• Corbeil-Essonnes Novotel, pipoléoptère pétassoïde commun par Lofti Benayak 1/2

    Corbeil-Essonnes Novotel   Pipoloptère Pétassoïde Commun

     Au lycée en troisième la conseillère d'orientation m'a conseillé d'aller me faire orienter ailleurs, il faut dire, que je suivais des études normales avec une dilection particulière pour les sciences naturelles (pardon les sciences de la Terre et de la Vie, avez-vous remarqué comme les cons vont toujours au plus vaste et mettent des majuscules partout !) plus grave je n'avais pas d'antécédents familiaux ou sociaux,

    -... je comprends pas un garçon comme vous : noir, sportif, dynamique, bâti comme vous l'êtes!

    Elle me fit remarquer avec aigreur qu'elle demandait qu'à me discriminer positif mais que bien qu'appartenant à une minorité visible j'avais de gros handicaps : je n'avais jamais mis le feu à une bagnole ou à un équipement public, même pas une poubelle ! Je militais nulle part et je crachais sur personne.

    Je dois avouer que ça me gênait pas plus que des étrangers à la Cité viennent regarder nos lampadaires sous les bras.

    -Bon voyons H12 !

    -Coulé !

    -Non je vous dis que vous pourriez essayer une filière H12 qui déboucherait sur une qualification professionnelle de pompiste chef de pompe, vendangeur titulaire adjoint de vigne, revendeur de barrettes assermenté, quêteur en spectacle vivant... 

     C'était ça ou le Front de l'Est, bref en sortant de son bureau je marchais déjà vers la gloire.

    Mon cousin Phillibert-Etienne qui était en terminale (depuis un moment), la honte de la famille, lui, il lui a cassé la gueule d'entrée lors du premier entretien à la conseillère d'orientation, elle s'est relevée en recomptant de la langue ses dents et en disant que c'était très bien, que ça promettait, qu'il avait de l'avenir.

    Elle l'a orienté vers une filière spéciale d'entrée à Sciences-Po (par le local à poubelles !), ils lui ont redressé les moyennes pour rendre ça présentable, difficile quand même le cher Phillibert-Etienne outre un caractère passablement irritable montrant un déficit intellectuel sensible.

    Ils n'étaient pas mécontents de s'en débarrasser, il avait mis le feu deux fois au lycée et si on travaillait dans des préfabriqués c'était à lui et sa bande de joyeux compagnons qu'on le devait

    Il faut reconnaître qu'il ne les a pas déçus, au deuxième semestre de scolarité, il avait déjà démonté le gymnase et saccagé la caféte au nom des races opprimées qu'il représentait à lui tout seul, parce qu'entre-temps il s'était sérieusement politisé au contact de camarades de classe, fils de profaillons combinards.

    Ils ont installé des préfabriqués dans la cour et ils l'ont fait entrer à l'ENA par la petite porte (mais si celle qui donne sur la cour et qu'on ferme jamais à clef pour que les bourgeois bien pensants qui meublent  l'établissement puissent se débiner à l'aise chaque fois qu'ils se payent une bonne crise de panique type vache folle, banlieue en feu, matin du grand soir!), c'est à croire que le cousin Philibert-Etienne il était né avec un gyrophare sur le front.

    A l'heure où j'écris il milite au CRAN et il est en stage au quai d'Orsay. Je le sais parce que je suis passé devant et j'ai vu les préfab' dans la cour. Sacré cousin ! Pas perdu la main ni l'inspiration. C'est signé il finira secrétaire d'état au logement dans le second gouvernement Enrico Macias.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p> Quant à bibi suivant ma seule inspiration je me suis orienté tout seul, comme un grand vers un doctorat en sciences naturelles mais je n'ai pas obtenu de bourse et il m'a fallu travailler pour financer mes études.

    Je suis grand, costaud, je présente bien en costard cravate et j'ai déclaré que j'était ceinture noire 32 dan de Ki-Tsi Denldo, un art tout à fait martial et même sacrément offensif basé sur le coup tordu dans le dos et la planchette japonaise inversée au type de l'agence sécurité où je me suis présenté le mois dernier.

    Il a eu l'air convaincu et m'a dit avec son accent de Marseille:

    -Toi tu marques bien on va te mettre à la protection des personnalités !

    Et c'est comme ça que le soir même je faisais la connaissance de

    Corbeil-Essonnes Novotel, Corby pour les intîmes.

    C'est une personnalité parisienne en voie de pipolisation, héritière des hôtels Novotel-Frantel-Ibis-Formule 1 c'est en quelque sorte notre Paris Hilton nationale, même si ainsi qu'elle me l'a annoncé sans ambages elle vise le marché international d'abord.

    -Tu es black, Wouaaaaaaaps (elle dit Wouaaaaaaaaps ! tout le temps il faudra s'y habituer et elle met autant de points d'exclamation dans ses phrases que de tabasco dans son chocolat au lait.) J'adore les blacks !

    Les blanches exclusivement branchées blaques moi ça me met mal à l'aise, un peu comme les types qui t'annoncent qu'ils se sont mis au rouge à la mort de leur belle-mère. Ils surcompensent mais toujours au départ il y a une arnaque sur la valeur déclarée .

    Entre deux Metzcals-Destop (la boisson tendance).Elle m'a raconté son enfance : sa vie de brune pensionnaire quand elle étudiait en Suisse à la Chaud de Font les braguettes des douaniers alpins et des moniteurs de ski.

    Elle est passé blonde à quinze ans, une manière de révélation, quasi mystique : Helena Rubinstein en personne qui lui serait apparue.

    -Je l'ai reconnu tout de suite j'avais regardé toute petite sa biographie dans la vie illustrée des grandes esthéticiennes dans la bibliothèque de Mum'.

    D'après ce que j'ai compris Mum,sa maman, était esthéticienne dans un hôtel à Acapoulco dont Dad, son papa, était propriétaire, un jour il a recompté ses esthéticiennes, il y en avait une de trop, il l'a licenciée, elle s'est  mise à son compte, grand admirateur et propagateur de l'esprit d'entreprise et de la pensée libérale il l'a montée en client, épousée, récupéré ses indemnités de licenciement, après quoi ils ont divorcés trois fois chacun de leur côté, une manière de rite pour conjurer le sort, je crois.

    Pendant ce temps Corbeil-Essonnes Novotel se mariait très jeune à un armateur grec qui avait tout de suite coulé à quai, crise cardiaque au rade du Caesar's Palace et après à un plâtrier italien qu'elle avait rencontré dans les toilettes d'une boîte de nuit de Beverley Hills fermée pour travaux et ensuite à trois auto-stoppeurs bulgares rencontrés sur la route et enfin au pasteur de Las Vegas qui venait de la marier cinq fois en 96 heures:

    -J'étais jeune dit-elle

    Le pasteur était toujours là, il avait une chambre sous les combles de l'hôtel, il la suivait partout, voyageait avec les malles et voulait évangéliser tout le monde. Elle l'avait oublié mais ne voulait pas divorcer, mariée aux States elle risquait de devoir lâcher un max de blé, c'était là- dessus qu‘il comptait : un divorce lucratif pour se faire construire une chapelle en Floride où prendre sa retraite de pêcheur (de gros).

      Nous étions au Skunsss la boîte à la mode dans une soirée au profit de son association « Save ours Cells ! » elle  milite dans un OMG qui s'occupe de la maltraitance à portables.

    Pendant la soirée ils ont passé un documentaire où ils montraient comment dans les orphelinats roumains les mômes arrachaient les antennes des portables de leurs surveillantes.

    -... oh c'est trop... c'est trop, je peux pas voir ça quels monstres ! a murmuré Corbeil-Essonnes, en pleurs sous les flashs des photographes.

    Le lendemain son coach et gourou personnel Charley-Douar Bedouani et son attachée de presse Pertuisane Cheauvinot sont arrivés rayonnants, les photos étaient parues dans  Closed, Paris-Tchatche et le bulletin de liaison de la Boucherie Parisienne.

    Là-dessus ils ont discuté bizness ensemble, elle tenait de son père l'esprit d'entreprise et de sa mère le côté tarifaire, jusque là elle avait un contrat d'image et de représentation avec Mappa pour une ligne de gants de ménage et d'accessoires de toilettes.

    Elle m'appelé j'ai lâché mon bouquin sur les odonates (les libellules quoi !) j'étais dans sa chambre, pépére à bouquiner, les pompes sur son pieu, elle est entrée: 

    -T'es dingue jamais de livre ouvert sur un lit ça porte malheur !

    Elle avait ses superstitions à elle. Elle s‘est approchée de moi, m'a mis la main dans le slip :

    -Charley pense qu'il faudrait que je fasse une sextape ça te dirait ?

    (à suivre...)

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