•  

    -Hep ticketkë ! M'interpelle le controleur.

    L'on imagine dans quel état je me trouve: en partie haute, je suis en sang et en partie basse à poils !

    Mais le préposé ne me prend nullement en pitié et titubant il vient à moi en réitérant son injonction :

    -Ticketkë !

    Je le repousse rageusement et part à la recherche d'un homme sobre. Après avoir sondé les câles et monté sept étages, je suis bien obligé de me rendre à l'évidence, ils sont tous complétement rincés à bord ! Aussi bien les membres d'équipage que les passagers. Même les enfants, même les clebs, même les belle-mères !

    C'est tout le drâme de ces contrées rigoristes, austères, mal desservies en bonne humeur et fantaisie, corsetées et frigides, au premier rayon de soleil ou quand l'occasion se présente les naturels se lâchent tout à fait et ne se connaissent plus de limites.

    Il faut dire aussi qu'il y a ici trois étages de duty free où le Smörgg la boisson nationale, un alcool fort à base de jus de salami fermenté est en vente libre et fortement détaxée, on gagne facilement 1,67% par rapport aux prix pratiqués chez nos voisins.

    Je parviens néanmoins à gagner la passerelle.

    -Je veux voir le commandant du navire ! Intimai-je au premier gradé que je croise.

    -‘heu cobandant y dort. Me répondit-il en me rôtant à la figure.

    Je ne l'ai point encore signalé mais entretemps la houle a forci et le navire commence à balancer.

    J'écarte le pécore et promptement j'arrive au poste supérieur, un gaillard barbu, qui ne manque pas de prestance dans un charmant ensemble blanc rehaussé d'or se tient à la barre, je dis qu'il s'y tient mais je devrais dire qu'il s'y cramponne.

    -Vous êtes le commandant de ce... vaisseau ?

    -‘y me semble... c'est bien la semaine B? ...'oyons... si c'est la semaine B c'est moi qui suis là sinon c'est Henrietkë... l'est pas là Henrietkë ? Alors c'est pas la semaine A et c'est moi qui suis là !... quand même personne a vu Henrietkë ?

    -Mon commandant la porte arrière est restée ouverte ?

    -Quoi encore ! Mais merde on va re-couler ! Henrietkë il est où ce con-là ? On vous a jamais dit que vous portiez pas de slip ? Ben moi je vous le dis... gare mon garçon ou tu vas te les enrhumer et aussi... aussi vous avez du ketchup là sur la tête... là... et là aussi!  

    -Je vous dis que la porte...

    -Ah ouais la porte... HoHé les gars ordre d'évacuer le navire on va coulo qu'y dit le jeuno... mais... mais qui t'es toi pour me donner des ordres ? T'es même pas Henrietkë. Foutez-moi ce quidam aux fers !

    -Je suis le... le mari de votre reine: Printzip Raoultkë de Nordnmark.

    Il se rappôche, me dévisage, il pue le Smörgg à plein nez :

    -C'est toi Raoultkë Ôg Grotesqtkë !

    L'on pourrait traduire par Raoul le risible, je mets cette remarque déplaisante et ridicule sur le compte de son état... avancé et je réalise  que je n'obtiendrais rien de lui.

    Il ne sera pas dit que mon sacrifice aura été inutile. Je réussis à lui faire décramponner la barre et le pousse dans son fauteuil de commandement où il se met à ronfler. Je n'ai jamais conduit de ferry jusque là mais celui-ci braque mal, il me semble fort peu maniable sans doute à cause de l'état de la mer et de l'eau que nous embarquons sans compter. Nous sommes déjà bien enfoncés.

    Nous allons tout droit vers la haute mer et le naufrage assuré, il me faut dérouter l'animal vers l'île la plus prôche soit Umpingen. Je mets la barre à droite toute à... tribord donc.

    La manœuvre est brutale et l'on commence à tambouriner à la porte du poste de commandement que j'ai pris soin de verrouiller.

    En moins d'un quart d'heure nous arrivons à bon port sur Umpingen haut lieu des festivités.

    Je suis en train de parfaire mon créneau lorsque me parvient l'écho de la voix reconnaissable entre toutes car invariablement mégaphoné de cet imbécile de Thor Dupondsen, le chef des services de sécurité :

    -Monseigneur je vous en prie rendez-nous ce navire et relâchez les 2957 ôtages ! Crie-t-il depuis son hélicoptère tandis qu'à nouveau une pluie d'homme-grenouilles courônnés de bérets verts s'abat tout autour de moi, signe sans doute que le temps est à l'orage !

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    L'on m'a mis dans une chambre que le tapissier est en train de finir de capitonner au modeste hôpital général d'Umpingen lorsque ce saligaud d'Urinald fun Froeben le grand chambellan de la cour vient enfin me chercher:

    -Pardonnez-nous Monseigneur, ces messieurs ont cru que vous aviez... à nouveau... perdu la raison et détourné ce bateau...

    -Navire ! Froeben, l'on dit navire lorsque l'on est marin. Et je n'ai jamais jusqu'à ce jour perdu la raison, que je sache.

    -... vous avez raison Monseigneur: ce navire, ils ignoraient que votre geste avait sauvé la vie de tant de gens...

    -2957 Froeben... pas plus que de 2957... mais pas moins...

    -Une voiture vous attend Monseigneur.

    -Une voiture... oui... oui mais non... je vais un peu rester ici... c'est ici que l'on s'amuse aujourd'hui n'est-ce pas: à Umpingen.

    <o:p> </o:p>

    Devant la sortie de l'hôpital, une foule importante m'attend pour me fêter...

    Des jeunes filles tendant leurs seins dénudées pour que je les leurs dédicacent crient :

    -Raoultkë Tek Lof ! (Traduction : Raoul on t'aime !)

    Dieu de Dieu me voilà populaire... enfin ! Je me jette dans la foule et me laisse engloutir par elle. C'est si bon d'être aimé de son peuple.

    (à suivre...)

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  • Le 22 Juillet 1913, le Capitaine de Frégate François Madeleine-Bastille, surnommé JoliMumm, commandant du sous marin à vapeur d'attaque français Charles Deguaux-Lestoile, passe devant la Haute Cour de Justice Militaire réunie sous la présidence de l'Amiral Dupetit-Toutcourt . Il est accusé de bélligérance aggravée en temps de paix. Les audiences ont lieu à huis clos au Ministère de la Marine avant d'être transportées pour la commodité des débats au Panier Fleuri rue Cassette. Il est notamment reproché au Commandant Madeleine-Bastille l'usage inconsidéré et répété d'ustensiles de guerre tels que torpilles et canons au cours du printemps 1911  à l'encontre d'un batîment de croisière britannique dont le nom sera tenu secret par l'amirauté:

    "Question:Avez-vous engagé au cours du printemps 1911 lors de l'une de vos missions un batîment étranger?

    Réponse: Affirmatif le croiseur de bataille H.M.S. Inculabeule.

    Question: Pour quelle raison?

    Réponse: Raisons personnelles.

    Question: Nous respectons votre pudeur commandant malgré tout les actes de guerre commis sous pavillon français ne sauraient manifester de caractère privatif? Nous vous demandons la plus grande sincérité... Madame Suzette dîtes à ces dames de faire un peu moins de bruits je vous prie. 

    Réponse: Soit, lors de notre avitaillement à Anvers la Commodore Billings  a gravement mis en cause la qualité de notre marine de guerre, je lui ai demandé réparation, nos témoins ont convenu d'une rencontre, mais comme nous devions appareiller tous deux le lendemain, nous avons remis la rencontre à la fin de nos missions respectives, et ce dans un secteur convenu de l'atlantique-nord, les conditions étant à huit cent métres, dix coups au 88 de marine.

    Question: La rencontre a-t-elle eu lieu?

    Réponse: Affirmatif.

    Question: A quelle date?

    Réponse: Dans la nuit du 11 au 12 Avril 1911.

    Question: Quelle en a été l'issue?

    Réponse: Euh... nous avons reçu un coup direct dans la soute à charbon...

    Question: Oooh!

    Réponse: Mais nous leur avons explosé la cantîne des premiers maîtres et la salle à manger du commodore Billings.

    Question: Aaah! 

    Question: Quelles ont été les conséquences des dommages que vous avez subis?

    Réponse: Nous sômmes rentrés à la voile.

    Question: Pensez-vous que dans le cours de "votre affaire" des projectiles aient pu s'égarer?

    Réponse: Euh... nous avons été un peu long à l'engagement, des problêmes de hausse, en face ils nous ont encadrés trés large aussi au début,nous louvoyons tellement au milieu des icebergs que Billings a dû commander un tir éclairant pour s'y retrouver. C'était triché mais bon. Aprés, je dois à la vérité de dire que mon canon Saint Chamond porte à gauche et Billings c'est connu dans la marine britannique est tory il est donc possible qu'à un instant "i" nous ayons triangulé de conserve sur un point "t"...

    Question: Hum! Hum! Vous voulez dire un point "p" commandant.  Eh bien ma foi je tiens... la cour se tient pour satisfaite des réponses apportées par le commandant Madeleine-Bastille et le relaxe des chefs d'accusation, pour le reste nous n'avons pas à en connaître... la destinée de quelques obus perdus...  Madame Suzette vous pouvez apporter le champagne, vous connaissez les préférences du commandant "Joli-Mumm"!"

    Plus tard le capitaine de vaisseau Madeleine-Bastille deviendra l'un des héros de la résistance intérieure française sous le pseudonyme de commandant Bastille-Madeleine, arrêté par les allemands, torturé, passé à la râpe à fromage, râpé aux deux tiers ses derniers mots seront:

    -Comment... comment vous avez fait pour me reconnaître?

    Le conseil municipal de Paris a décidé le mois dernier de débaptiser la station de métro "Passy" pour suspicion d'arrières pensées vichyssoises et de la rebaptiser Madeleine-Bastille. 

    rms.Terribeule:http://www.blogg.org/blog-33810.html

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  • Une enquête de la cellule Homicide 22 par J-P.Chassavagne 2/3
    La cheffe Gringeau Josyane et le sociopathe mangeur de foule.

    Le lendemain nouvelle réunion d'urgence de la Cellule Homicide 22, ce coup-ci j'arrive pas en retard, il faut dire que j'ai dormi sur place sur la galerie de ma bagnole pour être sûr de mon coup, cette gonzesse me terrifie et c'est bon! Exactement comme au temps de Mademoiselle Rompie et que je faisais dans ma culotte, de toutes façons je m'en fous j'ai apporté un slip de rechange. 
    La Cheffe Gringeau termine l'appel:
    -... Plantacul. 
    -Présent Cheffe!
    -Bon nous avons reçu ce matin un nouveau message de Tenculathor...
    C'est comme ça que le mangeur de foules signe ses messages, c'est parait-il un ancien Dieu de la Lune chez les danseurs d'opéra vikings, la cheffe prend un papier: 
    -Je vous le lis:"ça va gicler!" Je laisse la parole au Professeur Dugond-Lajouasse pour qu'"il nous en fasse l'interprétation:
    -Chacun l'aura compris c'est une allusion directe à la 3° prophétie (à droite du garage à vélos!) de Melchésior l'analphabète dans les évangiles apocryphes non écrits du sous Mathieu versets 33. Je le retranscris tel que la tradition orale médiévale nous l'a restituée: "Et z-alors partout roigneront la désolation et batifoleront vermine et cloportes et z'alors ils s'en mordriront les génitoires ceusses qui z'auront pas onctement payés leurs tournées!" Or si l'on multiplie le nombre de voyelles du verset 33 par ma note de blanchisserie on obtient le nombre 3789 (putain combien qu'elle m'a compté les chemises cette conne!) 3789 le nombre sacré qui dans le comput hébraïque ancien correspond à la veille du jour des soldes! Or les soldes sont dans deux jours.... il va-t-attaquer demain!
    Un silence pesant s'abat sur nos képis mous.
    Le morpho-psychologue libanais menotté avec son interprète et toujours en garde à vue sur l'estrade en attente de leurs expulsions lève leurs doigts pour intervenir: 
    -L'honorable Docteur Petzoupoulos et moi-même souhaitons de connaître où sont les lavatories je vous please sir.
    Ah là ça se bouscule on a du mal à tout noter.
    Le profileur belge nous explique que le postier qui a porté la lettre de Tenculathor ainsi que sa fourgonnette Renault ont été mis en garde à vue pour crime de lése-nain et klaxonnage pendant une visite officielle présidentielle (art 666), l'analyse ADN de traces de klaxon retrouvés sur la banquette de la Renault a permis de les confondre.

    Le lendemain un dispositif énorme est mis en place tout au long du boumevard de la Raiepublique la principale artère commerçante de la ville, c'est bien simple il y a plus de flics que de civils si on compte les auxiliaires occasionnels et les délateurs assermentés, ce coup-ci on peut pas le rater si le prof s'est pas gourré dans ses déductions exégéto-biblico-ésotéro-ferroviaires, moi ça m'étonnerait un peu ça serait trop beau que les sociopathes arrivent à l'heure.
    Bon pour la foule qui doit servir de chèvre on a pris des tévéspectateurs comme ça s'il y a trop de pertes dans le bétail ça se remarquera pas trop, on a profité d'une audition pour une émission de télé réalité: "Ce soir on débranche pépé!" j'ai pas trop bien saisi le concept mais je crois que ça tourne autour du truc qu'on cause à la tévé: l'euthanazie, "c'est éducatif quoi mais en même temps ça reste du praïme!" nous a expliqué le producteur, un type souriant qui parle tout le temps et tellement sympa qu'on a presque pas envie de lui casser la gueule.  
    En tout cas quel succès à onze heures ils sont déjà plus de 25000 à attendre avec leurs vieux baveurs dans des fauteuils roulants ou allongés sous perfusion tout au long du boulevard de la Raiepublique, la si bien nommée.  

    On est posté avec Plantacul depuis une petite heure quand soudain... putain le suspense, je vous dis pas, on note des mouvements de foule suspects, avec nos jumelles, ça bouge, la Cheffe Gringeau qui a l'oeil à tout nous appelle pour confirmation:
    -Le salaud il était déjà dans la foule et il est en train de faire un vrai carnage, essayez de le repérer bordel quoi merde! 
    -Oh ça y et je le vois, oh l'enfoiré il s'est déguisé en rappeur! Gueule Plantacul. 
    -Usurpage d'habits sacerdotaux ça va lui coûter cher! Marmonne la Cheffe Gringeau scandalisée. 
    Très vite on fait mouvement et on encercle la foule, le problème c'est que ça affole un peu plus encore le bétail, à l'intérieur Tenculathor est en train d'entamer sa quatorzième victime, ça gicle de tous les côtés comme il nous l'avait annoncé épistolairement, la foule se défend pas bien sûr, elle court d'un bord sur l'autre et finit par forcer notre barrage et ce saligaud en profite pour s'échapper.
    Heureusement on a mis en place un barrage aux deux bouts du boulevard de la Raiepublique et ce sont des collègues allemands en stage parmi nous dans la cadre de l'Europe nouvelle qui déploient les barbelés, les mitrailleuses lourdes et font le rabat de la foule paniquée qui s'engouffre dans les maisons tout au long du boulevard. 
    Quand ça s'est enfin un peu calmé la Cheffe Gringeau en rajustant ses nibards phénomènes reprend la main, elle est très énervée:
    -Bon foutez-moi tout ce monde en garde à vue pour courage dans les rues quand j'ai pas dit Nicolas a dit (art 911 Carrera)
    -Vous voulez cheffe qu'on mette en garde à vue tout le boulevard de la république?
    -Affirmatif et maintenant on va visiter les immeubles un par un.

    Tout l'après-midi y passe, pensez le boulevard de la Raiepublique fait bien ses trois kilomètres de long enfin on arrive devant le monastère des frères Clémentins, ils ont fait voeu de prier en faisant des condiments divers jusqu'à la fin de leurs jours, c'est les rois de la conserve: les condiments des frères de Sainte Clémence sont vendus en épicerie fine partout dans le monde.
    Tout de suite dés qu'on rentre y a un malaise, ils sont tous albinos avec les cheveux en brosse et un bandeau sur l'oeil, c'est pas difficile de deviner que c'est eux les méchants de l'histoire, vrai on se croirait dans une dramatique du service public, tout en finesses plombées et sous-entendus gueulés, du petit point quoi.  
    La Cheffe Gringeau elle est de plus en plus excitée, elle a les mamelons qui pointent et se balade dans tous les coins son flingue à la main.
    -Mon enfant un peu de tenue! Lui dit le supérieur.
    -Toi ta gueule ou je te flingue. Elle lui intime en lui collant le canon de son pistolet devant son oeil valide.
    Alors le supérieur il lui fout comme ça une grande baffe et il lui enlève son flingue:
    -Confisqué!
    Putain je sais pas comment qu'il a fait? On est tombé chez les moines de Shaolin peut-être?
    Aussi sec la Cheffe Gringeau le fout en garde à vue pour  tapage sur connasse dans l'exercice de ses fonctions hormonales (art 12569 et suivants...)
    A ce moment il y a un moine qui abandonne la grande table où ils épluchent tous les cornichons et il se met à courir à travers le cloître, on réussit à l'attraper au moment où il escalade le mur d'enceinte, sous la bure apparaît notre faux rappeur de tout à l'heure, Tenculathor himself et en personne! On l'a attrapé enfin! (à suivre...) 

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