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    Au merveilleux pays des putes...

    Ou ma folle nuit d'amour chez Berluscono! par Marcel H. chauffeur livreur 1/1.

    G.M.Neoletto

     

    Bien calé dans la couchette de mon  semi j'attendais que le ferry accoste enfin, putain de pays, il pleuvait à verse, la Sardaigne, on imagine ça tout enfleuri et ensoleillé et puis non c'est la flotte et le vent, une manière de brouillard aussi. Je transportais 40 tonnes de capotes à l'arrière.

    Une fois à terre il fallait encore trouver l'adresse de livraison, enfin après une heure de gourances et de marche arrière j'arrivais devant un portail de 11 mètres de haut. et je me garais à côté d'une bétaillère mal bâchée, j'ouvrais grand les yeux: la  bétaillère, elle était pleine de... blondes.

    Je réussissais à localiser un interphone en technicolor que j'entreprenais aussitôt:

    -Ah c'est vous les capotes, entrez, entrez, on vous attend depuis deux jours.

    -Ouais bien... bien... mais les demoiselles, il pleut...

    -Ah la bétaillère de putes, on les rentrera tout à l'heure de toutes les façons ça risque rien, elles sont vaccinées et tatouées.

    C'est vrai que j'avais l'air d'être attendu, on m'a conduit par une autoroute souterraine jusqu'à l'entrée de service, le ci-devant proprio avait l'air d'avoir les moyens. Aussitôt deux douzaines de domestiques se sont mis à décharger la semi' pendant que je me les roulais, et puis un gars est arrivé, sa  gueule de vedette d'opérette toute ressemelée et poudrée me disait quelque chose, aussi sec il m'est tombé dans les bras et m'a embrassé ému.

    Le type qui était à côté de lui m'a expliqué en français dans le texte:

    -Monsieur le président du conseil voudrait vous décorer de l'Ordre de la Reconnaissance Nationale, vous n'y voyez pas d'inconvénient?

    J'ai compris que j'étais chez Berluscono. Moi j'avais rien contre la décoration mais il a pas attendu ma réponse et m'a accroché sur la salopette une médaille dorée.

    -Deux jours sans capote on a failli claquer! M'a dit Berluscono en me prenant par le bras, pour ça il est pas fier, et en commençant à me faire faire le tour du propriétaire, ça risquait de durer quelque temps vu qu'il y avait de la surface.

    -Tiens il y a un type accroché au plafond! J'ai dit en levant les yeux, on était entré dans un petit salon à peu près grand comme un chiotte international de prince saoudien.

    -Ah ça c'est le premier ministre français, quand il vient il passe une dizaine de jours attaché au plafond par les noix, ça le repose de son excité de patron, et puis il aime souffrir parait-il sans quoi....

    Il y avait partout des grands pots de bonbecs bleus, mais c'était pas des bonbecs.

    -Moi je me suis fait greffer deux testicules auxiliaires sous les bras, pour ça que je vais plus aux matchs, je peux plus applaudir mais toi sers-toi tu vas en avoir besoin. Romano chambre-moi une douzaine de putes pour mon ami français, tu vas voir je les fais venir direct propriété d'un petit proxénéte-éleveur albanais.

    J'uis ai expliqué que quoique chauffeur routier les putes c'était pas trop mon truc.

    -Qu'est-ce que tu racontes les putes c'est la vie. Tu sais il y en a, chez eux il y a toujours eu des bouquins et c'est comme ça qu'ils sont devenus écrivains et bien chez nous à la maison il y a toujours eu des putes, celles que ramenait papa et puis mes cousines et puis... et puis il y avait... maman. Alors naturellement j'ai pris le goût des putes. Et plus tard tu peux me croire ça m'a bien servi, d'abord comme barman, moi qui fournissait les filles aux clients, je touchais aussi un peu dessus, comme ça que je me suis mis dans la construction, ah le bâtiment, la promotion immobilière un vrai et beau métier de pute, il m'en est passé dessus des politicards, des vieilles comtesses et même des curati mais c'était pas le plus beau, je connaissais pas le show-biz et la télé parce que là ça a été l'apothéose, c'était comme si j'avais toujours été là, j'étais chez moi.

    -Ah bon parce que c'est vrai ce qu'on dit sur les actrices?

    -Mais des putes! Toutes des putes! Eh puis tu sais on est toujours la pute de quelqu'un. Moi je suis la plus grande pute de la planète quand les ricains me demandent quelque chose il faut voir comment je rampe et dés qu'il ont le dos tourné, paf je te les mets à sec. Tiens prends ça c'est un Scoffonacci!

    Il me tendait un bronze allégorique avec deux zobs croisés comme deux épées.

    -C'est une oeuvre de Marcello Scoffonacci un artiste que je protége, il est très doué, un type inspiré... tiens que je te présente la sénatrice Rosa-Maria Panculo...

    La fille était une blonde apocryphe en bas noires et guêpière et elle tenait une betterave à la main :

    -Dis Silvionino il faut que je fasse un rapport pour le sénat là-dessus et je sais pas à quoi ça sert, ça se met dans quel trou?

    -Je vais t'expliquer ça tout à l'heure chérie...

    -Ah Silvionino adoré tu as oublié mon petit chèque aussi après que j'ai épongé ton chinois... tu sais le vice-président de l'Assemblée Populaire du peuple ou je sais pas quoi?

    -Tiens prends plutôt un Scoffonacci! Il lui a dit en lui tendant une autre paire de couilles bronzée.

    A ce moment un coup de canon a retenti:

    -Midi, viens voir dehors ça s'est éclairci.

    De fait il faisait enfin beau comme attendu, ciel bleu, soleil et ... une flopé de paire de fesses toutes tournées vers la terrasse où on se trouvait:

    -Tu vois j'ai 148 jardiniers sur la propriété eh bien à midi ils descendent tous leurs pantalons et ils me montrent leurs fesses. C'est mon directeur de conscience, le clown Picci, il est vice-président de la chambre des députés,  qui m'a conseillé ça, selon lui ça doit me permettre de revenir un peu sur terre, oh pas longtemps mais tu vois même leur insolence il a fallu que je l'achète... je te dis que tout s'achète, la création est putain, tout est payant là-dedans. Et une fleur c'est pas une pute qui s'ouvre bien pour qu'on la butine. Tiens regarde-là celle-là  comme elle écarte les pétales, salope, putain elle me fait bander, je vais te lui refiler un Scoffonacci...

    Je l'ai retenu  par le bras.

    -Aïe ma couille! Fais gaffe quoi!

    Un lapin a traversé la terrasse et s'est arrêté devant nous:

    -Oh un petit lapin, qu'il est mignon ce petit lapin, et combien tu prends petit lapin?

    Bon ça devenait pathétique, pour faire diversion j'ai dit:

    -Il est chouette le jardin!

    -Il m'a coûté assez cher, il a fallu faire des modifications génétiques et je sais pas quoi mais on y est arrivé!

    Je regardais un peu mieux, les roses étaient blondes, les prunes étaient blondes même les oranges étaient blondes.

    -Tiens ici d'habitude il pleut pas et pourtant quand je décide qu'il doit pleuvoir, il pleut, comment t'expliques ça toi?

    Je réfléchissais un grand coup: j'étais dans le camionnage pas dans la physique quantique:

    -Euh c'est rapport aux types de la météo, vous les avez achetés.

    -Qu'est-ce que tu racontes eh couillon, les types de la météo... ils la prévoient et encore pas souvent mais il la font pas la météo. De belles putes eux aussi avec leur réchauffement climatique, tous vendus aux industriels de l'écologie!

    -Alors je comprends pas?

    -Eh bien je me suis adressé plus haut, beaucoup plus haut tu vois c'est tout simple et c'est tout con, jamais personne lui avait proposé un aussi gros chèque et c'est comme ça qu'il pleut maintenant en Sardaigne et tu sais pas combien ça me fait économiser en arrosage!

    J'ai passé la nuit, là, barricadé dans une cabane de jardinier et le lendemain en partant j'ai balancé mon Scoffonacci dans un massif de blondes.

     

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