• Oublions Ingrid !  1/1 par A.Sottos
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    -... je reçois aussi ce soir Benoît Pompaluile, je dois vous appeler Benoît ou Benoîte, je vous présente à nos téléspectateurs: vous avez changé de sexe ?

    -Bonjour Madame Mireille Flaubert, je vous remercie de m'avoir invité (e) dans votre émission, en effet j'ai changé quatre fois de sexe, aujourd'hui c'est Benoîte pour l'état civil...

    -Très bien donc je reçois Benoîte Pompaluile...

    -Au beurre ! Benoîte Pompobeurre, en même temps que de sexe j'ai changé de spécialité.

    -Très bien donc Benoîte Pompobeurre c'est tout naturel et je vais m'y faire très bien, vous allez voir...  ainsi que le sous commissaire du peuple du mouvement révolutionnaire des Farç y Attrapas Ignazio Sanchez Ramonar. Vous parlez très bien français je crois sotto-commissario ?

    -Honorario, sous commissaire du peuple honoraire, je suis en retraite, oui j'ai fait mes études à La Sorbonne de 65 à 67, à l'époque ce n'était pas encore la chienlit et cela voulait dire quelque chose !

    -Je vous présente à nos téléspectateurs, vous avez été le gardien de l'otage franco-colombo-luxembourgienne Ingrid Billancourt

    -Bourgeoise !

    -Pardon sous commissaire ?

    -Luxembourgeoise pas luxembourgienne, vous faîtes une faute d'usage, la terminaison que vous donnez à ce gentile est fautive.

    -Euh oui merci Maître Capello... euh je veux dire sous commissaire, pouvez-vous nous parler de ces huit années passées dans la jungle colombienne avec l'otage ?

    -Dans la jungle, n'exagérons rien, à l'époque notre lider Ernesto Guerriero-Manontropo croyait beaucoup à l'investissement immobilier et il faisait des lotissements un peu partout à travers le pays, nous avons donc pérégriné (verbe du premier groupe non transitif) de lotissements en lotissements, certes il n'y avait pas toujours tout le confort affiché surtout quand l'armée venait à nous bombarder, il y avait un accord avec le gouvernement central pour ne pas faire baisser les prix de l'immobilier de jungle en bâtissant outre mesure.

    -Racontez nous ce qu'était le quotidien de...

    -Je vais d'abord vous faire un rapide résumé de ma carrière: après des études supérieures à Bogota et à Paris, je suis entré comme tupamaros vacataire au mouvement du 19 de Abril, c'était une entreprise jeune, je l'étais aussi et leur slogan me plaisait : « Futar la mierda ! » c'était très vendeur à l'époque, quand ils ont été ramassés par la C.I.A et exécutés pour concurrence déloyale, j'ai changé de branche, dans la jungle c'est facile, je me suis orienté naturellement vers le mouvement maoïste des Farç y Attrapas qui était bien mieux implanté, un peu le Procter and Gamble du marxisme révolutionnaire si vous voulez, engagé comme sotto-combattante de 4 ° classo j'ai fini ma carrière comme sotto-commisario de primero classo.

    -Très bien, très bien, mais parlez-nous un peu d'Ingrid !

    -C'était une emmerdeuse !

    -Euh oui... mais encore...

    -Elle ne voulait manger que du lézard allégé, dans la jungle allez trouver du lézard allégé !

    -Du lézard...

    -C'est le plat de base de tout guérillero, elle ne voulait fumer que des joints issus de l'agriculture biologique et quand on s'arrêtait dans un village proche des gouvernementaux, au matin quand on allait brûler le village et fumer les villageois elle nous faisait un scandale parce qu'on allait polluer la nappe phréatique avec les cadavres ! Pourtant quand elle est arrivée parmi nous, un peu par hasard...

    -Par hasard ?

    -Elle faisait une tournée d'inspection en hélicoptère pendant les élections avec le chef d'état-major des armées et trois de ses collègues et elle est tombée de l'hélicoptère.

    -Tombée comme ça ?

    -On l'a poussée, même le pilote s'y est mis, je vous l'ai dit c'était une emmerdeuse !

    -Comment l'avez-vous accueillie ?

    -Plutôt bien, on la connaissait, son grand père avait fait une honorable carrière de dictateur cantonal, local puis national, il était très populaire avant les éliminatoires de la coupe du monde de football de 1950... beaucoup moins après. On a téléphoné par satellite à notre lider illimitado, il était en Suisse à Gstaad, il nous a dit de la rapporter à un commissariat de police ou aux objets trouvés et de ne plus l'emmerder avec cette conne !... mais c'était loin, le temps que l'on y arrive les français s'en étaient mêlés, et ses ex-maris, et les belle-famille et ils avaient tous bien foutu la merde, alors on l'a rappelé et il nous a dit de la garder en attendant que le dollar remonte. Il avait spéculé et venait de prendre un bouillon sur le marché à terme des remontées mécaniques, il avait besoin de cash.

    -Et alors ?

    -Il avait raison, une fois encore, grâce aux politiciens français elle a pris 500 points de base en même pas six mois. Il a titrisé l'otage et vendu sur le marché du crédit. Après ça a été l'envolée. Tout le monde voulait la voir, même les collègues proxos-léninistes du Promontoire Lumineux, le gouvernement français nous envoyait des signaux de fumées, des parlementaires et des pigeons voyageurs tous les jours pour avoir des preuves qu'elle était toujours en vie...

    -Et les luxembourgeois? 

    -Ils s'en foutaient complétement, remarquez que ça nous distrayait, les officiels français sont de très bons comiques et on bouffait les pigeons ça nous changeait du lézard, on a bien gouté au parlementaire mais c'est immangeable, aucun goût, aucune consistance, pour les rassurer on leur envoyait une oreille de temps en temps, je crois bien qu'on leur en a envoyé  une quinzaine.

    -Et elle?

    -Elle... elle continuait de ...de nous emmerder ! A chaque fois qu'elle voyait un hélicoptère elle se mettait à remuer de partout comme une folle et à tous les coups on se faisait grenader!

    -Peut-être une résurgence de l'épisode traumatique initiale...

    -Je vous dis que c'était une emmerdeuse... une...

    -Je crois que le Sous Commissaire Ramonar est ému, nous allons le laisser boire un peu d'eau !

    -...

    -... ça va aller... elle... elle me réveillait à quatre heures du matin pour me parler des masses paysannes et du combat prolétarien urbain ... Ah la salope ! La salope !

    -Il est temps je pense de demander au Docteur Zbormglub psychiatre-psychanaliste  de nous rejoindre... installez-vous docteur.

    -Bonjour madame Flaubert.

    -Et vous qu'en pensez-vous Benoîte ?

    -C'est émotionnant quand on se rend compte de ce qu'a vécu ce monsieur.

    -Alors docteur quel conseil pourriez-vous donner?

    -A Benoîte? D'essayer la margarine la prochaine fois. 

    -Et au Sous Commissaire Ignazio Ramonar.

    -Lorsque nous avons un malade polytraumatisé, nous mettons en place une sédation artificielle, de la même manière je pense qu'il vous faut occulter pour un temps cette période et oublier Ingrid. Je dirais même pour vous accompagner dans votre démarche: oublions Ingrid !
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