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    Le Bellâtre et le Merdaillon

    Journal de la France de pendant par François F. soumis

    Lofti Benayak 1/1

     

    "Le Bellâtre et le Merdaillon

     

    Il était une fois dans un ex-royaume enchanté, un Bellâtre et un Merdaillon. Quoique aucun ne fut chevalier ou seulement digne de l'être, tous deux rêvaient de prendre la suite du chef de l'ex-royaume enchanté devenu république gueusarde et pourrissant à l'ombre de l'empire du Bien voisin .

    Le Merdaillon s'aboucha avec les ambassadeurs de l'Empire et, par les engagements qu'il prit envers eux, il en obtint sa puissance puis sa nomination et, à force de promesses à ses peuples rompus et affaissés, son élection. 

    Le pays était en banqueroute, il en doubla ses effets, multiplia traites et billets, ruina ce qui était encore debout et se reposant satisfait de l'ouvrage accompli décida qu'il était temps de prendre sa revanche sur le Bellâtre, l'ancien et principal ministre de son prédécesseur, au motif qu'il avait tenté au temps de sa plus grande puissance de faire grand dommage à ses maîtres et de porter atteinte à son honneur personnel. 

    Or dans sa famille l'honneur était un dépôt sacré, tellement sacré que personne ne se souvenait de l'adresse du Mont de Piété où il avait été déposé trois générations auparavant.

    Il demanda à trois des plus grands légistes de l'ex-royaume enchantée de faire une estimation raisonnable de son honneur et de sa probité à fins d'exiger par le droit de ses juges un juste et proportionné dédommagement.

    Les travaux furent longs, enfin le premier parut, vieillard chenu et borné qui lui fit son compte comme à un brelan de taverne et estima son dû à pas moins de dix années de prison au pain sec et à l'eau dans un cul de basse-fosse non climatisé, il retournait sur ses terres et avait fait la somme au plus juste sans s'inquiéter des conséquences funestes de son honnêteté.

    Le deuxième qui avait une carrière en cours, des fils à élever et une parentèle encombrante  à placer présenta une toute autre estimation:

    -A tout le moins monseigneur, il ne faut point tabler sur un petit peu plus que 16 milliards 935896...

    C'était à peu près l'estimation que le Merdaillon se faisait de sa personne, honneur et probité compris.

    -C'est tout compris? S'inquiéta-t-il.

    -Oui Monseigneur.

    -Répétez le chiffre!

    -16 milliards 935896...

    -Bien, bien... attendez 896 quoi?

    -Euh... euh... bolivars.

    -Ce qui fait ?

    -Au cours de la veille à peu près 9 sols, trois pistoles et 25 casseroles (11 euros et 23 cents) Monseigneur.

    Le troisième légiste vint, il s'avança vers le Merdaillon, tendit la main et dit:

    -Vous me devez Monseigneur huit sols pour la plume et le parchemin.

    Ce qui revenait à dire qu'il comptait l'honneur et la probité du Merdaillon pour rien et qu'il n'avait point l'envie de faire dépense pour lui."

     

    -Alors c'est ça ce que tu lis à tes mômes?

    -Tiens tu étais là.

    Vrai je n'avais pas vu arriver dans mon salon mon maître admiré. Il avait l'air très énervé, j'essayais de le calmer.

    -C'est un conte contemporain. Une parabole.

    -Mais ce grand con a 23 ans! Dit-il en désignant mon mien gamin couché sur le divan.

    -Oui mais il n'arrive pas à dormir, il a eu des ennuis avec une dame motarde.

    -Une parabole, comme ce qu'on met sur les toits c'est ça? Ouais et en même temps on en profite pour dire du mal de son bon maître. J'ai écouté, je vais te foutre tout ça en garde à vue, moi!

    -Mais... mais je croyais que tu t'étais mis à la littérature?

    -La littérature c'est comme la peinture quand elle est trop fraîche, elle tâche les doigts.

    Mais dis-moi François tu trouves vraiment que je suis un bellâtre?

    -Non!

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    Tu seras artiste de rue mon (beau) fils!  by Lofti Benayak 1/1

    -Bon Dieu regarde tes flambeaux quand tu jongles imagine que tu fasses ton numéro un dimanche dans une jardinerie tu foutrais le feu aux poussettes!

    -Mais je te dis que j'en ai marre beau-papa. Je veux pas faire jongleur de rue, d'ailleurs je suis pas doué pour ça, je rate tout ce que je veux... aïiie! Putain je m'ai brûlé!

    -Couillon, je te l'avais bien dit... et tu crois que c'est une vocation chez moi de faire l'imbécile dans les rues déguisé en clown structuraliste au milieu de tous ces veaux, tu crois que j'étais pas peinard au CNRS petit con va!... et d'abord qu'est-ce que tu veux faire?

    -...

    -Eh ben vas-y parle! J'vais pas te manger.

    -Je... je veux être fonctionnaire!

    -Ah ça non ! Ah pas de ça dans notre famille recomposée. Ecoute je t'ai élevé comme mon fils, on s'est saigné ton quart de mère et moi aux quatre veines c'est pas pour que tu ailles crever de faim dans cette pouillerie de la fonction publique où on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Moi vivant tu n'entreras pas dans l'administration!

    -Mais je te dis que c'est ça ma vocation, le service public, le souci du bien commun, la...

    -Et finir dans la précarité et la misère. Regarde ton demi-oncle Marcel, c'est ça ce que tu veux être un clochard!

    Le demi-oncle Marcel était fonctionnaire des Douanes, après leur privatisation par le gouvernement et leur reprise par le Medellin Toxicals and Fumett Consortium International Business, pour s'en débarrasser on lui avait supprimé toutes ses prîmes et on l'avait collé en faction sous un pont près de la frontière espagnole, depuis il vivotait sous son pont, il récupérait et revendait les téléphones portables que les trafiquants de drogue internationaux (dont ceux du Medellin Toxicals and Fumett Consortium International Business) abandonnaient dans les poubelles avant de passer la frontière.

    -Au lieu de ça tu prends la suite à la tête de notre assoç: ""Délit & Ratures" Spectak de rue, Lardu vivant", les subventions restent dans la famille, tu touches les assedics, enfin quoi artiste subventionné c'est quand même la sécurité, en plus si ta belle-tante Josyane prend sa retraite, elle est plus toute jeune la Josy, tu pourras reprendre son numéro de pute transformiste animatrice d'ambiance et la subvention de Conseil général qui va avec!

    -Ah non, je veux pas faire pute transformiste!

    -Eh bien tu feras géant de kermesse altermondialiste ou fil de fériste trotskiste...

    -Mais j'ai le vertige, je va' me casser la gueule!

    -Eh bien tu seras cracheuse de feu féministe comme ta mère!

    -Je supporte pas l'alcool alors tu penses le naphta!

    -On s'en fout tu feras n'importe quoi d'autre mais pas fonctionnaire. Si encore tu m'avais dit: voilà beau-papa je veux faire agriculteur, là d'accord c'est un bon métier avec des subventions z'européennes, françaises, régionales, des allocations et tout et tout c'est bien simple ils ont tellement de paperasses à remplir qu'ils ont même plus le temps d'aller aux champs mais fonctionnaire et pourquoi pas garde républicain tant que tu y es!

    -C'est justement ça, je me suis présenté au dernier concours de la gendarmerie et si je suis reçu dans les trente premiers je rentre dans la Garde.

    -Il m'aura tout fait, non mais tu te vois en train de rouiller sous la pluie devant un perron de ministère en recomptant les points de la retraite que tu toucheras jamais! Parce que je sais comment ça se passe ils m'ont fait le coup au CNRS, un matin on se réveille de sous le casque et on t'annonce que ton Unité de Recherche en sémiologie compararative a été privatisée et rachetée pendant le week-end par un holding sidérurgique belgo-pakistano-bahaméen... tiens voilà ton quart de mère tu vas lui expliquer ta petite affaire... chérie arrête de cracher le feu et mets la veilleuse tu veux, le petit a quelque chose à te dire.

    -Ah bon. Y a le facteur qui vient de passer il est pas content ils ont été privatisés c'est une boîte finlandaise qui a emporté le marché et ils vont être obligés de faire leur tournée en traîneau. Pour le consoler je lui ai pris un calendrier...

    -Un calendrier mais on est mi-Juillet

    -Il les distribue maintenant, à cause de la nuit polaire, mais il en avait plus qu'avec des rennes. Remarque c'est mignon les bébés rennes mais je préférais les chatons. Tiens tu as deux lettres fiston.

    -Ah ouais... oh chic, chic, beau-papa, sous-maman, je suis-t-été reçu à la gendarmerie... et 23° encore je peux demander la Garde Républicaine! Oh ce que je suis-t-esque-content!

    -Reçu? 'm'étonne pas on a toujours su apprécier les stylistes dans la gendarmerie. Et la deuxième t'ouvres pas la deuxième lettre!

    -... oh merde! Ils ont privatisé la Garde Républicaine, ça a été racheté par Disney Entertainment and Guitoons and Pignolads Worlwide Corporation... et ils engagent plus de mickey français!

     

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    7 Juillet

     

    Deux jours de calme ou à peu prés, comme tous les jours après le repas je vais agréablement le vomir sur la passerelle, l'Atlantique cela bouge quand même, mes aptitudes amphibies semblent m'avoir complétement abandonné, je ne comprends pas.

    Quelqu'un se met à crier en dessous alors que je reléve la tête, soulagé d'un gros poids:

    -Ma Vafanculo stronzo! Figlio di puta!

    Je reconnais la voix de cet imbécile de Pezzolino, il était en train de manger son énième pizza sur un transat et il semble peu apprécier le nappage que je viens de lui livrer sans supplément.

     

    Je regarde les matelots s'affairer, les uns lavent le pont, les autres font des travaux de couture, parfont leur bronzage où se consacrent à leurs tricôts, drôles de guerriers, il est vrai que le pacifisme niais dans quoi ils baignent depuis l'enfance ne les prédisposent certes pas aux grandeurs et servitudes militaires, au beau métier de soldat.

    D'autant que le ministre de La Défense (mais rien de plus!) a fait repeindre en rose tous les batîments de la flotte y compris les sous-marins maintenant déguisés en suppositoires flashy.

    J'en suis là de mes réflexions peu aménes quant à l'évolution du monde quand tombent sur les ponts une demi-douzaine d'hommes-grenouilles!

     

    Ah non là je n'ai rien fait pourtant! Qu'est-ce qu'il se passe encore?

    Les marins lévent les mains en l'air, un réflexe pourtant à proscrire dans le corps de troupe car il devient vite une habitude néfaste et nuisible au moral des hommes.  

    L'Amiral arrive pareillement érigé avec son état-major au complet quand le chef de nos assaillants aéroportés qui brandit un sabre  retrousse sa capuche d'homme grenouille et apparaît alors le visage rubicond de Eriktkë le Mauve, à ses côtés tout aussi hilare le cher Petcho Larigaïe.

    Je fais signe à tous de baisser les bras, c'est vrai c'en devient déprimant et j'emmène mes batraciens dans l'arrière-pont.

    -Voilà Monseigneur vous m'aviez demandé d'organiser une rencontre avec le Baron Kingööfzethöf, c'est fait.

    -Fort bien et je vous en remercie mon cher ami mais ne vous avais-je point mentionné la discrétion comme condition dirimante.

    -Dirimante? C'est grave? Va falloir que j'en re-référe...

    -Brisons-là mon cher ami et laissez-moi en tête à tête avec le baron, je vous prie.

    Eriktkë le Mauve est encore tout triomphant de son exploit aéroporté dont je le félicite sobrement:

    -Monseigneur est connaisseur, je le sais.

    -J'ai fait mon temps à Saumur...

    -EXXcellent!

    Je ne lui dis pas que j'y avais été versé  dans les troupes à pied et plus précisément dans le service auxiliaire à la suite d'une cabale aprés que j'eusse nourri la monture d'un chef d'escadron avec une luzerne fermentée qui fit gonfler la pauvre bête jusqu'à son éclatement finale, vrai il y en avait partout . C'était un animal de prix avec quoi il devait concourir aux jeux olympiques dans les épreuves montées de saut d'obstacles, le pauvre garçon, démonté, n'eut plus que la ressource de s'inscrire dans les épreuves à pied où il ne brilla point.

    -... puis dans les troupes de marine à Castres.

    -EXXcellent! EXXcellent !

    Bien que marsouin je ne vis jamais la mer! Consigné aux quartiers par un commandant de compagnie parachutiste qui se scandalisa lors de notre première sortie du fait que je sautasse en pyjama, c'était pourtant un exercice de nuit.   

    Aprés quoi je demandais à monsieur mon père d'intervenir dans le cours de ma carrière militaire à fins d'obtenir une affectation plus en rapport avec mes compétences et c'est ainsi que je me retrouvais au tître de la coopération à Gstaad  où je participais à l'implantation de nouvelles remontées mécaniques, expérience très enrichissante, humainement parlant.

    -Malheureusement ce que je vois ici n'est guère encourageant!

    Je lui désignais du geste non la vastitude de l'océan mais notre contre-torpilleur rose bonbon.

    -Certes! Certes! Quelle honte!

    -Jusque où tomberons-nous? Vous êtes parlementaire vous mâme?

    -Je ne m'en vante pas Monseigneur!

    -Malgré tout vous êtes une voix, cher baron, et l'on vous entend, et l'on vous écoute!

    -Certes; certes mais l'on m'inculpe plus souvent que l'on ne m'écoute Monseigneur.

    -C'est signe que l'on vous craint et que votre parole porte!

    -Dans les prêtoires...

    Je l'espérais plus saignant le viking.

    -Quand même lorsque je découvre les projets de loi que vos collégues se proposent de mettre aux voix... dernièrement encore ces assurances que l'on voudrait prendre sur ma personne sous le prétexte de ne point avoir à dépenser dans un futur improbable l'argent des contribuables...

    -Mais ils s'en foutent bien Monseigneur, ils ne veulent que vous... vous diminuer!

    -C'est le mot que je cherchais! Ne serait-il possible pour une fois de leur rendre la pareille et tout en conservant l'esprit de salubrité publique de cette proposition de l'orienter vers d'autres instances, autrement plus encombrantes et dépensières que ma très modeste personne...

    L'on remarquera avec quelles précautions et subtilités et tournures et nuances et apaisements de langage, l'écrivain que je suis s'était engagé sur ce terrain miné mais je ne peux dire autrement que la réponse de Kingööfzethöf  exprima tout abruptement ma pensée et mes intentions:

    -Vous voulez couper les couilles au chef du gouvernement mais c'est mon rêve de toujours Monseigneur!

    L'idée l'avait ranimé et il commençait de s'exalter avant que de buter sur le premier obstacle:

    -Mais comment ce faire Monseigneur?

    -Une proposition de loi de stérilisation des parlementaires?   

    -Je ne peux proposer une loi dépopulatoire, même pour des saloperies de parlementaires de merde, mon public ne l'accepterait pas. Dans le Thöf l'hiver hors la baise il n'y a rien pour s'occuper depuis qu'ils ont interdit la chasse aux Rennes et classer les agents des impôts en espéces protégées!

    -Et bien agissons comme eux, camouflons notre intention finale     dans une loi de lutte contre le machisme et promouvant l'égalité contraceptive.

    -EXXcellent!

    Il se propose de déposer son texte dés la rentrée parlementaire en attendant je l'invite à nous accompagner dans notre périple.

    -C'est beaucoup d'honneur Altesse pour un petit baron batailleur comme moi.

    -Appelez-moi donc Tétesse comme tous mes amis mon cher Eriktkë.

    -Ah Tétesse voici mon sabre il est comme moi tendu dans l'espérance de vos ordres.

    -Repos Baron!

    Nous en restons là de nos effusions toutes viriles et je m'en vais finir de vomir mon dessert, le Baron Mauve a une haleine lourdement chargée. Malgré tout quelle excellente recrue que voilà! (à suivre...)

     

     

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    Le Royal Chouquettes à l'assaut! 1/1 by G.M.Neoletto

    "Messieurs les Mestres, assurez vos chapeaux, nous allons avoir l'honneur de charger!"

    Quand j'ai signé mon engagement au 12° Trembleurs j'aurais jamais pensé que trois mois après je me retrouverais en Afghanistan, je me disais que l'armée ça me donnerait un métier, je pouvais pas penser que ce serait "fossoyeur".

    Après six jours d'instruction complète où on nous a appris à remplir les formulaires, fait signer une "convention obsèques  48 heures chrono rendu devant votre porte en cercueil plombé", expliqué comment faire notre paquetage et dire en anglais dés qu'on croisait un civil suspect (ils le sont tous!):

    "We are here to defend your dignity and the global democracy please raise yours hands, put you against the wall and take down your trousers hurry-up! I ask you please... drink Coca-Cola!"

    On s'est installé au camp militaire Françoise Dolto à Pushtwadla à une centaine de bornes de Kaboul c'était au moment des fumanges,  la récolte de la fumette quoi.

    Notre colonel nous a fait un spiche, c'était un jeune gars moderne, fils de géné, neveu de géné, beau-père de futur géné, diplômé de psychologie d'état-major, c'est dire s'il connaissait la combîne, il nous a expliqué qu'il fallait surtout  décontextualiser le conflit et il a conclu:

    -N'oubliez pas que dans une guerre asymétrique il ne faut jamais insulter à la dignité des populations locales.

    Les anciens ils  priaient tous pour qu'il soit décontextualisé le plus vite possible, le colon, il devait passer général comme tout le monde et aller pantoufler dans une filiale d'une grande boîte parisienne de publicité, d'événementiel et de Relations Publiques, bref il s'était reconverti dans le trafic d'influence et la location de carnet d'adresses mais la nomination arrivait pas.

    Les ritals qu'on avait remplacés étaient pas sortis une seule fois, la maman de leur colonel qui le leur avait défendu.

    A notre droite on était les voisins d'un contingent jamaïcain, ils faisaient une foire du Diable, ils étaient venus avec leurs "soeurs", eux ils se mêlaient vachement aux populations locales, ils prêtaient leurs soeurs en cas de besoin contre une participation aux frais, ils ont même pris part aux fumanges, il faut dire aussi qu'ils avaient acheté la récolte sur pieds et puis un matin ils sont partis, ils avaient tout revendu, uniformes, jeeps, flingots, interprètes de l'OTAN, et même leurs soeurs sur le marché aux bestiaux du coin, comme ça qu'on s'est retrouvé voisins de palier d'un seigneur local qui leur avait racheté leur part y compris leur droit au bail sur un bout du camp militaire:

    -C'est pas des trucs à faire entre collègues de l'axe du bien. Il a résumé le colon vachement déçu par la mentalité otanesque.

    Bon notre nouveau voisin de palier c'était pas non plus une buse le khan Kiluiamine Unchtar, il était pachtoune, il avait fait des études d'Econométrie Médiévale à Aix-La-Chapelle et de Plastiquage Comparé à Karachi, il roulait en vélib', souvenir de Paris, il rêvait de faire bobo parisien mais il était pas encore résolu à se faire couper les couilles, c'était un amoureux de la culture classique française, il avait tous les disques de Simone Sartre et tous les bouquins de Michèle Torr. Il avait reçu chez lui pas mal d'intellectuels parisiens, BHL c'était son grand copain, il avait même fait financer avec le fric de l'ONU un square à sa gloire avec un buste du grand homme. Le marrant c'est que d'habitude un square c'est au coin de deux rues, mais là comme il n'y avait pas de rues c'était au coin de nulle part et de rien du tout, remarquez ça résumait bien l'oeuvre de l'embusté.

    Quand je l'ai vue aux jumelles la statue de l'intellectuel parisien elle était tout maculée de merdes de pigeons.

    -'Pas croyab' ce qu'ils peuvent chier ces bestiaux-là je dis à Blanzac,

    -Pauv' couillon qu'y me répond t'en as beaucoup vu des pigeons dans le coin? C'est de la merde de peshmergas.

    -Quoi tu veux dire...? Putain c'est des acrobates les Pêches-Melba! 

    -C'est surtout des gros chieurs!

    Ceci dit ils sont quand même assez modernes dans le secteur ils pratiquent le tri sélectif des poubelles il y a même un bac à infidèles c'est celui avec le couvercle toujours rouge.

    Les ricains on les voyait pas beaucoup et on évitait de les appeler, y se foutaient de nous les frenchies, y nous appelaient les conserves de nouilles "tin noodles" à cause des planchers en alu de nos blindés qui se déchiraient comme une conserve quand on se faisait bomber.

    C'est que dans le coin ils en connaissent un bout rayon armurerie, les mômes à huit ans ils savent démonter une Kalach les yeux fermés et dévisser un soldat de l'Otan à quinze mètres sans avoir à viser.

    L'ennui c'est que le khan Kiluiamine Unchtar un matin il a décidé que nos chiottes étaient chez lui, il faut dire que c'est des nomades ces mecs-là, et comme ça depuis Alexandre le Grand et même avant, ils ont que les limites qu'ils se donnent alors il pouvait aussi bien faire le tour du camp et nous le réquisitionner pan à pan. Le colon il a appelé le géné qui lui a dit que les  problèmes de voisinage il ne voulait pas en entendre parler, il attendait lui aussi d'embaucher comme DRH dans la société de Miss France une filiale de TF1.

    - Les histoires de voisinage il me semble que c'est quand même une bonne part de la problématique de la guerre. Il a dit le colon en raccrochant re-déçu.

    Alors il a décidé de faire une démonstration de force pour dégager ses chiottes:

    -Bon on se dirige à trois compagnies en sécurité maximale vers le square BHL la section Jaunard en ternaire se détache et reprend la position dans un mouvement enveloppant, vous m'envelopperez bien ça hein Jaunard, dans la tradition, vous voyez, pas trop large... pas trop serré non plus... pendant que la colonne de route continue sa marche en avant, le tout bien entendu dans la discrétion il s'agit de montrer sa force mais sans insulter à la grande dignité des populations.

    Un mouvement enveloppant avec une section ça ne me plaisait pas trop, surtout que j'en étais de la section Jaunard, ça risquait de pas tellement envelopper grand chose, on allait manquer de papier d'emballage.

    On se met en route, le square BHL Intellectuel parisien était à pas cinq cent mètres mais on l'a jamais atteint.

    On a subi quatorze attaques, les ménagères de moins de 50 ans qui leur faisaient l'appui feu, entre deux feuilletons égyptiens à la télé elles nous balançaient des rasades de RPG 7 et quand on  est arrivé en vue du square les mômes ont lâché leurs balançoires pour nous jeter des pétards qui nous ont torché deux VAB c'est dire si ils sont doués et comme on est aimé

    Avec la section Jaunard on a quand même réussi à envelopper ce qu'on pouvait et on est arrivé devant nos chiottes, nos chiottes outragés, nos chiottes capturés mais nos chiottes bientôt ... libérés, instant émouvant, le lieutenant il a détaché trois hommes dont moi pour faire les sommations d'usage, en sueur, on avait tous passablement les chouquettes, j'ai frappé héroïquement à la première porte (comme ça que j'ai obtenu ma Légion d'Horreur) et on a entendu:

    -Y a quelques uns!

    Ils étaient 600 peshmergas enfermés là-dedans.

    Le lieutenant il a préféré décrocher, ça devenait un peu trop asymétrique, s'agissait de pas finir d'insulter à ce qu'il nous restait de dignité comme aurait dit not' chef de corps.

    -Bon a dit le colon pendant qu'on se repliait en ordre... élastique, vous me creuserez des feuillées réglementaires en attendant l'installation de nouveaux lavatories, mais cette fois vous  les mettrez à côté de mon bureau que je puisse garder un oeil dessus, j'ai pas envie qu'il me les barbote encore une fois, pour un pays de khan c'est vraiment un  pays de khan!

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  • La Cellule de maintien idéologique 3/3 Par G.M.Néoletto.

    Les aventures de Jean-Plaude et Jean-Cluc militants Umpistes de la Basse-Meuse

     

     Là-dessus Jean-Plaude est arrivé, il était vachement excité:

    -Il est là! Il est là! Il gueulait en se mettant à genoux, en se relevant sans les mains, en rayant  le carrelage avec les dents, en embrassant la serpillière qu'essorait la fille de salle.

    -Mais qui est là? A demandé le bon docteur Craquebume intrigué par le Jean-Plaude.

    -Le... le président est là! Il arrive, il descend du ciel dans une énorme colombe blanche.

    On est sorti sur le seuil, il y a avait effectivement un gros hélicoptère blanc qui était en approche, dessus il était écrit République Française-Drink Pepsico.

    J'étais émotionné et je serrais les fesses, la dernière fois que je l'avais vu et touchu en vrai c'était lors d'une féria UMP dans le Bromurois quand la Morano avait été élue Miss Bromurois, on avait remplacé les vachettes par des streap-teaseuses et les toreros par des militants UMP, c'était simple et de bon goût mais c'était bien la première fois que je voyais des vachettes encornées par des toreros!

    La présidente aussi était venue, elle balançait par la lucarne de l'hélico des capotes aux victimes en dessous, quel beau geste!

    L'hélico a atterri et on a d'abord descendu des types qui se sont mis à gueuler et applaudir spontanément au signal quand il a débarqué, il était en "Claude François", vrai il avait un costard clignotant blanc, doré et argent avec des franges et des guirlandes lumineuses il s'était fait teindre en blond et il remuait de partout comme s'il était branché sur le secteur (en vérité le service de sécurité nous a expliqué qu'il avait des batteries portatives dans les talonnettes).

    Nous on cherchait les clodettes forcément mais on les a pas trouvées, à part Roselyne Bachelot mais elle bougeait pas dans le rythme des tics du Président, il y avait plein de pipoles aussi dont Pierre Arditi qui pleurait son verre de contact paumé dans l'herbe et surtout des équipes de TF1 qui filmaient tout, tellement qu'à la fin elles se filmaient les unes les autres et le Président a dû les engueuler.

    -Moi seulement! Le reste on s'en fout!

    Le Président il était pas venu les mains vides, il nous a espliqué après, il savait pas trop quoi apporter, c'est toujours comme ça quand on va chez les gens: des gerbes c'est convenu et ça chiffre tout de suite si on veut bien faire les choses alors ils s'étaient arrêtés avec madame la présidente à la pizzeria Colombani sur la route de Fleurizy-le-Michton et ils en avaient commandées quatorze douzaines, c'était Madame la Présidente qui avait payé parce que même les fonds secrets ils étaient à sec.

    -Je vais les faire à quinze euros la grande et douze euros la moyenne c'est honnête non? De toutes les façons il y a pas de concurrence.

    Momo le livreur de pizzas il a protesté:

    -C'est sûr par hélicoptère c'est plus facile et  forcément ça reste chaud.

    Lui les siennes de pizzas pour les servir chaudes, il les mettait  deux minutes à la sortie du pot d'échappement de sa mobylette.

    -En plus ça donne du goût!

    Le président il l'a fait mettre aussi sec en garde à vue pour conccurence à chef de l'état.

    -Ces types-là ne respectent vraiment rien.

    Il avait apporté des pizzas Ibiza aux moules bavaroises et des glaces pour tout le monde, deux parfums au choix: "Danseuse du Lido avant la douche" ou "Gendarme mobile en excursion".

    Le plus marrant c'est que tout le monde s'est précipité sur le parfum "Gendarme mobile en excursion".

    -C'est vrai que c'est plus pareil l'ex-France c'est étonnant ce goût que les gaulois ont pris pour le mâle et le fonctionnaire adipeux. Il a dit le bon Docteur Craquebume en caressant, pour se rassurer, les fesses de mademoiselle Chaudaz.

    -Attention elles sont encore bien chaudes! A gueulé le Président.

    De voir le Président distribuer la pizza aux moules aux agonisants et encaisser la monnaie ça nous a tous ému aux larmes, on chialait, ce qu'il était resté simple

    On avait complètement oublié que les secours étaient toujours pas arrivés, le plus important c'était que "lui" il était là.

    J'ai demandé à un officiel, qui s'empiffrait de pizzas, si les secours allaient arriver enfin, il m'a répondu:

    -Les secours? Quels secours on a tout annulé, mesures d'économie... on a déclenché le plan Vachier++++++... fameuse la pizza au camembert! "Il" est là ça devrait vous suffire non et puis je veux pas vous vexer mais un TGV qui rentre pleine bourre dans un métingue UMP j'appelle pas ça une catastrophe nationale ça reste du mickey péteux, du con de base manipulable qui vote avec le troupeau, trente ans qu'il nous emmerde, on va pas se mettre en frais pour cette engeance-là!

    A ce moment que la présidente s'est trouvée mal en voyant tous ces cadavres et ces agonisants autour d'elle, elle était choquée... elle angoissait, elle craignait comme le père Mouillot que la nature reste à jamais marquée par le déraillement du TGV homicide.

    On a appelé la cellule de soutien psychologique, le docteur Craquebume est arrivé avec le belge Monsieur Wadong, ils ont un de ces métiers:

    -Mais non voyons ça va pas rester là ma p'tite dame vous pensez bien, on va tout débarrasser, voyons vouére doncque les poubelles passent quel jour ici?

    -Les encombrants c'est le lundi .

    -Ils vont nous parachuter des cercueils en cornets à frites recyclés et des bodybags biodégradables en peau d'estivant on emballera tout ça et on l'apportera à la déchetterie, il y aura plus qu'à trier: les militants UMP dans le bac à couvercle bleu et les braves gens dans le cimetière du village.

    -Justement on en a une ultramoderne de déchetterie qui vient d'être inaugurée sur la place de l'Ex cathédrale. 

    -Vous voyez ça demain il y aura plus rien et on va replanter et ce sera bien aussi beau qu'avant allaye doncque.

    Déjà deux délégués du "droit à mourir dans la dignité, en silence après 22 heures et sans tâcher les parties communes" avaient commencé à faire le ménage, ils se promenaient dans les rangs des victimes et administraient ceux qui étaient plus assez dignes. Y fallait voir comment les agonisants ils se redressaient en les voyant pour faire bonne figure et le Raymond Pointecourt le tout premier  il  sifflotait et souriait tout en se tenant les couilles mais vu qu'il s'en était mis partout ils tâchait et ça la foutait mal, vrai il manquait par trop de dignité et ils lui ont mis très dignement une balle dans le chignon.

    La fille qui était chargé des "outdoors shows, hula hoopers, juggling and live performance" à la présidence est venue et elle nous a demandé à Jean-Plaude et à moi où elle pouvait monter le podium?

    -Quoi le podium?

    -Le Président va faire un discours éthique il va annoncer une taxe sur les catastrophes nationales pas éthiques et après c'est sa tournée avec madame la ministreuse il vaccine tout le monde contre la grippe du castor. On lui a fait des prix c'est moins cher que l'autre celle du porc et puis c'est plus consensuel, personne n'aurait l'idée de bouffer du castor.

    D'ailleurs parmi les pipoles il y avait le Mufti de la Grande Mosquée de Palavas-les-Flots, il inspectait les lieux, on l'avait fait venir pour qu'il certifie tout hallal, c'était la première catastrophe nationale certifiée hallal. Oui un grand jour décidément.

     Le président il avait fini sa caisse:

    -Bah ça fait pas des mille et des cent  mais enfin ça paiera toujours le kérozéne, et puis ça fait une distraction le dimanche quand on a plus les moyens de faire du shoppingue.

    Et il a voulu voir les secours et comme il y avait que les types de la cellule de soutien psychologique d'arrivés il est venu pour les féliciter devant les caméras de TF1.

    C'est là que le Docteur Craquebume a craqué on l'a pas vu à la tévé quand il a essayé d'étrangler le clown Balpo son beau-frère, on l'a vite évacué à l'arrière vers une cellule de soutien psychologique et c'est le viet pas rigolo qui a pris sa place, lui avant de faire du soutien psychologique il avait fait du maintien idéologique chez les cocos, dire s'il était rodé.

    Nous avec Jean-Plaude, on a poussé jusqu'aux Pinouillettes la polyclinique d'Orthogénie, le TGV il était rentré dans la salle de travail en plein "avortement thérapeutique", la fille était morte, le toubib idem, y manquait juste le bébé, on l'a retrouvé un peu plus loin, vivant, elle l'avait expulsé sous le choc, le môme il avait été sauvé par une catastrophe nationale, quand même ça nous a fait réfléchir Jean-Plaude et moi.

     

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