• Momo dealer chauffagiste par G.M.Néoletto 2/2

         « Pouacre » j'ai enfin trouvé c'est Monsieur El Kawa qui avait fait des études de littérature française à l'Université d'Alexandrie qui m'a expliqué que ça voulait dire « vilain » ou moche pas reluisant, dans tous les cas c'est très péjoratif enfin... c'est... 1.64 la bouteille de Fanta ! »

    C'était... c'était cher ! Mais bon à partir de ce jour plus rien n'a marché comme avant, et les emmerdes se sont accumulées, d'abord il y a eu le drame que tout le monde se souvient, je résume Shubiduwa et Kéboniako deux pôtes à moi, des concurrents mais des pôtes quand même, deux revendeurs de Katoub enfin qui étaient en train de dealer tranquilos de la coke prés de la piscine à la sortie des scolaires et v'là pas que des flics débarquent comme ça sans prévenir, personne les avait invités pourtant, Shub et Keb y se taillent vite fait pour aller planquer la recette et la marchandise, là où ils la mettaient d'habitude dans le local du compacteur à poubelles y sont bien peinards et attendent que les keufs se barrent quand ce con de Menendez le gardien portugais, se rappelle d'un coup le trou dans la couche d'ozone et son devoir citoyen, enfin les couenneries qu'on sert aux petits blancs pour leur anesthésier les gonades et qu'y se tiennent tranquilles, et ce con de portos il actionne le compacteur, un machin de quatre tonnes que la mairie avait installé rapport au développement durable et tout ça.

    On imagine la suite. Compactés qu'ils ont été les copains,  tout ce qu'on a retrouvé c'est deux cubes bien ficelés avec leurs casquettes sur le dessus. On aurait dit ces trucs, mais si les prix: les césars qu'on remet aux acteurs.  Et tout ça à cause de ces salauds de schmitts alors là ça a été l'explosion. Vrai les Mokrani ils étaient indignés, ils avaient pas envie non plus de voir débarquer des cars de flics à chaque fois qu'il y avait un anniversaire dans la Cité.

    Alors on a tout niqué : le stade, la salle omnisports, la Glandothéque, la Branlothéque, la Smurfothéque, la Pornothéque, la Murothéque, la Tournantothéque, le dojo olympique, la piscine à vagues, la patinoire d'altitude, l'échangeur de skate 12 pistes,  le parcours de golf 32 trous et retour, le terrain de cricket en ray grass du Sussex, la grande roue et son parc d'attractions, même ... vrai on dormait plus, et le jour ces cons de pompiers qui faisaient un boucan du diable pour venir éteindre qu'on pouvait même plus se reposer l'après-midi, alors on leur a itou cramé la casernothéque.

    Enfin quand même le maire et le préfet ils sont venus voir l'imam Meklouf le louf pour qu'il balance une fatwa et que le calme revienne et il a posé ses conditions : plus jamais de flics et le jour de la mort de nos pôtes commémoration officielle avec les représentants officiels... en slip et surtout plus un portugais (c'est tous des racisses) et plus un greffier dans la cité, ça lui était pas passé y faut croire sa haine des chats.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Et un mois après ils inauguraient avec le préfet la stèle sur le compacteur à poubelles mais aussi sec la stèle elle a été pulvérisée pasqu'il fallait bien compacter malgré que c'était jour de commémoration. Alors le député-merde a dit  qu'on pourrait peut-être la mettre ailleurs pour éviter d'en acheter une trop souvent et tout le monde lui a gueulé après pasque c'était là qu'on la voyait  et qu'on avait bien compris qu'il voudrait bien qu'on la voye pas pasque sans doute que ça lui rappelait la colonisation et l'esclavation et tous les trucs que ces salauds de français ont fait comme d'attaquer la Pologne en 39.

    Le maire il a dit qu'il nous comprenait et qu'il était solidaire, et d'arrêter de taper et qu'il en payait une autre et que c'était sa tournée de stèles. Et il en a commandé une douzaine, il tremblait de partout mais surtout des genoux. Et on lui a exigé pasqu'il y avait la tévé qui tournait (des journalistes de France 3 Basse Meuse en stage à Quimper) des équipements pasque c'est vrai il y avait (plus) rien et que c'était un scandale de nous traiter comme ça pire que des bêtes. Et Katoub qui s'était élu représentant démocratique de la Cité et délégué des jeunes–t-en colère (malgré ses 48 balais) il a demandé qu'on agrandisse immédiatement les caves (il avait un arrivage prévu de quinze tonnes direct de Medellin et il savait pas où le garer).

    Ça l'a surprenu le préfet il a dit :

    -Ah tiens don' et pourquoi don' ?

    -Pour...pour pratiquer notre foi ! Il a répondu vachement digne Katoub.

    -Mais mon garçon il y a une mosquée de 16000 m² en construction dans le quartier, avec tous les équipements prévus : bibliothèque coranique, salon de thé coranique, stand de tir coranique, simulateur de vol coranique...

    -Mais ça n'a rien à voir !

    -Bien... bien ... comme il vous plaira... monsieur le maire vous notez : vous m'agrandirez les caves...

    -Mais ça va nous coûter une fortune monsieur le préfet et puis j'ai déjà mon projet de tramway à gazogène rapport au plan inter local de développement durab'qui...!

    -J'ai des ordres de Paris. Je vous ferai avoir une subvention de Bruxelles au titre du respect des minorités et de la lutte contre la tremblante ... de l'élu...

    La tremblante de l'élu... personnellement moi j'aurais abattu tout le troupeau !

    <o:p> </o:p>

    Enfin depuis chaque année il y a une cérémonie avec toutes les personnalités locales, y vient même des parisiens et des chantrices et des acteuses la coke de quimper c'est une spécialité et y nous vident le stock, tout le monde vient voir l'inauguration puis la pulvérisation  de la nouvelle stèle su' le compacteur c'est devenu une tradition.

    Là-dessus Katoub me dit :

    -Dis donc Momo t'es bien chauffagiste ? T'en connais un bout  sur les chauffe eau alors ?

    -Ben ouais Katoub pourquoi ?

    Et y me dit qu'il y a la la vieille Mémé Mokrani qui veut pas retourner à Casa dans la villa qu'il lui a achetée  pasque là-bas ils passent pas les Feux de l'amour, elle a plus de chauffe eau et il veut lui en payer un neuf :

    -Alors tu lui  prends le meilleur et tu lui installes !

    Difficile de refuser un truc à ce mec là, c'est un dominant comme disent les flics, un mordeur depuis la maternelle. Alors je suis allé à Castorama et j'ui ai pris à la mémé un Chaffoteaux & Maury X7B8500 full options, le vendeur m'a dit que c'était la Rolls des chauffe-eau et que d'ailleurs le roi du Maroc il avait le même.

    <o:p> </o:p>

    Ah on peut pas dire je lui ai soigné les soudures à la vieille, vrai j'en ai chié, une semaine j'ai passé dessus, j'ai fait de mon mieux mais y faut croire que l'autre connard m'avait vraiment foutu la poisse ou que chauffagiste c'est plus costaud que dealer pasque le lendemain de l'installation quand elle a voulu le mettre en marche  la vieille, ça lui a pété à la gueule et rasé tout l'étage. Depuis j'ai  Gaz de France et les Mokhrani au cul !

    Moi je le dis artisan c'est vraiment difficile en ce moment.
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

  • Momo dealer-chauffagiste par G.M.Néoletto 1/2

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    A l'époque je dealais à la Cité Léonide Brédz-Néfles à Quimper c'est le fief des Mokrani, ils viennent de Casa.  Avec l'aîné Katoubi on était très  pôte. Il m'avait même prêté une fois sa Merko 960 SL, il disait qu'il y avait que le roi du Maroc qui avait la même. A l'intérieur c'était tout en cuir de canari, c'est encore plus chère que l'autruche, rien que pour une bagnole il faut 42589 canaris mais c'est trop la classe, c'est lisse comme une capote lubrifiée, un peu emmerdant dans les virages où on fait zuiiip ! zuiiip ! Mais mauve et jaune  avec les flammes vert pomme comme ça ouais elle jetait un max. C'est lui aussi qui m'a repassé la foi, un jour il m'a dit :

    -Momo tu peux pas continuer à zoner comme ça tu dois faire quelque chose de ta vie, le Retentissant t'a pas mis sur terre pour rien foutre !

    -Tu crois Katoub ?

    -Comme je te dis, ce soir tu vas aller à la mosquée et tu verras le saint homme...

    Le saint homme c'était son frangin Meklouf qu'avant son départ pour la Bosnie on appelait Meklouf le louf parce qu'il butait tous les chats qu'il trouvait à cause que le prophète les aimait pas parait-il. Mais depuis son retour il s'était vachement calmé ... avec les chats, même si ça le reprenait parfois. Maintenant son truc c'était la guerre sainte, c'était l'imam de la mosquée Al Savashié de notre cité, il était entré chez les Frères (les frères musulmans) et il balançait tous les deux jours une fatwa contre Monsieur El Kawa qui tenait la supérette parce qu'il vendait encore du porc, fumait des gauloises et traitait les barbus de petits enculés prétentiards, il faut dire qu'il les aimait pas les FM because il était égyptien et que là-bas il disait qu'ils avaient bien foutu la merde.

    Entre deux fatwas ça l'empêchait pas de s'occuper aussi du service après-vente pour les portables, les scooters, les flingues et tous les trucs que Arzim un autre Mokrani vendait dans la cité.

    Les armes le saint homme il s'y connaissait vachement, il pouvait démonter une kalachnikov rien qu'avec la langue et les dents rapport à son entraînement en Bosnie mais moi je préférais aller chez Darty et pas leur acheter trop de trucs parce que pour la garantie ils étaient pas très larges les Mokrani Bros et ils sortaient tout de suite les ya dés qu'on essayait de passer derrière le comptoir ou de réclamer.

    Tout ça pour dire que causer avec Meklouf le louf ça me disait trop rien :

    -Tu crois vraiment que c'est nécessaire Katoub.

    -On peut pas vivre sans religion c'est haram et toi t'as pas de religion ?

    -Ben je sais pas je m'en suis pas trop occupé, ma mère a pas voulu me faire baptiser par le curé pasqu'elle a dit que comme ça je choisirai mieux quand je serai grand !

    -Sûr qu'elle aura confondu avec le catalogue de La Redoute. Bon on attendant je vais te trouver une occupation

    Katoubi il faisait du discount de shit, c'était l'Edouard Leclerc du shit il fournissait même les caddys à l'entrée des caves il avait fait des études d'économétrie pratique à la Lonedonne Biziness Scoule et d'afghani balistique à la Peshmerga University of Kabul.

    Avec les stocks qu'ils avaient les Mokrani ils risquaient pas de manquer. Un jour où ils avaient eu un gros arrivage du Maroc c'était leurs oncles qui cultivaient  le shit au pays, ils ont réquisitionnés toutes les caves de la Cité pour entreposer leur came, il a fallu que tout le monde débarrasse  sa cave et remonte ses affaires, ça a duré tout l'après-midi, personne a protesté et même le flic du bâtiment 6 H il a fait comme les autres. Pour dire s'ils sont respectés les Mokrani.

    <o:p> </o:p>

    Et c'est comme ça que j'ai commencé à  aller à la mosquée le soir  et à dealer l'après-midi, Katoub m'avait trouvé une place dans un bistrôt prés du collège  Philippe Delerm.

    Moi j'ai un CAP de plombier chauffagiste, enfin je l'ai raté, dont deux fois de peu, mais comme artisan–dealer je suis « autodidak » comme ils disent à la chambre des métiers, faut dire que le bizness ça m'a tout de suite plu je me suis fait une clientèle chez les p'tits bourges, ces petits pédés qui écoutent du Carla Bruni ( ch'ais pas comment ils font moi j'entends rien quand elle chante) achètent des jeans neufs déjà tachés et troués et militent écolo en dégonflant des pneus.

    C'est sûr y a des trucs que je ferais pas comme trafiquer des cigarettes, ça c'est vraiment dégueulasse mais la drogue c'est pas pareil, c'est le progrès, c'est moderne, y a qu'à voir y n' ont prennent tous à la Tévé, une fois j'ai même servi une startévé de passage à Quimper, Jean-Luc Hardiçon il venait faire une animation pour l'inauguration d'un Shopi et il était à court, il m'en a tellement pris que le coffre de son quat-quat était plein'il a fallu que j'aille au réassort en urgence, heureusement ce coup ci je l'avais pas coupé, je me suis dit qu'il allait peut-être me faire de la pub à Paris, je voulais le mettre sur la camionnette comme les épicemards ils font chez les britiches avec la reine d'Angleterre dés qu'ils lui ont refilé une livre de pommes mais Katoub y m'a dit qu'il valait mieux pas.

    Les affaires ça marchaient bien, je me suis acheté une camionnette et avec Josy ma fiancée on s'est loué un petit pavillon.

    J'avais ma clientèle, je payais les taxes, quand même qu'est-ce qu'y nous prennent, j'avais même pris deux compagnons que la chambre des métiers m'avait envoyés pour les former au métier de dealer demi-gros/ détail.

    Oh la vie était pas non plus facile, on a eu des problèmes avec Josy, la vie d'un artisan c'est pas facile de nos jours avec les règlements qui changent tout le temps un exemple avant on faisait dans le cannabis c'était notre spécialité alors vous imaginez les problèmes  quand on a eu quand il a fallu passer à la coke à cause de la dépé (dépénalisation) du cannabis, on était pas trop bien formé on en vendait bien un peu, aux parisiens de passage surtout comme j'espliquais mais sinon ici on en avait pas la vente les bretons y préférent se mettre dans le nez l'air du large, en plus y fallait s'équiper pour être aux normes européennes, là encore le syndicat et les fournisseurs nous ont aidés, y nous ont envoyés de la doc technique mais c'était en colombien pasque les Mokrani ils s'étaient associés avec des colombiens, la coke y faisaient pas ça au bled.

    Enfin grâce à la préfecture on a eu droit à des subventions de réorientation-formations, aussi on a bossé de not' côté faut pas croire et c'est comme ça que j'ai eu le label Qualicoke et Snifelec, bon le shit ça se vend toujours comme produit d'appel prés des maternelles mais on fait plus rien dessus.

    Sinon mon plus gros client  celui qui m'en prenait le plus c'était un copain d'enfance Jean-Claude Merguéze, enfin un copain, je l'avais connu à l'école, on a avait été tout mômes ensemble mais lui ses parents y z avaient de la thune, je l'avais toujours détesté pour ça et aussi pasqu'il était premier partout, les autres lui cassaient souvent la gueule à la récré et moi non mais par paresse alors il m'avait pris pour son copain. Maintenant il avait viré bouddhique, il écrivait des poésies, faisait des bouquins  inutiles et jouait le concerto pour piano de Mozart à longueurs de journée, il avait jamais travaillé de sa vie ce mec-là, pourtant les profs disaient qu'il était promis à un bel avenir ! Un parasite quoi. Moi je suis peut-être qu'un petit artisan dealer mais je suis un travailleur, le taf ça me fait pas peur.

    Je me foutais bien de sa gueule, qu'est-ce qu'il a pu se mettre dans le nez grâce à moi, je lui coupais sa came avec tout ce que je trouvais, du débouche-chiottes à la poudre à récurer, n'importe quoi qui me tombait sous la main et chaque fois qu'on se voyait il me souhaitait un avenir des plus « propitiatoires » et des conneries comme ça, moi je pensais qu'il se foutait de moi et je lui rongeais un peu plus la tronche, et le plus marrant c'est qu'il venait me supplier encore de lui en refiler.

    Il a perdu ses vieux, à la fin il était pas beau à voir, c'est marrant pasqu'à la tévé ça leur réussit plutôt la drogue, bon de temps en temps y en a bien un  de présentateur vedette qui se met en torche, viole une hôtesse de l'air ou détourne un car de CRS, mais je veux dire ils présentent bien quand même et ben lui c'était tout le contraire il perdait ses dents, il maigrissait même des oreilles, pourtant il était pas bien vieux, mon âge quoi : 28 ans maximum. Un matin on l'a retrouvé cané, tout seul dans son grand pavillon de banlieue, parait qu'il était cardiaque en plus, et ça de tout môme, le lendemain j'ai reçu une lettre de lui, enfin une lettre juste un mot c'était écrit : « Je te souhaite un avenir des plus pouacres ! »

    Au début je m'en ai foutu de sa bafouille, j'avais mon boulot et puis quand même ça me travaillait, j'ai cherché ce que ça voulait dire : « pouacre ». J'ai cherché mais dans mon Larousse, pourtant en couleurs, y z'en parlaient pas, je suis allé à la bibliothèque municipale j'ai demandé à la bibliothécaire le rayon des dictionnaires mais elle m'a dit que ça existait plus, que maintenant il y avait Internet pour ça mais qu'elle venait de recevoir le dernier livre de Philippe Delerm. Je l'ai traité d'enculée de mal baisée et je m'ai barré. (... à suivre...)

    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It




    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique