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    7 Septembre

     

    J'embarque donc, certes à regrets mais mon esprit de sacrifice est tout entier aux commandes de mon âme. On m'a proposé de voyager en brise-glace atomique en classe économique, j'ai préféré l'avion, en classe affaires, c'est plus rapide, plus confortable somme toute... et moins dangereux.

    Je pose devant les photographes en haut de l'échelle dans un chaud et épais manteau de fourrure et à l'escâle de Reyjkavik je découvre dans les journaux que m'apporte l'hôtesse des Nordnmark Airlines que je suis à nouveau source s'un scandale fabriqué de toutes piéces par les journalistes et les ligues de vertu écologistes, tous m'accusent d'avoir arboré un magnifique manteau de fourrure en peau de Panda, ce que je ne nie pas mais je ne vois pas où est le scandale? Il fait froid là-bas m'a-t-on dit, auraient-ils voulu que j'y débarquasse en slip?

    J'arrive enfin à Kloonberg la capitale du Brümnland. Notre Boeing a tourné pendant une heure, à cause de la brume il ne trouvait pas l'aéroport. C'est l'été il fait froid, l'hiver il fait inhumain. Le gouverneur actuel du Brümnland m'attend à la descente de l'avion... avec ses valises, il tient dans une main une torche enflammée pour se repérer et dans l'autre, ses raquettes de tennis et ses cannes de golf.

    -Ah Monseigneur!

    -Vous pouvez m'appeler "Sous-Altesse ou vice-majesté" maintenant j'y ai droit.

    C'est qu'avec tout ça j'ai pris du grade, à propos de grade, il ne m'en reste plus qu'un à franchir, on l'aura remarqué mais re-chuuut !

    -Ah oui... comme il plaira à Monseigneur, quel plaisir de vous voir sous-Altesse je vais enfin pouvoir rejouer au tennis!

    Il fait signe de sa moufle droite à la fanfare de majorettes en jupettes de fourrure de jouer le "Humpfkë unt Pumpfkë" me salue et monte l'escalier à toute allure et enfin claque la porte du Boeing. Sur ce que le seul journaliste présent, le correspondant du "Kloonberg-Soir" me prend en photos. J'ai l'impression que les adductions de paparazzi n'ont pas encore été installées ici, enfin une heureuse nouvelle.      

    Le conseiller du gouvernement pour les affaires Brümnlandaises m'explique le tempérament et la complexion mentale des habitants de l'endroit dans la chenillette qui nous emméne au palais du gouverneur vice-roi.

    De son long exposé voilà ce que je retiens: les Brümnlandais boivent leur quatre litres de Krüppen par jour, le Krüppen est un alcool fort tiré d'une ancestrale recette à base de jus de couille de phoque pressé et fermenté, ils battent leur femme, violent leur fille quand elle est en âge, jouent de la corne de brûme avec quelque virtuosité, certains hasardent même qu'il en sont les inventeurs, font des embarcations défectueuses avec quoi ils bravent la mer par pure inconscience, éthylisme chronique ou surestimation de soi, pêchent la morue en bande ou périssent seuls en mer selon l'humeur du jour, érigent des tumulus à tous les croisements  de chemins, se suicident plus souvent qu'à leur tour et font leurs courses au supermarché du chef-lieu chaque samedi bref pour résumer: de vrais bretons ces Brümnlandais!

    Le chauffeur arrête la voiture:

    -Nous sommes arrivés? S'enquiert le conseiller.

    -Non panne d'essence!

    Les brumes nous environnent, toutes sortes de brumes, je l'ai dit ici ils s'en font une spécialité.

    -Le mieux c'est de finir en raquettes.

    Nous chaussons donc les raquettes et en route. Kloonberg est sans doute une ville charmante mais nous n'en voyons rien, à un carrefour nous voulons demander notre route à un agent de police en manteau de fourrure qui se révéle être un ours polaire qui fait son shoppingue dans les poubelles du centre-ville.

    -Les putes doivent avoir un mal fou ici? Interrogeai-je le conseiller.

    -Avec un bon sonar à morue on s'y retrouve Majesté.

    -Là-bas une lumière! Nous crie notre chauffeur à pied en nous désignant un clignotement au milieu de la tempête de neige qui commence à hanter la brume, nous faisons aussitôt route vers la lumière et après dix minutes de marche contre le vent nous débarquons dans un ... sex-shop esquimaud.

    C'est très étonnant car les esquimauds étant quoi qu'on en pense frileux, au moins toujours chaudement vêtus, ils ne se mettent jamais tout à fait nus, même pendant leur nuit de nôces et pour eux le sommet de la pornographie est de montrer ses oreilles, on imagine la débauche d'oreilles de toutes tailles le plus souvent congestionnées et mouilléesqu'arborent les jaquettes de films. C'est étonnant mais à force cela en devient troublant et j'en rougis un peu.

    La tempête se calmant nous quittons l'établissement et après trois bonnes heures de marche nous arrivons enfin au palais, malheureusement impossible d'y pénétrer à cause des congères qui en bouchent toutes les entrèes. 

    -Il faut grimper jusqu'au cinquiéme étage, c'est là qu'est la lôge du concierge, mais moi je peux pas je sors d'arrêt maladie. Nous explique le chauffeur.

    Le conseiller se déclarant sujet au vertige et donc fort peu volontaire pour une grimpette, me voilà parti, par la face est, la plus difficile dit-on, à l'assaut de mon propre palais vice-royal., élégant batîment de style "guillauminien triomphant".

    A-t-on idée aussi d'installer le concierge au cinquiéme et pourquoi pas sur le toît?

    Malgré les engelures et sans l'aide d'un quelconque ustensîle alpin j'aborde au cinquiéme, réveille le concierge afin qu'il précipitât une cordée de secours pour mes camarades dans le même temps où je me fais connaître et lui demande le chemin de mes appartements, il m'y conduit sans plus de formalités ni d'égards et derechef  j'entre en fonction et commence à vice-régner en vidant le frigidaire, j'ai une de ces faims moi, l'altitude ça creuse!

    (à suivre...)

     

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