• Toute guerre terminée, j'ai pensé à nous rapatrier, M. le modique était mort dans la dignité en se chiant dessus et en réclamant un  cureton pour parfaire la vidange, sa dernière branlette, le successeur avait pas inventé le beurre persillé, notre affaire était sans doute moins chaude mais the swinging mollah, voulait continuer et suivre la troupe, il avait pris une mentalité de cantinière le Jean-Pierre. Les affaires marchaient pas mal, on a été invité au 1° Festival Intertribal de Variétés coraniques de Kaboul et on y est allé en ... autobus réquisitionné de la RATP (Régie autonome des Transports Pristiniens).
    C'était un copain que j'avais connu en Belgique, un intellectuel, ancien des jeunesses communisses belges (si, si ça existe), Mouloud Chapiron qui avait pris en main la direction du centre culturel de Kaboul et qui organisait ça : « l'Islam face au questionnement polyculturel et au multicentrisme contemporain. » C'était le titre du programme qu'il nous avait envoyé. Mais très vite on en a reçu un autre: « La tradition et les traditions traditionnelles dans l'Islam traditionnel » et encore un autre: « ‘utain ma couille ! Putain y m'ont arraché ma couille gauche, putain vienzez pas les gars c'est des fêlés! » Qu'il nous avait gentiment dédicacé avec son sang et enfin quelques jours après un avis nous est parvenu qui nous annonçait que Mouloud  « le borgne » avait été nommé à une autre fonction et son cadavre jeté aux chiens.
    Pas à dire le service des postes kabouli marchait drôlement bien.
    J'ai demandé à ce con de Jean-Pierre s'il y tenait toujours autant à sa tournée, mais il m'a même pas répondu il était plus remonté que jamais, il était à la limite de l'hallucination et murmurait sans arrêt: « ...nougat... nougat... » moi je me serais bien tiré mais on était déjà à la frontière et donc en altitude, ça caillait ‘achement mais c'était pas que le temps qui me foutait le frisson. <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    *

     
    Finalement le festival s'est très bien passé, la bonne idée c'était d'avoir invité en vedette américaine Salvatore Adamo, je savais pas qu'il était toujours vivant, maman elle avait tous ses disques, à la maison, il est passé juste avant l'éxécution capitale, il chantait toujours aussi bien, il y avait que sa voix qui était un peu voilée, et puis il tremblait quand même vachement, sans doute l'âge, mais c'était beau de voir toutes ces belles figures de guerriers, barbus, cradingues, émus, reprendre en chœur et en dansant le slow, à force de vivre ensemble à la guerre comme à la ville, ils étaient tous devenus un peu pédés les guerriers sus-nommés : « Laisses tes mains sur mes hanches » et « Tombe la neige », le plus marrant c'était qu'elle tombait pour de bon, la neige, de la bonne, de l'afghane, il y en avait qu'un, qui faisait la gueule, il était même blême, c'était le managère du chanteur, Charley Béthouani, pourtant il avait été récompensé par les autorités, pour le remercier d'avoir fait le voyage il avait eu l'autorisation tamponnée de rapporter ses couilles en souvenir... dans un bocal.
    Ce con de J.P a même admiré le travail fait par un bourreau assermenté :
    -‘pas à dire c'est du beau boulot, ‘z'avez vu la découpe, pas maladroit le gars!
    On aurait dit qu'il avait un peu de regret de pas avoir choisi ça comme formation qualifiante et puis il est monté sur scéne, et là il était transformé, il a même pas attendu qu'on sorte le cadavre de la mère de famille adultère qui venait de se prendre une balle dans le chignon et tout de suite ça a été l'ovation.
    On était tombé sur des connaisseurs.
    D'ailleurs le soir en comptant la recette, ça se palpait:
    -Alors combien ? M'a demandé Charley frémissant, au bord de l'évanouissement, il voulait rapporter le plus vite possible son bocal dans un centre de secours outillé.
    -Ah il y a de la coupure.
    Il y avait à peu prés sur la table 37 milliards d'afghanis lourds, au cours du jour pas loin de trois cents balles.
    On a tout laissé à Charley pour qu'il tente la greffe une fois rentré à Paris. <o:p> </o:p>

    *

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>
    On a fait comme ça quelques tournées en province pendant trois, quatre années, et il faut voir ce que c'est la province afghane, déjà que la capitale ressemble à une décharge publique de chez nous mais en plus négligée, en plus ils se foutaient su' la gueule en permanence et une fois sur deux on se retrouvait derrière les lignes ennemies, mais enfin il faut reconnaître qu'ils respectaient sinon l'artisse au moins le saint homme, même ceux d'en face.
    Et puis les Imman's brothers nous faisaient du tort en disant partout qu'on était pédés, y pouvaient causer eux qui étaient même pas brothers, bref on s'est retrouvé très vite à moitié clodo, moi et le saint homme, de plus en plus halluciné, et un beau matin complétement paumés dans une sous-préfecture montagneuse après que l'organisateur eut passé la frontière pakistanaise sans prévenir en emportant la recette de nos galas, on était dans un hôtel minable, et on avait pas de quoi cigler la note, on se préparait à se tirer à la passée du soir quand le patron nous a repéré.
    -Et les gars vous croyez pas que ça serait un peu con de vous tailler sans avoir bouffé.
    J'en ai lâché notre grande valise en carton bouilli, où il y avait tous les accessoires de scéne, le type avait l'accent parigot, c'était un hippie, arrivé dans le coin à vingt ans dans les années soixante-dix et qui y était demeuré, tout le monde l'appelait le Vieux Bob, lui son truc c'était plutôt l'hindouïsme, le genre planche à clou et trucs bizarres, inoffensifs mais bizarres.
    Mais le steak-frites de son cuistôt valait le détour, lui il en prenait pas, il bouffait des racines et des fois rien du tout pendant une semaine, il était déjà pas épais pour l'ordinaire alors par temps de jeûne. Et puis un autre truc à lui, des fois il faisait le flou, je déconne pas, on avait beau accommoder, il restait flou, tous les mecs de la salle à manger de son hôtel avaient beau s'y mettre, chausser des loupes et des verres correcteurs, le Vieux Bob restait flou pour le commun.
    -Non mais t'as vu ça J.P ? Je donnais un coup de coude au Mollah Jean-Pierre qui était en train de reprendre des frites.
    -C'est le démon qui l'habite.'te foutrais ça au trou moi ! Qu'Allah le Miséricordieux le consume sur place ! Scrouuch ! Scrouch ! Passes-moi le sel tu veux.
    Il avait même pas la reconnaissance du ventre, mais au vrai, ce mec, sa vocation c'était jamais que d'être un flic, un flic de n'importe qui ou de n'importe quoi, mais un flic.
    Le Retentissant ne l'ayant point foudroyé, le Vieux Bob fit le point et revint vers nous avec le dessert, spécialité maison, une mousse au haschich et au chocolat Poulain dont il avait le secret, il était marrant à voir avancer, parce qu'il avait un poids accroché à chaque couille et quand il marchait sa couille de droite lui descendait jusqu'au genou pendant que celle de gauche lui remontait vers le nombril, à ce qu'y disait ça lui faisait même pas mal, c'était un brhamane de Bangalore  le grand Sardhumichnu qui l'avait initié au croisement de couilles sans douleurs et à ce genre de talents de société, par exemple quand il allait aux commissions, il se faisait des noeuds à la bite pour pas oublier le haschich, le chou-fleur, les poireaux... et le chocolat Poulain. 
    -Tiens vous vouliez partir vers le sud, si vous voulez je vous emméne, demain, je pars faire la saison en bas, j'ai un autre établissement, si ça vous dit de m'accompagner, dans le pays, il est préférable de pas voyager seul.
    J'étais partant, je l'aimais bien le Vieux Bob, il avait une autre conversation que l'aut' louf et puis il jouait bien au poker et il m'apprenait des tours, quelques fois devant la glace de ma chambre, je réussissais à me rendre un peu moins présent au monde, à me faire un peu flou, disons très légérement hamiltonien mais sans vaseline, oh c'était pas encore terrible mais je travaillais, il y avait qu'un truc que je réussissais vraiment pas c'était le pense-bête hindou, j'avais beau tirer dessus il me restait jamais assez de longueur pour faire un nœud au ballon, quand je lui demandais ce que c'était son secret, il me répondait toujours :
    -Il suffit de perdre, celui qui perd le plus complétement atteint à la sagesse... pour ça que je me suis mis au poker. Bon tu me disais, pour ce qui est des nœuds à la bite, il faut être né là-dedans, je suis natif du Guillevinec, alors tu penses.


    *

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    On est donc parti un matin vers le sud dans son vieux Toy. On se disait qu'en bas, au moins il ferait plus chaud, on aurait le soleil.
    Et puis on est tombé en panne.
    -C'est le delco, c'est toujours le delco là-dessus, je dois en avoir un de rechange.
    C'était son maître spirituel, le bhramane le grand Sardhumichnu de Bengalore qui lui avait enseigné que « c'était toujours le delco ».
    Il a changé le delco, mais on est pas reparti pour autant :
    -Y doit y avoir une soupape de grillé.
    Et l'aut' con, le grand Sardhumichnu qui lui avait rien dit sur la grillade des soupapes, comme quoi la sagesse humaine a des limites.
    Il a fallu prendre les sacs et partir à pinces vers la civilisation, façon de parler.
    Le vieux Bob prenait ça en rigolant moi j'étais bien avec lui,  J.P faisait la gueule, c'était une grosse feignasse le flic parisien, il a voulu s'arrêter pour le Mogreb, mais pendant qu'il priait, d'ailleurs pas dans la direction de La Mecque, il avait paumé sa boussôle et n'avait aucun sens de l'orientation (il aurait pu faire carrière à la circulation), le vieux Bob et moi on discutait.
    On s'est arrêté à la nuit, on a dormi, il caillait un peu mais on était tellement fatigué.
    On a marché comme ça une bonne semaine, depuis que j'étais arrivé dans ce foutu pays, le temps n'avait plus aucune importance pour moi, j'avais compris que toutes les heures ne se valaient pas et qu'une minute d'agonie retentit plus longtemps dans le monde que soixante années de cotisation aux caisses de  couennerie mutuelle.
    Les provisions de choucroute et de cassoulet hallal de J.P s'épuisant, il a fallu qu'il se mette à bouffer des racines comme nous-autres.
    Au soir le Vieux Bob a déplié sa carte :
    -Bon normalement il devrait y avoir une ville derrière les montagnes... voyons... c'est ça: Nasr-el-Bézons. Demain on devrait y être.

    Le soir devant le feu il a sorti son harmonica, il a fait le flou, la pompe d'incendie et le passage du cap Horn et d'autres tours marrants et on a chanté Montagne-Pyrénées tous ensemble et puis on s'est couché.

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  • Bientôt sur vos écrans: Con... con... condidat! Pourquoi je me présente par Droidlome Legadupec le candidat de la béguétude et des minorités zo... zo... zopprimées!!!
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  • 4.

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    Après un bout de temps les corses nous ont cédé avec un pas de porte à des mecs du Front de Libération de la Bretagne qu'ils avaient connus lors d'universités d'été au temps de leur jeunesse militante au FLNC-Café des sports.
    Le Hezbholla de Quimper leur sous-traitait du travail à façon et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés en Bosnie avec l'ex-Inspecteur Jean-Jean.
    Là qu'il s'est converti à l'Islam et qu'il s'est fait circoncire, moi c'était déjà fait, mais lui il s'est mis à y croire serré, et très vite il a pris du grade, il s'est inscrit aux cours par correspondance de l'Ecole Universelle de Mogadiscio, il a longtemps hésité entre : bourreau assermenté, (il avait même trouvé sur place un stage en entreprise auprés de croâtes trafiquants d'organes ), et vendeur de vierges en succursâle, mais là il avait pas trouvé de stage.
    A force d'étude, le soir à la bougie, et surtout le matin dans la boue, il a réussi brillamment tous ses examens, urine, vue, tension artérielle, et il est devenu le mollah Jean-Pierre à l'issue d'une formation accélérée.
     

    Au début il faisait encore la semaine anglaise et ramassait pas un rond dans ses prêches et puis il s'est douté que là-bas le véquende commençait le jeudi soir et là il a trouvé l'inspiration, ce qu'il faisait de mieux c'était de raconter la paradis qui était promis à nos p'tits gars, aux fidéles combattants de l'islam, l'êre du nougat il appellait ça, sûr ça vous avait un côté dame Tartine mais ça plaisait aux rudes combattants qui avaient besoin de jolies histoires comme ça avant d'aller se coucher après avoir pillé, tué et violé toute la journée.
    Quand il était vraiment en forme il entonnait Montagne-Pyrénées et très vite on l'a surnommé le Mollah dansant, « the swinging mollah » en onusien dans le texte. 
    Notre chef Oliverhardiç, rude compagnon s'il en était, en mouillait sa moustache de contentement.
    Et il me refilait des coups de coude, sa manière d'applaudir, faut dire que j'étais au premier rang des officiels, j'étais devenu son secrétaire au mollah Jean-Pierre, son manageure, moi qui recomptait la monnaie, et organisait ses galas, à travers les lignes de front. C'était une autre vie, la France était loin, on se fait à tout, népa, même à la guerre d'autrui. Je me sentais pas vraiment concerné, d'abord ils se ressemblaient tous, serbes, croâtes ou bosniaques, blonds, blancs, cultivés, ils avaient tous faits des études supérieures d'histoire de l'art, de marketing, de mathématiques spéciales et ça les avait pas empêché de retourner barbares, l'un des nos meilleurs snipers Stanloreliç était diplômé de Stanford, et ben il fallait voir le plaisir qu'il prenait à dézinguer du haut de sa tour des braves ménagères, des mères de famille héroïques revenant du ravito.

    Et puis ils s'entendaient comme larrons en foire pour monter ensemble des coups pas possibles et braquer l'aide humanitaire, d'abord les chefs se connaissaient tous, ils avaient été aux jeunesses communisses et au bordel d'état ensemble.  <o:p> </o:p>

    *

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    Le seul bon souvenir que je garde de ce temps ça a été la visite de bon papa.
    Il était dans sa période héroïque, seul devant l'histoire et il s'était pointé, sûr qu'il penchait un peu de l'avant à cause de son Damart surblindé.
    Il a visité les officiels du coin et c'était pas ce qui manquait, dans les temps de guerre civile, il y en a toujours une recrudescence de l'officiel, il en sort de partout, s'en crée tous les jours, l'officiel est la furonculose, la métastase de la guerre civile.
    Il a visité les caves du gouvernement provisoire de la république temporaire, il y avait avec lui une section d'intellectuels de gauche.
    On leur a fait bouffer de l'intellectuel de gauche serbo-croâte, en goulash, ‘pas mauvais d'ailleurs, farce diplomatique et qui portait pas à conséquence puisqu'il était frais du jour, on venait de l'égorger dans la cave d'à côté.
    J'en parle en connaissance, puisque j'en étais, du festin et des beuveries à la suite, mais moi j'en ai pas repris de l'intellectuel, il était trop cuit, c'est comme le bureaucrâte s'il marine pas un minimum on arrive jamais à l'attendrir.<o:p> </o:p>

    Si j'en étais c'était pasque-que la veille, un motard était arrivé dans le patelin où je préparais un grand gala du Mollah Jean-Pierre, attention pas un motard bosniaque, non un vrai motard de la Police Nationale,  motard crôtté, motard empoussiéré, motard frotté par le voyage mais motard... arrivé, vrai je l'aurais bien embrassé le parisien, il a demandé après moi et m'a tendu un pli et puis il est reparti vers son destin autoroutier.

      Je m'ai pointé le lendemain, encore en treillis, la Kalach au côté, pas tant en vrai combattant de la foi qu'en uniforme d'imprésario prudent, on perd facilement son scalp dans le chauve-bizeness, faut dire qu'à l'époque on faisait un vrai tabac avec l'ex-inspecteur Jean-Pierre, the swinging mollah, on était demandé pour toutes les fêtes, inaugurations de bordels de campagne, partouzes d'état-major, happening militaro-industriels, et notre réussite agaçait nos quelques conccurents dont les Imam's brothers qui venaient de Beyrouth.
    Quant à la petite sauterie Bosniaco-Françouaise c'était pas férocement mondain, ça se passait dans les sous-sols du gouvernement et en fait de smoking, chacun portait le gilet-pare-balles, la petite laine réglementaire.
    J'étais en avance mais bon papa m'a tout de suite reçu dans la buanderie prés de la chaufferie, les types qui tenaient la porte n'ont même pas eu l'idée de me prendre mon flingue et quand je suis entré il a visiblement été impressionné par mon allure, et il a serré les fesses. Et là ça a été plus fort que moi l'émotion comment dire ?... l'émotion m'a submergé, m'a mouillé le treillis, mon papa à moi ! Car c'était bien mon papa à moi ce gros pétochard qui serrait les fesses devant l'histoire, il y avait pas à ce tromper c'était encore plus indubitable qu'une tâche de vin sur la fesse gauche ou qu'un sixiéme doigt au pied droit.
    -Papa ! J'ai gueulé.
    -Vo'yons... vo'yons pas ici.
    On est resté comme ça quelque temps, réciproquement impressionnés.
    -Eh bien il paraît que vous faîtes encore parler de vous ! Décidément c'est à croire qu'une seule vie ne vous suffira pas !
    Et là j'ai compris la méprise, il me prenait pour un autre, pour un Pontdezig, un Chef-Dudu ou un Jeandoumé, bref pour un mordeur, et c'était ce que lui le caleçonneur de province, le bourgeois de vaudeville admirait en moi: le braqueur, le viandard de grande banlieue, le flingueur, le beau mec quoi, oui il était fier de moi, mais fier de ce que je n'étais pas et de ce qu'il aurait peut-être voulu être.
    J'avais pensé lui placer ma grâce mais à mesure qu'il m'interrogeait comme une midinette aurait fait avec Mimile Buisson, j'ai pigé qu'en fait de grâce ce serait mon arrêt de mort qu'il me signerait si je le décevais, alors j'en rajoutais dans la gouaille babelouedo-parigote, d'ailleurs il suffisait de raconter ce que j'avais sous les yeux tous les jours de cette saloperie de guerre civile pour édifier un cave comme lui, parce que c'était bien ça ce qu'il était, ce qu'il avait toujours été : un cave.
    On s'est quitté pour plus se revoir et c'était aussi bien.
    Au fond je crois que s'il engendrait c'était pas tellement pour faire des mômes dont il se foutait bien mais pour laisser des orphelins comme un mec oublie sur son siége après la représentation le programme qu'on lui a dédicacé pour prouver qu'il est au mieux avec l'auteur mais qu'il en a personnellement  rien à brosser. <o:p> </o:p>
    Le seul truc qui m'ait mis en rogne c'est quand dans le hall du Novotel dévasté ce con de Stanloreliç qui était complétement bourré m'a annoncé qu'il l'avait eu dans sa ligne de mire presque tout le temps de son embarquement de retour et qu'il aurait pu le buter sans même décoiffer un garde du corps.
    -Quel con pourquoi t'as pas tiré ! J'ai dit furax. (à suivre...)
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  • Nous apprenons que le Grand Prix Simone Veil de la Famille Française a été attribué à Madame Véronique Courjault.
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  • *


    Noël qui arrivait, on a tous reçu des invitations par motard, sauf moi, alors là j'ai décrêté la gréve générale, j'ai fait qu'une exception, Padillac, le brave et con Padillac, je m'ai dit que ça allait lui foutre un bon coup de noir au machiavel de la Charente Inférieure de se retrouver en tête à tête avec ce gilet de laine, et de fait, par les accointances qu'avait conservé le Chef Dudu on a appris que le vieux s'était foutu dan' une rogne pas croyab' et qu'il avait gueulé tout croisé de haîne :
    -Foutez-moi cette saloperie de crouillat en l'air !
    La saloperie de crouillat c'était votre dévoué moi-même, pour le créateur de l'antiracisme breveté d'état c'était une jolie pensée, mais je m'étais toujours douté d'un truc commak, pour avoir touillé ce genre de soupe aux charançons comme il l'avait fait en remettant du sel pendant des années c'était bien qu'il avait du goût pour ça, au moins pas trop de dégoût quand il se penchait dessus, et remettait un coup de chauffe, et la goûtait ‘voir si ça manquait pas encore un peu de poivre.  
    Le plus triste c'est que le pauvre con de Padillac a été privé de dessert et il a même pas eu droit à sa photo non dédicacée de l'auguste, il les gardait pourtant toutes précieusement dans h'un alboum spécial.
    Le Chef Dudu m'a pris dans un coin du café Lagriffule qu'il quittait plus depuis que ses supérieurs l'avaient mis à la retraite d'office six mois auparavant pour incompétence caractérisée, ces cons-là le prenaient pour un dormeur, et où il refaisait le même papier depuis la mort de « son petit Pontdezig » devant le même Paris-Turf :
    -Alors ça mon p'tit Momo t'aurais pas dû, il nous la jouait Zeus bon papa parce que ça le flattait de pouvoir retenir l'orage maintenant il va nous la faire Jupiter tonnant.
    Il rigolait pas le Chef Dudu, il en savait plus que moi, plus que nous, plus que vous, ‘pas oublié que de formation, de vocation c'était un vrai flic: un gardien de la paix, un flic de carrefour, il en avait vu des trucs dans sa vie, du coup j'ai serré les fesses, je sais mais ça virait au tic.
    Il s'est levé, il a plié son Paris-Turf, il a vidé sa fine, il a pris son manteau, il  passé la porte du Café Lagriffule et une bagnole l'a écrasé, très proprement... ah ça très proprement.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>


    *

     
    La guerre était déclarée et j'héritais du commandement en chef, j'ai rameuté l'Inspecteur Jean-Jean qui taquinait la pute en Auvergne et tous les batards, tous étaient partisans de venger le Chef Dudu... tous sauf... sauf quelques uns dont les jumeaux Ribodeaux-Pottard, qui maintenant qu'ils avaient de l'oseille en banque, menaient la fronde et voulaient discuter raisonnablement des modalités d'une reddition honorable en rase campagne avec ou sans intromission.
    -On ne peut pas décemment prendre un pays en otage pour une affaire de famille. Tout cela peut et doit se régler discrétement au bénéfice de chacun.
    -De chacun des Ribodeaux-Pointard.
    -Au bénéfice de tous j'entends.
    Je savais bien qu'ils avaient commencé les négociations dans mon dos et que c'était ce con de Padillac qui jouait les Kissinger de banlieue.
    De notre côté l'inspecteur Jean-Jean était revenu d'Auvergne avec de belles couleurs, de solides résolutions et quelques amis corses autant que décidés, survivants de la bande de la Petite Courônne qu'il avait serrés dans le passé, retrouvés dans une station thermale, cotoyés le temps de la cure et qui d'après lui pourraient nous servir de cadres.
    -Leur spécialité à mes pôtes à moi, c'était le braquage grande taille, rien en dessous du milliard, ça qu'il nous faut, y en a marre des artisses, c'est peigne-culs et compagnie, y me foutent le shwartz.
    -Ouais mais ça tombe régulièrement.
    -Eh justement plus. Y paraît qu'ils ont reçu des ordres de plus nous cigler. Je te le dis môme ça sent le crâmé, tu ferais bien de larguer tes batards du diable et de tenter le gros coup avec mes pôtes à moi et après quoi on pourrait faire un beau voyage.
    On devinera que si je n'étais pas tellement partant pour le gros coup, je l'étais plus pour le voyage organisé, j'avais dans l'idée d'arrêter bientôt les comptes et avec mes économies, une partie seulement, avec le reste j'avais dôté Maman qui venait de se marier en blanc avec Perez y Perez et lui avait acheté un cirque en même temps qu'elle payait un beau camion-citerne, son rêve de tout-môme au beau-père qu'elle avait quitté sans le quitter tout à fait, oui donc j'avais décidé de partir en América del sul retrouver Mauriac Raymond, mon grand homme à moi, faire le pèlerinage, népa.
    Mais ce con de Jean-Jean a choisi d'en faire qu'à sa tête, il y avait plus le chef Dudu pour le retenir et moi question autorité, j'ai jamais été bien terrible.<o:p> </o:p><o:p> </o:p>


    *

     
    Et c'est comme ça qu'un soir je l'ai vu débarquer tout couvert de sang dans le chouette deux piéces-terrasse-kitchenette-parking que j'avais loué dans le 17° sous un faux blase et que personne connaissait, pas même maman (qui avait pourtant son bachot !).
    J'étais en train de regarder à la tévé la grande saga de l'été de Téhefhuns : « Tous les cons s'appellent Jean-Pierre, Jean-Pierre. »
    -Change de chaîne ! Il a gueulé
    -Qu'est-ce que tu as ? Tu veux te lancer dans le braquage de téléspectateur.
    -Mets les informations je te dis bordel.
    Au journal parlé de la troisiéme chaîne, y causaient d'un accident d'avion en grande banlieue.
    -Ben quoi c'est un accident d'avion.
    -Mon cul, cette aprem' avec mes pôtes à moi on a braqué le Franprix de la Porte d'Aubervilliers on était tuyauté de première bourre rapport à une caisse noire d'un club de foot parisien  qui y était domiciliée, il y avait pas loin du milliard à ce qu'y paraissait. On était bien outillé et ça a gentiment commencé...
    -Je devine que ça s'est tout aussi méchamment terminé.
    -La faute à l'aut' con, le trou du cul qu'on a braqué l'aut' fois, mais si le vieux beau, çui-là qui passe dans toutes les dramatiques de la première chaîne, moi, je faisais le pet avec deux de tes frangins pendant que les corsicos opéraient chez le directeur, et l'aut' phoque qui faisait une animation déguisé en lapin géant il est allé tuber à la flicaille qu'il m'avait reconnu, résultat les flics du quartier se sont pointés, ça s'est mis à défourailler de tous les côtés en plein magasin... ils ont eu de la Hure et Jocquelin et le lapin géant aussi. Et sans doute qu'ils ont reçu des ordres pour coincer la bande des batards pasque ça très vite été le plan Orsec, au moment où on allait se replier il nous est tombé les pandores du GIGN dessus et eux ils venaient pour le carton, surtout qu'à ce qu'y paraît ils s'étaient gourés et on les avait balancé sur le Carrefour de Chambourcy au début et il avait fallu qu'ils replient leur parachute et qu'ils remettent leur caddy pour reprendre leur piéce avant de re-sauter sur Aubervilliers, pour dire que quand on les a touché, ils étaient colères.
    -Aubervilliers ville-martyre si je comprends bien, il y a eu des morts?
    -Tout ça !
    Et il me désignait l'écran de téloche où on nous détaillait la carcasse de l'avion avec encore attachés à leurs fauteuils les dizaines de victîmes, ‘sommateurs sidérés qui serraient encore leurs sacs Franprix à moitié calcinés.
    -Tu veux dire que...
    -Sûr je reconnais l'inspiration des collégues.
    -Et la bande ?
    -Tous pris à part Jocquelin et La Hure qui...
    -Et tes potes à toi ?
    -Ils s'en sont sortis, c'est des professionnels eux, ch'uis désolé pour tes frangins, j'aurais pas dû les emmener, mais ils avaient insistés...
    -Pour visiter le Franprix d'Aubervilliers. Et comment tu connaissais ici ?
    -Un soir je t'ai suivi, je peux pas m'en empêcher, mon instinct de flicman.
    -Et c'est le susdit instinct qui t'a dit de venir me mouiller dans tes braquages pharaoniques à la porte d'Aubervilliers.
    -Je suis pas venu seul ?
    -Il y a tes potes à toi c'est ça?
    -Affirmatif. Ils attendent dans le parking... mais j'ai aussi apporté ça !
    Et il me désignait de son regard ordinairement bovin mais exceptionnellement pétillant, un gros sac poubelle dans l'entrée.
    -C'est quoi.
    -C'est le butin... le gros lot, y a plus qu'à partager et naturellement t'en es. Alors je peux faire monter mes potes à moi maintenant ?<o:p> </o:p>


    *

    <o:p> </o:p>
    Je pensais à Jocquelin et de la Hure pendant qu'il déballait le butin sous les yeux des corses, d'abord émerveillés devant les quelques liasses de cent et puis furibards à mesure que l'autre gros con alignait les maillots, les figurines en plastique, les désodorisant en forme de ballon, les vraies coupes en faux plastique, les peluches en acrylique du Séchuan, les écharpes clignotantes et les bonnets de supporter à oreilles, les...
    -Mais putain quand je lui ai dit au gros naze de directeur de vider le coffre et de tout mettre là-dedans, y  a personne parmi vous qui a eu l'idée de surveiller l'emballage !
    -Eh quoi Jean-Jean c'était toi le chef-chef, il fallait ordonner et tu aurais été obéi.
    C'était le plus vieux des corses qui s'était levé pour tirer l'oreille à Jean-Jean.
    -Oui tu as raison Doumé excuses-moi.
    Il était pas difficile de deviner que c'était un examen de passage le braquage de tantôt et qu'il venait de se bananer outrageusement le Jean-Jean.
    -Au vrai c'était quoi tes renseignements. Tu n'as pas été sérieux mon ami. Maintenant il va falloir que tu nous sortes de là Jean-Jean.
    Il chocottait en stéréo l'inspecteur Jean-Jean, presqu'autant que moi, il faut dire que le vieux corse était impressionnant, pas de doute çui-là c'était un mordeur, un dominant, un dix cors (au pied).
    -Mais tu as bien vu, avec l'aut' nave qui m'a reconnu, ch'uis autant recherché que vous autres Doumé maintenant.
    -Eh bien justement, il vaut mieux de ne pas perdre de temps, tu ne crois pas, allez, et le petit vient aussi.<o:p> </o:p><o:p> </o:p>


    *

    <o:p> </o:p>
    Comme ça que je me suis retrouvé otâge des corses et en cavale avec cet imbécile de Jean-Jean, la bande des batards avaient été faite aux pattes, j'étais le seul encore dans la nature.
    Ils n'ignoraient pas mon ascendance illustre, Jean-Jean les avait  rencardés, et sans doute avaient-ils dans l'idée en cas d'urgence de m'échanger contre un non-lieu full options, mais en face ils l'a joué autrement que prévu et s'ils causaient pas de moi, ils en avaient fait une vedette de l'ex-inspecteur Jean-Jean (entretemps il avait été révoqué par le ministre) et ils lui avaient cloqué sur le paletot quelques très vilaines actions dont des viols, une douzaine au moins, commis sur des fonctionnaires agées des services publiques dans l'exercice de leurs fonctions sacerdotales:
    -C'est vrai ce qu'y racontent à la tévé? T'es vraiment un vicelard te taper des vieilles !
    -Tu penses ils en profitent pour vidanger la cuve à merde. Je les connais même pas ces vioques, ‘jamais vues... tiens la Germaine ah celle-là ouais c'est une toute bonne !<o:p> </o:p>

    On a vu du pays, une cavale, c'est presqu'aussi passionnant qu'une tournée de représentant en layettes dans la France variqueuse. On allait d'auberges minable en pôtes foireux, qui, sitôt qu'ils nous avaient installé avec une soupe en conserve devant la télé, allaient nous bazarder aux gendarmes du chef-lieu, et une fois sur deux on devait s'extraire à coups de flingue, ‘pas moi qui tirait, j'oubliais toujours de mettre des bouchons d'oreille et après j'avais les oreilles qui sifflaient pendant trois jours, j'étais vraiment pas fait pour le haut banditisme. -La mentalité se perd et les bonnes manières aussi ! Déploraient les corses flegmatiques tout en braquant un ‘tomoboliste afin d'embarquer tout leur monde vers des cieux plus cléments. (à suivre...)
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  • Le lendemain les journaux ont causé de rien, ils avaient eu consigne d'écraser le coup, c'était lisible, des fois que la populace demande à se faire rembourser son effort de la veille, la nation réunie avait poussé fort pour les pauvres, cette fois il y avait même pas eu besoin de lyncher quelqu'un pour se rassembler, on s'était chié dessus « tous ensemble pour..., vers un monde meilleur ousque... »
    Le Chef Dudu nous tenait au courant de l'avancement de l'enquête, l'inspecteur Jean-Jean avait dans l'idée de se prendre des vacances aux Caraïbes avec deux putes polaks de ses relations, le Chef Dudu l'a rappelé à l'ordre et collé au vert Porte de Bagnolet, avec le Chef Dudu aux manettes on était quand même plus rassuré, il a su brouiller la piste.
    Et puis ses collégues toujours aussi mal renseignés ont organisé pour expliquer la disparition surprise de la chanteuse et rester dans le ton un accident bidon de moto-crottes, comme ça elle était pour ainsi dire morte au champs d'honneur.
    La Tévé à grands coups de commémorations en a fait une icône, ce qu'elle était déjà pour le connaisseur, une icône à manger du foin.
    Une fois l'affaire tassée, on s'est remis en campagne, mais maintenant on était encadré, le Chef Dudu avait pas tant viré cupide que débéctard.
    On avait gardé le carnet de Pontdezig, tout ce qui était comiques, sportifs, ou acteurs officiels, on s'en chargeait, c'était Dupouët qui était notre chef opérationnel, j'étais son adjoint, ‘le Chef Dudu qui m'avait nommé, je crois qu'il m'aimait bien.
    -T'es encore celui de tous qui «lui» ressemble le moins. Au moins toi t'es pas un de ces bourgeois va de la gueule comme monsieur votre père.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    *

      On a commencé par les comiques, c'était pas le plus rigolo, mais Pontdezig avait découvert une œuvre de dévouement au bien public, mal connue, un peu comme la société de sauvetage en mer sauf qu'elle affrontait pas la vague et était à but obsessionellement lucratif: le Corps Volontaire des Comiques Assermentés (CVCA).
    C'était les artisses prioritaires qu'on voyait tout le temps à la tévé mais ce que le populo savait pas c'était qu'en échange de certains avantages appréciab' (Datcha dans la banlieue ouest de Parisgrad, Renault Dacia à siéges arrières rabattables, devoir internationaliste à prix réduits en classe affaires et inscription d'office aux jeunesses Smurfistes pour la descendance), ils avaient souscrit chacun un engagement de 7 ans renouvelables pour être flic de plateau à la tévé et mettre des pévés aux quelques rares déviationnistes invités là pour l'édification des populations et rappeler à l'ordre les ceusses, les braves gens, les non-pères de famille qui z'en prenaient un peu trop à leur aise a'c le règlement.
    -L'est à vous le trav' à casquette ?
    -Oui, c'est... c'est mon ami Fido Marcel. Oui mais monsieur l'agent je le tiens en laisse.
    -Affirmatif. Mais z'avez pas le droit de le faire uriner sur la pelouse. La pelouse c'est naturel. Le naturel c'est conséquemment de la nature. La nature, c'est subséquemment sacré. ‘seriez pas présentement chasseur vous des fois?
    -Ah non quelle horreur ! Non, je vous jure bien monsieur l'agent ! Ah ça non !.
    -Bon allez ça va pour cette fois, cerculez ! <o:p> </o:p>
    Les artisses, les vrais, pour moi c'était comme les grands truands, des mecs qui se moquaient de l'avenir, qui crâmaient l'argent, faisaient des coups quand ils n'en avaient plus et s'en réveillaient le lendemain tout étonné d'être encore en vie, mais eux ce qui les faisaient marcher c'était l'idéal factionnaire, garde-barrière, ça qui les rassurait qu'il y ait une barrière, pouvoir l'actionner les jours de service au nez des civils et s'en tenir du bon côté, toujours.<o:p> </o:p>

    *

     
    Là on peut dire que ça a rendu un max à partir du moment où Dupouët a inventé de les mettre à l'amende, les moralistes de tréteaux, comme n'importe quel barbeau ou tenancier de boîte, la taxation d'office décrêtée par Dupouët était d'un bien meilleur rendement que n'importe quel cassement mais, pour mettre la machine en route il a bien fallu en chauffer une douzaine, faire des exemples. On déboulait chez eux en pleine nuit, on les branchait sur le secteur ou on les travaillait à l'ancienne au tisonnier rougi, ça qu'il préférait le Dupouët, le travail bien fait, se laissait porter par l'inspiration, le plus difficile c'était d'affronter leur goût de chiotte, découvrir ces intérieurs bourgeois fin de siécle: Starko-Combasien ou Combaso-Starkien qui se ressemblaient tous, avec d'identiques manches à couilles crypto-blondasses qui servaient de maîtresse de maison et se révélaient infoutus de faire deux œufs au plat aux travailleurs de la nuit qu'on était, quand on débarquait chez eux su'le coup de trois heures après avoir visité l'appart de deux de leurs collégues comiques d'état. Rien à voler, rien à violer, sinon quelques fois la bonne dominicaine pas déclarée et rapportée de là-bas en souvenir utile. <o:p> </o:p>
    Sur que quoi, le bureau directeur des Artistes Officiels et Assimilés, le Présidium de l'Union des Ecrivains Français de Langue Soviétique, l'Union Cycliste du Val-de Marne (on avait bien chauffé leur président mais on s'était escusé, c'était une erreur qu'avait fait ce con de Dupouët en recopiant ses notes), le Syndicat National des Journalistes en Maison (enfin tous ceux qui étant en carte avaient pas été déclarés vérolés) et l'Académie Françoise (qui rit quand on la boise) de Farces et Attrapes, ont bien élevé quelques protestations auprès des autorités qui commençaient à renifler d'où venait le coup mais craignait de se faire taper sur les doigts par Dugenou le deuxiéme, il s'était succédé à lui-même malgré son délabrement avancé, il se sentait mieux depuis qu'il s'était mis à la médecine vaudou et buvait chaque matin le sang d'une vierge (d'importation, à Paris on était en rupture depuis la libération) sacrifiée dans l'arrière-cour et replantée en bordure, après consommation, dans les massifs du parc.
    Il se dopait en prévision d'un troisième mandat qu'il comptait effectuer sereinement depuis le funérarium de Bagneux en évitant le plus possible les voyages en province, le corbillard étant fatigant à la longue et tout ce beau monde protestataire s'est retrouvé embastillé une douzaine de mois pour défaut de disque de stationnement .
    -Encore la bande des batards ! Toujours la bande des batards !
    Ah les batards d'enculé...! euh je veux dire les enculés de batard ! Bredouillait en rond dans son bureau monsieur le préfet de police qui n'osait s'ouvrir du problême devant Pharaon, quoique vieil intîme du Président.
    Il l'avait connu quand il était secrétaire général de la préfecture des Basses-Alpes lors de la première campagne après-guerre de M. le Modique pour enlever le siége (percé) d'une vieille raclure rad-soc. ex-conseiller national de Vichy, il lui avait donné un coup de main pour  le défenestrer.<o:p> </o:p>

    *


    Bien entendu les journaux s'ouvraient pas plus, au contraire ils la fermaient et nous on se marrait, la terreur qu'on a fait régner à l'époque, vrai on est entré dans la légende, la légende d'autant plus belle qu'elle était clandestine, la légende murmurée des nuits parisiennes.
    Tous nos clients possibles faisaient la jauge des premières, ils reformaient le troupeau, vite fait d'instinct, de crainte en rentrant chez eux de nous retrouver dans leur salon.
    Il faut avouer que le Dupouët se sentait plus, pour ça il ressemblait à monsieur not'père, cette manière de passer facilement de la médiocrité conformiste à la mégalomanie proportionnée, le genre employé de bureau, comptable de confiance qui vire homme à putes et flambeur de casino.
    En fait je crois qu'ils étaient un peu tous comme moi, des clébards dominés, des mordus qui se rêvaient dévoreurs de préposés.  <o:p> </o:p>
    Et puis l'Inspecteur Jean-Jean ouvrait en grand, il avait délaissé la palombe pour l'artiste de passage, c'était lui qui nous taillait la route, d'autant que les Renseignements Généreux faisaient le ménage après notre passage, enlevaient les cadavres, débarassaient la table, brûlaient les restes de belle-maman dans le jardin avec les feuilles mortes, couchaient les enfants, sortaient le chat, regarnissaient le frigidaire et inventaient des carabistouilles, allay donc une fois, pour expliquer le forfait du jour, c'était de plus en plus étonnant mais toujours à visées pédago-moralisatrices:
    -... je vous rappelle l'information principale de cette édition : la mort tragique de la vice-championne olympique de tapinage artistique Annie Nipotcha, l'élastique de son slip ayant lâché dans un triple salto arrière inversé, elle a chuté lourdement sur la glace de la patinoire olympique de Bézons, les pingouins de service n'ont pas pu la réanimer. Le député-maire de Bézons Etienne d'O. très ému a dénoncé la montée de l'estrémisme. A ce propos nous vous rappelons la grande campagne nationale: « Ton slip c'est ta vie, éh ducon ! » Pour être sûr que vous vérifiez l'élastique de votre slip avant de prendre la route, le gouvernement a dépêché pour ce premier jour de départ aux sports d'hiver 1190078 policiers et feldgendarmes sur les routes afin d'effectuer des contrôles inopinés et réouvert le bagne de l'île de Ré pour les contrevenants. <o:p> </o:p>

    *

    <o:p> </o:p>
    Dupouët est mort de « la maladie » au début de l'été. Dans la bande personne savait qu'il était malade, bien sûr on avait tous remarqué qu'il était de plus en plus maigre, mais il avait jamais été obése non plus. Il a pas voulu qu'on aille le voir à l'hosto, j'y suis allé quand même toujours mon côté clébard, c'était encore un môme, un môme de trente-cinq ans de cette génération qui avait jamais eu ses aises, qu'on avait pas laissé  s'installer dans la vie, coincée entre les révolutionnaires soudés à leur rond de cuir, le nez sur la rente publicitaire et les poupées de fer, les effrayants clônes de la dégénération Mitée rance, ses autres fils tellement plus naturels que nous autres, puisque eux rendus à l'état de nature, barbares, sans passé, sans moral, sans religion, mais la tête pleine de consignes de bord: ne pas fumer, ne pas boire, trier ses poubelles, surveiller son voisin, le dénoncer quand il fume, quand il boit ou qu'il trie pas ses poubelles, en groupe, bouger, teufer, sourire le plus possible, en solitude penser le moins souvent, célébrer les valeurs supérieures désignés par l'autorité supérieure et faire la fête là où on vous le dit, soit de préférence dans le caniveau, saluer bas la liberté sans toutefois trop tirer sur la chaîne et par dessus tout mordre quand on vous dit de mordre, qui on vous dit de mordre.<o:p> </o:p>
    Vers huit heures et demi, une jeune infirmière tremblotante s'est pointée avec un gobelet, qu'elle a posé sur la tablette, et quand elle s'est barrée, j'ai vidé le verre dans le lavabo.
    Elle est repassée à dix heures, me croyant parti, avec son « cocktail ».
    -J'avais demandé un « Bloody Mary » mais enfin bon...
    -Non ! Buvez pas ça ! C'est... c'est pas par vous !
    J'ai laissé tombé le gobelet sur le carrelage :
    -Un conseil, ce soir servez plus en terrasse, ma petite dame et prenez bien soin du frangin.
    J'y suis retourné le lendemain, il était plus dans sa chambre, un toubib, ouvert, souriant, moderne, sympathique m'a dit que Dupouët était mort  su' le coup de minuit :
    -Vous êtes sûr que c'est pas plutôt à onze heures.
    -Négatif. Minuit.
    -Sans doute que le bouillon de onze heures avait du retard alors.
    -Votre ami est mort dans la dignité c'est le principal.
    -C'était pas mon ami, c'était mon frère et il est mort en se chiant dessus comme tout le monde, vous verrez, vous y viendrez vous aussi.
    -Négatif. Dignité. Minuit.
    Qu'est-ce que vous voulez discuter avec ce genre de vopo, ah c'est pas les vocations de flic qui manqueront un jour dans ce foutu pays.
    Le soir on est allé lui scier sa direction à l'humaniste, histoire qu'il garde au moins un bon souvenir de Dupouët.
    On est sans doute des sauvages, nous autres arabes, mais chez nous on bute pas les bébés, on achéve pas les malades et on envoye pas nos vieux à l'asile.<o:p> </o:p>

    *

    <o:p> </o:p>
    A propos de vieux, M. le Modique a même pas téléphoné ou envoyé des fleurs.
    Et ça m'a foutu en rogne, s'il croyait qu'on allait lui foutre la paix, la succession me revenait de droit, l'inspecteur Jean-Jean a bien essayé de nous intimider en sortant une fois de plus son flingue devant l'assemblé générale des batards réunie dans l'arrière-salle d'Ernest Lagriffule, restaurant de spécialités, il a d'ailleurs réussi à en intimider quelques uns dont moi, je le reconnais volontiers, cette manie que j'ai de serrer les muscles fessiers au premier danger, mais l'inspecteur Dudu est intervenu:
    -Ranges ça tu veux, tu vas te blesser grand con.
    Et il m'a posé la courônne sur la tête, c'était un légitimiste l'inspecteur Dudu, pas le genre à sacrer l'usurpateur, le maire du palais, pas pour ce coup que le Charles Martel de la poulaille parisienne arrêterait l'arabe, non mais des fois. (à suivre...)
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  • La boîte à partouze sentait la chaussette, c'était plein de couloirs, de tapis et de matelas, d'éclairages  souterrains on se serait cru dans une mosquée.
    C' était ça ce qui m'avait plu la première fois où l'oncle Mostaph m'avait emmené à la mosquée, c'était que  ça sentait la chaussette, le côté comme chez soi. Et puis les causeries, les palabres entre africains, comme sur la place du village.
    Mais ce qui m'avait déplu c'est les coran relié plein skivertex importé d'arabie séoudite, ça faisait un peu trop monoprix et puis le mec qui causait fort en arabe et qui lui aussi faisait un peu trop importé.
    La boîte à partouze s'appellait le Grand Bob, elle était square du Général... dans le XV° quoi.
    Moi j'étais comme à la pistoche j'avais pas trop envie de plonger, je préférais me rincer l'œil, y avait à voir, je me baladais en chaussettes (trouées d'ailleurs, merde j'aurais dû penser à les changer ce matin) et slibard :
    -Alors qu'est-ce que t'en penses m'a demandé Pontdezig qui s'entretenait de la main droite, histoire de pas rater son entrée.
    -Y a du linge !
    -Y a surtout du bide, regarde moi l'aut' cornard, tout à l'heure je lui réglais le son, il était en chaire sur le plateau à moraliser sur les droits de l'homme en Irboukistan Inférieure et maintenant il fait l'animal sur les starlettes... Ah saloperie j'te foutrais bien tout ça en l'air !
    Il avait l'air remonté contre le bourgeois, le Pondetzig, sans doute parce qu'il en était un.
    -La carte te plaît pas ça a pas l'air de t'inspirer les vedettes du jour ?
    -Tu sais moi j'en suis resté à Mireille Darc, elle est pas là m'ame Mireille Darc?
    -Elle vient plus depuis que le secrétaire d'état aux anciens combattants lui a refilé des morbacks.
    -Mais qu'est-ce tu raaacontes des fichaises toi, il y a jamais eu de môrpions chez moi.
    C'était la patronne une suissesse, très athlétique, je pouvais pas me gourer elle était à poils et tenait un type poilu par l'anneau qu'il lui traversait le bout de la quéquette comme elle aurait mené un taureau à la vache.
    -Encore un frangin ? Elle a demandé distraitement à Pontdezig en emmenant son taureau bande mou.
    -Et ben tu vois moi ça m'inspire parce que le fric il est là, y a qu'à le prendre, je vais t'expliquer mon idée, viens par là.
    -D'accord mais s'il te plaît tu veux bien arrêter de te branler cinq minutes.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    *

     Son idée, il ne l'avait sans doute pas inventée, c'était le bon vieux systéme de la reprise individuelle.
    Quand même c'est de ce moment que tout est parti, la mise à l'eau, là que mon destin a pris la mer.
    Dupouët était venu nous rejoindre, il avait conservé toute sa dignité c'est à dire pour le principal sa cravate, à double nœud, un en bas, un en haut, lui aussi était un mordeur comme disent les profs, et les flics: un dominant. Dans l'histoire je me gaffais que en tant que mordu je serais en première ligne.
    -... tu comprends quand ils viennent à la télé, ils godent tellement que tu peux tout leur demander si tu viens de la part de la prod., regarde tu vois ce carnet...
    Pontdezig avait sorti un carnet de notes Clairefontaine pour prof du secondaire, il était couvert de noms, d'adresses, et de notes et remarques diverses.
    -... tous les types qui ont défilé dans l'émission, c'est ça notre gibier... je sais tout sur eux et en recoupant avec ce qu'on peut ramasser ici...
    -Qu'est-ce t'as dans l'idée, de chauffer le bourgeois ? T'oublies qu'on est pisté en permanence.
    Et c'était vrai, le gros Inspecteur Dudu en maillot de corps, sirotait un whisky à une table en épluchant Paris-Turf, l'auvergnat de Dupouët en caleçon discutait avec la suissesse du rendement du rade quand au mien, le gros con de Jean Jean...
    -Ben et le mien, où qu'il est le gros con ?
    -Là-bas sur la secréteuse d'étate à le conditionne féminin...
    Il avait gardé ses chaussettes et besognait comme un sapeur, ça fumait même et shmectait le caoutchouc brulé, elle secrétait un max, elle était même à deux doigts de se faire péter un joint de culasse ç'te pouffiasse, enfin il a lâché son coup et il s'est largement essuyé la bite sur le tailleur Chanel de madame.
    -C'est à cause du tien qu'on va pouvoir agir, il faudra l'appâter avec du lourd, mais il y viendra, tu verras, il m'inspire ce type !
    -Mais quand même il faudra se méfier de l'Inspecteur Dudu. J'ai remarqué finement.<o:p> </o:p>

    *

    <o:p> </o:p> On a commencé grand train par Zirma la chanteuse de la génération morale, le genre lycéenne attardée aux grands pieds, qui plaisaient aux acnéiques fils de cadre de la banlieue ouest, tatouée et batie comme un « joyeux » de la belle époque elle délivrait messages et mots d'ordre avec la régularité d'un dévidoir de papier toilette, c'était elle qui faisait ses textes mais elle sous-traitait ses rîmes auprés d'un grand oncle académicien (la Glandcourt pas la Royale), notoirement incontinent, et déjà connu de nos services.
    Elle passait sur toutes les télés depuis qu'elle était la taulière d'un racket mi-show-biz, mi-humanitaire tout aussi condamnable moralement que les machines à sous ou le proxénétisme hotelier mais qui rendait bien mieux et dans beaucoup moins d'effort: les sanisettes du coeur, dont le but était d'installer, le temps de la saison froide des chiottes collectifs dans toutes les cours d'immeuble, sauf chez papa et maman bien sûr et dont l'émouvant slogan était : « ensemble chions pour les « esclus » ».
    Un kilo d'engrais organique sur un plant de fraisier donnait 79 fraises de quoi nourrir un « esclu » en fraises une année durant.
    Les français donnaient largement, depuis Mai 40, ils ont d'ailleurs jamais arrêté, la crise de panique hystérique et la chiasse qui va avec sont devenus sports nationaux.
    Il fallait voir chaque année tous ces em«paf»és, vedettes du spectac', de la littérature, du sport et de la politique venir se déculotter devant la caméra et chercher à  mouler la plus belle jusqu'à point d'heure, le tout retransmis en direc' et en belgovision dans tout le monde francophone.
    Les plus lêcheurs se mettaient à la salade et au pudding, trois semaines avant le « concert » et honte aux constipés et paresseux de la tripe.
    Zirma, de son vrai blaze Frédégonde Tourte de Mézancourt, elle habitait à Louveciennes, une sorte de résidence barbelée, enchiennée et gardée.
    Nous on l'a guettée comme ça, trois mois durant, on voulait pas rater notre premier coup, d'après les tuyaux qu'on avait elle devait rentrer avec la recette de la grande soirée de clôture des chiottes du cœur, juste après le dîner de gala, croire que ça les avait mis en appétit ces cons-là.
    Il faut dire qu'on prévoyait une émission fantastique, le premier ministre en personne devait venir en poser une (le président s'était fait excuser, il se chiait dessus tous les matins mais manquait d'inspiration en Praïme Taïme, et puis c'était pas son genre de partager, même sa merde), en même temps que trois académiciens français en ligne et l'archevêque de Paris qui tâchait déjà son Eminence d'impatience.
    Tout au long de la soirée les records de générosité sont tombés, les tévéspéktateurs étaient formidab': 47 tonnes de merde dans le 14 ° arrondissement, 79 dans le 5° plus collabo que jamais.
    –Et la Corréze Jean-Pierre qui ne faillira pas à la tâche non plus ce soir, 1083 tonnes pour l'arrondissement de Tulle.
    -Allo, allo Jean-Pierre, à Marseille nous établissons je crois un record national 14785 tonnes...
    Image magnifique de cette solidarité sans faille, les dizaines de milliers de types le bénouze en bas qui chiaient dans tous les coins le long de la Canebière.
    -Malheureusement, Jean-Pierre, nous avons à déplorer le braquage de 5 sanisettes et je demande solennellement de restituer sinon la recette au moins les corps aux familles, ce serait trop bête de gâcher une telle fête !
    La France se lâchait complétement, elle s'ensevelissait sous la merde, elle se chiait dessus, dessous, à travers. La grande délivrance.
    -Baisse le son tu veux, y me fatiguent les lémuriens! A lâché Dupouët.
    On avait branché une télé dans la bagnole et on suivait  la retransmission.
    Remarquez qu'elle avait un côté forain la môme qui me déplaisait pas: aucune confiance dans les banques, le respect de la coupure, elle rapatriait la recette dans des sacs avec quelques gardes du corps puis s'enfermait avec son comptable pour les écritures du soir.
    C'était là qu'on devait arriver.  <o:p> </o:p>
    On avait choisi le jour de congé de l'Inspecteur Dudu, c'était un p'tit jeune bigleux, bien noté et très con qui le remplaçait, mais par mesure de prudence on avait demandé à Jocquelin, un autre batard  présenté par Pontdezig de le surveiller pendant tout le temps de sa réunion en nocturne à Vincennes.  
    On avait prévenu l'Auvergnat à Dupoüet que sa dame allait accoucher, elle devait avoir dans les cinquante-cinq balais mais c'était un fervent de Star Trek et il croyait à l'inéluctable progrés de la science qu'on parlait à la tévé, il s'est pensé  qu'elle avait voulu lui faire une surprise, s'était fait inséminée pour faire comme ls copines de bureau, d'autant qu'il l'avait pas tronchée depuis six, sept... dix mois, c'était beau de le voir compter sur ses doigts, enfin il s'y était télétransporté dans sa Renault de service et n'était pas prêt d'en revenir c'était les jumeaux Ribaudeau-Pottard qui étaient en charge de le coller, eux aussi avaient voulu en être du partage.
    Ne restait sur le marché que le mien, l'Inspecteur Jean-Jean, ce soir on allait savoir ce qu'il valait question mentalité, c'était risqué, marcherait ? Marcherait pas ? Mais il fallait tenter le coup.
    Jamais bande de batards n'allait aussi bien mériter son nom.
    La chanteuse à texte est arrivée su' le coup de minuit, la garde rapprôchée l'a accompagnée jusqu'à l'intérieur et puis ils se sont tirés.
    -Dommage j'en aurais bien mis en l'air un ou deux de ces mecs-là ! Pontdezig était décidément très remonté, il faut dire aussi qu'avec ce qu'il se mettait dans le nez  pendant le travail !
    Ils avaient même installé un distributeur de coke automatique, genre machine à café dans le couloir de la chaîne et toute sa monnaie en billets de cinq cents balles y passait.   <o:p> </o:p>
    Aussi sec on a fait mouvement vers l'arrière de la baraque, tout était prévu on avait une clef du service. On est tombé sur l'héritière cathodique et son comptable en pleine comptée.
    On aurait dit le couple Thénardier en lauréat du Loto d'état.
    Du pognon il y en avait partout. Ah ça rapportait la fraise, et la merde donc !
    -Mon fric des pauvres ! Touchez pas à mon fric des pauvres! Salauds! Ordures! Profiteurs ! Fachisses ! Qu'elle gueulait.
    On a tous reculé, elle manquait pas de nous impressionner, tous, sauf le Pontdezig qui a ramassé un ampli de guitare électrique et le lui a balancé dans la tronche.
    Sûr que si elle se réveillait de ce coup-là, elle aurait du mal à retrouver toutes ses oreilles. Il y avait des bouts de crâne sanguinolents sur la moquette en sisal, ses chansons y gagneraient sans doute en inspiration mais elle aurait du mal à l'avenir à se concentrer sur ses mots croisés.  
    Là ça commençait à sentir mauvais, il faut dire aussi que le comptable s'était chié dessus, il se terrait dans un coin de la piéce en lâchant des petits cris de belette prise au piége, Pontdezig rigolait, il était parti pour nous la jouer démoniaque, nuit de Valpurgis.
    On a commencé à charger les sacs dans le J.5 (le détail c'est pour le côté athmosphère, reconstitution d'époque).
    Et puis l'Inspecteur-chef Dudu s'est pointé, pas tout à fait comme prévu, on l'espérait au moment du partage, pour le café, mais il avait pas pu tenir.
    -Eh ben vous avez fait du joli, bande de petits enculés ! Allez les mains sur la tête, tout le monde.
    -Tout le monde ? Même la femme sans tête ! A rigolé Pontdezig qui se tenait derrière lui, un flingue à la main et tout fumant des oreilles, il avait les cornes qui lui poussaient à vue d'oeil.
    Mais moi à sa place j'aurais pas tenté la levée, le Jean-Jean, c'était le genre chasseur de palombes, il épaulait vite, et depuis tout môme il caressait les flingues, on a pas eu le temps de le voir se retourner que le Pontdezig avait déjà un trou au front et sa cervelle faisait un joli motif sur les rideaux en chintz uni.
    -Ah les cons ! Les petits cons !
    Il pensait à sa carrière, le Jean-Jean, il venait de buter un des batards royaux, il allait avoir du rapport à taper et il aimait pas ça les formalités.
    Nous on était pas tellement rassurés, on se disait qu'il était capable de tout ce gros bœuf quand il était plongé dans ce genre de doute eschato-administratif, à ce moment heureusement l'Inspecteur-chef Dudu a débarqué, il avait semé les jumeaux Ribodeau-Pottard. Il a dit :
    -Merde ça alors !
    Et puis il a vu Pondezig ou ce qu'il en restait et il s'est mis à le secouer en chialant :
    -Quel con, le môme je t'avais bien dit de pas t'agiter comme ça! Quel con le môme ah béh te v'là beau maintenant !
    Il avait vraiment de la peine c'était évident, il le suivait de tout mioche.
    Il s'est bien passé dix minutes, il le berçait, lui causait, il s'en foutait partout du sang et du chagrin et puis il s'est repris.
    Maintenant le Jean-Jean il avait un peu honte, il a demandé, timide, tout conneau, nature quoi :
    -Qu'est-ce qu'on fait-t-est-ce que maintenant chef ?
    Le Dudu-chef il s'est relevé, il a contemplé le désastre :
    -Vous aviez vraiment besoin de tout ce fric ?
    Dupouët qui a vu l'ouverture a hasardé :
    -Pas tout non... on pourrait partager... chef ?
    L'Inspecteur-Chef Dudu s'est essuyé le front, il avait encore ses tickets de P.M.U ensanglantés dans la main gauche. 
    -Ouais après tout, vous avez raison ! Une fois lancé...
    Et de sa main droite il a sorti son flingue et il a collé une bastos dans la tronche du comptable qui a éclaboussé la plafond.
    Vrai ça démarrait fort, si je m'étais attendu à un festival comme ça !
    Le côté chouette c'était qu'on lui avait tout redécoré son salon pour pas chère à  la chanteuse. (à suivre...)
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  • *

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p> On s'est tous présenté les uns aux autres, il y avait un peu de tout, mais surtout du bourge provincial, fils de notaire, de comptable assermenté, de concessionnaires Peugeot (je savais pas qu'il était Peugeot à mort le grand homme.), rejetons de conservateur des hypothéques, d'archiviste départemental ou de receveur des Postes et Télégraphes,  ce qu'il avait pu sauter de petits fonctionnaires .
    Bref une carrière.
    Et chacun de raconter comment que le Mitérance il avait calcé sa daronne.
    C'est Pointrenaud Robert dont le père, enfin le titulaire du poste, était quincailler à Maubeuge, qui a commencé.
    M.le Modique était allé faire campagne après la guerre là-haut, une place qui se libérait pour cause d'inéligibilité, c'était la mode à l'époque, la mère de Pointrenaud était la seule militante du parti qu'il avait fomenté avec quelques hardis compagnons  et qui comptait plus de députés que de militants.<o:p> </o:p>Maubeuge ça lui avait pas tellement plu au vrai, il était arrivé le matin par le train du soir, de mauvaise humeur, forcément à cause du retard, il avait visité la Cathédrale pas chauffé, ( deux magnifique retable du XIII° de Boulard le jeune représentant l'un une descente... de police, l'autre une partie de boules, c'est à voir), donné une interviouve très anti-communiste au Maubeugeois Libéré, avait sauté maman Pointrenaud sur le couvre-lit de reps de la chambre 26 de l'Hôtel du Port, (si, si il y a un port à Maubeuge mais il reste très sous-estimé), et il s'était taillé au moment de tenir sa réunion électorale, en découvrant que les cocos savaient lire et qu'ils  voulaient lui faire la peau malgré le cordon de gardes mobiles : « Ouh là ‘sont trop cons ces cons-là, non j'ira pas ! » Paroles historiques retranscrites ainsi par le Maubeugeois Libéré :

    Alors le candidat s'avance entre les huées et un étrange silence s'accomplit  sous nos yeux quand il prend la parole :-Non, ne comptez pas sur moi messieurs, en prévision de quelle aventure quand l'Allemagne pense déjà à réarmer et que l'on entend les moteurs des chars soviétiques ? Alors, non messieurs, ne me comptez pas des vôtres  pour faire verser encore le sang français ! Ce soir... je vous dis : mes amis, mes amis réunissons-nous et tous ensemble crions : Vive Maubeuge ! Vive la République ! Vive la France !...  à quelle heure mon train déjà?
    Et la salle de reprendre émue, conquise et pacifiée :
    -A quelle heure son train déjà?
    Il en rigolait Poitrenaud, c'était son père qui lui avait raconté l'épopée :
    -Vu qu'il était dans la salle le cocu du jour. De toutes les manières c'était pas le genre à se formaliser pour ces choses-là, mon vieux, et quand je me suis annoncé, que Maman a bien été obligé de lui raconter la chose, y avait beau temps qu'y couchaient plus ensemble pour pas se dépenser inutilement et laisser tomber le chiffre d'affaire, il a sablé le champagne, pensez il avait enfin un successeur pour la quincaillerie, sans compter qu'il était pas le seul à avoir rentré du bois dans la circonscription, vu que le candidat on l'a jamais revu... Ouais il est mort l'hiver dernier p'pa et y me manque sacrément.
    Il a conclu Pointrenaud nostalgique.<o:p> </o:p>
    Il y avait de l'ambiance maintenant, chacun d'y aller de son histoire et même le Blanzillac de la Hure, authentique baron de la III°, dont la Mitérance avait déshonoré la mère du temps où il était ministre des Colonies, il faut dire aussi que le papa, conseiller général de Bergerac avait pris pour habitude commode d'envoyer sa femme toujours en éclaireur dans les affaires délicates et dangereuses, et c'était comme ça que les allemands, puis les américains l'avaient eu pour même pas la moitié du prix catalogue la baronne, comment elle avait fini sous l'excellence la reine-mère, ça restait embrouillé :
    -Je crois une histoire de détaxe pour du tabac importé non déclaré... en tout cas une belle affaire.
    C'était le principal, l'honneur des Blanzillac de la Hure était à ce prix... hors-taxe.
    -Et moi ! Et moi ! Il entre au Bureau de la Ferté-Andenis où Maman était receveuse, il demande Paris, le temps qu'il obtienne la communication, c'était fait... faut dire aussi qu'il y avait de l'attente pour Paris à l'époque.
    On faisait du bruit, moi le premier, je gueulais plus fort que tous, peut-être pour qu'il m'entende? On était toujours comme des mômes dans un réfectoire de pension de province, mais le pion était parti et quand le maître d'hôtel a annoncé le dessert :
    -Blanc-manger aux cerises !
    Alors là ça a été l'explosion.
    D'abord on attendait la bûche et puis pensez du fromage blanc. J'ai eu vite fait de lui faire prendre l'air au mien. Tout le monde s'y est mis, même Padillac.
    Soudain la porte s'est ouverte et « il » a passé la tête, et sans doute qu'il a regretté tout de suite son geste, l'auguste, pasque qu'est-ce qu'y s'est pris dans la tronche, blanc de Suisse qu'il était revenu et il s'est retiré aussi sec, s'il l'avait fait plus tôt et tout au long de sa carrière vaudevillesque, il aurait pas eu à se démaquiller ce soir.<o:p> </o:p>
    Probable qu'il nous en a voulu parce qu'on l'a plus revu de la journée et un conseiller est venu nous conseiller d'aller nous faire conseiller ailleurs.
    -C'est comme ça que ça se passe d'habitude ? J'ai demandé à un ancien.
    -Ah non, on peut dire que tu as mis de l'ambiance toi... non d'habitude, il arrive quand on est encore au dessert, il fait son petit tour d'inspection, il nous regarde d'assez prés comme il visiterait une ménagerie, nous on la ferme parce qu'on est intimidé, lui il dit rien, nous refile à chacun une photo de lui...
    -Dédicacée ?
    -Surtout pas ! Et il se casse satisfait. Tu vois ça fait quatre ans que je viens et tout ce que je peux te dire de ce mec-là, qui est mon père, c'est qu'il sent de la gueule. <o:p> </o:p>

    *

    <o:p> </o:p> C'est un peu après que j'ai quitté l'école pour de bon, classe de la classe, je manquais vraiment trop de conscience de classe, et puis ça virait un peu trop jeune garde, mes mauvaises fréquentations je préférais me les choisir moi-même parce qu'entre amis on ne marche pas au pas, jamais, népa.
    On était pourtant pas loin de la chute du mur mais ils voyaient pas les fissures, les malfaçons, pire ils étaient comme des petits fonctionnaires qui seraient passés à côté de leur vocation d'artisse et reporteraient toutes leurs espérances sur le fiston : tu feras homme nouveau mon fils !
    J'ai glandé quelques mois, ça plaisait pas trop à Maman :
    -Le mur y tient tout seul pas besoin de toi pour le soutenir. Cherche un peu à t'occuper mon fils, trouve-toi un métier...
    Je visais plus haut, une vocation.
    J'aurais pu faire dealer à Félix Dzjerzinski, mais les Mokhrane et les Mhetlaoui qui tenaient la cité m'appréciaient peu, ils disaient que j'étais un branleur, eux se prenaient pour des buzinaissemane parce qu'il roulaient en Béeuhm et avaient racheté la moitié de Casa, mais pour la drogue tous les cons sont bons, y suffit de pas avoir de moralité et de marcher avec le Diable, eux y touchaient même des subventions de la mairie pour leur assocs de réinsertion, pourtant l'ainé des Mokhrane  savait même pas lire et il avait pissé dans sa culotte jusqu'à ses quinze ans révolus.
    Pour pas désespérer maman que je suis entré dans la carrière diplomatique et sans piston encore.
    Je suis devenu Ambassadeur... du tri des poubelles à Bezons dans le cadre de la campagne nationale :  « Et zou je me la mets dans le bon trou ! » puis Ambassadeur de la propreté et des merdes de chien à Paris, campagne: « A la chienne citoyenne ». 
    Je prenais du grade, pensez la ville lumière pour un diplômate, à mon âge, ce qu'il y avait de plus chiant c'était tous ces petits bourges merdeux en patins à roulette qui me félicitaient de mon action, surtout qu'il y avait pas mal de tantes parmi eux, faut dire que Paris ça ressemblait de plus en plus à l'hiver dans les îles grecques.
    Après j'ai décroché un emploi jeune: cireur de pompe à Caracas... pardon Roissy-Charles de Gaulle-Etoile, il y avait même une formation qualifiante de six mois, sauf que j'ai toujours été un peu daltonien et que ça donnait mal en couleurs, mes coups de brosse à reluire.
    Bien sûr que le petit blanc sec qui avait inventé toutes ses conneries dans un arrière boudoir de ministère nous chiait dessus comme il avait méprisé nos pères ou mon oncle Mostaph, pour autant est-ce qu'il payait pas ses impôts rectum et militait pas large contre la bête immonde qui monte, qui monte... j'avais pas à me plaindre, y avait qu'à voir mes copains gaulois, les Fiocca, Vaugrand et Pomallo qui avaient eux aussi lâché l'école, ils pressaient des oranges gare du nord dans le cadre de l'opération: « Toujours ça de moins dans les statistiques. » <o:p> </o:p>

    *

    <o:p> </o:p> Et puis un jour j'ai tringlé par hasard une gonzesse qui bossait dans la télé, et c'est méritoire parce qu'il y a pas beaucoup de place dan' une télé.
    La seule gonzesse que j'ai jamais réussie, ma seule victoire homologuée mais alors ce qui s'appelle réussir, elle arrêtait pas de crier, de mordre, de griffer et de fuir par tous les orifices, on se serait cru sur le Titanic mais sans la réserve britiche.
    D'ordinaire ça venait pas toujours aussi bien, quand j'étais môme je me démerdais pour que maman me fasse dispenser de gynastique, alors la culture physique même passionnel, dire que ça a jamais été tellement mon truc, mais enfin là avec ce qu'elle se dépensait, s'emmanchait, se démanchait, la virtuose de la plomberie, j'avais plus rien à faire, juste garder le chalumeau au chaud, l'azimut à zéro et penser à l'Angleterre.
    Le mec qui pense à bander, tenir bien ferme les poignées, conserver l'allure, surveiller la mature, border le phoque (pour qu'il dorme bien), moi ça m'épate, on y pense pas mais c'est un vrai métier de terrassier, enfin comme ça se pratique aujourd'hui par ceux de la soif, parce que le Mauriac Raymond qui était une belle feignasse comme souvent les barbeaux surtout s'ils sont aussi écrivains (ou l'inverse), lui il avait sa méthode bien lingée:
    -Jamais plus de dix coups de lime, ça doit venir tout seul, c'est folie de mettre une frangine sur l'établi tant qu'elle a pas été  tracée, préparée, travaillée et lubrifiée correctly, sans quoi l'homme à s'époumonner sur le beafsteak, il y perd la santé et le respect de la dame.
    A l'époque je faisais dans le social, je l'ai jamais écrit à Mauriac Raymond mais j'ai eu une courte période sociale dans ma vie, je faisais médiateur de terrain à Pantin, ça voulait dire que je me prenais des coups de boule en m'interposant dans des histoires d'autoradios volés, dont j'avais rien que foutre vu que j'écoute pas la radio.
    Marie-Ange Cruchon elle s'appellait, la fille de la tévé, Marie-Vidange ils l'appelaient les petits merdeux de sa boîte parce qu'elle vous vidangeait une braguette entre deux départs d'ascenseur.
    Elle m'a présenté à son chef d'escâle, un jeune con qui portait des couettes, c'était la mode cette année-là, ils avaient commencé avec le genre catogan et puis ça avait dérivé vers les nattes.
    Ch'ais pas si vous vous souvenez, mais ça faisait drôle tous ces mecs déguisés en Sheila.
    Soudain il a eu une illumination:
    -... tiens mais j'y pense à Canaille Paluche, ils cherchent des  ar... des types de son genre... enfin des gens comme ça.
    Sûr que lui aussi il voulait bien faire et de fait, ils m'ont pris là-bas, j'avais les qualités requises, j'étais suffisament ar... et donc supposément analphabête et possiblement sta... giaire.<o:p> </o:p>

    *

    <o:p> </o:p> Très vite j'ai découvert que c'était Noël toute l'année dans le coin, il y avait de la neige et des putes (stagiaires) partout et tout le monde se payait tout le temps des cadeaux, des montres Rolex et des Porsches avec l'argent du contribuable, pardon de l'abonné, un miracle: la transformation du tribuable en abonné forcé, une rafle télévisuelle, la razzia monstre digne de Morgan le pirate ou plutôt des frères de la côte.
    Le marché noir institutionnel, ils avaient organisé la pénurie on pouvait plus sortir de fric de France et même on commençait la distribution des cartes et des ticksons, ça ressemblait de plus en plus à l'Albanie septentrionale et la télé d'état nous passait un mache de foot seulement les veilles d'élections ou pour commémorer le grand soir: le 10 Mai  et clac d'un coup la manne divine!
    -Vous voulez des pneus de traction, du chocolat suisse et du foteballe et en prîme une petite branlette ça vous direz, venez icigo c'est 200 balles le tickson !
    On était tous comme en taule, la France se mettait sur les pointes pour voir l'aube nouvelle du socialisme et cantinait pour s'offrir sa branlette mensuelle.
    Ouais c'est de là que la France s'est mise à fantasmer et à se branler à sec et elle a plus jamais arrêté depuis.
    C'est ce qui me fait marrer de penser qu'y a quelque part dans un... un cabinet, ben tiens pensez don', un conseiller à la communication en charge de la branlette nationale, du menu du jour.
    Il y a eu la branlette anti-Flan-National, anti-racisses, anti-tabacquirendsourd, anti-Paponpetitpatapon, anti-antipédés, anti-tomobilisses,  chaque semaine y avait un sujet d'affiché dans la presse et à la télé et y fallait s'y mettre (façon de parler), normalement la branlette ça demande un minimum d'adhésion, nous on a inventé la branlette répulsive ça colle aux doigts tout pareil, et pouah c'est dégoutant  et ça rend con mais on y revient toujours comme chez Félix Potin avant-guerre.<o:p> </o:p>
    Nous à la maison on osait pas dire à maman qu'on aurait bien voulu l'avoir Canaille paluche, mais ça coûtait chérôt... mais quand même je sais pas comment elle a fait, mais elle nous l'a offert pour Noël.
    Je crois que c'est Perez y Perez qui nous avait bricolé une carte pirate, parce qu'avec ses cousins il s'était mis sérieusement à « L'électricité pratique ou comment entuber ces gros-là en vingt leçons » à preuve, chaque fois qu'on allait le voir ils s'éclairaient à la bougie parce que les plombs arrêtaient pas de sauter dans leur caravane.<o:p> </o:p><o:p> </o:p>

    *

    <o:p> </o:p>C'est là, dans les bureaux, que j'ai retrouvé Pontdezig et Du Pouët deux de mes demis-frères, parce qu'il y avait des places réservées ici pour les batards de M. le Modique.
    -Comment t'étais pas au courant ?
    -Ben non, pourquoi il y a eu une circulaire d'imprimé, moi j'ai rien reçu sans quoi je serais venu plus tôt.
    Et c'était vrai qu'on avait pas eu de visite de motard depuis quelque temps.
    -Enfin merde ton traitant des R.G aurait pu te renseigner.
    -Mon quoi ?
    Alors là ils m'ont expliqué que chacun d'entre nous avait un inspecteur des Renseignements Généreux  qui nous drivait, nous conseillait (c'était le côté « renseignements », ils avaient tous un guide de Paris dans la poche) en même temps qu'ils nous surveillaient, histoire qu'on fasse pas trop de conneries ou qu'on se répande pas dans la presse ( ça c'était le côté « généreux »).
    -... mais si t'en as sûrement un, écoute t'as dû tomber sur un pudique, un timide...
    -Ou alors il a des consignes pour pas se faire connaître à cause que t'es arabe.
    -Ah tu crois que ça joue...
    -Ouais, ouais tout compte, ça reste l'administration, voilà ce qu'on va faire, le mien est pas bien vaillant il est à deux ans de la retraite, il pense qu'à sa gaule et à la pêche en rivière, je vais le lâcher gentiment ce soir et je te filerais en douce, je suis sûr qu'on pourra faire lever le tien.
    Sympa les demi-frérôts, népa, on était vraiment une grande famille.     
     Le soir Pontdezig et Dupouët m'ont donné rendez-vous dans un café :
    -Ah ben pour pas le voir celui-là, il faut que tu sois bigle, un gros con du sud-ouest, l'inspecteur Jean Jean, qu'il s'appelle, pas difficile à retenir, tiens, tu vois c'est çui-là... là-bas au rade, le gros lard qui boit une bière.
    J'ai regardé vers le bar, le type était un costaud, il tenait du fils Mazzollini mais en plus mûr, rougeaud, sanguin, habillé en confection mais dans le genre soyeux, technico-commercial, il vendait quoi lui, des baffes et des fers à souder au porte à porte, représentant en farces d'état et attrapes diverses, quatre collections dans l'année, travail au coupon et au chalumeau, et que du premier choix, pur couenne.
    -D'après ce que le mien m'a dit, c'est pas vraiment le raisonnement scholastique qui l'anime le tien, il aurait même fait pas mal de bavures dans le passé, le genre qui frappe d'abord et qui oublie de raisonner après.
    -Tu veux que je te dise, a ajouté Dupouët m'est avis que tu leur fous les chocottes, sans quoi y t'aurait pas refilé un type comme ça, c'est un primaire, il marche à la culture orale, on peut pas lui passer la consigne par écrit, il sait pas lire, c'est pas le genre compromettant parce qu'on peut toujours l'abandonner en forêt comme un clébard en cas de coup dur, mais lui on est sûr qu'il retrouvera pas son chemin .
    On parlait fort et on se marrait bien tous les trois en dévisageant le gros con, et c'était pas difficile de deviner que l'autre avait du mal à se contenir, ah ils nous auraient bien allumés s'il y avait pas eu cette putain de consigne !
    -Vous voulez dire que c'est un tueur ?
    -Ben, à l'occasion, oui sans doute, paraît qu'avant il était à la mondaine et il avait trois tapins au bois en multipropriété avec des corses. A ta place je me méfierai de ce mec, c'est ni un vrai flic ni un vrai truand, il cherche encore sa vocation mais ça m'étonnerait fort qu'il finisse à la grande Chartreuse.
    -Et je vais me le coltiner longtemps ?
    -Ah ça, au moins jusqu'au sixiéme mandat de Dieu le père. Oh je dis pas que les nôtres soient tellement mieux mais ils ont le côté rassurant du fonctionnaire... tiens regarde le mien, c'est le petit gros qui lit Paris-Turf, l'inspecteur Durcasse, dit Dudu, y pense qu'à ça le turf, mais c'est pas le genre flambeur, il joue petit jeu trois fois la semaine et le reste du temps il recompte ses points retraite.
    -Le mien c'est le grand maigre à moutaches qui cause avec le patron, un auvergnat lui aussi, y a que la pêche qui compte pour lui et le plus marrant c'est qu'il a jamais pêché un poiscaille de sa vie, mais il sait tout sur les moulinets et les vifs, il a décidé que la pêche c'était sa terre promise et qu'une fois à la retraite il s'y mettrait huit heures par jour, c'est un môme rêveur... de cinquante–cinq balais...
    -Ouais c'est sûr j'échangerais bien.
    -Crois pas ça c'est les mecs comme ça qui sont souvent les plus dangereux, un coup de panique ici et il te flingue la dame-pipi. Au fond t'as peut-être pas tiré le mauvais numéro, avec du fric on doit pouvoir s'arranger avec le tien.
    -Ouais mais manque de bol j'en ai pas, je suis smicard stagiaire, ça fait pas lourd.  
    -T'as de la tchatche, tu peux faire carrière à la télé si tu veux bien te déguiser en vendeur de souk, c'est comme ça qu'ils vous voient en ce moment. Ouais tu peux réussir, regarde Choupetta, le trou du cul qui présente la météo sur la chaîne, il est de la famille lui aussi.
    -Je l'ai pas vu à l'arbre de Noël des batards.
    -Il était excusé, maintenant qu'il est un peu connu, y a des précautions à prendre.
    -C'est une vraie salope ce mec, sans doute son côté vicelard qui a plu à l'engendreur.
    L'engendreur c'était comme ça que Dupouët l'appelait notre père. 
    -Tu sais y a pas mal de vedettes de l'actualité et du spectak qui viennent comme ça de la couille gauche de Jupiter.
    -Ah ouais, et qui ça par esemple ?
    -Ch'ais pas moi, tiens Zootlmelk, ancien vainqueur du tour, l'engendreur, à l'époque, en 51, il avait suivi trois étapes du tour dans la bagnole de Félix Lévitan, un soir à l'étape, il avise un petite belge boulôtte et crac il te l'enjambe dans la voiture-balai, elle était stagiaire distributrice d'échantillons pour la lotion Pédibus, tu peux te renseigner, Joop en haut-flamand ça veut dire: « le fils du petit chef blanc qui tronche les stagiaires à l'arrière des camionnettes Citroën ». Et dans les trente années plus tard le fiston lui-même faisait le pèlerinage de la sueur sur les pentes du Tourmalet où il avait été conçu et j'ajoute: fidélité émouvante au souvenir, l'engendreur qui est un grand marcheur comme tu le sais par Paris-Macheu il utilise toujours la Lotion Pédibus contre la sudation excessive des pieds...
    -Et le Jaunie, le grand Jaunie Alité, l'idole des moins jeunes devenus des vieux cons, la maman faisait un numéro de cirque, contorsionniste, comme ça qu'il s'est choppé une sciatique le vieux.
    J'en revenais pas ! Quoixe le grand Zoutelmelk dont j'avais tous les disques à la maison !
    -Allez arrêtez ça, vous déconnez !
    -Qui sait ? Tu veux qu'on demande à l'Inspecteur Jean-Jean.
    Le Jean-Jean il en était à sa quatriéme Gueuze, et c'était visible qu'il avait la bière mauvaise, il voyait bien qu'on se foutait de lui, à un moment il a fait mouvement vers nous, tout fumasse.
    -Ah le con ! a murmuré Pontdezig.
    L'inspecteur Jean-Jean venait de sortir son 357/6 pouces de chez Manhurin et fils.
    Aussitôt tous les trois, et dans un mouvement simultané, chorégraphique, un peu à la manière des clodettes, nous serrâmes unanimement les fesses, en attendant le pire, la bavure d'anthologie, mieux que le coup du roi, la triplette impériale, le... 
    Pas le temps de servir au lecteur mon ultîme pensée, le pèpère à Dupouët, le Dudu, la rondeur qui s'appuyait Paris-Turf sans qu'on s'en gaffe  lui avait sauté dans les jambes, l'avait plaqué, ceinturé, accommodé à sa façon et c'était pas facile tant le gros bœuf il était fumaga, mais il avait ses prises à lui, brevetées d'état-major, l'Inspecteur Dudu, vrai il était beau à voir dans l'effort, plus rien du turfiste, tout du professionnel.
    -Venez les mecs c'est le moment de se tirer ! A décrêté Dupouët.<o:p> </o:p>
    On a pas mis longtemps à se retrouver sur le boulevard et sauter dans un taxi :
    -Putain ça a été juste ! A dit Pontdezig. Dis donc t'es assez fouteur de merde dans ton genre, toi!
    -C'est vous aussi avec vos conneries! Je me suis défendu.
    -Remarquez que les consos sont pour eux ! A rigolé Dupouët.
    -Allez les mecs pour vous remettre de vos émotions on va partouzer a proposé Pontdezig.
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  • <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p> 3.<o:p> </o:p><o:p> </o:p>
    Ce que je me rappelle aussi ça a été ma première piéce de théatre. C'est Jean-Fernand Lecoïtteux qui s'occupait de la M.J.C Nelson Allenda et de la programmation théatrale de la salle des fêtes Salvator Adamo... non c'était un autre nom de chanteur: Mandelo je crois, lui qui a décidé de mobiliser les mômes des écoles pour faire un truc contre le racisme et la montée du... tsoin... tsoin...
    C'était un imaginatif.
    A l'époque c'était commak, on imagine pas népa, c'était p'us les militaires qu'on mobilisait, mais nous les mômes, et on avait intérêt à présenter un livret militant à jour, surtout, moi, vu que comme j'étais « concerné » comme « ils » disaient, j'étais dans les premiers à partir pour le front... de la culture, pourtant maman voulait pas en entendre parler de ces trucs-là, elle disait, les gens il faut les prendre un par un, elle pensait que les foules c'était des lieux de perdition .
    Les profs il voulait me faire découvrir mon arabitude :
    -Toi tu es né où ?
    -Béh à Bézons ?
    -Non mais je veux dire tu viens d'où ?
    -Béh de Bézons ?
    -Attends ! attends mais tu vas où comme ça ?
    -Béh nulle part je reste à Bézons.
    -Non tu ne comprends pas tu n'es pas comme les autres ?
    -Vous voulez dire... à cause... à cause du zob ?
    Mais en face ça rigolait pas et le prof d'éthique social (c'est pas traduisible en français) y jouait les serre-files et y répétait qu'y fallait se dresser (je pensais à Raymond quand y disait ça et je me marrais) contre le Flan National.
    Moi je connaissais un peu la question vu que Marcel Shrbznskzyk mon beau-père il en était, rapport qu'y trouvait qu'y avait trop d'étrangers par chez nous.
    Et quand je lui demandais de quoi ça causait, y me répondait :
    -... eh ben...
    -Y sont contre le smic et la sécu peut-être ?
    -Ben non.
    -Y veulent peut-être baisser la retraite des vieux et les allocs?
    -Non mais t'y penses pas fiston.
    -Y z'ont sans doute dans l'idée de développer les libertés z'économiques  et de p'us indemniser les chom'dus?
    -Surtout pas malheureux !
    -Eh ben quoi alors ?
     -Alors... alors c'est tout pareil que la sociale sauf que c'est Le Flan National, le seul vrai flan... eh ben qui  soye national quoi.
    Ouais ça m'avait pas non plus tellement convaincu.<o:p> </o:p>


    *

    Bref je me suis retrouvé dans la troupe, pour les répétitions on cantonnait à la M.J.C. Ce qu'il voulait le Fernanbel, c'était comme ça que tout le monde l'appellait le Jean-Fernand Lecoïtteux, rapport à Fernandel sauf que lui on avait transformé en Fernanbel parce que c'était un homme de gauche, de la gauche qui se touche, celle qui répéte toujours les mêmes choses (pasqu'on les répéte jamais assez), le racisme, le fachisme, les bulles dans le Vichy, les heures les plus sombres de notre histoire, Fernand bêle quoi, ouais ce qu'il voulait c'était de la disciplîne ce qu'ils aiment bien ces types-là c'est la manœuvre, leur côté adjudant, au vrai y a pas plus culottes de peau que ces cons-là et entre chiens de quartier il font même des concours de celui qu'aura collé le plus beau motif.
    « .. la discipline qui est la force principale des collectifs-associatifs.... »
    Voir comment qu'y potassent leur manuel d'infanterie à l'usage des sous-offs et caporaux culturels, faire défiler la piétaille, bouger leur monde tous ensemble, les trucs de masse,  et que ça obéisse au sifflet ou plutôt au pipeau parce que la seule différence entre les flics et eux c'est que les flics vous font marcher au sifflet et eux au pipeau.
    Et puis il y avait l'innénarable (combien de n à innénarables ? J'en mets trois des fois qu'on vienne à manquer.) style troupier brechto-coréen du nord.
    Comme les feuilletons sociaux de la Tévé, vous avez l'impression de vous appuyer des trucs chinois des années 70, L'héroïque chef de la Gare 782, le matin glorieux de l'assistante-sociale du groupement 813.
    Loin, très loin de Mauriac Raymond. Avec des bons flics non fumeurs qui passent à tabac (parce que c'est des répressifs ces bougres-là, pas du gentil anar qui cultive son herbe et saute ses chèvres, non, non du bon bourgeois catéchuméne de la nouvelle religion) le méchant  déviationniste.
    En ce moment il passait un épisode du Commissaire N. où Roger H. que Maman avait connu bouilleur de député-maire était passé commissaire du peuple assermenté contre les réactionnaires paysans de la ferme collective 804. <o:p> </o:p>
    Son assistante Destop Chapoteau (Destop parce que sa mère quand elle l'attendait avait essayé de se la faire passer au Débouche-chiotte, un truc de bonne femme ) et comme elle avait pas réussi (et c'était plutôt dommage) pour commémorer tendrement elle l'avait baptisé commak, aussi pour emmerder l'officier d'état-civil, c'est dire qu'elle militait depuis le berceau Miss Débouche-chiottes et que c'était pas ça qui lui avait tellement ouvert l'esprit. Donc pour commencer, sur instructions cachetés de Fernanbêl,  Miss Destop nous a séparé en groupes, les blancs à droite, les arabes et les noirs à gauche, mon copain Touki qui avait une maman flamande et un papa martiniquais, elle savait pas où le carrer, elle lui a fait ouvrir la bouche pour regarder les dents :
    -La dentition, ça trompe pas, ça la dentition ! Ouais allez à gauche.
    Après on a répété, la piéce était de Fernanbel, pour ce que je connaissais du théatre ça m'avait l'air très premier degré et pas bien torché, il aurait mieux fait de demander à Mauriac Raymond, il m'avait raconté comment qu'il écrivait dans les années cinquante en une soirée des piéces pour le Théatre du Grand Guignol.
    Le Fernanbel, lui c'était comme tous ces apparatchiks cultureux: un pue la sueur, une feignasse et un trembleur,  « il serait jamais assez seul ce type » comme disait Raymond quand y causait de ç't engeance là ! <o:p> </o:p>


    *

    Et puis un jour le Fernanbel il a privé de goûter le groupe des blancs.
    -Ben pourquoi monsieur ? C'est dégueulasse ? Il a demandé Touki.
    -Comme ça parce que je l'ai décidé et pour qu'« ils » comprennent bien ce que c'est le racisme ordinaire.
    Nous on leur a passé de la bouffe aux blancs mais c'était pas bien fameux pour l'ambiance.
    Après il nous a fait asseoir pendant que les blancs restaient debout, au bout d'un moment le fils Mazzolini  des transports Mazzolini  il a dit :
    -Bon ben ça me fait trop chier votre truc!
    Et il s'est barré, ils l'ont laissé passer parce qu'il faisait déjà pas loin de ses quatre-vingts kilos, il jouait au rugby comme le père Mazzolini des Transports Mazzolini.
    -Un fachisse comme son camionneur de père ! N'oubliez pas que ce sont les camionneurs qui ont installé Pinochet !
    Et c'est là qu'il s'est pris sa première baffe de la tournée le Fernanbel parce que le Pascal Mazzolini des Transports Mazzolini il avait pas trouvé la sortie et il était revenu pour demander poliment parousque ça se trouvait .
    Miss Destop lui a gentiment indiqué en ramassant Fernandbêl qui geignait là où il avait atterri : bien après le huitiéme rang.
    Mais ça l'a pas calmé Fernanbêl au contraire il en a rajouté à chaque séance, dans le genre vexation, et le plus marrant c'est que peu à peu tout le monde acceptait ça, comme principes de base et morale commune, la guerre de position et la loi de Fernanbel, même notre prof principal Madame Sylvie Pons, qui était gentille mais conne, mais lâche, mais gentille, mais prof quoi.
    Moi j'aurais bien renaudé, j'étais un peu des transports Mazzolini par le beau-père mais je faisais pas 80 kilos et je jouais pas au rugby, il y avait plein de barbus qui venaient voir l'espérience théatreuse et qui nous regardaient comme des animaux, même des types du Ministère.
    Le mieux c'est qu'au bout de quinze jours la haîne était bien installée entre nous et qu'on se causait plus entre blancs et noirs, ah là ce qu'y godait le Fernanbel ! Et la Miss Destop qui était toute mouillée, elle aussi !
    -Oui ça vient bien, je suis content, il répétait l'auteur en nous regardant, s'entrefoutre sur la gueule pour n'importe quoi.<o:p> </o:p>


    *

     Et moi comme un con je sais pas comment un jour de répétitions où ça valsait sévére, je me suis retrouvé au milieu et puis en dessous et je me suis réveillé à l'hosto et Etienne d'O. quand je suis sorti devant les caméras du journal de FR.3 de 19 heures 12, il a dénoncé le retour de la bête immonde et Maman qui le connaissait par cœur le bonhomme elle lui a balancé son bouquet à travers la gueule et elle lui a dit :
    -Lui, il ramasse son os et il retourne à la niche !
    Au passage Perez y Perez qui accompagnait Maman il lui a mis un gentil coup de genou dans les couilles eh ben ça l'a pas arrêté Etienne d'O. et y fallait le voir cassé en deux et se tenant les balloches, se forcer à sourire et lever le bouquet en l'air comme un vainqueur du maillot à point dans le Tour de France pendant que nous on repartait tous ensemble dignement dans la bagnole à caravane du Cirque Jean Richard Jaune et rouge de Perez y Perez.
    Mais sur France 3 au journal de 23 heures 13 on a vu que le discours d'Etienne d'O. pas l'arrivée de l'étape ni le départ de la caravane.


    4.

    Pour en revenir aux motards, un jour y s'en est pointé un et il avait une lettre de la Présidence, mais c'était pas pour maman, c'était à moi qu'elle était adressée: une invitation pour aller bouffer à l'Elysée pour Noël.
    Vrai, Maman elle m'a récuré pendant trois jours, il fallait voir comme j'étais beau au final, les santiags cirées, l'authentique cravate en soie phosphorescente et la chemise rose à jabot de dentelles moussantes que m'avait refilées Perez y Perez avec son costard de gala à rayures larges rouges et noires.
    Il faut dire que pour Maman le gitan c'était le modèle insurpassable de l'élégance masculine.
    C'est d'ailleurs lui qui m'a accompagné jusqu'à l'Elysée dans une Mercedes rose qu'il venait de lever. Dés qu'on s'est pointé ils ont remonté le pont-levis, fait tomber la herse et regarnit les crêneaux en archers ça a vite pleuvu des hallebardes et le GIGN nous est tombé sur le rable.
    Résultat on s'est retrouvé tous les deux à poils dans le poste de police du palais.<o:p> </o:p>
    Heureusement Perez y Perez avait eu le temps dans un réflexe de grand taulard de se carrer mon invitation dans l'orifice et dés qu'il a eu les mains libres il est allé à la pêche et il l'a ramené en surface, un peu chauffée (il bouffait vachement pimenté le grand d'Espagne) mais encore lisible, même par un gendarme.
    Alors ils te nous ont tous salué et on a pu se rhabiller. <o:p> </o:p>


    *

    Quand même ça m'a mis en retard toutes ces formalités et quand je me suis arrivé dans la salle à manger ils étaient déjà tous à table et là où j'ai été déçu c'est quand je me suis aperçu que le Mitérance il était pas là. Autour de la table il y avaient une vingtaine de personnes, que des garçons, ça allait de cinq à cinquante ans, ils bouffaient leur consommé en faisant des slurp plus ou moins sonores, au vrai je me serais cru dans un réfectoire de pension de province, d'abord je leur ai trouvé à tous d'assez tristes gueules. Sans doute que la soupe devait pas êt' bien fameuse, on m'a avancé une assiette et une chaise, je m'y suis collé avec les autres, c'était froid. On avait même pas vue sur les jardins mais sur un coin de cour pisseux et le service était plutôt du style fonctionnaire de base vite fait, mal fait, ça te singeait l'ancien régîme mais il y avait toujours un petit détail soviétique qui vous rappelait qu'on  était bien en république et que la grâce et la haute civilisation avait déserté pour de bon, pli de nappe trop marqué ou traces de doigts sur les cristaux d'un peigne-cul de service.    
    Le môme qui était à côté de moi et qui était le benjamin de l'équipe faisait des efforts visibles pour finir sa soupe :
    -Si t'en as marre t'as qu'à me la refiler. Je lui ai proposé, parce que depuis tout môme les mômes ça me fait chialer.
    -C'est vrai toi t'aimes cha la choupe toi ?
    -Non, mais je me démerderai pour la faire passer.<o:p> </o:p>
    Et au premier entracte j'ai balancé la collecte de soupe que j'avais organisée dans la plante verte la plus prôche, ouverte l'après-midi, elle a pas trop apprécié, elle a fait gluurb ! et elle a perdu de l'altitude et du maintien.<o:p> </o:p>
    Le plus vieux parmi les anciens, un type propret, 70% couennerie, 25 % Dralon et 5 % fibres divers a protesté :
    -Allons, allons un peu de tenue, pour les nouveaux arrivants je leur rappelle que nous avons l'honneur d'être invités dans un palais de la République.
    -Un meublé de la république tu veux dire ! A rectifié un autre type que j'avais pas remarqué jusque là, il devait avoir dans les quarante ans et portait une énorme barbe, des lunettes épaisses en fausse écaille et un pull détricoté qui le vieillissait un peu plus, il était à la limite de la cloche et lui n'avait pas fait d'effort de présentation.
    Après la soupe il y avait du roastbeef trop cuit et j'ai découpé les tranches du môme qui y arrivait pas, les patates sautées avaient pas dû sauter bien haut ou elles étaient retombées trop fort, elles étaient toutes molles:
    -Y'a pas des frites... le bisteck c'est bon avec les frites !
    -Mais sûr qu'y en a, y a qu'à demander... garçon deux portions de frites en terrasse !
    Ma commande a réveillé le mec en veste blanche qui ronflait dans un coin, il s'est à moitié écroulé et puis y  s'est cassé, sans doute pour demander des ordres, il a pas mis dix minutes avant de revenir avec des frites.. molles. 
    Le môme était content, moi j'ai arrêté là les frais et j'ai allumé une Marlboro.
    -Voilà la tabagie qui commence a dit l'ancien !
    -Padillac !
    -Oui.
    -Merde !
    C'était l'un des deux jumeaux qui étaient en face de nous qui venait d'assaisonner l'ancien, Padillac donc.
    Ils avaient dans les vingt balais, et sentaient leur XVI° à plein nez, portant blazer et cravate crânement :
    -Nous c'est les frères Ribaudeau-Potard, Jean-François et Jean-Louis... t'es nouveau, toi t'étais pas là l'année dernière ?
    -Ah non... c'est la première fois, mais au juste c'est quoi ça ?
    -Le souper des batards. Tu n'étais pas au courant. Commémoration annuelle depuis qu'il a pris l'Elysée et les champs environnants.
    -Les nistons à Jupiter. Le club le plus privé sinon le plus sélect ou le moins fourni de Paris. A précisé un grand pédé tout en jambes qui avait gardé son imperméable. (à suivre...)
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  • Si vous aimez le ton de Urbane Tattack, découvrez des nouvelles inédites et des romans de H.T.Fumiganza, L.Benayak, Néoletto et bien d'autres sur le site de l'Urbaine des Arts: http://lurbaine.net

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  • Je lisais beaucoup aussi, mais pas ce qui était au programme, même au lycée Mauriac j'évitais Mauriac, au début il s'appellait François Mauriac, notre lycée, en hômmage au grand homme qui venait de clancher et puis on a fait remarquer à Etienne d'O. que le ci-devant était  quand même bien vérolé gaulliste et catholique même si... et qu'il serait préférable... et Etienne d'O. se l'était pas fait répéter deux fois le sous-entendu, aussi sec il avait cherché un Mauriac qui soye plus présentable y s'était dit que commak il allait faire des éconocroques sur les cérémonies et le ruban et qu'en se démerdant bien il pourrait se les mettre dans la poche les sus-dits éconocroques, vu qu'il avait plus qu'à changer l'initial du prénom et en cherchant bien il en avait trouvé un de Mauriac, Raymond Mauriac, 1922-19..) une gloire locale qui avait écrit des conneries (les bonnes cette fois) et fait des trucs dans la résistance (à la streptomycine) et participé à la libération de Bezons (qui avait été libéré trente-sept fois à la suite en 44 même les allemands avaient eut droit à la médaille commémmorative en partant, on était jumelé avec la ville de Reichenburg et le bourgmestre Herr Wolfhardt qui nous visitait quelques fois était un ancien commandant de U.Boot plutôt nostalgique du plus grand reich. )

    Et hop le Etienne d'O. il fait changer le A par un R et le tour est joué et puis manque de pot ce qu'il savait pas c'était que le Raymond il était toujours vivant dans son petit pavillon, poivrot et pétardier et il a insisté pour qu'on se l'inaugure à nouveau l'établissement, en sa présence, fallait voir le festival qu'il nous a fait, il a même tenté d'entrer par effraction dans la surgé. Une petite boulotte, très vacharde, toute rosette qu'on lui avait sans doute jamais coupé le ruban.



      *

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Le plus marrant ça a été quand il a fallu s'appuyer ses œuvres complétes, le Raymond c'était plutôt un beau dégueulasse, il avait bien sûr écrit quelques vastes et pontifiants attendus sur l'état du monde et ousque ça allait nous conduire tout ça ma bonne dame, dés qu'il en avait un coup dans le nez, il virait prétentiard et se lançait dans la vastitude la tête en avant mais pour le reste, sa littérature, c'était pas le nœud de vipères mais plutôt le nœud de Raymond, un luron qui avait fait dans la littérature policière et galante pour voyageur de commerce en attente de correspondance: immortel auteur de : « la fleur de rose expliquée aux jeunes fille, de  choses bues et à boire et de Pompino, garçon d'étage. »
    Moi ça me plaisait bien, l'oncle Mostaph qui était de ses lecteurs avait laissé une caisse de ses romans policiers, chouettes bouquins où que les coupab'étaient jamais punis, il pardonnait à tout va le Raymond Mauriac et c'est plutôt rare chez l'écrivaillon, dés que vous donnez un stylo à un type, il se met à écrire dans la marge en rouge, à souligner la prose fautive des autres ou à s'inventer des individus punissab' au chapitre douze qu'ils se magnent de chauffer, d'échauder, d'échaffauder à loisir au chapitre seize et ben, le Raymond non, il pardonnait, pour dire que lui c'était pour de bon un écrivain catholique, y me semble, sans doute bien plus que l'emplumé primé dans les foirails.     
    <o:p> </o:p>
    Bref, devant les protestations des parents d'éléves, Etienne d'O s'est démerdé pour carrer le Raymond à l'asile, ses œuvres complétes à l'index et il a re-re-baptisé notre lycée : Lycée Molière Marcel (1914-1984) Syndicaliste et conseiller municipal qui avait été son premier adjoint et venait de décéder d'une cirrhose du foie tout ce qu'il y avait de syndical.
    Sur ce v'là  pas que la Veuve Mauriac elle a débarqué, et elle lui a fait un scandale à Etienne d'O. à grands coups vissés de sac à main dans la gueule, ça valsait dur.
    -‘tain y se fout de moi ce gonze-là ! Qu'elle gueulait !
    Ouais remarquez que moi je me suis tout de suite demandé si c'était vraiment sa légitime au père Mauriac. D'abord elle était baisable ce qui est pas souvent chez les veuves d'écrivains catholiques népa, elle avait dans les soixante balais et elle faisait plutôt rombière, ‘acrément blonde et maquillée, en fourrures, perlouses et sac de croco et puis elle tapait fort du droit et quand son chauffeur a sorti une lame, Etienne d'O. qui avait décidément pas le pot il a rembrayé sec et il lui a proposé pour son Mauriac tout son catalogue, et d'abord une caserne de pompiers, la caserne Charles Péguy, c'était le nom d'un pompelard mystico-caporal qui était mort en sauvant un ministre en activité dans une pissotière en feu.
    -Vous pouvez vous la carrer au train avec la grande échelle !
    Qu'elle gueulait et son chauffeur de demander :
    -Madame veut-elle que je le créve ce con-là?
    -‘ttendez ! ‘ttendez et une piscine olympique a'c pédiluve tout ce qu'il y a de chouette
    Sa pistoche ça lui trottait en tête depuis quéque temps à l'élu, c'était la grande mode à l'époque et puis ça permettait de refiler des emplois de maître-nageurs aux gros bras de son service d'ordre, il avait bien essayé de les distribuer dans les crêches mais il y avait eu des bavures au moment du pipi-popo, des baffes étaient parties, des plaintes étaient revenues, il faut dire qu'outre ses copains du bureau directeur du Parti (y'z'avaient du temps libre maintenant qui y'z'avaient enfin réglé son compte à l'ignob' Guimollet) ils étaient quelques uns dans l'arrondissement, à Paris et jusqu'en basse-Sicile à vouloir lui faire la peau au Député-Merde de Bézons et il en avait bien besoin de sa garde rapprochée.
    Son slogan électoral c'était Bézons ensemble mais plus personne voulait monter avec lui. <o:p> </o:p> 

     Bon tout ce joli monde s'accorde sur la piscine olympique  Mauriac François, Etienne d'O. ramassant dans l'histoire un joli paquet.
    Arrive le jour de l'inauguration, la Veuve Mauriac se pointe en maillot panthére et sac croco, elle a pas beaucoup perdu il faut avouer, elle a beaucoup péché mais la ligne est toujours là.
    -Vous auriez pas imaginer hein môsieur le Maire, si je vous disais que je rentre encore dans mes maillots du temps où j'ai été élue Miss Seine et Oise.
    Nous les mômes des écoles, on bandouille gentiment sans trop savoir à quoi ça sert et tout en se les caillant un peu, il a économisé sur le chauffage central, le salaud !<o:p> </o:p>
    Sur ce débarque en pleine cérémonie le Raymond évadé du bagne encore en camisole et qui avec le sécateur qu'il tient en main se propose d'opérer notre député-maire des amygdales comme ça su' le plongeoir, olympique.
    Il porte les oreilles de ses infirmiers en collier et il brâme comme s'il était en rût, vrai y fout les j'tons.
    Même Herr Woolfhardt qui est venu en grand uniforme de sous-marinier rapport à la nouvelle europe nouvelle et à la collaboration franco-allemande reconduite, deux sujets qui lui arrachent toujours des larmes, ouais même lui saute dans le petit bain et le plus con c'est qu'il sait pas nager, l'ex U.Bootiste et on est obligé de lui balancer une planche.
    Y a bien deux ou trois maître-nageurs en slip avantageux et claquettes qui tente de l'arrêter le sacrificateur mais le Raymond te les taille au vert et les repousse dans la piscine qui devient vite rouge sang.
    Nous on applaudit fort parce qu'on les aime pas ces cons-là.
    Alors là ça branle bas, mais très bas, et ça combat peu,  personne n'a trop envie de risquer ses avantages-z'acquis et z'innés pour défendre l'intégrité de l'édile. Quand soudain le sombre Raymond s'illumine :
    -Ginette ! Ginette Mourrisseau ! Qu'y gueule en se jetant sur la veuve Mauriac qui après un moment d'hésitation lui ouvrent les bras, les jambes tout ce qu'elle peut ouvrir, un vrai sémaphore ç'te dame-là.<o:p> </o:p> 

    Et là y se rendent compte de la méprise, au grand soulagement d'Etienne d'O et au désappointement de l'assistance qui se disait que le grand soir était venu et qu'on allait pourvoir enfin faire l'inventaire de not' député-maire et lui compter les arêtes.
    L'explication, elle est simple. La Ginette née native de Bezons s'étant faite déberlinguée et mise sur le trottoir dans sa jeunesse par le Raymond hareng installé et écrivain prometteur, il promettait d'ailleurs plus qu'il ne tenait, puis s'étant exilée aux amériques où elle avait joliment réussi comme taulière  à succursales multiples, la Ginette s'intéressant entre deux comptées aux mots croisés et aux choses de l'esprit ayant appris qu'un Mauriac réussissait gentiment dans la littérature, avait déduit que c'était son Raymond à elle, dont elle avait gardé un souvenir z'ému.
    Pour dire si elle communiait dans le souvenir de « son premier » elle avait baptisé toutes ses taules du nom de l'élu, et au Paraguay en Uruguay, en Colombie méridionale bref dans toute l'américa del sul  où elle officiait, on ne disait plus aller au bob mais « al casa Mauriaco »
    Il faut dire aussi que je voyais mal le Raymond décrocher le Nobel de littérature... ou alors à la pointe de l'épée.  
    -Viens qu'on se calte y me fatiguent ces cons-là ! A lâché sobrement le Raymond.
    -Ben ... ben et ma piscine qu'il a dit Etienne d'O. qui c'est qui va me l'inaugurer maintenant ?
    A ce moment y a le scaphandrier que les chleux nous avaient prêtés au nom de l'amitié franco-allemande ect..., un camarade de promotion de Herr Woolfhardt qui était calé au fond depuis deux heures et qui était chargé de lâcher des fleurs en plastique multicolores qui seraient venues flotter en surface au moment de l'inauguration, ouais le scaphandrier est remonté, il était bien crevé, pendant l'incident on avait tout bêtement oublié de lui pomper l'air, c'était le genre obéissant, il avait patienté en s'abstenant de respirer tant qu'il avait pu et puis dans un ultime effort il avait réussi à se dégager de ses semelles de plomb mais maintenant il avait le ventre en l'air et sous le hublôt  le visage violacé.
    Pour faire diversion on a demandé à Oualtère Choupard notre vice-champion de France de plongeon militaire (il saluait toujours impeccablement avant de s'envoler et il portait un slip à cocarde tricolore de l'Aéronavale) d'éxécuter son fameux saut de l'ange mais il a dû s'emméler dans son plan de vol le plongeur émérite et en fait de saut de l'ange il nous a régalé d'un tombée de bouse du plus bel effet et il est venu s'écraser comme une grosse merde sur le carrelage en éclaboussant les personnalités invitées.
    Sans doute qu'il y avait eu des malfaçons de perpétrées, parce que le plongeoir il était pas tout à fait en surplomb du grand bassin on a–t-on fait remarqué à monsieur le Maire.
    -Je ferai faire toute la lumière sur de tels agissements ! Il a dit Etienne d'O. pendant que la fanfâre municipale déroutée entônnait :« Veillons au salut de l'empire ! » .



    Mais la vérité c'était qu'Etienne d'O. il avait rétréci le grand bain pour toucher un peu plus sur le joint de carrelage et que le plongeoir olympique était maintenant au milieu des terres, sacré farceur.

     *<o:p> </o:p>
    Quand même Oualtère Choupard il a eu droit à des funérailles municipales et dans son discours Etienne d'O. il a condamné le rachisme et la montée du facisme, personne a trop bien compris pourquoi, ça aurait été plutôt la descente du fachiste qu'y fallait causer vu qu'il était militaire le Oualtère et sur la fin pas tellement en phase ascentionnelle et pour ce qui était du racisme anti-plongeur j'en avais jamais entendu parler.
    Mauriac Raymond, lui,  il est bien parti pour les Amériques, au Chili, pasque là-bas au moins il y avait de l'ordre selon Ginette Mourrisseau qui l'avait embarqué, sur le coup, j'ai pas compris qu'il abandonne tout, son petit pavillon, sa petite pension d'invalidité ( en tant qu'ancien mac déclaré en Préfecture il touchait quelque chose vu qu'il bandait plus qu'à 63°), pour s'en aller là-bas, s'installer chez l'ignob'Pinochet qu'y cause tout le temps à l'école et à la télé, lui, il m'a juste dit :
    -Salut môme tu m'excuses mais je les supporte plus tous ces cons-là avec leur sociale en bocal! Et pourtant je suis un homme de gauche, mais un homme bordel de Dieu pas un gardien de stalag !

    Il y a vingt ans de ça maintenant mais on continue à s'écrire et à  témoigner l'un pour l'autre comme il dit qu'on est encore vivant et de parole, les connaisseurs auront remarqué que j'ai pris un peu de son style. (à suivre)

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p><o:p> </o:p>
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