• Traduction:

    Le Commandement Militaire du Gross Paris Plage communique: afin de lutter contre un possible débarquement ennemi sur les plages de Paris Plage des barbelés seront déployés ainsi que des chevaux de frises et des mines seront disposés et quoi?

    Eh ben si tu lis pas le gothique t'as intérêt à t'y mettre!

    A compter du Premier Août l'accés au littoral parisien est interdit aux populations civiles.

    Des ausweiss seront délivrés aux inscrits maritîmes et patrons pécheurs parisiens ainsi qu'aux propriétaires de chalutiers.

    Le Commandement Militaire du Gross Paris Plage : Otto Abdal von Schtroumpfenberg.

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  • Traduction:

    Le Commandement Militaire du Gross Paris Plage communique: afin de lutter contre la prolifération des cyclistes, pédalomanes et autres trou du cul à manivelles, le Commandement Militaire met à la disposition du public parisien dans le cadre de l'opération Panzers'Lib des blindés chenillés en location (une caution en Reichmarks Teuros sera demandée mais l'on peut laisser son beau-frère en otage.)

    Ouverture de la chasse le premier Août.

    Le Commandement Militaire du Gross Paris Plage Otto Abdal von Schtroumpfenberg 

     

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  • 21.
    Mi-temps chez les structuralistes.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>J'arrivais au Coin Maurin chez Dartemont sœurs, essoufflé mais sauf, au moment mâme où Valter Chéchignac faisait faire un dernier tour de fauteuil roulant aux mômes avant que de quitter les lieux :
    -Eh ben mon vieux vous vous êtes baigné tout habillé ?
     -‘eu  sais... Je sais... où il a déménagé le Pizzaiolo !
    -Il n'a pas déménagé c'est son jour de fermeture. Répondit Dartemont-Chambeulac.
    -‘ademoiselle Br... ‘lai vue... y r'tiennent votre sœur... ‘oulevard des belges.
    <o:p> </o:p>L'expédition punitive fut vite montée et nous nous retrouvâmes dans la camionnette de fonction du Chef ‘von le Gueuzec devant la maison de pécheur où j'avais été enfermé.
    -Vous êtes bien sûr ?
    -Je suis formel c'est là qu'ils m'ont emprisonné et torturé.
    -Torturé vous y allez fort mon cher, une simple prise de contact tout au plus... bon aaaaallons-y !
    Chéchignac s'était levé sur ses cannes bien décidé à commander l'assaut qui délivrerait son amour impossible.
    Il n'en fut que plus déçu de ne point la trouver au logis, ils avaient déménagé et emmené la femme d'intérieur à l'extérieur.
    -Vous vous seriez pas gouré de numéro? Hasarda le chef ‘von le Gueuzec.
    -Et ça ! Dis-je avec quelque emportement et en désignant le grand piano à queue bleu nuit.
    <o:p> </o:p>Nous retournâmes à l'agence annoncer la mauvaise nouvelle à Dartemont-Chambeulac qui était en rendez-vous avec un cocu en short :
    -... nous n'avons plus de vie de couple et elle s'absente toute la matinée de la caravane... et le soir elle revient à des onze heures avec du sable dans les cheveux.
    -Nous allons faire une enquête et...
    -Pas besoin d'enquête vous êtes au camping des palétuviers ? S'interposa le chef ‘von le Gueuzec.
    -Oui, oui les palé...
    -Elle est rousse ?
    -Ah ça oui.
    -Eh ben alors c'est le disque-jockère qui la tire votre dame ! Il a ses chaleurs en août si on l'arrête pas il va nous véroler toutes les rouquines de l'arrondissement. Je ne vous raccompagne pas vous savez ce qu'il vous reste à faire
    Non il ne voyait pas vraiment: son devoir de cocu sans doute ?
    -A l'ordinaire on met du gros grain ou de la balle à ailettes pour tirer le disque-jockére en plaine, ouais c'est ça prenez de la Brenneke spécial musicien. Insista le Chef ‘von le Gueuzec qui sur la question de l'honneur était intransigeant.
    Mais non vraiment sans façons, il n'était pas tellement partant pour le crime passionnel « the  shortman », pas plus que pour la chasse à cour, où pourtant coiffé comme il était il aurait fait bonne figure, alors il ramassa son poste de radio, son parasol et son tapis de plage et quitta la pièce, déjà résigné.
    C'est émouvant un cocu, les dames ne s'en rendent pas compte, mais souvent il y a chez eux moins de virilité blessé que d'enfance déchue.
    -Vous ne l'avez pas trouvée ? S'inquiéta Dartemont-Chambeulac ? Mon mari aussi a disparu et regardez ce que j'ai trouvé dans la boîte aux lettres.
    Valter lut à haute voix la missive :
    -Nous avons enlevé le grrrrand blanc subséquemment  et nous ne le rendrrrrons à sa famille que s'il arrête prrrrésentement ses connerrrries ...
    -Vous avez une idée monsieur Chéchignac ? Ce qui m'inquiète c'est le roulement des « r » semblables à ce que nous a raconté monsieur La Gaspérine des habitudes de ses ravisseurs.
    -Semblables en apparence mais différents dans le prononcé ceux-ci sont roulés-mouillés les autre roulés à sec, deux traditions différentes donc des origines qui ne le sont pas moins. Oui pour votre mari cela devrait s'arranger sans trop de mal s'il arrête ses conner... suspend certaines de ses activités euh... saisonnières, mais pour votre sœur il faut faire vite, avec les services on ne peut pas plaisanter, c'est l'administration, les délais courent il faut trouver leur maison de sûreté, quelque part dans la ville.
    -Moi je crois bien que je sais où qu'elle est Tata Maude !
    C'était le cher Pin-Pin.
    -Ah oui et... elle... elle va bien ?
    -Oui, oui ça peut-z-aller...
    -Et tu peux nous montrer ? Insista Valter.
    -Si les cousins veulent bien, sinon y n'ont dit qu'y me casseraient les vertéb avec un casse-noix juré si je causais... et aussi si je peux faire encore un tour en fauteuil ?
    <o:p> </o:p>Les cousins furent longs à convaincre, étrange conspiration dirigé par Louis-Hubert dit Zub qui n'avait pas dix ans mais montrait la subtilité déductive, le calme physique et l'entrain intellectuel d'un alchimiste-parachutiste de la vieille école. Ils avaient déduit de l'absence inhabituelle de leur maman d'ordinaire tellement assidue à leur bonheur que quelque chose ne tournait pas rond et en compagnie du chien du voisin qu'ils avaient dérobé nuitamment :
    -Pasque un chien ça a du flair et qu'une aventure sans chien c'est pas t'une aventure.Affirma le cousin Pin-Pin qui s'y connaissait n'en z'aventures.
    Ils étaient parvenus à découvrir ce qui nous était demeuré caché: les mauvaises habitudes du pizzaïolo, voisin trop sympathique pour être honnête. Ils s'étaient renseignés auprès de ses gamines, nullement tenues au secret défense, avaient monté moult expéditions nocturnes, exercé le chien, re-torturé les gamines, démantibulé leurs poupées, racheté des poupées, repéré les lieux, organisé les tours de garde, rapproché leurs surveillances, consigné les faits sur leur cahier de textes à spirales, approché et ravitaillé leur maman prisonnière, torturé le chien, comme ça pour voir, ramassé des crabes, torturé des crabes, s'étaient fait  mordre et avaient établi enfin un plan de campagne fort ingénieux basé sur les coefficients de marée et l'incontinence notoire de l'un des serveurs Prukhmen préposé à la garde de leur maman.
    -Si ces saligauds ont fait quelque mal à maman ils en répondront sur leur vie ! Affirma Louis-Charles dit le Preux.
    -Eh béh en tout cas on peut dire que vous au moins vous avez pas chômé ! Conclut admiratif le chef ‘von le Gueuzec.
    -Aaaallons-y ! Répéta une fois encore le cher Valter que les tours de cour en fauteuil électrifié avaient visiblement fatigué mais n'en témoignait pas moins une résolution intacte quoique nauséeuse.  
    <o:p> </o:p>Nous embarquâmes avec les Louis et le cher Pin-Pin dans la fourgonnette du Chef ‘von le Gueuzec conduite par Bédoncle le barman virtuose.
    -Vous aviez raison mon cher Valter... dit le Chef ‘von le Gueuzec.
    Il était debout à l'arrière, l'ex-garde républicain prés du fauteuil de son excellence et se cognait la tête en cadence au toit du fourgon.
    -... nous voilà en plein club des cinq !
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Dans le bunker Mademoiselle Br... détricotait son écharpe interminable.
    Dans un coin Dartemont-Belcourt « gisait enchaînée » comme dans un roman de gare :
    -Comme ça au moins tu risques plus de nous emmerder, pouffiasse !
    -Vous détricotez fort bien . Remarqua adroitement Dartemont-Belcourt en se redressant.
    -Oui, j'aime bien ça depuis tout môme, je tiens ça de ma tante qui était commandant de CRS, il me racontait que quand ils étaient dans le car avant les manifestations tous ses camarades tricotaient et lui il partait le dernier, passait derrière et il leur détricotait tous leurs ouvrages et quand ils revenaient de la manif c'était la grosse déception et les grincements de chailles... c'est ça qui est bon...
    -Vous êtes taquins dans votre famille. Oui mais... mais là c'est votre propre ouvrage que vous détricotez ?
    -Ah ben ouais... c'est vrai ça...
    -Cela signifie sans doute quelque chose.
    -‘croyez ?
    -Tendances suicidaires peut-être, vous devriez consulter.
    -Tiens ‘faudra que j'en cause à mon analyste... t'es pas si conne pour une mère de famille nombreuse... je suis en analyse depuis dix-sept ans, j'en suis à mon troisième analyste, les deux précédents se sont suicidés, le troisième s'accroche mais je l'aurai. Toi aussi je t'aurai radasse, je vais te dissoudre toute vive dans de la soude caustique.
    -Caustique ce sera d'un triste !
    -Marre-toi connasse t'en as plus pour longtemps ! Avoues que t'y crois encore à l'arrivée de la cavalerie ! Mais ton Chéchignac il est plus bon à rien ! C'est p'us qu'une limace ! Une limace à roulettes ! Hierk ! Hierk !
    -Ah ouais tu crois ça fausse blonde! Retentit Walter Chéchignac dans le même temps où il la menaçait du pistolet MAB prêté par le Chef ‘von le Gueuzec...
    « Fais-y attention mon petit Valter j'y tiens c'était mon arme réglementaire du temps... » Du temps de sa splendeur républicaine, lui avait recommandé l'ex gardien du temple en la lui confiant.
    -... putain La Gaspérine je m'enfonce. Ajouta le cher Valter menaçant en perdant soudain de l'azimut et donc de l'autorité.
    De fait le sol du bunker était recouvert d'une bonne couche de sable mou et ses cannes s'enfonçaient dedans le déséquilibrant d'autant et le forçant in fine à se rasseoir lourdement sur son fauteuil.
    Je tentais de le secourir, j'avais désapprouvé son plan de campagne qui tenait en une phrase :
    -Aaaaaaaallons-y !
    Et critiqué cette offensive prématurée d'autant que la plage et les entours de l'ouvrage étaient parcourus de serveurs prukhmen, la serviette au bras mais l'arme au poing.
    Mademoiselle Br... abandonna ses loisirs structuralistes et son dé-tricot pour ramasser une pelle et elle nous jeta du sable à la figure, ce qui n'était pas de jeu.
    Le cher Valter tenta bien de faire feu mais le semi-automatique bayonnais demeura aphone, il était coincé.
    -Sa-lo-pe-rie-de-mer-de !
    Quand la tempête de sable cessa nous dûmes convenir que Mademoiselle Br... avait disparu, elle avait creusé un tunnel dans le sable  et courait sur la plage en gueulant pour rameuter la troupe :
    -Mechantski obunkeroskoï !
    Nous nous retrouvions donc assiégeants, assiégés, notre seconde vague d'assaut composée du barman Bédoncle et du chef ‘von le Gueuzec ne devant monter en ligne qu'à notre signal.
     Je regardais par l'une des ouvertures et vit les vestes blanches des serveurs s'approchant de la position.
    -Je vous avais bien dit que c'était de la folie votre truc !
    -Arrêtez vos chialeries La Gaspérine, prenez la pelle et venez me désensabler bon Dieu !
    De fait il en avait maintenant jusques aux milieu des roues  l'héroïque handicapé.
    -Et puis envoyez le signal !
    -Le signal ? Mais mon cher vous êtes parti si vite et dans un tel élan désordonné que je crains bien que nous n'ayons pris le temps de n'en convenir d'aucun.
    -Eh bien agitez votre chemise à la fenêtre, je ne sais pas moi !
    Les pizzaioli prukhmen avaient commencé de nous tirer dessus et je n'avais aucune envie de passer tout de suite au dessert en m'exposant inutilement.
    -Si personne ne fait rien ils vont nous faire aux pattes aussi bien qu'en 40 ! Insista Chéchignac.  
    -Je n'ai pas souvenir d'une participation prukhmen à nos déboires de l'an 40.
    -Oh arrêtez ça mon vieux ! Dit-il en passant la marche arrière et en faisant ronfler ses moteurs asynchrones.
    Miracle il parvint à se désensabler.
    -Eh bien nous avons maintenant une division motorisée à disposition ? Continuais-je de grincer.
    -Vous ne croyez pas si bien dire mon vieux, je vais te leur faire une percée moi ! Gueula-t-il en passant le seuil du bunker à vive allure.
    -Non Walter je vous en prie ! S'écria Dartemont-Belcourt toujours enchaînée.
    Ce cri avait retenti comme un aveu... si j'ose dire.
    -C'est beau, c'est grand c'est généreux, c'est français... mais il va s'ensabler comme un couillon dans les dunes ! Commentai-je depuis l'une des meurtrières d'où je contemplais le champs de bataille sous la lune.
    A mon grand étonnement sa percée réussit et mit le plus grand désordre dans les lignes ennemies, il est vrai qu'elle était puissamment soutenue par Bédoncle le barman de La Bégude qui courait sur ses talons en puisant dans sa musette et en balançant force grenades def' à destination des troupes Prukhmen qui rembarquèrent dans leurs camionnettes de livraison  plus piteusement encore que les britiches à Dunkerque.
    -Attendez-moiski bande d'enculoskoï ! Gueulait en courant à leur suite la terrible Mademoiselle Br...
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Une heure après nous abandonnions à notre tour le champs de bataille où nous venions de triompher, malheureusement la camionnette du Chef ‘von le Gueuzec ayant refusé de démarrer malgré les encouragements des mômes qui faisaient un tintouin du Diable à l'arrière, ce fut le cher Valter qui nous prit en remorque avec son fauteuil roulant préparation spéciale, sur ses genoux Dartemont-Belcourt dormait, Walter Chéchignac, la moustache dans ses cheveux, souriait, les larmes tombaient de derrière ses lunettes noires comme d'une source nocturne, je crois que c'était là le plus heureux moment de sa vie.
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  • Corbeil-Essonnes Novotel   Pipoloptère Pétassoïde Commun

     Au lycée en troisième la conseillère d'orientation m'a conseillé d'aller me faire orienter ailleurs, il faut dire, que je suivais des études normales avec une dilection particulière pour les sciences naturelles (pardon les sciences de la Terre et de la Vie, avez-vous remarqué comme les cons vont toujours au plus vaste et mettent des majuscules partout !) plus grave je n'avais pas d'antécédents familiaux ou sociaux,

    -... je comprends pas un garçon comme vous : noir, sportif, dynamique, bâti comme vous l'êtes!

    Elle me fit remarquer avec aigreur qu'elle demandait qu'à me discriminer positif mais que bien qu'appartenant à une minorité visible j'avais de gros handicaps : je n'avais jamais mis le feu à une bagnole ou à un équipement public, même pas une poubelle ! Je militais nulle part et je crachais sur personne.

    Je dois avouer que ça me gênait pas plus que des étrangers à la Cité viennent regarder nos lampadaires sous les bras.

    -Bon voyons H12 !

    -Coulé !

    -Non je vous dis que vous pourriez essayer une filière H12 qui déboucherait sur une qualification professionnelle de pompiste chef de pompe, vendangeur titulaire adjoint de vigne, revendeur de barrettes assermenté, quêteur en spectacle vivant... 

     C'était ça ou le Front de l'Est, bref en sortant de son bureau je marchais déjà vers la gloire.

    Mon cousin Phillibert-Etienne qui était en terminale (depuis un moment), la honte de la famille, lui, il lui a cassé la gueule d'entrée lors du premier entretien à la conseillère d'orientation, elle s'est relevée en recomptant de la langue ses dents et en disant que c'était très bien, que ça promettait, qu'il avait de l'avenir.

    Elle l'a orienté vers une filière spéciale d'entrée à Sciences-Po (par le local à poubelles !), ils lui ont redressé les moyennes pour rendre ça présentable, difficile quand même le cher Phillibert-Etienne outre un caractère passablement irritable montrant un déficit intellectuel sensible.

    Ils n'étaient pas mécontents de s'en débarrasser, il avait mis le feu deux fois au lycée et si on travaillait dans des préfabriqués c'était à lui et sa bande de joyeux compagnons qu'on le devait

    Il faut reconnaître qu'il ne les a pas déçus, au deuxième semestre de scolarité, il avait déjà démonté le gymnase et saccagé la caféte au nom des races opprimées qu'il représentait à lui tout seul, parce qu'entre-temps il s'était sérieusement politisé au contact de camarades de classe, fils de profaillons combinards.

    Ils ont installé des préfabriqués dans la cour et ils l'ont fait entrer à l'ENA par la petite porte (mais si celle qui donne sur la cour et qu'on ferme jamais à clef pour que les bourgeois bien pensants qui meublent  l'établissement puissent se débiner à l'aise chaque fois qu'ils se payent une bonne crise de panique type vache folle, banlieue en feu, matin du grand soir!), c'est à croire que le cousin Philibert-Etienne il était né avec un gyrophare sur le front.

    A l'heure où j'écris il milite au CRAN et il est en stage au quai d'Orsay. Je le sais parce que je suis passé devant et j'ai vu les préfab' dans la cour. Sacré cousin ! Pas perdu la main ni l'inspiration. C'est signé il finira secrétaire d'état au logement dans le second gouvernement Enrico Macias.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p> Quant à bibi suivant ma seule inspiration je me suis orienté tout seul, comme un grand vers un doctorat en sciences naturelles mais je n'ai pas obtenu de bourse et il m'a fallu travailler pour financer mes études.

    Je suis grand, costaud, je présente bien en costard cravate et j'ai déclaré que j'était ceinture noire 32 dan de Ki-Tsi Denldo, un art tout à fait martial et même sacrément offensif basé sur le coup tordu dans le dos et la planchette japonaise inversée au type de l'agence sécurité où je me suis présenté le mois dernier.

    Il a eu l'air convaincu et m'a dit avec son accent de Marseille:

    -Toi tu marques bien on va te mettre à la protection des personnalités !

    Et c'est comme ça que le soir même je faisais la connaissance de

    Corbeil-Essonnes Novotel, Corby pour les intîmes.

    C'est une personnalité parisienne en voie de pipolisation, héritière des hôtels Novotel-Frantel-Ibis-Formule 1 c'est en quelque sorte notre Paris Hilton nationale, même si ainsi qu'elle me l'a annoncé sans ambages elle vise le marché international d'abord.

    -Tu es black, Wouaaaaaaaps (elle dit Wouaaaaaaaaps ! tout le temps il faudra s'y habituer et elle met autant de points d'exclamation dans ses phrases que de tabasco dans son chocolat au lait.) J'adore les blacks !

    Les blanches exclusivement branchées blaques moi ça me met mal à l'aise, un peu comme les types qui t'annoncent qu'ils se sont mis au rouge à la mort de leur belle-mère. Ils surcompensent mais toujours au départ il y a une arnaque sur la valeur déclarée .

    Entre deux Metzcals-Destop (la boisson tendance).Elle m'a raconté son enfance : sa vie de brune pensionnaire quand elle étudiait en Suisse à la Chaud de Font les braguettes des douaniers alpins et des moniteurs de ski.

    Elle est passé blonde à quinze ans, une manière de révélation, quasi mystique : Helena Rubinstein en personne qui lui serait apparue.

    -Je l'ai reconnu tout de suite j'avais regardé toute petite sa biographie dans la vie illustrée des grandes esthéticiennes dans la bibliothèque de Mum'.

    D'après ce que j'ai compris Mum,sa maman, était esthéticienne dans un hôtel à Acapoulco dont Dad, son papa, était propriétaire, un jour il a recompté ses esthéticiennes, il y en avait une de trop, il l'a licenciée, elle s'est  mise à son compte, grand admirateur et propagateur de l'esprit d'entreprise et de la pensée libérale il l'a montée en client, épousée, récupéré ses indemnités de licenciement, après quoi ils ont divorcés trois fois chacun de leur côté, une manière de rite pour conjurer le sort, je crois.

    Pendant ce temps Corbeil-Essonnes Novotel se mariait très jeune à un armateur grec qui avait tout de suite coulé à quai, crise cardiaque au rade du Caesar's Palace et après à un plâtrier italien qu'elle avait rencontré dans les toilettes d'une boîte de nuit de Beverley Hills fermée pour travaux et ensuite à trois auto-stoppeurs bulgares rencontrés sur la route et enfin au pasteur de Las Vegas qui venait de la marier cinq fois en 96 heures:

    -J'étais jeune dit-elle

    Le pasteur était toujours là, il avait une chambre sous les combles de l'hôtel, il la suivait partout, voyageait avec les malles et voulait évangéliser tout le monde. Elle l'avait oublié mais ne voulait pas divorcer, mariée aux States elle risquait de devoir lâcher un max de blé, c'était là- dessus qu‘il comptait : un divorce lucratif pour se faire construire une chapelle en Floride où prendre sa retraite de pêcheur (de gros).

      Nous étions au Skunsss la boîte à la mode dans une soirée au profit de son association « Save ours Cells ! » elle  milite dans un OMG qui s'occupe de la maltraitance à portables.

    Pendant la soirée ils ont passé un documentaire où ils montraient comment dans les orphelinats roumains les mômes arrachaient les antennes des portables de leurs surveillantes.

    -... oh c'est trop... c'est trop, je peux pas voir ça quels monstres ! a murmuré Corbeil-Essonnes, en pleurs sous les flashs des photographes.

    Le lendemain son coach et gourou personnel Charley-Douar Bedouani et son attachée de presse Pertuisane Cheauvinot sont arrivés rayonnants, les photos étaient parues dans  Closed, Paris-Tchatche et le bulletin de liaison de la Boucherie Parisienne.

    Là-dessus ils ont discuté bizness ensemble, elle tenait de son père l'esprit d'entreprise et de sa mère le côté tarifaire, jusque là elle avait un contrat d'image et de représentation avec Mappa pour une ligne de gants de ménage et d'accessoires de toilettes.

    Elle m'appelé j'ai lâché mon bouquin sur les odonates (les libellules quoi !) j'étais dans sa chambre, pépére à bouquiner, les pompes sur son pieu, elle est entrée: 

    -T'es dingue jamais de livre ouvert sur un lit ça porte malheur !

    Elle avait ses superstitions à elle. Elle s‘est approchée de moi, m'a mis la main dans le slip :

    -Charley pense qu'il faudrait que je fasse une sextape ça te dirait ?

    (à suivre...)

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  • Pétition nationale pour la réintroduction raisonnée de la hyéne dans les 5° et 6° arrondissement de Paris
    A l'initiative de Shodepeace France (and western europa) et du Collectif  Utaincon !


     Nous exigeons la réintroduction de la hyène à Paris et en centre urbain.
    Pendant des millénaires et sans doute bien avant, la hyène a participé de l'équilibre écologique du territoire parisien aujourd'hui la prise de conscience écologique nous impose de rétablir les équilibres naturels d'un écosystème que l'Homme, cet abomination qui ne mérite sans doute pas sa majuscule, tiens je l'enlève: que l'homme donc a détruit.
    Hors selon une étude documentée de Shodepeace France (and western Europa) l'habitus de la hyène merdivore parisienne (Hyénus Merdivorus Parisianis) se situait exactement dans une aire itérative allant du 23 de la rue du Bac, jusqu'à hauteur de l'actuel arrêt de bus de la rue de Seine avec une station au Shopi (surtout le samedi) du boulevard Saint Germain.
    Hélas les préjugés ont la vie dure car, tout comme le grand requin blanc dévoreur d'aussies blonds palmés, le tigre bouffeur de bengalis étiques ou le loup maniaque des Vosges grignoteur de bûcherons apéritifs, la hyène est un animal social qui ignore la haine, la guerre ou le fotebale (aucune participation à une phase finale de coupe du monde depuis la création de la compétition) et qui dans la vie quotidienne montre beaucoup moins d'agressivité qu'un collègue de bureau non fumeur ou de sans gêne qu'un voisin de palier qui vient de s'équiper d'un home cinéma de 16800 watts embarqués.
     De plus il est avéré que les populations de grands prédateurs sont notablement déséquilibrées à Paris avec une surabondance d'agents immobiliers, de notaires et de dentistes, la réintroduction de la hyène permettrait un rééquilibre de ces populations ainsi qu'une mise en concurrence salutaire pour l'état sanitaire et moral de la capitale.
     Quand aux petits prédatés, vous et moi, leur statut ne changera pas, mais ils rigoleront beaucoup plus: imaginez une meute de hyènes dans un parking souterrain le soir, vous croyez vraiment que le dentiste même un douze cors couronné en période de brame (Vanessa l'attend à Rolland Garros) ira chercher son 4X4 Porsche foule opchions, il préférera louer un vélo de la mairie à dix sacs de l'heure et parfaire ainsi son foncier sans polluer le moins du monde!
    De plus une hyène remplace avantageusement un compacteur- broyeur à ordures, pas besoin de la brancher et elle accepte tout ce qui passe pas dans le vide ordures : fœtus, personnes âgées, bonne du tiers monde pas déclarée sur le point de vous dénoncer à l'Urssaf.
     Enfin la hyène attaque peu les troupeaux, c'est une pétocharde de première, donc les troupeaux d'usagers du RER (et après quinze ans de RER on commence à être sérieusement usagé !) qui vont au bureau tout les matins et en reviennent tous les soirs la peur au ventre en se demandant avec angoisse si les jeunes gens sympathiques en casquette, joggers et baskets ridicules qui rançonnent la ligne avec assiduité depuis deux ans seront là ou pas, ou si aucune guerre tribale n'est en cours entre la cité des Pâquerettes de Créteil et les p'tits gars de la barre des Aviateurs des Ullis, ceux-là ne risquent presque rien hormis quelques prélèvements raisonnables sur des spécimens diminués (ne jamais boiter devant une bande de hyènes ou une meute de jeunes gens sympathiques cela suscite en eux d'identiques réflexes agressifs).
     Mieux la hyène pourrait servir d'outil de régulation, à l'occasion de lâchers de hyènes mensuels, dûment contrôlés et encadrés par des fonctionnaires assermentés bien entendu, urbains actifs et jeunes gens sympathiques susmentionnés pouvant se transformer en partenaires trophiques et compagnons de jeux habituels d'un écosystème radieux restitué à son état originel.
     Enfin con ! on comprendrait pas que les parisiens viennent nous emmerder l'existence avec leurs putains d'ours moldo-slovénes, Loups balkaniques, Vautours amérindiens balancés dans nos montagnes et continuent à se tirer sur la nouille bien tranquillement.   
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  • 20.
    Return to La Conche over Ponche.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>A La Conche sur Ponche la saison allait sur sa fin. C'était le moment des premiers départs. Sur ses affiches Noyeux Joël exhibait un sourire définitif. 
    Quand nous arrivâmes  les mômes jouaient dans la cour, ils étaient dans la R4 à faire vroum ! vroum ta gueule! en compagnie de renouvelés cousins sous la surveillance des demoiselles Dartemont-Chambeulac qui, assises sur le seuil de la grande porte cochère détaillaient les possibles, les potables et les juste fumables, bref herborisaient à la recherche du spécimen de Surconmusclé, surfer blond d'Australie orientale dont on leur avait signalé la présence à quelques exemplaires sur les côtes bretonnes.
    Les mômes voulurent tous essayer la petite voiture de ce cher Valter qui leur offrit à chacun un tour de cour à fond les manettes.
    -Allez maintenant soyez sages !
    Il avait repris des couleurs et surtout recouvré son sourire je m'enfichiste qui plaisait tant aux dames d'œuvres désœuvrées.
    Dartemont-Chambeulac accueillit les renforts avec soulagement,  c'était éprouvant à voir, tant elle s'inquiétait la soeurette:
    -Ah monsieur ‘von Le Gueuzec vous l'avez retrouvée ?
    -Non mais cela ne tardera plus mon enfant.
    A la vérité s'il était monté à Paris chercher le secours de son cher Valter qu'il savait diminué et souffrant c'était bien la preuve qu'il calait l'ex-garde républicain.
    -Mon mari est sur une piste. Un vendeur de beignets et de glaces qui a disparu en même temps que Marie-Maude...
    Elle nous désignait depuis le balcon le Grand Hulme qui avait délaissé les pistes de Courch' pour celles de suspects saisonniers.
    Il s'était déguisé en africain vendeur de saloperies Children Handmade in Popular and Cupidar Republic of China et remontait les plages à la recherche d'indices en jouant du Gombo et en affichant des prix hors de saison et tout à fait imbattables.
    -Tiens le yacht bleu a disparu ! Nous fit remarquer le cher Valter.
    -La gendarmerie maritime qui a autorisé la famille à le changer de mouillage, des arriéres-petits cousins de l'américain qui ont débarqué la semaine dernière, ils étaient tellement contents de savoir que l'héritage leur revenait puisque la veuve avait-elle aussi clanché qu'ils ont fait une fiesta du diable à bord... avec le défunt toujours en soute. Enfin je crois qu'ils ont prévu de l'enterrer dans quelques jours en Normandie.
    Nous retournâmes à Dartemont-Chambeulac :
    -... et mon beau-frère qui doit arriver aujourd'hui, je n'ai rien dit aux enfants mais à lui ?
    Elle se rassit sur le canapé de velours et croisa les jambes, un truc que quelques ex-internationales particulièrement douées de Notre-Dame de Sion réussissait quelques fois à l'entraînement mais qu'elle accomplit là avec un naturel parfait, même Valter, pourtant tourneboulé chercha autour de lui la touche replay.
    Je me relevais le premier de la stupéfaction admirative de l'assistance masculine:
    -Excusez-moi je dois me rendre à une séance de signatures à l'Espace Conchitudes.
    Dartemont-Chambeulac toujours à l'affût, malgré l'angoisse où elle était s'étonna :
    -L'Esp... Oui la Librairie Martineau quoi ! Vous écrivez don' monsieur La Gaspérine ?
    -Oh Madame, j'ai commis un court roman ...
    -Mais racontez-nous ça.
    J'obtempérais, je ne détestais pas de me raconter, même si dés que je parlais de moi et de mes œuvres l'émotion souvent me faisait bégayer tant l'homme alors se livrait tout entier .
    Je racontais, oh certes je ne disais pas tout et en particulier que mon éditeur, très vite au courant de ma disgrâce m'avait condamné à une pénible et humiliante tournée de librairies de province et de maisons de la culture de chef lieu pour payer le papier et s'éviter des désagrément capitaux car à Paris j'étais maintenant tricard.
    -... oh c'est sans prétention, un début mais qui répond à une nécessité véritable. Concluai-je.
    -Sans prétention... Marmonna Chéchignac que sa digestion difficile de balles de 11,43 et la diminution physique quoique temporaire qui en était résultée rendait amer et exagérément critique, il avait lu mon livre pendant sa convalescence, j'en étais certain puisque je l'avais retrouvé dans l'une des poubelles de La Bégude, ce qui m'avait enlevé mes dernières scrupules quant à la teneur de mes rapports avec la belle Merry.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Je quittais donc les lieux d'angoisse pour me rendre à l'Espace Conchitudes anciennement Librairie Papeterie Martineau située Boulevard des Belges en face de mon ancienne permanence.
    J'y fus accueilli avec un grand empressement par la libraire, mademoiselle Martineau, documentaliste relaps.
    <o:p> </o:p>Et ma foi il y avait foule, j'étais devenu une personnalité concho-ponchaine, même si mon coïtus interruptus électoral en avait déçu plus d'un qui détestait Letroncheur et tout ce qu'il représentait.
    -C'est un populiste de la plus sale eau ! M'expliqua Mademoiselle Martineau.
    Je signais, dédicaçais à bon rythme heureux de pouvoir placer mes oeuvrettes, il faut dire que j'en avais plein le coffre de ma voiture de location.
    Le public était assez homogène, fonctionnaires éclairés, enseignants bienveillants, gens de peu, petite bourgeoisie administrative contrainte et puritaine, adepte des NPB (Nouveaux Préjugés Bourgeois) qui rêvait de vastitudes et de révolution d'arrondissement, se rassurait en recomptant ses points retraite et vivait dans la crainte du grand méchant Koléstérol. 
    Il y avait aussi quelques poètes déclarés, du type régional de l'étape.
    -A qui dois-je ?... la dédicace ? Vous avez une préférence ?
    Je n'en étais pas encore aux spécialités, je débutais en littérature mais quand même le métier rentrait à mesure que le poignet gonflait.
    -Pardon Maître ?
    Je levais la tête, c'était bien la première fois que l'on me donnait du « maître ».
    C'était un jeune homme bredouilleur, pas si jeune d'ailleurs, d'une petite quarantaine, mais très mince et assez rêveur, bref un garçon sympathique en veste de velours et avec une grande écharpe rouge, un peu cantatrice sur le retour, mais sympathique.  
    -Paul-Guy de Beuse...
    -Cela sonne comme un nom d'écrivain... vous n'écrivez pas ?
    Ma question l'intimida, il en rougit même.
    Si, bien sûr, qu'il écrivait, comme tout le monde, mais enfin il n'avait jamais pensé être publié, il était assistant de cours de socio-bromologie à l'université Patrice Lumumba de Perros-Guirec et certes il s'était un peu essayé à l'écriture mais...
    Bref je sympathisais très vite avec le jeune homme sympathique d'autant que mon livre lui avait beaucoup plu, qui abordait les grandes questions contemporaines, lui-même regrettait dans ce bout du monde qu'était La Conche de ne pas être plus souvent confronté aux grandes questions et à la modernitude de notre temps, hors la marée rien ne venait jusqu'ici :
    -... enfin quelques fois quand même, tenez cette année j'ai un élève prukhmen... il habite chez moi en ce moment, il est sans-papier, nous avons crée un collectif de soutien avec quelques professeurs... il ne parle pas du tout français, juste un peu d'anglais, il me raconte sa culture, quelle civilisation étonnante que la civilisation Prukhmen ! Savez-vous qu'ils ont inventé le sèche-linge à condensation  mille ans avant tout le monde ?
    Son anglais devait pas être terrible au Prukhmen ou alors il parlait chauvin dans le texte,  dans tout les cas il en prenait visiblement le plus grand soin de son clandestin. 
    -Si vous avez un peu de temps Maître je vous le présenterai, d'autant que je crois que vous-même êtes sensibilisé à cette problématique du questionnement des différences.
    Il ne fallait rien exagérer, cela ne me travaillait pas tant que cela, j'étais seulement comme tout le monde, un petit blanc qui avait la trouille et comme un futur pensionnaire cherchait à se mettre au mieux d'entrée avec le nouveau surgé et à se rencarder sur les conditions qu'on allait lui faire et si le jeudi c'était vraiment obligatoire la piscine et s'il fallait mettre des chaussettes propres le vendredi .
    Pour mon malheur à venir mademoiselle Martineau me bloqua l'aile droite:
    -C'est vrai vous avez écrit des choses magnifiques là-dessus et tellement originales sur la tolérance et tout ça monsieur La Gaspérine.
    -Alors vrai vous viendrez voir mon Prukhmen ?
    -Mais... mais... mais ce sera avec plaisir... le dialogue, la confrontation des idées et tout ce genre de choses...
    J'aurais dû savoir qu'en confrontation j'étais rarement le plus fort.
    <o:p> </o:p>*
    <o:p> </o:p>Il m'attendait à la sortie de la librairie, fit faire trois tours à son écharpe avec une adresse de lanceur de lasso pour mieux affronter le vent du large qui soufflait au prés, pour le reste il faisait plutôt chaud, c'était quand même la fin Août, à croire qu'il était frileux, nous remontâmes le fameux Boulevard des Belges.
    Il trottait et en même temps disait des choses très justes, vrai un garçon d'une grande sensibilité, mais enfin je me serais bien passé de la visite au Prukhmen d'élevage :
    -Voilà nous y sommes.
    Nous étions devant l'une de ces petites maisons de pêcheur à un étage comme il y en avait tant à La Conche, celle-ci quand même m'apparut fort décatie et visiblement inhabitée, j'hésitais sur le seuil quand je sentis dans mes reins ce qui pouvait aussi bien être le canon d'un parapluie que la pointe d'un revolver et que j'entendis la voix, elle très reconnaissable de Mademoiselle Br... :
    -Rentre là-dedans gros nul ou je te plombe le cul !
    Elle avait conservé toute son autorité et j'obtempérais.
    Nous montâmes à l'étage par un escalier affaissé et nous nous retrouvâmes dans une chambre qui sentait le moisi, un  type était assis sur une chaise et pêchait à la fenêtre à la manière d'ici, je reconnus en lui le vendeur de pizza prukhmen qui avait emménagé en dessous de l'agence des sœurs Dartemont.
    Dans un coin un magnifique piano à queue Graffenberg bleu-nuit semblait tapiner en attendant le soliste de passage.
    Sur le lit Dartemont-Belcourt jouait à la poupée avec une charmante petite fille blonde et dans la cuisine une femme chantonnait, en russe je crois, en distribuant des claques à ses mômes et en touillant sa sauce :
    -Je vous ai déjà dit mon colonel de ne pas emmener votre smala pendant les heures de travail ! S'emporta Mademoiselle Br... en retirant sa perruque brune.
    -Mais chière amieu quel mal célà fait don' et pouis mon épouse divoirrr à s'absenter aujiourd'hui pour raisons féminines!
    -Vous ne lui en avez pas encore mis un autre en chantier !
    -Qui sait ? Nous verrrons prronostics médicaux cé soir .
    -Cette idée aussi de prendre ses congés annuels pendant une mission à l'étranger. Ah on m'y reprendra à travailler avec les services Prukhmen.
    -Réfléchissez que je suis ainsi défrayé de mes soins de vacances. Et sans compter la pizzérrria qui marrrche du tonnerrre de vieux. 
    Le cong'pay quitta sa ligne postée pour venir m'observer.
    -Vouii c'est cela il entrrrerra tout juste je crrrains dans pétite  baignoirrre. On férra forrtioune di pote, on tassérrra.
    -Ah je vous préviens que si vous vous livrez à des brutalités sur la personne de monsieur La Gaspérine, moi je m'en vais.
    Dartemont-Belcourt avait arrêté de jouer à la poupée pour prendre ma défense.
    -Ta gueule connasse, on t'a rien demandé à toi ! S'emporta Mademoiselle Br...  
    Ce à quoi Marie-Maude Dartemont-Belcourt répondit en lui écrasant le pied du talon de son escarpin.
    -Ah la salope mon cor !
    -Grossier personnage !
    -Mais putain qu'est-ce qu'on attend pour les buter !
    Le colonel calma le jeu :
    -Les orrrdrrres nous attendons.
    Il dit quelques mots à son épouse, qui protesta en prukhmen non sous-titrée avant de s'incliner et toute la famille du colonel évacua la maison.
    -Ils vont prrromener, glaces et carrrtes postales. Je ne devoirrr pas oublier surrrveiller rrrôti. Rrrappellez-moi cherrr ami.
    -Le rôti maintenant. Y m'auront tout fait !
    Dans le même temps où elle maugréait contre ces contraintes par trop quotidiennes Mademoiselle Br... assomma lâchement, par derrière, Dartemont-Belcourt avec une matraque télescopique qu'elle avait prestement sorti de sa poche.
    -Tiens dors salope ! Bon on s'occupe de ce gros sac maintenant, il va parler ça va pas faire de pli, je le connais. N'est-ce pas qu'il va être gentil ?
    Elle me regardait dans les yeux et je n'avais jamais rencontré un tel regard, sinon peut-être enfant au zoo, le regard simple et ordinaire d'un mammifère supérieur, rien de plus, je ne réussis qu'à murmurer :
    -Euh... oui maîtresse.  
    Elle entra dans la salle de bains et ouvrit les robinets pour me faire couler un bain.
    -Mais... mais il n'y  pas d'eau chaude... ah ces putains de location de vacances...
    -Quel besoin eau chaude ? S'étonna le colonel.
    -D'habitude j'aime bien les ébouillanter un peu avant...
    -Trraces suspects brûlures sur cadavrre, enquête légal, pas trrés bon pour discrrrétion . Il n'est pas bon fairrre passer agrrrément avant trrravail.
    Ils en étaient à se refiler des vieilles recettes de tortionnaires.
    Je me retrouvais très vite ligoté et bâillonné dans « pétite baignoirrre ».
    -Alors tu vas parler connard ! Insistait Mademoiselle Br...
    -Houuumph ! Houuumphh ! Baillonais-je péniblement.
    -Pétêtrrre mieux pour qu'il parrrlle lui prrréventivement enlever baillon. Proposa le colonel humaniste et rouleur de r.
    -Ch'uis conne ! Oh ma pauvre fille qu'est-ce tu tiens en ce moment ? S'humanisa le mammifère supérieur en me débâillonnant.
    -Mais... oups... de quoi dois-je vous...oups... ‘tretenir ? hasardai-je.
    -Tu le sais très bien.
    Nous n'étions pas prés d'en finir.
    -Euh... Chéchignac... vous voulez que je vous dise ce que je sais et où le trouver ?
    -On s'en tape de cette ordure de toutes les façons je partirais pas d'ici sans lui avoir clôturé son compte ! Après ce qu'il a fait à ce pauvre No... à propos, mon colonel vous avez téléphoné pour me trouver un remplaçant comme je vous avais demandé, c'est que j'ai des engagements moi ?
    -Voui, voui, les amis de moi bulgarrres vont vous envoyer quelqu'un de trrrés bien diplômé supérrrieur de psychological  and tacticals operations.
    Elle avait l'air décidé à continuer son numéro international de transformisme farceur.
    Démaquillé et parlant de son partenaire il/elle ressemblait à ce qu'il/elle était, un artiste de music-hall, vieillissant et facilement homicide, vrai elle/il en redevenait humain.
    Je tentais de reprendre la main :
    -Alors peut-être voulez-vous que je vous raconte les préparatifs de l'opposition bravadienne pour...
    -Mais on s'en fout, on sait même pas où ça se trouve ton bled !
    -Las Islas Bravadas y Perditos trrrou du cul du monde !
    Je me gardais de leur faire remarquer que le Prukhménistan antérieur n'était pas mieux répertorié.
    -Allez plouf on le baigne et si on lui faisait un petit shampoing à l'acide... c'est bon contre les pellicules !
    -Trrés dangerreux derrnière fois utilisé, dissous crrravate, Poupinskaïa engueulé Doubi.
    -Doubi qui c'est ça ?
    -C'est moi-ski.
    -... la dé... défense na...tionale ? Proposais-je en refaisant surface.
    -Je crois qu'il le fait exprés et replouf !
    -... le... le porte-avion... furtif ?
    -Tiens don' six mois que vous n'avez plus eu de ses nouvelles ?
    -D'où la furtivité... et prouvée à la mer.
    J'étais prêt à leur fourguer toute ma dernière session d'auditeur à l'Institut des Hautes Etudes de Défonce Nationale, mais à l'évidence ils n'en étaient pas friands.
    -Et re-re-plouf !
    -... le code secret de la force de frappe ? The ignit code ?
    Vrai je le connaissais par un camarade de promotion qui était en poste à l'Elysée et avait la charge tous les samedis d'aller jouer le loto présidentiel.
    -Mais pauv'pomme tout le monde le connaît... les seuls numéros qui sortiront jamais.
    J'étais plus encore excédé qu'essoufflé et je lâchais lors d'une ultime émersion :
    -Mais merde quoi alors ! De quoi vous voulez que je vous cause ? Des habitudes sexuelles du mouflon ? De mes vacances à Chamonix  ou... ou de  la culture de la betterave à nœuds?
    -Ah ben tu vois tu y viens, enfin, je savais bien que tu étais un garçon raisonnable.
    -Co...comment ça vous intéresse la branlette du mouflon ?
    -Pauvre con comme si tu savais pas que le Prukhménistan est le premier producteur de betteraves à nœuds au monde, alors vas-y raconte le nouveau plant révolutionnaire OGNP-004 à têtes multiples ?
    La vie m'apparut soudain avec effroi dans toute son absurdité, tous ces crimes pour une histoire betteravière, mais le plus troublant pour moi était encore que ces gens-là, avec une certaine simplicité d'âme me croyait compétent.
    Ma vie ne tenait qu'à un plant de betteraves, et plus ridicule encore je venais de passer quatre années à la tête de la filière betteravière française et je n'avais pas la moindre notion de culture béterraviérement parlant, si même ça poussait sur un arbre : le betteravier ou en sous-sol dans des betteravières ? Alors les dernières nouveautés de Paris... Grignon...
    -Bien... bien... l'OGNP-004 donc... à dire le vrai c'est un peu dépassé, on en est au 007 au moins et le 008 est attendu pour l'hiver si l'été n'est pas trop chaud...
    Bien entendu je risquais de ne point faire illusion trop longtemps, surtout s'ils avaient été correctement « briefés » avant leur départ en mission, mais enfin j'en profitais pour reprendre mon souffle, la baignoire à la longue cela fatigue.
    Et puis soudain je humai cette odeur de brûlé alors mon esprit s'accéléra brusquement telle une mécanique implacable et je trouvais encore la force de me relever et gueuler :
    -Le rôti ! Le rôti qui grille !
    -Poupinskaïa engueuloski Doubiskonoï ! S'exclama terrifié le pizzaïoloski  prukhmenoskoï !
    Ce fut la panique à bord et j'en profitais pour courir à la fenêtre mal fermée, pour cause de pêche à la ligne, les traditions avaient du bon, actionner l'espagnolette avec les dents et me défenestrer élégamment.
    <o:p> </o:p>Par bonheur je tombais sur une grosse belge qui bouffait une énorme barbe à papa sous nos fenêtres et cela amortit voluptueusement ma chute.
    Je réussis à me remettre debout. Taché mais érigée.
    -Allaye donc regardez ce que vous avez fait de mon épouse, on fait un constat... allaye... allaye...
    N'ayant point ma licence de chuteur ascensionnel à jour, je parvins à me dégager de l'étreinte wallonne et collante et je me mis à courir sur le boulevard qui leur était dédié.
    J'entendis dans mon dos Mademoiselle Br... qui lancée à ma poursuite s'arrêta pour interroger le belge qui relevait à grand peine sa grosse toute engluée dans sa barbe à papa :
    -Pardonnez-moi cher monsieur vous n'avez rien vu tomber.
    -Un trou du cul une fois c'est ça ?
    -Précisément.
    -Il s'en est allé vers là-bas !
    -Merci bien. Tenez voilà deux bons de réduction sur les pizzas margaritas.
    Par bonheur la si professionnelle et athlétique Mademoiselle Br... qui me regagnait du terrain à chaque enjambée se prit les pieds dans son écharpe démesurée de poète figuratif, elle perdit l'équilibre et s'en vint percuter une sanisette sur cales. (à suivre...)
    <o:p> </o:p>
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