ce petit monde atterrit et se convertit en bout de piste au marché obligataire et au libéralisme interventionniste social  de marché comme tout le monde.

    Depuis les Iles Futraks se sont enfin accomplies dans une vocation à leur pointure: elles sont devenues un paradis fiscal ouvert à toutes les audaces et improvisations financières où l'on peut monter n'importe quelle société en 13 minutes et un holding fiscal avec 150 US Bananas (la monnaie du cru, ils ont abandonné notre Brelotquë Pacifique pour intégrer la zone dollar).

     

    Comme je le sais fort friand de ce genre de festivités et très décoratif lors des commémorations et activités officielles diverses, j'ai convié outre mon directeur de conscience le révérend père Fulmance des Emplettes,  notre cher Sir John Branke à m'accompagner, il a répondu d'autant plus favorablement à mon invitation que sur l'instigation de sa chère Calina toujours en voyage de noces crapuleux toutes ses cartes bancaires et moyens de paiement lui ont été retirés et qu'il se retrouve démuni de tout, ce qui le place dans la plus inconfortable situation pour un diplômate en poste à l'étranger.

    Il ne nourrit plus ses invités lors des réceptions officielles que de harengs pommes à l'huile et l'on commence à jaser dans la capitale sur son compte (cloturé!) et un possible rappel de Londres.

    Allons nous sommes bien décidés avec quelques uns de ses amis fidéles à le tirer de ce mauvais pas.

     

    Mais justement le voilà qui arrive... à vélo. Mais je ne pense pas que c'est cette fois encore qu'il gagnera une étape de plaine ni même de port car une douzaine de noirs très solides le dépassent sur la ligne d'arrivée qui se trouve être en l'espèce mes chaussures.

    -Ah Majesté... Puuf! Puuf! Je crois que vous connaissez N'Gutu N'Gutu le grand leader tsilongais Puuf: Puuuf! je l'ai prié de m'accompagner, ainsi que quelques uns de ses ministres, si vous n'y voyez pas d'inconvénients?

    -Ma foi j'en vois quelques uns, mon cher.

    Il se rapproche de moi le pauvre garçon et me murmure tout bas:

    -Il m'a confié son livret de caisse d'épargne et le budget de l'Education Nationale et en ce moment je ne peux rien lui refuser, si vous consentiez  à ce qu'ils nous accompagnent, cher Tétesse... pour me dépanner, il a été très chic, cela fait des années que je lui promets un voyage officiel.

    Un voyage officiel clandestin dans le voyage officiel officiel! Tout un programme!

    Vrai il commence à m'énerver avec son élevage de tsilongais.

    -Eh bien soit, embarquons... embarquons!  

     

    Nous embarquons donc à bord du contre-torpilleur Ingmör Bergmön  ((1911-1975) Humoriste et pacifiste.)

    Eh oui que voulez-vous dans ce foutu pays l'on donne des noms de clown pacifiste à des batîments de guerre.

    L'amiral Chips Thör-Balhsen  m'accueille à son bord. Je recompte les étoiles sur sa manche, pas de doute il en a au moins deux de plus que moi.

    Il est pourtant encore jeune le saligaud. L'humiliation continue.

    J'ai pour objectif premier de faire rayonner l'élégance et le prestige français ainsi que d'illustrer au mieux la permanence du souvenir Nordmois en ces contrées lointaines mais mon objectif second est de faire un détour par Miami et d'y retrouver en toute discrétion ma douce Klopilde maintenant Madame Zglissenska (ce qui au féminin ne veut plus rien dire, on l'aura remarqué!) qui aprés ses nôces supersoniques y a repris le cours de ses études supérieures.

    Elle a certes promis à la Reine de venir nous retrouver dés la fin du trimestre universitaire mais je compte bien être le premier à la rencontrer dés avant sinon à la féliciter. Elle a quand même quelques explications à nous fournir la tendre enfant, je veux bien être poire mais il y a des limites! (à suivre...)

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  •  

    Je dois reconnaître que quand je suis arrivé à la cour, elle m'a fait bon accueil quand tous les autres me montraient triste figure, très bon accueil même puisqu'à l'époque les deux soeurs cultivaient une ressemblance parfaite même vestimentaire et qu'en toute innocence je l'ai honoré de mes hommages vespéraux quelques soirs où je m'égarais dans les couloirs de ce palais trop vaste. Elle s'en amusait, la mutine, avant de se faire reconnaître en riant:
    -Moi j'aime ça les français ! Gouaille-t-elle depuis à chacune de nos rencontres, en français dans le texte et en me pinçant les génitoires, c'est très douloureux et plutôt attentatoire à ma dignité, ornement naturelle des devoirs de ma charge, bien heureusement elle vit presqu'à demeure à Saint... Prothez, c'est près de Maubeuge. Toute une histoire: elle s'était trompée de station, elle avait confondu avec Saint Trop', elle y avait a fait construire sur place une magnifique villa. Et puis les gens de Saint Proth' étaient "sympas" elle y est restée: "de toutes les façons Saint-Trop' c'est pas encore assez pour moi!". Elle y a gagné une pointe d'accent et nous un peu de repos:
    -Bonjour tout le monde! Eh ben vous en faîtes une gueule! Bon elle a épousé un plombier polak 'pas de quoi en faire une maladie! Au moins en cas de révolution il aura toujours un métier lui! C'est pas comme mon bon à rien de beau-frère français!...
    Elle plaisante bien sûr, mais cela reste rude à entendre, d'autant que ma carrière d'auteur et d'écrivain est déjà fort heureusement engagée et puis j'ai mes vignobles de Chateau Bonpéze, je suis aussi viticulteur mais de cela j'espère pouvoir en parler plus loin tant l'amour de la terre me tient, je les pilote à distance certes, mais c'est du travail, ne serait-ce que de mettre en marche l'ordinateur avec quoi je communique tous les matins avec mes gens qui vivent à demeure sur la propriété. J'en surveille la bonne marche, regarde la météo, décide de la dâte des vendanges avec mon chef de chais, ni trop tôt ni trop tard, l'an dernier j'ai choisi le 23 Juin, humblement je le reconnais le millésîme a de l'apreté mais point tout le corps nécessaire, c'est un métier en même temps qu'un art.
    -Moi j'aime ça les français ! Regouaille-t-elle en re-français dans le re-texte et en me re-pinçant les re-testicules.
    -Ouaaaaillle! Balbutiai-je, ce qui n'est pas dans mes habitudes mais là elle m'a eu par surprise.
    -D'ailleurs c'est très bon tout ça, ça fait de la pub pour le royaume et puis tu te souviens de ce que répétait notre père:"Mes filles surtout aèrez notre dynastie, ça pue le renfermé là-dedans, mariez-vous loin des vos cousins!"
    Pour sa part elle exauça parfaitement la recommandation paternelle puisqu' à ce jour elle s'est mariée six fois dont deux avec le même personnage un play-boy hindou ... et bégue: Bobby Rawanalbajpout:
    -Sans compter qu'ils ne sont vraiment pas chers les natifs d'europe centrale! Moi je ne prends plus que des gigolis slovaques, vrai on les a pour rien et quel travail ils vous font, il faudra que je vous présente Slobomar!
    -Rien ne presse ma soeur. Lui dit la reine en se levant pour rejoindre Fun Froeben et commencer sa journée comme tous les jours. Il est neuf heures et quart. Elle se dirige vers la pointeuse qu'elle a faite installée à grands frais à l'entrée de la salle du trône par souci de transparence démocratique:
    -Kling!Plonk!Tchaac!
    Et elle plante dans l'unique case du tableau sa fîche.
    Cela ne plaît pas trop à tante Gui-Guittkë la démocratie appliquée et arachnéenne. 
    -Toujours aussi bêcheuse et ramenarde celle-là! C'est pas tout d'être reine il faut encore être aimable! Quand je pense que j'ai raté le poste à dix minutes prés! Enfin c'est des obligations d'un autre côté... et des emmerdes. A propos les enfants je vous invite pour les vacances scolaires dans ma nouvelle villa, j'ai fait construire dans une station branchée très courue: Cibiza!
    -Tu veux dire Ibiza Tantine, en Espagne?
    -Non, non Cibiza et c'est en Roumanie, une ville minière je crois.
    La pauvre fille s'est encore trompée de villégiature!
    -Regarde tantine ils ont sorti une nouvelle sextape de toi sur Internet! S'écrie le cher Ulriktkë en brandissant son portable.
    Elle regarde la chose:
    -C'est un vieux truc ça! Ma seconde nuit de nôces avec Rawa: j'avais gardé un tel souvenir de notre nuit de nôces inaugurale que j'ai voulu y goûter encore une fois! Ah mes enfants en cinq ans il avait beaucoup baissé! Il était devenu tout mou du bas! Va mon neveu ça vaut pas une branlette! je t'enverrais plutôt les essais que j'ai fait dans mon jeune temps en Suéde pour une série documentaire d'éducation sexuelle. C'est dommage c'est jamais passé à la télé pourtant j'étais très bien là-dedans et il y avait plein de trucs astucieux et de conseils de bonne femme. Bon je vous quitte j'ai garé mon vélo en double-file et les flics d'ici sont tellement chinois!
    -Ils font leur travail. Assénai-je doctement pour l'édification de tous et de chacun.
    -A propos de travail ne te surménes pas trop toi grand con!  
    Elle m'agace, celle-là aussi, autant que l'autre, sa jumelle régnante, c'est fou ce qu'elles m'agacent toutes!
    -Ah j'oubliais Môm a terminé sa cure de désintoxication, elle devrait passer vous voir, allez ciao tutti!
     Môm c'est la reine-mère Petardtkë de Nordnmark, une vieille barcasse octogênante, calfatée de partout, grande buveuse depuis son veuvage, dire si elle a acquis quelque expérience et tout à fait impossible à vivre!
    -Bon c'est pas tout ça moi il faut que je fasse ma valise, demain j'ai visite officielle! Annonçai-je en m'éloignant.
    C'est la vérité la plus pure je pars en représentation dans nos anciennes colonies et je bénis la coincidence qui m'évitera le voisinage avec le vieux tromblon. (à suivre...)

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  • 30 Juin

     

    Je suis dans la sidération la plus compléte, ma Klopilde, ma douce, ma virginale et candide, ma luminescente Klopilde, qui poursuit des études de Coiffure Internationale à la Puff and Surf University of Florida's Bitch s'est mariée ce matin à Las Vegas avec un plombier polonais rencontré dans les toilettes de l'aéroport international de Vancouver où semble-t-il elle était en transit et lui en mission.

    C'est l'agence de presse du Royaume, l'Agence Fröders qui l'annonce.

    Sa mère est effondré, ses frères sont effondrés, je suis moi-même debout mais largement fissuré dans mes certitudes. On l'imaginera sans peine.

    Que d'interrogations m'agitent: mais pourquoi aller si loin pour ça ? Des plombiers polonais il y en a partout en Europe, non ? Il me semble enfin oui.

    Et que faisait-elle dans les toilettes de l'aéroport de Vancouver?

    Et pourquoi Las Vegas pour une union ? Quand nous avons ici un certain nombre de cathédrales certes protestantes mais en parfait état de marche, lors de la prétendue Réfôrme les églises catholiques du Royaume ayant été rasées, ruinées ou laissées à l'abandon, sans doute par esprit de tolérance, mais malgré tout il eut été tellement plus agréable que les épousailles se fissent en famille et en même temps avec une certaine pompe (... mais de préférence sans le plombier!), d'autant que je me serais arrangé pour que le Père Fulmance Des Emplettes leur refile une petite bénédiction au passage  Et puis... et puis que je sache la douce enfant ne parle point le polonais.

    La famille est réunie dans la salle du Breakfeast de nos appartements privés du Palais et nous attendons, fébrilement les nouvelles, elles arrivent hélas portées par Urinald Fun Froeben comme autant de coups de canons démantelant la forteresse austère et que nous croyions inexpugnables de nos principes:

    -Ce p... de s... d'o.... de Polak est divorcé trois fois et il a sept mômes! Ce Monsieur Lopeck Glissenski, c'est un nom parlant, a fait de la prison en Turquie pour trafic de blondes (Dieu merci Klopilde est auburn!) et en Polakie pour proxénétisme aggravé. M'écrié-je sans me départir totalement de la maîtrise de mes nerfs.

    -Oui ce monsieur nous semble être un triste individu en vérité! Conclus Gretaetkë en  se resservant du thé.

    -Mummy je crains qu'il ne nous faille déshériter cette pauvre Klopilde et la retirer de la liste de succession au trône. Propose Koonrardt désespérant de calme dans son uniforme, et tout en beurrant sur les deux faces et les côtés (c'est un perfectionniste!) sa biscotte.

    Ce qu'il peut être agaçant ce môme parfois!

    -Tu vas te taire petit Koon! Explosé-je.

    -Je vous rappelle Monsieur le Prince consort que vous vous adressez au futur et prochain souverain de Nordnmark.

    -Pas si prochain que celà mon fils! Rectifie la reine en lui allongeant une baffe qui propulse sa biscotte beurrée sur le plastron de son bel uniforme.

    Il faut reconnaître à ma Poupetkë un don quasi surnaturel, elle a toujours eu une trés bonne droite, pour apaiser les conflits et corriger les insolents.

    -Vous énervez pas boyz'd'girlz, intervient mon brave Ulriktkë en slurpant plus que nécessaire son chocolat et en dévisageant son téléphone portable, quand elle en aura marre la Klo-Klo elle divorcera de son vieux et personne en parlera plus!

    -Dois-je vous rappeler monsieur le Prince héritier en second que notre soeur est troisiéme dans l'ordre de succession et que s'il nous advenait quelque adversité, elle aurait à régner sur notre Royaume. J'imagine mal un plombier polonais en Prince consort, il est vrai qu'il est des précédents qui peuvent autoriser toutes les audaces et...

    Avant même que cette petite peste de Koonrardt eut terminé sa phrase qui s'annonçait comme possiblement désobligeante à mon endroit ma Poupetkë lui en a retourné une seconde qui envoie la biscotte qu'il beurrait sur le col de son uniforme .

    Il se léve toujours maître de lui et glacial mais avec de meilleures couleurs aux joues, des biscottes beurrées plein son uniforme et une trés chouette casquette sur le chef.

    Il a de l'allure le fiston, il tient de son père.

    -Majesté je demande la permission de me retirer dans ma  caserne !

    -Ta caserne? M'interrogé-je de vive voix.

    -Notre fils fait son service militaire mon ami. Me renseigne la reine.

    J'avais complétement oublié, c'est pour ça qu'il est en uniforme, il faut dire aussi qu'il est plus souvent au Palais qu'à sa caserne.

    -Tu ne sers pas dans la Marine au moins fiston ? Lui demandai-je un peu inquiet en lui tapotant paternellement l'épaule.

    -Non dans l'armée de l'air.

    -Ah je préfére. (Il faut dire que jusque là je ne leur ai jamais vendu de zincs). Allez amuse-toi bien petit Koon. (C'est son diminutif familial) Lui dis-je en l'embrassant sur le seuil du couloir, je l'accompagne du regard jusque dans les escaliers quand soudain retentit derrière moi un voix familière, oh tellement familière!

    -Alors grolartkë tu as des nouvelles de la petite? Toi tu as encore pris du bide !

    Cette voix tintammarante et boulevardière c'est celle de son altesse royale la Princesse Birgitkë de Nordnmark, pour les intîmes (et ils sont nombreux!) et le bon peuple Prinzipin Gui-Guitkte, la soeur jumelle de la Reine, née seconde elle n'eut pas droit au trône. Au naturel: une nature!  Elle a longtemps défrayé la chronique du gotha par ses frasques et fait la une des journaux à scandales et autres pipolades, aujourd'hui elle est un peu comment dire? "rangée des voitures."  (à suivre...)

     

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  • 28 Juin

     

    Hier  soir aprés la lecture qu'il avait faite à la reine, et à moi-mâme, des souvenirs assez emmêlés d'un ex-chasseur alpin savoyard fort querelleur, qu'on en juge plutôt: le bonhomme avait successivement fait la guerre aux allemands, aux français (pétainistes), aux japonais, aux indochinois, aux coréens, aux algériens et pour finir il s'était re-colletés avec les français (gaullistes cette fois) sans doute faute d'autres candidats, le cher Petcho Larigaïe m'a demandé un entretien particulier. La Reine avait apprécié la lecture, tout en écoutant elle tricote des côtes de maille pour les armures des collections du Musée Royale de Boeuren, c'est un délassement pour elle.

    J'opinai à la demande de ce cher Petcho et nous nous isolâmes dans mon bureau:

    -Voilà j'ai caus... réfléchi à votre affaire Monseigneur et les ordr... mon opinion est que vous devriez accorder une audience à  Erikten-Baxstaard ur Kingofzethof je me suis un peu entretenu avec lui, il est dans les meilleures dispositions à votre endroit!

    -Êtes-vous fou mon cher Larigaïe. Kingööfzetof est de la dernières extrémitude, je ne saurais m'associer à lui non plus qu'à son mouvement le NFSN Natziunal Flankj Semultkë Nordnmarken.

    Il me faut préciser pour ceux qui ne sont point au fait de la politique du Royaume que Baxstaard ur Kingööfzethof surnommé Erik le Mauve (Erikten Ôg Mövtkë) du fait de sa face souvent colorée a une vision assez extensive et somme toute désuéte du royaume, pour lui les frontières naturelles du pays devraient être la Mongolie extérieur et Majorque sous le prétexte que "nos" ancêtres les... vikings étaient d'impénitents touristes... et qu'il posséde une villa en Espagne.

    Baxstaard ur Kingööfzethof appartient à l'une des plus anciennes familles du Royaume, les Kingööfzethöf étaient les seigneurs du Thöf l'une des provinces les plus septentrionales du Royaume, l'un de nos grands feudataires. Son ancêtre fit allégeance au légendaire Roi Bromurtkë I° le fondateur de la l'actuelle dynastie aprés un tournoi de Petantktkë acharnée. La Petantktkë était l'un de ces âpres et physiques jeux féodaux où les combattants après s'être convenablement saôulés de Pernovit (jus de crâne d'importation pressé et fermenté) s'affrontaient en se lançant des sortes de boulets ferrés à la figure, le premier qui parvenait à en faire pénétrer un dans l'orbite de l'adversaire avait gagné (un voyage à force de rames en drakkar en Seine Maritime tous frais pillés!), l'ancêtre d'Erik le Mauve  y gagna sur le champ le surnom de Guttfriedt le borgne  et se mit au service du roi Bromurtkë, depuis ses descendants s'étaient toujours fait tuer avec une grande assiduité et une parfaite ponctualité dans toutes les guerres qu'avaient organisées ou subi le Royaume.

    Ainsi que je l'ai noté plus haut leur province du Thöf est la plus nordique du Royaume, la plus arriérée aussi, il faut dire que ces braves gens ne voient du fait de la  latitude où ils se trouvent le jour qu'une heure par jour les mois d'été, un quart d'heure l'hiver et pas du tout les années bissextiles. 

    Il y fait si froid que le château seigneurial des Kingoöfzethöf est une sorte d’igloo en glace de 345 chambres qu’il faut rebâtir chaque hiver car il fond à peu prés complètement au printemps à la fonte des neiges, le plus soufflant c'est qu'ils le  rebâtissent au complet chaque année depuis cinq siècles au moins.

    Descendant d'une race aussi offensive, ce qu'il faut bien appeler la décadence du royaume l'a conduit aux pires extrémitudes de pensée et d'action, l'on ne compte plus les bureaux de planning familial incendiés par ses soins ou ceux de ses affidés du NFSN, les présentateurs tévés empalés et les féministes violentées. Homophobe, raciste, intolérant, discriminateur fanatique, centristophage, guerrier, patriote, machiste et fier de l'être il est l'épouvantail planté au milieu de ce parlement de chapons, de ce parquet de volailles. De temps en temps il se présente même en armure et masse d'armes aux séances et défenestrent au hasard l'un de ses collégues centropathes.

    Il a été jugé plusieurs fois pour de tels faits, emprisonné, il en est toujours ressorti au meilleur de sa forme et plus décidé encore.

    Nos tribunaux le condamnent, nos  élîtes le condamnent, nos journalistes le condamnent et notre peuple le plébiscite.

    Quoiqu'on en juge nos populations sont vikings et je ne pense pas qu'elle aient gagné quoique que ce soit à la civilisation industrielle dans l'ordre des qualités humaines, ils étaient courageux jusqu'à la folie, ils sont consentants jusqu'à la mort. Ils croyaient à des Dieux pragmatiques et légendaires, frères d'armes dans leurs conquêtes, on leur demande de rester parqués toute leur existence et de croire à des légendes sans dieux ni volonté. Comment ne point se rebeller

    Son parti, très populaire dans le Thöf  est représenté au Parlement par leur chef unique... et solitaire, ces messieurs du gouvernement ayant décidé iniquement de restreindre la représentation parlementaire de la province à un unique siége de  député.

    Malgré quoi le Nordnmark est un pays authentiquement démocratique comparées aux foutrocraties européennes où quelques personnes décident démocratiquement de ce que toutes les autres doivent penser et il ne viendrait à l'idée de quiconque ici de lui interdire la parole et le débat.

    Et puis il exsude de sa personnalité pétaradante et fuliginante un traumatisme collectif enfoui mais profond quant à la destinée du Royaume, nous sômmes au même tître que l'Autriche ou la Turquie un ex-empire, l'on pourrait penser que nous fûmes soudain abandonné par la Providence, autrefois puissant, fédérateur de toutes les peuplades vikings, étendu, le plus étendu des contrées septentrionales, le pays a perdu les quatre-cinquiéme de son territoire à l'avant-siécle dernier, entre les guerres napoléoniennes et les émancipations successives de nos provinces muées en voisins morgueux, nous avons été quittés par à peu prés tout le monde, funeste destin, il ne nous est plus demeuré que ce rataillon, ce bout de couenne qui flotte dans un brouet de liberté sexuelles, morales, sociales, individuelles, de toutes les fausses libertés et vrais égoïsmes dans quoi tombe une nation lorsque elle n'aspire plus à être une puissance.

    Et pour clôturer le triste inventaire avant une quasi liquidation, notre voisin allemand nous avait confisqué une province entière après une guerre malheureuse imprudemment déclarée au saut du lit par le Roi Berthild XXII dit Berthild Ôg Pritentiardtkë (Berthild le Présomptueux) dans les manuels scolaires et  selon le jugement populaire Hert Kondj Berthild soit "ce couillon de Berthild"..

    Depuis le pacifisme régne sur les âmes plus encore que la Reine.

    Je réfléchis un court instant, je l'ai dit, ce Petcho Larigaïe m'a toujours été de bon conseil:

    -Eh bien soit j'y consens, organisez mon cher une entrevue mais discréte, précisément et exactement discrète... mettons sous quinzaine... mais pas le 17 j'ai revue navale.

    J'adore les revues militaires et lui-même les prise beaucoup mais dans ce pays neutre et pacifique, inhibé quoi c'est presque un blasphême d'en organiser, mais là ils ont fait une exception c'est le tri-centenaire de je ne sais plus quoi, une victoire navale contre les français sans doute et puis je compte bien placer à l'occasion le porte-avions de ce cher John-Branke à la Reine: une revue navale sans porte-avions c'est petit. (à suivre...)

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  • 27 Juin

     

    Muni d’une fausse barbe, d’une perruque, d’un imperméable, de lunettes noires mais beaucoup plus noires que d’habitude, d’une canne sabre télescopique je m’en vais à travers la ville incognito. J’ai pris rendez-vous avec un professionnel reconnu, français qui plus est, qui vit maintenant en notre belle ville capitale pour se reposer d’une longue et trépide carrière parisienne. Je ne me suis confié à personne j’ai regardé dans le bottin à la rubrique  « artisses managère  » et je suis tombé sur ce nom le seul de sa rubrique: Charley Bédouani. Il me parlait. Où l’avais-je rencontré ? Je me suis souvenu enfin: il m’avait été présenté lors de l’inauguration d’un festival des traditions et folklores à Upsalup, il manageait une troupe folklorique : Herk Trahüdertkë à forte teneur en grandes blondes mamelues. Une merveille, quoique leur prestation, eut été quelque peu dérangée par les dissipations de l’ourse polaire qui était sensée les accompagner dans leur chorégraphie et avait fini par s’échapper et éventrer le Groombler-solo (il joue du Groomble, une sorte de cornnemuse à double-panse et dont il sort un son qui imite quelques fois celui de souris que l’on écrase, d’autres celui d'un lavabo qui se vide ! Un bon instrumentiste peut réussir des merveilles avec cet engin qui ressemble un peu à une énorme paire de testicules (c’est étonnant comme en ce moment le sujet revient dans mes écrits, j’y vois comme un intersigne du destin.). C’est très curieux ! Pas désagréable mais au bout de six heures de Groomble on a envie de lui crever la panse, c’est dire si l’intervention de l’ourse polaire avait été pour moi plutôt une délivrance. ). (a-t-on remarqué que dés que je me lâche un peu la bride ma phrase se fait proustienne, un critique littéraire à écrit que quelques fois dans mes écrits l’on se croirait invité à une fondue ! J’ai pris cela pour un compliment bien sûr.).

    A la fin de la représentation il avait tenu à me présenter ses artistes, toutes magnifiquement douées, j’avais d’ailleurs eu une liaison avec… les choristes (il y en avait quatorze, mon record personnel est de 22, toute une ligne de caissières dans un hypermarché que j’avais inauguré en province, j’étais plus jeune alors, et la Reine moins jalouse, heureux temps.)

     

    Ses bureaux se tiennent dans le quartier du Port, pas le plus sélect donc, mais plein de vie et de passage. Au septiéme sans ascenseur, sans doute la vue sur le port doit-elle être particuliérement remarquable pensai-je pour m’encourager, je suis décidé à prendre les choses du bon côté.

    Arrivé, essoufflé, malgré ma pratique quotidienne des sports, on le serait à moins, sur le palier du septiéme étage, je respire un temps, je m’apprête à sonner quand j’entends des voix, une discussion, presqu’une dispute derrière la porte :

    -Ah Mauricette tu me fous bien la paix ma fille, je rentrerais quand mon avocat me dira que je risque plus rien, moi aussi je me fais chier dans ce trou pourri mais j’ai pas envie de retourner en taule ! Entre les douânes, les impôts et les trafics du beau-frère tu crois pas qu’ils vont me laisser en paix. C’est les poucettes dés ma descente d’avion ouais !

    A l’accent, aux intonations je reconnais la gouaille d’un natif d’Algérie, quelque pied-noir babelouédien très haut en couleurs et propre à animer la grisaille de notre capitale nordique!

    Je toque à la porte :

    -Qu’est-ce que c’est encore quoi merde ?

    Il m’ouvre, l’homme a dans la soixantaine et quelques et il porte une perruque blonde et chevelue de travers et de grosses moustaches postiches dans les mêmes teintes, l’on pourrait croire qu’il s’est déguisé en viking fausse-blonde, ou en supporter de football.

    -C’est pourquoi ?

    -Je vous ai téléphoné, j’ai pris rendez-vous je suis monsieur Hank Dedank…

    -Ah ouais c’est vous l’artisse de variétés,… venez allons dans mon bureau… permettez je dis un mot à ma secrétaire…

    J’entends :

    -Mauricette merde !

    Son bureau tient plutôt du cagibi, il me rejoint, replie vivement la planche à repasser et balance le chat dans le vide ordures:

    -Vous avez un accent ? Vous êtes belge ou quelque chose comme ça ?

    -Je suis français.

    -‘pas possible, ça alors ça fait plaisir un pays et qu’est-ce que vous venez foutre dans ce pays de merde ? Ah oui vous m’avez dit de la variété. Vous tombez bien j’implante un bureau ici, j’ai décidé de m’ouvrir à l’international, en ce moment je lance un groupe de pop blonde, deux barbus blondinets et deux pétasses d’anthologie c’est de l’ukrainienne d’importation, diplômées de Mathématiques et de Physique Appliquées, je les ai eues pour rien mais sans mentir on croirait de la caissière suédoise,  OBBO ça s’appelle, vous saisissez le concept, on importe les chansons de Roumanie et les chorés de Moldavie, là-bas la main d’œuvre est bien moins chère, on a un parolier/plongeur pour 80 Brelotkën et un musicien/arrangeur/ qui sert en terrasse pour moins de cent. Ce qu’il nous faudrait ce serait d’être sélectionné pour l’Eurovision mais ça c’est magouilles et compagnie… il y a des choses que Charley Bédouani ne fait pas…

    J’aurais bien voulu savoir lesquelles ? Mais trêve de jugements moraux il me semble être l’homme de la situation: un professionnel.

    Je m’assois, retire barbe, perruque et lunettes :

    -Et ce groupe folklorique Hërk Trahüdertkë vous ne vous en occupez plus ?

    -J’ai eu des problêmes avec le bétail, je les ai vendus à l’export à un collégue libanais qui s’occupe de la remonte de blondes pour les émirats… mais…mais on se connaît… vous… vous êtes… oh misère !

    -Pas de nom je vous prie !

    Je lui explique dans le détail ce que j’attends de lui et il convient de la justesse de mon analyse :

    -Vous avez raison, il faut professionnaliser la fonction. Regardez en France le Président qui a été nommé ! Il est professionnel, dynamique lui ! Il est éclaboussant de classe !

    -Oui mais il tâche un peu non !

    -Bah ça c’est normal… quand on éclabousse on tâche toujours un peu !

    -Quand même je voudrais quelque chose de moins tapageur et puis j’ai besoin d’une attachée de presse qui…

    -Mauricette !

    -Plaît-il ?

    -Ma fem… secrétaire est une ancienne attachée de presse, elle fera très bien votre affaire.

    -Fort bien, convenons d’un rendez-vous… mettons le 18 en 15.

    -C’est  noté Mons… Monsieur Dedank. Je vous raccompagne.

    -Charley oublie pas de descendre les poubelles et de remonter le chat ! Crie sa secrétaire, la charmante Mauricette, ma future attachée de presse.

     

    Sur le trottoir je le quitte rasséréné, ai-je tort, l’avenir en décidera. (à suivre...)

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    26 Juin

    Autre motif de contentement les premiers journaux parus ont titrés sur mon prétendu coup de folie et le détournement supposé du car-ferry Carl-Emmanuel Proustkë (1654-1732 inventeur du carré pané!), leurs démentis ultérieurs et la proclamation de mes mérites, sans doute exagérés, je le concéde, me remplissent de joie vindicative.  
    J’ai fait un retour triomphal au Palais, il m’a fallu me montrer et saluer les populations accourues pendant une bonne heure au balcon prés de la reine et des enfants, le Fun Froeben restant en arrière-plan dissimulé dans les rideaux (incroyable quand on y songe le nombre d’années que ce type aura passé dans les rideaux du Palais ! Il faudra que je lui en offre une paire quand il partira en retraite.) Après ce ne furent qu’ovations et applaudissements. Profitant de ma position j’ai émis le vœu lors du déjeuner de faire remettre en état le pavillon de chasse du grand-Père dans le Parc.
    Ma Poupetkë n’a pas osé faire valoir le coût des travaux malgré les messes basses de Fun Froeben toujours planqué dans ses rideaux.
    -Nous verrons…
    -C’est vrai quoi je n’ai pas d’endroit à moi, bien à moi, un écrivain a besoin d’un tel lieu un peu sacré où…
    -Où vous pourrez emmener vos gurgandines ! Grince la chère Gretaetkë en reprenant de la morue aux betteraves. 
    -Si vous me consacriez un peu plus de temps ma chère, je serais moins enclin à céder aux tentations.
    A ce moment le ponctuel Pezzolino entre les bras chargés de journaux dont un Upshlöut-Match dont je fais la une. Ils ont mis une photo de moi pas très fameuse mais fort épique où l’on me voit titubant entre deux hommes grenouilles la tête en sang et les testicules à l’air, entrant au commissariat d’Umpingen c’était juste avant que l’un des gradés me prêtat un slip. 
    J’enfouis le périodique sous d’autres moins tapageurs mais tout autant à ma gloire et exploitant mon avantage, ainsi que nous en avons convenu avec l’ex-pizzaiolo je demande avec quelque ingénuite et un très certain détachement :
    -Au fait combien en avons-nous sauvés exactement fidéle serviteur ?
    Il sort un bloc de garçon de café et récite :
    -1652 suédois, 764 norvégiens et 489 nordnmois plus 53 albanais, 27 chinois, 11 italiens et 3 français Altesse.
    -Trois français quand même ! Songeai-je en allumant un cigare… je mérite une seconde Médaille de Sauvetage, (les français m’ont même attribué la Médaille du Travail. Ah les braves gens !) il faudra que j’en parle au nouvel ambassadeur de France que l’on vient de toucher ce Monsieur Chtarbais de la Chtarbotière dont ce cher John Branke m’a dit le plus grand bien : 
    -Je vous en prie mon ami…
    -Plaît-il ma Poupetkë ?
    -Votre cigare, Raoultkë, mon cher vous nous incommodez…
    Quels enquiquineurs tous ces hygiénistes nordiques! Depuis qu’ils ont interdit le tabac partout ils ont décroché le record mondial d’ulcéres de l’estomac et de cancers de l’anus. 
    Je vais sur le balcon et ce sont des acclamations, je salue avec plaisir, je donne de ma personne sans compter mais la Reine, sans doute un peu jalouse de ma nouvelle popularité me rappelle à l’ordre :
    -Rentrez je vous le demande, vous n’allez pas passer votre journée à saluer nos foules.
    Me soupçonnerait-elle de quelque arrières-pensées putschistes, taquin, je cueille mes lunettes noires dans la poche de ma veste et quitte la piéce sombre et arrière-pensif.

    Finalement je vais fumer mon cigare dans les toilettes des conducteurs de carrosse au sous-sol, c’est interdit partout ailleurs, ils ont même mis des alarmes et des barbelées autour des cendriers, mais eux ont conservé le droit de fumer, une tolérance dû au fait que de tradition ce sont des hongrois qui par le passé et précaution étaient castrés avant de nous être envoyés mais sont maintenant recrutés parmi les magyars ayant eu les oreillons dans leur jeunesse. En compensation ils dépensent en cigarettes ce qu’ils n’allouent pas aux dames faute d’appétence.

    Pendant que je tire sur mon cigare assis sur la lunette cette idée me trotte, après tout prince consort ce ne peut-être un but dans la vie, il y a mieux à faire si je passais roi à plein temps, sans dessaisir complétement la reine s’entend et même en lui conservant tous les droits… d’une épouse légitîme, mes ennuis seraient terminés, je n’aurais plus à quémander et je ne serais plus sous la menace de lois scélérates qui du jour au lendemain pourrait me naturaliser hongrois.
    L’erreur c’est cette foutue démocratie représentative bourgeoise très dix-neuviéme rentier, complétement dépassée et qui ne représente rien sinon quelques intérêts subalternes mais sûrement pas ceux supérieurs du pays.
    Pour ces députaillons la famille royale est tout juste tolérée et encore au titre des minorités visibles.
    Mais le peuple lui nous aime, ne serait-ce que parce que nous les distrayons. Au vrai nous sommes un loisir pas cher nous autres « royals ». Par sujet à l’année ? Pas même le droit d’entrée dans un parc d’attractions ! Et avec nous les suppléments sont gratuits. 
    Oui il me faut m’adresser directement au peuple, avec la démocratie directe jamais ces saligauds de parlementaires n’auraient pu faire guillotiner notre cousin Louis le seiziéme.
    L’instant est historique :
    Première résolution, décrêtai-je en tirant la chasse, je vais me munir d’un attaché de presse personnel, et je ne passerai plus par les services de relations publiques du Palais pour mon planingue. 
    Seconde résolution décidai-je en me mouchant dans du papier toilette, je vais prendre un agent pour s’occuper de mes droits… mieux un managère, je vais professionnaliser la fonction. C’est ça ! Je m’en vais te professionnaliser la fonction !
    Troisiéme résolution: changer de marque de papier toilette, celui-là pue! (à suivre...)

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