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    14 Juillet

     

    C'est alors que nous arrivions en vue des Iles Futrak que la révolte tsilongaise éclata au grand jour ... en pleine nuit.

    Le ministre délégué au Budget demanda le remboursement immédiat des avances consenties à Sir John Branke pour le fourrage de ses chevaux de polo, celui-ci  pour détourner leur colère et faire diversion leur rappela que nous étions le 14 Juillet  dâte émouvante et parlante pour n'importe quel révolutionnaire de carrière et plus encore si les sus-dits révolutionnaires malgré leur position éminente et leur conscience prolétarienne impeccable étaient pour ainsi dire  humiliés, exploités par les impérialistes et les tenants de l'obscurantisme le plus courônné (allusion très fine et adroite quoique assez déloyale que le cher John-Branke fit à à ma personne régnante pour opérer plus complétement sa diversion toute tactique mais qui risquait de me coûter cher!)

    Accessoirement ils les avaient fait boire puisant à larges mains dans ses stocks de Whisky écossais Mac Roowin-Blank 20 ans d'âge qu'il avait sauvé de son conjungo naufragé.

    Si bien qu'il ne fallut pas longtemps pour que les ministres tsilongais se missent à faire un boucan du diable et de réveiller tout le monde.

    Je croisais l'Amiral en pyjama dans le couloir et très vite nous croisâmes, en pyjama, les révoltés très remontés et... à poils comme revenus à l'état de nature en "sans culottes" donc. Outre les revendications toute pécuniaires et qui somme toute ne nous concernaient pas, ils exigeaient d'être déchargés des corvées et d'être logés et traités selon leur qualité ministérielle.

    L'amiral se rendit... à leurs doléances, il se rendit même tout simplement leur abandonnant les clefs du navire:

    -Les papiers sont dans la boîte à gants sous le radar de surface.

    Moi-même je n'en menais pas large, ce qui est le comble sur un navire de haut bord! Quand au Père Fulmance des Emplettes il se préparait déjà avec quelque gourmandise au sacrifice suprême, à son martyre prochain promulgué par des mains et des esprits impies voués tout entier au matérialisme le plus bas.

    Heureusement l'on venait de repêcher le fourbe Pezzolino et il nous arriva tout dégoulinant et grelottant dans le couloir au moment où ces messieurs se proposaient de pendre l'unique représentant royal que j'étais en ce jour commémoratif de la prise de la Bastille et de la fin toute provisoire des tyrans supposés.

    Ils se promenaient partout en me poussant tout ficelé devant eux et en chantant leur hymne odieux et séditieux, la fameuse "Marche à l'aise!".

    Quelle idée j'avais eu aussi de laisser embarquer toute cette canaille bolchevique!

    -On pourrait se le guillotiner à la bonne franquette avec un  hachoir de cuisine convenablement aiguisée? Proposa le Secrétaire d'état aux  Sports  (Collectifs bien sûr!).

    -Tu as déjà décapité toi camarade quelqu'un avec un hachoir de cuisine? S'étonna N'Gutu N'Gutu qui ne manquait certes pas d'esprit pratique.

    -Oui camarade suprême, dans le temps une secrétaire de cellule qui voulait absolument voir les comptes de la cellule dont j'étais le secrétaire adjoint. Je n'avais que ça sous la main, j'étais jeune, ah ce n'est pas le plus commode, je me souviens, je m'étais bien coupé d'ailleurs mais en s'appliquant...

    -On va pas en faire une julienne non plus! Et puis celà manquerait de dignité prolétarienne.

    -Oui mais Camarade Suprême il souffrirait!

    -Certes et ce n'est pas à négliger  

    Je disais donc bien heureusement le "à nouveau cher Pezzolino" tout en continuant de grelotter d'abondance comprit d'un seul coup d'oeil la situation et se précipita chez Petcho Larigaïe et le cher Eriktkë le Mauve avant que les mutins mutins n'eussent eu l'idée de les enfermer dans leur cabine et l'on imaginera ma joie lorsque la répression toute militaire et même soldatesque s'abattit sur les commémorateurs, répression conduite par mes compagnons qui avaient levé en un minimum de temps une milice populaire parmi l'équipage.

    Eriktkë le Mauve proposa derechef de pendre un ministre sur deux. 

    -Pour l'exemple et parce que cela décorerait joliment le navire en entrant dans Port Glandulk la capitale des Isles Futrak.

    Je décidais de ne point pavoiser et de faire taire tout esprit de revanche (même à l'endroit de ce "cher" John Branke, où se cachait-il celui-là ?) :

    -Mettez-les à vieillir en  câle mon cher, ils s'y bonifieront. décrêtai-je à nouveau régnant  car... détaché ... spirituellement aussi.

    N'Gutu N'Gutu éleva une protestation qui lui valut un vigoureux coup de pompe du cher Eriktkë. 

    Il s'en souviendrait de son voyage officiel clandestin le camarade suprême.

    Et c'est dans une entente renouvelée entre nous tous, seuls et authentiques Nordmois, du matelot cireur de ponts à l'Amiral cireur de pompes, il cherchait à se faire pardonner ses égarements successifs à l'endroit de l'altesse royale que je demeurais malgré lui, que nous fîmes au matin notre entrée dans Port Glandhulk... (à suivre...) 

     

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  • Nous rappelons que durant la période de chasse aux mâles blancs, la Lauvergeon femelle n'est pas tirable, d'ailleurs elle l'a jamais été. 

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    M'Sarkozy & fils by Lofti Benayak 1/1

    Journal de la France de pendant par François F. soumis.

     

    Mon maître révéré m'avait appelé dans l'après-midi pour m'inviter à une "soirée garde à vue", j'étais intrigué et un peu inquiet par l'intitulé de l'invitation mais il y avait quelque temps qu'on s'était pas vu, il m'avait privé de conseil des ministres pendant deux semaines pour insolence, c'était cruel parce que c'était ma seule sortie de la semaine le conseil des ministres depuis que Pineulope ne voulait plus que j'aille inaugurer les vieux parce que je risquais d'attraper la Grippe du castor en les embrassant.

    Quand je suis arrivé à l'Élysée, il y avait du bruit et du mouvement, des flics partout, il peut plus s'en passer ils étaient tous là à lui tourner autour, mon maître admiré caressait des truffes, donnait des petites tapes amicales sur le museau, distribuaient des gâteries, des promotions et des galons, et ça rigolait, quand il m'a vu il m'a fait signe de le suivre dans le salon d'apparat où des employés étaient en train de descendre l'un des grands lustres à pendeloques:

    -Alors qu'est-ce que tu en penses on va le mettre là.

    -On va mettre qui et où?

    -Ben Villepin, je vais le brancher là-haut à la place du lustre, ils disent tous qu'il est plus grand, plus beau, plus intelligent et cultivé que moi, au moins il servira à quelque chose il sera décoratif accroché là-haut et s'il est pas trop déplumé en Décembre, je le fais descendre on le met en pot et il sert de sapin de Noël pour le Noël de l'Élysée!

    Il avait des yeux étranges de psychopathe diplômé d'état et un rire mauvais.

    -Non mais tu es dingue... et d'abord... d'abord il n'est même pas encore condamné!

    -Tu rigoles le procureur il passe tous les soirs pour l'apéro, on discute le coup et je lui donne une enveloppe avec les consignes plus quelques petits billets dedans pour ses frais de teinturerie, tu imagines ça, il y a des collègues à lui qui traversent toute la France pour simplement aller lui cracher dessus au palais. Pourtant c'est un type remarquable et vraiment pas emmerdant il requiert où on lui dit de requérir, et le motif, t'as vu le motif ça c'est de moi ...

    -Je m'en doutais...

    -"Défaut d'absence d'omission aggravé en réunion", avoue qu'il faut le trouver non?

    -Il faut surtout oser... c'est comme pour le fiston.

    -Ah celle-là je l'attendais, parce que chez toi dans ton foutu Chauvinois ça arrive pas qu'un fils succède à son père, ça existe pas des pâtissiers de père en fils peut-être!

    Là je sais pas ce qu'y ma pris mais j'ai explosé:

    -Tu veux que je te dise ce qui aurait eu de la gueule ç'aurait été que ta grosse loche de fiston  inculte s'engage au 8° RPIMA et parte se battre en Afghanistan contre ton pseudo axe du mal plutôt que d'aller conquérir sans péril un rond de cuir bureaucratique en grande banlieue et quant à toi au lieu de te planquer dans les robes des juges et des procureurs tu n'avais qu'à provoquer en duel l'autre grande bêlasse chevelu, vous auriez réglé ça au sabre d'abordage dans le bois de Vincennes au petit matin plutôt que de prendre la France en otage pour une minable querelle de voisinage entre arrivistes cousins de palier!

    -Qu'est-ce que tu racontes des conneries, s'engager, dans la famille on est allergique, mon PaPal il s'est engagé dans la Légion et dés qu'il a eu posé le pied en Indo et que ça a commencé à siffler autour il a été pris de tremblote et d'incontinence urinaire et il a fallu le réformer et le rapatrier. On n'y peut rien c'est physique, pour ça que je peux pas visiter une usine en grève tout seul sans mes petits flics ça me prend tout pareil, alors tu penses bien le gamin et puis, lui, depuis tout môme il souffre du syndrôme de Chaumet, c'est une maladie orpheline...

    -Merde et c'est grave? Tu m'en avais jamais parlé.

    -Même les grands fauves à talonnettes ont leurs pudeurs.

    -Et ça consiste en quoi le syndrôme de Chaumet?

    -Eh ben s'il se trouve à plus de cinquante mètres d'une boutique Armani il me fait une dépression.

    J'étais atterré, heureusement un grand noir en uniforme et lunettes de soleil est venu vers nous:

    -Ah que je te présente: le lieutenant-colonel N'Kono N'Kono, c'est l'ancien conseiller à la démocratie participative du regretté Colonel Mobutu, il va me donner un coup de main, on se voit tout à l'heure mon colonel.

    Le grand noir a salué à l'anglaise puis il s'est éloigné:

    -Qu'est-ce que tu en penses, je vais le prendre à la place de Séguéla, ses pipolades ça fait plus rire personne, il y en a marre il faut une reprise en mains, le colonel m'a repassé une recette d'opposant à la patate douce, une merveille! Je veux pas laisser au fiston un bantoustan en plein bordel, d'ailleurs les ricains m'ont prévenu, si il y a trop de binz, y ferment la taule! Fini l'ex-France!

    Il m'a pris par le bras:

    -D'abord je vais me nommer Colonel non mais pas colonel de militaires, je les aime pas, ils ont trop foutu la trouille à mon PaPal, non colonel de flics, tu te débrouilleras pour me trouver ça avec un bel uniforme dans les tons saumons avec des smocks tu vois. De la classe, de la tenue que ça en impose et pas des ourlets de cinquante centimètres hein... enfin tu verras ça avec Carla!... restera  Bayrou...

    -Tu ne crois pas que...

    -Mon colonel... tu ne crois pas que "mon colonel", c'est juste une habitude à prendre alors autant la prendre tout de suite...

    Je ne l'avais jamais vu comme ça, proprement halluciné.

    -Restera Bayrou...

    -Laisse tomber Bayrou... mon colonel.

    -Quand tu faisais ton service tu le tutoyais toi ton colonel?... non alors... et puis n'oublie pas que je suis aussi Président... bon pour Bayrou j'ai un problème, le colonel N'Kono N'Kono m'a conseillé de faire dans le traditionnel, style plateau-repas en famille et de le faire fusiller sur une plage en direct à la tévé le soir, genre praïme-taïme à l'africaine, le problème c'est qu'à Paris il y a pas de plage! Je vais demander à Delanoë s'il peut pas me monter un Gross Paris Plage d'hiver pour une grosse semaine de fusillades, il peut rien me refuser, le Frédo les mioches y m'a refilé les photos de leurs dernières vacances en Tunisie on les voit à poil socratisant des fonctionnaires pré-retraités de l'éducation nationale, c'est vraiment dégueulasse! Et puis comme disait le camarade maréchal président à vie "c'est pas tout de fusiller de l'opposant il faut encore trouver les murs", c'est un des drames de l'afrique démocratique le manque de murs, tu devrais lire ses mémoires, c'est passionnant, on avait les mêmes goûts sauf que lui les putes suisses il les préférait blondes...

    Au bord de l'écoeurement je tentais une diversion:

    -Dis... dîtes... mon colon... mon colonel-président  c'est quoi cette soirée garde à vue.

    -Ah ça c'est la surprise j'ai décidé de mettre toute la cour de l'Élysée en zone bleue, tu n'as pas remarqué quand tu es arrivé, c'est vrai ils m'emmerdent tous ces cons de ministre à se garer dans ma cour et hop le premier que je choppe sans son disque de stationnement, je te le fous en garde à vue!... à propos où tu as garé ton tandem officiel?

    -...

    -Gagné! Yark! Yark! Yark!

    version imprimable:http://revue.lurbaine.net

     

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  • Le dernier des... permanents!  par Jean-Pierre Chassavagne 1/2

    Mon nom ne vous dirait rien, pourtant il y a longtemps que je milite dans différentes associations. Je suis permanent du Mouvement d'Extinction Volontaire et Programmée de l'Humanité MEVPH en saxon VEHMP depuis quatorze ans, je dirige la section du 14 ° il faut dire aussi que j'en reste le seul adhérent, eh oui en quatorze ans je n'ai réussi à convertir à nos idées guère plus d'une centaine de personnes et toutes sont mortes, suicidées en grande majorité ou ont abandonné l'activité militante suite à un internement, le plus souvent abusif.

    Je suis très engagé aussi dans le combat  pour la non parentalité.

    Tous les mercredis nous nous réunissons à quelques non parents pour discuter de nos non enfants. La non parentalité est un mouvement qui parti des Etats-Unis s'impose peu à peu dans le paysage politique et social du troisième millénaire. Nous pensons que la parentalitude ne saurait être une obligation sociale et nous sommes parfaitement heureux comme ça, cela nous laisse du temps pour lire, écouter de la musique, voyager, rencontrer des amis, jouer à des jeux vidéos... lire, écouter de la musique, voyager, rencontrer des amis, jouer à des jeux vidéo... lire...

    Ce jour-là nous avions invité la secrétéreuse d'état(e) à la non famille UMPiste Nadine Verolo et le non député PS de l'arrondissement afin d'engager un débat d'idées et faire connaître nos positions, très vite après que quelques uns de nos militants leur eussent déversé les poubelles de la pizzeria végétarienne pakistanaise voisine sur la tête et menacer de prendre leurs enfants en otage ils ont accepté de présenter une proposition de loi afin que les non parents bénéficient des avantages des parents y compris les réductions pour familles nombreuses. Le débat démocratique avait eu raison de leurs préventions et préjugés... et nous les avons relâchés   Nous sommes un groupe de pression important et assez bien introduits (beaucoup de militants d'Act-up en notre sein) mais qui a tendance à stagner, numériquement j'entends.

    Je milite aussi pour le mariage monosexuel, pourquoi cette obsession arithmétique et compulsive pour le chiffre 2, pourquoi faudrait-il obligatoirement être deux pour convoler, l'on peut très bien concevoir, avec le progrès des esprits et de la science, une union réduite, que dis-je rendue à l'unité, magnifiée par elle, imagine-t-on combien cette communion n'en serait que plus intime. Il faut sortir du carcan des idées reçues et des préjugés commodes sans compter que cela faciliterait grandement les réservations pour les voyages de noces.

    Lors du mariage de ma cousine Geneviève avec un homme (elle est très rétrograde!), j'étais à côté de l'abbé Jean-Marie Descouettes qui avait célébré le mariage, c'est un curé en soutane, un tradi comme l'on dit, il m'a longtemps écouté avant de me répondre en reprenant de la langouste-mayonnaise:

    -Mais mon fils pourquoi pas! Rien ne s'y oppose plus et surtout pas la raison qui nous a déserté. Nous sommes entrés dans les temps post-apocalyptiques où le n'importe quoi le dispute à une imbécillité surnaturelle, alors pourquoi pas le mariage individuel? La partouze à péages ou l'euthanasie à tempéraments. Le diable fausse et contrefait aussi bien les esprits que les moeurs, nous ne vivons plus que gauchement, de travers sans même nous en rendre compte, avant que de trahir Dieu nous trahissons l'homme, nous nous caricaturons, et nous exhibons comme une vieille maquerelle qui se farde pour ressembler à sa jeunesse et faire croire à son innocence mais l'innocence est parti, croyez-moi elle ne reviendra plus. Alors mariez-vous avec vous-même mon fils et faîtes-vous de beaux enfants!

    -Ah mais non pas d'enfants, surtout pas d'enfants!

    Et je lui ai expliqué mon engagement au VEHMP... et il a pris sa langouste et il s'est mis à me taper dessus avec en devenant tout rougeaud et en récitant les paroles de l'exorcisme. Un exorcisme à la langouste, toujours cet obscurantisme!

    Je m'en suis ouvert pareillement à Abdul,  un collègue de bureau d'origine musulmane, non mais très bien intégré à la vie occidentale, le vendredi soir après le boulot, on fait nos courses ensemble chez Auchiottes au rayon Bio c'est dire, eh bien le croira-t-on en plein 21° siècle il a fallu douze autres collègues pour le désarmer et lui prendre son dérouleur de ruban adhésif avec quoi il voulait proprement m'égorger en invoquant le "très clément".

    Oui je disais donc à la fin de la réunion et alors que je pliais les chaises j'ai reçu sur mon portable un SMS de notre président mondial du VEHMP, les américains aiment bien ce genre de titres assourdissants, il s'appelle Edward Dward Ward Jr. et il est chercheur en virologie, il travaille pour le gouvernement américain. Étant de passage à Paris il me conviait à le rencontrer à mes frais, occasion unique et je l'ai aussitôt invité pour le soir même à La Blanchemouille un très bon restaurant tenu par des amis, Jean-Gé et Jean-Ré. (à suivre...)

     

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  • Les loisirs préférés des français:

    Sondage IFLOP / Urbane Tattack n° 9856 du 10/10/2009 

    effectué par signaux de fumées auprés d'un échantillon non représentatif de 12897 personnes alcoolo-dépendantes en âge de se voter dessus

    Pour les hommes: 114 % répondent: la garde à vue

    Pour les femmes: 122 % répondent: l'avortement

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  • 13 Juillet

     

    J'ai quelque peu délaissé la tenue de mon journal durant cette traversée, il faut dire que j'étais trop occupé par mes problêmes hépatico-gastriques, je pense maintenant que tout cela est dû à une défaillance de mon oreille interne droite, la gauche va bien, mais la droite est sans doute le siége et le départ de ces incommodements et nausées divers, mauvais réglages, il faudra que je consulte lors d'une prochaine escale, sinon pendant cette semaine de navigation peu d'incidents notables hormis une tempête, une mutinerie et un naufrage... putatif à signaler.

     

    Moi-même dois-je l'avouer je n'étais pas trop conscient des événements, enfermé comme je l'étais dans ma salle de bains où je me rafraichissais des heures durant au dessus de la cuvette.

    -Ne dirait-on point l'Amiral? Me dit le ministre tsilongais de la réforme agraire en passant l'éponge dans ma baignoire. (une réforme agraire sur trois pieds carrés de terre subsistant ne devrait pas lui valoir beaucoup de nuits d'insomnie).

    Je mets le nez au hublot et j'aperçois de fait l'amiral, son état-major, ses marins et même l'orchestre du bord qui nous font de grands signes depuis les chaloupes où ils ont pris place:

    -C'est étonnant pourquoi ont-ils quitté le bord? S'interroge-t-il?

    -Sans doute vont-ils faire du shopping? Il y a quelque terre détaxée en vue? Lui réponds-je.

    A ce moment Pezzolino passe dans le couloir avec trois gilets de sauvetage autour du corps:

    -Mais où allez-vous comme ça mon garçon?

    -Je vais... je vais nager un peu.

    Je m'apprôche de lui, l'attrape au col:

    -Mais dîtes-moi ce sont mes gilets de sauvetage en cheviotte que vous portez là bougre de saligaud!

    -Je... je les porte au pressing Monseigneur.

     Pour l'achever, moralement parlant  je le regarde dans les yeux, mais profondément et en vrillant, je peux être une vraie tarière quand je le veux:

    -Dîtes-moi la vérité, animal: nous coulons?    

    -Euh... on en parle... excusez-moi Monseigneur le pressing va fermer! Et il réussit le serpent à m'échapper et à s'enfuir vers le pont supérieur.

    Sir John Branke qui faisait une sieste vient aux nouvelles:

    -Que de bruits et de mouvement! Altesse j'espére que vous vous portez mieux.

     -Moi sans doute c'est le navire qui est au plus mal semble-t-il.

    -Ah bon... oui celà remue en effet mais j'ai connue bien pire. Une scéne de ménage de Calina cela chavire aussi.

    -Mais où est notre ami Eriktkë?

    -Ne m'en parlez pas Altesse, lui et ses compagnons ont  joué  aux cartes toute la nuit, je ne suis pas ennemi des distractions mais quand même.

    Nous partons en délégation vers sa cabine, il gît sur sa couchette physiquement et moralement ruiné tandis que Petcho Larigaïe exulte, il a devant lui un énorme tas de haricots secs:

    -Il a perdu 78546 haricots et moi j'en ai empoché 124895!

    Il est véritablement trés fier de lui et exulte littéralement:

    -Et que comptez-vous faire de cette somme considérable... de haricots mon ami?

    -J'hésite soit je les mets de côté... pour la retraite... soit un cassoulet pour fêter notre naufrage!

    -Allons allons pas de défaitisme mon garçon! 

    -Un naufrage j'en suis! Gueule le Baron mauve en se levant de sa couche le sabre érigé. Aux postes de combat mes braves!

    Il me rentre à peu prés dedans:

    -Tétesse commandez nous obéissons! Où dois-je mourir pour vous?

    Commander face à la vague, rien que l'idée me rend malade et je m'en vais me soulager dans les lavatories.

    D'ailleurs cela tangue beaucoup moins, la tempête se calme. Aprés une heure l'Amiral Chips Thor Bahlsen (et son grand orchestre) réintégre son bord et reprend la barre des mains de ce cher Sir John Brank qui est un très fin barreur, n'a-t-il pas dans le temps gagné les grandes régates de Sprung on the Bitch et il a magnifiquement barré le gros animal pendant son absence coupable, il m'avait proposé de le conduire, mais dans mon état cela n'eut pas été raisonnable, et puis je ne prends vraiment de plaisir qu'à la conduite des ferries!

    -Eh bien mon cher Amiral, alors quoi une absence? L'humiliai-je de la voix et du regard, encore un peu plus profond que celui que j'adressais ce tantôt au pauvre Pezzolino.

    -C'était un simple exercice de sécurité à la mer Monseigneur, je n'ai pas voulu ennuyer Monseigneur avec les manoeuvres habituelles de bord... Monseigneur.

    -Dis Tétesse et si on les passait à la planche tous ces lâches déserteurs! Me propose Eric le Mauve de sa voix de basse non pas chantante mais gueulante.

    -L'incident est clos mon cher Baron.

    -Bougres de pacifistes! Eructe-t-il (il éructe magnifiquement!) en levant haut son sabre, il mesure plus de six pieds.

    Il n'en reste pas moins qu'il est quand même incommodant et pour tout dire peu rassurant de naviguer sur un navire dont le commandant peut quitter son bord et vous abandonner d'une minute sur l'autre à n'importe quelle fortune de mer sans même vous en avertir.

    -Un homme à la mer! Crie l'homme de quart à la hune.

    Je ramasse une paire de jumelles, je distingue très bien un homme fort malmené par les vagues encore contondantes... mais c'est cet imbécile de Pezzolino qui s'est jeté à l'eau à contretemps:

    -Ce n'est rien, mon valet de chambre, enfin si vous avez quelque loisirs repêchez-le il a sur lui la clef de ma malle à cravâtes! Cela me contrarierait de la perdre. (à suivre...)

     

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