• Chômdur ! 2/2  par A.Sottos
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      Le stage avait lieu dans un bel immeuble haussmannien du 6° arrondissement, Stuc ! Staff ! Spots !  Non vraiment c'était très bien, l'on comprenait que cela s'adressait à des exécutifs certes en phase de recyclage (avant désamiantage) ou de reconversion (avant destruction)

    Du chômeur donc mais du chômeur haut de gamme. Les animateurs du stage aussi étaient charmants: une quadra en tailleur crypto-Chanel et un jeune con en costard à rayures.

    On a commencé par se présenter tous, l'un après l'autre, il y avait là une grande diversité de carrières: Jean Loup  avait été directeur d'une grosse maison de disques parisienne jusqu'il y a quelques mois et puis l'accident industriel était survenu: un problème de date de péremption sur un arrivage de chanteuses de la New Top Star Academy, il avait mis sur le marché des chanteuses hors délais avec tous les problèmes sanitaires que l'on peut imaginer, des gamines avaient été sérieusement incommodées, des plaintes avaient été déposées et il avait été obligé de partir. Jacky dit le Suisse, lui, travaillait dans l'immobilier locatif il gérait d'après ce que j'ai compris un portefeuille de studios qu'il mettait à dispositions de travailleuses indépendantes malheureusement la holding albanaise propriétaire de l'affaire avait du subitement redéployer ses activités en Sicile. Robert était un cadre expatrié rapatrié à la suite d'une guerre civile dans laquelle la multinationale de travaux publics et d'infrastructures routières qui l'employait évincée par des concurrents proche de la nouvelle junte n'avait plus de participation, depuis qu'il était revenu il essayait de réunir la rançon nécessaire à la libération de son assistante multilingue.

      Nous étions comme ça une quinzaine autour de la table, je me retrouvais pour ma part entre Mireille qui travaillait dans la communication mais elle avait des problêmes de surdité et Jean-Raymond grand spécialiste de la galette bretonne et dont l'entreprise Quimpéroise la galette Chauvirec venait d'être délocalisée au Tadjikistan où le beurre de lait de chamelle était d'un cours beaucoup plus favorable qu'à Quimper, oui quelque chose nous rapprocha tout de suite, une manière d'idéal agro alimentaire commun et le refus des compromis.

    Pendant les premiers jours les activités se succédèrent: rédaction et bidonnage de CV par un professionnel qualifié qui sortait de prison pour présentation de faux bilans et que Jacky avait connu en ... Suisse évidemment.

     Entretien de remotivation personnel avec un officier de CRS en retraite mais karatéka toujours en activité d'où nous ressortîmes plié, cassé et saignant du nez.

    -‘tain chlié'est k'lon heu  mec ! Fut l'avis général.

    Saut à l'élastique (de slip) depuis le balcon du quatrième, favorisant la concentration (et l'énurésie fulgurante !) Tour du quartier en s'accrochant aux gouttières (deux blessés graves parmi les troupes parachutistes/chutées ).

    La petite quadragénaire avait troqué son tailleur contre un battle dress, elle était la plus motivée. Nous beaucoup moins, on avait tous passé l'âge. Il faut bien reconnaître que nos formateurs prenaient nos affaires étonnamment à cœur et même quelques fois à pleines mains :

    -Montrer que vous avez des couilles bon Dieu !

     Les séances vidéo de préparation d'entretiens d'embauche avaient failli tourner au gang bang :

    -On va vous sortir de là ! On est là pour ça ! Répétait le jeune con à rayures pas très rassuré quand même par la métamorphose guerrière de sa collègue :

    -Il vous faut acquérir de la confiance en soi, vous devez à nouveau croire en vous et en même temps vous solidariser au groupe! Maintenant on va tous au Shopi.

     Arrivés devant le Shopi elle nous a distribué des passe-montagnes et des fusils de chasse :

    -Ah ça me rappelle ma jeunesse ! A dit Jacky qui visiblement n'avait pas toujours été Suisse.

    On l'aura compris il s'agissait d'un exercice pratique ressortissant des Travaux dirigés et consistant en un braquage de supérette.

    Il va de soi que notre formatrice s'était entendue avec le gérant du Shopi, et tout aussi naturellement le gérant ce jour-là était malade, son remplaçant a prévenu la police, et nous nous sommes tous retrouvés au poste pour braquage de Shopi sauf le Suisse qui avait pris des otages avec quoi il regagna tranquillement son pavillon de banlieue.

    <o:p> </o:p>   Les personnalités qualifiées se succédaient, racontant chacune leur expérience professionnelle, leur réussite souvent étonnante, je me souviens en particulier d'un lituanien qui avait remonté à lui tout seul un chantier naval sur la Baltique et sortait maintenant, avec l'aide de son épouse et de son beau-frère certes, deux paquebots par moi, c'était impressionnant, mais il faut bien avouer que ces gens-là ne sont pas comme nous.

    Quand même sur la fin,  peut-être faute de personnalités suffisamment qualifiées on nous a envoyé un spécialiste des granulats marins, je l'ai dit chacun avait sa méthode pour nous re-motiver, lui avait commandé une benne de sable, il avait des prix du fait de ses activités canulardo-granulatesques et l'on s'est installé dans la cour de l'immeuble, tous occupés à faire des pâtés de sable :

    -Vous allez voir vous allez beaucoup apprendre sur vous-même grâce à ça.

    On s'est donné des coups de pelle et j'ai effondré le château de sable de Zonzon (c'était l'ancien directeur général d'une grosse affaire de plomberie)  pendant qu'il était n'aux vécés mais à part ça rien de très concluant.

     Le lendemain, un vendredi nous avons retrouvé nos formateurs sâlement démotivés, leur boîte venait d'être mise en règlement judiciaire :

    -Je suis désolé nous devons arrêter le stage. Malgré tout nous n'allons pas vous laisser tomber  nous avons des propositions de retour à l'emploi de l'Association de formation et rééducation des cadres de Vesoul, ils offrent des places de techniciens (ciennes) d'accueil et de vente en grande surface dans la banlieue de Vesoul, cela intéresse quelqu'un ?

    Caissière à Vesoul ? Non, tout le monde s'en foutait, on préparait autre chose, avec toute la bande, deux semaines que l'on creusait un tunnel, il faut croire que l'on s'était trouvé, Jacky le Suisse qui avait repéré le coup: une boîte de fabrication de bijoux et de pièces d'orfèvrerie juste en face des locaux du centre de formation:

    -Ils manipulent du jonc et de la pierraille, ils bossent pour le sultan du Brunei, il y a du lourd !

    On peut pas dire le Suisse il savait utiliser les compétences, il avait mis Jean Loup à l'animation en surface, Mimi la sourdingue à faire le guet, Zonzon au chalumeau, Bob au traçage des plans, Jean-Paul et Karim ex DRH dans le bâtiment au creusement, , quant à moi avec Jean Ray je m'occupais de la gestion du matériel et du fourgue et  Momo et Clément François qui avaient tenu une boîte de sécurité et de surveillance dans le temps se chargeaient du système d'alarme.

    On a fait le coup pendant le week end quand il n'y avait personne dans le quartier et un maximum dans les coffres.

    Quelque temps après j'ai croisé notre couple de formateurs, ils s'étaient installés une chouette tente au bord du périphérique, j'aurais voulu m'arrêter pour les remercier mais j‘ai pas eu le temps  ça redémarrait déjà !

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  • Conscient que dans ce pays de lopett... d'hommes ayant pris enfin conscience de la part de féminitude de leur être intime, l'heureuse discipline qu'est la soumission, qui a connu ses plus belles heures dans les années 40 et quelques où elle avait pris rang de sport national, connaît à nouveau de  beaux jours, certain qu'elle est appelée au plus large retentissement sur le vouébe (ouais ouais je sais de quoi je cause bande de minus!), nous vous proposons aujourd'hui le témoignage de l'un de ces petits dégonfl... de ces êtres qui ont choisi volontairement parce qu'ils avaient une petite bit... qu'ils en avaient le désir sincère de se soumettre à autrui et d'exécuter toutes ses volontés parfois jusqu'à la lâcheté ou ce qui peut nous  apparaître comme une certaine forme d'abjection mais qui n'est souvent  que la preuve d'un amour qui les dépasse ( de deux têtes au moins avec la casquette !).
    Voici donc le témoignage de François F. qui vit de manière précaire à l'Hôtel M... à Paris.

    Le Soumis à son pépère
    Ou le Schtroumpf à cravache
    <o:p> </o:p>

    Depuis que sa schtroumpfette est partie il est de plus en plus dur avec moi mais je m‘en fiche, j'accepterais tout de lui, pour ça que je fais premier ministre pour en chier un max, sûr que si ma Pénélope à moi se barrait ça me foutrait un grand coup, donc je peux le comprendre, donc j'accepte, donc j'en chie, CQFD.

    -Tiens à onze heures tu recevras les métallos !

    -Mais... mais je croyais que c'était toi qui les recevait ?

    -Je les reçois, je leurs offre l'apéro, je les tasse un peu, je les fleuris un peu, mémoire de Jaurès, souvenirs de Carmaux et autres couillonades, la tournée est pour moi  et après tu t'en occupes !

    -Mais ils vont encore être bourrés : tu sais bien qu'ils sont méchants quand ils sont saouls, la dernière fois ils m'ont enfermé dans le placard à balais et c'est un garde républicain qui m'a délivré deux heures plus tard... oh j'en peux plus... j'en peux plus... tu es vraiment trop... trop..

    -Trop quoi !

    -Mé... méchant !

    -Ta gueule ! Après tu t'occuperas de la Merkel, ‘peux plus la supporter celle-là, à chaque fois elle me fout dans la gueule les chiffres de l'industrie allemande, ses excédents budgétaires dont elle sait plus quoi faire et comment que Berlin est chouette en automne depuis qu'ils l'ont rebâti en deux fois plus grand et quatre fois plus moderne et que je devrais y faire un petit tour et que j'aurais qu'à apporter mon petit vélo de français à pédales et que ça me ferait les mollets.

    C'est bien simple elle se fout de moi ! Qu'est-ce que j'y peux si je fais président d'un peuple de minables qui pense qu'à ses RTT quand la moitié de la planète se met en overdrive et bascule à plein dans le troisième millénaire. Ah si mon vieux avait eu la bonne idée de faire escroc aux states plutôt que dans ce coin de merde, je serais né ricain, j'aurais fait président des étatsuniens, ç'aurait été aut' chose quand même que technico-commercial de Bouygues ou Lagardère comme maintenant ! Et peut-être... oui peut-être elle serait restée avec moi.

    Il m'émeut quand il est comme ça, tout apitoyé sur sa destinée humaine, tellement humaine...

    -Et puis putain je t'ai déjà dit de pas foutre ton vélo dans ses bégonias! Elle les aimait tant !

    -Mais c'est pas mon vélo c'est celui de Juppé !

    -Quoi il est là ! Il est là et on me prévenait pas ! Ah Alain entre...Enfin te voilà ! Tu sais que tu me manques toi ! C'est bien simple j'ai plus que des cons autour de moi ...

    Il dit ça pour me faire râler, mais je m'en fous j'endure, j'endure...

    -Et toi vas me promener les chiens !

    -Mais... mais t'as pas de chiens !

    -Eh ben va en acheter une douzaine... tiens des noirs comme il avait l'autre grand con !

    -Des labradors ?

    -Labrador c'est  canadien ça ! Non... non plutôt des danois, c'est féroce ça ! Je te les leur lâcherais au cul à tous ces cons pendant les journées du Patrimoine ! On rigolera bien !

    C'est sûr cet homme souffre !

    Quand je reviens avec ma meute de danois, c'est incroyable ce que c'est mordeur ces engins-là, et puis ça braque mal, surtout dans les embouteillages, je suis quand même content je me suis bien fait cracher dessus par les tomobilistes pris dans les manifs:

    -Regarde-moi ce pourri que c'est nous qu'on le paye et qu'il joue à la baballe avec ses clebs pendant que c'est nous qu'on s'emmerde !

    En fait de jouer à la baballe j'essayais de leur faire lâcher mon Black Berry mais ils me l'ont bien ruiné et ils m'ont arraché un bout de la main avec.

    J'arrive sanguinolent, bandé et en retard à la réunion avec les métallos... mais il n'y a personne.

    -Le président les a gardés à bouffer, il a dit que vous aviez qu'à vous occuper des lycéens.

    Ah le salaud, me voilà privé de métallos, sûr j'en aurais bien chié, il a encore voulu me punir !

    Contre mauvaise fortune... comme on disait chez les scouts et puis cela va me faire du bien de voir de la jeunesse, qui ne l'oublions pas, est pour une grande part l'avenir de notre pays.

    Je fais donc  préparer un bon goûter pour les lycéens, avec des pain-z-auchoco et des brioches et du chocolatolait et des gateaux-z-au beurre (noir !).

    C'est alors que François (Chéréque) de la CFDT & Fils vient me voir, lui aussi a l'air d'avoir souffert, il a la joue droite boursouflée et l'œil droit fermé :

    -C'est ce salaud de Bernard Thibault il m'a coincé pendant la récré, entre la manif et la conférence de presse et qu'est-ce qu'il m'a mis le salaud en me traitant de collabo!

    J'essaye de le réconforter, je lui offre un petit painzochoco et même un painzoraisins, il s'en va triste et battu, je l'envie un peu.

    Bon moi, j'attends les mômes, je finis d'arranger la table, c'est charmant il y a même des fleurs.

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    Ils arrivent enfin, avec une heure et quart de retard, Dieu comme ils sont grands ! Il y en a même qui ont de la barbe... et qui sont venus avec leurs gamins.

    -Nous exigeons l'ouverture immédiate de négociations... commence un moins grand qui a l'air de vouloir s'essayer à jouer les vedettes sans doute pour entamer une carrière de starlette au PS, tout en dégueulassant mon tapis des Gobelins avec ses baskets crottés.

    -Entrez... entrez mes enfants, assoyez-vous... mademoiselle je vous en prie prenez place !

    -Mademoiselle oh l'aut' bouffon y m'a pas regardé !

    -Vo-yions ! Vo-yions de quoi voulez-vous que nous parlions ? Des cours de Gymnastique peut-être ?

    -Gynastique c'est quoi ça ?

    -Moi ma gynastique c'est la tringlette ! Y comprend rien c'est la suprême détresse le vieux ! Y faut le jeter chez les aut' vieux !

    Ces garnements commencent à bousculer le buffet, tirer la nappe, violenter le personnel de service bref c'est très vite le plus grand désordre et il me faut montrer un peu d'autorité :

    -Allons ! Allons je vous en prie mes enfants...

    Mais va te faire fiche rien n'y fait, quelques uns essayent même de décrocher le lustre de cristal :

    -Ouais ça vaut de la thune ça !

    D'autres veulent sodomiser mon officier de sécurité ... et puis soudain la porte s'ouvre c'est Pénélope :

    -Eh bien ! Eh bien ! C'est pas un peu fini toute cette bordel on vous entend depouis de l'autre côté de le rue !

    Elle te leur distribue force claques, en décroche quelques uns perchés,  fait enfin mettre toute la troupe en rang par deux :

    -Et pas une bruit jusque le porte !

    Ah c'est bon ! Oh oui encore ! Quelle autorité !

    Ils sont dans le parc en train de défiler en chantant : « Maréchal nous voilà ! » quand le président arrive :

    -J'ai croisé ta dame ah c'est quand même quelqu'un on peut pas dire ! Toi en revanche t'as vraiment pas de couilles t'es qu'une petite bitte !

    -Couilles, bitte, qu'est-ce que c'est ça ?

    -T'as rien dans le slip quoi !

    -Bien sûr que non c'est Pénélope qui a tout ça, de toutes façons tu penses bien que si j'avais eu un slip garni j'aurais pas fait la carrière que j'ai faite !

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  • Con friendly!  2/2  par L.Lagueulebée

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    C'est ma Poupette, Jeanine mon obersturmbanhfuhrer préféré, ma femme à moi quoi, depuis qu'elle travaille aux impôts elle est de plus en plus rigide... alors que de mon côté je le suis de moins en moins, bref c'est elle qui avait trouvé la location, une de ses collègues de bureau qui lui avaient recommandé le coin. C'était dans le Jura, oui je sais, mais ça peut-être très beau le Jura, très sauvage aussi, c'est le côté nature inviolée qui l'avait tentée, les mômes aussi étaient contents, la nature inviolée ça les passionnait même si ils préféraient l'étudier à la ville: devant la  tévé.   

    La voiture marchait bien, il y avait qu'un truc d'un peu ennuyeux c'était cette manie qu'elle avait de causer tout le temps, le plus souvent en anglais, et puis soudain dans les pentes du Jura, elle a décidé d'elle-même d'économiser les freins, elle m'a même fait tout un cours sur le sujet qui s'affichait sur l'écran multimédia en couleurs, les mômes regardaient ça en prenant des notes pendant que j'appuyais comme un dingue sur la pédale, mais plus rien.

    Finalement elle a détecté une valeur de sudation élevée associé à un taux d'humidité important de mon fauteuil électrifié, elle en a déduit que je les avais à zéro, et de fait je venais de vivre un pénible relâchement de sphincters,  et bonne fille elle a rebranché les freins.

    -BRAKES  O.K !

    Soulagé j'ai appuyé un grand coup sur la pédale en zamack recyclé et elle s'est cassée en deux.

    -SUCKER ! A lâché cette p... de bagnole de m...

     On a fini par s'arrêter dans un arbre après avoir heurté un vieux panneau routier Michelin en béton blanc, qui nous avait heureusement freiné, il y avait des dégâts matériels mais heureusement pas de blessés.

    Il s'est pointé une camionnette de gendarmerie moins de dix minutes après, je n'avais pourtant prévenu personne, la bagnole qui s'en était chargée, cette salope n'arrêtait pas de clignoter en gueulant :

    -VITESSE EXCESSIVE CONSTATEE ! VITESSE EXCESSIVE CONSTATEE !   

    J'ai vite ouvert le capot et j'ai arraché tout ce que je pouvais, j'avais des faisceaux électriques plein les mains et elle l'a enfin fermée.

    Les pandores n'ont même pas demandé de nos nouvelles, ils nous ont filé une dizaine de P.V. pour "déprédations sur espace naturel protégé", et payé une tournée générale de tests ADN :

    -On vient d'en toucher des nouveaux très chouettes ! Avec un seul poil du cul on vous donne le tiercé dans l'ordre!

     Une fois tout le monde fiché, y compris le chien ils nous ont enjoint de circuler ce qui était bien loin de nos possibilités.

    -C'est... c'est les freins qui ont lâché...

    -... information fausse... données erronées...

    A murmuré encore cette charogne de voiture avant que je lui mette un coup de manivelle en plein dans l'alternateur.

    - Sûr ce n'est pas comme ça que vous allez la réparer !

    -Oui mais qu'est-ce que ça fait comme bien ! Vous ne pouvez pas nous envoyer un dépanneur ?

    -Pour un dépanneur il y a un supplément ! Et ils nous ont remis une demi-douzaine de prunes de plus pour "stationnement non signalé sur terre plein en dehors d'un terre plein signalé!" 

    <o:p> </o:p>

    Le chef d'atelier de la concession Penault-Reugeot du chef lieu a regardé la voiture depuis son fauteuil, il avait une belle vue:

    -Ouais il faut changer tout l'avant, forcément c'est déformable alors ça se déforme... même en roulant, alors vous imaginez quand ça tape... il est à vous le chien, je vous le change aussi ?

    Il fallait compter quinze jours, les pièces détachées venaient du Tatarstan Méridionale :

    -Mais pour le chien j'ai que du jaune métallisé et forcément il y a un supplément...  

    <o:p> </o:p>

    Pour les derniers kilomètres jusqu'au gîte rural que nous avions loué nous avons pris un taxi taiseux qui nous a bien reposé de ses collègues parisiens.

    <o:p></o:p>

    -Vous v'là rendu ! A-t-il enfin proclamé en nous balançant nos valises sur le bord de la départementale.

    Pour être rural c'était rural, les gamins étaient un peu déçus c'était pas comme à la tévé chez Nicolas Mulot, ça manquait de couleurs et de clowns  et puis il y avait les odeurs, ça a la tévé il y a pas, même si on devine que ça sent pas vraiment bon à l'intérieur.

    <o:p> </o:p>Après une bonne heure de montée nous avons croisé un type à couette sur un vélo. C'était le plus surprenant ce côté borgne de la couette, il en avait une à droite et rien à gauche, on aurait dit une petite fille qui avait mal tourné.

    -Vous z-êtes les parisiens ? On vous attendait plus tôt. Marchez bien derrière moi prenez la trace sans quoi vous allez tout abîmer, on est un milieu protégé.

    Protégé de quoi ? Sans doute pas de l'imbécillité tant ce garçon irradiait une sottise de sergent de ville mise tout entière au service de la survie des espèces (de c... comme lui !) et du sous-développement durable.

    Nous sommes arrivés, chez lui, épuisés, après dix bons kilomètres de cailloux pointus :

    -De toutes les façons vous seriez venus en bagnole que ça aurait été tout pareil je vous aurais fait garer en bas. Pas question de croire que vous allez pouvoir tout saloper avec vos bagnoles. Bon c'est la maison du coin !

    Il nous désignait une bâtisse modique, tôlée, mal colmatée entourée de deux rangées de barbelés.

    -Faîtes pas attention aux miradors ma petite dame, on les allume qu'à la nuit, faut comprendre on en a tellement choppé des parisiens qui allait pisser à la lune dans les mûriers sauvages où nichent le Serre-Fésces mordoré et la Biroupette ailée qu'on a installé ça et que maintenant on fait gaffe. Il y a pas quinze jours on a attrapé un belge qui se branlait dans les ronciers, il a pris six mois ferme.

    Atterré, je regardais l'endroit le paysage retranché, barricadé rendu encore un plus grotesque par une quarantaine d'éoliennes géantes plantées en haut du col, sinistres épouvantails industriels !

    Ce n'est pas pour dire du mal des gradés, mais il fallait vraiment être ma conne de femme pour louer un stalag pour les vacances.

    <o:p> </o:p> Je ne dis pas que le séjour se passait mal, le plus fatigant c'était les séances de rééducation de Ginou l'instituteur altermondialiste et poète local, il faisait chanter, très tôt le matin aux gamins des cantiques de marche soviétiques traduits par ses soins en jurassique ancien ou en jurassien antique. Cela remplaçait avantageusement le club Mickey certes, mais quand même au bout d'une semaine cela finissait par être éprouvant.

    Comme on n'avait pas le droit de s'écarter de plus de cinquante mètres de la maison, on profitait des visites guidées obligatoires organisées dans les alpages de basse estive pour les touristes déclarées en préfecture par Jacky, gardien de vaches reconverti en Technicien Gestionnaire d'Espace Naturel Protégé TGENP et ami d'enfance de  Lulu la couette:

    -Mais où sont les vaches ?

    -Pas de vaches ici, c'est interdit, à cause des flatulences, les vaches ça pollue... surtout à la campagne! Pas de gaufrettes non plus ma petite dame ! Il faut quinze siècles pour qu'une gaufrette soit complètement assimilée par le milieu naturel.

    <o:p> Enfant j'en avais connu des paysans, chacun avait son quant à soi et le goût du travail qu'il s'imposait sans se chercher une consigne, ou un supérieur à quoi obéir, au vrai ces paysans-là étaient de vrais adultes et ils sont rares. Mais les Lulu la couette et tous ses collégues n'étaient pas des paysans non plus que des adultes mais de lugubres et pauvres corniauds qui se cherchaient un maître ou une croyance et se guidaient sur les phares de la bagnole qui les écraserait.</o:p> Jusque alors, chacun en était témoin, j'avais fait des efforts, j'avais collaboré plus qu'abondamment et fait taire les préjugés que je pouvais avoir envers les cons mais à cet instant j'ai eu une soudaine envie de  passer directement d'ennemi du peuple à sérialle quilleur et de te les  étrangler tous avec la couette survivante de l'inénarrable mais non point inénarré Lulu.<o:p> </o:p>

      Et c'est là que j'ai fait une connerie, le truc dingue que je regretterais sans doute toute ma vie, j'étais, je m'en accuse dans de bien fâcheuses dispositions d'esprit et par bravade, et aussi parce que je n'avais pas vu les dizaines de caméras de surveillance disséminées dans les alpages, comme ça devant tout le monde, en pleine nature préservée et donc rien moins que consentante, j'ai  allumé une clope ! 

    Après quoi toujours inconscient j'ai respiré un bon coup, ouvert les bras et j'ai cueilli une fleurette d'un joli bleu trompeur qui se révéla être après autopsie un Furonculosis Sarkozinus espèce rare, parce qu'infréquentable, jamais tranquille et infiniment mieux protégée que la moyenne des renonculacées alpines.

    <o:p> </o:p>    Dans le fourgon qui me ramenait à la Prison Centrale de Charleville-Mézières  je repensais à mon procès, tout le monde avait témoigné contre moi, mes mômes: ils avaient fait un rapport circonstancié et en trois exemplaires, incroyable ce qu'on est observateur à cet âge-là! Ma femme, mes voisins, mes chiens (l'ancien et le moderne), même ma bagnole en avaient rajouté, les gendarmes avaient réussi à récupérer la boîte noire et pointé 16789 infractions et délits divers, alors j'en avais pris pour vingt ans.

    -Vous vous en sortez bien ! M'avait dit mon avocat à qui je dédicaçais aussi sec un coup de boule à tirage d'auteur.

    A travers le grillage je regardais la campagne trompeuse ( salope !) pendant que le garde mobile, immobile sous le casque, tout à son ouvrage, tricotait et puis soudain il y a eu un choc, un grand bruit de tôle et des coups de feu tout autour du fourgon.

    Quelqu'un a forcé la porte, m'a tiré au dehors et balancé une grenade  fumigène à l'intérieur.

     J'étais libre! Et c'est comme ça que j'ai rejoint le maquis.

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  • 25.
    Dartemont-sœurs
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    Chéchignac ayant droit eu égard à sa participation dans Dartemont-Sœurs à deux administrateurs au conseil d'administration, il m'avait coopté afin que je me tinsse un peu au courant des affaires conchoises, et de fait quel meilleur observatoire que cette maison séculaire et demie pour comprendre la mentalité conchoise et connaître tout des histoires compliquées, grotesques, scandaleuses ou grivoises du pays concho-ponchain. Avec Walter nous passons des après-midi entières aux archives, qui se trouvent dans les grandes caves de l'immeuble Dartemont-soeurs.
    Tout y est consigné depuis la première vérole de l'ancêtre de mademoiselle Martineau libraire portuaire jusques aux nombreux avatars extra-conjugaux et donc naturels de feu Lucien Boitel, le regretté député-maire.
    Le plus étonnant ce sont les compte-rendus et rapports de mission effectués au début du siècle dernier par les enquêteurs moustachus de la maison,
    Et d'ailleurs le Chef ‘von le Gueuzec quand il vient nous visiter de retour de ses filatures se laisse lui aussi gagner par une certaine nostalgie :
    -... ah quand on pense que dans ce temps il y avait plus de cinquante enquêteurs à demeure... souvent d'anciens gendarmes, passés virtuoses du constat d'adultère et des affaires de mœurs où ils savaient montrer tout le doigté et le métier nécessaire, ce n'était pas à eux qu'il fallait faire le coup du garde-champêtre ou du trousse-veuve... ouais une bonne cinquantaine plus les correspondants... aujourd'hui je suis le seul permanent et nos correspondants se font vieux... ils font comme moi ils se préparent à la retraite... tiens j‘en parlais encore tout à l'heure avec Jean-François Précaillon...
    -Comment va-t-il le cher Jean-Françouais ?
    -Il va... il va comme moi vers la sortie, lui aussi a du regret...
    -Allons chef, pas de défaitisme, vous savez bien qu'il suffirait de pas grand chose pour relancer l'affaire... si ces dames consentaient à passer la main à la rentrée, je serais prêt à investir dedans et...
    -C'est là que tu te goures mon petit Valter, Dartemont-sœurs sans les sœurs cela n'existe simplement plus c'est pour le coup que tous nos correspondants raccrocheraient pour de bon !
    -On en prendrait d'autres, on pourrait doubler les postes, même à l'étranger.
    -Oh je connais tes idées, on pourrait même changer de métier, mais ce serait plus ça, la confiance ça compte et puis tu sais elles ont le don, c'est de famille, même la Chambeulac, l'affaire du trafic de Bletznecs congelés à la conserverie Seigneur il faut voir comment elle t'a démêlé l'affaire. C'était le beau-fils qui maquillait les connaissements et avait monté une filière d'export parallèle, le vieux Seigneur a préféré laissé filer le coup pour s'éviter le scandale
    -Pourtant le trafic de bletznecs, cela devrait être sévèrement réprimé ! Intervins-je déjà connaisseur et prévenu quant à la dangerosité du produit.
    -S'pas c'est ce que je lui ai dit au vieux, il y en avait quand même pour quatorze briquettes...
    -Cent-quarante mille francs ? Cela fait combien en t'euros ?
    -Aucune idée de toutes façons je vous parle en énefs, un mi-yard et quat' cents mi-yons !
    -Un milliard et... bien dîtes donc cela doit en représenter des milliers de tonnes de poissons...
    -Vous plaisantez au japon il le cigle au prix du béluga le bletznec ! Non vrai  mon petit Valter et regarde... même les gamines, elles n'ont pas hérité que du réchaud et de l'appétit de leurs grandes tantes, elles te l'ont coincé leur satyre pudique et il est vite passé aux aveux. Non crois-moi elles ont le flair et du goût pour ça.
    -Et pour le reste ? Vous avez pensé au reste chef ?
    -Elles s'y mettront, petit à petit je la mets au courant la petite Belcourt et elle répond bien crois-moi.
    Du reste, je n'en saurais pas plus et je ne cherche pas à en connaître le détail mais il n'est pas difficile de comprendre que c'est ce reste des activités de Dartemont-sœurs... et compagnie qui intéresse au plus haut point Walter Chéchignac. (... à suivre...)
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  • Exclusif : le Prix Glancourt décerné à H.T.Fumiganza pour Walter Chéchignac (L'Urbaine des Arts Editeur) au premier  tour de scrutin.


     

    Nous vous livrons ici le compte rendu des débats des jurés Glancourt tel que recueilli par notre envoyé très spécial Pipo Lagroulade.
     C'est au restaurant buvette le Balto rue Franpin à Bagnolet que le jury du Prix Glancourt s'est réuni sous la présidence de Didier Ducoin (il est de Bagnolet centre) et de Madame Edmonde la charmante épouse du propriétaire du Balto qui avait décidé que cette année elle en serait :
    -Vrai quoi merde alors merde quoi ! Marre de vous faire la tambouille, de vous laisser écluser gratis, et de servir en salle moi aussi j'en lis des bouquins ! Qu'est-ce y croivent ces petits merdeux qu'y a qu'eux qui n'ont de la kulture !
    Jean-Pierre Chassavagne notre estimé directeur qui comme chaque année dînait sous la table avec quelques éditeurs amis, afin de s'assurer de la bonne tenue des débats et pouvoir le cas échéant rendre de menus services aux uns et aux autres, Jean-Pierre donc est sorti de sous la nappe pour dire à L.Benayak son homme à lui :
    -Virez-moi cette morue si les journaleux arrivent on va avoir l'air fin ! 
    -Difficile chef mon chef ! A rétorqué le très hiérarchique Lofti, elle risque de nous présenter la note des dix dernières années.
    -Ouais remarque t'as raison, bon mais tu me la marques à la culotte ! A murmuré le cher Jean-Pierre en regagnant son dessous de nappe.
    -Affirmatif chef mon chef ! A murmuré de concert Lofti en déglutissant avec quelque difficulté.
    Il faut dire que marquer Madame Edmonde à la culotte, ça n'incite pas à l'optimisme.
    -Bon je fais l'appel a dit Didier Ducoin ( non vrai il est né juste en face) qui adore jouer au profaillon, il a longtemps travaillé pour la tévé d'état, il a même commencé sa carrière d'homme de lettres à l'ORTF (en seconde division: sous-directorat des dramatiques chiantes und educatives)
    Des absents il n'y en avait que deux: l'une belge notoire refoulée comme chaque année à la frontière hollandaise et l'autre que l'on avait oublié de prévenir, il était fortement soupçonné d'honnêteté.
    Michel Pourniais de chez Gallimion & fils a pris la parole, parce qu'il portait un bonnet, habitait une campagne lointaine et mal desservie et avait annoté les soixante-dix volumes des œuvres complètes de Voltaire dans l'édition de Kehl, il se prenait pour un lointain successeur du bourgeois de Ferney.  
    -Je ne sais pas ce que vous en pensez mes bons amis mais  j'ai bien aimé : « Me la mets-je ? » de Ronald Pointebille c'est quasiment ontologique? 
    Michel Pourniais a soudain disparu sous la table, comme happé par un tourbillon, une manière de triangle des Bermudes bagnolétain.
    On a envoyé une cordée de secours et on l'a retrouvé enfermé à double tour dans le buffet à verres des cuisines, son éditeur qui l'avait planqué là parce que le Ronald Pointebille était parti de chez Gallimion pour aller chez Flaminard et qu'il était même pas question d'évoquer son nom quand on était un auteur Gallimion.
    -Pointebille ? Ce n'est pas le neveu de Tomato-Delfraise de l'Académie ? (l'académie Rastaquouaise la seule concurrence que les jurés Glancourt se reconnaissent en matière de littérature non raturée et de confusion mentale).
    -Raison de plus marre de ces petits pistonnés, on va finir par avoir des auteurs à deux têtes à force de se reproduire entre nous et puis le tonton  est mort en plus !
    -Quoi Tomato-Delfraise est cané. Merde et moi comme une cloche qui lui ai envoyé mon bouquin avec une tartine pleine page, et il y a pas deux jours encore... et avec une grosse boîte de chocolats en plus pour sa dame,  demain  je vais voir la veuve et il faudra qu'elle les rende les chocolats !
    -Vous trouvez pas que ça pue vous ici? S'est étonné Bernard Piveteau ex-speakerin giscardien en se resservant en blanc pour saluer dignement  le pâté de tête inaugural.
    -Si je peux me permettre j'ai personnellement beaucoup-t-apprécié : La Revanche de l'amour de Barbara Boardland ! s'est permis Madame Edmonde qui décidément se permettait beaucoup. Vrai je l'ai relu trois fois et à chaque coup j'ai pleuré. A-t-elle précisé en exhibant un bouquin à trois balles d'une collection sentimentale en dotation sur les lignes RER A,B,C...Z.
    François Nourrisseur (Grains,Issues et Fourrages à La Chaux-de-Fonds), l'ex-président de l'Académie Glancourt déposé par une junte de garçons de café deux années auparavant (il ennuyait les serveuses !), avait levé la main :
    -Oui François c'est au fond de la cour...
    Son incontinence faisait le fond de son œuvre et l'avait rendu célèbre.
    Mais non il ne voulait pas sortir :
    -Ah pardon vous voulez dire quelque chose ?
    Mais il est demeuré silencieux et a lentement baissé la main.
    La petite Françoise qu'on se souvenait même pas le nom et que tout le monde appelait « Françoise et quelque... » a levé le doigt, elle levait toujours le doigt pour demander la parole, elle faisait très enfant sage et c'est pour cela que le président Ducoin (il a perdu son pucelage square Salvatore Alliéné) l'appréciait beaucoup:
    -Moi je n'ai pas changé, je vote pour Josiane Godineau.
    -Son histoire de foetus congelés, bof ça manque de Technicolor !
    -C'est justement cela. C'est la grande question de la féminitude contemporaine. Toutes les femmes d'aujourd'hui ont été confrontées à cela: congeler ou ne pas congeler !
    -Personnellement je ne mange que des produits frais. S'est éveillé Fernand Demprun, siestard impénitent comme souvent les guérilleros. C'était l'ancien combattant de la bande, Ex opposant titulaire à Franco, à l'ordinaire écrivain c'est un boulot de planqué et ben lui il avait trouvé le temps d'être héroïque... mais pas d'avoir du talent.
    -Et puis il y a quand même eu quatorze romans sur le sujet à la rentrée alors ? C'est à croire qu'ils rentrent tous en loge en même temps pour plancher sur le même sujet ces scolaires. C'est pas le Prix de Rome ici, nous avons une exigence de liberté, d'invention, nous devons braver les conventions, je n'ai pas besoin de vous rappeler qui étaient les frères Glancourt...
    -Une paire de petits enculés bourgeois !  a marmonné Daniel Lépicier, qui parlait pas et marmonnait peu.
    Tout gosse il avait rêvé d'en être de la boutique d'en face, de l'Académie, la vraie, il aurait voulu prendre la suite d'un archevêque, orphelin se croire la descendance d'un maréchal de Louis XV, eux au moins en face ils avaient une épée, ici rien, il regarda le porte-parapluie dans l'entrée, est-ce qu'on peut se défendre avec un pébroque ?
    Qu'est-ce qu'il n'aurait pas donné pour changer de coup, il avait bien essayé d'y entrer à la Grande,  il s'était gamellé une fois, il aurait du insister.
     Oh il y avait bien les collègues, ici c'était tous de braves gars, amusés, arrivés, honorés, jeunes cons prétentiards passés rondeurs à l'ancienneté. C'était seulement le côté bon bourgeois qui le dérangeait.
       A ce moment un poivrot en provenance directe de la buvette s'est trompé de porte, il est entré, dépaysé il a regardé autour puis au plafond :
    -Qu'est-ce y fout çui-là là-haut ?
    Il désignait d'un regard hébété le type de chez Grassouillet qui était planqué sur la poutre maîtresse, il avait un fil à la main, il faisait pêcheur à la ligne, se cherchait une contenance, le fil descendait bas, il était accroché à la manche de François Nourrisseur (Gros/Demi-gros/livraison à la demande) et il l'actionnait quand il voulait.
    Bernard Piveteau a abandonné son plat de côtes pour faire les constatations d'usage :
    -C'est ça qui puait ! Il... il est mort !
    La manœuvre quoique exécutée en hauteur était d'une bassesse inédite, faire voter un juré Glancourt trépassé et même largement pérempté à en juger par l'odeur
    C'est alors que Jean-Pierre Chassavagne l'estimé directeur de L'Urbaine a surgi de son dessous de table. Il tenait par la tête son collègue des Editions  Flaminard :
    -J'ai surpris ce saligaud-là en train de regarder sous les jupes des dames...
    Des dames il n'y en avait qu'une : Françoise et quelques... et personne n'aurait eu l'idée d'aller la dévisager en partie basse.
    Il a tiré sur la corde et le type de Grassouillet s'est écrasé dans un rince doigt où il a manqué de se noyer.
    L'envoyé spécial des Editions Gallimion ronflait sous la table, pas difficile de deviner que le Jean-Pierre l'avait maintenant à sa main et saôulé plus que nécessaire.
    Chassavagne a regardé le champ de bataille :
    -Eh bien c'est du joli ! Bon je vais préparer mon communiqué de presse.
    Le Président Ducoin (mais il reviendrait pas) l'a pris par l'épaule :
    -Cher Jean-Pierre vous m'aviez parlé d'un auteur qu'il vous tenait à cœur de...
    -Fumiganza, ouais, ouais c'est pas mal du tout, ça se lit comme on boit un petit Saumur au comptoir vrai ça passe tout seul ce truc là ! Surtout le matin quand on a le goût à rien ça vous rince l'humeur. Allez, cher Maître je vais être bon gars, j'écrase le coup, je vous débarrasse du cadavre et vous vous arrangez du reste.  
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  • Chômmou ! 1/2  par A.Sottos

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    Depuis 27 mois que j'étais au chômage, j'en avais connu et fréquenté des stages de retour à l'emploi, le malheur était que plus j'en faisais plus je m'en éloignais de ce fameux éternel retour, j'avais 47 ans et toutes mes fausses dents, plus beaucoup d'illusions et très peu d'idées neuves.

    Enfin celui-ci serait peut-être le bon : « Turgescence senior plus » ça s'appelait, pourquoi pas Viagra/emploi ?

    Jusqu'à ma quarante-cinquième année j'avais fait une carrière brillante dans l'industrie de la gaufrette, parti d'assez bas et même de pas très haut, cariste prodige, j'avais réussi à force de  cours du soir et de labeur nocturne a intégrer Sup'de Gaufr' après quoi à ma sortie de l'école j'étais entré chez Pipart où j'avais atteint les plus hauts sommets et la direction générale des gaufrettes Pipart , vieille maison familiale fondée en 1737 au Plessis-les-Meules et qui avait compté jusqu'à 23565 ouvriers au début du siècle vingtième, âge d'or de la gaufrette. Malgré tout le vieux Pipart avait réussi en engageant tous ses biens dans ses usines à préserver pendant des années l'essentiel, le produit était bon, la gaufrette Pipart c'était quelque chose, la Rolls des gaufrettes, on était fournisseur de la cour princière de Monaco, le prince Rainier bouffait que ça : des gaufrettes Pipart, on lui en livrait deux tonnes tous les mois, on avait même parrainé son mariage dans les années cinquante, regardez les vieilles bandes d'actualité vous verrez Gaufrettes Pipart peint sur tous les murs juste en dessous de la réclame pour la Boldo Florine qui était le sponsor principal.

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      Non vraiment  rien à voir avec les gaufrettes chinoises à base de sciure de bois et d'intestins de prisonniers politiques congelés. Nous n'employons nous que des produits frais.

    Sans doute aurions-nous du mettre plus de fric dans la recherche et le développement mais le père Pipart était un traditionaliste et je me souviens encore de sa réaction quand je lui avais proposé un projet de nouveau produit: la gaufrette en tube !

    -Et pourquoi pas en intraveineuse !

     Nous les employés on y croyait encore et jusqu'à tard, on se voyait un avenir, quelque part    entre les bas à varices et les tisanes lyophilisées, les usines tournaient c'était le principal et puis... et puis la mondialisation, dans la gaufrette comme ailleurs avait mise à bas nos dernières défenses. Les nouvelles normes européennes, les campagnes anti-gaufrettes du gouvernement relayés par les différents collectifs de consommateurs concernés, forcément concernés, avaient fini par avoir notre peau.

    Comment ne pas se souvenir avec émotion de nos trois derniers mois d'activité, les machines outils et les chaînes avaient été vendues pour pas grand-chose à une multinationale Mongolo-ouzbéquo-andorrane mais l'administrateur judiciaire Maître Trifouillard nous avait enjoint de poursuivre l'activité jusqu'à la cession complète et surtout d'entretenir le matériel en parfait état, sans quoi... il perdait sa commission.

    Certes j'aurais pu tirer mon épingle du jeu, les repreneurs m'avaient proposé un pont d'or : char à bœufs et yourte de fonction dans la grande banlieue d'Oulan Bator et un salaire mensuel net de 15 millions de Kroutchmos (à peu prés 13.65 teuros au dernier cours du jour !) mais j'avais décliné l'offre, j'aurais eu l'impression de me vendre... pour pas cher, reconnaissons-le.

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    Le premier mois, on avait tenu le coup, continué vaille que vaille, chacun cherchait à faire bonne figure. On se surveillait et on se soutenait les uns les autres. J'arrivais au bureau à neuf heures comme d'habitude, ma secrétaire mademoiselle Pimprenaud, une petite blonde toujours impeccable et bien coiffée, m'apportait le courrier à signer, puis j'allais voir notre directeur technique dans son bureau du hall de production pour savoir s'il n'y avait pas de problèmes à la production, je serrais la main de quelques anciens après quoi je recevais nos fournisseurs ou j'allais visiter les clients. Dés le deuxième mois ça a commencé à se gâter, d'abord il y avait de moins en moins de courrier à signer, alors j'arrivais un peu plus tard, jamais après onze heures s'entend, mademoiselle Pimprenaud elle aussi se pointait en retard et souvent assez décoiffée, un jour en faisant mes courses en centre-ville je l'avais aperçue qui tapinait à la sortie de la salle paroissiale, sans doute sa manière à elle de se reconvertir dans le social.

    Je me hasardais plus trop dans le hall de production, les ouvriers sniffaient de la colle à gaufrettes, les plus anciens se cantonnaient au jus de gaufrettes fermenté, et Dieu sait si c'est traître, bref ça gueulait là-dedans et la chaîne faisait un drôle de bruit en perdant ses boulons,

    L'un de nos gros clients s'étaient plaint d'avoir trouvé un pont élévateur dans sa dernière livraison de gaufrettes

    -Eh ben ‘quoi qu'y gueule ce con, ça lui fera un nouveau parfum ! M'avait répondu l'un des contremaîtres passablement écorné.

    -On avait va-nille, pi-tsaache, choco...lat, béh maintenant il y aura pontélévateur ! Tiens prend-z-un coup mon gars !

    Autant dire que je ne fréquentais plus guère la clientèle souvent armée non plus que nos fournisseurs maintenant... désarmés, plusieurs restaient sur le carreau à cause de nous.

    <o:p> </o:p>

    Le dernier mois j'ai déserté comme tout le monde sauf une dizaine d'ouvriers parmi les plus remontés qui s'étaient formés en tribu rebelle, refusaient de rejoindre la réserve de l'ANPE,  s'étaient choisi un chef: Jérôme Hinaut, avaient décidé de prendre Maître Trifouillard en otage et campaient sur place jour et nuit, ils entretenaient de grands feux dans des barils d'huile de vidange, de loin cela ressemblait à un campement barbare aux portes de la ville. C'était inquiétant d'ailleurs tout le monde s'inquiétait, surtout ce saligaud de Trifouillard qui craignait pour ses pourboires, il a tenté le coup de force en faisant déménager les machines par des gros bras et il s'est fait faire aux pattes.

    Les ouvriers voulaient le pendre par les testicules et la famille du liquidateur venue sur place et bientôt sa belle famille et ses voisins qui l'avaient rejointe les encourageaient à passer à l'acte, c'est dire s'il était populaire l'homme de loi !

    Finalement le préfet a fait intervenir le RAID pendant que Matignon envoyait le GIGN, ils se sont entre-flingués et notre président a pu comme ça en médailler posthumément aux actualités deux fois plus que d'habitude.

    Mais on s'en fichait bien, il pouvait bien aller se faire médailler anthume ce con-là parce qu'au total pour moi comme pour tous les autres c'était le chômage ...

    (à suivre...)
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  • 24.
    R.C. La Conche
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>-... allez le Raacinegueue...
    J'encourage tant que je peux notre équipe, pour suivre au mieux les conseils de Martial Medpeu et La Branlaye. Car ce sont bien eux, les deux résistants, fondateurs du réseau Copulation Ouest qui ont eu cette idée lumineuse de me faire revenir dans le jeu électoral et l'affection des populations conchoises par le foutebale et un soutien voyant et même fanatique au R.C. La Conche. Ils m'ont habillé des pieds à la tête de tous les ustensiles du supporter, écharpe bannière aux armes du club, « tifo » phosphorescent, casquette à oreilles et trompe deux tons. Il faut dire aussi que j'ai eu tout ça à moitié prix car c'est le père de Walter qui a fondé le club dans les années cinquante avec quelques collègues druides et toucheu' de cuir et c'est son fils qui en est l'actuel président  à vie .
    -... ouais... ouais c'est ça... plus haut... vas-y le racinnegueu !
    Le cher Walter réfréne mon enthousiasme :
    -Arrêtez d‘encourager le racing mon vieux, c'est ceux d'en face  le racing.
    -Mais comment... mais R.C. ça ne veut pas dire Raciingueue Cloub ?
    -Mais non R.C... c'est pour R.Con... l'R.Con La Conche une facétie de papa quand il a fondé le club... et le cri de guerre ici c'est « allez les Blétznec » en hommage à la denrée ...
    Le Blétznec, j'en ai goûté, chez Jacky Le Radégoual, une adresse moderne et créative sur le port, cela pourrait être intéressant il les cuit à la troncha dans un grand bidon d'huile Motul sur un feu de pneus (Michelin de préférence, c'est une maison de qualité !) mais il les farcit tête comprise avec une maniére de purin d'algues au goût très prononcé, alors certes l'on sent bien le produit, mais sans doute un peu trop car à la cuisson il s'en dégage une maniére de fumet de chaussettes de sportif après l'effort qui ne met pas trop en appétit. 
    En plus, il faut le cuire très longtemps, le Blétznec, tant c'est élastique, bien compter trois heures de cuisson... et quatre journées d'hospitalisation, car c'est plein d'arêtes et on passe son temps à les cracher, de préférence sur l'étranger de passage sans doute en guise de bienvenue.
    D'ailleurs Jeanine le Bollec la restauratrice préférée de Chéchignac à La Ponche, à la question rituelle de Walter, à chaque fois que nous nous présentons chez elle avec quelques beaux spécimens fraîchement pêchés:
    -Alors Jeanine comment vous allez nous les faire ce coup-ci ?
    -Quoi encore d'vos saloperies de Conchois. Mais c'est pas mangeab' ç't' engeance ! Même le chat s'en écarte !
    Elle les passe, elle, très simplement, à la poubelle, avec quelques pelures fraîches dessus, des nouilles figées au jus et un mégot en sauce pour faire joli.
    Il paraît que les japonais en raffolent.
    <o:p> </o:p>Sur le terrain Guértemullerc le buteur titulaire tatane tant qu'il peut sans le moindre bénéfice arithmétique au tableau d'affichage, le R.C. La Conche ce n'est pas vraiment l'académie du beau jeu, fidèles en cela aux principes immortelles de Chéchignac selon quoi tant qu'à pratiquer un jeu de con... chois autant le faire avec des cons de choix, même d'adoption, il prend un soin malicieux à ne recruter que les éléments les moins doués mais les mieux décidés, ses p'tis gars ne lâchent rien et mettent la semelle même quand ils sortent en ville, il vient d'ailleurs d'engager à prix d'or un brésilien, le seul de son peuple qui n'entende rien à l'art foutebalistique mais comme ancien adjudant international de lutte gréco-romaine excelle dans le travail au sol. Il est en train de faire une torsion avec clef (de huit) sur la personne de l'arbitre qui n'en peut et siffle tout ce qu'il peut tout en dessous comme un pigeon adultère roucoulant sous sa secrétaire.   
    Très vite nous avons deux... trois... cinq expulsés et le score final de 9 à zéro s'il refléte notre valeur réel récompense mal nos efforts :
    -L'arbitre aux chiottes ! Vendu ! Ordure ! Queue de moule ! Enfroqué ! Aaaallez les Blétznecs ! Je m'emporte plus que de raison et quand le Martial Médpeu qui me télécommande incognito depuis les tribunes par talkie-walkie me suggére de m'en aller agresser l ‘arbitre de touche « un petit qui est dans vos moyens » j'obtempère à plaisir.
    L'autre carne se défend à coups de drapeau et de sifflet de gardien de la paix, ce qu'il est dans le civil et je bats en retraite  mais les supporteurs conchois envahissent le terrain à ma suite et très vite on me porte en triomphe, un patriote, un conchois un vrai, ils m'ont reconnu pour ce que je suis devenu, je capitalise comme dirait La Branlaye qui n'est pas venu au stade, mais il avait un mot de ses parents, d'autant que Letroncheur qui connaît la valeur et les mauvaises habitudes du R.C. La Conche n'a pas non plus fait le déplacement, excipant d'une vieille blessure électorale, datant de sa première campagne, qui le fait souffrir à l'occasion et l'empêche de s'asseoir. Vrai encore deux ou trois déculottées comme celle-là et je passe au premier tour.
    Ah les praves gens !
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Letroncheur, je le retrouve le jeudi suivant à la réunion de la  loge de la Conscience Universelle et du Calvados réunis. Il y tient sa place en grande tenue, mais point toute sa place, il n'est là-dedans que sous-premier de la voûte, la grande maîtrise accessoire étant tenue par le fils Penault-Reugeot le grand concessionnaire automobile de La Ponche. D'ailleurs les tenues étant défrayées par les établissements Penault-Reugeot nous portons tous sur nos habits sacerdauto (dixit Médpeu), une publicité discrète pour cette maison de confiance.
    C'est La Branlaye qui m'a conseillé d'aller me faire introniser chez les adorateurs du genre humain, gens d'influence et de progrès conchylicole. Pardi cela ne lui coûte rien à lui, mais moi il va bien falloir que je paye de ma personne car voilà venu l'heure de mon intronisation.
    Jusque là je me dois de reconnaître que les débats ont été d'une belle tenue, après nous être prononcés en faveur de la promotion du triolisme libérateur en milieu rural sur un rapport remarquable et  fort bien documenté  (beaucoup de photos de son épouse) du pharmacien et adjoint au maire Lecornec nous nous sommes penchés sur le nouveau grand questionnement sociétal : lever le dernier tabou celui du cannibalisme clandestin, et instaurer un véritable droit à des pratiques apéritives (D.R.A.P.A.).
    Au Cercons, de mon temps, cela faisait déjà débat, j'avais même entre mon colloque de Mars : « Pour un barbecue citoyen ! » et celui d'Octobre: « Le bain moussant facteur d'intégration ? » prévu d'organiser sur le sujet  un grand débat démocratique entre ceux qui étaient pour et ceux qui n'étaient pas contre.
    Car enfin n'est-il pas normal d'adapter le droit à l'évolution des mœurs or quoi de plus naturel et comme indigène à notre société que l'anthropophagie, une anthropophagie ouverte, moderne et tolérante s'entend, il ne s'agit pas d'imposer à tous je ne sais quelle tradition condimentaire ou de mépriser les régîmes sans sel, non bien entendu.
    Et puis imagine-t-on combien de détresses et de souffrances se cachent derrière l'hypocrisie de la situation actuelle, les derniers chiffres donnés par le rapporteur de l'atelier, « le grand concussionnaire urbain », ce n'est pas un titre maçonnique il était seulement adjoint à l'urbanisme dans la municipalité Lucien Boitel, sont à ce propos rien moins qu'effrayants, le nombre de gens qui dans la clandestinité se mangent un doigt de pied sur le pouce ou entâme belle-maman sur leur table de cuisine en dehors de toutes règles d'hygiène est simplement effrayant alors qu'il serait si aisé, et d'abord par simple humanité, de développer une politique d'anthropophagie ouverte, laïc et responsable, et de mettre en place une réglementation éthique quant à la traçabilité des viandes et les dates limites de consommation (D.L.C.) afin hors de croyances limitantes comme dirait le petit-fils Manganec de donner à cette accomplissement tout humain un élan moderniste et humaniste en même temps que de lui restituer ses valeurs de solidarité festive, imagine-t-on seulement la convivialité que dans les cours d'immeubles de telles pratiques pourraient susciter ou ressusciter.
    En regardant notre assemblée, avec une certaine fierté, je pense à ce que me disait ce matin cet imbécile de Chéchignac :
    -Vous verrez  le bourgeois livré à lui-même se retrouve vite des nostalgies d'emplumé.
    Qu'est-ce que ce crétin peut bien entendre à la modernitude.
    Vrai la question me passionne et le rapport est approuvé après quoi  nous avons tous unanimement, enfin peut-être ai-je montré alors un peu moins d'unanimité que la moyenne en attendant avec quelque angoisse la suite, nous avons tous dis-je, mouillé et levé l'index en signe sacramentelle et murmuré la formule rituelle :
    -Jeunesse de la veuve, la fraternelle au train !   
    C'est le moment, c'est l'heure.
    Ainsi que me l'explique le « conseiller suprême de la tablée » maître Jeanneton, ci-devant notaire à La Conche  :
    -Cela va être à vous mon jeune ami, ne vous inquiétez pas, à l'origine il fallait prendre la formule au pied de la lettre si j'ose dire et subir l'assaut du grand maître accessoire, mais les temps sont changés bien heureusement et puis avec toutes ces maladies bref nulle crainte... préparez le second sous-gode adjoint de la  fraternelle félicité ! Retentit-il avec une ferveur que je ne lui connaissais pas.
    Mais personne ne retrouve l'ustensile sacrificateur à mon grand soulagement et à celui de monsieur le substitut du procureur de la république qui doit conccurement avec moi être reçu soit dés avant recevoir.
    -Bon Dieu... oh pardon les petits frères... acredéle qu'est-ce y ‘z'ont't'encore foutu du  sous-gode de la fraternelle.
    Avec monsieur le substitut qui attend dans la même posture que moi, le buste en avant, la tête en bas et toutes jupes relevées nous nous regardons avec quelque sympathie de conscrit.   
    Impossible de mettre la main sur l'objet sacré, quelqu'un de l'assistance, monsieur le receveur des impôts Gerbaise, propose bien son parapluie mais le Grand Maître accessoire tranche la question :
    -Eh bien messieurs nous allons revenir à la tradition... la tradition du progrès s'entend... quelqu'un veut-il officier, pour ma part, je ne sais pas, je n'ai pas trop d'allant... cette saloperie de choucroute de la mer aux bletznecs de midi peut-être... Proclame le con-cessionnaire de magistrature suprême... allez je fais dix pour cent de mieux sur toute la gamme loisirs à celui qui se dévoue... c'est pour l'humain bonheur et tout ça...
    -Croire que nous n'inspirons pas tellement ces messieurs ! Me susurre vexé monsieur le Substitut qui avait l'air de s'en faire une fête.
    -Moi grande courge si tu veux bien !
    Cette voix ! Cette voix si je la connais !
    -Monsieur le sous-premier de la voûte, je dois vous rappeler aux usages de notre assemblée.
    -Couillon, je t'ai connu tout mouffl' et tu voudrais... allez, bon, ça va j'y vais,  sans quoi, c'est pas toutes tes couilles molles qui vont nous les sacrer... et moi j'ai pas que ça à faire, j'ai une campagne en train moi les petits frangins, voy-iions comment les choses se présentent !
    Letroncheur, c'est bien Letroncheur qui se propose de se...  de nous... enfin de me ...
    Je cherche à me relever, vrai je préfère encore le parapluie du receveur des impôts, mais maître Jeanneton, l'aut' grand sublime de mes fesses pour les intimes c'est le cas de le dire, m'en empêche.
    Letroncheur s'approche, il tapote les fesses du substitut qui rosissent d'aise et...il m'investit.
    -Et hop ! Et une campagne hein ça n'attend pas, s'pas le mousse !  
    Je ne pense pas qu'il mette autant de conviction dans sa campagne que dans mon introduction.
    Ah le salaud ! Oh l'ordure ! Ah l'encu... leur ! (à suivre...)
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