• Nordnmark one point! Journal intîme du Prince Raoultkë de Nordnmark by H.T.Fumiganza 5...

     

    18 Juin
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    Je suis toujours planqué retiré dans la bibliothéque, j'y ai passé la nuit, j'y ai installé sans en avertir la Reine un clic-clac que je suis allé acheter nuitamment chez Ike-aïe !  la grande chaîne de grands magasins de meubles scandinaves en kit, il faut dire que par ici la nuit dure six mois et que les magasins soient ne ferment pas, soient n'ouvrent plus selon les options philosophiques et commerciales de chacun. Il est certain que ce   n'est pas facile de se lever le matin quand on ne s'est pas couché le soir surtout si le matin ressemble au soir et vice versa.

    Donc j'ai passé une bonne partie de la nuit à monter le canapé convertible aidé par Pezzolino mon fidéle valet de chambre, un ex-pizzaiolo, je l'ai rencontré il y a une dizaine d'années dans une pizzeria grecque du quartier albanais de la capitale, je l'ai pris à mon service et il me sert depuis avec astuce, constance et même quelques fois de la loyauté.

    Au matin il est arrivé avec les journaux, mon petit déjeuner et un acte d'abdication en trois exemplaires de ma charge et dignité de prince consort.

    -Alors l'ami où on sommes-t-on ? Demandai-je au brave Pezzolino avec un détachement stoïque en beurrant mon rôtie.

    -A qué chidenté Monsignore !

    De fait les journaux ne sont pas tendres, et bien entendu il y a une grande part d'exagération et de fabrication là dedans, ils truquent et soutiennent sans vergogne que j'ai tenté de défenestrer un vieillard diminué.  Sur les photos, je saigne du nez, j'ai les lunettes de travers, le visage déformé par la colère je ressemble à une fin de série de tueur en série au moment de son arrestation.

     Raoultkë Ôg viok defenestratortkë !

    Je traduis pour les non polyglottes :

    Raoul le défenestrateur de personnes âgées!

    Un surnom qui a tout le moins, s'il devait rencontrer quelque vogue serait fort dommageable à l'image que j'entends laisser à la postérité.

    En ces instants je ne le cache pas, je chancelle sur ma rôtie  mal beurrée lorsque en mon for enfiévré retentissent soudain les trompettes... de la reléve de la garde.

    Dieu sait qu'à l'ordinaire c'est un rituel qui m'insupporte: il faut dire aussi qu'à l'ordinaire à six heures je dors, mais là, dans le moment, ce retentissement cuivré me redonne du courage, je me dresse dans mes pantoufles et j'ouvre la fenêtre qui donne sur la cour d'honneur  en grand, préparé à tout affronter et même les lazzis d'une populace hostîle.

    Est-ce mon autorité naturel, rien ne vient, derrière les grilles de la cour d'honneur quelques regards se tournent vers moi mais sans que j'y lise de désapprobation, au contraire des flashs partent, on me photographie, je fais bonne figure je crois, en robe de chambre mais très vite je m'ennuie à faire face, la bonne humeur chez moi n'étant jamais trop longtemps exilée, je ramasse les billes d'un jeu de solitaire en marbre posé sur un guéridon, je m'en remplis les poches et je retourne à mon balcon,  accoudé à la rambarde du balcon, très sportsman dans  l'épreuve, je vise les bonnets à poils (ils les ont adoptés pour la Garde Royale sur le modéle, une fois encore, des anglais qui nous en avaient chipés l'idée après Vaterloo à l'imitation de notre Garde Impériale !) que je surplombe et laisse tomber les billes une à une. La bille quand elle atterrit se met à tourner sur le plafond du shako rond, il parait que lorsque l'on est dessous c'est à devenir dingue ! Mais ils n'ont pas le droit de bouger sinon ils ont un gage et quinze jours de prison. Tordant non ? Je suis en pleine visée lorsque j'entends la grande porte de la bibliothéque qui s'ouvre, je me retourne : c'est mon petit Uurtikrn !

    Outre ma fille chérie l'adorable et douce Klopilde qui parfait ses études supérieures en Floride, j'ai deux fils: Koonradt qui tient beaucoup de sa mère et qui est à l'Ecole Navale et puis le jeune Uurtikrn, c'est tout moi, vaillant et impulsif, je prends du temps sur mes obligations pour le former au mieux à ses futurs fonctions de... de Poulidor, d'héritier en second.

    -Papatkë !

    -Viens là mon petitkë.

    Il va sur ses dix-huit ans, autant notre koonradt est sanglé comme sa mère autant mon Uurtikrn est artiste comme son père. En ce moment il porte une crête d'iroquois arc en ciel qui fait jaser les gazettes à scandales, c'est dire si comme moi ils détestent les plumitifs.

    Il me rejoint sur le balcon, je pose mon bras paternel sur son épaule encore toute filiale:

    -Il ne faut pas vous occuper de ce que disent les journaux Papatkë.

    -Que veux-tu voilà ce que c'est qu'une monarchie parlementaire ! Rien du tout, le néant ! Un ornement bourgeois ! Le char de l'état transformé en taxi ! Et si l'on proteste un peu ou que l'on veuille se conduire en maître chez soi les boutiquiers vous menacent de vous couper les vivres et de vous supprimer votre liste civile, et ces messieurs de débattre de ce qu'ils vont nous donner comme traitement et étrennes ! Les concierges de la mémoire nationale voilà ce que nous sommes !

    Je ne rate jamais une occasion de lui donner quelques leçons d'absolutisme.

    -Imagine-t-on Louis XIV laisser imprimer de telles saloperies mais tu peux me croire que le soir mâme le photographe, eut été mené en place de gréve pour y être roué tout vif. Il est où le respect qui m'est... Qui nous est dû ! Allez maintenant va à l'école mon grand !

    Il fait des études de... de quoi déjà ? Il faudra que je lui demande. Il me quitte et je reprends mes occupations ludiques quoique assez vaines, j'ai presque entiérement garni tous mes bonshommes  lorsque la porte s'ouvre à nouveau et la Reine entre, elle est en robe d'audience, une petite couronne de ville en diamants sur la tête, la tenue de bureau quoi, elle est suivi par cette petite ordure d'Urinald fun Froeben qui porte une pile de journaux :

    Elle en prend un, le léve bien haut :

    -Avez-vous signé ?

    Je quitte le balcon à grands pas et  claque la porte au nez de fun Froeben :

    -Ecoute il faut qu'on parle... je vais t'expliquer ma Poupetkë !

    -Jé né zuis pas votre Poupée Mounsieur ! 

    -Ah c'est comme ça !

    Le coup de sang me prend et je te la balance sur le canapé comme une serveuse de relais routier. Elle crie, se débat et proteste... Ah Dieu du ciel voilà bien un achat utile que ce clic-clac-paf ! que j'ai inauguré cette nuit et qu'avec la Reine nous baptisons derechef du beau nom d' « entente renouvelée ». (c'est une figure de style assez bien amenée, je crois ?)

    Notre réconciliation fait du bruit et au moins un déçu. Dans ces moments, Gretaetkë si réservé dans le quotidien est du genre extraverti, j'imagine le Urinald fun Froeben, l'oreille collé à l'huis et je redouble d'activité.

    Quand la Reine se reléve, je suis pardonné.

    Je reboucle ma robe de chambre, elle rajuste sa courônne et va sur le balcon, elle se penche pour regarder la garde descendante qui s'éloigne, de fait elle s'éloigne mais ce qu'elle voit d'abord et surtout ce sont toutes ces billes qui tournent de plus en plus vite sur le dessus des chapeaux et les têtes des gardes royaux qui par réflexe décrivent un mouvement circulaire comme pour mieux encourager la rotation, c'est poilant littéralement, John-Branke goûterait la farce mais elle visiblement n'y souscrit pas, elle se retourne vers moi :

    -Konnartkë !

    Et elle s'en va.

    Un coup pour rien pensai-je avec quelque effronterie... mais je t'aurais ma fille ! (à suivre...)

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