• Walter Chéchignac 24 par H.T.Fumiganza

    24.
    R.C. La Conche
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>-... allez le Raacinegueue...
    J'encourage tant que je peux notre équipe, pour suivre au mieux les conseils de Martial Medpeu et La Branlaye. Car ce sont bien eux, les deux résistants, fondateurs du réseau Copulation Ouest qui ont eu cette idée lumineuse de me faire revenir dans le jeu électoral et l'affection des populations conchoises par le foutebale et un soutien voyant et même fanatique au R.C. La Conche. Ils m'ont habillé des pieds à la tête de tous les ustensiles du supporter, écharpe bannière aux armes du club, « tifo » phosphorescent, casquette à oreilles et trompe deux tons. Il faut dire aussi que j'ai eu tout ça à moitié prix car c'est le père de Walter qui a fondé le club dans les années cinquante avec quelques collègues druides et toucheu' de cuir et c'est son fils qui en est l'actuel président  à vie .
    -... ouais... ouais c'est ça... plus haut... vas-y le racinnegueu !
    Le cher Walter réfréne mon enthousiasme :
    -Arrêtez d‘encourager le racing mon vieux, c'est ceux d'en face  le racing.
    -Mais comment... mais R.C. ça ne veut pas dire Raciingueue Cloub ?
    -Mais non R.C... c'est pour R.Con... l'R.Con La Conche une facétie de papa quand il a fondé le club... et le cri de guerre ici c'est « allez les Blétznec » en hommage à la denrée ...
    Le Blétznec, j'en ai goûté, chez Jacky Le Radégoual, une adresse moderne et créative sur le port, cela pourrait être intéressant il les cuit à la troncha dans un grand bidon d'huile Motul sur un feu de pneus (Michelin de préférence, c'est une maison de qualité !) mais il les farcit tête comprise avec une maniére de purin d'algues au goût très prononcé, alors certes l'on sent bien le produit, mais sans doute un peu trop car à la cuisson il s'en dégage une maniére de fumet de chaussettes de sportif après l'effort qui ne met pas trop en appétit. 
    En plus, il faut le cuire très longtemps, le Blétznec, tant c'est élastique, bien compter trois heures de cuisson... et quatre journées d'hospitalisation, car c'est plein d'arêtes et on passe son temps à les cracher, de préférence sur l'étranger de passage sans doute en guise de bienvenue.
    D'ailleurs Jeanine le Bollec la restauratrice préférée de Chéchignac à La Ponche, à la question rituelle de Walter, à chaque fois que nous nous présentons chez elle avec quelques beaux spécimens fraîchement pêchés:
    -Alors Jeanine comment vous allez nous les faire ce coup-ci ?
    -Quoi encore d'vos saloperies de Conchois. Mais c'est pas mangeab' ç't' engeance ! Même le chat s'en écarte !
    Elle les passe, elle, très simplement, à la poubelle, avec quelques pelures fraîches dessus, des nouilles figées au jus et un mégot en sauce pour faire joli.
    Il paraît que les japonais en raffolent.
    <o:p> </o:p>Sur le terrain Guértemullerc le buteur titulaire tatane tant qu'il peut sans le moindre bénéfice arithmétique au tableau d'affichage, le R.C. La Conche ce n'est pas vraiment l'académie du beau jeu, fidèles en cela aux principes immortelles de Chéchignac selon quoi tant qu'à pratiquer un jeu de con... chois autant le faire avec des cons de choix, même d'adoption, il prend un soin malicieux à ne recruter que les éléments les moins doués mais les mieux décidés, ses p'tis gars ne lâchent rien et mettent la semelle même quand ils sortent en ville, il vient d'ailleurs d'engager à prix d'or un brésilien, le seul de son peuple qui n'entende rien à l'art foutebalistique mais comme ancien adjudant international de lutte gréco-romaine excelle dans le travail au sol. Il est en train de faire une torsion avec clef (de huit) sur la personne de l'arbitre qui n'en peut et siffle tout ce qu'il peut tout en dessous comme un pigeon adultère roucoulant sous sa secrétaire.   
    Très vite nous avons deux... trois... cinq expulsés et le score final de 9 à zéro s'il refléte notre valeur réel récompense mal nos efforts :
    -L'arbitre aux chiottes ! Vendu ! Ordure ! Queue de moule ! Enfroqué ! Aaaallez les Blétznecs ! Je m'emporte plus que de raison et quand le Martial Médpeu qui me télécommande incognito depuis les tribunes par talkie-walkie me suggére de m'en aller agresser l ‘arbitre de touche « un petit qui est dans vos moyens » j'obtempère à plaisir.
    L'autre carne se défend à coups de drapeau et de sifflet de gardien de la paix, ce qu'il est dans le civil et je bats en retraite  mais les supporteurs conchois envahissent le terrain à ma suite et très vite on me porte en triomphe, un patriote, un conchois un vrai, ils m'ont reconnu pour ce que je suis devenu, je capitalise comme dirait La Branlaye qui n'est pas venu au stade, mais il avait un mot de ses parents, d'autant que Letroncheur qui connaît la valeur et les mauvaises habitudes du R.C. La Conche n'a pas non plus fait le déplacement, excipant d'une vieille blessure électorale, datant de sa première campagne, qui le fait souffrir à l'occasion et l'empêche de s'asseoir. Vrai encore deux ou trois déculottées comme celle-là et je passe au premier tour.
    Ah les praves gens !
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Letroncheur, je le retrouve le jeudi suivant à la réunion de la  loge de la Conscience Universelle et du Calvados réunis. Il y tient sa place en grande tenue, mais point toute sa place, il n'est là-dedans que sous-premier de la voûte, la grande maîtrise accessoire étant tenue par le fils Penault-Reugeot le grand concessionnaire automobile de La Ponche. D'ailleurs les tenues étant défrayées par les établissements Penault-Reugeot nous portons tous sur nos habits sacerdauto (dixit Médpeu), une publicité discrète pour cette maison de confiance.
    C'est La Branlaye qui m'a conseillé d'aller me faire introniser chez les adorateurs du genre humain, gens d'influence et de progrès conchylicole. Pardi cela ne lui coûte rien à lui, mais moi il va bien falloir que je paye de ma personne car voilà venu l'heure de mon intronisation.
    Jusque là je me dois de reconnaître que les débats ont été d'une belle tenue, après nous être prononcés en faveur de la promotion du triolisme libérateur en milieu rural sur un rapport remarquable et  fort bien documenté  (beaucoup de photos de son épouse) du pharmacien et adjoint au maire Lecornec nous nous sommes penchés sur le nouveau grand questionnement sociétal : lever le dernier tabou celui du cannibalisme clandestin, et instaurer un véritable droit à des pratiques apéritives (D.R.A.P.A.).
    Au Cercons, de mon temps, cela faisait déjà débat, j'avais même entre mon colloque de Mars : « Pour un barbecue citoyen ! » et celui d'Octobre: « Le bain moussant facteur d'intégration ? » prévu d'organiser sur le sujet  un grand débat démocratique entre ceux qui étaient pour et ceux qui n'étaient pas contre.
    Car enfin n'est-il pas normal d'adapter le droit à l'évolution des mœurs or quoi de plus naturel et comme indigène à notre société que l'anthropophagie, une anthropophagie ouverte, moderne et tolérante s'entend, il ne s'agit pas d'imposer à tous je ne sais quelle tradition condimentaire ou de mépriser les régîmes sans sel, non bien entendu.
    Et puis imagine-t-on combien de détresses et de souffrances se cachent derrière l'hypocrisie de la situation actuelle, les derniers chiffres donnés par le rapporteur de l'atelier, « le grand concussionnaire urbain », ce n'est pas un titre maçonnique il était seulement adjoint à l'urbanisme dans la municipalité Lucien Boitel, sont à ce propos rien moins qu'effrayants, le nombre de gens qui dans la clandestinité se mangent un doigt de pied sur le pouce ou entâme belle-maman sur leur table de cuisine en dehors de toutes règles d'hygiène est simplement effrayant alors qu'il serait si aisé, et d'abord par simple humanité, de développer une politique d'anthropophagie ouverte, laïc et responsable, et de mettre en place une réglementation éthique quant à la traçabilité des viandes et les dates limites de consommation (D.L.C.) afin hors de croyances limitantes comme dirait le petit-fils Manganec de donner à cette accomplissement tout humain un élan moderniste et humaniste en même temps que de lui restituer ses valeurs de solidarité festive, imagine-t-on seulement la convivialité que dans les cours d'immeubles de telles pratiques pourraient susciter ou ressusciter.
    En regardant notre assemblée, avec une certaine fierté, je pense à ce que me disait ce matin cet imbécile de Chéchignac :
    -Vous verrez  le bourgeois livré à lui-même se retrouve vite des nostalgies d'emplumé.
    Qu'est-ce que ce crétin peut bien entendre à la modernitude.
    Vrai la question me passionne et le rapport est approuvé après quoi  nous avons tous unanimement, enfin peut-être ai-je montré alors un peu moins d'unanimité que la moyenne en attendant avec quelque angoisse la suite, nous avons tous dis-je, mouillé et levé l'index en signe sacramentelle et murmuré la formule rituelle :
    -Jeunesse de la veuve, la fraternelle au train !   
    C'est le moment, c'est l'heure.
    Ainsi que me l'explique le « conseiller suprême de la tablée » maître Jeanneton, ci-devant notaire à La Conche  :
    -Cela va être à vous mon jeune ami, ne vous inquiétez pas, à l'origine il fallait prendre la formule au pied de la lettre si j'ose dire et subir l'assaut du grand maître accessoire, mais les temps sont changés bien heureusement et puis avec toutes ces maladies bref nulle crainte... préparez le second sous-gode adjoint de la  fraternelle félicité ! Retentit-il avec une ferveur que je ne lui connaissais pas.
    Mais personne ne retrouve l'ustensile sacrificateur à mon grand soulagement et à celui de monsieur le substitut du procureur de la république qui doit conccurement avec moi être reçu soit dés avant recevoir.
    -Bon Dieu... oh pardon les petits frères... acredéle qu'est-ce y ‘z'ont't'encore foutu du  sous-gode de la fraternelle.
    Avec monsieur le substitut qui attend dans la même posture que moi, le buste en avant, la tête en bas et toutes jupes relevées nous nous regardons avec quelque sympathie de conscrit.   
    Impossible de mettre la main sur l'objet sacré, quelqu'un de l'assistance, monsieur le receveur des impôts Gerbaise, propose bien son parapluie mais le Grand Maître accessoire tranche la question :
    -Eh bien messieurs nous allons revenir à la tradition... la tradition du progrès s'entend... quelqu'un veut-il officier, pour ma part, je ne sais pas, je n'ai pas trop d'allant... cette saloperie de choucroute de la mer aux bletznecs de midi peut-être... Proclame le con-cessionnaire de magistrature suprême... allez je fais dix pour cent de mieux sur toute la gamme loisirs à celui qui se dévoue... c'est pour l'humain bonheur et tout ça...
    -Croire que nous n'inspirons pas tellement ces messieurs ! Me susurre vexé monsieur le Substitut qui avait l'air de s'en faire une fête.
    -Moi grande courge si tu veux bien !
    Cette voix ! Cette voix si je la connais !
    -Monsieur le sous-premier de la voûte, je dois vous rappeler aux usages de notre assemblée.
    -Couillon, je t'ai connu tout mouffl' et tu voudrais... allez, bon, ça va j'y vais,  sans quoi, c'est pas toutes tes couilles molles qui vont nous les sacrer... et moi j'ai pas que ça à faire, j'ai une campagne en train moi les petits frangins, voy-iions comment les choses se présentent !
    Letroncheur, c'est bien Letroncheur qui se propose de se...  de nous... enfin de me ...
    Je cherche à me relever, vrai je préfère encore le parapluie du receveur des impôts, mais maître Jeanneton, l'aut' grand sublime de mes fesses pour les intimes c'est le cas de le dire, m'en empêche.
    Letroncheur s'approche, il tapote les fesses du substitut qui rosissent d'aise et...il m'investit.
    -Et hop ! Et une campagne hein ça n'attend pas, s'pas le mousse !  
    Je ne pense pas qu'il mette autant de conviction dans sa campagne que dans mon introduction.
    Ah le salaud ! Oh l'ordure ! Ah l'encu... leur ! (à suivre...)
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