• Une fois ! A la vérité, je n'ai point compté mais ce fut bien plus que cela, ces filles d'aujourd'hui sont étonnantes de liberté et de santé, remarquai-je en recherchant mon slip de bain perdu dans les roseaux pendant qu'elles continuent de pouffer. Quand je pense qu'elles ont l'âge de ma douce Klopilde ! Oui bon j'arrête très vite d'y penser pour m'évite des embarras de conscience qui pourraient m'empêcher de dormir surtout après le repas trop copieux que nous fîmes. Je mets enfin la main sur mon slip et embarque sur mon canot en agitant mon slip pour leur faire mes Adieux au moment où passe tout prés de moi un énorme car-ferry, il sont fort nombreux dans le coin, il fait un tel remous que je me retrouve à l'eau.

    Grâce au ciel je suis un excellent nageur et je ne mets pas longtemps à rembarquer. Essouflé et réfrigéré, l'eau n'est jamais à plus de 9° dans le coin,  je le regarde s'éloigner, il me semble vadrouiller un peu, l'équipage a du lui aussi faire quelques libations pensai-je quand soudain-je qu'aperçois-je ? La porte arrière est encore relevée comme une soubrette fraîchement troussée. Dieu de Dieu il faut absolument les en avertir. Malheureusement mon téléphone portable est resté dans la poche de mon slip de bain qui gît présentement au fond de la Baltique et après consultation de mes deux plus récentes petites amies, il s'avére que leurs téléphones belgophones ne sont point compatibles avec notre réseau de télécommunications.

    Dans tous les cas il faut agir, je re-saute dans mon canot et met les gazs à fond, le ferry futurement tragique va bon train et file vers le chenal et son submersible destin.

    Je le double, sur la gauche, babord donc, mais comment l'aborder, je fais des signes à des passagers qui vomissent sur le pont, mais très vite ceux qui me remarquent se moquent de ma nudité, j'aurais du emporter une serviette de bain.      

    Je décide d'oser le tout sur le tout et je vais placer mon canot au milieu du chenal.

    Instant périlleux, on en jugera, moi seul juché sur ma courte embarcation et ce bateau énorme qui me vient dessus de toute la force de ses surpuissantes machines.

    -Es-tu bien sûr Raoul de ne point te fourvoyer ? m'écriai-je mentalement.

    Les calculs sont vite faits: même si le commandant se montre assez avisé pour commander l'inversion des machines, je vais très proprement me faire couper en deux par le milieu.

    Je décide de la jouer autrement, je vais pour redémarrer mon moteur, Saperlupopettkë ! (Nota: expression idiomatique autant qu'interjective et qui est l'équivalent de : Bigre ! chez nous.) il s'y refuse, on imagine le suspens insoutenable que je soutiens pourtant de mes deux bras musclés: le ferry continue sa marche rien moins qu'inexorable pendant que je tire et retire sur la ficelle... qui me claque dans les mains !

    Heureusement j'ai été scout-marin et je parviens à faire un nœud dit de bite ou d'amarrage et retirer prestement sur la ficelle et... enfin le moteur consent à redémarrer.

    Soulagé, je fuis à toute vitesse, fait le tour de l'îsle et réussis à me placer sur l'arrière du ferry, l'on aura compris la manœuvre, mettant les gazs à fond, je me propose de rien moins que de pénétrer par son arrière béant, tel un suppositoire en une course échevelée et que j'espère salvatrice. Il ne manque que le lubrifiant. Il y a bien une différence de niveau entre le plancher bas et la hauteur de l'eau mais je pense qu'en cabrant suffisamment mon embarcation en mettant du trim (l'une de mes spécialités quand je pratique le ski nautique: le dosage du trim. Dans le temps de ma jeunesse j'ai fait Cannes-Propriano à ski nautique... et Propriano-Cannes en hélicoptère-sanitaire après avoir refusé une priorité à un barracuda !) je pourrais lui donner suffisamment d'angle et d'élan pour intromettre le géant des mers et allait m'écraser fort aisément contre une file de Volvo.

    -Boultkë Raoultkë ! m'encourageai-je en fermant les yeux et en tirant la manette.

    Cela fait Vrrroooumfff ! Cela fait Sssssplllaaaashhhh ! Cela fait  Sssshhhbooonggbbliiinttllingkliingg ! Cela fait mal surtout !

    Je viens de me manger le tableau de bord en acajou de mon Riva en harponnant une Saab par le milieu.

    Je me dégage avec difficultés et en pensant :

    « C'est ça que je m'achéterais la prochaine fois, un canot Saab en tôle avec airbags en série plutôt qu'une saloperie de rafiot rital avec des échardes. » (à suivre...)

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  • Une enquête de la cellule Homicide 22 par J-P.Chassavagne 1/3

    La cheffe Gringeaux  et le mangeur de foule.

    J'appartiens au peloton de gendarmerie de Saint Salvat en Chiais, un matin au moment de ma reprise de service alors qu'on discutait avec les collégues autour de la fontaine à Pernod, dans la gendarmerie on est un peu traditionaliste et on est jamais passé au Ricard, donc ce matin-là notre chef à tous le major Émile Furher dit Furher Émile c'est un alsacien, m'est tombé dessus et m'a annoncé que j'allais être envoyé temporairement en renfort à la Cellule homicide 22 qui enquêtait sur une série de meurtres qui avait été commis dans le 22. 
    Putain je m'ai pensé un sériale killeur, comme à la tévé, il faut dire que dans le coin l'assassin est du genre petit bras velléitaire, il défenestre la belle-doche ou l'épouse trop casse-noix, il la balance dans la mare et puis basta il va se coucher bien beurré, le lendemain y a plus qu'à le cueillir et le plus souvent y se souvient de rien sinon que ça faisait longtemps qu'il avait pas aussi bien dormi.
    Les plus entreprenants étranglent les chats ou violent leur progéniture à mesure qu'elle grandit ça économise sur les cadeaux d'anniversaire, certains font de belles carrières là-dedans mais ça va jamais beaucoup plus loin, bon y a bien eu avant que j'arrive une affaire de filles de la DDASS qui auraient disparu par douzaines mais le procureur avait classé l'affaire avant de rejoindre son nouveau poste à Tahiti.
    Alors on pense bien qu'un sériale killaire dans l'arrondissement ça fait tout de suite rêver avec les prophéties bibliques qu'y faut éplucher en hébreu ancien et la spy...psychologie à appliquer en couches épaisses et la police scientifique car elle est une disciplîne scientifique maintenant au même tître que le Scopone scientifico ou le Marxisme qui ne l'était pas moins, ah l'exploitation des traces, nouvelle métaphysique du gendarme, traces de tout avec un simple follicule séborrhéique on vous détecte aujourd'hui un albinos homicidaire et alopécique à 50 kilomètres à la ronde.

    J'ai moi même suivi un stage de "profilage" à Maubeuge, c'était passionnant sauf qu'à la fin y a des collègues, des marseillais, ils marchaient au Ricard et ça leur avait tourné le sens hiérarchique, qui ont décidé de voir si ça marchait pour de bon, alors ils ont volé l'attaché-case de notre instructeuse en chef et ils lui ont envoyé une lettre anonyme. Elle était vachement colère mais elle a aussitôt mis en marche ses techniques de profilage et ça a failli mal se terminer pour le boucher-charcutier en bas de l'immeuble qu'elle avait déjà branché sur le secteur le type était sur le point de tout lui avouer alors qu'il n'y était pour rien.

    La veille de ma première journée à la Cellule Homicide 22 j'ai mal dormi, j'étais nerveux, ma femme m'a refilé deux cachets pour dormir et forcément j'ai eu du mal à me réveiller et je suis arrivé en retard. J'ai essayé de faire le moins de bruits possible pour pas me faire remarquer, la réunion avait déjà commencé je croyais bien avoir rattrapé le coup quand j'ai entendu :
    -Bon ça fait un. Vous avez droit à deux retards, au troisième c'est la garde à vue pour retardage avec récidive sur l'horaire affiché (art 963 du nouveau code pinal).
    Je me suis retourné, c'était un adjudant-chef de gendarmerie mais femelle, elle était habillée toute en cuir camouflé avec des leggins remontant et lacés serrés, je savais même pas que ça existait des uniformes commak et surtout elle avait une paire de roberts pas possible et une règle à la main.
    La règle depuis que je suis môme ça m'a toujours fait beaucoup d'effet à cause de mademoiselle Rompie mon institutrice qui était elle aussi une dresseuse hors pair. 
    D'ailleurs ça avait l'air de faire de l'effet aussi sur les autres.  
    -Je suis la cheffe Gringeaux Josiane... repos...
    Elle avait le regard réglementaire bas sur la ligne d'horizon mais elle était toute brushée et avait le minois enluminé, ça plus les lolos je me suis mis à bander pas possible et la serviette sur le devant de mon dispositif armé j'ai rejoint ma place. 

    Il y avait sur l'estrade avec elle un profileur belge, c'est les meilleurs paraît-il, un morpho-psycho-sociologue libanais d'origine grec qui ne parlait qu'anglais, un professeur d'université exégète des textes sacrés anciens et nouveaux (un grand spécialiste de l'interprétation de l'annuaire du téléphone) et enfin son chef d'agence bancaire qu'elle avait mis en garde à vue pour frais d'agios en bande organisée sur fonctionnaire non consentant en unifôrme (art 897 et suivants) et surtout pour qu'il lui garde son chien.

    La Cheffe Gringeaux Josyane nous a fait un exposé sur l'affaire.
    Depuis trois ans un type s'attaquait aux foules dans les stades, dans les grands magasins, dans les zones piétonnières du 22. Elle nous a passé des films pris par les caméras de stade ou de rue où l'on voyait des foules de consommateurs, supporteurs ou promeneurs en train de brouter le pavé tranquillement le samedi matin, soudain apeurées et le sériale killeure qui s'ébattait là-dedans comme une lion au milieu des gnous, le mangeur de foule isolait sa victime et commençait à l'entamer, ça giclait de partout, les foules ne savaient quoi faire elles continuaient d'avancer quelques fois il attaquait une seconde victime et le troupeau partait de l'autre côté c'était étonnant à voir et révoltant aussi s'attaquer à des foules c'est quand même dégueulasse et tellement lâche. 
    Fin de la projection.
    -Vous l'aurez remarqué le grand problème c'est que le prédateur porte un masque d'où l'absence concomitante d'identification. A-t-elle conclu avant de passer la parole au profileur belge mais le morpho-libanais a voulu placer un mot et comme c'était pas son tour elle l'a fait mettre en garde à vue pour causage quand c'est pas son tour en réunion (art 568bis et suivants), en plus ses papiers étaient pas en régle et elle lui a monté sans supplément un dossier d'expulsion.
    Le profileur belge nous a disséqué fort habilement la psychologie de notre assassin, je dis "notre" car on l'avait tous un peu adopté, vous pensez bien, notre premier.
    -Je dirais que c'est un sociopathe qui montre une réelle agressivité.
    C'était bien vu et on prenait des notes.
    Ensuite ça a été... le tour du livreur de pizza c'était la pause déjeuner, la cheffe Gringeaux  l'a fait mettre en garde à vue pour gourage sur pizzas aggravé de contestage de crîme contre l'humanité et de tentative de fuitage en mobylette (art 741 ter) parce qu'elle avait commandé une Santa Stafilo-Coca et il lui avait apporté une Margherita-Vichy.

    Avec les collègues on a un peu discuté pendant la pause. Ils m'ont mis au courant, ils disaient que la Cheffe Gringeaux outre son goût pour le motif était une championne de la police scientifique moderne et plus particulièrement de l'extraction du poil axillaire.
    -Le poil axillaire qu'est-ce que c'est que ça?
    -Eh bien pour les analyses ADN quand tu te retrouves embarqué avec un chauve qu'est-ce que tu fous? T'es bien emmerdé non alors aujourd'hui les instructions exigent qu'on prélève un poil axillaire, sous les aisselles si tu préfères, problème les gonzesses qui se rasent, alors la Cheffe Gringeaux a développé une nouvelle approche scientifique par l'arrière...
    -L'arrière de quoi?
    -Ben du gardé à vue.
    -Mais comment qu'elle fait?
    -Ben tu vois pas? Elle lui extrait un poil du cul quoi! Mais alors elle a une de ces techniques pour ça! 
    Merde un peu que je voyais, là que je m'ai pensé que c'était quand même une grande chose la police scientifique et que la vocation m'est tombée dessus! (à suivre...) 

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    24 Juin
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    Chic le lendemain de ce jour funeste tombe un 24 Juin, le jour de la Saint Jean, du moins chez nous à Bonpèze, nous la célébrons comme telle, ici dans ces contrées barbarisées de toute antiquité et re-salées par l'hérésie protestante il est hors de question de sacrifier à quelque saint que ce soit alors l'on fête le jour le plus long de l'année le solstice d'été et l'on  bâtit de grands feux, et l'on se saôule de bière, et l'on se vide la vessie et l'on honore sa voisine de palier et l'on partouze en shorts et en chaussettes et l'on revomit sa bière avant de se  re-resservir en bière et en voisine.

    Dans la capitale Upschloüt  il est de tradition d'une année sur l'autre que toute la population de la capitale et de plus loin encore, se rende en bateau dans l'une des deux îsles qui encadrent le front de mer de la capitale, dénommées l'île de droite Umpingen et l'île de gauche Sokialisten. Animé  par un étonnant instinct grégaire alors que rien n'est affiché à l'avance toute la population se retrouve sur la même île et boit, se brûle et partouze gaiement, bruyamment, abondamment et casse des assiettes et jettent leur belle-mêre dans les fournaises.

    Et par je ne sais quel malédiction chaque année je me trompe d'île et me retrouve seul ou dans le meilleur des cas en compagnie d'ouvriers du batîment marocains ou algériens dépourvus semblent-ils tout comme moi de ce sixiéme sens viking.

    Sans doute grâce à cet instinct qu'ils ont découvert l'Amérique avant tout le monde, j'entends les vikings pas les ouvriers magrhébins du batîment qui pour leur part n'ont découvert qu'une chose: on se les géle dans ce foutu pays!

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    Cette année, je prends mon élan, bien décidé à ne point me fourvoyer une fois encore. J'ai fait savoir que je continuais de bouder et défectant aux cérémonies traditionnelles je me donne quartier libre

    J'étudie les vents, les données statistiques et les lunaisons avant que de déhaler mon hors bord, nouvelle haquenée et de me lancer dans cette étonnante compétition nocturne. Il est de régle de ne point allumer les feux de son embarcation et au dernier moment, je change de bord, mu par je ne sais quel voix intérieur et délaissant Umpingen  j'aborde sur Sokialisten. Je saute à terre, regarde autour de moi tout en attachant mon bateau.

    -Merde encore gouré ! M'exclamai-je intérieurement (c'est moins bruyant et somme toute plus distinguée.)

    L'île semble déserte... ah si j'aperçois des lumières, du côté des roseaux là-bas.

    Réconforté je me dirige vers elles et je tombe sur une famille de belges les Boeulmans, ils viennent de Liège avec leurs deux garçons, leur grande fille de 17 ans Brigitte et Josy une amie de classe de celle-ci, ils ont garé là  Opel et  caravane pliante et regardent sans envie sur leur tévé portable les grandes fêtes barbares qui se déroulent tout à côté.

    Ils me proposent une bière et me déplient un pliant, je ne crois pas qu'ils soient venus pour partouzer autour de grands feux.

    Malgré tout je passe des instants très agréables, nous dînons fort correctement de harengs sauce en l'air (j'en consigne la recette dans mon carnet, c'est un peu le concept de la crème retournée mais en plus acrobatique... et salissant.) et nous regardons tous ensemble « Intervilles » en belge non sous-titré, ils voyagent avec leur récepteur satellite pliant et leur réserve de bières portable.

    Vraiment une excellente soirée et quand je dévoile mon identité, il faut les voir sortir leur téléphones portables et leurs appareils photos pliants pour immortaliser ces instants vécus auprés d'une altesse.  

    Oh je pourrais certes rejoindre à la hâte les festivités mais je préfére contempler la nature inviolée en admirant le coucher du soleil assis sur mon pliant. Ils sont très bien dans le coin sans doute parce que beaucoup moins nombreux qu'ailleurs, je parle des couchers de soleil pas des pliants.

    Le père Boeulmans est en train de me raconter les difficultés qu'il a à placer des assurance-vie, il est courtier en assurances pour une compagnie belge: la Défaillante de Liége, après quelque temps, je ne sais pourquoi je commence à trouver le temps long, je regarde ma montre il est plus de onze heures du soir et le soleil n'est toujours pas couché, alors je réalise tout soudain que le soleil ne se couche pas et que c'est même le prétexte à ces renouvelées festivités.

    Je me léve pour prendre congé. Les deux charmantes gamines se portent volontaires pour me raccompagner jusqu'à mon canot automobile, j'opine à leur proposition. En chemin elles se montrent mutines à souhait et je surprends même la grande Brigitte murmurer à son amie dans un fou-rire:

    -Et si l'on se faisait une altesse une fois ! (à suivre...)

     

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