• Exclusif: en direct du Basses-Côtes du Nord Globe Challainge:
    les voeux de Drouadlom Legadupec'h navigateur solitaire
    par Lofti Benayak 1/1
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    ... 47 ° jour de mer à bord de mon trimaran Préparation H, le douziéme du nom, putain ce que ça passe vite, j'en ai déjà coulé onze! Temps pluvieux, pas de vent, j'ai tiré des bords mais rien à faire il vient pas un souffle, je me suis collé en plein dans les quarantiémes languissants, avec mon parapluie à la main, j'ai l'impression d'être place de la Concorde un soir de Novembre. Envie de me flinguer.

    J'ai eu mon QG navigation par liaison satellitaire ils me disent que Jacky Bourlevec'h sur son Raviolis Buitoni 9 me reprend du terrain. Et puis cette saloperie de mât télescopique qui veut pas se déplier, je savais bien que c'était une connerie d'installer ça mais le sponsor a tellement insisté, putain d'ingénieurs, c'est les mecs d'Airbus qui ont mis le truc au point si je peux dire, au point, je commence à comprendre pourquoi les airbus se cassent la gueule, drôle de nouvel an.

    Bon puisqu'il y a rien à faire sur le pont, je vais aller voir en bas mes mails et puis j'ai encore une liaison satellite tout à l'heure avec mon sponsor en direct d'une maison de retraite des Basses-Côtes du Nord.

    Ma vocation? Mon père est flic, ma mère est enseignante, c'est dire s'ils ont des loisirs, eh ben dés qu'ils ont un moment ils sortent le bateau, ah pour ça en Bretagne les fonctionnaires ils sont plus souvent sur l'eau que derrière le guichet, comme ça que j'ai attrapé le virus.

    Et puis je suis breton on l'aura deviné à mon nom: Legadupec'h en celtique ça veut dire: le seigneur de la lande qui possède aussi un petit quelque chose en grande banlieue quant à Drouadlom c'est un nom de barde dans les légendes celtiques Drouadlom c'est le vieux barde qui radote toujours les mêmes conneries, en quelque sorte le vieux barde adjudant et casse bonbons. Cest sans doute le côté fonctionnaire qui a plu à mes parents.

    S'il y a vraiment rien à faire je remettrais au moteur, tout le monde le fait, je vais quand même pas me gêner, Bourlevec'h sur son Raviolis Buitoni 9 il s'est même installé deux gros Perkins, s'il croit qu'on l'a pas vu, moi un petit Penta Volvo me suffit, y faut pas exagérer quand même ça doit rester de la marine à voiles un peu, surtout que maintenant c'est vraiment commode et bien foutu, moteurs compacts et insonorisés en vue de l'arrivée on fait notre caca et on largue les réservoirs auxiliaires et le moteur et ni vu ni connu. Il faut comprendre il y a une telle pression des sponsors pour qu'on passe à la télé et le 27 ° y passe pas souvent à la tévé... sauf si c'est une gonzesse.

    Bon voy-ions les mails, nombreux, pas mal de factures, gaz, eau, électricité, crédits bagnole et maison aussi, c'est pas croyab' maintenant les factures vous suivent même sur l'océan.

    Il y a aussi les mômes qui se renseignent pour savoir comment "faire navigateur solitaire?" il y en a des mignonnes du genre:"... j'ai quinze ans je suis en seconde économique j'aime bien m'isoler longtemps dans les vouatères closétes qu'est-ce qu'il faut faire comme études pour devenir plus tard navigateur solitaire ou rentrer à la tévé?" Bien entendu je leur réponds de poursuivre leurs études même si pour moi ma licence de sociologie maritime de la faculté de Ploumanac'h m'a pas servi à grand chose et je leur envoie quelques échantillons de Préparation H, ils risquent d'en avoir besoin surtout s'ils veulent rentrer à la télé plus tard.

    Quand même j'ai beau critiquer, quel beau métier que navigateur solitaire, j'y renoncerais pour rien au monde, même pour un emploi de fonctionnaire, encore il y a pas deux mois on m'a proposé une place à la météo à Rennes.

    Tout en tapotant sur le clavier du bout des doigts je pense à ma Bwégnolée, ma fiancée Bwégnolée le Guirvaouc'h, qui est restée au pays breton. Il vaut mieux pas que j'y pense, sans quoi je bande comme un taureau et je me cogne à tout quand je me déplace dans le carré. Au bout d'un moment j'en ai marre, de pianoter et de bander comme un con et je surfe un peu sur le vouébe, je tombe sur un site de salop de coquines qui font des trucs pas possible et je commence la lessive du moussaillon, je suis pas loin de conclure quand apparait sur l'écran à la place de mes chaudasses toute une foule de petits vieux proprets rangés en ordre de bataille prés du pédégé de Préparation H

    -... Drouadlom nous sommes en direct de la maison de retraite Jacques Mesrine de Quimperlé... Drouadlom vous êtes en direct! En direct Drouadlooooome! Gooooool! S'époumone  le présentateur de la soirée pendant que je lâche la purée... en direct satellitaire.   

    Je me dépêche de couper la liaison mais le mal est fait, je crois bien que je peux dire adieux à mon Préparation H  numéro 13  que j'avais déjà mis en chantier.

    -Bon réagissons en breton, s'agit de pas lambiner maintenant, si je gagne pas la course autant entrer à la Météo!

    Je descends dans la cale et j'essaie de mettre en marche le moteur, mais il veut pas démarrer et pour trouver un concessionnaire Volvo dans le coin, ça va pas être commode. Quelle saloperie soit il démarre pas soit il fait de l'auto-allumage!

    Je bricole, je démonte et remonte et enfin après une bonne heure de boulot, je réussis à lancer l'engin, bon il fume un peu  mais ça m'étonnerait que je rencontre du monde avant quelque temps alors je le mets à fond, histoire d'enrhumer ce con de Jacky Bourlevec'h.

    Au bout de deux heures j'éteins le moteur c'est l'heure de la troisième liaison satellitaire de la journée, cette fois je passe dans le journal de vingt heures y s'agit de pas se louper ce coup-ci, un 31 Décembre y va y avoir du monde.

    Je m'envoie un seau d'eau salée dans la gueule, me décoiffe, je monte le son de mon portable  et je règle la caméra de pont, je passe à huit heures sept, j'ai pas longtemps à patienter:

    -Drouadlome vous m'entendez ... nous sommes en liaison avec Drouadlome Legadupec'h qui est quelque part dans l'Atlantique à bord de Préparation H ... ah voilà l'image...

    Au moment où je lâche ma réplique (tout est scénarisé avant le départ avec la chaîne, les sponsors et les annonceurs):

    -Bonjour Claire!

    Voilà pas que ce putain de moteur démarre tout seul et se met à pétarader et lâcher de la fumée comme un schooner hors d'âge

    -Vous êtes à côté d'un cargo Drouadlome il semblerait, il y a comme de la fumée et du bruit  derrière vous? Mais qu'est-ce qui se passe? C'est quoi ce bruit de moteur?

    Putainc'h! Le moteur qui s'emballe, je suis maudit! Cela grince, siffle, fume, pétouille et ratatouille, j'ai honte, je crois bien.

    -Euh... euh... et sinon... euh vous avez des projets Drouadlome?

    -Ouais je rentre à la Météo Lundi... Allez bonne annéede merde tout le monde!

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    22 Juin (suite)

    Ce garçon, Petcho Larigaïe, n'est que sensibilité, c'est ce que j'apprécie le plus chez lui, rien de l'intellectuel parisien déssiqué, d'abord il y a, sa bonne humeur, un enjouement permanent tout frisé de son accent béarnais. Il n'y a que dans le choix des lectures qu'il fait à la Reine qu'il me désarme un peu, mémoires d'officiers parachutistes, de rescapés du djebel, chroniques de la Légion Etrangère et des troupes de marine, ils nous détaillent même les phylactères d'illustrés en couleurs qu'il prise particulièrement contant les exploits de militaires culturistes et suréquipés oeuvrant à longueurs de bulle pour la survie du monde libre... tout celà à force de répétitions lassent un peu l'auditoire sans représenter exactement toute l'étendue et la diversité de la littérature française je pense quoique la Reine s'en accommode fort bien, tout juste si elle ne demande de temps à autre la signification de quelque expression argotique ou militaire.

    Avec le cher Petcho Larigaïe nous marchons quelque temps dans le Parc et je m'ouvre à lui, je sais qu'il peut être de bon conseil.

    -... oh entendez-moi bien, ce que je vous en dis mon cher, ajoutai-je je n'en fais pas une affaire personnelle mais une question de principes. Habeas corpus et tout ce genre de choses, vous voyez, une atteinte à l'intégrité de l'individu pris dans le cas général même si l'on veut faire de moi la victîme sacrificielle autant qu'inaugurale de sordides calculs comptables. Ils admirent les rosbifs, grand bien qu'ils les imitent doncque jusqu'au bout en matière de libertés individuelles et du droit à disposer librement de soi-mâme.

    Après un temps de réflexion, il me dit :

    -Il faut que j'en référe... je veux dire, laissez-moi le temps de la réflexion Monseigneur, je ne voudrais pas m'engager à la lègère dans une affaire aussi grave vous concernant.

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    Malgré tout j'ai fait préparer par le fidéle Pezzolino mon bagage au cas où il me faudrait déménager dans l'urgence, je n'ai aucune envie de sacrifier pour de basses menées démagogiques mes capacités génésiques.

    Quelle n'est pas ma surprise de découvrir mon serviteur de l'autre côté des grilles du Parc attendant le bus devant l'arrêt Palais Royal .

     Il faut voir comme il est fagoté, il porte trois vestons en cheviotte superposés, deux chapeaux de chasse empilés, trois parapluies et de volumineuses et lourdes (je le vois à la courbure de ses épaules) valises en cuir Hermés. Tiens pensai-je ce garçon a la même dilection que moi pour la cheviotte et les bagages Hermés... avant que de réaliser que ce sont mes vestons et mes valises et que le gredin s'enfuit en emportant une bonne part de mon trousseau.

    Je cours sus à lui, ramasse, en passant, un fusil dans la cahute d'entrée de la Garde et je sors dans la rue, marche prestement jusqu'à l'arrêt de bus, je suis en robe de chambre, robe de chambre, habillée certes, mais robe de chambre quand même, il y a un grand nombre d'Upschloutiens employés de bureau ou ménagères qui attendent le bus de 11 heures 24 et l'arrivée en armes du second personnage de l'état, moi-même donc, ne manque pas de les étonner, je pointe l'arme sur Pezzolino qui se jette à genoux puis tout à fait à plat ventre à mes pieds en pleurant d'abondance:

    -Altesse ne me tuez pas j'ai des enfants oh oui tellement d'enfants !

    Tiens première nouvelle il se disait célibataire jusque là!

    Les usagers sont effrayés et c'est un « ÔÔÔÔÔÔ !!! » unanîme mais très vite ils sont agréablement surpris par ma simplicité, après tout le prince consort qui  vient assassiner son prochain en pleine rue comme tout le monde, c'est très démocratique tout ça.

    Il y a quelques flashs qui partent comme en approbation.

    Finalement le vil personnage obtempère à mes objurgations et nous rejoignons le Palais lui devant, les valises à la main, moi derrière pointant mon fusil lorsqu'une escouade d'une vingtaine de policiers municipaux montés et en armes eux aussi nous entourent tout soudain, suivis d'une autre vingtaine mais cette fois ce sont des gardes Royaux toujours à chevaux qui entourent les policiers, bref cela commence à faire de l'uniforme et du crottin sur les trottoirs  :

    -Monseigneur, je vous en prie, rendez-nous ce fusil et relâchez l'ôtage. Crie dans un mégaphone l'un des gradés perchés.

    -Ce n'est pas un ôtage, mais un domestique fautif et c'est une affaire privée captainkë (nota : c'est l'équivalent de commandant chez nous)  Thor Dupondsen (c'est le chef des services de sécurité), j'ai droit de haute et basse justice sur ma domesticité, alors un conseil ne  vous mêlez pas de ça et lâchez cet appareil bruyant vous êtes ridicule !

    Je passe sous les fenêtres de la Reine dans cet équipage étrange et nombreux avec ce crétin qui continue de gueuler dans son mégaphone, je léve les yeux, j'aperçois ce saligaud de Urinald Fun Froeben qui exulte derrière les rideaux.

    Finalement je fais grâce à cet imbécile de rital après l'avoir fait mettre à poils et je regagne dignement mon pavillon de chasse au moment mâme où des parachutistes en tenue d'hommes grenouilles coiffés de bérets verts atterrissent qui, pour les plus chanceux, dans le grand bassin, qui, pour les plus maladroits et nombreux, sur les pelouses.

    Qu'est-ce que ça encore ! Tsss ! Tsss ! Sans doute ce salopard de premier ministre qui prévenu en grand hâte par Urinald Fun Froeben et sa clique aura déclenché je ne sais quel plan Orsektkë d'urgence aussi superfétatoire que ridicule.

    Semaine éprouvante, certes mais où je crois malgré les adversités successives avoir su conserver ce qui me tient le plus à cœur: ma dignité.

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     Aussi le dimanche!  1/1 par G.M.Néoletto

     

    Aujourd'hui shoppingue, c'est quand même bien agréable de pouvoir faire son shoppingue le dimanche quand on a du temps, que l'on est bien reposé, c'est aussi ça le confort moderne, pouvoir consommer quand on veut, dire que l'on a vécu pendant des siècles dans ce carcan obscurantiste, des siècles à s'emmerder le dimanche en famille! Il faut dire aussi qu'au Moyen-Âge on pensait pas beaucoup à consommer, les loisirs on les passait à bâtir des cathédrales, j'ai toujours pas compris à quoi ça servait d'ailleurs, j'ai demandé vendredi au cheikh El Poilard l'imam du quartier il a pas trop su quoi me répondre.  

    J'ai sorti ma Prenault 409, je viens de la toucher, elle est vraiment très chouette, dans 98 mensualités elle sera vraiment à moi, maintenant dans 98 mensualités je sais pas ce qu'il en restera, mais enfin, comme ils disent dans la pub Preunault: "...il faut savoir se faire plaisir, maintenant, tout de suite allez bouge-toi Ducon consomme!" J'aime bien ça moi la pub.   

    Je me gare devant le pavillon, histoire de bien la montrer aux voisins, on habite dans un lotissement, un coin très chouette entre la cimenterie et la déchetterie, c'est Maison Bouic qui a construit ça, c'est des maçons comme y disent dans la pub Maison Bouic qui passe à la tévé et ça se voit. Bon c'est sûr on a dû essuyer les plâtres au début, non mais pour de vrai, ils suintaient, le chef de chantier, un portugais qui connaissait son affaire nous a expliqué pourquoi, mais comme il nous a expliqué en portugais on a rien compris.

    Quand ils ont coulé les fondations en pleine nuit alors que le toit était déjà en place, on a demandé des explications, il nous a répondu que c'était la coutume chez Maisons Bouic, les fondations toujours en dernier, une sorte de rite quoi!

    J'ai demandé au Cheikh El Poilard, c'est un ancien du bâtiment si ça lui semblait normal, il m'a dit que à son avis, sans doute qu'ils avaient oublié de les couler au départ du coup mais que  l'important c'était que les fondations soient hallals, mais pour ça.j'avais fait gaffe, je les avais fait bénir par mon agent d'assurances.

    Ce qui m'inquiète un peu c'est la mensualité de crédit Sofincon qui arrête pas de monter à cause des "frais d'apéro et autres", je me suis renseigné auprès de ma banque ils m'ont dit que c'était normal et qu'ils m'en comptait eux aussi des "frais d'apéro et autres" en plus des agios.

     

    -Bon allez en route les enfants, il vaut mieux arriver tôt sinon avec les fêtes ça va être la cohue!

    J'embarque toute la famille dans la bagnole et en route pour le centre commercial Les Pelades 3000 de Bourzy-le-Ronc, on est  à même pas dix minutes... en semaine, le dimanche forcément ça bouchonne et il nous faut une heure et demi pour y arriver, les enfants chialent, ma poupignette renaude, enfin on arrive, on tourne un peu pour trouver une place, elles sont rares, des types s'engueulent ou se tapent dessus pour en décrocher une. 

    Dans la zone commercial de Bourzy-le-Ronc il y a toutes les enseignes: Auchiottes, Put, E.Letrouble, Déthadclons... ça frotte pas mal à cause du monde et avec ma poupignette on se partage les tâches:

    -Bon, moi je m'occupe du sapin et toi du reste! On se retrouve ici.

    Elle s'éloigne avec les mômes dans la foule énorme pendant que je rallie le magasin de bricolage, après avoir tourné une bonne heure dans les rayons bondés, j'aurais du venir un vendredi c'est quand même plus calme, je me décide pour une nouvelle scie sauteuse avec écran LCD et TV /TNT intégré pour pas s'ennuyer quand on coupe une planche, je prends aussi un débouche-chiottes à ultrasons et visée laser (pour pas rater le trou!) et un sapin... putain j'ai failli oublier le sapin, j'en prends un super commode qui se replie comme un parapluie et s'illumine quand on le déplie, il marche sur batterie et il a un GPS embarqué des fois qu'il se paumerait les lendemains de réveillon.

    Arrivé à la caisse je sors ma carte bleue, j'en ai pour seulement 298 teuros et cette conne de caissière m'annonce que ma carte est bloquée:

    -Vous avez pas du liquide?

    Derrière moi la file de 1,5 kilomètres de long commence à s'animer et se propose de se transformer en soviet pour me juger et me pendre sur place. Ils ont pas tort c'est vrai que je les empêche de consommer.

    Je sors fébrilement de la monnaie, heureusement qu'il m'en reste de mes frais de déplacement que le comptable de ma boîte m'a remboursés hier matin.

     

    J'attends un bon moment avec mon sapin, ma scie sauteuse et mon débouche-chiottes dans la grande halle noire de monde et enfin j'aperçois ma petite famille qui revient vers le rivage  avec difficulté ballottée par la foule:

    -On a rien pu acheter toutes les cartes sont bloquées par la banque, j'ai essayé de tirer du liquide rien à faire.

     

    On retourne à la bagnole, ma poupignette me reproche mes achats inconsidérés et les mômes trouvent mon sapin haïgh-téche ridicule et chialent parce qu'ils ont pas eu leurs consoles WIIIIII! à télétransportation.

     

    Après une heure et demi de trajet on arrive enfin à la maison:

    -Tiens on dirait qu'il y a du monde, tu m'as pas dit que tes parents devaient venir? Je demande à ma Poupignette

    -Je t'e l'ai pas dit parce qu'ils ne doivent pas venir.

     

    Mais non, c'est pas la famille, c'est un type en costard sport très élégant et pull à col roulé spécial véquinde:

    -Maître Patouillard de l'étude Patouillard, Patouillard et Disdeudére, je suis mandaté par la société Sofincon afin de procéder à une saisie conservatoire sur vos biens...

    -Mais... mais... mais...

    -Comme vous dîtes en effet, vous n'avez pas reçu nos courriers?

    -Mais... mais... mais ...

    -Nous avons bloqué tous vos comptes en effet.

    -Mais... mais... mais c'est Dimanche! Je réussis à bafouiller au complet enfin.

    -Ah mais maintenant l'huissier c'est aussi le dimanche! D'ailleurs c'est bien plus agréable de travailler le dimanche les gens sont plus détendus! Bon nous disions donc un sapin de Noël, un débouche-vécés...

    -A visée laser...

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    22 Juin
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    Les journaux du matin parlent d'une tentative d'attentat conte le Palais Royal alors qu'il s'agissait d'une tentative d'anniversaire, qui fut d'ailleurs fort brillamment réussie à mon goût. Le premier Ministre Wöölaf Plöömquist (il est d'origine suédoise, incroyable le nombre de météques qu'il peut y avoir dans ce foutu pays !) est arrivé au Palais dés qu'il a appris la (fausse) nouvelle. C'est le secrétaire du Parti Social Démocrate (PDÖ) actuellement au pouvoir après avoir conclu une alliance avec les Démocrate Sociaux de l'ÖPD,  toujours cette manie du consensus propitiatoire à toutes sortes d'arrangement et de combinaisons avantageuses pour ces messieurs. En cinquante années le PDÖ n'a point exercé le pouvoir que pendant 43 minutes et encore ne fut-ce que parce que le premier ministre de l'époque était demeuré enfermé dans les vouatères du Palais pendant une réception officielle. Je dois confesser d'ailleurs que c'était moi qui l'y avait enfermé exaspéré que j'étais par ces remontrances après que le presse espagnole eut publié des photos de moi en accorte et dévêtue compagnie sur une plage de Marbella. Je n'admets point l'insolence, j'ai le souci de mon rang et de ma charge mais quoi eut-il voulu que je me baignasse en haut de forme et queue de pie. Ces gens-là sont proprement insupportables. J'envoie le fidéle et tarifé Pezzollino espionner à mon profit, la rencontre entre la Reine et le pseudo démocrate en chef.

     Je patiente dans le pavillon de chasse désaffecté au fond du parc ou le grand-père de Gretaetkë le roi Uürald XII recevait dit-on ces conquêtes, un sacré luron. J'en visite les piéces, c'est charmant, décrêpi, mais charmant, dans le style années 30,  vrai l'on se croirait à la campagne, malgré le métro qui passe en dessous, il faudra que je fasse aménager tout ça pensais-je, au moins lorsque les humeurs se seront calmés.

    Pezzolino revient enfin :

    -Alors fidéle serviteur où en sommes-t-on ?

    -Couic ! Me dit cet imbécile d'italien en agitant des ciseaux imaginaires devant mon visage.

    -Ils ne songent quand même pas à me...

    Que je sache la peine de mort n'est plus exercée par ici depuis au moins les années 50, ils ont songé un temps à la rétablir pour les tueurs de rennes et puis ils y ont renoncé.

    Ils ne vont pas la rétablir seulement pour moi, d'autant que je n'ai jamais fait le moindre mal à l'un de ces détestables bestiaux. Un bref instant, je le confesse, je cherche dans ma poche, ma brosse à dents qui ne me quitte plus, depuis le divorce de mes parents, un instant, oui je le confesse, je songe à fuir.

    -Couic ! Couic !

    L'imbécile surenchérit en se mettant les mains sur ses génitoires.

    -Mais parle donc imbécile !

    Il m'explique que cette petite ordure de Wöölaf  Plöömquist va présenter au parlement une proposition de loi visant à me faire stériliser, il a mis en avant auprés de la Reine que mes prétendues divagations galantes récentes et passées risquaient de me valoir un surcroit de postérité, descendance supplémentaire qui quoique conçue hors les liens du mariage et selon la loi du pays risquait de faire valoir auprés du gouvernement des droits à pension, que la liste civile de la famille royale s'en trouverait sensiblement augmentée et l'ordre de succession rallongé d'autant et qu'il n'était pas plus que ses collégues et encore moins ses électeurs-contribuables disposait à voter de nouveaux crédits ! Et donc selon lui le seul moyen d'y mettre un terme serait de me traiter comme n'importe quel matou de gouttières.

    Non mais a-t-on idée ? Quel jean-foutre !

    Maintenant je ne vois pas comment me sortir de ce mauvais pas ? Il s'agit de manœuvrer promptement et adroitement.

    Voyons quel pourrait-être mon plan de bataille, je réfléchis, longtemps, si longtemps que je m'endors... comme ça en pleine réflexion, cela m'arrive quelque fois, tant peut être grande ma capacité d'abstraction et c'est cet imbécile de Pezzolino qui me réveille, en me faisant les pôches :

    -Eh bien quoi qu'est-ce qu'il te prend ?

    -Excusez-moi Altesse, il faut que je régle le livreur de pizza.

    -Je n'ai pas commandé de pizza !

    -Moi si.

    -Eh bien régle-la avec tes gages plutôt que de me voler !

    -Je ne volais que le pourboire Majesté. C'est bon pour votre publicité de donner de bons pourboires aux livreurs de pizza qui viennent au Palais. Et avec les gages que vous me servez, je ne peux pas.

    -Et si tu y ajoutes tout ce que tu me voles ?

    -Même ce n'est pas encore suffisant.

    Ce garçon a des raisonnements d'une logique toute ancillaire et pratique. C'en est presque alarmant.

    -Eh bien alors prends ce qu'il te faut... mais pas plus.

    Une fois dépouillé, douché, rasé et habillé je vais un peu marcher dans le parc je ne veux pas faire mon retour avant d'avoir mis sur pied un plan de contre-attaque opérationnelle, mais j'ai beau réfléchir tant et plus, je ne trouve rien jusqu'à ce que je bute... sur Pétcho Larigaïe, le lecteur français de la Reine qui ronfle le nez dans l'herbe, pas encore tout à fait remis de notre soirée d'anniversaire.

    -Eh bien l'ami, on paresse ! L'apostrophai-je en lui donnant un amical coup de pied dans les côtes.

    -Merde quel est le con qui a osé ?.... oh pardon Monseigneur.

    Il se frotte les yeux, se redresse, se met au garde à vous, cette manie qu'a ce garçon de se mettre toujours au garde à vous lorsque il me croise, étonnant pour un littéraire non ? Il a publié quelques délicats recueils de poêsie : « Incomplétude II » notamment dont l'on attend avec impatience le premier tome et c'est lors de la présentation de l'un de ses livres à la presse, à l'ambassade de France que nous nous sômmes connus et reconnus pour ce que nous sômmes : deux fiers et bons compagnons.

    Il souhaitait impérieusement s'installer dans notre capitale qu'il jugeait beaucoup plus lancée en matière de vie littéraire que Paris (de fait nous avons reçu l'année dernière la visite de Miss Univers, du Dalaï Lama qui était en transit et de Barbara Cartland qui voyage en cercueil rose depuis une bonne douzaine d'années à travers la planête et ne manque jamais , par volonté testamentaire, de faire hâlte chez nous une fois l'an) mais ne trouvait pas d'emploi selon ses goûts et compétences, je lui ai proposé cette place de lecteur de français de la Reine qui était à l'encan depuis trop longtemps, le français, je l'ai dit, malgré mon apostolat énergique, reste peu prisé et mal enseigné. Il a accepté.

    Les journaux et les mauvaises langues ont tout de suite ragoté et sous entendu que le brave garçon était un agent des services secrets français délégué à la cour pour me surveiller et veiller aux intérêts français, il le décrivait comme un ancien militaire des troupes de marine, passé dans l'espionnage et la barbouzerie, roi du camouflage et du travestissement, se mouvant habilement dans les populations tel un reptile dans une jungle fournie, l'on racontait qu'il avait été marchand de glaces au Tchad pendant les guerres avec la Lybie, vendeur de barbe à papa en Centrafrique au temps de Bokassa et je ne sais quoi encore, bref on le disait un véritable Frégolo. Roman que toutes ces billevesées. Je l'ai aussitôt convoqué et les yeux dans les yeux, je suis capitaine de réserve dans l'armée française (et entre autres adjudant général du Génie rural dans la réserve du royaume), je lui ai posé la question :

    -Est-ce vrai que vous êtes un ancien militaire de carrière mon garçon ?

    -Négatif mon altesse. M'a-t-il simplement répondu.

    Je lui ai tapoté l'épaule, j'ai tout de suite été convaincu de sa sincérité. Je connais les hommes. (à suivre...)

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