• Walter Chéchignac 7 H.T.Fumiganza

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>7.
    Letroncheur devant l'histoire... et à droite du local à poubelles.
    <o:p> </o:p>J'étais entre La Branlaye et le Martial Medpeu, une idée du crétin dernier cité que de nous déguiser en barbus et de nous envoyer au premier métinge de campagne de l'ennemi pour étude et édification:
    -Il paraît que c'est quelque chose ce type dans une réunion publique ! Béaient-ils déjà tout prêt à mouiller leurs culottes devant l'idole des Basses Côtes du Nord, une vraie groupie.
    -Sans compter, ajouta pédagogue Médpeu à mon intention, que cela vous permetttra de faire connaissance avec l'électeur.
    Qu'il prononce seulement encore un fois ce mot et je lui vomissais dessus le demi de bière et l'andouillette poilue que j'avais dû me farcir au buffet de la gare après la réunion du bureau de la section locale du parti, les loyalistes, ceux du moins qui n'avaient pas fait sécession et qui était menés par La Bertalot.
    Il entra enfin, la sono était à fond et jouait « La gagnure. » le dernier tube du grand Jaunie, des projecteurs tournaient autour de lui, il était grand, pesant, mais là il sautillait d'aise et puis il bougeait les bras, histoire de pas se faire un claquage à son V gaullien inaugural.
    Il se laissait touché, peloté, emmené par la foule, il faisait un bout de chemin avec elle avant que de se faire propulser par elle sur la scène à la manière d'un maillot jaune facile qui enroule dans une étape de plaine.
    Il était sur scène, maintenant, se refit homme de bien le caressant, rassurant pour saluer la rangée d'adjoints, de notabilités, qui tous craignaient un peu qu'on leur lâche les chiens, pas trop rassurés quand même devant cette meute de cons à fourches bref d'électeurs en puissance.  
    Letroncheur se retourna, et leva les bras enfin, petite grimace soudaine qui me réjouit l'âme, il n'était pas assez chaud, il s'était fait mal, mais non il re-re-sourit et commença d'en raconter, sur moi bien sûr :
    -... ce petit monsieur parisien qui veut mettre ses escarpins de cour dans nos bons vieux sabots concho-ponchains...
    -Trop littéraire ! Jugea La Branlaye.
    Bien heureusement, on l'aura compris la littérature ne dura pas longtemps, très vite il mit le feu à sa chemise en allumant une cigarette, il n'avait aucune hygiène de vie et ne craignait pas même de blasphémer contre la sainte écologie apostolique et berlinoise et toutes les choses du Culte, et les gens gueulaient et soufflaient tous ensemble  pour l'éteindre comme ils auraient faits devant un gâteau d'anniversaire, il s'aspergea d'eau et chacun de s'essuyer le front, il se laissa tomber dans la foule et la foule unanime, élastique et complice le renvoya sur le ring,
    -Le-Tron-Cheur-Le-Tron-Cheur-Le-Tron-Cheur-Le-Tron...
    -Putain je les aime ! Je veux les baiser ! Gueulait-il en balançant son veston.
    Alors il replongeait dans la foule et cette fois la foule consentait,  il sortait sa bite et il rentrait là-dedans, je l'ai vue de mes yeux, baiser une foule, d'estoc et de taille, avançant là-dedans, ange exterminateur, fornicateur et pacificateur, il ouvrait une voie dans la foule vierge, la voie Letroncheur, c'était de la folie, à côté de ça un concert des Rollingues Stones ressemblait à un thé de chaisières ou une séance de loto chez des retraitées de La Baule, on était dans le Sabbat, la grande transe, le culte vaudou d'arrondissement, des femmes sacrifiaient des coqs, d'autres se foutaient à poils, les prolétaires descendaient les bretelles pour tringler de la tricoteuse, c'était beau c'était républicain, la démocratie des grands ancêtres enfin proclamée: la partouze universelle sous les yeux de l'être suprême c'est à dire du pompier de service.
    Enfin il revint sur scène, à peu prés rhabillé, survivant de sa propre connerie, le pantalon baillant, la chemise plombée, laissant voir son cul et un bon bout de son âme :
    Alors il leva les bras en l'air comme prévu et gueula :
    -Concho-ponchains... je vous l'ai bien mis !
    Et en face la déflagration, le départ de flak et une ruée d'applaudissements qui emporta la tribune comme un tsunami japonisant.
    <o:p> </o:p>   Quand nous en ressortîmes, vivants mais encore égarés par les derniers coups de sono qu'ils avaient balancés sur nos arrières et en particulier une Marseillaise que l'on aurait facilement  pu requalifier en voies de fait, la Branlaye me dit avec quelque reproche en empochant sa barbe : 
    -Ah certes... ah je vous avais prévenu que ce n'était pas gagné d'avance, ah ce n'est pas une circonscription facile, il est très bien implanté, n'est-ce pas, et puis il travaille le terrain, vous avez vu comme il laboure...
    -La bourre ? Oui, oui j'ai vu merci...
    -C'est un professionnel que voulez-vous.
    -On peut appeler cela comme ça...
    -Enfin vous vouliez voir la mer... vous l'avez vue...
    -Et maintenant quoi ? Je peux remballer les tréteaux ?
    -Je ne dis pas ça, il a des failles, c'est connu... il conceptualise pas terrible et il raffole des petites filles pré-pubères... je peux me renseigner, après tout vous avez l'investiture du parti...
    Martial Medpeu intervint à son tour en recrachant un bout de sa barbe qu'il avait avalé par mégarde:
    -Dans tout les cas il faudra soigner votre déclaration de candidature... vous l'avez préparée ?
    Je la sortais de ma poche, elle m'avait donnée du mal, une semaine que je travaillais dessus.
    -Je vous la lis ?
    -Marchez mon cher, marchez...
    Nous étions tous trois arrêtés devant un banc du square « Albert Gueuvignon 1912-1987 Double-Recordman de l'heure d'éthylisme sportif. Adjoint à la jeunesse de 1947 à 1987. », on ressemblait plus à une conspiration de clochards guignant le litron qu'à autre chose de trop recommandable. Je montais sur le banc histoire de gagner en hauteur et qui sait en inspiration :
    -Agglomérées, Agglomérés...
    Cette fois Medpeu l'avait avalée pour de bon, sa barbe.
    -Je vous demonde pardan ? Erupta La Branlaye.
    -Vous m'avez dit de ratisser le plus possible, alors j'ai pensé qu'il fallait pousser au moins jusqu'à l'agglomération... permettez, je reprends :
    Agglomérées, agglomérés...  ( à suivre...)
    <o:p> </o:p>
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