• Avec les policiers de la Brigade Anti-chouquettes.
    Réveillon chez les régressifs
    Chroniques de la France de pendant.

    par François F. soumis.

     

    Avec Roselyne, on avait décidé de frapper un grand coup pour le réveillon du nouvel an. Roselyne c'est ma copine, elle est ministreuse de quoi déjà ? Mais si comment ça s'appelle ? L'avortement, l'euthanasie ? La santé voilà ! C'est de ça qu'elle s'occupe: de notre bonne santé, physique, morale et intellectuelle. Avec Roselyne on est pays, je la connais de tout môme, c'est elle qui m'a dépucelée dans la salle paroissiale de Pathétique sur Navrant où je suis né, ça s'est passé  après une causerie débat organisée par la JEC sur la « libération de la femme et ses conséquences sur la traite laitière», elle s'y est reprise même à trois fois  avec moi tellement j'étais pressée.

    A l'époque, à la campagne c'était pas facile de trouver des partenaires euh... qualifiées, alors quand il passait une conférencière, on en profitait, un peu comme avec les boulangers ambulants si vous voulez : c'est pas toujours fameux, c'est plutôt cher, ça rend malade quelques fois mais ça dépanne, la Roselyne question dépucelage elle dépannait sur trois cantons au moins.

    Elle a toujours été une dominante elle aussi, comme mon maître pipeulisé, pour ça que je l'admire, rien que sa manière de s'habiller en pute provinciale à l'ancienne : cuir noir et jupette rose vous fait de l'effet, ajoutez-y sa voix rauque et épicière de sous maquerelle elle en impose, convenons-en.

    Roselyne, quand elle débarque chez l'électeur il faut voir comment elle te vous le secoue, c'est pas des campagnes électorales qu'elle  organise mais des rafles.

    Bon où en étais-je don' ? Oui je vous disais cette année nous avions décidé à fins de leur rendre hommage d'accompagner dans leurs périples en ce soir du Nouvel An les policiers de la toute nouvelle Brigade anti-chouquettes en charge de l'application sur le terrain de la nouvelle "loi gaufrette" visant à la répression du gaufrettisme passif et des déviances sociales agglomérantes.  (Une anecdote en passant... Il faut savoir qu'au départ après consultations de spécialistes reconnus mondialement...du doigt mouillé dans le vent et à l'issue d'une réunion interministérielle nous nous étions entendus  sur un chiffre   (départ d'usine/franco de port) de 800 morts annuels du fait du gaufrettisme passif, bien heureusement l'un des membres du cabinet du premier ministre de l'époque eut l'idée ingénieuse d'indexer le bilan annuel communiquée à la presse sur les prix du pétrole ce qui nous donne aujourd'hui plus de 5000 morts annuels et c'est pas fini avec le baril à bientôt 150 $ vous imaginez!)

    De toutes les façons il est bien admis aujourd'hui que la gaufrette tue, par atteinte des voies zaériennes et bronchiques et pollution sonore, mais la chouquette aussi !
    Car, quoique plus silencieuse et donc mieux tolérée par le corps social (corps social qui tolère aussi d'ailleurs beaucoup mieux dans le métro la bande de jeunes banlieusards en débordement que le sexagénaire fumeur solitaire, allez savoir pourquoi ?), la chouquette par de subtiles menées sub-enzymatiques et autres exaltations glucidiques, sans oublier la pollution énorme crée par les grains de sucre inhalables abandonnés en fond de sac, sac le plus souvent utilisé, une fois gonflé avec la bouche et écrasé d'un coup sec, pour faire peur au copain, sans s'apercevoir que l'on peut  causer ainsi de multiples défaillances cardiaques dans le voisinage (347,12 décés l'année dernière dus à de tels agissements !), la chouquette dis-je n'est pas moins dangereuse sur le plan de la santé publique, c'est pourquoi dans le même temps nous avons lancé une grande campagne d'affichage et d'information sur le thème : « votre voisin a du cholestérol dénoncez-le !
    (www.monvoisinaducholesteroljeledenoncependantlespubsalatv.gouv.enc)

       Roselyne m'avait donné rendez-vous à la mairie du 2° arrondissement où elle devait m'attendre à la tête de sa demi-brigade de képis mous (c'est d'un bien meilleur rapport  que le képi dur, qui s'enfonce au premier coup de tuyau en plomb, le képi mou lui il est réutilisable, il n'y a qu'à changer le fonctionnaire en dessous !).

    Tous, je peux en témoigner, tous ces fonctionnaires sont animés par le même idéal sublime... de garde-champêtre fanatisé : verbaliser le contrevenant à la modernitude.  

    Malheureusement en face le contrevenant manque tragiquement. L'assujetti, il ne demande qu'une chose : obtempérer ! Circuler, ne rien avoir à voir, à entendre ni à critiquer, bref il se planque devant le grotesque .

    J'arrive en retard, j'espère que Roselyne va être colère et me punir sévèrement mais je suis déçu, elle est entrée dans un magasin de jouets tenus par un couple de jeunes gens de ses amis : Jean Fernand et Jean Marcel, le magasin de jouets qui s'appelle : « Pumpini » (23, rue Charly Gaul (2°)) est bien entendu interdit aux enfants et ils sont une bonne quinzaine d'adultes baveurs à faire: prout ! prout ! tuuut ! tuuut ! bang ! bang ! en jouant avec des petites voitures de pompiers et des poupons pisseurs.

    -Ah te v'la toi tu sais que tu es en retard ! Tu as un mot de tes parents ?

    Heureusement j'y ai pensé, j'en ai apporté un de Pineulope.

    -Bon on verra plus tard, allez en avant !

    Je la regarde, je la contemple, je l'admire: on dirait Jeanne d'Arc s'en allant inaugurer un sex-shop.

     

       Pour commencer nous  débarquons dans un salon de thé, les policiers de la Brigade Anti-Chouquettes que nous accompagnons ont un peu... les chouquettes quand même, mais comme l'a dit mon maître enrhumé : « Il ne doit pas exister de zone de bon droit dans botre république ! », bien sûr c'est dangereux, s'attaquer à un salon de thé, comme ça en plein jour: surtout vers les cinq heures, parmi les petites vieilles il peut y en avoir une plus affamée que les autres, ou en état de manque. Aussi tout de suite et sans faiblir ils utilisent les grands moyens, on fait ranger la clientèle contre le mur et doigt devant fouille au corps intégrale, on ouvre et renverse les sacs à main des fois qu'il y en aurait une qui y planquerait un paquet de gaufrettes. Bon il y a rien... une petite vieille essaie bien de ramasser un truc sur une table pour le planquer et se l'enfouir, aussi vite, on la plaque au sol, on se met à une dizaine dessus, au bout de deux minutes elle bouge plus rien la septuagénaire, même pas les oreilles :

    -Un macaron ! Gueule triomphante la cheffe Josiane Chopinot en relevant ses grosses fesses du visage de la petite vieille cyanosée.

    -Allez on l'emmène au poste. Décrète le commissaire, une jeune con éthique, souriant, sympathique qui ferait sans grand effort un parfait directeur de stalag  souriant, sympathique, éthique, tout barbelés de préjugés lâches et de slogans commodes.

    -Vous savez pas que c'est interdit aussi les macarons ! On vous enverra la convoc' devant le tribunal.

       Car le macaron est assimilé, à juste titre, dans la loi, à la gaufrette, il est certes moins offensif, la pollution sonore est moindre que pour la gaufrette mais des études ont montré qu'une consommation régulière de 97.3 macarons/jour pendant  84 ans réduit l'espérance de vie de 4 ‘'27 par trimestre ouvrable, déductions faites des congés compensatoires.

    Et que l'on ne me parle pas du macaron mou, lancé et vanté par quelques artisans et industriels peu scrupuleux, c'est loin d'être la panacée espérée.

     

       La petite équipe repart, sur un passage clouté des vélibeurs sur le sentier de la guerre sont en train de tourner autour et de crever les pneus et de casser les vitres d'un retraité barricadé dans sa voiture immobilisée, il vient de refuser une priorité à gauche à des  réformateurs du code de la route, très vite grâce à la cheffe Chopinot le dialogue s'établit avec les emplumés à vélo et l'on emmène le retraité à moitié scalpé au commissariat pour le mettre en garde à vue.

     

       Soudain la cheffe Chopinot s'immobilise, sort son 9 mm para H. und K. et entre en trombe dans une laverie automatique, les mômes se couchent à terre comme dans les séries tévé et les mères « sans papiers » montent à l'étage pour se jeter par la fenêtre comme dans les articles de journaux.

    Nous suivons la Cheffe Chopinot toute à son inspiration et l'on découvre dans l'un des tambours un mangeur de chouquettes planqué, on arrête le tambour, on essore le contrevenant  dans le séche-linge attenant et hop en route !

     

    -Tiens on s'arrête là, je les connais c'est des amis ! S'écrit Roselyne rosissante :

    C'est un café délicieux que je vous conseille: L'Intromis rue Roger Pingeon. Les serveurs sont des jeunes gens charmants en slips kangourous. Le concept est original: boissons froides ou chaudes à la demande et slips kangourous. On peut acheter une quantité incroyable de slips kangourous tous différents tout en buvant un thé à la menthe. Il y a aussi un coin « antiques » où l'on peut chiner des vieux slips d'occasion. C'est rafraîchissant ! 

    Seule fausse note : mon officier de sécurité qui demande un demi pression !

    Nous repartons, quittant à regrets ce havre du bon goût.

     

    Après quelques minutes de marche souriante, le commissaire reçoit un appel, c'est un signalement (en allemand : Ein Dénonciation !!!) dans une maison de retraite :

    -Un mangeur de gaufrettes, fumeur de pipe, déprédateur d'arbres à la Résidence des Aubépines ! Articule-t-il avec quelque angoisse. Chacun des fonctionnaires de vérifier que son arme, son gilet pare-balles et son tampax sont bien accrochés.

    -Il faut y aller ! Murmure magnifique la Cheffe Chopinot, avec Roselyne nous sommes émus, vrai ils en deviennent émouvants !

    Bien sûr des renforts sont aussitôt demandés et très vite la maison de retraite est cernée par deux escadrons de gendarmerie.

    Le contrevenant qui a été signalé est un dangereux récidiviste, un fumeur de pipe bien connu des services de police, ancien officier d'Indochine et d'Algérie aussi héroïque qu'une miss France découronnée.

    C'est un couple de retraités des Pets et Têts qui l'a dénoncé.

    -Il arrête pas de nous bouffer des gaufrettes sous le nez, c'est bien simple l'été, à cause de ç't engeance, on arrive plus-z-à écouter la tévé et puis il fume aussi tout le temps, sa fenêtre ouverte, d'ailleurs sentez, c'est à cause de lui que le parc pue ! Alors on s'est dit : il faut faire quelque chose contre le réchauffement qui monte à la tévé... ah aussi on vous a fait une liste de tous ceux qui ont du cholestérol dans le quartier. C'est pas seulement pour la prime c'est aussi pour aider.  

    Ach les praves gens !

       Les policiers de a brigade anti-chouquettes  tentent bien d'engager des négociations avec le multi délinquant, mais il ne veut rien entendre, et continue de multi-délinquer de plus belle, la pipe au bec, le paquet de gaufrettes dans une main, son couteau suisse dans l'autre il s'obstine sur l'écorce de ce pauvre arbre.

    Le spectacle est insoutenable, scandé par le craquement des gaufrettes.

    Finalement après une demi-heure de tractations stériles autant que dangereuses, il est armé, ne l'oublions pas ( ben tiens et le couteau suisse !), le commissaire se résout à faire intervenir les tireurs d'élite syndiqués qui dégomment la concierge et son chat avant de casser la pipe au fumeur de pipe .

    Sur l'arbre odieusement mutilé il a gravé : 

    « Vive la France ... d'avant ! »

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