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    Homélie du bienheureux père Jean-Baptiste premier curé de la paroisse en l'église fantôme saint Jacques d'Abbeville

     

    « Vous avez regardé impassibles rouler le monde et le monde vous a roulé dessus, charrois surchargé de butins, de rapînes, à l'attelage affolé par les cris de tant de souffrance piétinée ; aujourd'hui vous vous réveillez enfin, brisés, battus, vaincus mais les yeux dessillés et le cœur en branle.

    Ebrouez-vous dans l'espérance du Christ au pied du mont de douleurs qu'il vous reste à gravir.

    Assemblez-vous, rassemblez-vous, étreignez vos âmes, armez vos bras et puis marchez enfin, il vous reste à punir.

     

    Vous vous demandez maintenant tristes enfants dans les heures féroces où vous êtes rendus: où étaient vos pères et vos évêques au temps du premier combat ? Là où tout se joua, là où furent trempés dans des batailles ajournées, désertées, non livrées vos lâchetés d'aujourd'hui, c'était déjà la nuit du monde qui s'ouvrait sous leur pas et tous y tombérent et jusqu'à leur souvenir. Dans l'habitude du crîme il n'y a pas de relâche, il faut livrer, et fournir tous les jours, chaque matin qui monte ils sont plus de mille à présenter aux bourreaux, hygiénistes féroces qui parlent de l'enfantement comme d'une maladie, chaque soir tombé ils sont mille de moins que vous n'avez pas défendus mais livrés en holocauste.

    Demain ce seront vos parents agés qui trembleront devant le médecin indigne qui confondra faiblesse physique et décence bourgeoise tous seront poussés dans la goule et vous à votre tour bien avant votre heure.

     

    Mais Dieu lui n'oublie pas, en sa mémoire vivante, imprescriptible il vous convoque ce jour et quand vous vous levez, quand vous marchez dans leur nuit dépeuplée de rêves et d'idéal il vous enseigne encore, quand tout se tait autour, il vous parle devant pour vous dire: n'ayez crainte vous n'affronterez pas des puissances insignes mais de pauvres lampistes couronnés qui dans des loges obscures et des arrière-boutiques poussiéreuses sassent et ressassent leurs misérables consignes.

     

    Leurs pères combattaient l'église de Dieu, la place prise, dans vos cœurs ruinés, aujourd'hui ils combattent l'homme sa création, ils n'ont pas varié, l'erreur est la même, la faute seule a grossi mais je vous le dis leur témérité a baissé, leurs vertus viriles de barbares, leur faim qui assaillaient vos sûretés et vos traditions se sont envolées dés qu'ils s'y sont installés dans le confort du crime et pour un misérable édile, je te parle Ramond maire d'Abbeville qui ose abattre à grands frais et bas bruit une église toujours consacrée qu' il disait en ruines et menaçante, toi et tous tes conseillers qui jettent le Christ crucifié à l'ordure seront punis les premiers car le Diable n'a pas d'amis seulement des complices, oui pour un qui se montre tel qu'il est combien de serviles fonctionnaires de l'esprit, factionnaires du règlement, de la presse et de la basse politique agissant contre vous dans le secret. Ils devraient pourtant se montrer repus car ils ont maintenant tout, tout sauf l'espérance qui est notre pour l'éternité.

     

    Ils vous menacent de leurs fausses libertés qui ne sont que leurs vices travestis en dogmes infaillibles que rien ne peut atteindre ou conspuer, endurcir ou adoucir que les lois absurdes de leurs humeurs changées.

    Ils vous ont tout pris, votre pays, vos coutumes, votre monnaie, votre parlé d'homme, l'entier de vos prestiges et jusqu'à leurs ruines consommées, regardez-les déguisés de vos oripeaux flétris, criant, beuglant, s'embroquant, pauvres diables outrés, se débattant dans les sanies de leur carnaval permanent de maudits.

    Ils osent parler de progrès en revenant deux mille ans en arrière, en se rêvant maîtres et vous de nouveau esclaves. Le seul progrès des cœurs c'est Dieu qui vous le dicte. Lui ne vous contrôle pas, il ne vous fait pas les poches, il ne vous surveille pas par mille tronches borgnes, Dieu n'a qu'un seul regard qui vous veille comme son fils.

     

    Aujourd'hui vous vous levez scandalisés par le mépris qu'ils vous montrent, mais le seul scandale c'est l'insulte faite au Fils, qui dit: changeons la vie, réformons l'homme et sa nature, sa filiation, son devenir, épaississons cette soupe infâme de sentimentalité, épiçons-la de sexe et de plaisir fraudés voilà leur liberté toute intestine, toute infestée et recuite, bon appétit !

    Nous n'avons plus rien à leur répondre, ils ne sont plus nos frères, ils le proclament eux-mêmes, tout est changé, pères, mères, fils et filles, frères et sœurs, homme et femme rien n'existe plus, il n'y a plus que des orphelins anonymes et dispersés sur lesquels ils pourront demain régner à leur main et changer la vie... en plomb. 

     

    Non ! Non ! Non !

    Nous nous réclamons nous, nous nous réclamerons toujours et à jamais du père, depuis cette chaire démantelée en cette église détruite, du plus haut de la France donc je vous le dis solennellement le temps n'est plus à protester, à se laisser encager dans de fausses tolérances et de vrais erreurs, à parlementer dans leur langue falsifiée et quand sur le chemin de la maison surgit un chien enragé, le lâche pense seulement à lui, regarde l'autre rive, se déroute jusque dans les marécages où il périra déshonoré, sali, noyé en croyant se sauver quand le brave dans le souci de son honneur, de son foyer et du devenir des siens garde sa route tire l'épée et l'affronte, je vous l'annonce mes enfants il n'y aura cette fois nul fleuve à traverser, vous êtes ici chez vous, juste un ultime pont à défendre, restez mes chers enfants sur la rive de l'homme, Dieu combattra avec vous et lui seul vous donnera la victoire ! »

     

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