• Mouloud L'Afghan par Lofti Benayak (suite 9)

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    Au matin quand je me suis réveillé, le Vieux Bob souriait toujours en me regardant, je lui ai dit bonjour, j'ai écarté les bras et sa tête a roulé jusques aux pieds de J.P qui était en train de s'arranger la barbe avec un rasoir de bonne femme de quarante centimètres de long qu'il avait acheté au bazar avant le départ. Lui aussi était de bonne humeur.


    -Putain le con... mais c'est pas vrai... mais qu'est-ce tu as fait espéce d'enfoiré ! Je lui ai gueulé.


    -Je crois que ton ami s'est rasé d'un peu trop prés ce matin. Voilà ce que c'est d'insulter le prophête.

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     Il était très satisfait de lui le gros bœuf, n'empêche qu'à midi passé il y avait toujours rien à bouffer, parce que les racines comestibles cette grosse truffe était bien infoutue de les trouver.


    Au soir il a plus tenu et il a foutu le Vieux Bob à la brôche, j'en ai pas repris, d'abord ça me faisait peine de bouffer celui qui était en quelque sorte mon second père nourricier et puis il était encore plus sec que de l'intellectuel.


    J.P lui en a rôté de satisfaction, mais il a fait des bruits toute la nuit, preuve que le Vieux Bob passait pas, sa vengeance au végétarien.

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    Il nous a fallu encore deux jours pour arriver en vue de Nasr-el-Bézons, on était sur l'A.7, là-bas les autoroutes sont plus  larges que chez nous parce qu'elles sont en sable, qu'elles commencent dans le désert, finissent dans le désert en empiétant largement sur le désert, mais elles sont pas gratuites, il y a des péages mobiles, chaque chef de guerre a des petites cahutes sur roulettes qu'ils transportent d'un coin à l'autre du pays et les plus riches ont des grosses cahutes sur chenilles et à tourelles avec quoi ils pratiquent le péage sur le péage.


    Il y avait une file de bagnoles de deux kilométres de long qui sortait de la ville.


    -Tiens c'est marrant à dit l'anthropophage, on dirait une bagnole de la télé française.


    On s'est apprôché c'était bien des mecs de FR 3 Basse-Meuse, c'était même écrit dessus, su' la bagnole et aussi su' la gueule.


    -Qu'est-ce que je mets sur la note de frais pour le péage Jeannot ?


    -Attends de savoir combien y vont demander Robert.


    -Tu sais bien que les notes de frais ça s'improvise pas au dernier moment. Et p'is si on le fait pas dans l'inspiration après c'est n'importe quoi.


    Encore un artiste, ça me faisait quand même plaisir de les voir ces cons-là.


    On s'est présenté sans trop insister sur les identités, on a dit qu'on était belge de Namur.


    -Tiens j'ai de la famille à Namur... enfin tout à côté... A remarqué l'orfèvre en déplacement.


    -Tout à côté... nous on est d'un peu plus loin. Qu'est-ce que vous faîtes là ?


    -Eh ben on couvre miss Basse-Meuse... Aaargh ! Aargh ! Enfin elle c'est plutôt des noix qu'elle est basse. Non je rigole, cette conne a voulu se faire mousser en montant un convoi humanitaire pour les femmes afghannes et on s'est retrouvé pris dans le blot, un mois qu'on est là... et qu'on l'a pas revue, elle doit être en train de soulager les populations... militaires du coin, et ces salauds de parisiens veulent pas nous rapatrier, y disent que puisqu'on est sur place on a qu'à couvrir la guerre côté américain. Ah ça va leur coûter un max à ces cons-là !


    -Les américains qu'est-ce qu'ils ont à foutre là-dedans ?


    -Ah ben dîtes donc vous comme belges vous vous posez là ! Tu les entends Robert ?


    Ils nous ont tout espliqué des événements récents. J.P était tout content: avoir battu les ricains chez eux en match d'ouverture de la fin du monde c'était quand même quelque chose !


    A ce moment il est passé à toute vibrure un camion plein de blondes, des chouettes, bien roses et joufflues en blouse blanches et juste après une escouade de motards, des parisiens, mes préférés et enfin en voiture balai trois Toyota surchargés de barbus hilares montés léger en  20 mm court.


    -Qu'est-ce que c'est que ça ? C'est la guerre mondiale ?


    -Même pas, la guerre internationale, c'est la guerre mondiale mais en matinée scolaire, y a pas toute la troupe. Chacun donne ce qu'il peut, le gouvernement suédois a refilé un lot d'infirmières et depuis qu'elles sont là, elles en ont vu du pays les petites, dés qu'elles arrivent dans un chef-lieu, elles ont tous les mâles du cru qui leur prennent le train et elles sont obligés d'évacuer la position. Nous on a d'abord envoyé une cellule de soutien  psychologique avec une section de psychologues pour évacuer le vécu traumatique mais le député-émir de Nasr-El-Bézons a dénoncé la montée du centrisme, les a pécho aussi sec et revendus à un chef de tribu et en ce moment ils sont en soldes sur le marché central de Karachi si ça vous intéresse vous pouvez avoir le lot à moitié prix... ouais moi ce que j'en dis... c'est vrai que c'est pas tellement tentant... après ça on a donné ce qu'y nous restait en magasin: une escadrille de motards parisiens... ‘tention v'là l'aut' !


    « L'aut » était le journaleux qui allait avec eux, un jeune con  modèle standard numéro de série 01258745877978S bien décidé à faire carrière à l'antenne dans la jeunesse et la conscience morale.


    -Bonjour Jean-Luc Leprofepte de FR3 Basse-Meuse, je pourrais vous interviewer ?


    -Attendez vous pouvez répéter ça ! A gueulé J.P qui avait mal compris et sorti son ya taille adulte.


    -Leprofepte c'est mon nom, mon identité... euh mon état-civil si vous préférez... vous préférez...


    Il était pas rassuré par the Swinging Mollah. Avec sa barbe hantée qui lui descendait jusqu'aux genoux, sa maigreur nerveuse, convulsive, agitée de tics et ses yeux querelleurs il faut reconnaître qu'il était pas rassurant.


    -Vous pouvez m'appeller Jean-Luc.


    -Ben tiens ça me ferait mal. A conclu J.P pas tellement calmé.


    -Vous savez on a trop rien à dire, vous avez vu on est pas au courant, on était paumé dans les montagnes depuis deux mois et même avant... par contre si vous auriez de quoi boire et bouffer ? J'ai demandé.


    -Mais bien sûr. Je vous invite, on trouvera bien un bistrôt dans la ville...


    -Eh minute Jean-‘ul...


    -Arrêtez de m'appeler comme ça ! Les beauferies ça suffit maintenant !


    -Tout ce que tu voudras mais on a pas envie de se faire prendre aux pattes, il y a des mouvements de troupe d'annoncé et...


    -On restera pas longtemps.   (Suite et fin au prochain numéro...)

    « Le tube de l'automne'acré vi'diou! »
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