• La semaine du (petit) blanc 1/1 by Lofti Benayak

    La semaine du (petit ) blanc 1/1 by Lofti benayak

    Journal de la France de pendant par François F. soumis

     

    Depuis son retour de Vachinguetonne j’essayais en vain de joindre mon maître immarcescible, en désespoir de cause je me décidais à l’aller voir à l’Élysée malgré l’interdiction formelle qu’il m’avait faite de m’en approcher même pour les conseils des ministres, parce qu’il disait que j’avais une mauvaise influence sur ses ministres je m’en fichais bien pour ce que ça servait, quand on coule on coule et il faut être couillon pour aller sur la passerelle à ce moment-là surtout quand il n’y a pas assez de chaloupes à bord.

    J’allais souffrir et je m’en réjouissais par avance.

    Arrivé sur place, je découvrais la place désertée, les défenses tombées, les huissiers déchaînés fumaient des cigares devant des cheminées éteintes, les maîtres d’hôtel s’envoyaient les chambrières sur les dessertes de la salle de bal et les journalistes accrédités faisaient ce qu’ils savaient faire et suçaient tout ce qui passait à portée. Il me fallut quelques temps pour découvrir que si en surface tout était à l’état d’abandon, cela grouillait en dessous dans l’abri atomique, le fameux QG Pluton ultime ornement giscardien, authentique monument à la grande trouille bourgeoise jadis devant le soviet aujourd’hui face à l’arabe.

    Je n’avais jamais vu un tel encombrement de gardes républicains, klaxonnant tôle contre tôle dans les couloirs bas de plafond (forcément les plafonds font quatre mètres d’épaisseur !), chargés à plein, ils transportaient des archives que l’on brûlait à grand feu dans les chaudières et ça téléphonait de tous les côtés, on prenait des nouvelles du front (social) en même temps que l’on se préparait une retraite la plus élastique possible de préférence en un lointain étranger. Les rumeurs les plus folles couraient: là des petits blancs lynchés en dehors des heures d’ouvertures de la HALDE, ici la Lauvergeon violée par une quarantaine de gaillards sur le Parvis des Droits de l’Homme (au Trocadéro quoi !) alors qu’elle faisait son joguingue vespéral:

    -Heureusement ce n’était pas des mâles blancs !

    Je finis par découvrir mon maître munificent (poï poï !) enfermé dans les toilettes triple épaisseur du PC Pluton.

    -Il y a longtemps qu’il est là-dedans ?

    -Depuis que la Roselyne est venue lui dire que cloper du volcan c’était mauvais pour la santé et qu’il fallait faire une loi pour interdire les éruptions volcaniques dans les lieux publiques.

    J’ai tapé à la porte, pas de réponse :

    -Ouvre c’est moi, François.

    Il a entrebâillé la porte, il était boulonné sur le trône et pourtant beaucoup moins régnant que d’habitude:

    -Elle est où Eva ?

    -Quelle Eva ?

    -Meine fraülein ?

    -Ah tu veux dire Carla ?

    -C’est ça...  Carla Brauni !

    -Je... je ne sais pas, elle va venir...

    -Tu crois vraiment... Pendant que je te tiens tu aurais pas une capsule de cyanure à me prêter ?

    Il avait l’air vraiment atteint et j’ai essayé de le raisonner :

    -Tout ne va pas si mal... ton sketch sur la lutte contre l’insécurité était épatant, j’avais beau le connaître par coeur, il me fait toujours autant rire.

    -Insécurité mon cul, c’est la guerre ouais ! ach la kèrre gross malheur! A la préfecture pendant mon discours des mômes ont demandé une cigarette à Roselyne et comme elle en avait pas, forcément, ils l’ont balancé du deuxième étage, heureusement les vigiles qui protégeaient les parachutistes qui protégeaient les CRS qui protégeaient les flics de faction ont amorti sa chute.

    J’avais une pensée pour notre Roselyne, ma payse (on est tous les deux natifs du Chauvinois)  et ma seule copine au gouvernement, mais il faut dire aussi qu’elle est casse-noix avec ses histoires de clope alors que la coke est maintenant au menu des cantines scolaires.

    -Et on a arrêté les coupables ?

    -Non, mais j’ai fait installer un radar pour la prochaine fois, histoire de voir à quelle vitesse elle passe quand elle tombe.

    -Enfin ta visite à Vachinguetonne s’est bien passée quand même?

    -Ah ça c’est une consolation, le chef a été impeccable, on a été vachement bien reçu, on a même vu sa femme et les enfants, il m’a montré son prix Nobel j’uis ai dit que quand je serais grand j’aurais le même pareil même s’il me faut bombarder comme lui la moitié de la terre pour ça, il faut dire aussi que quand on est arrivé ils étaient en pleine lessive et c’était le coup de feu vu que le personnel mexicain faisait la grève alors on a donné un petit coup de main, j’ai même servi à table pendant le dîner officiel... qu’il a donné en l’honneur du Président de Trinidad et Tobago, le soir on était vanné entre le linge à repasser et les lits à faire, le chef reçoit beaucoup, on avait même plus la force d’aller jusqu’à l’ambassade de France alors il nous a logé... sous les combles dans des chambres de service, tu sais que maintenant il m’appelle Nike...

    -Et toi tu l’appelles ?

    -Moi je l’appelle Mon Président. Bon je te fais pas entrer hein... de toutes les façons il y a pas la place, alors les nouvelles ? Ici on est au courant de rien les ondes passent pas les murs sont trop épais, commode pour un QG de commandement, il faut être con comme un polytechnicien giscardien pour inventer des trucs comme ça. Et puis  tu m’excuses si je t’ai pas téléphoné, tu sais depuis cette histoire de complot je me méfie de tout le monde... t’es sûr de pas avoir été suivi ? 

    -Suivi par qui ?

    -Décidément t’es jamais au courant de rien toi !

    -Mais... mais je t’assure...

    Il m’a regardé étrangement:

    -Je me demande au fond si derrière la mèche... tu n’en serais pas du complot ?

    Mein Furh... je veux dire mon maître inextinguible a sauté en bas de son trône, il était tout rougeaud, il trépignait :

    -Je vais te faire pendre à un croc de boucher comme von Villepin !

    -Un croc de boucher ? Ouh là ça doit faire rudement mal ... je dis pas non... mais je sais pas si Pineulope permettrait, ça risque d’abîmer mes affaires de gouvernement non !

    Il s’est calmé m’a tapoté l’épaule:

    -Bon oublie ça... la prochaine fois, si tu peux encore passer les lignes, oublie pas de me rapporter des allumettes et un jerrican d’essence on ne sait jamais ... et prends-en aussi un pour Carla Brauni ah et puis promets-moi de faire piquer Lefebvre, ça m’emmerderait de le laisser derrière moi il serait vraiment trop malheureux. 

    Il m’a raccompagné jusqu’au sas de confinement qu’il a soigneusement refermé derrière moi. En remontant à la surface je réfléchissais à ce qu’il m’avait demandé :

    « Bon pour l’essence, il me restait quelques tickets de rationnement et pour son protégé je demanderais au jardinier de Matignon de lui mettre une cartouche anti-taupe ça soulagerait tout le monde.»

    Une fois à l’air libre, j’ai respiré un bon coup et je me suis dit, intérieurement, j’aime bien me parler intérieurement comme dit Pineulope au moins comme ça je risque pas d’attraper des maladies :

    -L’avenir t’appartient ma Pinouillette !

    Comme disait il gran grand lider centristo Alain Poher: le bromure ça peut aussi être une politique. Après la bandaison permanente qu’aura été le conquennat de ce petit coq piété au milieu de sa basse cour, régnant sur son parquet à volailles, les français n’aspireront qu’à une chose: du repos.

    Détumescence et flaccidité voilà les mots d’ordre de ma future campagne présidentielle.

     

    version imprimable: Lurbaine Revue

    « NORDNMARK ONE POINT ! Journal du Prince consort (pas) Raoultkë de Nordnmark by H.T.Fumiganza 28...NORDNMARK ONE POINT! Journal intîme du Prince Consort (pas trop) Raoultkë de Nortdnmark by H.T.Fumiganza 29... »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    Tags Tags : , , , , ,