• Walter Chéchignac 1 par H.T.Fumiganza

    1.
    vé.vé.vé.taartagle.com !
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Je fus parachuté sur La Conche sur Ponche au tout début du mois de Juin, de nuit bien entendu, l'on craignait une défense opiniâtre des ultimes défenseurs de la Section locale.
    J'atterris sur l'antenne du bistrot « Au Père Brouillard », glissais tout le long de la toiture, passais au travers de la véranda et pris place fort bruyamment sur une banquette de moleskine en bout de salle qui amortit éloquemment ma chute.
    Malgré le bruit, malgré l'explosion des vitres, et ma tenue hétéroclite, partie costume de ville, partie toile de parachute, harnais et cordages, les trois ivrognes de faction et le patron sentinelle admirable, sans doute grisé par le devoir inlassablement accompli au long des tournées, ne remarquèrent rien et civilement le Père Brouillard, qui méritait bien son nom, vint me servir:
    -C'est ben vous qui avez demandé un Saumur ?
    -Euh... oui tout à fait... articulai-je en retirant les bouts de verre de ma chevelure chauve, soit de mon cuir plus tellement chevelu.
    -Tiens le temps se couvre, commence à faire froid pour la saison. Météorisa le vieux père à point en contemplant sans l'apercevoir sa véranda crevé. Vous avez du jus de tomate sur vot' cravate.
    Il regagna son comptoir tandis que je tentais de remettre en marche mon poste émetteur.
    -Allô Charlie Bravo Tango champignons pommes  de terre appelle la base... sui' t'arrivé... heu' répète... sui't'arrivé...
    -... shrruuunnk... shruuuunnnk... où z'êtes vous Charlie patate...
    -‘tendez que je fasse le point... je vais vous donner ma position je répète... je vais...
    -Shruunk... Mais on s'en fout de ta position donne nous plutôt ton numéro de portable eh grosse truffe! shrruuunk... shruuunk...  
    De fait tout l'appareillage de cosmique troupier dont m'avait pourvu Amédée de la Branlaye, le chargé des circonscriptions au parti m'apparut soudain, hors de saison et superflu, je livrais à mon correspondant le numéro attendu et sortit mon téléphone portable, tout mon être aiguisé, aux aguets en ce pays hostile, quasi ennemi.
    Il ne se passa pas trois minutes avant que l'appareil ne sonnât et que ne surgissâssent devant moi trois cirés jaunes hilares.
    -Ah béh le v'là ce con dit le plus massif !
    Tandis qu'une militante velue se précipitait vers moi une mallette à croix-rouge de premiers secours à la main.
    -Ah j'ai bien fait de prendre la trousse à pharmacie... on était au rendez-vous, on a entendu l'avion mais quoi vous n'avez pas vu nos feux dans la clairière ?
    -Non le pilote n'était pas très aimable, il a dit qu'il ne voulait pas perdre son temps et je crois bien... mais je me souviens mal à cause de la chute... enfin oui il me semble qu'il m'a poussé dehors...
    -Il vous a jeté comme ça n'importe où ? Ah c'est bien des parisiens ça ! ‘tendez  ‘va' vous soigner... me rassura la velue.
    -Pu... pu... purquoi je suis blessé ?
    -Tiens don' regardez vous plutôt dans la glace là-bas, vous êtes pas beau à voir !
    Je me regardais, j'étais non seulement blessé mais ridicule, mon costume et ma cravate en haillons enroulé, emmailloté dans la toile du parachute comme en des langes de nouveau-né, mon attaché case pendant ouvert et répandu, le tout baignant dans ma sauce d'écorché.
    -Qu'est-ce y z'ont besoin de nous envoyer des parisiens ces cons-là ? C'était le massif armoricain qui avait tonné. Il semblait s'être spécialisé dans les réflexions de bon sens proférées sans hygiène de bouche à l'endroit des parisiens.
    Mais le bon sens provincial ne m'impressionnait pas plus que les odeurs corporelles.
    -Ecoutez-le pas il est un peu déçu parce que lui il en avait pour Letroncheur comme pas mal de chez nous. Il travaille à la mairie et dans le temps il lui faisait le chauffeur. Me susurra la tendre poilue qui me soignait et m'enveloppait de coton et de bandes velpeau.
    -Chère Madame...
    -Appelez-moi Marie... Marie Bertalot...
    -Chère Marie s'il me fallait écouter tous les imbéciles du pays je n'en finirais pas!
    -Je dis pas pour çui-ci vu que c'est mon mari, La Rincée qu'on l'appelle dans le pays, mais pour les autres il faudra, c'est un métier vous savez, pour ça Lulu y savait y faire.
    -Lulu, quel Lulu ?
    -Le Lucien Boitel... votre prédécesseur... quel dommage... son accident...
    Le sus-dit Boitel Lucien, représentant des (basses) côtes du nord s'était benoîtement estronché contre un calvaire en revenant d'une sauterie électorale. Belle mort laïque et républicaine face à la réaction cléricale la plus érective.
    Dans le parti auquel j'appartenais l'Union pour le Rassemblement, il était membre comme moi du courant majoritaire: le Cercons (Cercle Européen Républicain Consternant et Social), le bureau directeur ayant décidé de remplacer poste pour poste, après moult détours et retours l'investiture du Parti m'était revenue au grand désappointement du régional de l'étape et député le déjà nommé Jean-Pierre Letroncheur qui depuis ne décolérait pas et fomentait au su et au vu de tout le monde un coup de force contre ma candidature.
    -Venez maintenant on va vous évacuer vers un endroit sûr, il faut pas qu'on sache que vous êtes déjà en ville.  
    -Et pourquoi don' je vous prie ?
    -Rapport à ce que les types de la Section ont dit s'ils vous trouvaient z'en ville: y n'ont promis de vous enfermer dan' h'un casier à zomards et de s'en aller vous mouiller au large ! Précisa en rigolant le gros va de la gueule dit La Rincée.
    Se rincer il savait faire c'était se laver qu'il ne savait pas.
    -Z'alors partons mon cher!
    N'ayant aucune envie de prendre la mer par un temps pareil je me ralliais à la proposition d'un repli tactique sur des bases que j'espérais préparées de longtemps à l'avance... (à suivre) 
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